Paragraphe II : Les EPAIII IIRP INdAEsAociations
L'implantation sénégalaise se traduit par la mise
en place d'associations ethniques, villageoises (A) et aussi par des
initiatives individuelles (B).
A : Les associations villageoises et
ethniques
Un type différent d'association est constitué
par les associations ethniques qui sont mises en service par les membres des
minorités linguistiques ou ethniques constituées au
Sénégal. C'est le cas de l'Association de Fulbé
d'Italie (AFI) avec environ 1400 membres et 12 sections en Italie. Par exemple,
l'association Fulbé de Bergame, née en 1992, semble
très active et bien intégrée dans le tissu associatif de
la province (Riccio 2007). Son but principal est celui de « maintenir et
diffuser la culture, l'étude et la langue fulbé ».
L'association se propose aussi d'aider ses membres qui ont des problèmes
de santé ou avec la justice, mais pas de les insérer dans le
marché du travail. Le front principal est donc constitué par la
société italienne et ses institutions. Par exemple, il existe un
projet de créer des cours en langues pulaar pour la
deuxième génération de migrants. Cependant, on a pris en
considération des interventions dans le domaine de l'éducation
linguistique aussi pour ce qui concerne le contexte d'origine. Les associations
villageoises sont les acteurs sociaux les plus entreprenants par rapport au
contexte d'origine. Elles tendent à se développer dans des
régions où la plupart des migrants viennent d'une même
communauté territoriale.
Ces regroupements s'impliquent dans des projets
d'équipement communautaire en faveur des populations des zones de
départ migratoire. Les fonds collectés sont investis dans
l'hydraulique rurale (avec le creusement de puits), la construction de lieux de
culte, de salles de classes et de centres de santé.
Néanmoins, quelques différences entre les
associations ont été remarquées. La différence
entre associations ne réside pas que dans les finalités, mais
aussi dans les procédés décisionnels internes avec ses
divers degrés de participation et d'ouverture
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aussi bien vers les hiérarchies que vers d'autres
variables comme l'âge ou le sexe. Bien que les associations de village
s'identifient avec des finalités altruistes, elles peuvent parfois
exclure des femmes ou renforcer les asymétries de pouvoir interne
à la communauté.
Une variable qui semble distinguer ce genre d'associations est
leur caractère d'interface. Elles ne connectent pas seulement dans les
contextes d'origine et ceux de destination, mais se situent dans des
réseaux diasporiques mettant en communication les associations en Italie
avec leurs équivalentes dans d'autres pays. Cet aspect et l'importance
montrée par les rapports avec le tissu d'organisations et institutions
italiennes peuvent faciliter le co-développement.
Malgré la forte mobilisation de la communauté
sénégalaise en Italie, certains préfère s'isoler du
groupe et suivre leur propre chemin.
B : Les trajectoires individuelles
Enfin, il faut mentionner les initiatives individuelles
basées sur les structures associatives italiennes qui permettent aux
migrants sénégalais de s'impliquer dans la construction de
réseaux d'activités culturelles et économiques avec des
agents du système économique ainsi que du système
institutionnel dans des localités spécifiques. Par exemple, les
associations impliquées dans des événements interculturels
(musique, spectacle, etc.) sont de parfaites illustrations de ce type
d'association. Les acteurs sociaux peuvent contribuer de façon
très constructive à divers types de projets qui s'adressent
à la fois au milieu de départ et à celui d'accueil,
l'accès positif à des réseaux institutionnels complexes
dépend aussi de la confiance que les autres associations nationales,
ethniques ou religieuses peuvent avoir dans ces initiatives plutôt
individuelles. Le migrant qui s'y engage seul court souvent le risque
d'être stigmatisé par les autres et par d'autres types
d'associations. De plus, cette suspicion a besoin d'être vaincue à
l'aide d'une gestion « transparente ».
L'exception dans cette tendance est représentée par
les trajectoires individuelles qui répondent à la question de la
citoyenneté pour les migrants dans le contexte local.
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Ici, on peut rencontrer des personnes qui
préfèrent s'engager dans un Conseil municipal ou provincial
(Consulta degli stranieri) pour développer l'accès des
migrants à la citoyenneté en général (mouride,
fulbé, yoffois), ou autre forme d'appartenance. Cet aspect est
aussi important pour le co-développement, parce que l'intégration
dans le contexte d'arrivée facilite le renforcement des associations et
leur potentiel impact dans le contexte d'origine.
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