IV-2-3 Le speakage, un acte de communication
La communication radiophonique se réalise au travers de
la parole. La conception du message (la phase de la rédaction)
étant une phase préparatoire de l'acte de communication ; la
communication devient effective lorsque par la prise de parole et la diction,
le speaker «s'approprie » la suite de signes (le message) et produit
un discours. C'est cette actualisation des signes linguistiques par la prise de
la parole et la production d'un discours que nous appelons speakage. Un
speakage qui se présente sous deux angles à la R.D.S :
L'angle discursif qui peut prendre la forme d'un dialogue (c'est
le cas des entretiens radiodiffusés) ou d'un monologue.
L'angle historique dans le cas des émissions
d'information.
IV-2 - 3 - a- Le speakage discursif
Le speakage discursif intervient dans les tranches «
santé pour tous », les interviews, les jeux radiophoniques...
Les tranches « santé pour tous » sont celles
réservées aux tradithérapeutes. Ces derniers, dans le
cadre de cette émission, se posent comme des sujets (individus) qui
s'adressent à d'autres sujets. L'émission prend alors la tournure
d'une causerie sur une ou plusieurs maladies avec l'intention de ressortir
l'aptitude des tradithérapeutes à les guérir. L'animateur
se substitue aux auditeurs et interroge le tradithérapeute, mieux il
oriente le discours de ce dernier. Le speakage discursif est empreint d'un
« je » qui s'adresse à plusieurs « tu ». La
présence de l'animateur est à proprement parler de la figuration.
En fait, le tradithérapeute, véritable émetteur prend en
charge le discours. Il prend position par rapport à la
probabilité ou à la certitude de ce qu'il dit. Puisque
après tout, il a intérêt à convaincre le patient qui
l'écoute en ce moment, de son aptitude à le soulager, s'il venait
suivre un traitement. Le speakage discursif à la Radio Delta
Santé revêt toutes les caractéristiques du marketing.
IV- 2-3- b - Le speakage historique
Il relève du domaine des programmes d'éducation et
surtout d'information. Le speaker a tendance à s'effacer au profit de ce
qu'il dit. Emile BENVENISTE dira :
« Les événements sont posés
comme ils se sont produits à mesure qu'ils apparaissent à
l'horizon de l'histoire. Personne ne parle ici »15.
Le speaker, loin de prendre position se démarque de ce
qu'il dit : il est distant vis-à-vis de son speech. Les
déictiques présents dans le speech sont : des noms, quelques fois
des adjectifs et pronoms démonstratifs, quelques adverbes et
locutions
mais aussi des indications du temps. La mission des speakers
ici, consiste à présenter les faits et les opinions des acteurs
de l'histoire. Mais pas la sienne. Ainsi, à l'instar de l'historien, le
speaker ne dira jamais «je» ni «tu».
En définitive, le speakage historique s'éloigne du
«je» du speaker pour mieux se rapprocher de l'auditeur -
récepteur.
Dans les deux cas, la personne du locuteur peut être
perceptible. Dans le premier cas, à travers la forte présence
explicite ou implicite de «je» émetteur d'abord. Ensuite
à travers l'intonation du speaker. Dans le second cas, la personne du
locuteur est perceptible au travers d'indices disséminés dans
l'intonation et de façon moins évidente.
C'est dire donc, que toutes les fois qu'il y a prise de
parole, le speaker - émetteur joue un rôle : celui d'engager une
communication. Dès lors, dans l'exécution de ce rôle il
s'ouvre aux auditeurs. Il leur livre ses intentions de communication et veut
produire sur eux un certain effet.
Encore faut-il préciser le type de communication que la
R.D.S instaure entre ses auditeurs et elle.
15 Problème de linguistique
générale 1, Emile BENVENISTE, Gallimard,
Paris, P.241
Fil- 3 Communication ou communication de masse
?
La R.D.S faut-il le rappeler est un média. Et comme tel,
elle fait de la communication. Mais à qui s'adresse-t-elle ?
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