REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier, un par un, tous les
élèves que j'ai croisés sur le chemin de ma
première pratique d'art-thérapie, pour leur confiance, leur
humour et tous les beaux moments que nous avons partagés ensemble.
Je remercie Mme Maucande, principale du collège Jean
Charcot de Joinville-le- Pont, ainsi que toute l'équipe
pédagogique, qui m'ont accueillie et m'ont fait sentir comme un membre
à part entière de cette école, et en particulier M.
Salzemann, principal adjoint, sans qui tout ceci n'aurait été
possible. Il m'a écoutée, fait confiance et encouragée.
Un très grand merci à la directrice de ce
mémoire, le docteur Céline Gaudard- Martin, pour le temps
accordé entre la lecture de tous les différents fichiers
envoyés par internet, les corrections, ses précieux conseils et
nos rendez-vous téléphoniques.
Je remercie aussi toutes les personnes rencontrées lors de
ces deux dernières années de formation, qui ont su partager leur
passion pour ce métier, et en particulier M. Forestier pour la
qualité de son enseignement.
Enfin je remercie mes proches, en commençant par mon mari,
mes parents et les membres de ma famille, ainsi que mes amis, qui ont toujours
cru en moi. Ils ont su me soutenir et m'encourager, même pendant les
périodes de doutes.
Un énorme merci à tous .
INTRODUCTION
Depuis toute petite, je suis attiree par deux univers : celui des
sciences avec ses methodes et ses connaissances, et celui du the%otre dans
lequel mon petit grain de folie etait un atout. Cette particularite amusait mon
entourage. Au conservatoire, jÕetais la seule etudiante à ne pas
suivre un cursus litteraire. DiplTMme scientifique et artistique en poche, je
suis Ç montee à Paris È. Et jÕai joue. Beaucoup.
Mais au bout de huit annees, utiliser mon esprit scientifique me manquait. Je
savais que si je reprenais une autre carriere en mettant de cTMté celle
artistique, cÕest le the%otre qui me manquerait. Apres recherches,
jÕai decouvert lÕart-therapie. Elle necessite rigueur
scientifique et pratique artistique : tout ce qui me fallait.
Mon interêt sur les personnes à haut potentiel vient
des experiences douloureuses vecues par des personnes qui me sont cheres. La
meconnaissance generale de ces problemes genère des situations
chaotiques. CÕest pourquoi jÕai axe ce memoire de recherches sur
le haut potentiel intellectuel. CÕest ma façon modeste de
participer à lÕinformation sur les difficultes graves que ces
personnes peuvent rencontrer.
Je remercie chaque lecteur qui prend le temps de me lire.
PLAN
p.11
p.11
p.11
p.11
p.12
p.12
p.13
REMERCIEMENTS p.1
INTRODUCTION p.2
PLAN p.3
Ière PARTIE : L'ART-THÉRAPIE Ë
DOMINANTE THÉåTRE PEUT p.8 AIDER CERTAINS ENFANTS
INTELLECTUELLEMENT
PRÉCOCES EN DIFFICULTÉ SCOLAIRE Ë
SORTIR DE LA
SPIRALE DE L'ÉCHEC.
I- Contrairement à une croyance qui associe la
précocité intellectuelle à p.8
une réussite systématique, les enfants
intellectuellement précoces peuvent être en difficulté
scolaire.
I.1- L'identification des enfants intellectuellement
précoces est p.8 nécessaire en cas de
difficulté afin d'adapter au mieux l'aide dont ils ont
besoin.
I.1.A- Des critères généralement reconnus
comme p.8
suffisamment discriminants sont retenus pour détecter la
précocité
intellectuelle.
I.1.B- L'identification de ces enfants à partir du
quotient p.9
intellectuel est la démarche la plus répandue dans
la pratique psychologique comme dans la recherche scientifique.
I.2- Car un tiers des enfants intellectuellement
précoces sont en p.9 échec scolaire et un
tiers réalise un parcours moyen.
II- Le théâtre est, entre autres, un Art
visant à représenter devant un public une suite
d'évènements oü sont engagés des êtres vivants
agissant et parlant.
II.1- Le théâtre possède plusieurs
définitions.
II.1.A- Le théâtre est avant tout un
édifice.
ème
II.1.B - Ë la fin du XIXsiècle, le
théâtre n'est plus seulement textuel, il devient également
scénique.
II.2- Donc depuis 1880, le théâtre
occidental ne s'accomplit vraiment que dans la représentation, rencontre
privilégiée entre des comédiens et un public.
II.2.A- Le théâtre repose sur le savoir -être
de l'acteur.
II.2.B- En étant le premier à imposer une
éthique de la réception, Stanislavski réussit à
impliquer le spectateur physiquement et moralement durant la
représentation théâtrale.
III- L'art-thérapie à dominante
théâtre peut permettre à certains enfants
p.14 intellectuellement précoces de sortir de la
spirale de l'échec.
III.1- En exploitant les pouvoirs éducatifs,
expressifs de l'Art et ses p.14 effets relationnels,
l'art-thérapie peut être bénéfique à certains
élèves intellectuellement précoces en difficulté
scolaire.
III.2- La dominante théâtre en
art-thérapie peut être la dominante p.14 la plus
appropriée pour ces enfants.
III.2.A- On pourrait penser que la pratique du
théâtre entraine p.14
les enfants ayant un manque de confiance en eux et une faible
estime d'eux - mêmes dans une boucle d'inhibition.
p.15 p.15
III.2.B- Mais le plaisir esthétique peut
créer une boucle de
renforcement.
III.2.C- Bien amenée et ma»trisée par
l'art-thérapeute, l'activité théâtre peut être
une des activités artistiques des plus adéquates pour les enfants
intellectuellement précoces afin de renforcer leur estime
d'eux-mêmes et la confiance en eux-mêmes.
p.16
p.17
IV- Conclusion.
IIéME PARTIE : UN STAGE PRATIQUE A
PERMIS D'EXPÉRIMENTER L'HYPOTHéSE ÉMISE DANS LA
PREMIÈRE PARTIE : << L'ART -THÉRAPIE Ë DOMINANTE
THÉåTRE PEUT AIDER CERTAINS ENFANTS INTELLECTUELLEMENT
PRÉCOCES EN DIFFICULTÉ SCOLAIRE Ë SORTIR DE LA SPIRALE DE
L'ÉCHEC È.
p.17 p.17
p.17
p.18
p.19
p.19
p.19
p.19
p.20
I- Ce stage a été effectué au
sein du collège Charcot à Joinville-le-Pont, académie de
Créteil (94).
I.1- Le collège Charcot accueille des
élèves intellectuellement précoces en difficulté
scolaire.
I.2- Plusieurs étapes ont été
nécessaires à la mise en place des séances
d'art-thérapie.
I.3- Le bon déroulement de l'atelier ainsi que le
suivi <<hors atelier È a pu se faire gr%oce à un
partenariat avec toute l'équipe pédagogique.
II- Je vous présente deux prises en charge
oü l'hypothèse de la première partie est
expérimentée.
II.1- Quentin.
II.1.A- La mise en place de la stratégie
thérapeutique s'effectue après la première rencontre avec
Quentin.
a- L'état de base de Quentin a été
établi à partir des renseignements donnés par
l'équipe pédagogique et de mon observation durant notre
première rencontre.
b- Les objectifs de la prise en charge de Quentin, ainsi que
les moyens utilisés pour les atteindre, ont été
établis à partir des indications de l'équipe
pédagogique et de l'analyse de cette première rencontre.
c-
p.21
p.22
La stratégie thérapeutique est sous -tendue par
l'exploitation de l'opération artistique.
II.1.B- La réalisation d'une fiche d'observation
adéquate à la prise en charge de Quentin est nécessaire
afin d'évaluer son évolution par rapport aux objectifs.
a-
p.22 p.22 p.26 p.26
La fiche d'observation concentre tous les faits d'observation
nécessaires à l'évaluation.
b- Le choix des items et faisceaux d'items d'observation
s'est fait au regard des objectifs de Quentin.
c- Ma propre évaluation a été
complétée par l'autoévaluation de Quentin.
d- Mais d'autres items et faisceaux d'items
d'observation ont étayé ma fiche
d'observation.
II.1.C- Les séances se sont déroulées de
mi-janvier à fin juin p.27
2010.
II.1.D- L'évaluation des faisceaux d'items retenus au
regard p.34
des objectifs doit être effectuée
régulièrement afin d'organiser la fin d'une prise en charge.
a- L'évaluation de la capacité relationnelle
de Quentin p.34 est sous-tendue par l'évaluation de sept
items.
b- L'évaluation de la détente
générale de Quentin est p.36 sous-tendue par
l'évaluation de six items.
c- L'évaluation de la spontanéité de
Quentin est sous - p.37 tendue par l'évaluation de trois
items.
d- L'évaluation de l'ambiance mise par Quentin est
p.38 sous-tendue par l'évaluation de trois items.
II.1.E- Le bilan de la prise en charge s'effectue au regard des
p.39
évolutions de Quentin au sein de l'atelier
d'art-thérapie.
II.1.F- Comme ce bilan se limite à l'atelier
d'art-thérapie, un p.40
questionnaire sur l'évolution de Quentin au sein de
l'établissement scolaire a été rempli par les membres de
l'équipe pédagogique qui le cTMtoient .
II.1.G- Conclusion de la prise en charge de Quentin. p.41
II.2- Jérémie. p.41
II.2.A- Même si le protocole de prise en charge de
Jérémie est p.41 identique à celui de Quentin, la
stratégie thérapeutique est différente.
a- État de base de Jérémie.
p.41
b- Pénalités et objectifs de
Jérémie. p.42
c- Stratégie thérapeutique de la prise en
charge de p.42
p.43
p.44
p.46
p.47 p.47 p.49
Jérémie et moyens.
II.2.B- La grille d'observation de Jérémie
possède une partie commune à celle de Quentin et une partie
dédiée à ses propres objectifs.
II.2.C- Les séances se déroulent sur deux
trimestres.
II.2.D- L'évaluation de l'implication relationnelle de
Jérémie correspond à la moyenne des évaluations de
son mode relationnel et de sa fonction relationnelle.
II.2.E- Ë la fin de l'année scolaire, je
réalise un bilan de la prise en charge de Jérémie au sein
de l'atelier d'art -thérapie.
II.2.F- Le bilan de l'équipe pédagogique sur
l'évolution de Jérémie au sein de l'établissement
scolaire me permet de compléter le mien.
III- Je reviens sur l'hypothèse après
avoir fait un bilan sur les douze prises en charge d'enfants
intellectuellement précoces réalisées au collège
Charcot.
IIIéME PARTIE : L'ART-THÉRAPIE
PEUT-ELLE æTRE UNE ACTION p.51 DE PRÉVENTION DES
DIFFICULTÉS SCOLAIRES AUPRéS DES ÉLéVES
INTELLECTUELLEMENT PRÉCOCES?
Avant de commencer. p.51
I- La notion de risque est constitutive de
l'idée de prévention. p.51
I.1- Différents risques de difficultés
sont associés au haut potentiel. p.51
II.1.A- Un haut potentiel intellectuel peut mettre
l'élève en p.51 difficulté scolaire.
p.51
p.52
p.52
p.53
II.1.B- Ces difficultés scolaires peuvent entrainer des
difficultés relationnelles.
II.1.C- Certaines difficultés psychopathologiques sont
plus importantes chez les enfants ou adolescents à haut potentiel
intellectuel que ceux au quotient intellectuel moyen.
I.2- Trois types de prévention
existent.
I.3- Au regard des différents risques liés
au haut potentiel intellectuel et des définitions de la
prévention, l'art-thérapie fait déjà partie des
actions de prévention secondaire et tertiaire auprès des
élèves intellectuellement précoces en difficulté
scolaire.
II- L'art-thérapie pourrait s'associer à
d'autres actions préventives primaires afin d'éviter aux enfants
intellectuellement précoces d'être en difficulté
scolaire.
II.1- Des actions de prévention primaire
existent.
II.1.A- La première action de prévention primaire
est directement liée au déroulement du parcours scolaire.
II.1.B- La seconde s'effectue dans l'environnement social de
l'enfant.
II.2- L'art-thérapie pourrait faire partie des
actions préventives primaires en adaptant son protocole
thérapeutique en protocole de prévention.
|
p.53
p.53
p.53
p.54
p.54
|
p.54
p.55
p.56 p.56
p.56
p.57
II.2.A- Une stratégie de prévention primaire peut
être établie. II.2.B- Présentation de la stratégie
préventive primaire au regard de l'opération artistique.
II.2.C- L'évaluation est nécessaire afin de
conna»tre l'efficacité d'une prévention.
a- Cette évaluation repose sur l'exploitation des
feuilles
d'observation.
b- Deux objectifs sont attribués à cette
évaluation.
III- Mais de nombreux problèmes peuvent
empêcher la mise en place d'une prévention primaire en
art-thérapie auprès des enfants à haut potentiel.
III.1- Toute prévention primaire est sous -tendue
par un dépistage p.57 précoce du haut
potentiel.
p.57
III.1.A- En France, le diagnostic se fait par un psychologue
à la p.57 demande des parents ou sur conseil des rares professeurs des
écoles formés à la précocité
intellectuelle.
III.1.B- Un dépistage systématique de haut
potentiel intellectuel auprès de tous les enfants serait
intéressant afin de permettre au plus grand nombre
d'élèves intellectuellement précoces de
bénéficier des actions de prévention primaire.
p.58
III.1.C- Un dépistage systématique de haut
potentiel intellectuel peut avoir des effets contraires à la
prévention primaire des risques qui lui sont associés.
III.2- L'efficacité de la prise en charge
préventive primaire en art p.58 thérapie peut
être compliquée à évaluer.
III.3- La mise en place de cette prise en charge
preventive p.59
primaire en art-therapie peut etre
compliquee.
III.3.A- La prevention primaire des difficultes liees au haut
p.59
potentiel intellectuel doit se derouler sur le long terme.
III.3.B- Cette prevention primaire en art-therapie necessite un
p.59
cadre bien defini.
III.4- Des difficultés propres à
lÕart-therapie peuvent empecher p.60
lÕefficacite dÕune prise en charge
préventive primaire.
IV- TABLEAU RÉCAPITULATIF. p.61
V- CONCLUSION. p.62
GLOSSAIRES SUR :
p.63
p.64
p.65
La precocite intellectuelle. L'Art.
L'art-therapie.
ANNEXES:
p.68
p.69
p.71
p.72
p.73
4ème de
couverture
N°1 : Grille d'auto-evaluation.
N°2 : Grille d'observation de Quentin.
N°3 : Questionnaire propose à l'equipe pedagogique
pour Quentin.
N°4 : Questionnaire propose à l'equipe pedagogique
pour Jeremie.
ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
RÉSUMÉ
IéRE PARTIE : L'ART-THERAPIE Ë DOMINANTE
THEåTRE PEUT AIDER CERTAINS ENFANTS INTELLECTUELLEMENT PRECOCES EN
DIFFICULTE SCOLAIRE Ë SORTIR DE LA SPIRALE DE L'ECHEC.
I- CONTRAIREMENT Ë UNE CROYANCE QUI ASSOCIE LA
PRECOCITE INTELLECTUELLE Ë UNE REUSSITE SYSTEMATIQUE, LES ENFANTS
INTELLECTUELLEMENT PRECOCES PEUVENT æTRE EN DIFFICULTE SCOLAIRE.
I.1- L'IDENTIFICATION DES ENFANTS INTELLECTUELLEMENT
PRECOCES EST NECESSAIRE EN CAS DE DIFFICULTE AFIN D'ADAPTER AU MIEUX L'AIDE
DONT ILS ONT BESOIN.
I.1.A- DES CRITéRES GENERALEMENT RECONNUS COMME
SUFFISAMENT DISCRIMINANTS SONT RETENUS POUR DETECTER LA PRECOCITE
INTELLECTUELLE.
Une liste (1) de caractéristiques cognitives*
et affectives peut permettre de confirmer des soupcons de
précocité intellectuelle* chez un enfant.
Les caractéristiques cognitives retenues sont:
- l'acquisition rapide du langage oral et l'accès
spontané à la lecture, - la grande curiosité et la
quantité de questions
(y compris les questions existentielles),
- le besoin de comprendre, la recherche de la précision et
de la ma»trise,
- la préférence pour la complexité et le peu
d'intérêt pour des tâches simples et/ou routinières,
- le mode de pensée en arborescence* qui implique un mode de calcul et
de raisonnement différent, ainsi que des stratégies mentales
différentes,
- la pensée riche active simultanément plusieurs
canaux de réflexion, favorisant l'imagination et la flexibilité
mentale,
- la vitesse et l'efficacité du traitement de
l'information supérieures à la norme, - la forte capacité
de mémorisation,
- le niveau élevé d'attention et la bonne
capacité de concentration,
- la forte capacité de généralisation et de
transfert d'informations avec la mobilisation du raisonnement analogique
permettant des mises en relation pertinentes,
- le bon niveau de métacognition* permettant de
conna»tre ses capacités, ses faiblesses et d'effectuer une
auto-régularisation efficace de ses activités cognitives.
Les caractéristiques affectives retenues sont :
- un grand sens de l'humour,
- une forte sensibilité et des réactions affectives
démesurées,
- un refus des règles et des consignes,
- l'attraction par des camarades plus âgés et les
adultes,
- une tendance à travailler seul, une autonomie dans les
situations d'apprentissage, - une capacité à faire des
observations perspicaces concernant autrui,
- le fait de ne pas disposer des mêmes conceptions
implicites que tout le monde.
(1) : liste établie par Todd Lubart, professeur de
psychologie différentielle et Céline Jouffray, docteur en
psychologie, et éditée dans Enfants exceptionnels,
Précocité intellectuelle, haut potentiel et talent, Ed.
Bréal (2006), d'après les travaux de : Adda et Catroux (2003) ;
Bléandonu (2004) ; Planche (2000, 2005); Revol, Louis et Fourneret
(2004) ; Rogers (1986) ; Sciaud-Facchin (2002) ; Vaivre-Douret (2004) ;
Vrignaud (2003).
* : les mots suivis du signe * sont expliqués dans le
glossaire à la fin de l'ouvrage.
I.1.B- L'IDENTIFICATION DE CES ENFANTS Ë PARTIR
DU QUOTIENT INTELLECTUEL EST LA DÉMARCHE LA PLUS RÉPANDUE DANS
LA PRATIQUE PSYCHOLOGIQUE COMME DANS LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE.
Les tests qui mesurent le quotient intellectuel* situe la
performance d'un enfant parmi celles d'un groupe d'enfants appartenant à
la même tranche d'âge. Le plus utilisé en France est le WISC
(Wechsler Intelligence Scale for Children, soit l'Echelle d'Intelligence de
Weschler pour les Enfants).
L'étalonnage de ce test a été construit de
telle sorte que le quotient intellectuel moyen soit de 100 et que
l'écart -type* des notes soit de 15 (c'est-à-dire que 70% de la
population possède un quotient intellectuel compris entre 85 et 115, 15%
en dessous de 85 et 15% audessus de 115).
L'Organisation Mondiale de la Santé fixe le seuil de la
précocité intellectuelle à 130 et au delà, ce qui
représente 2,3% de la population en général.
(1)
Pour aller plus loin :
- Sur les théories de référence sur
l'intelligence:
- Binet A. et Simon T, Le développement de
l'intelligence chez l'enfant, in L'année psychologique,
Masson éditeurs (1908),
- Spearman C, the abilities of man : their nature and
measurement, New york, The Macmillan Company (1927),
- Carroll J.B., Human Cognitive abilities. A Survey
offactor-analytic studies, Cambridge University Press (1993),
- Gardner C. Les intelligences multiples, Paris, Retz
(2004).
- Sur les théories du développement cognitif de
l'enfant:
- Piaget J., La psychologie de l'enfant, Collection
Ç Que sais-je ? È, PUF,
basée sur un développement par Ç bonds
È d'un stade d'acquisition à un autre, à comparer avec: -
Houdé O., La psychologie de l'enfant, Collection Ç Que
sais-je ? È, PUF (2004),
car les théories évolutionnistes actuelles
défendent des modèles dynamiques du développement de
l'enfant.
- Sur les déterminants de l'intelligence : le
débat entre l'acquis et l'inné:
Pour les facteurs génétiques:
- Plamin R., Defries J., Mac Clearn G., Rutter M., Des genes
au comportement. Introduction à la génétique
comportementale, Paris, DeBoeck Université (1999),
- Roubertoux P., Existe-t-il des genes du comportement
?, Odile Jacob (2004).
Pour les facteurs environnementaux:
- Perret-Clermont A.N., La construction de l'intelligence
dans l'interaction sociale, Ed. Peter Lang, Genève (1979),
- Vandenplas-Holper C., Education et développement
social, PUF, Paris (1979).
I.2- CAR UN TIERS DES ENFANTS INTELLECTUEMMENT
PRÉCOCES SONT EN ÉCHEC SCOLAIRE ET UN TIERS RÉALISE UN
PARCOURS MOYEN.
Les difficultés scolaires de certains enfants
intellectuellement précoces (diagnostiqués ou non) sont souvent
dues à un manque d'estime de soi* et de confiance en soi*.
(1) : liste d'une bibliographie conseillée mais non
exhaustive.
Voici ce que rappelle la psychologue G.George (1) : «
Sans confiance en soi, sans une bonne estime de soi, un élève,
aussi doué soit-il, aura des difficultés. Il sera anxieux,
doutera de ses réponses, ira même jusqu'à rendre copie
blanche. ».
Il est vrai que ce manque de confiance en soi et d'estime de soi
met en échec tous les élèves, mais ce qui est
différent chez les enfants intellectuellement précoces, c'est son
origine (l'incompréhension de la part de l'entourage ou de
lui-même sur son propre fonctionnement cognitif et affectif) et son
intensité (car ce sont des enfants avec une sensibilité à
fleur de peau).
Voici une liste (2) de différents faits qui
peut permettre de comprendre comment la spécificité du
fonctionnement cognitif et affectif d'un enfant intellectuellement
précoce peut ébranler l'estime de lui-même et la confiance
en lui-même ou le mettre directement en échec :
- sa lucidité exacerbée sur le monde et sur
lui-même fait qu'il conna»t parfaitement ses failles et lacunes,
mais son émotivité créée un effet loupe sur ses
défauts,
- l'association de cette clairvoyance avec son imagination
débordante engendre un état d'anxiété,
- il n'arrive pas à mettre à distance les
critiques,
- le fait d'être « hors norme » alors qu'un
enfant ou adolescent rêve d'être comme tout le monde,
- le fait de se sentir en décalage, de ne pas comprendre
les implicites,
- son besoin de précision pour être stir de bien
comprendre (et pallier ainsi une source d'angoisse) peut être
perçu comme de la provocation,
- une identification difficile aux autres enfants de son %oge
qui l'incite à l'isolement de sa part, ou à un rejet de la part
de ses pairs,
- un doute permanent en se demandant s'il fait bien, s'il a bien
compris,
- un traitement rapide de l'information qui, jeune, lui permet
de donner des solutions à des problèmes sans être capable
d'expliquer les différentes étapes de son raisonnement :
- l'adulte peut mettre ses paroles en doute,
- il est incapable ou ne sent pas la nécessité
d'acquérir une méthode de travail qui lui fera défaut plus
tard,
- cette faculté ne lui donne pas le gout de l'effort,
capacité qui lui fera aussi défaut plus tard,
- cette rapidité d'acquisition peut engendrer deux
comportements pour pallier à l'ennui du à sa différence de
rythme en classe:
- l'enfant peut devenir rêveur pour passer le temps et
passer à cTMté d'informations importantes,
- l'enfant peut bouger, parler, poser des questions incessantes
pour approfondir les sujets abordés, ce qui pourra agacer de l'adulte et
les autres élèves,
- son hyperstimulation sensorielle peut être la source
d'un manque de concentration,
- son émotion débordante et son besoin de justice
engendrent des situations
d'incompréhension et de rejet.
(1) : p. 22 dans La confiance en soi de votre enfant,
Odile Jacob poches, Paris (2009).
(2) : liste établie par mes soins, basée sur la
bibliographie présentée à la fin de l'ouvrage.
II- LE THÉåTRE EST, ENTRE AUTRES, UN
ART* VISANT Ë REPRÉSENTER DEVANT UN PUBLIC UNE SUITE
D'ÉVéNEMENTS Oô SONT ENGAGÉS DES æTRES
VIVANTS AGISSANT ET PARLANT.
II.1- LE THÉåTRE POSSÉDE PLUSIEURS
DÉFINITIONS. II.1.A- LE THÉåTRE EST AVANT TOUT UN
ÉDIFICE.
Même si chaque époque possède sa propre
structure architecturale du théâtre (théâtre antique,
médiéval, élisabéthain, oriental, etc.), ce lieu se
compose toujours de deux unités distinctes et complémentaires
:
- une partie de l'espace est réservée au spectacle
: c'est la scène,
- une autre partie est réservée aux spectateurs :
c'est la salle.
Ainsi, dans le microcosme de la scène, le spectateur
reconna»t le macrocosme du monde. En Occident, les spectateurs voient
l'illusion d'une réalité (en fait double illusion car il y a
celle créée par l'acteur et celle créée par le
décor, le costume, etc., toujours en fonction de la convention de
l'époque). Pour que cette illusion fonctionne, il faut aussi
l'implication du spectateur. Ainsi, ce dernier sait bien que ce qui se
déroule sur scène n'est pas réel, mais il feint de le
croire).
Les formes du spectacle varient selon l'époque et le
public vient chercher au théâtre le type d'émotions que lui
dicte son époque. Par exemple, le théâtre et sa fonction
cathartique* selon Aristote, ou encore <<pour Stendhal, les pièces
classiques sont ennuyeuses, car elles sont << en parties calculées
sur les exigences des Français de 1670 et non sur les besoins moraux,
sur la passion dévorante des Français de 1824» È.
(1)
éME
II.1.B - Ë LA FIN DU XIX SIÈCLE, LE
THÉåTRE N'EST PLUS SEULEMENT TEXTUEL, IL DEVIENT ÉGALEMENT
SCÉNIQUE.
ème
De l'Antiquité jusqu'à la fin du
XIXsiècle, l'art* théâtral n'est défini que comme
art de la poétique*, ce qui assimile le théâtre au texte,
réduisant la représentation scénique à un travail
technique et artisanal qui ne regarde absolument pas l'art du
théâtre.
Mais avec Antoine dans les années 1880, la mise en
scène devient artistique, insérant la parole poétique dans
un ensemble d'autres éléments, tels que le décor, le jeu
des acteurs, qui ne lui sont plus soumis.
Et c'est cette dernière définition du
théâtre que je retiendrai pour la suite.
Pour aller plus loin:
- Sur l'Art et l'esthétique*:
- Platon, République , livre X,
- Kant, Le jugement esthétique, P.U.F., Paris
(1984),
- Deleuze, Qu'est-ce-que la philosophie, Ed. de Minuit
(1991).
- Sur l'art théâtral:
- Aristote, Poétique, texte, traduction par
R.Dupont-Roc et J.Lallot, Seuil, coll. << Poétique È,
Paris
(1980),
(1) ème
: p. 33, dans Le thé%otre , de Hubert M.C.,
Armand Colin, 2 édition, Paris (2008).
- Diderot, Discours sur la poésie dramtique, dans
Diderot et le théâtre : le Drame, Pocket (1995), -
Antoine, L'invention de la mise en scene, anthologie des textes
d'Antoine par J.P. Sarrazac et P. Marcerou, Actes Sud- Papiers, Ç
Parcours de théâtre È (1999).
II.2- DONC DEPUIS 1880, LE THÉåTRE
OCCIDENTAL NE S'ACCOMPLIT VRAIMENT QUE DANS LA REPRÉSENTATION, RENCONTRE
PRIVILÉGIÉE ENTRE DES COMÉDIENS ET UN
PUBLIC.
Dans cette partie, je ne ferai pas référence
à toutes les pratiques artistiques nécessaires à la
représentation théâtrale (comme par exemples, la mise en
scène, la décoration, la musique, la lumière), mais
resterai sur l'acteur et le spectateur.
II.2.A- LE THÉåTRE REPOSE SUR LE SAVOIR
-æTRE* DE
L'ACTEUR.
(1)
L'acteur est Ç l'interprète d'un personnage et
celui qui est sur scène et qui agit. È. Ainsi l'acteur est sur
scène et laisse para»tre aux yeux des spectateurs l'expression* des
réactions du personnage interprété dans une action
donnée.
Mais est-ce-que cette expression est due au réel ressenti*
de l'acteur dans le même temps que l'action (le monde intérieur de
l'acteur est le même que celui du personnage interprété)
(2), ou n'est-elle tirée que de la mémoire et des
connaissances* du comédien (son monde intérieur ne correspond pas
avec l'expression du personnage interprété) (3)?
Que cette expression des émotions* montrée au
public soit la réaction directe d'une impression* ou la manifestation
sensible d'une connaissance basée sur une ancienne impression, le
savoir-ressentir de l'acteur en est le point de départ.
Communiquer la résonnance de ce savoir-ressentir, c'est
communiquer son gout (ou celui du personnage), en s'appuyant sur trois
mécanismes:
- l'affirmation de soi*,
- la confiance en soi*,
- l'estime de soi*.
Mais un personnage ne s'arrête pas à sa psychologie,
car pour être vu sur scène, l'acteur utilise son corps physique
qu'il meut dans cet espace, grâce à:
- sa structure corporelle* (par exemples, appareil phonatoire,
squelette, muscles),
- son ressenti corporel* (par exemples, adaptation du volume
sonore par rapport au volume de l'espace, de sa place sur scène par
rapport aux autres acteurs et au public),
- sa poussée corporelle* (par exemples, vitesse de
déplacement, diction).
C'est le savoir-faire du comédien. La façon
d'exploiter ce savoir-faire détermine le style de l'acteur (par exemple,
Gérard Depardieu et Louis De Funès n'interpréteraient pas
de la même façon un même personnage ! Chacun y imposera son
style).
(1) : Pierron A., Dictionnaire de la langue du
théâtre, Le Robert.
(2) : Théorie développée par Stanislavski
dans sa méthode, repris par l'Actor's Studio.
(3) : Théorie développée par Diderot.
II.2.B- EN ÉTANT LE PREMIER Ë IMPOSER UNE
ÉTHIQUE DE LA RÉCEPTION, STANISLAVSKI RÉUSSIT Ë
IMPLIQUER LE SPECTATEUR PHYSIQUEMENT ET MORALEMENT DURANT LA
REPRÉSENTATION THÉåTRALE.
Pour Stanislavski, ce qui se déroulait sur scène
devait être mieux reçu par le spectateur. C'est pourquoi il
décide de l'éduquer en changeant ses habitudes : Ç Il a
fallu commencer par le commencement, apprendre à ce spectateur nouveau
venu dans l'art à rester assis tranquillement, à ne pas causer,
à être à sa place à temps, à ne pas fumer, ne
pas grignoter des cacahuètes, à enlever son chapeau, à ne
pas manger de sandwich pendant le spectacle.È (1)
Ainsi le spectateur se trouve dans de bonnes dispositions pour
recevoir l'action sur scène en y investissant :
- son corps : en trouvant une attitude physique adaptée
à la réception du spectacle, - son esprit : en se concentrant sur
l'action qui se déroule sur scène.
Dans le cas du spectateur, je ne parlerai pas de contemplation
car la réaction physique ou émotionnelle du contemplateur
n'influe ni ne modifie l'oeuvre d'Art* (exemple : qu'une personne
éternue devant un tableau qu'elle regarde ne changera en rien ce
dernier. Il restera ce qu'il est). Or pendant une représentation
théâtrale, le comportement ou réaction du public peut
influencer et/ou modifier l'action qui se déroule sur scène (si
un spectateur éternue régulièrement, un comédien
peut être agacé ou déconcentré et il y aura quelques
conséquences, visibles ou non, dans sa manière de jouer).
Nous voyons bien alors l'existence d'une relation directe
entre la scène et la salle, c'est-à-dire entre le comédien
et le spectateur, car l'action théâtrale est confondue avec la
production théâtrale.
Pour aller plus loin:
- Sur la distanciation de l'acteur et du personnage :
- Diderot, Le paradoxe du comédien,
- Stanislavski, La construction du personnage,
Pygmalion/G. Watelet, Paris (1984).
(1) : Stanislavski dans Ma vie dans l'art, L'åge
d'homme, Lausanne (1980).
III- L'ART -THÉRAPIE* Ë DOMINANTE
THÉåTRE PEUT PERMETTRE Ë CERTAINS ENFANTS INTELLECTUELLEMENT
PRÉCOCES DE SORTIR DE LA SPIRALE DE L'ÉCHEC.
III.1- EN EXPLOITANT LES POUVOIRS ÉDUCATIFS,
EXPRESSIFS DE L'ART ET SES EFFETS RELATIONNELS, L'ART-THÉRAPIE PEUT
æTRE BÉNÉFIQUE Ë CERTAINS ÉLéVES
INTELLECTUELLEMENT PRÉCOCES EN DIFFICULTÉ
SCOLAIRE.
Le pouvoir éducatif de l'Art réside dans
l'utilisation de diverses techniques à ma»triser pour que la forme*
d'une oeuvre d'Art soit en adéquation avec le fond* que veut faire
ressortir l'artiste. La ma»trise de ces techniques est le résultat
d'un apprentissage qui permet: - le développement de l'acuité
sensorielle,
- le développement et la détermination du gout,
- l'épanouissement physique, c'est -à-dire
apprécier et développer des facultés motrices dans
l'autonomie et l'expression de la personnalité.
L'activité artistique débouche sur une production
artistique, appelée oeuvre d'Art, expression humaine volontaire
dirigée vers l'esthétique. Donc par nature, l'Art a un pouvoir
expressif.
Une fois achevée, l'oeuvre d'Art se détache de
l'artiste, c'est-à-dire qu'elle existe en elle-même, par
elle-même et pour elle-même. Elle rayonne et sa forme est
destinée à être captée sensoriellement par des
êtres humains, qui après intellectualisation, découvriront
un fond. Mais il est possible, rien qu'à la confrontation d'une oeuvre
d'Art, que le contemplateur se sente en rapport direct avec l'artiste
lui-même : c'est le pouvoir relationnel de l'Art.
Il est alors tout naturel de constater que les trois indications
pour une prise en charge en art-thérapie soient les troubles de
l'expression, de la communication et de la relation.
Le chapitre I.2 de cette première partie rappelle que les
troubles de la communication et de la relation, sous-tendus par un manque de
confiance en soi et d'estime de soi, peuvent être à l'origine de
l'échec scolaire de certains enfants intellectuellement
précoces.
Donc pour eux, une prise en charge en art-thérapie peut
être bénéfique.
III.2- LA DOMINANTE THÉåTRE EN
ART-THÉRAPIE PEUT æTRE LA
DOMINANTE LA PLUS APPROPRIÉE POUR CES
ENFANTS.
III.2.A- ON POURRAIT PENSER QUE LA PRATIQUE DU
THÉåTRE ENTRAëNE LES ENFANTS AYANT UN MANQUE DE CONFIANCE EN
EUX ET UNE FAIBLE ESTIME D'EUX-MæMES DANS UNE BOUCLE D'INHIBITION*.
Le manque de confiance en soi et d'estime de soi
débouche sur des problèmes relationnels (si je ne me sens pas
normal, mal à l'aise, ma relation aux autres sera perturbée).
Or le chapitre II.2.1 de cette partie montre que la pratique du
théâtre nécessite confiance en soi et estime de soi.
Il est alors légitime de craindre que le
théâtre, pratiqué par ces enfants en difficulté, ne
les inscrive dans une boucle d'inhibition.
III.2.B- MAIS LE PLAISIR ESTHÉTIQUE* PEUT
CRÉER UNE BOUCLE DE RENFORCEMENT*.
En effet, ce qui compte en art-thérapie, ce n'est pas la
production en elle-même, mais l'être humain avec son intention, son
application et son cheminement dans l'action artistique.
En art-thérapie, la beauté n'a aucune valeur
philosophique, mais détermine ce qui pla»t dans le domaine de
l'Art, tout simplement.
Ce plaisir esthétique peut permettre à l'enfant
d'exprimer son gout ainsi que son style en utilisant ces six
mécanismes:
- l'affirmation de soi,
- la confiance en soi,
- l'estime de soi,
- sa structure corporelle,
- son ressenti corporel,
- sa poussée corporelle.
Une fois ce plaisir esthétique goüté
(même de façon minime), et comme l'être humain est fait pour
s'épanouir, l'enfant voudra recommencer cette expérience
agréable, et peut-être même, ira plus loin dans son
implication artistique.
Ainsi le plaisir esthétique peut devenir moteur et
enclencher une boucle de renforcement, pour les personnes qui ont du plaisir
avec une gratification sensorielle artistique.
III.2.C- BIEN AMENÉE ET MAëTRISÉE
PAR L'ART-THÉRAPEUTE, L'ACTIVITÉ THÉåTRE PEUT
æTRE UNE DES ACTIVITÉS ARTISTIQUES DES PLUS ADÉQUATES AUX
ENFANTS INTELLECTUELLEMENT PRÉCOCES EN DIFFICULTÉ SCOLAIRE AFIN
DE RENFORCER LEUR ESTIME D'EUX-MæMES ET LA CONFIANCE EN
EUX-MæMES.
Le plaisir esthétique peut stimuler l'implication d'une
personne dans une activité artistique.
Or je pense que pour ces enfants, la pratique du
théâtre peut être la plus recommandée, et ce, pour
plusieurs raisons:
- Il n'existe pas d'autre médiateur que le corps pour
l'expression. Or souvent chez ces enfants, la sphere intellectuelle domine et
est surinvestie, le corps étant Ç mis de côté
È. Le fait d'être sur scene met l'enfant en relation directe avec
d'autres enfants (présents sur scene ou dans le public).
- Au théâtre, l'enfant est dans le champ des
ressentis. Le microcosme scénique lui permet d'expérimenter et de
mettre en valeur sa sensibilité et sa fragilité. Ce qu'il a
l'habitude d'être considéré comme défaut dans son
quotidien, devient alors une véritable qualité et force sur
scene. De plus, il peut en faire quelque chose de beau*.
- Sur scene, il n'existe pas une seule façon
d'interpréter un personnage mais une infinité. Ainsi l'enfant ne
se demande pas s'il fait bien ou non, et se sent libre d'expérimenter
sans se tromper.
- S'il n'arrive pas à exprimer correctement ce qu'il veut,
l'enfant peut recommencer l'action autant de fois qu'il le souhaite. Le fait
d'avoir son propre corps comme médiateur fait qu'il ne
voit pas de ses propres yeux ses maladresses de manière
sensible, car les « faux pas » ne sont pas figés dans le temps
mais appartiennent instantanément au passé,
- l'action et la production se déroulent
simultanément, contrairement à la peinture par exemple, ou
l'action est régulée par le devenir de la production. Au
thé%otre, nous sommes dans l'instant présent et non dans le
futur. Or certains enfants intellectuellement précoces ont du mal
à vivre ce moment présent et à l'apprécier. Ils
pensent toujours à ce qui va se passer, et aux conséquences de
chacun de leurs actes. En le mettant dans des conditions ou l'action et la
production sont confondues, l'enfant ne se projette pas dans le futur, et peut
apprécier le moment présent.
- Ce microcosme de la société associé
à une distanciation expliquée plus haut, permet à l'enfant
de faire des expériences sensorielles, émotives, et d'avoir des
réactions, le tout à travers un personnage qui tient la fonction
de « filtre ». Ainsi le jugement des autres n'est pas directement
pour lui, mais pour le personnage.
- La nécessité d'avoir deux espaces bien distincts
donne un cadre. La présence de celui-ci est rassurant pour l'enfant
intellectuellement précoce.
Cette liste peut convenir pour tous les arts corporels, comme la
danse par exemple.
C'est pourquoi je rajoute cette spécificité qui
n'appartient qu'au domaine du thé%otre :
- on peut rapprocher la danse au domaine de la
poé ·sis*, ou le mouvement a un but extérieur à
lui-même, l'acte est confondu avec la production. Même si c'est
aussi le cas avec le thé%otre, on peut plus l'associer au domaine de la
praxie*, ou le geste est le support pour arriver à une production. Ce
cTMté « terre à terre » de la praxie est rassurant pour
cet enfant qui a toujours besoin de savoir et de comprendre.
IV- CONCLUSION.
L'hypothese de tout le travail qui va suivre peut être
résumée ainsi :
- L'art-thérapie à dominante thé%otre peut
permettre à certains enfants intellectuellement précoces en
difficulté scolaire de sortir de la spirale de l'échec.
- Certaines de ces difficultés sont dues à un
manque de confiance en soi et d'estime de soi.
- Or la pratique du thé%otre nécessite justement
confiance en soi et estime de soi.
- Mais si l'art-thérapeute arrive à faire
goûter le plaisir esthétique à l'enfant à travers la
pratique du thé%otre (activité artistique
privilégiée pour ces enfants), une boucle de renforcement peut
s'installer.
- L'enfant peut ainsi sortir de la spirale de l'échec en
renforgant sa confiance en lui et son estime de lui-même.
Cette hypothese sera expérimentée lors d'un stage
pratique, relatée dans la seconde partie de ce mémoire.
IIéME PARTIE : UN STAGE PRATIQUE A
PERMIS D'EXPERIMENTER L'HYPOTHéSE EMISE DANS LA PREMIÈRE PARTIE:
Ç L'ART-THERAPIE Ë DOMINANTE THEåTRE PEUT AIDER CERTAINS
ENFANTS INTELLECTUELLEMENT PRECOCES EN DIFFICULTE SCOLAIRE Ë SORTIR DE LA
SPIRALE DE L'ECHEC È.
I- CE STAGE A ETE EFFECTUE AU SEIN DU COLLéGE
CHARCOT Ë
JOINVILLE-LE-PONT, ACADEMIE DE CRETEIL (94).
I.1- LE COLLéGE CHARCOT ACCUEILLE DES
ELéVES INTELLECTUELLEMENT PRECOCES EN DIFFICULTE
SCOLAIRE.
Le collège Charcot de Joinville-le-Pont est un
établissement public présentant un dispositif d'accueil
d'élèves intellectuellement précoces en difficulté
scolaire. L'année scolaire 2009-2010, 325 élèves y
étaient inscrits, dont 65 élèves intellectuellement
précoces (soit 20%).
Le projet de l'établissement concerne en priorité
les élèves que la précocité intellectuelle met en
difficulté. Il s'agit de développer les particularités
propres de ces élèves tout en les maintenant dans leur
environnement social et en leur permettant de mieux s'y intégrer. Le
projet doit concourir au bien-être des élèves et faciliter
leur épanouissement.
Il s'agit dans un premier temps de travailler sur le relationnel
pur (aide à l'intégration, à la socialisation, au rapport
à l'autre : pairs, autres élèves et adultes), puis sur le
relationnel cognitif (aide au positionnement dans l'établissement et
dans le groupe classe, rapport aux apprentissages scolaires et à la
production, etc.).
I.2- PLUSIEURS ETAPES ONT ETE NECESSAIRES Ë LA MISE
EN PLACE
DES SEANCES D'ART-THERAPIE.
Ne sachant à quelle structure m'adresser pour effectuer ce
stage pratique auprès de ces enfants, j'ai contacté les deux
associations françaises de parents d'enfants intellectuellement
précoces : A.N.P.E.I.P.* et l'A.F.E.P*. A l'occasion d'un colloque
organisé par l'A.F.E.P. à Reims, la présidente de cette
dernière me présente le principal adjoint du collège
Charcot, pensant que mon projet d'art-thérapie pouvait
l'intéresser. En effet, le premier objectif de ce collège
n'est-il pas le bien-être des élèves intellectuellement
précoces en difficulté scolaire?
Un premier rendez-vous a déterminé les conditions
du stage:
- deux fois quatre heures par semaines sur le deuxième
et troisième trimestre, c'est-à-dire de janvier à juillet
2010 (hors vacances scolaires) pour arriver aux 140 heures nécessaires
pour l'obtention du diplôme universitaire d'art-thérapie,
- des séances d'une heure suivie d'une autre pour la
rédaction des feuilles d'observation, - un maximum de trois enfants par
groupe (soit un total de douze élèves pris en charge),
- la mise à disposition de la même salle pour les
quatre séances hebdomadaires pour faciliter le repérage des
élèves,
- les conditions matérielles : ma pratique
théâtrale ne nécessite aucun matériel, sauf de
photocopies de textes et d'une
salle fixe. L'utilisation de la photocopieuse de
l'établissement m'a été autorisée et une salle de
classe est à ma disposition pour les demies journées. Une salle
de classe est adéquate pour la pratique du théâtre, car en
poussant des tables et des chaises, il est très facile d'agencer deux
zones qui définissent l'espace scénique et l'espace
pour les spectateurs. Il est à noter que la non
nécessité d'investir dans du matériel est un atout majeur
dans une période oü les subventions sont réduites.
Un second rendez-vous avec une partie de l'équipe
pédagogique a permis de choisir les élèves qui
participeront aux ateliers, après autorisation parentale.
Le fonctionnement de l'établissement a conditionné
les modalités des séances : elles se déroulent dans
l'après-midi, en même temps que les cours. La compréhension
des professeurs, voire leur aide, a été nécessaire pour
que les enfants puissent récupérer sans difficulté les
cours manqués. Un professeur de latin a même organisé des
cours de
Ç rattrapage È, car trois de ses
élèves étaient absents à son cours.
I. 3- LE BON DÉROULEMENT DE L'ATELIER AINSI QUE
LE SUIVI ÇHORS ATELIER È A PU SE FAIRE GRåCE Ë UN
PARTENARIAT AVEC TOUTE L'ÉQUIPE PÉDAGOGIQUE.
Ma relation avec l'équipe pédagogique a
été primordiale. Elle s'est développée gr%oce
à des rencontres informelles dans la salle des professeurs ou dans les
couloirs. Elle m'a permis de :
- participer à l'atelier de calligraphie animé
par une surveillante et une graphothérapeute, - répondre
très facilement aux questions de certains professeurs sur le
déroulé de l'atelier, réponses pouvant être reprises
lors de bilans remplis par des adultes
référents(1),
- s'interroger mutuellement sur le comportement et les
capacités de certains enfants, et de les comparer,
- aider des adultes référents à
compléter un bilan sur un élève,
- mettre en place facilement et avec une bonne coopération
un questionnaire d'évaluation sur chaque enfant à la fin de
l'année scolaire.
Et surtout, l'équipe pédagogique m'a donné
un cadre. En absence de médecin ou de psychologue scolaires, une bonne
communication avec la direction m'a été nécessaire pour ne
pas sortir de ce cadre et me tenir aux objectifs de l'établissement.
(1) : l'adulte référent est une personne qui
travaille au sein de l'établissement (professeur, vie scolaire, etc.) et
qui est choisie par l'élève. Il suit particulièrement le
parcours de l'élève, et est son interlocuteur
privilégié.
II- JE VOUS PRÉSENTE DEUX PRISES EN CHARGE
Oô L'HYPOTHéSE DE LA PREMIÈRE PARTIE EST
EXPÉRIMENTÉE.
II.1- QUENTIN.(1)
II.1.A- LA MISE EN PLACE DE LA STRATÉGIE
THÉRAPEUTIQUE* S'EFFECTUE APRéS LA PREMIÈRE RENCONTRE AVEC
QUENTIN.
a- L'état de base de Quentin a
été établi à partir des
renseignements donnés par l'équipe
pédagogique et de mon observation durant notre première
rencontre.
ème
Quentin est un élève intellectuellement
précoce de quatorze ans en classe de 4et est arrivé au
collège Charcot en septembre 2009. Il a été orienté
par l'équipe pédagogique vers l'atelier d'art-thérapie.
En effet, Quentin m'est décrit comme un enfant
renfermé sur lui-même et très stressé sur sa
réussite scolaire (se projette dans l'avenir et a déjà
peur d'échouer au brevet
et au
baccalauréat) et sur son intégration dans un groupe
(il a toujours eu des problèmes relationnels avec les autres enfants,
n'a pas d'amis). Il est tellement angoissé qu'il est très tendu
physiquement et a tendance à somatiser (tout est source d'angoisse pour
lui : le chahut des autres élèves, le bruit, la
sévérité d'un professeur). Cette tension peut être
tellement insupportable qu'il arrive à Quentin de manquer volontairement
des journées de cours. C'est le seul élève
intellectuellement précoce à ne pas avoir senti de
différences entre ses anciens établissements et ce nouveau
collège. Il a tendance à attirer l'attention sur lui
malgré lui : il est en pleine puberté, a des problèmes
d'acné et les autres élèves le lui rappellent.
Juste avant notre première rencontre, son professeur de
français me dit: << Si vous pouviez le faire sourire !
È.
Ainsi ce premier atelier se déroule le mardi 12 janvier
2010, à 15h30. Le groupe est composé de Quentin et de deux
élèves de 3ème. Par la suite, je verrai ce
groupe tous les mardis de 15h30 à 16h30 (hors vacances scolaires)
jusqu'à fin juin 2010.
Je monte les escaliers menant au premier étage et suis
dans le même flot que les élèves après la sonnerie
de fin de récréation et les professeurs. J'arrive devant la salle
et aperçois Quentin déjà présent devant la porte
(quand aucun adulte n'est présent dans une salle, celle-ci est
fermée par mesure de sécurité). Dès qu'il comprend
que je suis l'art-thérapeute, il me demande s'il a << bien compris
les règles car personne n'était là È. Avant
même l'ouverture de la porte, je m'aperçois que ce garçon
est soucieux de bien faire.
Cette première heure doit permettre au groupe (donc trois
élèves et moi-même) de faire connaissance, de
conna»tre nos goûts et de réfléchir sur ce qu'on
pourrait faire ensemble. C'est ainsi que j'apprends que Quentin aime les
mangas, fait de la magie depuis quatre ans et a déjà
participé avec plaisir à des spectacles de fin d'année. Il
adore l'humour, les jeux de mots, et les comiques. Ses
préférés sont Éric et Ramzy, mais apprécie
également Mr. Bean, Franck Dubosc, Les deux minutes du peuple
(2).
J'observe que Quentin est un garçon qui s'exprime
très bien à l'oral. Il explique très clairement ses
idées. Mais j'observe aussi ses problèmes de relation. En effet,
Quentin parle
(1) : le prénom de chaque enfant a été
changé pour préserver leur identité.
(2) : sketches audio d'environ deux minutes créés
et enregistrés par François Pérusse.
quand c'est son tour, mais regarde rarement son interlocuteur. Il
ne fait para»tre aucune expression sur son visage (il est tellement
tendu). Même s'il ne regarde que peu de fois son interlocuteur, son
désir de communication* est sensible. Quand il parle de ce qu'il aime,
Quentin ne sourit pas et aucune émotion n'est captable. Il est difficile
de savoir s'il est content ou non, s'il a du plaisir d'être avec nous ou
non. Mais il participe quand même à la
discussion.
Quentin est un garçon très pragmatique, soucieux de
l'ordre. Il applique les règles à la lettre. Il dit être
embêté de manquer une heure de cours de biologie. En effet,
ça ne lui laisse qu'une heure et demi d'enseignement de cette
discipline, alors qu'il a quatre heures d'enseignement pour d'autres
matières.
Ë la fin de cette première séance, les
trois élèves sont d'accord pour travailler sur des textes de one
-man-show* dans une perspective d'interprétation scénique. Je
m'engage donc à en apporter la prochaine semaine.
Tout au long de l'heure, je me permets de faire des blagues. Dans
les quinze dernières minutes, contre toute attente, Quentin
réagit à deux reprises par un sourire très furtif. J'ai
l'impression que l'expression du plaisir est vite ma»trisée.
b- Les objectifs de la prise en charge de Quentin
ainsi que les moyens utilisés pour les atteindre ont été
établis à partir des indications de l'équipe
pédagogique et de l'analyse de cette première rencontre.
Quentin est pénalisé dans ses relations avec le
monde extérieur à cause de son stress. Il a l'air agressé
par tout. Il a peur de l'avenir et est trop soucieux de bien faire. Sa tension
physique n'est qu'une réaction à tout ce stress. Pour se
protéger, Quentin s'isole des autres élèves. Aussi il ne
s'investit plus dans les ateliers (il a arrêté le club journal de
l'école). Son stress peut être tel, que parfois, il ne peut pas se
rendre au collège. L'équipe pédagogique relève de
nombreuses absences qui font craindre l'installation d'une phobie scolaire.
L'équipe pédagogique veut lui faire comprendre que
les résultats scolaires sont secondaires. Elle est avant tout
présente pour l'aider à se sentir bien et à
s'épanouir dans l'enceinte du collège. C'est très
important car, même de retour chez lui, son stress ne l'abandonne pas et
ses rapports avec sa mère (il vit seul avec elle) sont tendus. Quentin
dit ne pas se sentir bien dans son environnement scolaire et familial.
C'est pourquoi, les objectifs principaux de la prise en charge de
Quentin sont une diminution de son stress, et par voie de conséquence
une décontraction physique, ainsi qu'une amélioration de ses
capacités relationnelles avec ses pairs.
Il est certes vrai que toute l'équipe désire
voir un garçon pleinement épanoui en cours et dans l'enceinte de
l'école. Mais son stress est tellement ancré en lui que
l'objectif principal de la prise en charge se limite au cadre de l'atelier.
L'atteinte de cet objectif est à ce moment là difficilement
concevable pour les personnes côtoyant Quentin.
Au regard de l'hypothèse développée dans
la première partie, le moyen de la prise en charge de Quentin sera la
pratique du théâtre, et en particulier le one-man-show compte tenu
de son gout prononcé pour l'humour et les comiques.
c- La stratégie thérapeutique est
sous-tendue par l'exploitation de l'opération artistique*.
Faire l'expérience d'un plaisir esthétique peut
permettre une détente mentale et par conséquent une
décontraction physique. Or si l'expérience est assez forte, et
comme l'être humain est fait pour s'épanouir, il voudra la
reproduire et s'investira dans cette activité artistique. Ce plaisir
esthétique peut devenir tellement fort, que l'être humain voudra
le faire partager. La difficulté est de faire ressentir une
première fois ce plaisir esthétique, difficulté pouvant
être relevée gr%oce à la compétence de
l'art-thérapeute.
Pour Quentin, voici ma stratégie thérapeutique
:
- Quentin aime l'humour et les comiques.
- Plusieurs sketches sélectionnés en fonction de
son gout lui sont présentés. L'un d'entre eux devrait lui plaire
plus que les autres.
- Il peut avoir beaucoup de plaisir à lire ce texte pour
lui-même.
- Puisqu'il existe une volonté de communication avec son
entourage, il aura peut-être envie de partager sa lecture avec le
groupe.
- Cet échange peut renforcer son plaisir esthétique
et reléguer ses angoisses au second plan, - et déboucher sur un
passage à l'action : interpréter ce sketch sur scène
devant le groupe.
En parallèle, une relation avec le groupe peut
appara»tre et se développer, ce cadre pouvant favoriser
l'émergence d'une amitié.
Voici la même stratégie thérapeutique au
regard de l'opération artistique:
- Pénalité de Quentin:
[4] (traitement sophistiqué des informations) trop
développé.
- Conséquence sur Quentin:
Passage au [5] (élan corporel) compliqué, ce qui
rend inexistantes:
- l'action définit par ce [5] et le [6] (le
savoir-faire),
- la production définit par le [7],
- et l'occasion de nouer une relation définie par le [8]
(le traitement mondain).
- Point fort de Quentin:
Il existe une volonté d'expérimenter le [8],
(Quentin cherche la relation aux autres mais n'y arrive pas).
- Objectif principal de la prise en charge de Quentin:
Faciliter un passage vers le [5].
- Stratégie thérapeutique
théorique:
- Trouver un [1] (un sketch humoristique) assez
intéressant pour Quentin.
- Faciliter la découverte de ce texte par le [2]
(rayonnement du texte et le mettre en situation de façon à
être capté par Quentin).
- Lui proposer de le lire [3] et [4].
- Le ressenti du plaisir et des angoisses se situent dans le [4].
Si le [1] est capable de rendre le plaisir esthétique plus fort que les
angoisses, un passage vers le [5] est alors possible,
- et engendrera un [5] et [6] (c'est-à-dire une action),
ainsi qu'un [7] (une production).
- Comme le [7] est une production théâtrale, le [8]
(le traitement mondain) existe simultanément que les [5], [6] et [7], et
met Quentin en relation directe avec le groupe.
- Les réactions du groupe [8], contrôlées par
l'animation de l'art-thérapeute, peuvent consolider le plaisir
esthétique de Quentin [4], et l'inciter à recommencer.
- Une fois la boucle de renforcement créée, le
passage du [4] au [5] sera de plus en plus fluide.
II.1.B- LA RÉALISATION D'UNE FICHE
D'OBSERVATION ADÉQUATE Ë LA PRISE EN CHARGE DE QUENTIN EST
NÉCESSAIRE AFIN D'ÉVALUER SON ÉVOLUTION PAR RAPPORT AUX
OBJECTIFS.
a- La fiche d'observation* concentre tous les faits
d'observation*
nécessaires à
l'évaluation.
Pour conna»tre l'évolution de Quentin entre son
état de base et ses objectifs, je crée une grille d'observation*
personnalisée. Elle concentre tous les faits d'observation qui me
paraissent pertinents par rapport aux objectifs. Pour être
précise, je détaille ces faits en items* ou faisceaux d'items*,
et je mets en place pour chacun d'eux une cotation sur une même
échelle qui va de 1 à 5 (1 étant toujours la valeur la
plus basse quantitativement ou qualitativement).
Ainsi, après chaque atelier, j'ai une heure pour remplir
cette grille et évaluer tous les items ou faisceaux d'items
d'observation en fonction de la cotation. Cette évaluation me permet de
rédiger de façon objective un bilan et une analyse de la
séance. Il est nécessaire de le faire directement après la
séance, car les items sont tellement nombreux et différents selon
les enfants, que la cotation peut se révéler impossible
passé un certain délai. Il m'a fallu plusieurs séances
pour affiner mon observation et entrainer ma mémoire afin d'être
la plus précise.
D'une séance à l'autre, la comparaison de
l'évaluation d'un même item ou faisceau d'items permet de
réaliser l'évolution de ce dernier en fonction de l'objectif
à atteindre. S'il le faut, elle me permet aussi de repenser la
stratégie mise en place.
b- Le choix des items et faisceaux d'items d'observation
s'est fait au
regard des objectifs de Quentin.
L'objectif principal de Quentin est de se sentir bien au sein de
l'établissement afin de bénéficier au maximum de la
qualité de l'enseignement.
Cet objectif est sous-tendu par deux objectifs
intermédiaires: - la diminution du stress et de sa tension physique,
- la sortie de l'isolement en nouant quelques contacts avec
d'autres élèves.
Pour évaluer le positionnement de Quentin par rapport
à ses objectifs, je vais observer attentivement ces faisceaux
d'items:
- sa capacité relationnelle aux autres
élèves,
- sa détente générale,
- sa spontanéité, car Quentin est un garçon
qui Ç calcule È tous ses faits et actes, - l'ambiance qu'il met
au sein de l'atelier.
Évaluer le faisceau d'items intitulé
capacité relationnelle de Quentin avec les autres
élèves revient à calculer la moyenne des
évaluations des items suivants:
- l'orientation de son corps quand il est sur scène (item
objectif) :
1 : jamais vers le public,
2 : s'est tourné une fois vers le public,
3 : par intermittence,
4 : s'est détourné une fois du public,
5 : toujours vers le public.
- l'orientation de son regard quand il est sur scène (item
objectif) :
1 : jamais vers le public,
2 : a regardé une fois le public,
3 : par intermittence,
4 : a oublié une fois de regarder le public,
5 : toujours vers le public.
- l'orientation de son corps quand il est spectateur (item
objectif) :
1 : jamais vers la scène,
2 : s'est tourné une fois vers la scène,
3 : par intermittence,
4 : s'est détourné une fois de la scène,
5 : toujours vers la scène.
- l'orientation de son regard quand il est spectateur (item
objectif) :
1 : jamais vers la scène,
2 : a regardé une fois la scène,
3 : par intermittence,
4 : a détourné le regard une fois de la
scène,
5 : toujours vers la scène.
- l'orientation de son regard quand il est en <<hors
production È quand il s'adresse à un autre élève ou
que ce dernier lui parle (item objectif) :
1 : ne regarde jamais son interlocuteur,
2 : a regardé une seule fois son interlocuteur,
3 : par intermittence,
4 : une seule fois, n'a pas regardé son interlocuteur,
5 : regarde toujours à son interlocuteur.
- la quantité de son discours vers les autres
élèves (item objectif):
1 : n'a jamais adressé la parole à un autre
élève,
2 : répond quelquefois aux questions des autres
élèves,
3 : répond à chaque fois qu'on lui adresse la
parole, mais ne va pas vers les autres,
4 : répond facilement et a lancé lui-même une
fois un sujet de conversation,
5 : participe à toutes les conversations, et lance
lui-même des sujets.
- la qualité de son discours vers les autres
élèves (item interprété par mes soins):
1 : la parole est agressive,
2 : la parole est << gênée È,
3 : la parole est neutre,
4 : la parole est amicale,
5 : la parole est très enjouée.
Il existe bien d'autres items ou faisceaux d'items d'observation
pour évaluer la capacité relationnelle de Quentin. Au
début, ma feuille d'observation en possédait beaucoup plus. Mais
j'ai écrémé cette grille au fur et à mesure de la
prise en charge. En effet, au début, je voulais presque tout coter. Je
me suis aperçue par la suite que beaucoup de ces items ou faisceaux
d'items n'évoluaient pas, car ils étaient toujours cotés
entre 4 et 5. Les conserver ne servait qu'à alourdir la fiche de
Quentin. C'était une perte de temps. Alors j'ai décidé de
n'évaluer que les items susceptibles d'évoluer, les autres
faisant partie de l'état de base.
Exemple : l'item Ç qualité du regard>> (item
évalué par rapport à mon propre ressenti) était
évalué gr%oce à cette cotation : 1 agressive, 3 neutre, 5
cordiale. Mais comme sa volonté d'être en relation avec d'autres
élèves a toujours été présente, son regard
était toujo urs cordial, voire amical. Dans le cas de Quentin, il
était inutile de garder cet item qui faisait partie de son état
de base. En revanche, l'item Ç quantité de regard>>
(évalué de manière objective) était à
conserver car dès notre première rencontre, j'avais
observé sa difficulté à regarder ses interlocuteurs.
Évaluer le faisceau d'items intitulé
détente générale de Quentin revient à
calculer la moyenne des évaluations des items ou faisceaux d'items
suivants:
- l'absence d'hypertension physique au début de la
séance (faisceau d'items objectif dont la nuance entre la cotation 1 et
2, ou 3 et 4, est basée sur mon propre ressenti) :
1 : particulièrement très tendu,
2 : tendu,
3 : neutre,
4 : calme,
5 : détendu et à l'aise.
- l'absence de stress au début de la séance
(faisceau d'items objectif, car je demandais clairement à Quentin
à chaque début de séance comment il allait. Mais il y a
aussi une part de subjectivité pour coter ce faisceau d'items car, en
plus de sa réponse, je me basais sur sa manière de me le dire)
:
1 : énervé, mauvaise humeur, stressé
2 : embêté, gêné,
3 : neutre,
4 : calme,
5 : serein et de bonne humeur.
- la même évaluation d'absence d'hypertension
physique et de stress pendant et à la fin de la séance, mais
seulement d'après mes ressentis cette fois-ci (car je ne voulais pas
interrompre l'action en demandant à Quentin comment il allait),
- l'absence de retrait et d'isolement volontaire (attitude
qu'il peut avoir quand il y a trop d'agitation autour de lui et qu'il manifeste
en s'asseyant à une table pour relire un cours) (item d'observation
objectif) :
1 : du début jusqu'à la fin de la séance,
2 : implication puis retrait brutal,
3 : retrait au début puis trouve sa place dans le
groupe,
4 : un retrait bref puis est revenu dans le groupe,
5 : aucun retrait ou isolement.
- le Bon (comment je Bien (1)
me suis senti) et le (comment je trouve ma prestation) de son
auto-évaluation (2).
Évaluer le faisceau d'items intitulé
spontanéité de Quentin revient à calculer la
moyenne des évaluations des items suivants:
- le passage sur scène (item objectif):
1 : ne passe pas du tout sur scène car ne le veut pas,
2 : ne passe pas sur scène en premier car ne le veut
pas,
3 : passe en premier sur scène mais ne le veut pas,
4 : ne passe pas le premier sur scène mais le veut,
5 : passe en premier sur scène et le veut.
- la justification de ses paroles ou actions (cotation objective
car cette justification se fait à voix haute):
1 : se justifie systématiquement,
2 : ne s'est pas justifié une ou deux fois,
3 : se justifie de temps en temps,
4 : s'est justifié une seule fois,
5 : ne se justifie jamais, sauf sur demande.
- la quantité de rires et de sourires (item objectif) :
1 : inexistante,
2 : a souri une fois,
3 : a ri une fois,
4 : sourit et rit de temps en temps,
5 : sourit et rit à chaque occasion.
Ces items définissant la <<
spontanéitéÈ de Quentin auraient pu faire partie du
faisceau d'items << détente È, car si on est
détendu, peu importe l'ordre de passage sur scène. On ne se
soucie pas de l'opinion des autres (justification) et on rit facilement. Mais
ce manque de spontanéité de la part de Quentin était si
criant, que j'ai voulu l'évaluer séparément pour la mettre
en valeur, et ne pas la << noyer È dans la détente.
Évaluer le faisceau d'items intitulé ambiance
mise par Quentin revient à calculer la moyenne des
évaluations des items suivants:
- la quantité de blagues dirigées vers
l'art-thérapeute (item objectif, même si l'humour est une notion
très subjective car elle est sous-tendue par le gout de la personne)
:
1 : aucune blague,
2 : une blague,
3 : rarement,
4 : de temps en temps,
5 : très souvent.
La manière de coter l'item précédent, qui
est objectif (car c'est une quantité), se fait à travers mon
ressenti, ce qui peut rendre difficile la différence entre le 3 et le 4
par exemple.
(1) : j'exploite l'auto-évaluation du Bien dans ce
faisceau d'items car le résultat dépend du niveau de
détente de Quentin. Par exemple, il a tendance à << noter
È sévèrement sa prestation quand il est tendu.
(2) : l'auto-évaluation sera développé dans
le chapitre suivant.
- la quantité de blagues dirigées vers les autres
élèves:
Même évaluation que pour la quantité de
blagues vers l'art-thérapeute.
- la qualité du moment dans son
auto-évaluation(1).
Ce dernier faisceau d'items <<ambiance mise par Quentin
>> aurait pu être inclus dans le faisceau << capacité
relationnelle >>. Je l'ai évalué à part, car il me
semble important de pouvoir montrer à l'équipe pédagogique
à quel point Quentin peut être un boute-en-train, et changer
l'image qu'elle a de lui.
c- Ma propre évaluation a été
complétée par l'auto-évaluation de
Quentin.
En fin de séance, l'art-thérapeute peut proposer
à la personne d'auto-évaluer le beau (est-ce-que l'action et/ou
la production me pla»t ?), le bien (est-ce-que la production est bien
faite ?) et le bon (est-ce-que j'ai passé un bon moment ?) sur une
échelle établie par l'artthérapeute.
Cette auto-évaluation p eut permettre à la
personne de faire le point sur la séance, et de l'impliquer dans la
continuité de la prise en charge. Par exemple, une personne
réalise un modelage. En fin de séance, elle évalue que sa
sculpture lui pla»t moyennement, car elle découvrait le modelage
pour la première fois et n'avait donc pas de technique. Par contre, elle
a passé un très bon moment. Ainsi, elle pourra parfaire sa
technique au fur et à mesure des séances pour être
satisfaite de sa production.
Dans le cas de Quentin, son auto-évaluation me permet
de comparer cette dernière au bilan de la séance dressé
par mes soins, certains faits d'observation pouvant être <<
parasités>> par une analyse psychologique faussée.
J'ai aussi utilisé certaines auto-évaluations de
Quentin dans l'évaluation de certains faisceaux d'items (voir le
détail dans le chapitre ci-dessus) afin de rendre encore plus objectives
les conclusions de mes évaluations.
d- Mais d'autres items et faisceaux d'items
d'observation ont étayé ma fiche d'observation
(2).
La fiche d'observation ayant aussi pour fonction d'être
la mémoire du déroulement de la séance, d'autres items
d'observation complètent ceux retenus pour l'évaluation de la
prise en charge de Quentin.
Il s'agit notamment des faisceaux d'items concernant le
phénomène artistique*, c'est- à-dire sur l'intention de
Quentin durant la séance, sur son action et sa production,
complétée par sa capacité esthétique* et la
dynamique de la séance. Evaluer le phénomène artistique
est d'autant plus important, car dans l'activité théâtre,
une fois la production réalisée, il ne reste rien de sensible qui
puisse permettre de me souvenir d'elle et du contexte de sa
réalisation.
La mémorisation du déroulement de la séance
permet d'expliquer, en remettant dans
(1) : une grille d'auto-évaluation est
présentée en annexe n°1 à la fin de l'ouvrage.
(2) : une grille d'observation est présentée en
annexe n°2 à la fin de l'ouvrage.
son contexte, l'évaluation d'un item d'observation
paraissant << anormal È. Par exemple, à la fin d'une
séance, Quentin a auto-évalué la qualité du moment
passé à 2 sur 5, alors que cette auto-évaluation se situe
entre 4 et 5 pour toutes les autres séances. Hors contexte, on ne peut
pas comprendre. Mais si je relie la fiche d'observation, je me remémore
le fait que cette
séance était << spéciale È pour
Quentin car il avait intégré un nouveau groupe plus agité
que son groupe habituel. Ë la lumière de cette explication, je
comprends l'évaluation de certains faits d'observation tel qu'un volume
vocal très faible lors de l'action sur scène.
II.1.C- LES SÉANCES SE SONT
DÉROULÉES DE MI-JANVIER Ë FIN
JUIN 2010.
Séance n°1 :
- Personnes présentes:
Un autre élève et moi-même.
- Objectif :
L'enfant doit choisir un texte qui lui pla»t.
- Moyen:
Connaissant le gout prononcé des enfants
intellectuellement précoces pour l'humour, et me basant sur la
première rencontre, j'apporte tout un panel de textes écrits par
des comiques, allant de Raymond Devos à Florence Foresti, en passant par
Coluche.
- Description:
Me rendant à la salle, je croise Quentin dans le couloir.
Je lui demande comment il va. Il me répond qu'il est très
stressé, << comme toujours au collège È.
Une fois tous installés, j'étale toutes les
photocopies sur une table, et demande aux élèves de lire à
haute voix, s'ils le veulent bien, un texte qui leur pla»t pour partager
un moment agréable ensemble. Après avoir regardé
rapidement divers sketches, Quentin est
(1)
attiré par celui intitulé << Le Bac È
. Après l'avoir lu pour lui -même, je lui demande s'il
désire nous le lire à haute voix. Il accepte et nous
l'écoutons. Ce sketch est vraiment drôle. Avec l'autre enfant,
nous rigolons de bon cÏur sur les paroles de Quentin. Je constate que
Quentin sourit beaucoup, mais se donne des petits coups à la gorge
pendant la lecture. Il rigole presque, à des larmes aux yeux, mais tient
à lire correctement le texte jusqu'au bout.
Mais dès le point final, Quentin cesse
immédiatement de sourire. L'expression de son visage redevient
brutalement neutre. Il dit d'une façon monotone qu'il tient à
s'excuser d'avoir mal lu le texte car il n'a pas réussi à
ma»triser son rire. Il explique que s'il se donnait des petits coups sur
la gorge, c'était pour essayer de ne pas avoir la voix qui tremble
à cause du rire retenu. Nous lui répondons que ce n'est
absolument pas grave, qu'au contraire, l'auteur du texte avait atteint son but
en nous amusant.
Quentin décide de choisir ce texte, pour pouvoir
l'interpréter sur scène.
- Ce que je constate:
Quentin a ressenti un plaisir esthétique qu'il a
essayé de ma»triser.
(1) : dans ce sketch, Albert Dupontel interprète un homme
très anxieux qui passe une épreuve orale de philosophie.
Séance n°2:
- Personnes présentes:
Trois autres élèves et moi-même.
- Objectif :
Quentin doit confirmer son choix du texte ÇLe bac
È.
- Moyen:
Lecture à haute voix de plusieurs textes humoristiques.
- Description:
Quentin arrive anxieux et tendu. Il y a la présence de
deux nouveaux élèves. Toutefois, il se propose
spontanément de relire son texte à voix haute et sourit
constamment durant la lecture.
Les autres élèves lisent eux aussi
différents textes afin de choisir le leur. Cette fois-ci, Quentin sourit
aussi à toutes les lectures (sans jamais rire), mais ne regarde jamais
le lecteur.
- Fait marquant:
Un des autres élèves bougeait beaucoup et
monopolisait excessivement l'attention du groupe. Devant tant de turbulence,
Quentin s'assoit à une table. Il se met à lire L'avare
de Molière, texte qu'il étudie en cours de
français.
- Ce que je constate:
Malgré un retrait volontaire du groupe, Quentin a
cependant connu un moment de plaisir à la lecture et à
l'écoute des sketches.
Séance n°3:
- Personnes présentes:
Trois autres élèves et moi-même.
- Objectif:
Faire une lecture du texte choisi, debout dans l'espace
scénique.
- Description:
Quentin arrive tendu physiquement et sans aucune expression sur
le visage.
Il monte volontairement sur scène et fait même une
proposition de mise en scène. Au moment où il commence à
jouer, le principal adjo int, accompagné de deux autres personnes venues
s'inspirer de l'organisation du collège pour un projet sur Reims, nous
demande s'ils peuvent entrer dans la salle et regarder le déroulement de
l'atelier pendant trois minutes. Les élèves acceptent. J'ai peur
que cela ne perturbe Quentin. Mais contre toute attente, Quentin lit son texte,
seul dans l'espace scénique, en faisant même un début de
mise en scène. Quentin sourit deux fois, et s'applique même
à faire rire les trois autres élèves, sans jamais regarder
les trois adultes. Il reste très raide, mais utilise un peu l'espace.
Ë la fin de cette interprétation, ces derniers quittent la
salle.
En fin de séance, Quentin repart tendu et de nouveau sans
expression.
Avant de quitter le collège, le principal adjoint me dit
qu'il n'avait jamais vu Quentin aussi détendu.
Quentin veut interpréter son sketch qui lui donne
l'occasion d'amuser le groupe. Mais il justifie tous ses gestes et
déplacements en aparté, c'est-à-dire qu'il joue son
personnage, se déplace dans l'espace scénique puis s'arrête
net d'être le personnage pour redevenir Quentin qui explique pourquoi il
s'est déplacé.
Durant l'atelier, il commence à se détendre
mentalement et physiquement.
Séance n°4:
- Personnes présentes:
Trois autres élèves et moi-même.
- Objectif :
Retrouver la dynamique de sa dernière séance qui
s'était déroulée quatre semaines avant (une semaine
Quentin était absent, deux autres semaines étaient des vacances
scolaires).
- Description:
J'arrive au collège à 13h. Le principal adjoint
m'annonce que Quentin ne sera pas présent à l'atelier car il est
absent depuis deux jours. Il n'est pas malade, mais ne sent pas capable de
venir en cours. La première séance de l'après-midi se
passe avec le premier groupe.
Durant la récréation qui précède le
second atelier (celui de Quentin), on frappe à la porte de la salle, et
Quentin entre. Je lui fais part de mon étonnement, car on m'avait
annoncé son absence. Il me dit d'une voix monotone qu'il ne voulait pas
manquer une seconde fois l'atelier, et que, du coup, il suivrait le cours
d'espagnol par la suite.
Je suis ravie de sa présence. On profite de la
durée de l'intercours pour discuter. Il me parle de sa
dépression, cause de ses ab sences, et de son médecin traitant vu
pendant les vacances scolaires qui lui refuse un traitement.
Les trois élèves arrivent, l'atelier démarre
et Quentin passe le premier sur scène. Malgré les regards et les
petites réflexions de l'enfant turbulent, Quentin s'implique, non
seulement en tant qu'acteur (même s'il continue à justifier ses
gestes), mais également en tant que spectateur, car il commence à
participer aux discussions engendrées par le passage sur scène de
chacun.
Ë la fin de l'atelier, Quentin me dit qu'il avait appris un
sketch des Mots d'Éric et Ramzy (1). Il veut le
jouer sur scène devant le groupe, mais il est retenu par le fait que ce
sketch se joue à deux. Il me demande donc si je veux bien jouer un des
deux personnages.
J'accepte volontiers. Quentin nous attribue les rTMles, me donne
les coordonnées du site internet sur lequel je peux visionner ce sketch
et me demande d'apprendre le texte pour la semaine prochaine.
- Fait nouveau:
La mise en place d'une auto-évaluation, à laquelle
Quentin répond ceci: As-tu eu du plaisir à jouer? : 5/5.
Comment trouves-tu ta prestation? : 2/5.
Le résultat est-il conforme à ce que tu voulais
faire ?: 1/5. Ton envie de continuer est de : 5/5.
Tu as passé un moment: 5/5.
(1) : les mots d'Eric et Ramzy sont des petites
chroniques oà les deux comédiens donnent leur définition
d'un mot courant. Quentin a choisi le mot Ç restituer È.
Quentin est très mal à l'aise dans certains
cours. Il me dit que ce n'est pas la discipline qui le gène, mais la
manière d'être du professeur ou des élèves pendant
ce cours qui lui para»t agressive. Quand il ne se sent pas capable d'y
assister, il manque toute la journée, malgré le fait que la
direction lui autorise à Ç sauter È un cours s'il ne se
sent pas bien. Mais il refuse ce principe par peur d'être accusé
de choisir son emploi du temps.
C'est donc la première fois que Quentin Ç brave
È le regard des autres pour assister à un atelier dans lequel il
se sent bien. Et puisque cet atelier se déroule dans l'enceinte de
l'établissement, Quentin assiste au cours suivant.
Même s'il passe un bon moment, Quentin reste dur sur
l'évaluation de sa prestation scénique.
Séance n°5:
- Personnes présentes:
Trois autres élèves et moi-même.
- Objectif :
Pas d'objectif pour cette séance, car elle n'était
pas prévue. Elle se déroule un jeudi, alors que les
séances de Quentin sont les mardis.
- Description:
Ayant une heure de libre cet après-midi, et sachant qu'un
autre groupe a atelier d'artthérapie, Quentin me demande s'il peut y
participer. Le groupe accepte mais n'est pas spécialement chaleureux
avec lui.
Les élèves passent sur scène. Quentin ne se
sent pas à l'aise avec eux. Il s'isole au fond de la classe, fait ses
devoirs, puis révise son propre texte mais ne participe pas à
l'atelier. Soudain, Quentin décide de jouer quand même son sketch
sur scène. Il interprète le début de mémoire, et la
fin à l'aide du texte. Ë chaque déplacement, il
s'arrête de jouer pour le justifier.
Quentin me dit être très stressé par
l'organisation de son emploi du temps. C'est pour cela qu'il faisait ses
devoirs.
- Auto-évaluation:
As-tu eu du plaisir à jouer? : 2/5.
Comment trouves-tu ta prestation? : 4/5.
Le résultat est-il conforme à ce que tu voulais
faire? : 4/5. Ton envie de continuer est de : 5/5.
Tu as passé un moment : 2/5.
- Ce que je constate:
L'accueil peu chaleureux du groupe s'est
répercuté sur le plaisir du jeu et la qualité du moment
pour Quentin. Il est malgré tout satisfait de sa prestation et veut
continuer à participer à l'atelier d'art-thérapie.
Séance n°6:
- Personnes présentes:
Un seul autre élève et moi-même.
- Objectif :
Interprétation du duo Eric et Ramzy.
- Description:
Quentin arrive en tout début de récréation,
de bonne humeur et avec le sourire. Il veut profiter de ce moment à deux
pour répéter notre duo afin de faire une surprise au groupe. Nous
répétons ensemble au moins dix fois cette scène car il y a
des répliques qui doivent être dites ensemble.
L'interprétation de son personnage nécessite de sa part une
souplesse du corps. Ë ma grande surprise, il se déplace sur
scène avec beaucoup de fluidité et n'est pas du tout raide.
Nous jouons le sketch devant l'élève
présent. Quentin ne s'arrête à aucun moment pour justifier
ses mouvements.
Au sein de l'atelier, Quentin est très détendu. Il
parle beaucoup avec le second élève, se permet même de le
taquiner.
- Auto-évaluation:
As-tu eu du plaisir à jouer? : 5/5.
Comment trouves-tu ta prestation ? : 3/5.
Le résultat est -il conforme à ce que tu voulais
faire? : 3/5. Ton envie de continuer est de : 5/5.
Tu as passé un moment : 5/5.
- Ce que je constate:
J'ai découvert un Quentin souriant, drôle et
à l'aise, qui arrive à communiquer sans trop de gène avec
un autre élève. Il est arrivé avec le sourire et est
reparti avec.
Séance n°7:
Cette séance se déroule quatre semaines
après la précédente pour différentes raisons
(grève et absence).
- Personnes présentes:
Un seul autre élève et moi-même.
- Objectif :
Maintenir le plaisir et la communication avec l'autre
élève.
- Description:
Quentin arrive en début de récréation pour
me montrer les paroles d'une chanson qu'il vient d'écrire en cours de
musique. Les paroles sont très sombres car Quentin parle de sa
dépression. Je lui dis que j'entends bien ce qu'il dit dans cette
chanson, mais souligne la qualité de son écriture, des tournures
et des images utilisées.
L'atelier démarre. Quentin passe en premier sur
scène. Il est à l'aise dans les
mouvements, n'explique plus ses déplacements et ose des
interprétations qui le font rire. Hors scène, il s'amuse et
n'arrête pas de nous dire des blagues. Il a le sourire du début
jusqu'à la fin de l'heure.
Avant de partir, il me dit qu'il va essayer de ne plus manquer de
cours car on lui a expliqué que ses absences étaient souvent
d'origine psychosomatique.
- Auto-évaluation:
As-tu eu du plaisir à jouer? : 5/5.
Comment trouves-tu ta prestation? : 5/5.
Le résultat est-il conforme à ce que tu voulais
faire? : 4/5. Ton envie de continuer est de : 5/5.
Tu as passé un moment : 5/5.
Séance n°8:
- Personnes présentes:
Trois autres élèves et moi-même.
- Objectif :
Pas d'objectif de prévu car cette séance est, une
nouvelle fois, une séance non prévue, car elle se déroule
un jeudi, avec le groupe de 13h30.
J'en profite pour observer les capacités relationnelles de
Quentin dans un nouveau groupe.
- Description:
Les élèves accueillent à bras ouvert
Quentin. Ils y voient l'occasion de découvrir un nouveau sketch. Quentin
profite de cet enthousiasme pour passer en premier sur scène. Comme
c'est un nouveau public, il s'investit davantage dans l'interprétation.
Son plaisir est immense. Et ce n'est qu'à la fin du sketch qu'il
explique ses déplacements. Il est ovationné par le groupe et se
sent à l'aise avec eux. Il regarde tous les sketches du groupe et donne
spontanément son opinion. Son visage rayonne.
- Auto-évaluation:
As-tu eu du plaisir à jouer? : 5/5.
Comment trouves-tu ta prestation? : 4/5.
Le résultat est-il conforme à ce que tu voulais
faire? : 4/5. Ton envie de continuer est de : 5/5.
Tu as passé un moment : 5/5.
Séance n°9:
- Fait marquant :
Cette séance se déroule trois semaines
après la séance précédente. Entre temps, le
professeur de français de Quentin me dit qu'elle le trouve changé
et moins stressé. Pour la première fois, elle lui a mis une note
de 5/20. Elle en est ravie car pour elle, c'est un signe incontestable de la
détente gagnée par Quentin et le début d'un certain
détachement sur sa réussite scolaire.
- Personnes présentes:
Un autre élève et moi-même.
- Objectif:
Observer la capacité d'adaptation de Quentin à une
nouvelle technique qu'il ne ma»trise pas.
- Moyen:
Après avoir travaillé l'interprétation d'un
personnage à travers un sketch humoristique qu'il commence à
ma»triser, j'organise la séance autour de l'improvisation de
personnages. L'élève doit interpréter une personne en
déclinant son nom, prénom, %oge, activité ou profession,
ses goüts, une qualité et un défaut. Ce personnage doit
avoir une identité très éloignée de celle de
l'élève.
- Description:
Quentin arrive en début de récréation. Il
est heureux de retrouver l'autre élève. Il trépigne au
début de la séance car il veut démarrer
immédiatement les improvisations. Il réalise de bonnes
improvisations, même s'il ne change pas la posture de son corps, ni le
ton de sa voix (Quentin est en pleine puberté et sa voix déraille
de temps en temps). Il n'arrête pas de rire, et parle très
facilement avec l'autre élève.
- Fait marquant :
ème
Ë un moment donné, l'autre élève, qui
est en classe de 3 , me parle du brevet qui approche. Comme le sujet
n'intéresse pas Quentin, ce dernier s'isole au fond de la classe. Mais
contrairement aux autres retraits, il ne sort rien de son sac (ni devoir, ni
livre). Il regarde juste par la fenêtre. Ce retrait ne dure qu'une
minute. Quentin revient vite vers nous et nous stimule pour continuer les
improvisations.
- Auto-évaluation:
As-tu eu du plaisir à jouer ? : 5/5.
Comment trouves-tu ta prestation ? : 4/5.
Le résultat est-il conforme à ce que tu voulais
faire? : 4/5. Ton envie de continuer est de : 5/5.
Tu as passé un moment : 5/5.
Séances n°10, n°11 et n°12:
- Description:
Quentin participe aux ateliers de plusieurs groupes. Il
réalise facilement des improvisations, y intègre d'autres
élèves en leur demandant d'interpréter un autre
personnage. Il aime beaucoup les improvisations en duo ou trio. Quentin
s'applique à amuser les autres sur scène, mais aussi dans
l'atelier. L'auto-évaluation de la qualité du moment passé
dépend du groupe avec lequel il est. Son envie de continuer est toujours
aussi forte, sauf à la séance n°12, cotée à
3/5.
- Ce que je retiens:
Quentin est de plus en plus expressif, voire de temps en temps
indiscipliné. Je le rappelle à l'ordre de temps en temps.
Séance n°13:
- Fait marquant:
C'est la dernière séance.
- Objectif:
Même si la date de cette dernière séance
était connue depuis le début (elle correspond à la fin de
l'année scolaire), il était important de rendre solennel
l'arrêt de l'atelier d'artthérapie.
- Descriptif:
Ë plusieurs reprises, j'avais apporté ma
caméra pour filmer les élèves sur scène. Pour
conclure ces deux trimestres passés ensemble, j'ai réalisé
un montage vidéo pour chacun d'entre eux. Nous regardons les films de
chaque enfant, ainsi que les duos et les trios. Quentin demande à
regarder plusieurs fois deux improvisations en duo dont il est fier. Une vraie
complicité se ressent entre tous les élèves du groupe.
Avant de partir, il échange son numéro de
téléphone avec un autre élève.
- Ë noter:
Il n'y a pas d'évaluation de cette séance.
II.1.D- L'ÉVALUATION DES FAISCEAUX D'ITEMS
RETENUS AU REGARD DES OBJECTIFS DOIT æTRE EFFECTUÉE
RÉGULIéREMENT AFIN D'ORGANISER LA FIN D'UNE PRISE EN
CHARGE.
Quentin a été orienté vers une prise en
charge en art-thérapie, car c'est un garçon qui souffre de son
propre stress. En effet, ce dernier l'empêche de nouer des amitiés
(alors qu'il le désire), et de s'épanouir à
l'école. Ce stress est tel, que Quentin ne peut se rendre, parfois,
jusqu'au collège.
Les objectifs retenus pour cette prise en charge sont la
diminution du stress, de l'hypertension physique ainsi que la sortie de
l'isolement.
Le positionnement de Quentin par rapport à ces objectifs
est visible gr%oce à l'évaluation, sur les deux trimestres, des
faisceaux d'items retenus. Je rappelle que ses faisceaux d'items sont sa
capacité relationnelle aux autres élèves, sa
spontanéité, sa détente morale et physique, ainsi que
l'ambiance mise au sein de l'atelier.
Dans le cas de la prise en charge de Quentin, la fin de
celle-ci est décidée par le cadre même du stage, et ce,
dès la signature de la convention. C'est pourquoi durant toute sa
durée, j'ai en permanence le calendrier en tête. Ainsi les
dernières séances se déroulent de manière à
préparer notre séparation.
a- L'évaluation de la capacité
relationnelle de Quentin est soustendue par l'évaluation des sept items
d'observation suivants:
Dans les tableaux suivants, les séances n°10 et
n°11 ont été évaluées à partir de la
même grille d'observation, car Quentin a participé dans la
même après-midi aux deux ateliers.
N° DE LA SEANCE
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
10 et
11
|
12
|
ITEMS OU FAISCEAUX D'ITEMS EVALUES
|
Orientation du regard quand il est sur
scène
|
2
|
3
|
4
|
4
|
4
|
4
|
5
|
5
|
3
|
3
|
4
|
Orientation de regard quand il est spectateur
|
2
|
3
|
5
|
3
|
2
|
4
|
4
|
4
|
5
|
4
|
3
|
Orientation du regard hors toute production
|
2
|
2,5
|
3
|
4
|
2
|
5
|
4
|
5
|
3
|
3
|
4
|
Orientation du corps quand il est sur
scène
|
3
|
3
|
4
|
4
|
4
|
5
|
4
|
5
|
3
|
3
|
4
|
Orientation du corps quand il est spectateur
|
5
|
3
|
5
|
5
|
2
|
4
|
4
|
4
|
5
|
3
|
3
|
Quantité de discours vers les autres
élèves
|
1,5
|
3
|
3
|
4
|
3
|
4
|
5
|
4
|
5
|
5
|
5
|
Qualité du discours vers les autres
élèves
|
3
|
3
|
3,5
|
4
|
4
|
5
|
4
|
4
|
3
|
3
|
4
|
L'évaluation de la capacité relationnelle de
Quentin dans une séance correspond à la moyenne des
évaluations des sept items ou faisceaux d'items retenus, soit:
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
10
|
|
N° DE LA SÉANCE
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
et
|
12
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
11
|
|
ÉVALUATION DE LA CAPACITÉ
RELATIONNELLE
|
2,6
|
2,9
|
3,9
|
4
|
3
|
4,4
|
4,2
|
4,2
|
4,1
|
3,7
|
4,1
|
L'évolution de la capacité relationnelle de Quentin
peut être représentée par la courbe suivante :
5
4,5
4 3,5 3 2,5 2 1,5 1
0,5
0
|
|
Capacité relationnelle Regard quand sur scene Regard quand
spectateur Regard hors production Corps sur scene
Corps quand spectateur Quantité discours
Qualité discours
|
Graphique n°1 : Evolution de la capacité
relationnelle de Quentin.
b- L'évaluation de la détente
générale de Quentin est sous-tendue par l'évaluation des
six items d'observation suivants:
N° DE LA SEANCE
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
10 et
11
|
12
|
ITEMS OU FAISCEAUX D'ITEMS EVALUES
|
Absence de stress et de tension physique au
début de la séance
|
1
|
1
|
2
|
2
|
3
|
4
|
4,5
|
4
|
5
|
5
|
4,5
|
Absence de stress et de tension physique pendant la
séance
|
3
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
2
|
4,5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
3,5
|
Absence de stress et de tension physique en quittant la
séance
|
2
|
2
|
3
|
3
|
2
|
4,5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
4,5
|
Absence de retrait volontaire du groupe
|
3
|
3
|
4
|
4
|
2
|
5
|
4
|
5
|
3
|
5
|
4
|
Bien dans auto-évaluation
|
-
|
-
|
-
|
5
|
2
|
5
|
5
|
5
|
5
|
3
|
3
|
Bon dans auto-évaluation
|
-
|
-
|
-
|
2
|
4
|
3
|
5
|
4
|
4
|
2,5
|
3
|
L'évaluation de la détente générale
de Quentin à une séance correspond à la moyenne des
évaluations des six items ou faisceaux d'items retenus, soit:
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
10
|
|
N° DE LA SÉANCE
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
et
|
12
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
11
|
|
ÉVALUATION DE LA DÉTENTE
GÉNÉRALE
|
2,2
|
2,3
|
3,1
|
3,2
|
2,5
|
4,3
|
4,7
|
4,6
|
4,5
|
4,2
|
3,6
|
L'évolution de la détente générale de
Quentin peut être représentée par la courbe suivante :
5
4,5
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
|
|
Détente générale
Absence stress et tension physique début séance
Absence stress et tension physique pendant séance Absence stress et
tension physique fin séance
Absence retrait
Bon
|
Bien
Graphique n°2 : Evolution de la détente
générale de Quentin.
c- L'évaluation de la spontanéité
de Quentin est sous-tendue par l'évaluation des trois items
d'observation suivants:
N° DE LA SEANCE
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
10 et
11
|
12
|
ITEMS OU FAISCEAUX D'ITEMS EVALUES
|
Ordre du passage sur scene
|
3
|
3
|
3
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
Absence de justification des actes et des
paroles
|
1
|
2
|
2
|
3
|
1
|
5
|
5
|
3
|
3
|
1
|
3
|
Quantité de rires et de sourires
|
1
|
2
|
3
|
3
|
3
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
L'évaluation de la spontanéité de Quentin
à une séance correspond à la moyenne des
évaluations des trois items ou faisceaux d'items retenus, soit:
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
10
|
|
N° DE LA SÉANCE
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
et
|
12
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
11
|
|
ÉVALUATION DE
LA SPONTANÉITÉ
|
1,6
|
2,3
|
2,6
|
3,6
|
3
|
5
|
5
|
4,3
|
4,3
|
3,6
|
4,3
|
L'évolution de la spontanéité de Quentin
peut être représentée par la courbe suivante:
5 4,5 4 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0
|
|
|
Spontanéité
Ordre passage sur scene Absence de justification
Quantité rires et sourires
|
|
|
Graphique n°3 : Evolution de la spontanéité de
Quentin.
d- L'évaluation de l'ambiance mise par Quentin
est sous-tendue par l'évaluation des trois items d'observation suivants
:
N° DE LA SEANCE
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
10 et
11
|
12
|
ITEMS OU FAISCEAUX D'ITEMS EVALUES
|
Quantité de blagues dirigées vers
l'art-thérapeute
|
3
|
3
|
3
|
4
|
3
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
Quantité de blagues dirigées vers les
autres élèves
|
1
|
1
|
2
|
2
|
3
|
4
|
4
|
4
|
5
|
5
|
5
|
Qualité du moment dans auto -
évaluation
|
-
|
-
|
-
|
5
|
2
|
5
|
5
|
5
|
5
|
3
|
3
|
L'évaluation de l'ambiance mise par Quentin dans une
séance correspond à la moyenne des évaluations des trois
items ou faisceaux d'items retenus, soit:
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
10
|
|
N° DE LA SÉANCE
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
et
|
12
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
11
|
|
ÉVALUATION DE L'AMBIANCE MISE
|
2
|
2
|
2,5
|
3,6
|
2,6
|
4,6
|
4,6
|
4,6
|
5
|
4,3
|
4,3
|
L'évolution de l'ambiance mise par Quentin pendant les
séances d'art-thérapie peut être représentée
par la courbe suivante:
5
4,5
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
|
|
Ambiance mise
Quantité blagues vers art-
thérapeute
Quantité blagues vers
autres élèves
Qualité moment dans auto-
évaluation
|
Graphique n°4 : Evolution de l'ambiance mise par Quentin.
II.1.E- LE BILAN DE LA PRISE EN CHARGE S'EFFECTUE AU
REGARD DES ÉVOLUTIONS DE QUENTIN AU SEIN DE L'ATELIER D'ART-
THÉRAPIE .
Voici sur le meme graphique l'évolution des faisceaux
d'items sur lesquels repose le bilan de la prise en charge de Quentin :
5
4,5
4
3,5
Capacité relationnelle avec autres éleves
Détente générale
Spontanéité
Ambiance mise
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
Graphique n°5 : Évolution des faisceaux d'items
retenus pour le bilan de la prise en charge de Quentin.
La capacité relationnelle de Quentin au sein de l'atelier
d'art-thérapie, sa détente mentale et physique, sa
spontanéité ainsi que l'ambiance mise, évoluent de maniere
positive au fur et à mesure de la prise en charge. Le « plateau
» que forment les quatre courbes à partir de la
6ème séance jusqu'à la fin montre une
stabilisation, voire meme un acquis de ces capacités relationnelles vers
les autres éleves de l'atelier et de sa détente.
Ë la lecture du déroulé, des absences sont
constatées à partir de mi-mai. Elles ne sont pas dues à
une phobie scolaire, mais bel et bien à de véritables soucis de
santé.
Au début de la prise en charge, Quentin est un
garçon très crispé, qui évite tout contact avec ses
pairs. Ë la fin de celle-ci, Quentin est un garcon qui participe beaucoup,
voire meme « dirige » l'atelier, et entre en contact avec d'autres
éleves plus facilement. Il est moins soucieux de l'opinion des
autres.
Forte de ces résultats, je peux dire que les objectifs
visant la diminution du stress et la sortie de l'isolement sont atteints.
Mais attention, le stress de Quentin n'est que dimin ué,
et lui permet ainsi de suivre une scolarité moins « agressive
» à ses yeux. Mais ce stress est toujours présent et
palpable à certains moments. Par exemple, Quentin a du rattraper les
cours manqués en fin d'année à cause de son souci de
santé. C'est pourquoi il désirait redoubler sa classe de
4' car le retard engendré par ses absences lui semblait
irrécupérable. Il a fallu lui expliquer à plusieurs
reprises que cela ne justifiait pas un redoublement. Il a pu le concevoir
à la fin.
II.1.F - COMME CE BILAN SE LIMITE Ë L'ATELIER
D'ART - THÉRAPIE, UN QUESTIONNAIRE SUR L'ÉVOLUTION DE QUENTIN AU
SEIN DE L'ÉTABLISSEMENT SCOLAIRE A ÉTÉ REMPLI PAR LES
MEMBRES DE L'ÉQUIPE PÉDAGOGIQUE QUI LE COTOYENT.
Le bilan dressé plus haut se base sur mes propres analyses
des faits d'observation pendant l'atelier d'art-thérapie. Mais vers la
fin du stage, je sens qu'il me manque quelque chose. En effet, le changement
d'attitude de Quentin est sensible au sein de l'atelier, mais est- il assez
consolidé pour lui permettre d'être mieux dans l'ensemble de sa
vie scolaire ? Les
<< discussions de couloir >> avec certains
professeurs me le confirment, mais les horaires de stage font que je rencontre
toujours les mêmes personnes.
Je fais part de cette << frustration>> à mon
directeur de stage en lui disant que j'aimerai être <<petite souris
afin d'espionner les cours de tous les élèves que l'on m'avait
confiés >>. Ce dernier me propose de rédiger un
questionnaire qu'il remettra à toutes les personnes en relation avec
eux.
Ce questionnaire(1) me permet de comparer
l'évolution de Quentin dans l'atelier avec celle de sa vie scolaire.
Neuf questionnaires m'ont été retournés et en voici les
résultats sous forme de diagramme:
5
4,5
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
|
|
En début d'année scolaire En fin d'année
scolaire
|
Décontraction physique
|
Décontraction mentale
|
Capacitérelationnelle
|
Participation
|
Graphique n°6 : Évolution de quatre faisceaux d'items
basée sur l'observation de l'équipe pédagogique.
Même si l'évaluation par l'équipe
pédagogique de la décontraction physique et mentale de Quentin,
de sa capacité relationnelle et de sa participation en cours, ateliers
et vie scolaire reste moyenne (entre 2,6 et 3,2 sur 5), l'évolution de
ces derniers est largement positive (l'équipe pédagogique estime
jusqu'à 154% de détente physique en plus).
Cependant ce bilan n'est valable que dans le cadre du
collège. Je sais que Quentin avait des problèmes relationnels
avec sa mère, car elle ne savait plus quoi faire avec lui. Je n'ai
jamais eu l'occasion de la rencontrer, et n'ai pas demandé à
Quentin à la fin de sa prise en charge s'il y avait eu des
changements.
(1) : ce document est présenté en annexe n°3
à la fin de l'ouvrage.
II.1.G- CONCLUSION DE LA PRISE EN CHARGE DE
QUENTIN.
Quentin s'est investi dans l'activité
théâtrale dès le début. Cette implication dans
l'action théâtrale lui a permis de conna»tre un plaisir
esthétique qui l'a détendu mentalement et
décontracté physiquement. La diminution du stress lui a permis
d'entrer plus facilement en contact avec les autres élèves
présents.
Le fait que cette prise en charge se soit déroulée
sur deux trimestres a permis de faire cette expérience plusieurs fois,
et ainsi, de renforcer ses progrès.
Pour illustrer cette conclusion, voici quelques remarques
retournées grâce au questionnaire:
<<Prise de parole en groupe plus
décontractée. È
<< Davantage de confiance en lui, moins peur de
l'échec.È
<<Plus à l'aise dans la classe.È
<< Il s'exprime davantage.È
<< Dans la cour, il n'est plus seul.È
<< Cherchait à se faire tout petit au début,
puis a demandé à se rapprocher. È
<<Avant ne parlait jamais, était très timide.
Maintenant vient nous voir de temps en temps et semble un peu plus à
l'aise.È
II.2- JÉRÉMIE.
II.2.A- MæME SI LE PROTOCOLE DE PRISE EN CHARGE
DE JÉRÉMIE EST IDENTIQUE Ë CELUI DE QUENTIN, LA
STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE EST DIFFÉRENTE:
a- État de base de Jérémie:
· Ce que je sais avant ma première rencontre avec
Jérémie:
ème
Jérémie est un élève de douze ans en
de 5
classe . Il est arrivé dans ce collège en
début de 6ème. On me le décrit
comme quelqu'un de <<très soupe au lait È. Il est
physiquement petit, mais ne se démonte pas devant des
élèves de 3 ème . Jérémie est un très
gros lecteur, surtout de livres de sciences fictions. D'ailleurs le défi
qu'il s'est lui-même lancé pour cette année scolaire 2009
-2010 est de présenter un maximum de livres au club de lecture pour
détenir le record.
Jérémie n'a pas de difficulté sur le plan
scolaire, mais il n'est intégré ni dans sa classe, ni au club de
lecture, ni en intercours. Les autres élèves le perçoivent
comme un << O.V.N.I. È. Du fait qu'il ne cherche pas le contact
avec eux (mais seulement avec les adultes), Jérémie s'isole.
· Ce que j'observe et apprends lors de notre
première rencontre: Pour les séances d'art-thérapie,
Jérémie fait partie d'un groupe composé de deux
4 ème
autres élèves de . Il ne se présente pas
spontanément à cette première rencontre, et doit
être cherché en cours, malgré la signature de
son autorisation parentale.
Ma première impression est d'avoir en face de moi une
personne timide (ne sait pas trop oü s'installer dans la salle, est
très posé, calme, et ne prend pas la parole). Mais dès que
je le questionne, il répond avec beaucoup d'application, choisit les
mots justes et est très précis dans ses réponses en
développant facilement ses pensées et sa logique.
Il a lÕair tres à lÕaise avec les adultes.
Cependant durant cette heure, il ne sÕest jamais tourné vers les
deux autres élèves et ne leur a jamais parle. Il me raconte
quÕil a déjà joué un grand rTMle dans une piece de
the%otre dans son ancienne école. Pour lui, cÕétait
important dÕavoir un grand rTMle car, gr%oce à ce spectacle, il
avait pu prouver quÕil nÕétait pas un Ç moins que
rien È (ce sont ses mots).
b- Pénalités et objectifs de
Jérémie :
Jeremie nÕa aucun probleme dÕexpression, ni de
communication (sÕil decide lui-meme de partager des informations).
LÕequipe pedagogique lÕa oriente vers les seances d'art- therapie
, car il presente des problemes de relation avec les autres eleves. En effet,
soit Jeremie est seul (en classe, dans la cours, à la cantine), soit il
est en confrontation avec les autres.
LÕobjectif de Jeremie est la recherche dÕune bonne
relation avec ses pairs (et pas seulement avec les adultes) pour
lÕinciter à sortir de son isolement.
c- Stratégie thérapeutique de la prise
en charge de Jérémie et moyens :
Jérémie aime beaucoup lÕhumour et a
déjà fait du the%otre. En lui proposant plusieurs textes de
one-man-show, il peut trouver un texte qui correspond à son univers. Le
plaisir pris à la lecture de ce texte peut lÕinciter à
vouloir interpreter ce personnage sur scene.
Etre sur scene pour interpréter un personnage quÕil
aime, va permettre à Jérémie de faire
lÕexpérience du plaisir esthétique. La repetition de cette
experience renforcera ce plaisir, qui, une fois assez fort, suscitera
lÕenvie d'être partage et le poussera à aller vers les deux
autres élèves du groupe.
Mais je sais que cette stratégie peut échouer. En
effet, Jérémie ne cherche pas forcément le contact avec
les autres élèves. Il arrive à faire ce quÕil lui
pla»t sans se soucier du regard de son entourage. Ainsi le plaisir
ressenti sur scene peut ne rien générer.
CÕest pourquoi la position de Jérémie en
tant que spectateur est tres importante. Place dans de bonnes conditions de
reception, Jérémie va etre en mesure dÕassister aux
representations de deux autres élèves. Ce quÕil verra
pourra déclencher chez lui des reactions telles quÕun sourire ou
un rire (car tous les sketches sont comiques). Il pourra aussi comprendre ce
que la personne sur scene ressent, car il en aura fait aussi
lÕexpérience. Il sera ainsi Ç connecté È
à cette personne. Le plaisir pris par cette dernière pourra
toucher Jérémie, et ainsi, ce plaisir ne sera plus «
égoïste È, mais partagé, puisquÕil a pour
origine cette autre personne. Toutes ses reactions durant la representation
seront dirigées vers lÕacteur sur scene. Un mouvement de va et
vient entre Jérémie et lÕélève sur scene
peut se créer et se renforcer
gr%oce à la repetition de la situation. Ce mouvement est
le début dÕune relation entre Jérémie et un autre
élève.
II.2.B- LA GRILLE D'OBSERVATION DE
JÉRÉMIE POSSéDE UNE PARTIE COMMUNE Ë CELLE DE QUENTIN
ET UNE PARTIE DÉDIÉE Ë SES PROPRES OBJECTIFS.
Les items et faisceaux d'items d'observation sur le
phénomène artistique et la capacité relationnelle de
Jérémie, ainsi que leurs cotations, ont été
établis de la même façon que ceux présentés
chez Quentin (1).
Je consigne toutes les évaluations des items et faisceaux
d'items d'observation dans un tableau pendant chaques vacances. Après la
seconde, je m'aperçois qu'il n'y a pas d'évolution du
phénomène artistique (2). Mais un changement dans la
capacité relationnelle de Jérémie est notable. J'ai
continué à évaluer le phénomène artistique
jusqu'à la fin de la prise en charge pour mémoire, mais je ne
relaterai ici que ce qui a évolué et qui est en rapport direct
avec ses objectifs.
L'objectif de Jérémie est la recherche d'une bonne
relation avec d'autres élèves. Ce qui est important ici, c'est la
qualité de la relation. En effet, quand Jérémie sait
s'adresser à d'autres enfants, il les regarde droit dans les yeux, et
même n'hésite pas à se confronter à eux s'il le
faut.
J'évalue l'implication relationnelle de
Jérémie par rapport aux autres élèves en calculant
la moyenne des évaluations des faisceaux d'items suivants:
- le mode relationnel*:
1 : très détaché du groupe, fait comme si
les autres élèves n'existaient pas,
2 : agressif ou s'opposant systématiquement,
3 : neutre, mais prend en compte les autres
élèves,
4 : cordial,
5 : amical.
- et la fonction relationnelle*:
1 : veut être seul,
2 : manipulateur,
3 : cache une maladresse, une gêne,
4 : cherche à aller à la rencontre d'autres
élèves,
5 : désire un échange sincère.
On peut me reprocher que l'évaluation de ces faisceaux
d'items ne repose que sur mon ressenti et sur aucun fait objectif. Par exemple,
je peux évaluer le mode relationnel d'une personne comme cordial, alors
que vous, qui me lisez, l'aurez évalué neutre ou amical. Il en
est de même pour la fonction relationnelle, qui n'est basée que
sur ma propre analyse psychologique.
J'aurai pu mettre des items objectifs, comme la quantité
de rire. La difficulté ne réside pas dans sa capacité
à rire, mais dans le comment, le pourquoi. Ce rire peut être une
réaction à une pensée subite, que lui seul conna»t,
comme il peut servir à encourager une personne sur scène.
(1) : se rapporter au chapitre II.1.B intitulé La
réalisation d'une fiche d'observation adéquate à la prise
en charge de Quentin est nécessaire afin d'évaluer
l'évolution de ce dernier par rapport à ses objectifs , et
en particulier le paragraphe II.1.B-d intitulé Mais d'autres items
et faisceaux d'items ont étayé ma fiche d'observation.
(2) : les faits seront détaillés dans le chapitre
suivant qui expliquera le déroulé des séances.
C'est pourquoi je m'appuie sur une meme et unique échelle
d'évaluation. Je suis la seule à remplir cette fiche. Et ce que
je considère comme cordial restera cordial. Ce qui est important, ce
n'est pas l'évaluation en elle-meme, mais l'évolution de
celle-ci. Par exemple, je peux évaluer le mode relationnel neutre (3)
à la séance n, puis l'évaluer à cordial
(4) à la séance n+1. Sur les memes séances et
avec vos idées sur la cordialité ou amicalité, votre
évaluation du mode relationnel peut passer de cordial (4) à
amical (5). Nous n'avons pas la meme évaluation, puisqu'el le est
subjective car basée sur nos ressentis. Mais ce n'est pas si grave, car
nous observons la meme progression.
Je sais que je suis un etre humain et que mes idées sur
la cordialité ou amicalité peuvent etre influencées par la
fatigue, un stress, ou autre chose. C'est pourquoi je reste vigilante sur ces
évaluations. J'essaie de rester objective dans ma
subjectivité.
II.2.C- LES SÉANCES SE DÉROULENT SUR DEUX
TRIMESTRES :
· De la séance n°1 à la séance
n° 5 :
Jérémie est un garcon très vivant. Quand il
est lancé sur un sujet, on ne peut plus l'arreter. Comme c'est un bon
lecteur, il lit très facilement plusieurs textes. Son choix se porte sur
Raymond Devos. Dans l'atelier, il ne regarde pas les autres membres du
groupe.
Dans ce groupe, un élève a des problèmes de
lecture et met beaucoup plus de temps à choisir un texte. Je propose de
découvrir les textes à plusieurs voix. Mais comme il n'y a qu'un
exemplaire de chaque texte, les trois enfants sont obligés de se
positionner les uns à cTMté des autres pour pouvoir lire.
Jérémie n'hésite pas à reprendre les erreurs de
prononciation de chacun, mais sans jamais les regarder.
Jérémie passe sur scène pour
interpréter Raymond Devos de manière spontanée. Il joue en
regardant le public, mais semble jouer uniquement pour lui-meme. C'est comme
s'il ne prenait pas en compte la réaction des spectateurs. Cependant il
s'efforce d'aller de plus en plus loin dans le texte.
Quand Jérémie est spectateur, son corps et son
regard sont tournés vers la scène par intermittence. Il parle
pendant la représentation.
« Hors production », il adresse la parole de plus en
plus souvent au groupe.
Ë cette séance n°5, l'auto-évaluation
(1) est mise en place :
- As-tu eu du plaisir à jouer ? : 5/5.
- Comment trouves-tu ta prestation ? : 4/5.
- Le résultat est-il conforme à ce que tu voulais
faire ? : 4/5.
- Ton envie de continuer est de : 4/5.
- Tu as passé un moment : 4/5.
· De la séance n°6 à la séance
n°8 :
Jérémie ne s'implique plus dans
l'interprétation de son sketch. Il n'arrive plus à retenir le
texte qu'il connaissait jusqu'à maintenant.
Pour le mettre en relation directe avec les deux autres
élèves, je propose la lecture de différents sketches du
trio Les Inconnus. Le groupe a beaucoup de plaisir à interpréter
ces personnages. Jérémie participe à la lecture avec
beaucoup d'enthousiasme, et n'hésite pas à reprendre certaines
répliques. Le temps de la lecture, une cohésion de groupe se
crée.
(1) : l'auto-évaluation a déjà
été développé dans le paragraphe II.1.B.c
intitulé Ma propre evaluation a ete complete par l'auto-evaluation
de Quentin.
La complicité et la bonne humeur
générées par ces lectures persistent un certains temps
dans les séances.
Ci-dessous, les auto-évaluations de ces trois
séances:
|
Séance n°6
|
Séance n°7
|
Séance n°8
|
As-tu eu du plaisir à jouer?
|
4
|
4
|
4
|
Comment trouves-tu ta prestation?
|
3
|
3
|
3
|
Le résultat est-il conforme à ce que tu voulais
faire?
|
3,5
|
3
|
2
|
Ton envie de continuer est de
|
4
|
4
|
4
|
Tu as passé un moment
|
3
|
4
|
3
|
|
Ces auto-évaluations montrent qu'il existe un
léger décalage entre ce que Jérémie a fait sur
scène et ce qu'il voulait faire.
· Séance n°9 :
Pour Ç officialiser È le début de cette
séance, je propose aux élèves de se mettre en cercle avec
moi. Nous mettons tous nos bras aux dessus des épaules (comme le ferait
une équipe sportive). Jérémie participe à cette
ronde avec beaucoup de plaisir.
Cette séance est la première oü le groupe
découvre l'improvisation à travers l'incarnation de divers
personnages qu'ils imaginent. Mon but est que chacun expérimente les
mécanismes de l'improvisation. Les enfants passent à tour de
rTMle, et doivent présenter au public des personnages dont les
identités sont très éloignées d'eux.
Lors de ses trois premiers passages sur scène,
Jérémie est le seul à ne pas réussir à
façonner une identité de personnage. Il garde toujours son
prénom, et les caractéristiques présentées sont
très proches de lui. Puis au quatrième passage, il s'inspire de
l'improvisation de l'élève précédent qui avait
incarné un personnage de jeu vidéo. Il interprète
l'acolyte de ce personnage qui le rejoint sur scène. Le troisième
élève joue à son tour le super vilain de ce jeu
vidéo. Ensemble, sans que je ne demande rien, une interprétation
à trois se déroule devant mes yeux, oü chacun prend en
compte ce que l'autre vient de dire ou de faire.
Ë cette séance n°9, l'auto-évaluation
est la suivante : - As-tu eu du plaisir à jouer? : 5/5.
- Comment trouves-tu ta prestation ? : 4/5.
- Le résultat est-il conforme à ce que tu voulais
faire?: 5/5. - Ton envie de continuer est de : 5/5.
- Tu as passé un moment: 5/5.
Par rapport aux trois dernières auto-évaluations,
Jérémie est satisfait de ses productions, et a passé un
moment très agréable.
· De la séance n°10 à la
séance n°13 :
Jérémie n'arrive pas toujours à
réaliser des improvisations seul sur scène. Parfois, il a des
difficultés à mobiliser son imagination*. Mais il accepte
volontiers de jouer dans les scènes en duo et en trio, et y participe
activement.
Même si ses personnages font toujours
référence au monde fantastique, et que ses productions ne sont
pas toujours cohérentes, Jérémie développe une
écoute et une prise en compte de ses partenaires.
En parallèle, hors action et production, il discute
facilement avec le groupe sur les sujets abordés. Mais quand il parle
avec un autre élève, l'entourage n'existe plus (je dois
répéter plusieurs f ois ce que je dis). Il devient un peu
indiscipliné.
Jérémie me dit que les séances sont
maintenant trop courtes.
Ci-dessous, les auto -évaluations de ces quatre
séances :
|
N°10
|
N°11
|
N°12
|
N°13
|
As-tu eu du plaisir à jouer ?
|
4
|
5
|
5
|
5
|
Comment trouves -tu ta prestation ?
|
4
|
4
|
5
|
5
|
Le résultat est -il conforme à ce que tu voulais
faire ?
|
4
|
4
|
5
|
5
|
Ton envie de continuer est de
|
5
|
5
|
5
|
5
|
Tu as passé un moment
|
4
|
4
|
5
|
5
|
Même s'il est perçu encore comme un enfant original
dans ses références ou son humour, Jérémie a
trouvé une place au sein du groupe. Les auto -évaluations des
deux dernières séances montrent une harmonie entre ses moments de
production et de Ç hors producti on È (dans son envie de
continuer et la qualité du moment passé).
Séance n°14 :
C'est notre dernière séance. Comme pour les autres
groupes, j'apporte mon ordinateur afin de visionner tous ensemble les films
réalisés sur chacun d'entre eux. Jérémie regarde
avec intérêt la vidéo le concernant, sourit à la
vision des duos et trios, et en parle avec le groupe.
Au moment de se qui tter, Jérémie me fait part de
son envie de continuer l'année prochaine, si l'occasion se
présente.
II.2.D - L'ÉVALUATION DE L'IMPLICATION
RELATIONNELLE DE JÉRÉMIE CORRESPOND Ë LA MOYENNE DES
ÉVALUATIONS DE SON MODE RELATIONNELLE ET DE SA FONCTION RELATIONNELLE.
Je consigne les évaluations de l'implication relationnelle
de Jérémie dans le tableau suivant :
2
|
N°1
|
N°2
|
N°3
|
N°4
|
N°5
|
N°6
|
N°7
|
N°8
|
N°9
|
N°10
|
Mode relationnel
|
1
|
1
|
3
|
3,5
|
2
|
3
|
4
|
3
|
4
|
3
|
Fonction relationnelle
|
1
|
3
|
2
|
3
|
3
|
4
|
4
|
4
|
4
|
1
|
Implication relationnelle
|
1
|
|
2,5
|
3,2
|
2,5
|
3,5
|
4
|
3,5
|
4
|
2
|
N°12
|
N°11
|
|
N°13
|
N°14
|
Mode relationnel
|
3,5
|
4
|
4
|
4
|
Fonction relationnelle
|
4
|
4
|
5
|
4
|
Implication relationnelle
|
3,7
|
4
|
4,5
|
4
|
L'évolution de l'implication relationnelle de
Jérémie par rapport aux autres élèves peut
être représentée par la courbe suivante:
5
4,5
4
3,5
3
2,5
Mode relationnel Fonction relationnelle Implication
relationnelle
1
0,5
0
2
1,5
Graphique n°7 : Evolution de l'implication relationnelle de
Jérémie.
II.2.E- Ë LA FIN DE L'ANNÉE SCOLAIRE, JE
RÉALISE UN BILAN DE LA PRISE EN CHARGE DE JÉRÉMIE AU SEIN
DE L'ATELIER D'ARTTHÉRAPIE:
Au début de sa prise en charge, Jérémie
s'implique réellement dans sa production : il apprend son texte, veut
l'interpréter sur scène. Mais il n'a que très peu de
relation avec les deux élèves de son groupe.
A fur et à mesure, Jérémie se
désinvestie de sa production théâtrale. Il stagne, voir
régresse. Mais en parallèle, il commence à prendre en
compte les membres de son groupe.
Avec l'arrivée de l'improvisation, Jérémie
découvre une autre manière de jouer sur scène. Il
expérimente des personnages, sans forcément respecter les
consignes de départ, ce qui donne des productions très
originales. Mais Jérémie prend beaucoup de plaisir à jouer
en duo ou en trio. Ce qui se passe entre lui et ses partenaires sur
scène renforce le début de relation qui existe dans l'atelier.
Jérémie a réussi à plusieurs reprises
à s'impliquer dans une relation avec d'autres
élèves.
II.2.F - LE BILAN DE L'ÉQUIPE
PÉDAGOGIQUE SUR L'ÉVOLUTION DE JÉRÉMIE AU SEIN DE
L'ÉTABLISSEMENT SCOLAIRE ME PERMET DE COMPLÉTER LE
MIEN.
Comme pour Quentin, un questionnaire a été rempli
par chaque membre de l'équipe pédagogique côtoyant
Jérémie, afin de conna»tre l'impact de la prise en charge
sur sa vie
scolaire. Celui-ci diffère par certaines questions car les
pénalités de départ de Jérémie sont
différentes de celles de Quentin (1).
Neuf questionnaires m'ont été retournés.
Voici les résultats sous forme de diagramme:
5
4,5
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
|
|
|
Début année Fin année
|
Capacitérelationnelle Participation
Graphique n°8 : Évolution de la capacité
relationnelle et la participation de Jérémie basée sur
l'observation de l'équipe pédagogique.
J'apprends à la lecture des questionnaires que
Jérémie a régressé en cours d'année : il est
moins investi dans son travail et semble être encore plus dans sa bulle.
Il lit de plus en plus de livres en classe et se désintéresse
même des cours qui le passionnaient avant. Les professeurs sont unanimes.
Un d'entre eux m'écrit: Ç Son père m'a parlé d'un
diagnostic de dépression en fin de 2ème trimestre
È. Il est à noter que j'apprends l'état dépressif
de Jérémie seulement à cette lecture.
A ce moment du bilan, deux questions se posent:
1- Pourquoi le diagramme montre que la capacité
relationnelle et la participation de Jérémie ont progressé
alors que tous les professeurs relatent une baisse dans l'investissement
scolaire?
2- Est-ce-que le fait de conna»tre l'humeur
dépressive de Jérémie aurait changé mes objectifs
ou l'analyse de mes observations ?
Les réponses à ces deux questions sont les
suivantes:
1- Malgré la baisse de l'investissement scolaire de
Jérémie décrite par les professeurs, deux questionnaires
sortent largement du lot. Il s'agit de ceux remplis par le professeur
d'éducation physique et sportive et le responsable de la vie scolaire.
Ces deux personnes remarquent un net changement positif.
(1) : ce document est présenté en annexe n°4
à la fin de l'ouvrage.
Voici ce qu'écrit son professeur de sport: << Moins
de colère vis à vis des autres. Accepte désormais les
travaux en groupe. Meilleur investissement dans les activités
artistiques. Avant: incapable de passer en public (pour un
échauffement), refus de passer sur scène en danse ou en
acrosport. Maintenant: a accepté de prendre l'échauffement en
main. Il m'énonçait les exercices, je les donnais aux
élèves, mais il a réussi à rester face aux autres
avec moi, ce qui était impossible au début de l'année. A
fait son évaluation en danse avec son groupe. Il annonce devant tout le
monde que c'est nul mais il ressort de scène avec une certaine
fierté. C'est à mon avis l'élève qui a le plus
progressé, qui s'est le plus épanoui.È
Voici ce qu'écrit le responsable de la vie scolaire:
<< Le jour et la nuit. Est beaucoup plus zen, est moins agressif envers
les autres. Avant: les autres le chahutaient et lui avait un comportement
très agressif. Maintenant: est plus <<zen È, prend de la
distance par rapport aux autres. Rigole même. Écoute plus
l'adulte, fait moins de << cinéma È. È
Leurs deux évaluations de la capacité relationnelle
et de la participation de Jérémie, en fin d'année par
rapport au début de l'année, ont tellement progressé
qu'elles contrebalancent les sept autres. En effet, les b%otons du diagramme
représentent la moyenne de toutes les évaluations.
Même si dans le cadre strictement scolaire, il n'a pas
changé de comportement (isolement), ou a même
régressé (s'investit moins en cours), on peut malgré tout
affirmer que Jérémie réussit à mieux s'adapter aux
cadres qui nécessitent une relation aux autres.
2- Les conditions du stage ne m'ont pas permis d'être en
relation avec le médecin de Jérémie ou ses parents. Il est
tout à fait possible que des informations me manquent pour chaque prise
en charge. Le diagnostic de la dépression de Jérémie
à la fin du second trimestre est en cohérence avec mes
observations (une baisse d'investissement dans ses productions). Je me les
explique après coup.
Étant dans un cadre scolaire, sans être sous
autorité médicale, mes objectifs n'auraient pas changé. Je
serai restée en accord avec le projet de l'établissement,
c'est-à-dire la bonne intégration des élèves
intellectuellement précoces et sa socialisation.
Mais le fait de conna»tre cet état
dépressif m'aurait permis d'affiner mes observations. J'aurai pu lui
demander simplement s'il suivait un traitement. En effet, certaines
médications peuvent entrainer des réactions ou influencer sur le
comportement de la personne.
III- JE REVIENS SUR L'HYPOTHESE DE DÉPART
APRéS AVOIR FAIT UN BILAN SUR LES DOUZE PRISES EN CHARGE D'ENFANTS
INTELLECTUELLEMENT PRÉCOCES RÉALISÉES AU COLLéGE
CHARCOT.
L'équipe pédagogique a orienté douze
élèves intellectuellement précoces qui avaient des
problèmes de communication, de relation ou encore de confiance en soi
vers l'atelier d'art-thérapie afin de les aider à se sentir plus
à l'aise au sein de l'école.
Sur ces douze prises en charge:
- onze ont pu être menées à terme (ici,
à terme signifie jusqu'à la fin de l'année scolaire), - un
élève a cessé de venir à l'atelier début mai
sans motif et sans prévenir. Je n'ai pu ni préparer une fin de
prise en charge, ni faire un bilan.
Sur les onze élèves suivis jusqu'à la fin
juin:
- neuf se sont réellement investis dans l'action et
s'appliquaient à réaliser des productions qui leur
correspondaient,
- deux ont perçu l'atelier d'art-thérapie comme un
atelier théâtre. Ce sont les deux seuls élèves en
classe de 3ème.
Je m'interroge sur cette : a -t-il que ces élèves
de 3 ème
co ·ncidence n'y
pourquoi qui ne
se sont pas investis dans l'atelier d'art-thérapie?
Je pense qu'il existe deux raisons principales:
- la première est que les indications sur ces deux
garçons étaient trop floues. Je n'ai ainsi pas pu réaliser
de stratégie thérapeutique, puis que je n'avais pas d'objectifs.
Ë chaque séance, j'ai rempli des fiches d'observation très
détaillées que j'ai analysées afin de voir s'il y avait
une évolution quelque part. Je n'en ai pas trouvé.
- la seconde peut m'être attribuée. N'ayant pas de
stratégie établie pour eux, je leur ai proposé la
même activité artistique que les élèves de
6ème, 5ème et 4ème. Pourtant la
différence de mentalité entre des élèves de 11 ans
et de 14 ans est remarquable. Au regard de l'opération artistique,
j'aurai peut-être dü proposer un [1] plus attractif à leurs
yeux, qui aurait suscité une implication plus forte dans leur intention,
action et production. En observant ce nouveau phénomène
artistique oü le plaisir esthétique aurait été
présent, j'aurai peut-être pu constater des évolutions.
Il ne faut pas pour autant négliger les apports d'un
atelier théâtre. En effet, les autoévaluations de ces
élèves de troisième montrent qu'ils ont passé un
excellent moment et qu'ils ont eu envie de continuer. Ce n'est pas parce que je
n'ai pas réussi à démontrer les effets des séances
d'art-thérapie à dominante théâtre que l'exercice du
théâtre ne leur a rien apporté. Pour le savoir, j'aurais
peut-être dü leur demander explicitement, ou encore faire un bilan
en partenariat avec eux.
Il reste donc neuf élèves qui ont su exploiter le
cadre de l'atelier d'art-thérapie. Tous ont progressé vers leurs
objectifs respectifs d'une manière plus ou moins sensible. Un
questionnaire sur chacun a été rempli par l'équipe
pédagogique qui a constaté des progrès chez tous les
élèves. J'estime cependant que cinq d'entre eux devraient
continuer une prise en charge en art-thérapie, car leurs
évolutions, même positives, restent fragiles.
En m'appuyant sur les deux prises en charge
détaillées plus haut, ainsi que sur ce bilan, je peux affirmer
que l'art-thérapie à dominante théâtre peut aider
certains élèves intellectuellement précoces à
sortir de la spirale de l'échec.
Mais cette conclusion doit rester modeste. En effet il est
très difficile de conna»tre la part exacte de l'art
-thérapie dans les progrès d'un élève. Le
collège Charcot met en place avec chaque élève
intellectuellement précoce un projet personnel afin de le
réconcilier avec l'école. Le personnel d'encadrement,
d'enseignement, de vie scolaire et de documentation participe à ce
projet et l'art-thérapeute est inclus dans cette équipe.
C'est pourquoi je modifie l'hypothèse de départ par
cette affirmation: Ç L'art-thérapie à dominante
théâtre fait partie des aides qui pe uvent permettre à un
élève intellectuellement précoce de sortir de la spirale
de l'échec È.
IIIéME PARTIE : L'ART-THÉRAPIE
PEUT-ELLE æTRE UNE ACTION DE PRÉVENTION DES DIFFICULTÉS
SCOLAIRES AUPRéS DES ÉLéVES INTELLECTUELLEMENT
PRÉCOCES ?
|
AVANT DE COMMENCER.
J'utilise le terme « élève intellectuellement
précoce » pour un enfant ou un adolescent précoce dans le
cadre de sa scolarité car c'est le terme utilisé par
l'Éducation Nationale. En revanche, hors cadre scolaire, j'utiliserai le
terme de personne à « haut potentiel intellectuel ». En effet,
ce terme prend en compte les capacités cognitives de la personne avec
l'idée de potentialité d'expression (ou non) de celles-ci. Il ne
s'arrete pas à l'enfant dans son statut d'élève, mais
englobe toute personne ayant ces capacités cognitives. Il est à
noter qu'un enfant intellectuellement précoce deviendra un adulte
à haut potentiel intellectuel.
I- LA NOTION DE RISQUE EST CONSTITUTIVE DE
L'IDÉE DE PRÉVENTION.
I.1- DIFFÉRENTS RISQUES DE DIFFICULTÉS
SONT ASSOCIÉS AU HAUT POTENTIEL INTELLECTUEL.
« Le niveau de difficultés varie selon qu'il y ait eu
ou non dépistage de la personne, et selon l'%oge auquel a
été porté le diagnostic. »(1)
I.1.A- UN HAUT POTENTIEL INTELLECTUEL PEUT METTRE
L'ÉLéVE EN DIFFICULTÉ
SCOLAIRE.
« Le terme « etre en difficulté » implique
« une idée d'emprise, d'inclusion ». L'élève est
dans une difficulté, il en est prisonnier. [É]. Cette expression
concerne un élève qui rencontre des difficultés scolaires
liées aux apprentissages et dont l'origine est tributaire des
données qui lui sont extérieures [É] nécessitant de
ce fait une approche autre que simplement pédagogique voire
procédurale, appelant à la prise en compte de l'ensemble de la
personne, de ses multiples composants. »(2)
(3)
Je rappelle très rapidement ces difficultés :
compréhension difficile des implicites, difficulté à
expliquer le cheminement de son raisonnement, absence de méthode de
travail, absence du gout de l'effort, et hyperémotivité.
I.1.B- CES DIFFICULTÉS SCOLAIRES PEUVENT
ENTRAINER DES
DIFFICULTÉS RELATIONNELLES.
Ë l'école, l'incompréhension réciproque
entre l'élève intellectuellement précoce et son entourage
ou l'incompréhension sur son propre fonctionnement provoque l'isolement
de celui-ci. Cet isolement est le résultat d'un rejet de la part de
l'entourage ou d'un retrait
(1) : Jeanne Siaud-Facchin, psychologue dans Les enfants
à haut potentiel : aspects théoriques, réalités
cliniques, extrait du livre Aider les enfants à haut potentiel
en difficulté, sous la direction de Sylvie Tordjman, Presse
Universitaire de Rennes (2010).
(2) : p. 22 dans Comprendre et accompagner les enfants en
difficulté scolaire, Jean-Marc louis et Fabienne Ramond, Ed. Dunod
(2009).
(3) : pour plus de détails, se référer au
chapitre de la première partie de l'ouvrage intitulé
Contrairement à une croyance qui associe la précocité
intellectuelle à une réussite systématique, les enfants
intellectuellement précoces peuvent 'etre en difficulté
scolaire.
volontaire de l'enfant ou adolescent de la vie sociale. Cet
incompréhension peut aussi se manifester par de la colere, de la
violence verbale voire physique. Mais la personne peut aussi faire des efforts
pour s'intégrer en imitant des comportements et des codes qui ne sont
pas des manifestations sensibles propres A sa personnalité, mais
l'imitation des manifestations sensibles des personnalités de son
entourage. Ce comportement peut entra»ner des problemes psychologiques,
car la personne ne peut ni s'épanouir, ni s'affirmer.
I.1.C- CERTAINES DIFFICULTÉS
PSYCHOPATHOLOGIQUES SONT PLUS IMPORTANTES CHEZ LES ENFANTS ET ADOLESCENTS
Ë HAUT POTENTIEL INTELLECTUEL QUE CEUX AU QUOTIENT INTELLECTUEL
MOYEN.
Une difficulté A s'identifier aux pairs, A
s'intégrer correctement dans son environnement social, une intelligence
aiguisée, une émotivité exacerbée, une
lucidité sur le monde sont les éléments qui peuvent
entra»ner des difficultés psychopathologiques.
Les risques sont :
- les troubles de l'estime de soi et la dépression que
certains psychologues qualifient de dépression du vide, car elle se
caractérise par l'arret de la pensée,
- les phobies,
- l'anesthésie du corps par l'intellectualisation des
émotions pour se défendre de l'hyperémotivité,
- l'addiction A des substances toxiques, les troubles du
comportement, pour ne plus penser,
- le suicide (première cause de mortalité chez les
adolescents, trois fois plus élevé chez ceux A haut potentiel
intellectuel).
Les troubles de l'estime de soi sont fréquentes A
l'adolescence. Mais l'intensité des émotions vécues par
ceux A haut potentiel intellectuel aggrave ces difficultés. En effet, en
2003, dans l'unité de psychiatrie de l'adolescent de l'hTMpital de La
Timone A Marseille, le nombre de jeunes A haut potentiel hospitalisés
pour des troubles dépressifs graves avec
tentative de suicide s'élevait A plus de 20% du nombre
total d'adolescents hospitalisés(1). (Rappel : 2,3% de la
population en général possede un haut potentiel intellectuel).
Toutes ces conséquences psychopathologiques auront des
incidences sur la possibilité de suivre un parcours scolaire
adapté A leurs capacités cognitives (manque de motivation,
incapacité A se concentrer, absence due A une phobie scolaire ou A une
hospitalisation.)
I.2- TROIS TYPES DE PRÉVENTION EXISTENT.
La prévention primaire vise A réduire la
probabilité de la venue d'une difficulté. La prévention
secondaire intervient avant que les difficultés ne soient
installées.
La prévention tertiaire fait en sorte que les
difficultés ne s'accroissent pas et s'attache A en réduire les
effets.
(1) : chiffre avancé par la psychologue
Siaud-Facchin sur le site
www.cogitoz.com.
I.3- AU REGARD DES DIFFÉRENTS RISQUES
LIÉS AU HAUT POTENTIEL INTELLECTUEL ET DES DÉFINITIONS DE LA
PRÉVENTION, L'ART- THÉRAPIE FAIT DÉJÀ PARTIE DES
ACTIONS DE PRÉVENTION SECONDAIRE ET TERTIARE AUPRéS DES
ÉLéVES INTELLECTUELLEMENT PRÉCOCES EN
DIFICULTÉ SCOLAIRE.
La plus grande partie des difficultés de
l'élève intellectuellement précoce provient de troubles de
l'expression, de la communication et de la relation avec son entourage.
(1)
En exploitant le pouvoir expressif de l'Art et ses
relationnels
effets , l'art-thérapie
prend en charge des personnes présentant ces troubles.
Ainsi elle fait partie des actions de prévention secondaire et
tertiaire.
Les difficultés scolaires, sociales et psychopathologiques
sont étroitement liées (une souffrance* psychologique peut
être l'origine, mais aussi la conséquence de difficultés
scolaires). C'est pourquoi une collaboration pluridisciplinaire est
nécessaire afin de prendre en charge l'enfant à haut potentiel
dans sa globalité. Les indications orienteront cette prise en charge
thérapeutique (médecine générale, psychiatrie,
psychologie, psychomotricité, orthophonie, graphothérapie,
art-thérapie, etc.) et/ou éducative (avec des aides en classe,
hors classe, etc.).
Ces prises en charge se font à la suite de manifestations
de difficultés plus ou moins importantes, ce qui définit la
prévention secondaire et tertiaire. Mais puisqu'il existe des risques
pour l'élève intellectuellement précoce d'être en
difficulté scolaire, on peut se poser les questions suivantes:
- Existe-t-il une prévention primaire de ces risques ?
- Et si oui, l'art-thérapie peut-elle entrer dans le champ
des actions possibles?
II- L'ART-THÉRAPIE POURRAIT S'ASSOCIER À
D'AUTRES ACTIONS PRÉVENTIVES PRIMAIRES AFIN D'ÉVITER AUX ENFANTS
INTELLECTUELLEMENT PRÉCOCES D'ÊTRE EN DIFFICULTÉ
SCOLAIRE.
II.1- DES ACTIONS DE PRÉVENTION PRIMAIRE
EXISTENT.
II.1.A- LA PREMIÈRE ACTION DE PRÉVENTION
PRIMAIRE EST
DIRECTEMENT LIÉE AU DÉROULEMENT DU
PARCOURS SCOLAIRE.
Le besoin de complexité, la profonde curiosité et
la grande rapidité d'apprentissage nécessitent une adaptation du
système éducatif afin de permettre à l'élève
intellectuellement précoce d'exploiter son potentiel, mais aussi
d'éviter les difficultés scolaires.
Trois méthodes d'adaptation existent:
- l'approfondissement qui consiste à aller beaucoup plus
loin que l'éducation standard dans chacun des domaines abordés
par le programme,
- l'enrichissement qui consiste à augmenter le nombre de
sujets du programme,
- l'accélération qui consiste à suivre le
rythme naturel du développement de l'élève
intellectuellement précoce, et se traduit souvent par un saut de
classe.
(1) : se référer au chapitre III.1- intitulé
En exploitant les pouvoirs éducatifs, expressifs de l'Art et ses
effets relationnels, l'art-thérapie peut être
bénéfique à certains élèves
intellectuellement précoces en difficulté scolaire, dans la
première partie de l'ouvrage.
Je ne développerai pas ici la réelle
difficulté rencontrée par les familles à faire appliquer
la loi d'orientation et de programme sur l'avenir de l'école de
2005(1) qui prévoit explicitement la possibilité
d'offrir des aménagements spécifiques aux élèves
intellectuellement précoces.
Mais cette réalité multiplie l'ouverture
d'écoles privées hors contrat avec deux dangers principaux:
- l'exclusion des familles les plus modestes (les coüts de
scolarisation y sont très importants), - l'existence de dérive
sectaire.
II.1.B- LA SECONDE S'EFFECTUE DANS L'ENVIRONNEMENT
SOCIAL DE L'ENFANT.
Les associations de parents d'enfants intellectuellement
précoces jouent un rTMle essentiel dans la prévention primaire
par leurs implications sociales.
Certains de leurs objectifs la ciblent directement:
- Ïuvrer à la connaissance et à
l'identification des enfants à haut potentiel,
- informer sur les problèmes graves que ces parents et
enfants peuvent rencontrer,
- sensibiliser le ministère de l'Éducation
Nationale aux besoins particuliers de ces élèves, - aider
l'école et la famille à comprendre le fonctionnement
spécifique de ces enfants,
- susciter et initier les recherches sur le haut potentiel,
- organiser des rencontres et des activités extrascolaires
ou des vacances (afin de permettre à ces enfants de s'identifier
à leurs pairs, à prévenir l'isolement et ses
conséquences, et d'élargir le champ des connaissances).
II.2- L'ART-THÉRAPIE POURRAIT FAIRE PARTIE DES
ACTIONS PRÉVENTIVES PRIMAIRES EN ADAPTANT SON PROTOCOLE
THÉRAPEUTIQUE EN PROTOCOLE DE PRÉVENTION.
II.2.A- UNE STRATÉGIE DE PRÉVENTION
PRIMAIRE PEUT æTRE
ÉTABLIE.
Des difficultés scolaires peuvent s'installer dès
l'école primaire, mais les facilités de ces élèves
font que celles-ci n'ont pas d'impact sur les résultats scolaires. Au
collège, ces difficultés peuvent avoir des retentissements quand
les facilités ne suffisent plus. Il est d'autant plus difficile d'y
remédier que celles-ci sont Ç installées È depuis
longtemps.
C'est pourquoi la personne pouvant bénéficier de
l'art-thérapie dans ce cadre de prévention primaire des
difficultés scolaires est un élève du primaire à
qui un haut potentiel a été diagnostiqué, et n'ayant aucun
problème établi (que ce soit dans les apprentissages, dans son
comportement, dans son intégration au sein de la classe et de
l'école). C'est un enfant intellectuellement précoce qui va
bien.
L'indication de cette prise en charge en art-thérapie est
le risque pour cet élève d'être en difficulté au
cours de son parcours scolaire.
Ainsi l'objectif général est de rendre ce risque
nul.
(1) : loi n°2005-380 du 23-4-2005,journal officiel du
24-4-2005.
Nous avons vu que certaines de ces difficultés scolaires
découlent directement d'une mauvaise estime de soi, d'un manque de
confiance en soi et d'affirmation de soi. D'autres sont les conséquences
indirectes d'une Ç anesthésie du corps È,
c'est-à-dire d'une intellectualisation trop importante afin de ne plus
rien ressentir. Le tout peut entra»ner des problèmes d'expression,
de communication et de relation.
Dans le cadre de cette prévention primaire,
l'art-thérapie peut proposer à l'enfant à haut potentiel
intellectuel une activité artistique dans laquelle il voudra s'investir.
Comme cet enfant va bien, l'expression de son gout à travers cette
activité artistique peut permettre de maintenir une confiance en soi,
une bonne estime de soi et une facilité à s'affirmer. Gr%oce au
plaisir esthétique, le ressenti corporel est préservé et
reste alerte sans être une souffrance. Le développement du style
de l'enfant lui permet d'être à l'aise avec sa structure
corporelle et sa poussée corporelle est entretenue.
La régularité des séances
d'art-thérapie est importante. En effet, une baisse de confiance,
d'estime et d'affirmation de soi n'arrive pas de manière soudaine et
brutale, mais de façon continue par l'accumulation de petits quiproquos,
de petits échecs. Il en va de même avec les troubles
psychopathologiques débouchant sur des problèmes corporels
(anesthésie du corps, addiction, etc.). C'est pourquoi il est possible
de concevoir que la régularité des séances
d'art-thérapie peut permettre à l'enfant un entretien de sa
confiance, de son estime et de l'affirmation de soi à travers
l'expression de son gout. De plus, ses faiblesses émotionnelles peuvent
être de véritables atouts dans le cadre d'une action artistique.
Ainsi, la régularité peut aussi lui permettre d'apprivoiser son
hyperémotivité.
Une prise en charge en groupe permettrait à l'enfant
à haut potentiel de s'identifier et d'être en relation avec ses
pairs.
Au regard de la stratégie de prévention
établie ci-dessus, il est juste de penser qu'une activité
artistique, dans le cadre des loisirs, serait suffisante, et que
l'art-thérapie ne s'en distingue pas. C'est pourquoi il faut bien faire
la différence entre les objectifs d'un atelier artistique et ceux d'un
atelier en art-thérapie. Le premier est un lieu oü
développer des techniques artistiques afin de produire une oeuvre d'Art
: l'être humain est au service de l'Art. Or le plus important en
art-thérapie n'est pas la production de l'oeuvre d'Art, mais tout ce qui
sous-tend l'action menant à celle-ci : l'Art est au service de
l'être humain. Ainsi la pratique artistique est le moyen d'un objectif
qui lui est extérieur: le maintien d'une bonne estime de soi, de la
confiance en soi et de l'affirmation de soi ainsi que l'utilisation de la
structure, du ressenti corporels. Elle stimule la poussée corporelle de
la personne prise en charge.
II.2.B- PRÉSENTATION DE LA STRATÉGIE
PRÉVENTIVE
PRIMAIRE AU REGARD DE L'OPÉRATION
ARTISTIQUE.
Les personnes concernées par une prévention
primaire vont bien. Elles n'ont aucune difficulté d'impression,
d'intention, d'action en vue d'une production artistique, étapes
nécessaires à l'organisation de l'activité artistique.
L'indication de cette prise en charge préventive primaire
est le risque d'une baisse, voire une inhibition des capacités
d'impression, d'intention, d'action et de production.
C'est pourquoi l'objectif général est de maintenir
chacune de ces capacités nécessaires à l'activité
artistique, mais surtout nécessaires au maintien de l'autonomie de
l'être humain.
Pour cela, l'art-thérapeute doit proposer une Ïuvre
d'Art [1] adéquate au gout de l'enfant à haut potentiel
intellectuel et dans de bonnes conditions [2]. Le traitement brut de cette
captation [3] débouche sur un traitement sophistiqué de cette
information [4]. Le plaisir esthétique résultant de ce traitement
sophistiqué peut susciter une réaction pouvant aller de la
contemplation à une action visant la réalisation d'une production
artistique [7]. La confrontation de cette nouvelle production avec d'autres
êtres humains (autres enfants du groupe de l'atelier
d'art-thérapie ou encore l'art -thérapeute) [8] peut valider son
statut de nouvelle Ïuvre d'Art [1']. Elle pourra permettre à
l'enfant de recommencer l'expérience ou inciter un autre à
produire une nouvelle Ïuvre d'Art. Ses capacités nécessaires
à l'expression de son style (structure, ressenti et poussée
corporels) ainsi que celles nécessaires à l'expression de son
gout (confiance en soi, estime et affirmation de soi) sont entretenues par
l'engagement de la personne dans l'activité artistique. Une boucle de
maintien est créée. Cette stratégie ne fonctionnera que si
elle résulte d'un choix volontaire de la part de l'enfant. Il est
nécessaire que l'art-thérapeute entende ses motivations et ses
désirs de projet artistique (écriture, dessin,
théâtre, etc.).
II.2.C- L'ÉVALUATION EST NÉCESSAIRE AFIN
DE CONNAëTRE
L'EFFICACITÉ D'UNE PRÉVENTION.
Même si un animateur peut observer les capacités
(ou difficultés) de l'enfant au sein de son atelier, cette observation
n'est pas suffisante. Il faut pouvoir valider l'efficacité de la
prévention par une évaluation. Or l'évaluation est un
outil original utilisé par l'art-thérapeute afin
d'apprécier la position de la personne prise en charge par rapport aux
objectifs.
a- Cette évaluation repose sur l'exploitation
des feuilles d'observation.
La fiche d'observation concentre tous les faits d'observation
nécessaires à l'évaluation. Le choix des items et
faisceaux d'items d'observation se fait au regard de l'objectif. Cette feuille
est remplie par l'art-thérapeute après chaque séance.
L'objectif est le maintien des capacités d'expression, de
communication et de relation à travers l'engagement dans une action
artistique en vue de produire une Ïuvre d'Art. C'est pourquoi la fiche
d'observation doit contenir tous les faisceaux d'items du
phénomène artistique, c'est-à-dire ceux de l'impression,
de l'intention, de l'action et de la production, ainsi que les faisceaux
d'items concernant la capacité relationnelle.
L'objectif étant le maintien, cette fiche ne peut se
réaliser qu'après un certain temps d'observation, voire
même après un entretien avec l'enseignant et la famille, afin de
conna»tre au mieux la personnalité et les capacités de
l'enfant.
Bien évidemment, cette fiche d'observation doit
être complétée par le bilan, l'analyse de la séance
et sa projection.
b- Deux objectifs sont attribués à
cette évaluation.
Tout d'abord, l'évaluation sert de bilan initial,
c'est-à-dire qu'elle permet de conna»tre les capacités
d'expression, de communication et de relation de l'enfant pris en charge dans
ce cadre de prévention primaire.
Cette évaluation permet aussi de détecter de
façon précoce les faiblesses dans les étapes de la
construction de la personnalité de l'enfant ou de l'adolescent avant que
les difficultés ne surviennent. (Rappelons que ces faiblesses sont
souvent la conséquence d'une émotivité exacerbée,
de son absence de connaissance par l'enfant ou de sa non-reconnaissance de la
part de son entourage). Ainsi l'évaluation peut permettre de fixer de
nouveaux objectifs en basculant sur une prise en charge préventive, mais
de type secondaire cette fois-ci.
III- MAIS DE NOMBREUX PROBLéMES PEUVENT
EMPæCHER LA MISE EN PLACE D'UNE PREVENTION PRIMAIRE EN ART-THERAPIE
AUPRéS DES ENFANTS Ë HAUT POTENTIEL.
III.1- TOUTE PREVENTION PRIMAIRE EST SOUS-TENDUE PAR
UN
DEPISTAGE PRECOCE DU HAUT POTENTIEL.
III.1.A- EN FRANCE, LE DIAGNOSTIC SE FAIT PAR UN
PSYCHOLOGUE Ë LA DEMANDE DES PARENTS OU SUR CONSEIL DES
RARES PROFESSEURS DES ECOLES FORMES Ë LA PRECOCITE
INTELLECTUELLE.
Cette demande de diagnostic peut se faire dans le but de
comprendre l'origine des difficultés rencontrées par leur enfant
à l'école
afin de mettre en place une aide adéquate.
Cette situation représente la grande majorité des
demandes de mesure du quotient intellectuel. Ainsi, ce diagnostic se fait dans
le cadre d'une prévention secondaire ou tertiaire.
Mais cette demande de diagnostic peut aussi se faire à la
suite de soupçons d'un haut potentiel intellectuel chez l'enfant. Elle
permet de démarrer une prévention primaire en adaptant le
parcours scolaire si besoin (par exemple, en proposant un saut de classe aux
enfants demandeurs).
Mais cette prévention primaire concerne essentiellement
les enfants issus de milieux socioculturels favorisés. En effet, il faut
tout d'abord savoir reconna»tre les indices de cette
précocité intellectuelle, mais aussi savoir l'exploiter afin de
la préserver et de diminuer les risques de difficultés qui
peuvent lui être associées.
De nos jours, le dépistage précoce d'un haut
potentiel intellectuel dans une visée préventive primaire
concerne majoritairement les enfants issus des classes socioculturelles
privilégiées et exclut ceux des familles les plus modestes.
III.1.B- UN DEPISTAGE PRECOCE SYSTEMATIQUE DE HAUT
POTENTIEL INTELLECTUEL AUPRéS DE TOUS LES ENFANTS SERAIT INTERESSANT
AFIN DE PERMETTRE AU PLUS GRAND NOMBRE D'ELéVES INTELLECTUELLEMENT
PRECOCES DE BENEFICIER DES ACTIONS DE PREVENTION PRIMAIRES.
Pour être efficace, une prévention primaire doit
s'effectuer auprès de la totalité de la population à
risque, et non pas auprès d'une partie plus éduquée et
privilégiée.
Prévenir, c'est estimer la probabilité qu'une
difficulté survienne pour tenter de la faire tendre vers zéro. Un
tiers des élèves intellectuellement précoces est en
échec scolaire. La prévention primaire permettrait de rendre
nulle cette probabilité. Si elle ne concerne qu'une
partie de la population à risque, cette prévention
primaire sera inefficace car elle ne pourra pas tendre vers zéro.
III.1.C- UN DÉPISTAGE SYSTÉMATIQUE DE
HAUT POTENTIEL INTELLECTUEL PEUT AVOIR DES EFFETS CONTRAIRES Ë LA
PRÉVENTION PRIMAIRE DES RISQUES QUI LUI SONT ASSOCIÉS.
Une identification précoce du haut potentiel permet
d'éviter l'installation dans le temps des difficultés scolaires,
sociales et psychopathologiques. L'évaluation du quotient intellectuel
est variable dans le temps car il dépend du bien-être de l'enfant.
C'est pourquoi le suivi de son évolution peut être
intéressant afin de conna»tre la qualité existentielle de
l'enfant. Par exemple, une chute du quotient intellectuel peut être
engendrée par une inhibition intellectuelle, manifestation d'une
souffrance.
Mais en parallèle, elle présente aussi un grand
nombre de désavantages qui peuvent annuler les bénéfices
gagnés.
En effet, l'identification systématique nécessite
la mesure du quotient intellectuel de tous les enfants. Elle peut
déclencher chez les enfants à quotient intellectuel moyen un
manque de motivation, un renoncement dans l'engagement scolaire. Or la
motivation est l'élément primordial (avant même les
capacités intellectuelles) dans une réussite scolaire.
Cette identification peut aussi alimenter un sentiment de
supériorité chez l'enfant intellectuellement précoce, mais
aussi attiser une jalousie de la part des enfants de son entourage. Les
conséquences peuvent être des problèmes
d'intégration et de relation, conséquences contraires aux
objectifs de la prévention primaire.
Le regard porté par l'adulte sur l'enfant peut changer. Il
est susceptible d'éveiller des attentes trop importantes qui peuvent
angoisser l'enfant. Il peut aussi baisser l'investissement pédagogique
auprès des autres élèves. Un enseignant peut investir du
temps chez l'élève intellectuellement précoce au
détriment des autres enfants de sa classe. Il peut aussi se laisser
influencer par le résultat du diagnostic, et juger suffisant les
résultats scolaires d'un élève intellectuellement normal
sans chercher à en relever le niveau. Dans ce contexte, le principe
d'égalité des chances de réussite est biaisé.
Même si l'entourage ne change pas son comportement et
ses attentes vis-à-vis de l'enfant à haut potentiel intellectuel,
ce dernier peut développer un sentiment de dette très angoissant.
Cette angoisse ne se manifeste pas si l'enfant ignore son potentiel.
III.2- L'EFFICACITÉ DE LA PRISE EN CHARGE
PRÉVENTIVE PRIMAIRE
EN ART-THÉRAPIE PEUT æTRE
COMPLIQUÉE Ë ÉVALUER.
Les feuilles d'observation remplies par l'art-thérapeute
après chaque séance sont les supports pour l'évaluation
des capacités d'expression, de communication et de relation de l'enfant
pris en charge. En prévention primaire, elles peuvent permettre de
contrôler l'absence des difficultés dans les domaines de
l'impression, de l'intention, de l'action et de la production artistique.
Mais comment évaluer la part revenant à
l'art-thérapie dans le maintien de ses capacités ? Chez un tiers
des élèves intellectuellement précoces, ces
capacités sont totalement préservées sans action
art-thérapeutique.
III.3- LA MISE EN PLACE DE CETTE PRISE EN CHARGE
PRÉVENTIVE
PRIMAIRE EN ART-THÉRAPIE PEUT æTRE
COMPLIQUÉE.
III.3.A- LA PRÉVENTION PRIMAIRE DES
DIFFICULTÉS LIÉES AU HAUT POTENTIEL INTELLECTUEL DOIT SE
DÉROULER SUR LE LONG TERME.
Les difficultés liées à un haut potentiel
intellectuel peuvent appara»tre dès l'enfance, mais aussi à
l'adolescence voire à l'âge adulte. C'est pourquoi
l'élève intellectuellement précoce peut être en
difficulté scolaire à tout moment de sa scolarité. En
France, celle-ci est obligatoire à partir de l'âge de six ans
jusqu'à l'âge de seize ans.
La prise en charge préventive primaire d'un
élève intellectuellement précoce doit être
opérante le plus tTMt possible afin d'éviter l'installation des
difficultés dans le temps.
Au regard de la durée de la scolarité obligatoire
en France et de la nécessité d'une prévention primaire
précoce, la durée de prise en charge préventive en
art-thérapie pose question: doit-elle et peut-elle durer dix ans ? Dans
tous les cas, elle doit rester le choix de l'enfant.
En effet, les emplois du temps des élèves sont
déjà chargés. Les enfants jonglent entre les obligations
scolaires (temps à l'école, devoirs à la maison, trajets)
et les activités extrascolaires (une pratique sportive par exemple).
Peut-on leur monopoliser plus de temps? La fatigue est un élément
important dans les difficultés scolaires.
De plus, la prise en charge sur le long terme peut renforcer la
singularité de cet enfant. Elle peut aussi engendrer une lassitude face
à l'art-thérapie et provoquer ainsi un manque d'engagement dans
l'atelier. Il est très courant de voir les enfants changer de centres
d'intérêts au fur et à mesure de leur
développement.
Or l'évaluation de cette prise en charge préventive
primaire nécessite ce temps important. On ne peut pas, par exemple,
prendre en charge un enfant entre ces six ans et ces dix ans afin de lui
permettre un parcours sans problème dans le cursus primaire, et le
laisser au moment de l'adolescence, période Ç à risque
È. Certes, il se peut que cette période se déroule sans
incident, mais nous ne le savons qu'au terme de celle-ci.
III.3.B- CETTE PRÉVENTION PRIMAIRE EN
ART-THÉRAPIE
NÉCESSITE UN CADRE BIEN DÉFINI.
La prise en charge en prévention primaire des risques pour
un élève intellectuellement précoces d'être en
échec scolaire pourrait se faire à la demande des parents
auprès d'un artthérapeute libéral, ou partenaire d'une
association. Mais encore une fois, cette possibilité ne concernerait que
les enfants dont les parents comprennent les enjeux du haut potentiel
intellectuel, et qui sont assez aisés financièrement pour en
supporter le coût. Elle n'intègre pas les enfants issus de milieux
socioculturels moins favorisés.
On peut aussi imaginer la mise en place de cette
prévention primaire dans des établissements publics tels que les
centres médico-psycho-pédagogiques. En effet, leur objectif est
<< de prendre en compte la souffrance de l'enfant
et de faciliter les relations avec son environnement familial,
scolaire et social, et ce dans un souci de prévention. Son action peut
être primaire, intervenant au niveau de l'entourage familial ou social
afin de prévenir l'apparition de troubles. Elle est le plus souvent
secondaire pour éviter une structuration sur un mode pathologique
fixé, ou tertiaire afin d'empêcher le passage à la
chronicité et son retentissement sur l'entourage. Dans ce cadre,
appara»t très important le travail de liaison avec les partenaires
extérieurs directement concernés par l'enfant (institutions et
services de la santé, de l'éducation, de la justice, du secteur
social, médecins, paramédicaux...). Il ne se fait qu'avec
l'accord des parents. >>(1). Les équipes sont
composées d'un médecin, d'un psychologue, d'un orthophonie, d'un
psychomotricien, d'un psychopédagogue, et dans certains centres, un
art-thérapeute y est déjà intégré.
Cette solution contourne les problèmes financiers
rencontrés par certaines familles car le coüt des séances
dans ces centres est pris en charge intégralement par la Caisse Primaire
d'Assurance Maladie. Mais elle reste un acte volontaire des parents (souvent
suite à une demande de l'école), ce qui continue à exclure
les familles n'ayant pas accès aux informations des risques liés
à un haut potentiel intellectuel.
Le cadre scolaire pourrait permettre à tous les
élèves intellectuellement précoces de
bénéficier de cette prévention primaire. Elle serait
proposée aux élèves diagnostiqués, avec l'accord
des parents, et après explication du résultat. Mais là
aussi, d'autres complications peuvent appara»tre. Comment intégrer
ces ateliers d'art-thérapie au sein de l'école? Il existe deux
façons de faire:
- soit l'atelier se déroule durant la journée,
telle une matière d'enseignement. L'élève est
séparé de sa classe durant la prise en charge. Mais cette
situation impose le << rattrapage>> des enseignements
manqués et peut aussi contribuer à sa mise à
l'écart de sa classe (il peut manquer des moments clés de la vie
de la classe, peut être perçu ou se percevoir comme
différent, prendre cette obligation comme une punition, etc.),
- soit l'atelier se déroule en fin de journée.
L'inconvénient est le rajout d'une activité aux journées
scolaires. Elle peut être source de fatigue.
III.4- DES DIFFICULTÉS PROPRES Ë
L'ART-THÉRAPIE PEUVENT EMPæCHER L'EFFICACITÉ D'UNE PRISE EN
CHARGE PRÉVENTIVE PRIMAIRE.
Une des conditions de réussite de prise en charge en
art-thérapie est l'implication de la personne dans l'action menant
à une production artistique. Cet engagement nécessite
l'intérêt de l'enfant pour l'Art.
Or l'Art ne suscite pas un intérêt universel.
Certaines personnes ne ressentent aucune gratification sensorielle à la
vue d'une Ïuvre d'Art ou dans une pratique artistique.
La prévention primaire par l'art-thérapie n'aura
très peu, voire aucun effet bénéfique sur les enfants
n'étant pas << attirés >> par l'Art.
(1) : extrait du site
http://www.pep57.org,
paragraphe intitulé Les missions generales du CMPP.
IV- TABLEAU RÉCAPITULATIF.
Je présente dans un tableau tous les
éléments qui permettent d'appuyer l'intérêt de
l'art-thérapie dans une prise en charge préventive de type
primaire auprès des élèves intellectuellement
précoces afin de leur éviter d'être en difficulté
scolaire.
Mais il existe de nombreux paramètres qui peuvent entraver
la mise en place, ainsi que des effets de cette prévention primaire
art-thérapeutique.
Haut potentiel intellectuel
Raisonnement et mode de pensée
différents (fragilisation de la confiance en soi) (baisse
de la poussée corporelle dans toute action)
Difficultés sociales et relationnelles
Difficultés psychopathologiques
(baisse de l'affirmation de soi) (mauvaise estime de soi)
(inhibition du ressenti corporel)
Élève intellectuellement précoce
en difficulté scolaire
|
L'art-thérapie peut-elle prendre en charge des
élèves intellectuellement précoces dans un cadre de
prévention primaire des risques pour ces enfants d`être en
difficulté scolaire?
OUI
|
NON
|
- Les difficultés scolaires découlent de troubles
de l'expression, de la
communication et de la relation.
- Or ce sont les trois indications pour une prise en charge en
art-thérapie.
- Ainsi, l'art-thérapie fait partie des actions de
prévention, de type secondaire et tertiaire.
|
- Le dépistage du haut potentiel doit être
systématique si la prévention primaire veut être
appliquée à tous les élèves intellectuellement
précoces.
- Ce diagnostic peut avoir des effets contraires à la
prévention primaire.
|
- En adaptant son protocole thérapeutique en protocole
préventif de type primaire,
- L'art-thérapie peut maintenir les capacités
d'expression, de communication et de relation.
- De plus, l'art -thérapie possède des outils
originaux qui permettent d'évaluer le
maintien de ces capacités.
|
- Il peut être difficile d'évaluer la part
réelle de l'art-thérapie dans le maintien des
capacités d'expression, de communication et de
relation.
- La prise en charge art-thérapeutique dans le cadre
d'une prévention primaire nécessite un suivi très long.
|
- Des actions scolaires et associatives de prévention
primaire existent déjà et l'art- thérapie peut s'y
associer.
|
- Tous les cadres (privés ou publics) pouvant accueillir
un dispositif de prise en charge préventive primaire en
art-thérapie possèdent des inconvénients.
|
Tableau récapitulatif des possibilités et
difficultés d'une prise en charge en prévention primaire en
art-thérapie des risques pour un
élève intellectuellement précoce d'être en
difficulté scolaire.
V- CONCLUSION.
Avec comme indications les troubles de l'expression, de la
communication et de la relation, l'art-thérapie fait partie
intégrante des actions de prévention de type secondaire et
tertiaire auprès de certains élèves intellectuellement
précoces en difficulté scolaire. Son objectif est principalement
de restaurer l'estime de soi et la confiance en soi, ébranlées
par une émotivité trop vive, au fur et à mesure du
développement de leur personnalité.
Mais l'art-thérapie pourrait aussi faire partie des
actions de prévention primaire. Dans ces conditions, son objectif ne
serait plus la restauration, mais le maintien des capacités
d'expression, de communication et de relation afin d'éviter une
fragilisation de l'estime de soi et de la confiance en soi.
Des actions de prévention primaire auprès de ces
élèves existent déjà. Elles s'exercent dans le
cadre du parcours scolaire lui-même (public mais de plus en plus
privé), et aussi à travers différentes missions
d'associations de parents d'enfants intellectuellement précoces. Mais
elles restent l'apanage d'enfants issus de milieux socioculturels et financiers
favorisés.
Pour pallier cette inégalité, il faudrait que la
prévention primaire soit accessible à tous les
élèves intellectuellement précoces avant l'apparition de
la moindre difficulté. Pour cela, une mesure systématique du
quotient intellectuel serait intéressante. Mais cette mesure
systématique peut être dangereuse (car elle peut provoquer des
effets inverses à la prévention primaire) et même
être faussée par des paramètres environnementaux (comme
l'anxiété par exemple). Une formation des professeurs des
écoles sur les caractéristiques de ces enfants pourrait suffire
à les identifier (rappelons que ces élèves ne sont pas
forcément en tête de classement et inversement) afin d'adapter
leur pédagogie et d'éviter des situations difficiles.
Il est important d'apprendre à l'enfant à haut
potentiel intellectuel de conna»tre et d'accepter ses différences
cognitives et émotionnelles (qu'elles posent problèmes ou non)
afin de lui permettre de s'épanouir dans son environnement familial,
scolaire et sociétal. Il faut l'aider à valoriser ses Ç
faiblesses È en les transformant en véritables atouts et forces.
L'art- thérapie a toute sa place dans cette démarche.
Mais cette dernière pourrait être élargie
à tous les enfants. En effet, chacun d'entre eux a besoin d'être
reconnu dans sa singularité et sa globalité, quelques soient ses
efficiences ou déficiences. Apprendre à accepter ses propres
particularités et celles des autres est un intérêt commun
à l'ensemble société.
GLOSSAIRE SUR LA PRÉCOCITÉ
INTELLECTUELLE
A.F.E.P. : Association Française des
Enfants Précoces. Pour plus de renseignements:
www.afep.asso.fr
A.N.P.E.I.P. : Association Nationale Pour les
Enfants Intellectuellement Précoces. Pour plus de renseignements :
www.anpeip.org
Cognitif: relatif à la capacité de
penser et à ce qu'on appelle les fonctions mentales supérieures
(ex : mémoire, attention, reconnaissance de stimuli).
Confiance en soi : voir glossaire sur
l'art-thérapie.
Ecart-type : en statistiques et
probabilités, l'écart type mesure la dispersion d'une
série de valeurs autour de leur moyenne.
Estime de soi : voir glossaire sur
l'art-thérapie.
Métacognition: <<cognition sur
la cognition>> (le préfixe méta signifiant << sur,
à propos >> en grec ancien). La métacognition consiste
à avoir une activité mentale sur ses propres processus mentaux,
c'est-à-dire << penser sur ses propres pensées >>.
Pensée en arborescence : le traitement
d'une information va engendrer plusieurs idées, et chacune engendrera
plusieurs autres idées, etc. S'oppose au mode de pensée linaire
oü une information débouchera sur une idée qui
débouchera sur une autre idée, encha»nement logique qui
permet d'exprimer facilement le déroulement logique d'un
raisonnement.
Précocité intellectuelle :
<< l'appellation prend son sens par rapport à un modèle
linéaire du développement intellectuel qui suppose que l'enfant
passe par une série d'étapes d'acquisition de compétences
intellectuelles. Il s'avère que certains enfants font leurs acquisitions
plus rapidement que d'autres et sont capables de certains types de
pensée avant l'âge habituel.>> (p.13 dans chapitre 1
rédigée par T. Lubart et C.Jouffray dans Enfants
exceptionnels. Précocité intellectuelle, haut potentiel et
talent, Ed. Breal (2008)).
Quotient intellectuel : Au début de la
mesure de l'intelligence (début XIXème siècle), le
quotient intellectuel était le rapport l'âge mental d'une personne
et son âge réel, et était donc considéré
comme un indicateur sur l'avance ou le retard du développement de cette
personne. De nos jours, c'est un indicateur sur le classement de la personne
par rapport à ses pairs de même âge.
GLOSSAIRE SUR L'ART
Art (avec un A majuscule) :
expression humaine connue par ses productions appelées Ïuvre
d'Art.
Art (avec un a minuscule) : est
la technique. Ici, l'art théâtral est la technique de la pratique
du théâtre.
Cathartique : relatif à la catharsis, qui
signifie aussi bien la purgation que la purification en grec ancien. Selon que
le spectacle et la contemplation artistiques sont considérés
comme une purgation (action mécanique d'évacuation des humeurs)
ou une purification (élévation intellectuelle et morale par la
contemplation), ils changent de statut. Ils peuvent être
thérapeutiques dans le cas de la purgation car le spectateur de la
tragédie, d'un naturel émotif et sensible, se verrait ainsi
proposer au théâtre une sorte de traitement homéopathique
des émotions par l'émotion (Aristote, Politiques, VIII).
Mais la tragédie peut aussi inciter le spectateur à revisiter son
essence d'homme, à accéder au sens profond de sa condition,
à s'élever et à réfléchir : en ceci, il se
purifie (Aristote, Poetique).
Esthétique: science du beau.
Emotion : voir glossaire sur
l'art-thérapie. Expression : voir glossaire sur
l'art-thérapie.
Forme d'une Ïuvre d'Art: ensemble des
caractéristiques sensible et objective d'une Ïuvre d'Art.
Fond d'une Ïuvre d'Art: signification qu'a
voulu donné l'artiste à son Ïuvre d'Art. Sa réception
est subjective.
Oeuvre d'Art : production humaine volontaire
tendue vers l'esthétique*.
Poétique : ensemble de règles dont
la finalité est de produire la beauté dans les ouvrages
littéraires.
Production : voir glossaire sur l'art
-thérapie.
Savoir-être de l'acteur : rapport entre
son savoir-ressentir et son savoir-faire.
GLOSSAIRE SUR L'ART-THÉRAPIE ET LA DOMINANTE
THÉåTRE
Affirmation de soi : représente
<<comment je suis capable de m'exprimer È.
Art-thérapie: exploitation du potentiel
artistique dans une visée thérapeutique (ce qui concerne le soin)
et humanitaire (ce qui concerne le bien de l'être humain).
Beau : en art-thérapie, le beau est ce
qui pla»t, tout simplement.
Boucle de renforcement : procédé
qui augmente la probabilité de répétition d'un
mécanisme de manière positive.
Boucle d'inhibition : ralentissement d'un
mécanisme qui débouche sur un renforcement de ce ralentissement
pouvant aller jusqu'à l'arrêt de ce mécanisme.
Capacité esthétique :
capacité à exprimer son gout, son plaisir ou son émotion
esthétique* ainsi que sa faculté critique.
Cible thérapeutique : dans un site
d'action*, point très précis sur lequel l'art-thérapeute
doit travailler.
Communication: échange entre deux
personnes vivantes qui implique une volonté de transmettre des
informations. Les éléments pour une bonne communication sont la
présence de deux personnes vivantes inscrites dans un même temps,
une volonté de leurs parts de communiquer et un intérêt
commun, un contenu et un code commun, la capacité physique et psychique
ainsi qu'un outil de communication.
Confiance en soi : représente <<
combien je me considère capable È.
Connaissance: information du monde
extérieur intégrée dans notre monde intérieur
impliquant le mécanisme de la mémoire (qui permet de stocker et
d'exploiter nos connaissances), le mécanisme de la comparaison (qui
permet d'effectuer la différence que l'on peut faire entre deux
informations afin de les identifier).
Emotion: sensation après traitement
mental sur le plan de l'affectivité. Emotion
esthétique: émotion provoquée par la captation
d'une Ïuvre d'Art. Estime de soi : représente
<< combien je me considère valable È.
Expression : réaction corporelle
incitée par la stimulation des facultés mentales (comme
l'intelligence, la mémoire ou l'imagination), elle-même
provoquée par une impression. Passage du monde intérieur de
l'être humain vers le monde extérieur.
Faisceau d'items : regroupement de plusieurs
items.
Fait d'observation : peut être objectif,
interprété dans le sens psychologique, ressenti.
Fiche d'observation: sert à mettre en
évidence les éléments de l'état de base, à
mémoriser ce qui s'est passé pendant la séance, à
gérer les informations recueillies, à recentrer l'activité
sur les objectifs prévus et à stimuler la vigilance de
l'art-thérapeute.
Fonction relationnelle : est le rTMle
attribué au mode relationnel*. Par exemple, le mode agressif d'une
personne peut avoir pour fonction de cacher à l'autre son extrême
sensibilité.
Grille d'observation : est une fiche
d'observation* non remplie. Imagination : faculté de
produire des images mentales.
Impression : mécanisme qui permet
d'intégrer et de gérer les informations venues du monde
extérieur vers le monde intérieur de l'être humain.
Item d'observation : plus petite unité
observable.
Mode relationnel : est la manière
d'être. Il peut être, par exemple, agressif ou cordial.
One-man-show: (en français : spectacle
pour une personne), spectacle le plus souvent humoristique
interprété par une seule personne présente sur
scène pendant toute la durée de la représentation.
Opération artistique : ensemble
organisé de l'activité artistique impliquant: - l'impression*
(représentée par l'étape n°2 et le début de
l'étape n°3),
- l'intention (générée dans l'étape
n°3 et poursuivie dans l'étape n°4), - l'action
(représentée par les étapes n°5 et n°6),
- et la production* (représentée par l'étape
n°7).
L'opération artistique permet à
l'art-thérapeute de déterminer les sites d'action* qui
localiseront les problèmes et de préciser les cibles
thérapeutiques*.
Phénomène artistique : ce qui est
observable dans l'opération artistique, c'est-à-dire tout ce qui
concerne l'action et la production, et ce qui est captable de l'intention.
Plaisir esthétique : processus
émotionnel complexe fondé sur une activité de
réflexion entre un état d'attente de l'organisme humain et une
Ïuvre d'Art perçue par la nature d'impacts sensoriels particuliers
qu'elle peut produire.
Poussée corporelle: énergie
nécessaire à l'expression qui entraine la masse corporelle.
Poé ·sis: capacité de
faire un mouvement vers un but extérieur à ce mouvement.
Contraire de praxie.
Praxie: capacité de faire un mouvement
pour lui-même. Contraire de poé ·sis. Production
: manifestation sensible de l'expression humaine.
Ressenti: impression intérieure que l'on
a de quelque chose ou de quelqu'un.
Ressenti corporel : capacité à
ressentir le corps physique dans l'espace, le temps et l'atmosphere.
Site d'action : repérage, localisation
d'une difficulté. Souffrance : est au psychique ce que
la douleur est au physique.
Stratégie thérapeutique: expose
l'état de base, les indications de la personne suivie, les objectifs de
la prise en charge ainsi que les moyens mis en Ïuvre pour les
atteindre.
Structure corporelle : organisation des segments
corporels en vue d'une activité. Style: Ç
empreinteÈ sur ce qui est produit.
ANNEXE N°1
GRILLE D'AUTOÉVALUATION
ANNEXE N°2
GRILLE DÕOBSERVATION DE
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ANNEXE N°3
Alexandra
1 - 2 - 3 - 4 - 5
1 - 2 - 3 - 4 - 5
1 - 2 - 3 - 4 - 5
1 - 2 - 3 - 4 - 5
1 - 2 - 3 - 4 - 5
1 - 2 - 3 - 4 - 5
1 - 2 - 3 - 4 - 5
- Et en cette fin d'annee :
- Avez-vous un fait marquant a partager ou une remarque a
faire : oui - non - Si oui, lequel :
- Sur 5, quelle note donneriez-vous A la decontraction physique
de Quentin en debut d'annee :
- Sur 5, quelle note donneriez-vous A sa participation en cours,
atelier ou encore vie scolaire en debut d'annee :
- Sur 5, quelle note donneriez-vous A sa capacite relationnelle
avec les autres Neves en debut d'annee :
- Sur 5, quelle note donneriez-vous A sa decontraction morale en
debut d'annee :
1 - 2 - 3 - 4 - 5
- Et en cette fin d'annee :
- Et en cette fin d'annee :
- Et en cette fin d'annee :
EN GENERAL
- avant :
- maintenant : Is tl®i remerder champ d'entre vous
pour le temps pris i remplir as questionnaire, temps
demon palate. en can fin Wenn& molaire
Sachem qua vas reponses soot tree Important pour mol,
car ral besoin de sortir les conclusions de mon intervention du cadre de
Patellar, et de les confronter d la vie quotidienne des &eves m d cola de
Ittablissament.
Ainel mon memoirs de recherche intitule ·
Experience d'art-therapie d dominants the litre aupres d'enfants
intallectuallement prlemes en d1® cum molaire · pour I' obtention
du diploma universitaire sera red* et analyse le plus ob)ectivement
possible.
Wen antande les conclusions wits seront presentees lore
de la reunion du vandredi 2 J allet 2010. ran progneral pour repondre avec
plaisir Mutes vas question.
Upend= an tout franchise, qua vas reponses at remarques
solent positives, neutres ou negative.
Wen cordialement,
- Avez-vous remarque un changement de comportment ou de
participation entre le debut et la fin de Faun& : oui - non
- Si oui, pouvez-vous me decrire rapidement en quoi :
EN COURS - EN INTERCLASSE - EN ATELIER
- Avez-vous un fait marquant qui pourrait enteriner votre
ressenti (un evenement ou
une reaction qui s'est produit ces derniers temps et qui aurait
ete inimaginable au debut de l'annee) : oui - non
- Si oui, pouvez-vous
Rempli par :
En sa qualite de :
QUESTIONNAIRE SUR QUENTIN
ANNEXE N°4
Alexandra.
1 - 2 - 3 - 4 - 5
1 - 2 - 3 - 4 - 5
1 - 2 - 3 - 4 - 5
1 - 2 - 3 - 4 - 5
- Et en cette fin d'annee :
- Avez-vous un fait marquant a partager ou une remarque a
fake : oui - non - Si oui, lequel :
- Sur 5, quelle note donneriez-vous a sa participation en tours,
atelier ou encore vie scolaire en debut d'annee :
- Sur 5, quelle note donneriez-vous A la capacite relationnelle
de Jeremie en debut d'annee :
- Et en cette fin d'annee :
EN GENERAL
- avant :
- maintenant : le tiens h remerder chacun d'entre vous
pour le temps pris h remplir ce questionnaire, temps
devenuprecieux en cells m d'annee =lake.
Sachem que vos repouses sont Wes importantes pour mot
car Tat besoin de sortIr les conclusions de mon intervention du cadre de
Weller, et de les confronter a la vie quotidienne des eleven et a mile de
retablissement
Aimed mon memoire de recherche iniliale Experience
d'art-Wrap]. a dominance Mei. aupres d'enfants intellectuellement precoces en
difficulte =lake · pour robtention du diplame universitalre sera HAW
et analyse le plus oblectivement possible.
Men entendu, les conclusions vous seront presentees lors
de la reunion du vendredi 2 *Met 2010. ren profiteral pour repondre avec
plaisir h Wures vos questions.
Repondes en tout franchise, que vos rep uses et remarques
solent positives, neutres ou neptivex
Bien cordialement,
- Avez-vous remarque un changement de comportement ou de
participation entre le debut et la fin de l' annee : oui - non
- Si oui, pouvez-vous me decrire rapidement en quoi :
EN COURS - EN INTERCLASSE - EN ATELIER
- Avez-vous un fait marquant qui pourrait enteriner votre
ressenti (un evenement ou
une reaction qui s'est produit ces derniers temps et qui aurait
ete inimaginable au debut de fannee) : oui-non
- Si oui, pouvez-vous
Rempli par :
En sa qualite de :
QUESTIONNAIRE SUR JEREMIE
BIBLIOGRAPHIE
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Le livre de l'enfant doué, Éd. Solar,
Paris, 2008.
ADDA Arielle, CATROUX Hélène L'enfant
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Enfants exceptionnels. Précocité
intellectuelle, haut potentiel et talent, Éd. Bréal, Paris,
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COLLECTIF, sous la direction de TORDJMAN Sylvie Aider les
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Tout savoir sur l'Art occidental, Éd. Favre,
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Tout savoir sur l'Art-thérapie,
Éd. Favre, 5ème édition
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Comprendre et accompagner les enfants en difficulté
scolaire, Dunod, Paris, 2009.
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2007.
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Armand Colin, Paris, 2005.
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Trop intelligent pour etre heureux ?, Odile Jacob,
Paris, 2008.
TERRASSIER Jean-Charles
Les enfants surdoues ou la precocite embarrassante, ESF
éditeur, 8eme édition, Issy-les-Moulineaux, 2009.
TERRASSIER Jean-Charles, GOUILLOU Philippe Guide pratique de
lÕenfant surdoue,
ESF éditeur, 8eme édition,
Issy-les-Moulineaux, 2009.
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Enseignement primaire et secondaire
Éleves intellectuellement precoces,
Guide dÕaide à la conception de modules de
formation pour une prise en compte des eleves intellectuellement
precoces,
Ministere de l'Éducation nationale,
www. educationgouv.fr
COLLOQUE Sous le haut patronage de STEYER Alexandre, Recteur de
l'Académie de Reims
Organisé par l'Association Francaise pour les Enfants
Précoces
La precocite intellectuelle : les enjeux dÕune prise
en charge adaptee,
Université de Reims Champagne-Ardenne, 14 novembre
2009.
ASSOCIATION FRANAISE DES ENFANTS PRECOCES
www.afep.asso.fr
ASSOCIATION NATIONALE POUR LES ENFANTS INTELLECTUELLEMENT
PRÉCOCES
www.anpeip.org
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