CHAPITRE III : L'EFFET DE L'APD SUR L'IDH : UNE ANALYSE
ECONOMETRIQUE
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 31
Bibliographie 33
ANNEXES vii
Table des matières xx
INTRODUCTION GENERALE
1-Contexte et problématique
Les pays africains accédant aux indépendances
dans les années 1960, se voient confier la destinée de leurs
Etats. C'est parmi tant d'autres responsabilités, l'appropriation des
africains eux-mêmes de leur politique économique. Ils sont
désormais donc les responsables de leur futur désiré.
Animés par l'esprit nationaliste, les nouveaux dirigeants africains vont
oeuvrer tous à asseoir leur économie. Ils se lancent donc dans
des grands projets d'investissement, notamment la construction d'habitats et
des routes, la création des sociétés d'Etat~En somme, on
assiste à la réalisation d'un ensemble d'objectifs de croissance
accélérée qui nécessite la mise en place des
investissements en infrastructures. En dépit de leur bonne
volonté, force est de reconnaître que tout ce chapelet de projets
ne sera réalisable qu'avec des ressources financières
conséquentes. La question du financement de ces projets se pose aux
Etats africains. Ils vont dans leur grande majorité alors se tourner
vers l'extérieur pour le financement de leurs projets. Comme le plan
Marshall1 en Europe, les africains bénéficient des
sommes importantes de l'extérieur pour assurer la construction de leurs
économies.
Cela a suscité de grands espoirs dans de nombreux pays
dans la première décennie des indépendances. Un pays comme
la Côte d'Ivoire a enregistré à cette période une
croissance économique à deux chiffres, avec un niveau
infrastructurel acceptable. C'était la période dite du «
miracle économique ivoirien ». Cependant, il ne faut pas manquer de
noter que cette période (les années 1970) était aussi
marquée par un niveau intéressant des cours des produits
agricoles (cacao et café) qui ont contribué substantiellement au
miracle ivoirien.
Les années 80 sont marquées par le début
des crises économiques récurrentes en Afrique. On assiste
à une croissance économique trop faible des pays d'Afrique
subsahariens, accompagnée de la faiblesse des revenus, qui ne leur
permet pas de dégager des capacités financières
suffisantes pour un développement. Le besoin de financement devient
criard. Le recours aux capitaux extérieurs s'avère plus que
1
1 Plan annoncé par le général Marshall le 5
juin 1947 après la deuxième guerre mondiale pour permettre la
reconstruction de l'Europe par l'obtention de dons
nécessaire pour le financement des économies.
Les pays vont donc faire appel aux bailleurs de fonds. C'est ainsi que dans la
majorité des cas, les pays ont pu bénéficier, au titre de
l'aide publique au développement (APD), des appuis du Fond
Monétaire International (FMI), de la Banque Mondiale et d'autres
partenaires. Les aides étaient destinées essentiellement soit
à combler des déficits budgétaires devenus chroniques,
résoudre des problèmes alimentaires ou de santé et bien
d'autres. Ces aides sont le plus souvent conditionnées par la mise en
oeuvre de politique économique. Elles sont souvent qualifiées
d'« aides liées » lorsqu'elles sont subordonnées
à des achats aux pays qui les accordent. Aussi faut-il noter que les
aides proviennent de plus en plus des Organisations Non Gouvernementales qui
souvent interviennent directement au profit des populations.
En progression dans les années 80, les montants
alloués à l'aide n'ont cessé de se réduire pendant
les années 90, même si ce mouvement s'est stabilisé au
début des années 2000 (Komon, 2005). Cette tendance à la
baisse s'explique par certains facteurs. Dans les pays donateurs, certaines
opinions demandent la suppression de l'aide parce qu'elle est jugée
inefficace. Dans les pays bénéficiaires, la baisse de l'aide
s'explique par le fait que son octroi est de plus en plus soumis à un
nombre impressionnant de contraintes et d'exigences des bailleurs qui poussent
les pays concernés à en réduire la demande. Il s'agit,
notamment, des conditions de bonne gouvernance. Cette dernière vision
est partagée par de nombreux auteurs avertis2 de
l'économie du développement qui font une rétrospection sur
l'évolution des économies et les appuis financiers reçus,
comparativement à d'autres économies, notamment les pays
asiatiques et l'Amérique du sud où l'amélioration de
niveau économique permet de faire un lien avec une bonne gestion de ces
fonds alloués à ces Etats.
En effet, en 1991, chaque africain recevait en moyenne 40
dollars pour 10 dollars au sud-américain et 5 dollars à
l'asiatique .De nos jours, 40% de l'aide publique au développement est
destiné à l'Afrique contre 10% pour l'Amérique latine et
12% pour l'Asie de l'Est. En Afrique, l'aide a connu une augmentation
continuelle à la mesure des échecs de la politique de
développement. Pendant que l'Asie enregistre des résultats
probants en termes de développement.
2
2 Burnside et Dollar, (2000) affirment que l'aide n'est utile
et efficace que dans les pays à faibles revenus qui
pratiquent de bonnes politiques économiques et disposent d'institutions
de qualité
Il faut rappeler qu'en 1960, économiquement, le poids
du Ghana et de la Corée du Sud était identique (le Produit
National Brut de ces deux pays se situait à 230 dollars
américains. En 1992, celui du Ghana n'avait guère
évolué (345 dollars américains) alors que celui de la
Corée du Sud avait atteint 5200 dollars américains. Ce quasi
statuquo de la situation économique du Ghana est l'image de la plupart
des pays africains. Face à cela, on est en droit de penser que l'aide
internationale n'a donc pas profité à l'Afrique en quête de
son décollage économique. Cette situation des Etats africains,
est attribuée par de nombreux africains à la mauvaise utilisation
des ressources. A ce sujet, la sociologue camerounaise Axelle Kabou dira «
l'argent disponible dans les années 1970 a été
dépensé n'importe comment ». Dans la plupart des pays de
l'Afrique au Sud du Sahara, force est de constater que les fonds provenant de
l'aide ont souvent été gérés par des organisations
bureaucratiques hypertrophiées, et peu soucieuses des principes
économiques élémentaires. Dans un tel contexte, il est
difficile d'apprécier l'apport réel de l'aide qui reste
influencé par des pratiques inadéquates.
La Côte d'Ivoire, à l'instar des pays de la sous
région a bénéficié de ces appuis financiers que
constitue l'aide publique au développement. Cette aide accompagne la
Côte d'Ivoire dans la mise en oeuvre de ses politiques de
développement. En effet, l'Etat ivoirien devant les difficultés
financières et poussée par la volonté d'assurer le
développement, n'a cessé de solliciter les financements
extérieurs à travers l'aide publique au développement.
Après les programmes d'ajustement structurel, qui ont
occasionné le recentrage du rôle de l'Etat à travers des
politiques telles que les privatisations des sociétés d'Etat, il
est désormais question de lutter contre la pauvreté. Les
institutions de Brettons woods et les autres partenaires techniques et
financiers dans leur ensemble, s'étant rendu compte des limites des
politiques d'ajustement, ont désormais orienté leurs aides pour
des politiques ciblées sur la réduction de la pauvreté. En
fait, la prise de conscience du problème de la pauvreté dans les
pays en développement est l'aboutissement d'un long processus de
maturation initié dès la fin des années quatre-vingt. Les
Nations Unies, notamment l'UNICEF et le PNUD, qui ont mis en avant les
conséquences sociales des politiques d'ajustement structurel, ont
joué un rôle précurseur dans ce domaine. La Banque Mondiale
a accompagné ce mouvement progressif de recentrage des politiques de
développement sur la
question de la pauvreté. Il s'agit de mener des actions
allant dans le sens d'un accès plus facile aux services sociaux de base,
en faveur de la population et aussi de relever le niveau de leurs revenus.
Ainsi a-t-on qualifié l'aide d'« aide à visage humain
». C'est une aide qui se préoccupe de plus en plus du bien-etre de
l'Homme. Pour ce faire, en 2000 des objectifs appelés les «
objectifs du millénaire pour le développement3
» sont fixés pour orienter l'APD jusqu'en 2015.
En Côte d'Ivoire, la proportion des pauvres ne fait que
s'amplifier au fil du temps, malgré les différents appuis
financiers reçus cet effet. Cet état des faits se manifeste par
la persistance des inégalités de niveau de vie de la population,
notamment la difficulté d'accès aux secteurs sociaux de base pour
une frange de la population. Hormis la période 2002 à 2006,
où la Côte d'ivoire a vu ses appuis diminuer substantiellement,
elle a continué à bénéficier l'APD pour booster son
économie et réduire ainsi la pauvreté4. La
persistance de la pauvreté en dépit des multiples efforts
financiers consentis par les partenaires techniques et financiers, amène
à s'interroger sur la pertinence de l'aide. Autrement dit l'aide
est-elle réellement à mesure de réduire la pauvreté
? Son action sur la pauvreté serait-elle inhibée par certaines
pratiques inadéquates? Pour donner quelques éléments de
réponse à une telle préoccupation, il s'avère utile
de formuler le sujet suivant : « Aide Publique au
Développement et lutte contre la pauvreté : cas de la
&(16,11311YRiL6 ».
2- Intérêt de l'étude
Au sujet de l'aide publique au développement (APD),
plusieurs études ont certes fait le tour de la question. Ces
études, pour ce qui concerne la Côte d'ivoire se sont le plus
souvent appesanties à établir le lien entre l'APD et la
croissance économique qui n'assure pas forcement la réduction de
la pauvreté. Il faut noter que la croissance économique qui
garantit la réduction de la pauvreté est celle qui est
accompagnée d'un politique de redistribution de revenus. Au-delà
cet aspect, une autre étude n'est jamais de trop, pour plusieurs
raisons. Tout d'abord la lutte contre pauvreté est actuellement au
centre de toute politique économique, vue son ampleur. Ensuite, le
3
Les objectifs sont au nombre de huit : réduire
l'extr~me pauvreté et la faim, assurer l'éducation primaire pour
tous, promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des
femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la
santé maternelle, combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres
maladies, préserver l'environnement et mettre en place un partenariat
mondial pour le développement.
4
4 Le dernier acte majeur en faveur de la lutte
contre la pauvreté en Côte d'Ivoire est l'obtention en 2009, du
point de décision de l'initiative Pays Pauvres Très
Endettés et qui va procurer une somme de près de 115 milliards de
FCFA dans les caisses de l'Etat de Côte d'Ivoire. Ce sera de l'argent
frais non remboursable qui devra aider à relancer l'économie
ivoirienne. Surtout les entreprises privées. Cela va aider à
créer des emplois.
débat sur l'APD ne finit pas de susciter de vifs
questionnements sur son efficacité en Afrique. En fin, cette
étude par sa démarche quantitative (analyse
économétrique) vient contribuer à enrichir et actualiser
la littérature sur l'éventuel rôle que L'APD pourrait jouer
dans l'amélioration du bien être de la population ivoirienne.
En somme, face à la pauvreté grandissante de la
population en dépit du volume de l'APD, une étude sur l'apport de
l'APD à la lutte contre la pauvreté en Côte d'ivoire, doit
intéresser plus d'un.
3- Objectif de l'étude
L'objectif général de l'étude est
d'analyser et d'apprécier l'aide publique au développement en
termes de contribution à la réduction de la pauvreté en
Côte d'Ivoire. Il s'agit spécifiquement :
1' d'analyser les composantes de l'APD ;
1' d'analyser l'évolution de l'APD ;
1' d'analyser le lien entre la pauvreté et l'APD.
Il faut pour ce faire, formuler des hypothèses
4- Hypothèses
La fixation de ces objectifs conduit à émettre les
hypothèses suivantes : 1' H1 : l'APD améliore le
bien-être de la population ivoirienne ,
1' H2 : une allocation optimale de l'APD
accélère le processus de réduction de la
pauvreté.
L'élaboration de ce travail ne sera
appréciée sans la mise en place d'une démarche,
d'où l'option d'une méthodologie de travail.
5- Méthodologie
La présente étude se base essentiellement sur
une recherche documentaire. Pour ce faire, il a été
collecté des données secondaires émanant d'institutions
nationale et internationale sur l'aide publique au développement et
aussi sur la pauvreté en Côte d'Ivoire.
Après le traitement des données, il sera
question de faire les analyses de résultats des modèles
économétriques qui permettront de tirer une conclusion et faire
des recommandations.
6
Le travail s'est articulé autour de trois chapitres comme
suit : + CHAPITRE I : FONDEMENTS THEORIQUES
Il s'agit dans ce chapitre de pouvoir cerner les concepts
relatifs à cette présente réflexion et d'énoncer
quelques fondements en la matière.
+ CHAPITRE II : ANALYSE DE L'APD ET L'EVOLUTION DE LA
PAUVRETE EN COTE D'IVOIRE
Il s'agira de voir l'évolution de l'APD, ses
différentes composantes et l'évolution de la pauvreté en
Côte d'ivoire.
+ CHAPITRE III: L'APD ET L'EVOLUTION L'IDH EN COTE
D'IVOIRE : ANALYSE ECONOMETRIQUE
Il s'agit des analyses suivies des interprétations de
la corrélation qui existe entre l'APD et l'indice de
développement humain, Ce qui permet de pouvoir apprécier la
capacité de l'APD à lutter contre la pauvreté en
Côte d'ivoire.
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