III.4 Timbre
Le timbre est déterminé par la richesse en
harmoniques du son. Chaque personne a un timbre propre. A titre d'exemple,
c'est en grande partie grâce au timbre que l'on reconnaît la voix
d'une personne au téléphone. De la même manière une
note identique, jouée sur deux instruments différents, ne donnera
pas le même son bien qu'émise à la même hauteur et
à la même intensité.
Typologie physique et perceptive des spectres de raies
harmoniques d'instruments (d'après Frachet)95
III.4.1 Les mesures du bruit dans le spectre
Les harmoniques d'un signal vocal résultent
d'interruptions quasi périodiques du passage de l'air entre les cordes
vocales. Il en est différemment pour les inter harmoniques qui sont le
résultat d'un passage turbulent et continu de l'air à travers la
glotte. Les inter harmoniques correspondent donc à du bruit. Quand la
fonction laryngée se détériore et que l'efficacité
glottique diminue, les modulations par les cordes vocales du flux d'air
deviennent moins efficientes. L'énergie des harmoniques est alors
progressivement remplacée par du bruit sur le spectrogramme.
Depuis 1970, de nombreux chercheurs comme Emanuel,
Yanaguihara, Isshiki et Morimoto, étudient les relations entre le bruit
sur les spectres de voyelles et la raucité. Les principales conclusions
que l'on peut tirer de leurs recherches sont les suivantes:
-toutes les voyelles, pathologiques ou non, ont une composante
de bruit lorsqu'on les observe avec de courtes fenêtres d'analyse. Dans
tous les cas, le spectrogramme d'une voix altérée comprend
proportionnellement plus de bruit que celui d'une voix normale
-plus la fréquence est perturbée et plus il y a du
bruit
95 Maillefert A., p33, Op. cit. p49.
-le niveau de bruit dans une voyelle est plus important dans
des voyelles fréquentiellement graves comme le /y/ que dans des voyelles
aiguës comme le /i/. Le /a/ étant un intermédiaire entre ces
deux extrêmes
-il y a corrélation entre la perception auditive du
bruit et sa visualisation sur un spectrogramme. Le taux de corrélation
est d'autant plus élevé que le bruit se situe entre les
fréquences 100 et 2600Hz
III.4.2 Échelle de Yanaguihara
L'échelle de Yanaguihara permet de déterminer le
taux de dysphonie dans une voix (exprimé en « type » de
dysphonie, le type IV étant le plus sévère) en estimant la
quantité de bruit à l'intérieur d'un spectrogramme
à bandes étroites de voyelles (/a/, /é/ et
/i/):96
-Type 0 : normalité.
-Type 1 : les harmoniques sont mélangées avec
des composantes de bruit, surtout dans les régions formantiques des
voyelles. On observe un léger bruit de souffle dans l'aigu
-Type 2 : les composantes de bruit pour les seconds formants
sont plus importantes que les composantes harmoniques et il apparaît une
légère composante de bruit dans la région du 3 000 Hz. De
plus, des bruits inter-harmoniques apparaissent
-Type 3 : les seconds formants sont complètement
remplacés par des zones de bruit, et le bruit additionnel
s'accroît dans la région des 3000Hz.
-Type 4 : les seconds formants sont remplacés par des
composantes de bruit, de même que les premiers formants de toutes les
voyelles; les composantes de bruit s'accroissent également dans les
hautes fréquences. Le type 4 correspond à une quasiaphonie.
96 Yanaguihara N. (1967) Significance of harmonic changes and
noise components in hoarseness in journal of speech and hearinge research,
10,531-541 in Baken R. J., Orlikoff R. F., p280, Op. cit. p47.
Voix de femme normale Voix de femme très
altérée
Les spectrogrammes ci-dessus représentent un /a/ tenu,
avec et sans dysphonie.
Le temps est en abscisse, les fréquences de 0 à
8000 Hertz sont en ordonné, et les premiers formants sont tracés
en rouge.
L'intérêt majeur de cette échelle est
qu'elle permet de quantifier la dysphonie, de chiffrer les sensations
notées par les lettres G, R et B du GRBAS. Cependant, il ne faut pas
oublier que la mesure de la qualité du timbre,est de fait liée
à la subjectivité de celui qui analyse, visuellement, le
spectrogramme.
|