III.5.3.2 Quelques remarques
Le shimmer et le jitter tendent à covarier. Il
semblerait même que le shimmer soit plus intéressant pour
évaluer les pathologies vocales que le jitter106 (en
particulier en présence d'une raucité). Mais jusqu'à
présent, le shimmer a été beaucoup moins
étudié que le jitter.
Certaines études montrent que le shimmer augmente avec
la sédentarité (évaluée à partir du taux de
cholestérol, des capacités ventilatoires, du poids et de
l'intensité de l'activité sportive). Par ailleurs il semblerait
que le shimmer soit un indicateur très sensible en présence de
pathologie laryngée107. Von Leden et Koike ont ainsi pu
déterminer quatre schémas types du shimmer correspondant à
la voix : normale, avec nodules, avec paralysie et avec tumeur maligne.
III.5.4 Voix d'appel
En voix d'appel, c'est-à-dire lorsque l'on parle de
manière à ce qu'une personne éloignée puisse nous
entendre, l'intensité est de 80dB en moyenne et la fréquence
fondamentale augmente d'une octave par rapport à la voix
conversationnelle108. Outre l'intensité et la hauteur, la
voix d'appel permet d'apprécier
103Horii 1980 in Baken R. J., Orlikoff R. F, p134, Op. cit. p.47.
104Koike, Takashi and Calcaterra 1977 in ibid., p134. 105Davis 1976 1979 1981
in ibid., p135.
106Baken R. J., Orlikoff R. F, p130, Op. cit. p47.
107Von Leden and Koike 1970 in ibid., p136.
108Klein Dallant C., Op. cit. p57.
visuellement la montée et donc la mobilité du
larynx109. Il a cependant été remarqué
cliniquement que certains patients produisent une voix d'appel malgré
une mobilité laryngée très réduite, et même
avec une ascension laryngée inexistante. Tout donne lieu à croire
que ces patients utilisent le mécanisme du forçage vocal pour
répondre à la consigne qui leur est donnée.
III.6 Rendement de la source vocale
La voix est le produit de phénomènes
aérodynamiques qui surviennent dans le conduit vocal. Les quatre
paramètres aérodynamiques sont: les pressions sousglottique et
intra-orale, les débits d'air nasal et oral. Mais seuls la pression
sousglottique et le débit d'air oral présentent un
intérêt dans l'évaluation des dysphonies.
III.6.1 Pression sous-glottique
La pression sous-glottique est produite par les poumons et
dépend de la résistance plus ou moins importante des cordes
vocales au passage de l'air. Elle s'obtient directement grâce à
une seringue hypodermique reliée à un capteur de pression
(technique très efficace quoiqu'invasive) ou bien indirectement par une
estimation fondée sur la mesure de la pression
intra-orale110. De la pression sousglottique dépend la
hauteur et l'intensité de la voix. C'est donc un paramètre
très pertinent en clinique. De plus, lorsqu'il y a une béance
glottique, les poumons doivent fournir plus d'air afin de maintenir une
intensité suffisante malgré la déperdition d'air. Une
forte corrélation entre les valeurs de la pression sous-glottique et le
forçage vocal a été
démontrée111.
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