IV - 2 - 1 La communication radiophonique
Elle s'appuie sur les facteurs énumérés plus
haut. Cependant la terminologie diffère quelque peu.
L'émetteur ici n'est autre que le
speaker, le journaliste ou le reporter. C'est le sujet parlant. Celui ou ceux
qui produisent le message envoyé aux auditeurs. Ces derniers
étant ceux à l'intention desquels le message est
envoyé en sont le récepteur.
Le message c'est ce que dit le speaker. Et dans le cas de la
R.D.S. ce qu'il dit, le speaker le dit soit en français ou en
éwé. Ces deux langues constituent les codes. Le
canal de la communication n'est autre que la radio (ondes
hertziennes). Quant au référent, et c'est le
plus important en communication radiophonique, ce sont les faits, les
réalités, les situations qui deviennent des sujets
d'émissions d'éducation, d'information ou de débat.
Ici, l'auditeur - récepteur, pour peu qu'il
décide d'écouter la radio, subit la communication. Il n'a ni les
moyens d'influencer le message dès que le processus de la communication
est enclenché, ni les moyens d'interrompre le speaker - émetteur
(puisque même quand il éteint son poste radio, le journaliste ne
s'arrête pas), ni les moyens de demander instantanément plus
d'explications, ni l'amener à reprendre
une partie qui lui a échappé... En cela, la
communication radiophonique se singularise des situations classiques de
communication. Le schéma de la communication n'en subit pas pour autant
des modifications.
SPEAKER
ACTUALITE, CULTURE EDUCATION, SANTE
RADIO DELTA SANTE
AUDITEUR
IV - 2 - 2 Le message Radiophonique
Tout message radiophonique procède de ce que Sophie
MOIRAND appelle «situations d'écrit ». Des situations de
communication qui font appel à des scripteurs qui écrivent pour
des lecteurs, la production et la réception ayant lieu à un
endroit, à un moment précis. Le message radiophonique est d'abord
un message écrit. Mais un message écrit pour être dit
plutôt que lu. Ne dit - on pas que l'écriture radiophonique est
une écriture pour l'oreille ?
La phase d'écriture n'est que la phase
préparatoire du message radiophonique. Ainsi le journaliste ou
l'animateur dans la préparation d'une émission commence à
se demander :
«A propos de quoi », mieux de quoi parlerais-je aux
auditeurs ?
« Pourquoi » voudrais - je leur en parler ?
Et c'est une fois les éléments de réponse
trouvés que le journaliste ou l'animateur commence à
écrire le texte qu'il va dire à l'antenne.
Le journaliste, est celui qui lit, mieux celui qui dit le
texte et l'auditeur est celui à l'intention de qui le message est
adressé : celui qui écoute pas celui qui lit. Le
speaker-émetteur s'approprie donc le signifiant graphique tandis que le
signifiant sonore devient «propriété » de l'auditeur -
récepteur. Le message radiophonique en fin de production est un message
sonore. Le message graphique ne sert que de repère au speaker -
émetteur.
Il n'empêche qu'au finish, le message soit emprunt d'une ou
de plusieurs des fonctions du langage.
La fonction référentielle.
Elle apparaît essentiellement dans le travail
effectué par la rédaction : le traitement de l'information. Ici,
c'est l'information telle qu'elle se présente. Le journaliste -
présentateur s'efface au profit de la situation, de la
réalité ou de l'opinion dont il parle.
Ainsi le samedi 15 juin 2002 au journal de 6h30mn, la R.D.S a
présenté cette information:
« En Cote d'Ivoire,
Les réactions se succèdent après la
décision de la commission électorale indépendante sur les
pièces requises pour voter aux prochaines régionales.
Après le Rassemblement Des Républicains
d'Alassane Dramane Ouattara, l'Union pour la Démocratie et la Paix en
Côte d'Ivoire (U.D.P.C.I) du général Robert
Guéï, exige la reconnaissance des documents ayant servi pour voter
lors des différents scrutins de l'an 2000 ».
Elvire AKO :
« La prise de position de l'U.D.P.C.I s'est faite lors d'une
conférence de presse, hier à Abidjan.
Le député Toikeuse MABRI, Secrétaire
Général de cette formation politique, a rappelé que les
opérations d'identification menées en 1999 ont permis de
délivrer à certains ivoiriens un récépissé
et que plusieurs autres attendaient ce récépissé.
Fort de ce constat, le député MABRI a
revendiqué au nom de son parti, la délivrance d'attestations
d'identité spéciales élections départementales ou
à défaut la reconnaissance des documents ayant servi lors des
différents scrutins de l'an 2000.
Cette prise de position de l'U.D.P.C.I fait suite à une
annonce de la commission électorale indépendante. Annonce selon
laquelle seules les nouvelles
cartes d'identité et les nouvelles attestations
d'identité seraient acceptées aux prochaines élections
régionales.
Cette prise de position intervient trois jours après
celle du R.D.R et quatre jours après le lancement d'une opération
d'identification censée doter les Ivoiriens de nouvelles cartes
d'identité et les étrangers de nouvelles cartes de séjour.
»
Les élections régionales sont prévues le 07
juillet prochain en Cote d'Ivoire ».
Comme on peut le constater, le texte présenté
aux auditeurs est exempt d'indice des locuteurs et interlocuteurs. Le
journaliste de pointe passe à, un certain moment, la parole à
quelqu'un d'autre pour des précisions sur l'information donnée.
Cela se perçoit aisément puisqu'il (le journaliste de pointe)
nomme : « Elvire AKO ». On dira qu'il la «lance». Mais le
lancement, tout comme le développement de l'information ne
présentent aucun indice qui puisse nous ramener à
l'émetteur ou au récepteur.
C'est la fonction la plus utilisée dans les journaux.
La fonction expressive
L'homme de radio y a recours dans les genres
rédactionnels dits majeurs. Ce sont notamment les commentaires, les
chroniques, les éditoriaux...Mais aussi les émissions
interactives où l'auditeur donne son point de vue sur une situation
donnée. C'est le cas dans l'émission
«enuake» ou l'auditeur se prononce sur un
fait de société. Il prend ainsi part à l'émission,
et il le fait en exaltant son «ego ». C'est aussi le cas dans
l'émission EVASION, la tranche des poètes dont nous parlions plus
haut.
La fonction impressive
C'est celle de la quasi - totalité des messages
radiodiffusés. Pour s'en convaincre, il faudra se référer
aux questions qui président au choix des sujets abordés et
à l'angle de traitement de ces sujets :
- Que dois-je dire ?
- Pourquoi veux-je le dire ?
- Comment dois-je le dire ?
La première question se contente de délimiter le
champ du sujet, tandis que la deuxième définit les motivations de
ce choix. Et partant les objectifs ciblés par l'émetteur. Quant
à la troisième question, elle précise la manière
dont l'énoncé devra
se présenter aux auditeurs - récepteurs afin que
les objectifs préalablement définis soient atteints.
Comme on peut le constater, tout message destiné
à la radiodiffusion est conçu à partir d'objectifs
prédéterminés. Aussi, dans la conception du message
radiophonique, la rédaction use-t-elle des ressources langagières
et sonores (bruitage) à sa portée pour atteindre ces
objectifs.
Il est évident que cette fonction n'apparaît pas
toujours de façon explicite sous la forme de l'impératif qui
connote un ordre à exécuter. Mais il n'est pas moins
évident que le message radiophonique s'efforce de convaincre l'auditeur
- récepteur et l'amener à adopter une certaine attitude.
Cela est vrai pour les jingles :
« Soyez ambitieux ! Ecoutez, Radio Delta Santé.
»
Ce jingle présente l'écoute de la radio delta
santé comme une question de goût, mieux de prestige et
d'ambition.
Cela est vrai pour les spots publicitaires :
« En Afrique, le paludisme tue un enfant sur trois et
beaucoup de femmes et de future mère.
Le paludisme est une maladie grave.
Elle se transmet uniquement par la piqûre du moustique,
surtout la nuit. Il est primordial de se protéger pour éviter
d'être contaminé
Parce que la vie de votre enfant et celle de sa mère sont
plus importantes que tout, Nous avons créé la moustiquaire
Séréna.
La moustiquaire Séréna est imprégnée
d'un insecticide inoffensif pour vous Et toute votre famille.
Elle constitue une véritable barrière contre les
moustiques
Et reste efficace très longtemps.
Moustiquaire imprégnée Séréna,
La moustiquaire des nuits tranquilles ».
Ce texte qui est celui d'un spot publicitaire, s'appuie sur
une vérité scientifique pour déboucher sur
l'évidence du besoin de se protéger contre les moustiques.
L'expression de cette évidence occupe près de la moitié du
texte, qui lui-même ne fait pas penser au prime abord à une
publicité. Puis, la moustiquaire est évoquée une
première fois de façon furtive. Ensuite, le texte attire
l'attention sur les caractéristiques de cette moustiquaire avant d'en
donner le nom (séréna) et finit par en faire la moustiquaire des
nuits tranquilles.
Le texte tel qu'il est conçu évite d'appeler
ouvertement à l'utilisation de la moustiquaire Séréna.
Toutefois, sa conception, l'intonation qui sert à le déclamer, la
voix utilisée pour le déclamer (une voix de femme), sont autant
d'éléments qui concourent à inciter à l'utilisation
de cette moustiquaire sans jamais dire «utilisez la moustiquaire
Séréna ».
Cela est vrai pour les avis et communiqués.
Cela est aussi vrai pour le journal parlé...
Dans ce dernier cas l'auditeur - récepteur croit
«s'informer » de la situation socio - politique et économique
de son pays, de son continent ou du monde. Mais à la question
«pourquoi s'informe-t-il ? », Il ne sait quoi répondre.
Peut-être ne se l'est- il jamais demandé ?
En réalité, l'information n'est diffusée
que dans le dessein d'éclairer des situations socio-politiques et
économiques. Mais pas de façon fortuite. La démarche, ici,
vise à permettre aux citoyens de se faire une idée des acteurs
socio-politiques afin d'identifier ceux dont ils partagent les points de vue.
Et partant identifier ceux capables, aux yeux des citoyens, de promouvoir les
solutions pour lesquelles ils penchent.
La fonction de contact
Elle est assurée par les génériques et
les virgules. Les génériques sont des identifiants sonores qui
permettent aux auditeurs - récepteurs de reconnaître leurs
émissions préférées. Ils ouvrent et ferment les
tranches. Quant aux virgules, ce sont des sonals qui permettent aux
journalistes d'observer une très brève pause, en gardant le
contact, avant de passer à une autre information ou une autre partie de
l'émission en cours.
Génériques et virgules viennent en appui aux
interjections et autres expressions sans contenu informatif. Toutefois, il est
important de souligner que, le générique peut être porteur
de sens. Il peut signifier par exemple «telle émission
s'achève et telle autre va commencer dans les secondes qui suivent
». Il ne s'agit pas pour autant de nier la fonction de contact du
générique puisque après tout il sert aussi de virgule
à l'intérieur d'émission.
La fonction métalinguistique
Elle caractérise l'essentiel des textes
présentés dans certaines émissions comme «le
dictionnaire RFI », une émission du service magazine de la Radio
France Internationale rediffusée sous forme de rubrique dans le
réveil matinal. Il s'agit d'une émission de définition de
mots et de termes regroupés par champ lexical ou secteurs
d'activités ou de recherches.
La fonction poétique
On la retrouve à des degrés divers dans toutes
les émissions. Cependant, elle est prépondérante, dans les
contes et l'émission « évasion » dont nous parlions
plus haut, mais aussi dans les spots publicitaires et les jingles. Le texte
suivant en est fort éloquent :
« Une bise de soleil brûlant,
Une caresse de sable chaud,
Et le flot musical le plus doux de la bande F.M. »
Il s'agit là, d'un texte de jingle. Dans ce texte, on
perçoit une certaine musicalité. En effet, les deux premiers vers
présentent chacun, deux groupes rythmiques de quatre syllabes. Quant au
troisième vers, il offre trois groupes rythmiques de trois syllabes et
un autre de six syllabes. De plus, le texte use des champs lexicaux qui
produisent des images dans l'esprit des auditeurs-récepteurs. Notamment
ceux de la plage (soleil, sable chaud, flot) et de l'amour (bise, caresse).
Ces fonctions qui sont celles dévolues au langage se
retrouvent toutes dans les textes radiophoniques diffusés sur les ondes
de la R.D.S.
|