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L'impact des radio de proximité: le ca radio Delta Santé

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par N. Joël M. BROOHM
Université de Lomé - Maitrise ès-Lettres, option Sémiologie et Communication 2004
  

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III - 2 - 4- c La Technique Stylistique

Le conte est introduit par :

- « Mise droun loo ! » (écoutez mon conte),

à laquelle l'assistance répond :

- « droun ne va » (que le conte vienne).

Cette formule d'introduction est avant tout une manière de « capter l'attention de l'auditeur ». Ce procédé introductif relève d'un art : celui de savoir imposer le silence mais aussi de retenir l'attention de ses interlocuteurs ou de la raviver lorsqu'elle baisse. L'attention une fois captée, le conteur est tenu (du moins

12 La mère dévorante, essai sur la morphologie du conte africain, Denise PAULME, Gallimard, 1976, P.25

implicitement) de plaire, de rendre son conte captivant, attrayant de sorte que l'enfant, le jeune homme et l'adulte qui l'écoutent en ce moment puisse le graver à tout jamais dans leur mémoire. Pour ce faire, le conteur joue sur le timbre de sa voix. Il scande, débite, déclame et même chante. A ce propos Mineke SCHIPPER disait : « ... le conteur est souvent poète, chanteur, musicien et acteur à la fois. Il est poète parce qu'il ré - crée (re - creates) à sa manière et à l'improviste les textes traditionnels »13. Le conteur, en effet, use des ressources de sa voix pour imiter celles d'êtres surnaturels, produire des onomatopées et au besoin jouer le rôle de « Coryphée» dans les intermèdes chantés.

Au-delà de sa voix, le conteur use des ressources de la langue et des effets qu'elles peuvent aider à produire. Aussi peint - il les personnages (humains ou animaliers) sous des caractères poussés à l'extrême. A ce sujet, il suffit de se référer au conte de l'araignée et Koffi Amévoin pour se rendre à l'évidence.

Dans ce conte, l'araignée qui est présentée comme un personnage d'une indicible misère, condamnée à trimer çà et là sans pour autant gagner son pain quotidien, découvre un trésor qui à la faculté de régénérer. Du coup, elle devient la créature, la plus riche qui soit.

Comme on peut s'en apercevoir, il s'agit d'hyperbole. Outre l'hyperbole qu'on retrouve dans la quasi-totalité des contes, les conteurs font usage de métonymie

dans le genre : « dekadjea ku srõa odzi evi eta a ama» (le jeune

homme et sa femme ont donné naissance à cinq têtes d'enfants).

Dans cette phrase, le nombre d'enfants est désigné par une partie du corps humain : la tête. Et donc pour dire cinq enfants, le conteur dit cinq têtes d'enfants dans le conte `'la teinturière et le pygmée».

Il arrive que des conteurs combinent une ou plusieurs figures de style. Ainsi toujours dans le conte `'la teinturière et le pygmée», on entend le conteur dire qu'ayant cherché des heures durant sa progéniture, le pygmée finit par la retrouver entre les mains de la teinturière. Cette dernière avait pris soin de coiffer le bébé pygmée. Ce qui déplut à mère pygmée à laquelle, le conteur, fait dire :

« Dzi evigne beda do etepe Ne mugni nene oa

Ma vou voun o »,

13 `` Oral tradition and african theatre» in la tradition orale, source de la littérature contemporaine en Afrique, Institut Culturel Africain, 1985.

(Je veux mon bébé avec ses cheveux bien en place. Sinon je te déchire). Dans la phrase «sinon je te déchire » on sent le souci de rendre perceptible la colère de mère pygmée et la cruauté du châtiment qu'elle entendait infliger à la teinturière. En faisant dire à son personnage « je vais te déchirer » le conteur compare implicitement la teinturière, à l'endroit de qui cette phrase est prononcée, à du papier ou à un pagne qui pourrait l'un comme l'autre être déchiré aisément. De plus, le choix du terme « déchirer » (quelque peu impropre) plutôt que dévorer exagère un peu le degré de cruauté du supplice. De ce fait nous osons croire que le conteur combine sciemment ou non les figures de style dans une seule et même phrase.

A cette liste non exhaustive des figures de rhétorique, il faudra ajouter les onomatopées dont se sert le conteur pour exprimer, certaines situations ou attitudes. Notamment le fait de pousser un soupir qui revient sous la forme de :

« Eso houm!».

Littéralement « il coupa hum » pour laisser entendre «il soupira ».Nous serions incomplets si nous n'évoquons pas les proverbes qui terminent les contes de façon artistique. Les proverbes qui sont une façon de dire en quelques mots ce qu'on dirait en cent. N'est-ce pas ce qu'entendait Yves Emmanuel DOGBE quand il disait du proverbe qu'il est « un art de dire en des termes voilés des paroles ou des recommandations qui ne sont pas destinées aux oreilles étrangères, indiscrètes ou profanes ; et l'on peut y déceler l'équivalent de toutes les figures rhétoriques européennes »14 Ainsi dans le conte de la teinturière et le pygmée (encore lui), lorsque la crise opposant les deux protagonistes (la teinturière et la pygmée) se dénoue, suite à l'intervention d'un fils de la teinturière, dont cette dernière n'espérait point de secours. Elle exprime alors son soulagement au travers d'un proverbe chanté. Le proverbe qui dit :

« toti mawo nude a

tona fufui kpode»,

(Le pilon n'a certes pas grande utilité. Mais il sert, au moins, à piler).

Le proverbe ici comme dans de nombreux contes reprend de façon concise et imagée la morale du conte.

Nous nous en voudrions énormément si nous ne disons pas un mot sur les personnages des contes avant de clore ce chapitre. Une chose est à signaler ou à rappeler : c'est que les personnages sont généralement présentés sous des traits exagérés. En outre, ils portent des noms évocateurs des situations et / ou de l'attitude qu'ils ont face à ces situations.

Lorsqu'il s'agit de personnages animaliers, ils portent les noms qui leur sont connus dans la vie courante. Dans les contes, ces noms sont attachés à des traits caractéristiques admis par tous dans la tradition. C'est le cas de Yévi l'araignée, qui est peinte sous les traits d'une créature à la fois malicieuse et prétentieuse. Bien souvent, elle se retrouve aux prises avec Azoui le lièvre. Ce dernier, lui apparaît comme le plus intelligent des créatures. Il est apte à déjouer les pièges de Yévi. Ces cas de figures sont tout aussi vieux que les contes eux - mêmes.

Quant aux personnages humains, ils portent des noms souvent choisis par les conteurs eux - mêmes. Nous citons en exemple Kofi Amévoin qui est présenté comme le frère consanguin de Yévi l'araignée. Amévoin, rappelons le, signifie «le mauvais». On dira donc Kofi le mauvais. Ce dernier, à qui Yévi montre les méthodes au travers desquelles il a fait fortune, se les approprie et les utilise par dévers son frère (Yévi). Et cela avec l'intention de se retrouver plus riche que Yévi. En cela, il (Kofi Amévoin) est mauvais aux yeux de la tradition qui veut qu'on «ne mange le plat des autres que sur leur invitation».

Autre exemple non moins évocateur est celui de « Adomefa », qu'on traduira par le bon. Le conte veut qu'Adomefa qui est l'unique enfant de sa mère décide d'aller en aventure avec deux frères consanguins. Ces derniers étant d'une même mère, la mère d'Adomefa lui interdit de les suivre. Face à l'insistance de son fils, la mère cède. Chemin faisant Adomefa est abandonné par ces frères qui, au préalable, le rendent aveugle. Devenu aveugle, le garçon apprend les vertus des plantes et se guérit.

Quand il rentre chez lui, des années plus tard il retrouve ses frères d'abord riches, ensuite pauvres puis aveugles et paralytiques. Adomefa, fait table rase du passé et guérit ses frères consanguins. Sa bonté fit de lui un herboriste - guérisseur riche et heureux. Comme on peut le déduire, l'onomastique n'est pas ignorée dans l'usage et l'adaptation radiophonique des contes qui relève tout compte fait de la littérature orale.

14 `` Misegli ou l'esthétique d'une création littéraire» in la littérature orale, source de la littérature contemporaine en Afrique, Institut Culturel Africain, N.E.A. Dakar,1985.

Faut - il rappeler que ces contes véhiculent les valeurs morales que la société guin entend transmettre à ses fils, de même que les croyances qui sont les siennes ?

Faut - il rappeler que les contes dont on abreuve les auditeurs dans cette tranche (émission) sont des récits vieux de plusieurs générations ?

Sans doute non. Il conviendrait plutôt d'insister sur le fait que de par leurs contenus, ces contes « exorcisent » les jeunes générations en leur indiquant le sort réservé aux méchants et le bonheur des justes et bons. En somme les récits présentés aux auditeurs sont un canal au travers duquel leur est transmis un enseignement traditionnel.

Serait - ce donc une aberration de soutenir que l'écoute des séances radiophonique de contes sont pour certains une distraction, pour d'autres une source à la quelle on s'abreuve du savoir des ancêtres, pour d'autres encore un cadre où s'opère une forme de catharsis sociale ?

Serait-ce une aberration de soutenir que les séances radiophoniques de contes recouvrent à elles seules les fonctions ludiques, didactiques et cathartiques dévolues à la littérature ?

Serait - ce une aberration de revendiquer pour la radio un effort de recherche littéraire voire une littérature ?

Encore une fois, nous en doutons. Il nous paraît certes évident que la rédaction des textes destinés à être écouté (pas lu) par les destinataires (auditeurs) est soumise aux rigueurs de la concision, de la simplicité et de la clarté. Cependant, le champ stylistique restreint qui lui est laissé se prête à l'éclosion d'une littérature.

Quand bien même, elle ne serait pas consignée de sorte que l'auditeur, à l'instar du lecteur, puisse revenir en arrière, comme dans un livre, pour approfondir sa compréhension, apprécier l'esthétique du texte.

Quand bien même, les animateurs ou les conteurs ne soient pas toujours auteurs des textes qu'ils présentent à l'antenne (c'est le cas notamment dans l'émission «les contes du soir »), on peut comme le journaliste américain Jean SHEPHERD considérer, «la radio comme un nouveau médium réservé à une nouvelle sorte de roman » où « le microphone (...) sert de plume et de papier ». Une nouvelle forme de roman où « l'auditoire et l'actualité (...) fournissent » les personnages, les situations, le ton à adopter. Et partant, poser le postulat d'une littérature radiophonique. Une littérature qui intègre le bruitage, la musique, le dialogue, la poésie, le théâtre,...

Peut - être, restera - t - il à définir les contours d'une telle littérature. Ce qui ne saurait se faire en perdant de vue qu'elle émane d'un média : la radio, qui reste avant tout un moyen de communication.

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a R.D.S. est, faut-il le rappeler, une entreprise de communication et de ce fait, elle tient compte de nombreux principes qui tiennent à la fois de la communication, mais aussi de la communication de masse. Ce sont ces principes qui retiennent notre attention dans le présent chapitre.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius