V-3-2 Les impacts politiques
Les impacts politiques de la R.D.S ne sauraient se mesurer
qu'au regard du type d'information qu'elle diffuse. Or, la R.D.S se
présente comme une station «apolitique ». Et paradoxalement
elle présente des journaux. Et pour donner quelles informations ? Pour
former quelle opinion publique et créer quel espace public ?
S'interroge-t-on.
V-3-2-a Communication ou mutisme coupable ?
Loin de revenir sur le fonctionnement de la rédaction,
nous essaierons de répondre à la question des informations
diffusées. Nous croyons l'avoir évoqué plus haut,
cependant, il nous semble important de le rappeler. La collecte de
l'information est pratiquement inexistante à la R.D.S. Les seules
sources d'informations de la station sont des radios étrangères
émettant en français et par conséquent, très
écoutées dans la sous région et même dans le bassin
de couverture la R.D.S. Ce sont la Radio France Internationale (R.F.I. avec
laquelle la Radio Delta Santé a un contrat de partenariat limité
au service magazine) et Africa n°1. A ces stations-radios, s'ajoutent des
agences de dépêches telle que l'Agence France Presse (A.F.P.) et
la Pana.
Les informations proposées aux auditeurs ne sont alors
pas forcement en adéquation avec les préoccupations
immédiates de ces derniers. Et donc pas
susceptibles de les intéresser. Ce manque
d'intérêt pour l'information diffusée est bien réel,
dans la mesure où la rédaction de ces sources d'information
consacre très peu d'espace au Togo dans leurs bulletins
d'information.
Pour illustration, le sondage effectué en avril 2001
donne 63,16% des auditeurs souhaitant d'autres types d'informations contre
5,26% qui s'estiment satisfaits et 31,58% qui sont sans avis. Dans le
même temps 47,37% de ces auditeurs pensent vraies les informations
diffusées ; 39,47% les trouvent à peu près justes et
13,16% sont sans avis. D'où des inquiétudes au sujet de la
crédibilité de la R.D.S.
En outre, le sondage 2, réalisé un an plus tard,
fait état de seulement 20% des auditeurs qui trouvent que le service de
l'information éclaire suffisamment la situation socio-politique du pays,
76% sont de l'avis contraire et 4% restent sans avis. Ici se pose avec
acuité la question de l'intérêt que les auditeurs portent
aux informations qui leur sont proposées. Surtout quand on sait que la
«loi de la proximité » en communication est aussi
appelée «loi du mort - kilomètre » et que cette seconde
appellation se traduit en ces termes : « pour les villageois, une personne
qui meurt dans le village revêt plus d'importance que cent ou mille
victimes d'un séisme sur un autre continent ou même dans un pays
proche ».
Radio Delta santé, nous ne le dirons jamais assez, est
et reste une radio de proximité. Mais paradoxe (encore !), la
sélection de l'information en plus d'être laissée à
la discrétion du journaliste, chargé de la présenter
s'opère au mépris de la règle de la proximité qui,
quoi qu'on dise, est la règle de base de sélection de
l'information et un critère professionnel universel.
Il ne pouvait en être autrement quand on se rend compte
que l'administration de la R.D.S. entend rentabiliser toutes les prestations de
la station, et donc voir dans tout reportage une source incontestable de
revenue. A cette attitude qui frise le marchandage, si çà ne
l'est pas, s'ajoute l'attribut «apolitique » dont la R.D.S.
s'embarrasse.
Résultat ? Les journalistes, adoptent un mutisme
coupable sur les questions sociales qui sont sans conteste les
préoccupations majeures de l'auditeur. Cela, plus par souci de ne point
enfreindre aux recommandations de l'administration que par prudence. Tant les
limites entre le social et le politique sont difficiles à
établir. Les informations diffusées restent alors muettes pour
l'auditeur quand sa radio de proximité lui parle de l'Afghanistan ou de
la Tchétchenie. D'où la question : l'espace public existe-t-il
pour l'auditeur de la R.D.S.?
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