Section 2 : La conception et la pratique de la dot
en milieux traditionnel Luba, Manianga et Yansi
3.1. La conception et la pratique de la dot en milieu
traditionnel Luba
La conception traditionnelle chez le Luba était
telle que le mariage était l'affaire de toute la communauté ou
d'un clan dans lequel le choix du conjoint ou de la conjointe se faisait par
le père ou par un membre de la famille.
Sa validité et sa légitimité sont
déterminées par le versement de la dot par la famille du
garçon à celle de la fille. Il s'agit, en quelque, sorte d'une
compensation faite à la famille de la fille qui perd l'un de ses
membres. Mais, la dot peut également être considéré
comme un cadeau que la famille du garçon offre pour un nouveau membre
qu'elle reçoit et qui s'ajoute à la famille car, la femme
mariée fait partie intégrante du clan de son mari.
La pratique traditionnelle de la dot chez les Luba, concernant
le montant demandé, celui-ci varie selon les parents de la future
épouse. De manière générale, il n'existe pas un
montant fixe. En milieu traditionnel Luba, il n' y a pas de pré-dot
« kanga lopango ». Le jour du versement de la dot, c'est
le jour du mariage. L'homme peut ce jour là partir avec sa femme. Les
cérémonies civiles et religieuses peuvent ne pas venir
directement.
Chez les luba, la dot est traditionnellement constituée
d'un montant en espèce et des biens en nature. . A côté de
la somme d'argent versée, il est demandé des biens en nature dont
les plus courants sont : des vêtements pour les parents comprenant
un costume, une chemise et des chaussures pour le père, un pagne, des
chaussures et un foulard de tête pour la mère ; deux
chèvres dont l'une destinée à la mère pour avoir
allaiter la mariée et l'autre pour le père ; du sel et de
l'huile de palme; un fusil, etc. Il faut noter que la mère de la future
épouse n'a droit à sa chèvre que si sa fille est vierge,
signe d'une bonne éducation qu'elle a reçue de sa mère.
La tradition luba autorise le prétendant à
verser la dot en totalité ou en partie, quitte à continuer le
versement durant la vie conjugale. L'expression consacrée qui traduit
cette pratique est « Ku buku ku diyala », une image qu'on
présente la belle famille comme un dépotoir qui accepte de
recevoir les détritus chaque fois que les gens viennent les
déverser.
En cas de grossesse avant le mariage, l'auteur de la grossesse
prend sa femme et la dot ne sera versée qu'après accouchement.
Mis à part les biens en nature ci-haut cités, la
partie en numéraire n'est pas nécessairement destinée aux
parents directs de la fille. Traditionnellement, le montant reçu doit
constituer la dot pour un autre membre de la lignée paternelle de la
mariée, c'est surtout le cas en ce qui concerne le mariage de
l'aînée de filles. C'est ce qu'on appelle en Tshiluba
« biuma bia milambu » que nous pouvons littéralement
traduire par la dot d'offrande (allusion faite au fait que cette dot doit
être remise à un autre membre de la famille pour son mariage).
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