2.2. Le prêt aux IMF
Le prêt est l'outil le plus répandu pour le
financement des IMF.
Le prêt comme outil de financement des IMF est venu
d'une idée consistant à lier IMF et secteur financier formel par
le refinancement.
Dans les années 90, de nombreux acteurs du secteur,
notamment les bailleurs de fonds, affichaient leur volonté de lier IMF
et banques commerciales par une relation de refinancement perçue comme
un premier moyen, d'une part de sensibiliser les IMF à des ressources
non subventionnées, d'autre part d'intéresser les banques au
secteur de la microfinance.
Cette idée d'un refinancement des IMF par des banques
est en théorie simple: la banque accorde un prêt à une IMF
qui accorde à son tour des crédits à ses clients, à
un taux évidemment supérieur, avec une marge lui permettant de
couvrir ses propres charges. Pour la banque prêteuse,
l'intérêt serait de nouer des relations avec des nouveaux clients
financièrement viables, les IMF; pour ces dernières, l'enjeu est
de diversifier les ressources, pour ne pas compter seulement sur l'argent des
bailleurs de fonds ou sur l'épargne des clients (parfois plus difficile
à collecter que prévu).
Pourtant, il a fallu du temps pour amorcer cette simple
relation de refinancement, et obtenir que des banques commerciales
prêtent à des IMF. Dans un grand nombre de pays, les banques
locales refusent de refinancer les institutions de microfinance, par
méconnaissance du secteur le plus souvent. Pour débloquer la
situation, les premières opérations de ce type se sont d'ailleurs
souvent réalisées avec le soutien de bailleurs de fonds qui
garantissent le remboursement des banques par les IMF.
Plus récemment, le développement de fonds
spécialisés internationaux a permis aux IMF de se refinancer plus
facilement, et a accéléré visiblement l'accès des
IMF à l'endettement comme technique de financement.
De leur côté, les IMF ont peu à peu
réalisé que négocier des prêts, et les conditions de
ces derniers, était aussi une compétence à
acquérir. Et que l'endettement peut aussi présenter certains
inconvénients :
· un coût souvent élevé,
· un risque de change parfois important, si le prêt
est accordé en dollars ou en euros,
· une durée souvent courte, obligeant l'IMF
à renégocier son renouvellement sans cesse, ou à avoir
recours à plusieurs prêteurs ; cela se traduit par des coûts
de transaction pour l'IMF plus élevés, et une incertitude
relative. Cette difficulté peut restreindre, pour l'IMF, la
possibilité d'accorder des crédits de durée plus longue
à ses clients, si elle ne peut parvenir à sécuriser ses
propres ressources à moyen terme.
Si les IMF, fort logiquement, souhaitent obtenir des
ressources financières au coût le plus bas possible, elles ne sont
pas forcément compétentes ou outillées pour analyser
correctement le coût de leurs emprunts, et comparer ce coût
à celui d'autres sources de financement possibles.
Les responsables d'IMF, en majorité, ne parviennent pas
à évaluer exactement le coût global réel de leur
endettement, et savent mal comparer le coût de leurs options de
financement. Une analyse incomplète ou erronée des coûts
monétaires et non monétaires peut réduire les
bénéfices, ou donner lieu à des emprunts non
justifiés ou à une prise de risque de change excessive.
Il est souvent difficile pour les IMF d'accéder
à des emprunts auprès de prêteurs locaux ; et quand cela
est possible, le coût en est souvent élevé. Le plus
difficile est en général d'obtenir des emprunts à long
terme.
De ce fait, de nombreux fonds internationaux se sont
constitués depuis les années 90, pour pallier à cette
difficulté pour les IMF d'accéder aux refinancements locaux.
Ainsi, ils prennent en charge les garanties de leur prêt.
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