La déclaration de Paris en 2005, peut être vue
comme une prise de conscience des bailleurs de fonds de «
l'inefficacité », ou du moins du faible impact de l'APD dans les
pays en voie de développement. C'est aussi la manifestation de la
volonté des bailleurs d'être plus regardants dans l'octroi de
l'aide, mais aussi et surtout une responsabilisation des
bénéficiaires de l'APD. Il est question
dorénavant de traiter les bénéficiaires de l'APD comme des
« partenaires », d'où la nouvelle appellation des bailleurs de
fonds désormais par le terme « partenaires techniques et
financiers ».
La Déclaration de Paris comprend cinq principes
(Annexe 10) autour desquels sont articulés les engagements pris
conjointement par les donateurs et les pays partenaires en matière
d'efficacité de l'aide
Dans le cadre de ces principes, la Déclaration de
Paris prévoit dans son paragraphe 38 que les pays partenaires s'engagent
à progresser dans la mise en place d'institutions et de structures de
gouvernance propres à assurer une bonne gestion des affaires publiques
et à garantir à leur population protection sécurité
et accès équitable aux services sociaux. Cette déclaration
est venue pour répondre à certaines critiques portant sur l'APD.
Ces critiques sont parmi tant d'autres, il y a l'absence de responsabilisation
des bénéficiaires et le manque de concertation entre les
différents bailleurs pour un meilleur ciblage des projets à
soutenir dans les pays bénéficiaires. Qu'en est-il de
l'évolution de l'APD et la pauvreté en Côte d'ivoire ?
CHAPITRE II: ANALYSE DE L'APD ET DE L'EVOLUTION
DE
LA PAUVRETE EN COTE D'IVOIRE
15
Il sera question dans ce chapitre d'analyser les
différentes aides dont a bénéficiées la Côte
d'ivoire depuis 1990 à nos jours. Ce récapitulatif de l'APD est
relatif aux appuis budgétaires que la Côte d'ivoire a eu recours
durant les vingt (20) dernières années de la part de ses
différents partenaires techniques et financiers. Cette démarche
permettra de voir non seulement les composantes de l'APD, mais aussi
d'apprécier l'évolution de celle-ci. Par ailleurs, il s'agira
d'appréhender l'APD en termes de soutien à la réduction de
la pauvreté en Côte d'ivoire.
L'aide étrangère se répartit, selon le
type de donateur en trois grandes catégories : l'aide bilatérale
qui s'effectue entre deux Etats ; l'aide multilatérale ou aide des
institutions internationales et l'aide des organisations non gouvernementales
ou l'aide privée
En fonction de la nature ou de la condition, il y a les dons
ou aides non remboursables et les prêts ou aides remboursables. Toutefois
l'aide publique au développement englobe à la fois les dons et
les prêts comportant un élément don d'au moins 25 %.
Selon la forme, la nomenclature du Programme des Nations
Unies pour le développement (PNUD) distingue six catégories : la
coopération technique autonome, la coopération technique
liée à des projets d'investissement, les projets
d'investissement, l'aide budgétaire ou appui budgétaire, l'aide
alimentaire et l'assistance et les secours d'urgence.
Pour ce qui est du cas spécifique de la Côte
d'ivoire, elle a reçu des aides multilatérales, des aides
bilatérales, des dons projets, des dons programmes et des prêts
projets.
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FIGURE 1: COMPOSANTE DE L'APD ENTRE 1990-
2009
Source : Ministère de l'Economie et des
Finances
L'APD de la Côte d'ivoire est largement dominée
par les aides multilatérales avec un taux de 41%. Dans cette composante
on y trouve essentiellement la Banque mondiale, le FMI, la BAD et la CEE
(UE).
Au niveau des aides bilatérales, c'est la France, le
partenaire traditionnel qui vient de loin en tête des pays qui appuient
financièrement la Côte d'ivoire.
II-2 Analyse quantitative sur la période
1990-2009 II-2-1 Tendances globales
Dans les années 1990 le volume mondial de l'aide
connaît une contraction due au souci des partenaires au
développement de voir l'Etat se désengager de plus en plus des
secteurs productifs. Comme énoncé précédemment,
cela a été suivi par une kyrielle de privatisations des
entreprises publiques.
En Côte d'Ivoire, on peut retenir que durant la
période, l'aide a évolué en dents de scie, mais avec
quelques points saillants qui sont les témoins des
événements qu'a connus la Côte d'ivoire.
Tout d'abord la baisse de l'aide en 1990 a continué
jusqu'en 1993. C'est au lendemain de la dévaluation du CFA en 1994 qu'on
a enregistré une hausse substantielle de l'aide qui atteint 684,5
milliards de FCFA. Après cette date le volume de l'aide a
continuellement chuté jusqu'en 1997. Entre 1997 et 2003, l'aide a
véritablement évolué en dents de scie en alternant baisse
et croissance d'une année à une autre.
Entre 2003 et 2008, le volume l'aide resté très
bas comparativement à l'ensemble de la période. Cette situation
pourrait s'expliquer par les effets de la crise militaropolitique que traverse
la Côte d'ivoire. Cette crise a occasionné la suspension de la
coopération de certains partenaires techniques et financiers avec la
Côte d'ivoire.
L'année 2009, s'illustre par une reprise du volume de
l'aide qui est aussi liée à la reprise à nouveau de la
coopération entre la Côte d'ivoire et ses partenaires techniques
et financiers.
Néanmoins, on note que globalement le volume de l'APD
a connu une croissance moyenne de 0,73% sur la période.
FIGURE 2: EVOLUTION GLOBALE DE L'APD (EN MILLIARDS DE
FCFA) ENTRE 1990-2009
Source : Ministère de l'Economie et des
Finances