Paragraphe 4. Limites des théories
En dépit de l'apport des travaux pour expliquer les
facteurs causaux de la performance scolaire, ces derniers font objet de
certaines critiques tant sur le plan de la méthodologie que sur le plan
de contenu. En effet, les travaux qui établissent la corrélation
entre la réussite des élèves et
«l'effet-établissement» ont trouvé une variance dans
les résultats se situant entre 8 et 9% (Wyatt, 1996). Il est
évident que l'école influence les résultats des
élèves, mais la variance reste relativement faible. De plus, le
fait pour les parents de choisir un établissement par rapport à
un autre pourrait servir d'argument pour soutenir l'hypothèse que
l'enfant, dépendamment de son origine sociale, peut entrainer un effet
positif ou négatif sur l'établissement (Grisay, 1997).
Bressoux (1995) a fait remarquer qu'en France, il y a beaucoup
plus de différences au sein des écoles qu'il y en a d'une
école à l'autre. Ces deux constats viennent relativiser encore le
niveau d'influence supposé de l'établissement sur les
résultats de l'élève. En outre, les travaux n'ont pas
encore établi la stabilité de «l'effet
établissement» dans le temps. La plupart des résultats
disponibles sont datés. Selon Wyatt (1996), la corrélation entre
le type d'établissement et la performance reste très faible.
Liensol et Meuret (1987) ont constaté qu'en France les
performances d'un lycée sur trois pouvaient être
considérées comme radicalement différentes d'une
année à l'autre. A partir de la littérature existante, il
est difficile d'affirmer qu'il existe des
«effets-établissement» qui seraient valables pour tous les
élèves de n'importe quel établissement. Nous avons vu
qu'au terme des discussions menées par les chercheurs sur les facteurs
influençant la performance scolaire, la littérature existante
n'arrive pas à des conclusions robustes. Par exemple, les travaux
antérieurs n'ont pas permis d'établir les parts exactes de
l'effet de l'origine sociale des élèves, l'effet-maitre ou
l'effet-établissement dans la différence de performance
constatée entre les écoles. Il est encore plus difficile
d'établir l'influence de la gestion administrative et pédagogique
du directeur, sa qualité de leadership sur la performance de
l'école.
Conclusion du chapitre 1
Le chapitre premier avait pour objectif de faire un
exposé de la littérature théorique et empirique sur la
performance scolaire. En effet, nous avons présenté deux grandes
catégories de théories. Le premier groupe réfère
à l'ensemble des théories de la performance scolaire relatives au
processus d'apprentissage des élèves. Le second a plutôt
rassemblé l'ensemble des théories du management et du leadership
qui dérivent, dans la plupart des cas, des théories
économiques et de la sociologie des organisations. In fine, les deux
groupes de théories, même lorsqu'elles diffèrent dans la
méthodologie, poursuivent les mêmes objectifs. Il s'agit de
trouver les stratégies permettant d'améliorer la performance
scolaire. Nous avons vu qu'en dépit de l'apport des travaux pour
expliquer les facteurs qui entretiennent des liens causaux avec la performance
scolaire, ces derniers présentent beaucoup de lacunes. Les
théories disponibles dans la littérature restent en construction
dans la mesure où les disparités scolaires continuent de
préoccuper les managers de l'éducation. C'est pourquoi, le
débat reste ouvert dans les milieux scientifiques quant aux facteurs qui
influencent la performance scolaire. Par conséquent, des études
méritent d'être menées pour permettre de combler cette
faiblesse de la littérature. Pour la suite de l'étude, le
chapitre 2 expose la méthodologie adoptée dans la partie
empirique, le modèle théorique et la formulation des
hypothèses.
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