I.2.6 Action des muscles respirateurs durant
la phonation
Le rythme respiratoire est modifié pendant la
phonation, celle ci s'effectuant sur l'expiration. Aussi, le temps inspiratoire
se raccourcit et le temps expiratoire est prolongé. L'expiration,
devenue active, est alors appelée « souffle phonatoire ».
M. A. Faure décrit quatre modes respiratoires couramment
rencontrés14:
-l'inspiration scapulaire: souvent présente chez les
personnes dont les courbures vertébrales sont exagérées,
elle provoque un enroulement des épaules, un blocage du sternum et donc
un moins bon contrôle du souffle phonatoire
-l'inspiration thoracique supérieure: relevant d'un
besoin vital d'expansion pulmonaire, elle provoque des tensions au niveau de
l'ensemble de la musculature respiratoire ainsi qu'une émission en
soupir contraire à une bonne dynamique de communication
-l'inspiration abdominale: elle reflète une mise en
tension du diaphragme et de la musculature abdominale. Exagérée,
elle a pour effet de diminuer le temps phonatoire, du fait de
l'exagération de la lordose lombaire et des tensions induites au niveau
thoracique
-l'inspiration complète: mobilisant l'ensemble de la
cage thoracique et de la musculature respiratoire, elle est accompagnée
d'un redressement vertébral et d'une ouverture thoracique
appropriée à la phonation.
Représentation schématique du travail des
muscles respiratoires pendant la phonation15
14 Faure M.-A. (1988 b), « Dynamique respiratoire et
qualités acoustiques de la voix », Bulletin d'audiophonologie
Paris, Besançon, département d'ORL et d'audiophonologie,
Faculté de Médecine de Besançon , 119,4;
95-106.
15 Cornut G, p45, Op. cit. p8.
I.3 Les résonateurs
Les résonateurs sont situés au-dessus des plis
vocaux et comprennent les cavités pharyngée, nasale et orale. Ils
composent ce qu'on appelle le tractus vocal. En effet, ce sont eux qui modulent
le son laryngé. Ainsi, selon leurs formes, leurs volumes et leurs
mouvements, ils timbrent la voix et articulent la parole.
I.3.1 Le pharynx
Le pharynx renforce de façon
préférentielle les fréquences comprises entre 250 et 500
Hertz. Il se divise en trois parties distinctes qui sont, de haut en bas: le
nasopharynx, l'oropharynx et le laryngopharynx.
En tant que résonateur, le pharynx permet, par les
mouvements des différentes structures qui le composent, d'en modifier
les positions et les dimensions. La forme du pharynx peut être
modifiée par la position du larynx, l'action des muscles constricteurs
du pharynx, la contraction ou non du voile du palais16 et la place
de la base de langue.
En outre, les insertions laryngées de certains muscles
pharyngés peuvent nous intéresser dans le cadre de cette
étude. Les muscles pharyngés sont:
-les constricteurs pharyngés supérieurs (muscles
formant les côtés et l'arrière du nasopharynx ainsi qu'une
partie du mur postérieur de l'oropharynx)
-les constricteurs pharyngés médians (qui ont
pour origine les cornes de l'os hyoïde et le ligament stylo-hyoïdien,
et qui s'insèrent dans le raphé pharyngé médian)
-les constricteurs pharyngés inférieurs (qui sont
reliés au cartilage
cricoïdien)
-les muscles salpingo-pharyngiens
-et les muscles stylopharyngiens (qui ont pour origine la base de
l'apophyse styloïde de l'os temporal, et qui s'insèrent sur les
cartilages thyroïdiens)
16 La décontraction du voile du palais ouvre le
résonateur nasal, alors que sa contraction ferme ce
résonateur.
Constricteurs et élévateurs du pharynx
(d'après Le Huche) 17 Face antérieure du pharynx
(d'après Le Huche) 18
I.3.2 La cavité orale
D'un point de vue physique, la cavité buccale renforce
préférentiellement les fréquences comprises entre 700 et
2500 Hertz. Elle est le lieu privilégié de l'articulation et sa
forme varie selon la position de la mâchoire, de la langue, des
lèvres et des joues. Nous ne décrirons ici que la langue car, par
son contact avec les dents et le palais, ainsi que par ses liens avec les
structures adjacentes, nous verrons qu'elle joue un rôle
privilégié tant pour la phonation que pour la posture.
La langue est constituée de muscles intrinsèques
(fibres transverses, fibres longitudinales et fibres verticales) difficilement
différenciables car fortement entrelacés. Les muscles
extrinsèques attachent la langue aux structures voisines et lui
permettent de se déplacer dans toutes les directions. Elle est
liée:
- à la mandibule par le génio-glosse - à
l'os hyoïde par l'hypoglosse
- au voile du palais par le glosso-staphylin
- à l'apophyse styloïde du temporal par le
styloglosse
- à l'amygdale par l'amygdaloglosse - au pharynx par
le pharyngoglosse.
17 Le Huche F., Allali A. (1978), p116, Op. cit. p12.
18 Ibid., p114.
I.3.3 Les cavités nasales
La plupart du temps, les cavités nasales sont
fermées par le voile du palais lors de la phonation sauf pour la
production des phonèmes nasaux. Leur rôle dans la phonation ne
nous intéresse que très peu dans le cadre de ce
mémoire.
I.3.4 Les muscles de la face et de
l'expressivité
Très rarement décrits, contrairement aux
cavités de résonance, les muscles peauciers peuvent eux aussi
faire varier le timbre et l'articulation de la parole. De plus, ces muscles
jouent un grand rôle dans l'expressivité et complètent
l'informativité de la parole. On distingue essentiellement trois groupes
de muscles peauciers de la face:
-les muscles des paupières et des sourcils:
l'oocipito-frontal, le pyramidal, l'orbiculaire des paupières et le
sourcilier
-les muscles du nez: la transverse du nez et le myrtiforme
-les muscles des lèvres: le canin, le buccinateur, le
carré du menton, le mentonnier, le releveur naso-labial, le releveur de
la lèvre supérieure, le petit zygomatique, le grand zygomatique,
le risorius, le triangulaire des lèvres, le peaucier du cou,
l'orbiculaire des lèvres et le compresseur des lèvres.
Muscles peauciers (d'après Le Huche)
19
19 Le Huche F., Allali A. (1978), p144, Op. cit. p12.
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