I.2.8 Mouvement transgenre
Pat Califia est, comme il se désigne lui-même,
« transgenre », de type « FTM », c'est-à-dire
female to male (femme vers homme), quelqu'un qui est né de sexe
féminin et qui se vit à vocation masculine. Les transgenres
refusent l'appellation « transsexuel » qu'ils considèrent
comme une catégorie médicale qui réduit leur aspiration
intime à un « problème » médical ou
psychique.
Certains transgenres refusent les catégories du genre
en général. Certains se sont fait opérer, d'autres non.
Certains se vivent comme « FTM », d'autres comme « MTF »
(homme vers femme). Dans tous les cas leur vie est difficile. Pat Califia
décrit bien à quel point l'intégration des règles
sociales concernant le genre continue à oeuvrer chez chacun, y compris
chez ceux qui luttent contre les catégories du genre. Les interrogations
portées par les transgenres apparaissent souvent les plus
dérangeantes, y compris pour les gays ou les lesbiennes, car elles
peuvent remettre en question l'intégrité physique des
individus.
I.2.9 Mouvement Queer
Le queer c'est ce qui s'oppose au straight.
Dans le contexte du gender le queer c'est le travers, le
tordu, le « pédé » qui s'oppose au normé,
à l'hétérosexualité. En s'appropriant les insultes
qui leur sont adressées, les transgenres, les lesbiennes les plus
radicales veulent obliger le discours social à remettre en cause «
l'essentialisme » de notre vision sur le sexuel et les catégories
sexuelles.
Ce mouvement adresse des critiques sévères
à la psychanalyse, et particulièrement à certains
psychanalystes qui se sont posés publiquement comme les gardiens de
« l'ordre symbolique ». A la suite de Judith Butler, et contrairement
à la vision straight des normes sexuelles, le mouvement
queer propose une conception « performative » (qui s'inspire
de la catégorie du performatif dégagée par Austin) des
divisions sexuelles en explorant ce qui se déploie dans la figure du
drag queen, du théâtre porno lesbien, dans tout ce qui
provoque et dérange le discours normé hétérosexuel.
La pornographie devient ainsi le pilier central de toute sexualité non
occidentale.
En conclusion, nous comprenons que le genre a vu le jour vers
les années 80 et début 1990 sur base des différents
mouvements ou courants qui lui ont précédé. Ainsi,
l'étude du Genre a permis de mieux comprendre l'articulation entre le
masculin et le féminin et de sortir de la dialectique réductrice
dominantdominée. Cette réflexion autour du Genre a innervé
d'autres disciplines et permis d'apaiser certaines tensions apparues avec
l'action militante féministe des années 70.
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