V-3-2- b L'espace public et l'opinion publique
Dans la conception de Louis QUERE, à qui nous
empruntons cette terminologie l'espace public serait «une scène
publique » où des acteurs, mais aussi des actions, des
événements ou des problèmes sociaux «accèdent
à la visibilité publique ». Or la R.D.S, nous
l'évoquions, sous prétexte d'être apolitique fait un
black-out total sur les questions sociales locales et nationales. Par
conséquent, elle détourne l'auditeur des questions qui le
préoccupent.
L'espace public donc, s'il existe pour l'auditeur de la R.D.S,
n'est pas ce cadre «délocalisé et multiple (...) où
chacun peut parler à d'autres et débattre des idées qui
préoccupent la communauté à laquelle il appartient ».
L'espace public que la radio Delta Santé crée serait ce cadre
où l'on `'cultive `' le jardin des autres plutôt que le
nôtre. Cet espace public détourne l'auditeur des questions
réelles qui préoccupent sa communauté (nous insistons) et
devient diversif. Ce qui signifie que si la R.D.S forme une opinion publique,
cette dernière est extravertie en ce sens qu'elle prend en compte des
considérations qui ne sont proches ni géographiquement ni
affectueusement des auditeurs. Car ne se rapprochant pas des ses
préoccupations immédiates. S'il en est ainsi, l'opinion publique
que forme la R.D.S. n'a pas toujours une approche rationnelle et critique des
problèmes qui influencent directement la vie quotidienne de la
communauté.
En somme, les impacts politiques de la R.D.S sont
négligeables. Ceci étant, quel pourrait être le visage de
la R.D.S au regard de ses prestations actuelles ?
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a grille des programmes, le service de l'information et
certains facteurs qui sont de l'ordre de la nécessité devront,
à notre sens, déterminer le visage futur de la R.D.S. Car,
à notre sens, il y a beaucoup de chose qui peuvent
être faite afin que la R.D.S. accomplisse au mieux la
mission qu'elle s'est assigné. Il lui faudra seulement en prendre
conscience.
VI- 1 Quef sera fe visage de fa ~adio Defta Sante ?
V/-1-1 La grille des programmes
La grille des programmes telle qu'elle se présente
aujourd'hui ne reflète aucunement la ligne éditoriale de la
station. Cette ligne ne transparaît que dans 10,26% de la grille des
programmes, soit pour une durée de six cent vingt-cinq minutes (625 mn)
dont quatre cent vingt (420) consacrées à la médecine
traditionnelle.
En outre l'expression de cette particularité qu'elle
s'attribue (faire la promotion de la santé et de l'environnement) se
fait de façon ennuyeuse et contradictoire. Ennuyeuse parce que
s'appuyant sur des tradithérapeutes se présentant tous comme des
généralistes, et abordant tous (ou presque) les mêmes
thèmes. La contradiction intervient dans la façon dont ces
thèmes sont abordés. Les manifestations des maladies sont
décrites de manières différentes voire contradictoires par
les tradithérapeutes et généralement de façon
empirique et non scientifique. Ainsi, il n'est pas rare pour un auditeur de
cette station d'entendre dire, sur les ondes de sa radio
préférée, que l'hémorroïde attaquerait les
yeux... Rappelons aussi que ces tradithérapeutes soutiennent mordicus :
« nous guérissons le sida, cette maladie ne se transmet
guère d'une mère enceinte à sa progéniture... Le
beurre de karité est une protection efficace contre le sida lorsqu'on
s'en sert comme lubrifiant avant l'acte sexuel ».
La contradiction souvent flagrante des propos de nos `'supers
médecins» joue sur la crédibilité du programme
santé de la radio. Ce programme, qui du reste, n'est crédible
qu'aux yeux de 47,37 % des auditeurs (sondage 1), est écouté par
54 % des auditeurs (sondage 2).
Dans l'ensemble, la grille des programmes est
appréciée par les auditeurs. En avril 2001, 65,79 % des auditeurs
appréciaient le programme. Un an plus tard (avril 2002), ce chiffre est
descendu à 60 %. On peut donc soutenir que la R.D.S propose une grille
des programmes acceptable pour ses auditeurs. C'est bien normal, pour des
populations qui ont une expérience, encore récente, de la radio
de proximité.
La baisse du taux d'appréciation de la grille des
programmes, elle, pourrait s'expliquer par l'augmentation du nombre de radios
dans la ville d'Aného et ses environs immédiats. Citons au
passage radio Lumière à Aného, La Voix de Vo à
Amégnran, La Citadelle à Vogan. Cette augmentation du nombre de
radios s'accompagne naturellement d'une diversification des méthodes
d'approches de l'auditeur, d'une diversité d'appréhension de la
communication radiophonique, d'un écart de qualité entre les
différentes grilles de programmes et par conséquent, d'une baisse
du taux d'écoute et du taux d'appréciation de la R.D.S
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