INTRODUCTION GENERALE
La migration est un phénomène qui a pris de
l'ampleur au Sénégal ces dernières années. C'est
par cet effet que le pays a toujours été un pays à la fois
de départ et de destination. En effet, avant les indépendances,
le pays était majoritairement dominé par les flux migratoires
venant de la sous région (Cap-Vert, Guinée, Guinée-Bissau,
Burkina Faso, Mali et Mauritanie). Le courant migratoire s'est inversé
par la suite en raison des conditions de vie au Sénégal qui
deviennent de plus en plus difficiles et de la réussite des premiers
émigrants sénégalais. Non seulement la migration
s'effectue vers les pays en Afrique ayant davantage d'opportunités, tel
que le Congo, la Côte d'Ivoire, le Gabon, la Gambie, etc., ainsi qu'en
Occident (Europe et Amérique), mais aussi les mouvements internes sont
très importants dans les déplacements des
Sénégalais. Le Sénégal est dès lors devenu
un pays d'émigration. En effet, le solde migratoire sur les flux entre
1988 et 1993 est négatif avec 57 000 individus (OIM, 2009).
L'importance de la migration sénégalaise s'explique par plusieurs
facteurs dont le déséquilibre entre les zones. Les conditions de
vie sont devenues précaires dans certaines zones, notamment en milieu
rural. Toutefois, différentes formes de migrations sont
pratiquées par les migrants sénégalais ; les uns
migrent de façon régulière pour rejoindre leur famille,
d'autres pour des études et pour des travaux saisonniers ou temporaires.
Tous ces mouvements sont à l'origine de plusieurs situations, notamment
la paupérisation du milieu de départ. Ce fait est lié au
chômage, à la raréfaction des ressources dans les milieux
de départ. Au Sénégal, la dégradation de
l'environnement a accentué la pauvreté, mais aussi inversement.
Par cet effet, la migration peut devenir une solution spontanée aux
problèmes économiques inhérents à la
dégradation de l'environnement.
N'étant pas épargnées par cette
situation, les îles du Saloum constituées par un peuple
très mobile connaissent aujourd'hui une dégradation non
négligeable de son écosystème de mangroves. Cette mangrove
constituait un facteur d'attraction et de fixation des populations
environnantes et surtout de la population locale. Par conséquent, cette
dernière étant vulnérable au risque de dégradation
de la mangrove développe des solutions alternatives comme la migration.
Bien que la migration soit une partie de la culture du Niominka, ce
phénomène est devenu de plus en plus accentué et la
distance devient de plus en plus longue. Ce phénomène nouveau de
la migration des Niominka est ainsi observable aussi bien chez les hommes que
chez les femmes. Du coup la migration est devenue une stratégie
d'adaptation à la dégradation de l'environnement naturelle des
insulaires, en vue d'améliorer les conditions de vie qui sont devenues
plus précaires.
Ainsi, plusieurs études ont été
menées autour des déterminants de la migration. Mais l'OIM a
montré dans son bulletin d'information qu'aujourd'hui peu d'attention a
été accordée, notamment dans les pays du Sahel et de
l'Afrique de l'Ouest, aux relations complexes entre migration et environnement,
ainsi dans les études et enquêtes nationales au
Sénégal, il est peu fait cas de ce que les relations entre
migration et environnement constituent une interface importante à
étudier, comprendre et intégrer dans les objectifs
stratégiques de développement (OIM, 2009). Il faut aussi aborder
la relation population-environnement à partir des dégradations et
des nuisances observées à différentes échelles
spatiales (Domenach, 2008).
C'est ce qui a suscité en nous un ensemble de
préoccupations relatives à la dynamique migratoire d'une
communauté dont la survie dépend en grande partie des ressources
de mangrove, en l'occurrence les îles du Saloum. C'est pourquoi nous
avons axé notre objet de recherche sur l'étude des effets de la
dégradation des forêts de mangrove dans la dynamique migratoire
des habitants des îles du Saloum.
La présente étude est ainsi
détaillée dans ce document en trois grandes parties :
v Dans une première partie après l'introduction,
nous avons présenté le cadre de référence. Elle est
composée en cinq (5) chapitres, à savoir ; la
problématique, la revue de la littérature, le cadre conceptuel et
théorique, le cadre opératoire et de la méthodologie.
v La deuxième partie concerne le cadre de
l'étude. Cette partie présente les îles du Saloum de
façon globale et les villages qui ont été
étudiés.
v Quant à la troisième et dernière
partie, elle comprend l'analyse et l'interprétation des résultats
de notre enquête. Cette partie traite d'abord de l'analyse de
l'état des forêts de mangrove et de l'analyse de l'état des
ressources halieutiques dans les îles du Saloum. Ensuite, il s'agit
d'étudier la dynamique migratoire des populations de la zone. Et en fin,
pour terminer la partie, nous proposerons des recommandations et un plan
d'action.
v Ainsi pour terminer le document, nous avons
procédé à la conclusion.
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