La métamorphose de l'état de droit comme processus de consolidation de la paix chez Emmanuel Kant. Une lecture du projet de paix perpétuelle( Télécharger le fichier original )par Michel Kakule Kabunga Université de Kinshasa - Licence 2009 |
Conclusion partielleLes trois niveaux juridiques définis plus haut - droit civil, droit des gens, droit cosmopolitique - sont nécessaires pour que la paix perpétuelle puisse se matérialiser. Le premier acte de la construction de la paix perpétuelle passe par la constitution d'un noyau d'États républicains ayant renoncé à la guerre de conquête et à la politique de puissance. Consécutivement, à l'avènement de l'Etat de droit, la publicité est la condition indispensable de la justice entre les hommes, car « toutes les actions relatives au droit d'autrui, dont la maxime n'est pas susceptible de publicité, sont injustes ».140(*) En deuxième lieu se trouve l'unification d'Etats républicains fédérés. En effet, écrit Kant, « La possibilité de réaliser cette idée d'une fédération, qui doit s'étendre insensiblement à tous les États et les conduire ainsi à la paix perpétuelle peut être démontrée. Car, si le bonheur voulait qu'un peuple puissant et éclairé se constituât en République (gouvernement qui, par sa nature, incline à la paix perpétuelle), il y aurait dès lors un centre pour cette alliance fédérative; d'autres États pourraient s'y joindre, afin d'assurer leur liberté, conformément à l'idée du droit des gens »141(*). En ultime condition de la paix, Kant propose l'idée originale d'un Etat cosmopolitique. Il s'agit de l'hospitalité universelle où l'étranger se sente comme accepté par ses hôtes, sans pour autant revendiquer un droit de cité Ainsi, Kant reprend-il et dépasse-t-il le débat philosophique des Lumières sur les relations entre les peuples. Le nouveau concept de droit cosmopolitique complète le droit civil et le droit des gens. Il fournit une réponse théorique achevée à l'interrogation iréniste142(*) de l'époque moderne. En plus, il existe un rapport entre « fédération » et « cosmopolitisme ». Ce rapport est au centre de diverses controverses dans la théorie des relations internationales. Dans l'univers kantien, les relations internationales posent la question du rapport de chaque Etat avec ses citoyens, c'est-à-dire, pour utiliser le vocabulaire de Telò, « l'ancrage de la paix extérieure dans le régime politique intérieure et étrangère et donc de la critique de la séparation entre politique intérieure et étrangère »143(*) d'un Etat au sein du cosmopolitisme. C'est ainsi que, en perpétuelle analyse, dans le troisième chapitre, nous nous proposons de poser l'Etat cosmopolitique comme horizon d'accomplissement de la paix. * 140 Ibid. p. 68. * 141 E. KANT, Projet de paix perpétuelle, op. cit., p. 39. * 142 De eirênê, la paix en grec. * 143 M. TELO, op. cit., p. 62. |
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