EMOTION
SENSATION
CRISE
SOMATISATION
DRAMATISATION
CHANGEMENT
La sensation
La personne en difficulté a la plupart du temps une vision
ambigüe et un ressenti indéfinissable de sa souffrance.
Elle porte toute la misère du monde et ne peut l'expliquer
avec précision, elle est dans le flou.
Dans les groupes de paroles il faut qu'elle arrive à
mettre des mots sur sa souffrance afin de passer de la sensation (notion floue)
à l'émotion (notion plus précise).
Ce qui lui permettra de ne pas dramatiser sa
souffrance ou somatiser une autre pathologie.
L'émotion
Grâce à la parole, la personne peut mettre un nom
sur sa souffrance, ce qui lui permet d'accéder à la
pensée.
On ne peut pas correctement penser ce que l'on ne peut nommer.
La pensée
La pensée guide nos actes.
Grâce à l'écoute d'autres vécus, la
personne pourra transformer ses pensées limitantes en pensées
positives. Cette démarche lui permettra de prendre conscience de son
état et d'acquérir d'autres cartes cognitives, de nourrir son
inconscient, ce qui lui ouvrira le chemin du changement.
Parler de son addiction, sortir de son émotion,
paraît très difficile pour une personne en souffrance. Le produit
est comme un masque, une carapace, derrière lequel il se protège.
En parler c'est le faire tomber : la personne aura l'impression de se
sentir « nue ». Côtoyer des personnes auxquelles le
malade peut s'identifier et qui ne craignent pas de parler de leur
émotion, « de se déshabiller » peut
grandement aider les nouveaux à « se
déboutonner ».
En revanche, les personnes qui rationalisent ou radicalisent,
c'est-à-dire, qui sortent de la crise ou passent d'une addiction
à l'abstinence, sans passer par la pensée, prennent un
cheminement qui les conduit, après une période euphorique et une
abstinence douloureuse, triste ou de doute, vers une reprise du produit
La thérapie communautaire -
intégrative
Pourquoi thérapie - pourquoi communautaire -
pourquoi intégrative
a) Thérapie
L'origine de ce mot nous vient du Grecque ancien
« therapia » qui signifie être chaleureux accueillir,
surveiller, servir, prendre soin. Le thérapeute n'est pas celui qui
soigne mais celui qui écoute, s'occupe et prend soin des autres.
- Ther - thalm : être chaud - Ther : prendre
soin, accueillir
- Thermos : chaud - Etheirô : peigner
- Theraps : qui prend soin - Thérapeute : qui
prend soin
b) Communautaire
Vient du mot communauté qui est lui-même
constitué de l'assemblage de deux mots, commun et unité.
« Qu'est ce qui nous unit, qu'avons-nous en
commun ? »
C'est ce questionnement qui est le principe de base du
fonctionnement d'un groupe de paroles en thérapie communautaire.
Au delà de leur souffrance c'est la recherche de solutions
et la volonté de résoudre leurs difficultés qui les
réunit.
En thérapie communautaire la richesse de la
communauté réside dans la différence des membres qui la
composent. (Chacun est riche de ce que l'autre est pauvre).
Toute culture, tout savoir, toute expression doit être
valorisée. L'acceptation de cette diversité génère
cohésion et appartenance
« si tu diffères de moi, loin de me léser
tu m'enrichis » St.Exupéry.
Ainsi l'espace communautaire devient un bouclier, une protection
contre la menace de fragmentation sociale, porteuse d'incompréhension,
de souffrance et de dérive.
c) Intégrative
La thérapie communautaire intégrative se
considère comme une pratique alternative à d'autres que nous ne
jugerons inefficaces ou dépassées.
Elle ne se situe pas en compétition avec d'autres
méthodes de soins ou d'autres pratiques thérapeutiques. Elle ne
rejette pas les autres formes de savoir détenus par les psychiatres,
psychologues, médecins, ostéopathes, éducateurs
spécialisés ou bénévoles d'associations.
Elle se place en complémentarité d'acteurs venus
d'horizons différents. Elle offre des espaces d'écoute de paroles
et de liens, elle accueille la souffrance sans prétendre soigner la
pathologie.
Les espaces de paroles, d'écoutes et de
liens
Venue du Brésil, la thérapie communautaire
intégrative est une pratique, basée sur une approche
systémique et anthropologique, qui a débouché sur la mise
au point d'un modèle d'intervention structuré, qu'en France nous
nommons Espaces de paroles, d'écoutes et de liens.
Les espaces
Contrairement à un groupe constitué une fois pour
toutes, avec toujours les mêmes personnes, donc fermé aux autres,
les espaces de paroles d'écoutes et de liens se veulent ouverts,
gratuits et où y vient qui veut, quand il le veut.
La parole
Mettre des mots sur nos maux.
Verbaliser sa souffrance c'est commencer à se
guérir.
Quand la bouche se tait, les organes parlent.
Quand la bouche parle, les organes se taisent.
L'écoute
Permet à celui qui écoute de s'enrichir, de devenir
acteur de son changement, d'avoir une autre lecture des éléments
qui l'ont fait souffrir, de regarder au-delà de ses propres
expériences.
Se sentir écouté, conforte et restaure son
égo .
L'estime de soi est le moteur du changement.
Le Lien
Partager la souffrance la fait paraître moins lourde.
La création de liens atténue l'isolement et
renforce les sentiments d'appartenance.
(L'homme n'est pas fait pour vivre seul)
La thérapie communautaire
intégrative c'est quoi ?
C'est un espace où l'on cherche à partager les
expériences de vie et les apprentissages d'une façon horizontale
et circulaire. Chacun devient thérapeute de lui-même, à
partir de l'écoute des histoires de vie qui y sont relatées. Tout
le monde devient co-responsable dans la recherche de solutions et dans la
résolution des conflits du quotidien et ce dans une ambiance
accueillante et chaleureuse.
C'est un moment de transformation du chaos, de la crise, de la
souffrance en kayros, espace où chacun réorganise son discours et
redonne un sens à sa souffrance en s'ouvrant à une autre lecture
des éléments qui l'ont fait souffrir.
C'est la possibilité à transformer la souffrance en
croissance et les manques en compétences qui font de la thérapie
communautaire un espace exceptionnel.
La thérapie communautaire
intégrative ça sert à quoi ?
Une approche de santé communautaire
La thérapie communautaire est pratiquée dans
différents contextes, auprès de diverses populations, en
particulier celles qui forment la grande masse des exclus, des
marginalisés sociaux.
En addictologie, passer d'une dépendance à un choix
de vie sans produit psycho-actif, sortir d'un comportement addictif, est un
long chemin au long duquel les séances de thérapies
communautaires ont une action prépondérante quelque soit
l'étape dans laquelle se trouve la personne dépendante.
- Motivation
- Prise de conscience
- Acceptation de la maladie
- Acceptation des soins
- Renforcement de l'abstinence
Pour engendrer un changement de comportement chez une personne
dépendante, il est indispensable de travailler sur les
représentations, sur la relation qu'entretient cette personne avec un
produit et/ou un comportement, mais aussi sur son entourage direct ou indirect.
« L'homme n'évolue qu'en rapport de
son environnement »
Cette maxime met en relief l'importance que peut avoir
l'entourage sur le malade, sur la maladie, sur le produit. Son attente, son
bénéfice sont diamétralement opposés aux ressentis
de la personne en souffrance. Ce contexte engendre de leur part
incompréhension, jugement négatif, rejet, ce qui renforce chez la
personne dépendante les notions de culpabilité, d'abandon et de
déni, ce qui rend aléatoire le désir de changement.
Recréer les liens, redonner toute sa place à la
parole est l'essence même du travail en thérapie communautaire.
En addictologie plus que dans toute autre maladie, les facteurs
qui caractérisent le comportement d'une personne dépendante sont
l'isolement et le manque de communication. C'est dans ce vide relationnel que
la thérapie communautaire en redonnant la parole et un sentiment
d'appartenance trouve son utilité.
Son mode de fonctionnement permet d'aborder la souffrance de
façon globale et ce grâce à la diversité des
membres qui compose le groupe. En privilégiant la mixité
(entourage et malades) on peut agir sur le contexte ayant conduit à
l'addiction.
Dans notre société, toujours plus individualiste,
privative, et/ou la notion de la rentabilité rend conflictuelle, la
thérapie communautaire se propose d'être une technique de
renforcement des relations humaines dans la construction d'un réseau
social.
Les groupes de paroles agissent là où la famille et
la politique sociale ont échoué.
La solution est à l'intérieur du groupe, dans ses
interactions, dans les identifications à l'autre et dans le respect des
différences.
Caractéristiques et objectifs de la
thérapie
communautaire interactive
A) Caractéristiques
La thérapie communautaire présente trois
caractéristiques de base.
1) La discussion et la réalisation d'un travail de
santé mentale préventive et curative, cherchant à engager
tous les acteurs professionnels sociaux et culturels.
2) Favoriser la formation et le travail en groupe (hommes,
femmes, jeunes, personnes du 3ème âge) pour qu'ensemble
ils cherchent les solutions à leurs problèmes quotidiens et
puissent fonctionner comme bouclier, protection constituant un facteur
d'intégration social.
3) La création d'une conscience sociale afin que les
individus puissent découvrir leur potentialité transformatrice.
B) Objectifs
La thérapie communautaire poursuit les
objectifs suivants :
1) Renforcer la dynamique interne de chaque individu pour que
celui-ci puisse découvrir ses valeurs, ses potentialités afin
devenir plus autonome, moins dépendant.
2) Renforcer l'auto estime individuelle et collective,
3) Redécouvrir et renforcer la confiance de chaque
individu en sa capacité à évoluer et à se
développer en tant que personne ; ne plus être spectateur
mais acteur de son changement.
4) Valoriser le rôle de l'entourage et du réseau de
relations que la personne a établi dans son milieu.
5) Favoriser le développement communautaire en
prévenant et combattant les situations de désintégration
sociale concernant des personnes ou des familles en restaurant et
renforçant les liens sociaux.
6) Promouvoir et valoriser les institutions et pratiques
traditionnelles qui sont porteuses de savoir faire mais aussi gardiennes de
l'identité culturelle.
7) Rendre possible la communication entre les différents
savoirs (savoir populaire et savoir scientifique).
8) Stimuler la participation comme élément
essentiel pour dynamiser les relations sociales en promouvant la
conscientisation et la stimulation du groupe à travers le dialogue et la
réflexion à prendre des initiatives et à devenir l'agent
de sa propre transformation
Les groupes de paroles d'écoutes et de liens en
thérapie communautaire offrent un espace d'expression qui permet aux
personnes en souffrance de se retrouver.
Le groupe devient un support, un appui, permettant à
beaucoup de se nourrir de ce qui est échangé.
La création de liens sociaux et interpersonnels renforce
le sentiment d'appartenance.
Les modes d'abords
thérapeutiques
1) Les divers chemins du savoir
Nombreux sont les chemins qui conduisent à la connaissance
et à la compétence.
La principale voie est celle des écoles, des
universités et des structures d'enseignement. Ces institutions
détiennent le savoir, assurent la formation avec leurs diplômes,
leurs titres, leurs théories.
Une autre source de savoir est l'expérience personnelle,
acquise par les individus et les groupes sociaux, tout au long de leurs vies.
Ces compétences sont transmises de génération en
génération par voie orale (j'ai entendu dire, j'ai vu faire).
Si l'université attribue un diplôme qui
légitime une identité professionnelle et garantit un salaire, les
actions réparatrices apprises à l'école de la vie
procurent un gain affectif.
La thérapie communautaire s'appuie sur les
compétences, les savoirs, produits par l'expérience, elle doit
susciter une dynamique rendant possible le partage des ressources en
créant un réseau de soutien pour ceux qui souffrent sans ignorer
ni rejeter les autres formes de savoir.
La perception que l'on a du monde définit notre
conduite, explique notre attitude, nos actions
2) Les pratiques du soignant
Nous pouvons repérer deux lignes d'action qui
déterminent la pratique des soignants
Le modèle, sauveur de la patrie, et le modèle
co-participatif.
a) Le modèle sauveur de la
patrie
Le monde occidental est imprégné de cette vision
qui privilégie ce qui ne marche pas. C'est notre héritage
judéo-chrétien.
Le bien, le mal, le paradis, l'enfer, le blanc le noir, mais dans
la vie tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir.
On corrige nos enfants à chaque fois qu'ils se trompent,
il est rare qu'on les félicite quand ils agissent correctement. Un autre
exemple, l'apprentissage des médecins les forme à chercher
minutieusement ce qui dysfonctionne chez une personne, mais rarement l'accent
est mis sur les atouts personnels ou familiaux du patient.
Valoriser les aspects négatifs procure un sentiment
d'incapacité, d'insécurité qui pousse l'individu à
chercher une personne, considérée comme spécialiste et
toute puissante (le sauveur) en oubliant dans sa souffrance qu'il porte en lui
ses propres solutions.
Ce mode de fonctionnement favorise l'émergence de ceux qui
multiplient les conseils, les serments et qui cherchent à changer
l'autre.
« Personne ne change
personne »
b) Modèle Co-participatif
Ce modèle s'appuie sur la compétence des personnes.
Dans la thérapie communautaire chaque personne est
appelée à participer, à parler de son expérience,
sans chercher à se mettre en avant comme sauveur, sans chercher à
être le docteur qui sait tout. Chaque personne a une expérience de
vie et doit être sollicitée pour se sentir co-responsable face aux
souffrances de l'autre.
En thérapie communautaire on travaille sur la souffrance
et non sur la maladie.
Il est important de connaître ses limites afin de savoir
adresser, si les besoins s'en font sentir, les personnes aux
spécialistes
Comparaison entre modèle « saveur de
l'Humanité « et le modèle
systémique
Modèle « sauveur de
l'humanité » Modèle systémique
(Co-participatif)
Basé sur : la faute Basé sur : la
compétence de chaque personne
le négatif Ne cherche pas à identifier les
faiblesses et les
le manque manques.
Génère un sentiment d'insécurité
et
de culpabilité
Recherche d'un docteur Favorise la circulation de
l'information
« sauveur » Suscite la
coresponsabilité
« gourou »
le seul capable de sauver et libérer du mal. Fait
émerger les innovations et les autos solutions
tant personnelles que collectives.
Conséquences
Conséquences
Chacun désir faire changer, soigner l'autre. Chacun
cherche à changer lui-même et non l'autre.
L'information est concentré dans les mains L'information
vient du groupe
d'une seule personne et circule à l'intérieur de
celui-ci.
La solution vient de l'extérieur et seul le Chacun est
partie du problème et partie de la
« sauveur » la possède. Solution.
Ce modèle génère la dépendance et
nourrit Le positif, l'autonomie et la coresponsabilité
le « sauveur ». sont valorisés.
DE POUR
Sauveur de la
patrie--------------------------------------------solutions participatives
Carences/déficiences------------------------------------------compétences/potentialité
Unique/centré sur un
seul-------------------------------------communautaire
L'autre est un objet
passif-------------------------------------l'autre est un partenaire actif
La solution vient
d'ailleurs-------------------------------------la solution vient du groupe
Engendrer la
dépendance-------------------------------------susciter la
coresponsabilité
Méfiance en
l'autre----------------------------------------------foi dans les
capacités de l'autre
Clientélisme-------------------------------------------------------citoyenneté
Le thérapeute
communautaire
Comment le choisir, quel est son profil, quel est son
rôle
a) Comment le choisir
Le choix du thérapeute communautaire est une étape
importante, elle doit s'appuyer sur quelques paramètres garantissant la
réalisation d'un bon travail.
Les motivations peuvent naître lors des conférences
de sensibilisation ouvertes au public pour présenter la thérapie
communautaire. Nous suggérons à cette occasion de convier les
représentants des ONG, les leaders civils, les professionnels de
santé, du service social et de l'éducation.
La sélection peut être effectuée lors des
groupes de paroles, le choix du thérapeute n'en sera que plus facile. De
plus il est bon de choisir 2 ou 3 personnes de la même institution pour
constituer une équipe de thérapie communautaire
intégrative.
b) Son profil
Il n'est exigé aucun diplôme antérieur, le
plus important est que la personne soit désireuse d'acquérir les
connaissances lui permettant de participer au mieux au travail
élaboré en groupe. II doit :
Avoir l'esprit ouvert pour participer à un travail sur soi
émotionnel, physique et psychique.
Bien se connaître et accepter de remettre en question des
schémas de pensée pour permettre une évolution personnelle
et professionnelle.
Ne pas être immature ni psychorigide, bardé de
certitudes.
Ne pas être une personne avec des situations
déstabilisantes : problèmes non résolus avec un
minimum d'équilibre émotionnel.
Connaître les activités développées
par des Municipalités afin que les groupes de thérapie
communautaire s'appuient sur ce qui existe pour ne pas fonctionner de
façon isolée, coupé des autres actions.
c) Son rôle
Contraire d'un leader d'un parti, d'une corporation ou d'une
secte, le thérapeute communautaire doit être au service de la
dynamique du groupe et non l'inverse, ce qui serait de mettre le groupe au
service de sa dynamique personnelle, vouloir s'épanouir, réaliser
ou entreprendre tout seul.
Il doit être conscient des objectifs et des limites de ses
interventions. Le thérapeute communautaire ne doit pas prendre le
rôle des spécialistes (psychologue ou psychiatre) en faisant des
interprétations ou analyses.
Il doit travailler avec la compétence des personnes en
cherchant à travers leurs questions à mettre en évidence
le savoir produit par le vécu de l'autre.
Le thérapeute communautaire doit agir comme un chef
d'orchestre, en faisant en sorte que tous les musiciens utilisent bien leurs
instruments.
Il doit créer et développer une dynamique
interactive marquée par la verbalisation et intervenir comme un
communicateur préoccupé de clarifier les messages et expliciter
les non-dits.
Les outils du thérapeute
communautaire
1) La théorie de communication
2) La pensée systémique
3) L'écoute active
4) Question ouverte
5) La reformulation
6) La pédagogie
7) L'empathie
8) Le mimétisme
9) La culture
10) La résilience
1) La théorie de communication
Communiquer vient du Latin « communicare » ce
qui veut dire commun, qui appartient à tous.
Il y a communication chaque fois qu'un organisme quelconque et un
organe vivant en particulier peut affecter un autre organe en le modifiant ou
en modifiant son action à partir de la transmission d'une information
que ce soit de manière verbale ou non-verbale.
La communication est un échange de signes, de symboles qui
met en jeu des rapports d'influences, des mouvements affectifs entre les
personnes à l'intérieur d'un groupe de paroles.
La parole est un acte destiné à l'autre.
« On ne peut pas ne pas communiquer »
(WATZLAWICK, 1979).
Communiquer c'est surtout chercher à avoir conscience
d'exister et d'appartenir à un groupe.
2) La pensée systémique
Un élément est dans le tout et tout est dans
l'élément.
Dans les groupes de paroles, les personnes
inter-réagissent dès qu'elles sont en présence, et
communiquent de façon interactive et systémique.
Pour Edgar MORIN la première leçon de
systémique est : « le tout est plus fort que la somme des
parties »
Ce mouvement de pensée est symbolisé par
l'école de Palo ALDO, illustré par les travaux de BATESON,
WATZLAWICK, HALL, GOFFMAN, etc.
« Je suis partie du problème et partie de la
solution »
3) L'écoute active
« En parlant tu plais quelquefois, en écoutant
tu plais toujours ».
Etre disponible cela permet de :
- mieux comprendre l'interlocuteur
- décoder les messages
- clarifier les phrases ambigües
- reconstituer ce qui n'est pas formulé (les non-dits)
- passer du niveau exprimé au réellement
vécu de l'interlocuteur.
- bien écouter l'autre c'est travailler sur l'estime qu'il
a de soi (on m'écoute, j'existe)
4) Questions ouvertes
Toujours poser des questions qui permettent à
l'interlocuteur de pouvoir développer sa pensée et qu'il lui soit
impossible de répondre uniquement par oui ou par non.
Eviter le pourquoi (le pourquoi bloque le comment-ouvre) :
derrière le pourquoi, il y a presque toujours une notion de jugement.
5) La reformulation
Elle constitue l'outil privilégié du
thérapeute communautaire, c'est une aide pour soi-même dans la
compréhension de l'autre. Elle permet de vérifier si on est en
phase avec l'autre.
Elle agit sur 3 niveaux :
- Le contenu manifeste (ce qui est dit explicitement)
- Le contenu latent (les sous-entendus)
- Le comportement non-verbal (ce qui est dit par les postures,le
ton etc.)
Il faut impérativement que l'interlocuteur se reconnaisse
dans la reformulation (oui c'est ce que je pense, ce que j'ai dit, ce que je
ressens).
Se sentir écouté, compris, permet de restaurer
l'estime de soi. (L'estime de soi est le moteur du changement)
Il faut éviter que la reformulation ne devienne :
- Un outil de manipulation
- Un outil de pouvoir
- Un mécanisme de défense
- Un mécanisme de fuite
6) La pédagogie
Tout processus éducatif est à double facette Nous
enseignons, nous apprenons.
Bien que le thérapeute communautaire ne soit pas celui qui
sait, celui qui enseigne, il doit posséder quelques notions de
pédagogie, ne serait-ce que dans sa façon d'être (le
non-verbal) : « on n'enseigne pas ce que l'on sait ou ce que
l'on croit savoir, on enseigne et ne peut enseigner que ce que l'on
est » Jean Jaurès.
Tout changement de comportement, changement d'habitude, implique
obligatoirement un réapprentissage.
Dans les groupes de thérapie communautaire c'est le
récit de l'autre qui est source d'apprentissage. La pédagogie qui
inspire la thérapie communautaire est fondée sur les travaux de
Paulo FREIRE, pédagogue Brésilien qui s'est
intéressé à l'alphabétisation des paysans Indiens,
et dont l'ouvrage le plus commun en France est « la pédagogie
de l'opprimé ». Cette approche postule que
« enseigner n'est pas transférer des connaissances, mais
créer la possibilité de sa production ou de sa construction.
Enseigner exige le respect des savoirs des élèves, exige une
attitude critique, la reconnaissance et la mise en valeur de l'identité
culturelle, et favorise questionnement et curiosité.
7) L'empathie
Le concept d'empathie a surtout été utilisé
aux Etats-Unis des 1935 par des psychologues sociaux, des sociologues, des
psychiatres,
ll est issu de l'Einfühlung du philosophe Allemand Th. LIPPS
(1851 - 1914).
Selon lui :
« Seul peut comprendre autrui dans sa
sensibilité profonde celui qui est touché par ce qu'il a
découvert dans l'autre).
Pour cela il faut que le thérapeute communautaire puisse
se décentrer c'est-à-dire prendre de la distance par rapport
à lui-même, percevoir le cadre de référence de
l'autre, comprendre sa souffrance sans se l'approprier.
8) Le mimétisme
Si l'évolution de l'homme est régie par des
fonctions innées, (respiration, digestion) qui sont du domaine de
l'inconscient, son développement dépend surtout de fonctions
acquises.
Comme son lointain cousin le singe, l'homme possède un
fabuleux don d'imitation auquel il faut ajouter la créativité et
la capacité de représenter et d'analyser ses actes.
Copier est la meilleure façon d'apprendre.
Le thème de « mimésis » a
déjà été exprimé par ARISTOTE :
« Une tendance naturelle de l'homme, non seulement de
reproduire, mais aussi d'avoir recours à ses représentations dans
ses apprentissages et une tendance avoir du plaisir aux
représentations. »
Notre société passe pour évoluer parce
qu'elle a su porter l'imitation à son plus haut niveau d'expression.
Côtoyer dans les groupes de paroles des personnes qui ont
su dépasser leur souffrance peut par mimétisme influencer le
comportement de l'individu, renforcer la motivation qui mène au
changement. Un mot, un geste peut faire la différence entre
l'échec et le succès.
9) Anthropologie culturelle
La culture fédère, rassemble les hommes qui la
partagent.
La culture représente l'ensemble de valeurs, de
représentations, de mythes et de symboles acceptés par un
ensemble d'individus. Cet ensemble représente un facteur de
reconnaissance qui facilite les relations et la cohésion d'un groupe
:
dans les réunions interculturelles, les différences
sont souvent sources d'incompréhensions et de conflits
La culture est un ensemble de représentations communes qui
acceptée confère à l'homme un sentiment d'appartenance.
La thérapie communautaire en restaurant les valeurs
culturelles d'un groupe social et les liens sociaux et interpersonnels qui
unissent, renforce le sentiment d'appartenance à l'humanité.
« Un homme sans culture est comme un
arbre sans racine. »
Exemple : Une amie thérapeute communautaire animait
un groupe de paroles dans la banlieue lyonnaise auprès de femmes en
difficulté, (toxicomanes, prostituées etc.) toutes issues de
l'immigration et d'origine africaine. Par une belle journée elle eut
l'idée de faire sortir son groupe de paroles et d'assoir tout le monde
en tailleur sur l'herbe autour d'un arbre. Elle m'a dit : « je
n'ai jamais vu un groupe aussi interactif, aussi riche ».
En les rassemblant autour de l'arbre, elle les avait tout
simplement rapprochées de leur culture.
La culture est « la pierre angulaire » de
notre identité. Le « qui je suis » passe par
« ce en quoi je crois, ce que je mange, comment je marche, comment je
parle, comment je m'habille..... »
10) La résilience
Quand le manque génère la compétence
Est résiliente, la personne qui comme l'huitre a la
capacité de transformer en perle le gravier qui l'a blessée dans
sa chair.
Chaque être humain possède les moyens dont il a
besoin pour faire face aux situations qu'il rencontre.
Nos états internes sont liés à nos croyances
et à nos processus mentaux. La personne en souffrance, aidée par
la culpabilité, la honte et l'isolement, s'enferme dans un schéma
de pensées négatives (je suis bon à rien, je n'y
arriverai pas).
Dans les groupes de paroles l'effet miroir (l'écoute
d'autres vécus) permet à la personne de prendre conscience en
modifiant ses croyances limitatives ce qui renforce sa résilience (il a
réussi, pourquoi pas moi ?).
La formation du thérapeute
communautaire
Il s'agit d'un enseignement de type formation professionnelle,
donnant accès à un diplôme. Cette formation comprend
obligatoirement 2 sessions de 4 jours à un an d'intervalle chacun, 80
séances d'animations comme thérapeute ou co-thérapeute et
60 heures d'intervision et supervision, soit 8 journées à raison
de 4 par an.
Durant toute la formation les futurs thérapeutes
communautaires sont accompagnés par une équipe composée de
psychologues, de psychiatres et d'éducateurs spécialisés.
Cette formation est adaptable aux problèmes de dépendance.
NIVEAU I
a) Objectifs
- Permettre à chaque participant de mieux
repérer sa compétence à prendre soin de l'autre
- Apprendre à s'appuyer sur les
ressources et compétences des personnes du groupe et à intervenir
comme simple « accoucheur » et « facilitateur de
communication ». Apprendre des techniques d'intervention groupale.
- Permettre d'être attentif et ouvert aux
différents modes d'expression de la souffrance.
- Travailler l'accueil, le respect et la
tolérance des différences culturelles.
- Apprendre à créer des
réseaux de soutien.
b) Le contenu
- Présenter ce qu'est la thérapie communautaire
intégrative.
- Aider toute personne en relation d'aide à mieux
repérer et à mieux comprendre sa compétence à
prendre soin de l'autre, compétence acquise dans les stratégies
qu'elle a déployées pour surmonter et dépasser souffrances
et difficultés. Permettre à chacun d'établir la relation
entre sa « blessure et sa compétence ».
- Présenter le déroulement d'une séance de
« l'espace de parole,d'écoute et de lien » et les
différentes phases.
- Permettre aux participants de faire l'expérience d'un
« espace de paroles, d'écoute et de lien »
après en avoir abordé la méthodologie d'animation.
- S'entraîner à animer les différentes
étapes d'un « espace de parole, d'écoute et de liens,
les « situations-problèmes » exposées
étant celles vécues par les participants eux-mêmes.
NIVEAU II
a) Objectifs
- Permettre qu'à partir de son histoire
personnelle, familiale, professionnelle, chaque participant continue à
travailler ses propres émotions et insécurités et
approfondisse le savoir et la compétence issus de son vécu.
- En partant de leur pratique « l'espace de
parole,d'écoute et de lien », permettre pour chacun, une
réflexion qui tient compte de sa propre capacité
thérapeutique et de celle du groupe.
b) Contenu
- Supervision de la pratique d'animation selon
le modèle proposé.
- Echange d'expériences entre les
participants.
- Aider chacun à découvrir son style, sa propre
créativité en fonction du contexte et à les
développer dans le cadre de l'approche communautaire.
- La culture des exclus et les stratégies pour faire face
aux pièges propres aux
personnes qui vivent en situation d'exclusion.
Une pédagogie pour la
crise
- Comment faire la médiation de la crise ?
- Comment travailler la crise dans le groupe ?
- Comment, par un réseau solidaire, soutenir ceux qui
vivent une situation de crise ?
Les 5 piliers de « l'espace de parole,
d'écoute et de lien »
- Théorie de la communication
- Pensée systémique
- Anthropologie culturelle
- Pédagogie Paulo FREIRE
- Résilience
- Les divers codes d'expression de la souffrance et leur
décodage.
- Un travail corporel et des techniques de respiration et
relaxation.
Travail permettant de transformer notre héritage
« transgénérationnel » en une loi
personnelle sans nier l'apport de nos ancêtres.
INTERVISION - SUPPERVISION
Elles sont prévues sous la forme d'une journée
répondant aux différents besoins.
- de réflexion sur la pratique
- de partage des difficultés et des
découvertes
- d'exercices dynamiques de travail personnel
- d'analyses du déroulement des différentes
étapes de la thérapie communautaire
- Une heure sera aussi consacrée à l'un des cinq
piliers théoriques
Déroulement d'une séance de
thérapie
communautaire
intégrative
La séance d'un espace de parole, d'écoute et de
lien se déroule en 5 phases :
- L'accueil
- Le choix du thème
- La contextualisation
- La problématisation
- La clôture
- L'évaluation
L'accueil
Le thérapeute communautaire et le co-thérapeute
souhaitent la bienvenue aux participants. Ils porteront une attention
particulière aux personnes qui viennent pour la première fois.
Cette étape est primordiale, car la plupart des personnes ne se
connaissent pas, ce qui rend la communication difficile. Ils doivent
« briser la glace », chasser la timidité, Pour cela
il faut adapter cette pratique aux personnes qui composent la groupe mais aussi
et surtout à leur culture.
Exemple : au Brésil où
le contact est plus facile, ils pourront se tenir par les épaules,
chanter, même danser.
En Europe et surtout en France où la proxémique
n'est pas la même, cela passera par le partage d'une boisson, d'un
café, ou bien on demandera à chacun de se présenter, nom
et prénom « ils ont déjà osé
parler » ou encore on demandera si pour eux-mêmes ou dans leur
famille il y a eu un anniversaire, une naissance ou tout autre
évènement heureux que tout le groupe pourra partager.
Cette étape a pour but de
« décoincer » les personnes. Il faut qu'elles
soient à l'aise et se sentent en confiance pour oser parler de leur
souffrance.
Ensuite l'animateur exprime pourquoi nous sommes là (lui y
compris)
Dans un espace de paroles, d'écoute et de lien chacun est
là d'abord pour lui-même et chacun ne peut parler que de
lui-même, de son vécu.
L'animateur donne les règles de fonctionnement du
groupe :
- Faire silence quand l'autre parle
- On parle en disant « je » on
exprime son vécu à la première personne, on n'engage que
soi-même, ce qui supprime toute notion de jugement.
- Pas de discours on ne monopolise pas la parole.
- Pas de grand secret : le groupe étant ouvert, on ne
peut pas garantir la confidentialité.
- Pas de jugement, pas de conseil : on n'est pas des
spécialistes.
- Pas d'interprétation : lorsque j'interprète,
je fais violence à l'autre, je mets ma pensée à la place
de la sienne.
Si c'est le co-thérapeute qui a fait l'accueil, il passe
la parole au thérapeute communautaire, celui-ci explique les 5
étapes du déroulement de la séance.
Le choix du thème
Le thérapeute communautaire explique :
- Pourquoi parler : parler pour ne pas laisser la
dépression, l'insomnie etc. exprimer notre mal-être (mettre des
mots sur nos maux).
- De quoi parler : de son quotidien, de ce qui nous
empêche de dormir (perte d'un proche, problèmes familiaux,
problèmes de dépendances, etc.) pas de grand secret.
- Comment parler : on peut utiliser tous les moyens
d'expression, proverbes, blagues, chansons, poèmes, musique....
- Qui veut parler : tout le monde peut exprimer ses
problèmes (dites votre prénom et en quelques mots ce qui vous
travaille).
L'animateur demande aux participants d'exposer en quelques mots
au groupe le problème dont ils ont envie de parler, en précisant
que c'est le groupe qui choisira de s'intéresser au problème qui
lui paraîtra le plus urgent, dans lequel un maximum de participants se
reconnaîtra..
Le thérapeute communautaire note les prénoms et les
thèmes qui ont été exposés. Avant de passer au
vote, il reformule le plus précisément possible les
différents thèmes exposés, puis on passe au vote. Le
thème qui aura obtenu le plus grand nombre de voix sera débattu.
Cette formule permet d'être sûrs que le thème abordé
intéressera le plus grand nombre de participants.
Il remerciera ceux dont le problème n'a pas
été retenu (je me tiens à votre disposition après
la séance où encore vous pouvez le présenter à une
prochaine séance).
L'étape du choix du thème doit être
rapidement menée.
La contextualisation
Le thérapeute communautaire redonne la parole à la
personne dont le thème a été choisi. Celle-ci l'expose en
détail. Le thérapeute et le groupe lui posent des questions pour
lui faire préciser certains points, afin de mieux connaître
l'émotion et dans quel contexte elle la situe.
Ce qui lui permet de :
- mettre des mots sur ses sensations qui sont à
l'état brut. (Notions floues)
- passer de la sensation à l'émotion et dans quel
contexte (notions plus précises).
- nommer ses émotions (les verbaliser)
- transformer l'émotion en pensée.
Ce n'est que lorsque l'individu commence à douter,
à se remettre en cause, qu'il peut intégrer des
éléments nouveaux qui vont modifier sa perception de la
situation, sortir de ses pensées limitantes pour aller vers le
changement.
Le thérapeute note les mots clés.
La problématisation (Partage des
expériences)
Le thérapeute communautaire remerciera celui qui a
exposé sa situation/problème. Il l'invitera maintenant à
écouter ce que vont dire les autres.
Exemple : nous avons entendu les soucis de Monsieur X qui
certainement résonnent en nous.
Le thérapeute s'adresse au groupe et amorce le
débat par une question ouverte et dans laquelle chacun peut se
retrouver.
Exemple : Qui parmi vous a
vécu une situation semblable et qu'avez-vous fait pour
la dépasser ?
Chacun va exprimer son ressenti, sa souffrance, s'il a
dépassé la souffrance, le savoir qu'il a acquis, quel a
été le déclic qui a permis le changement, la ou les
solutions qu'il a trouvé pour surmonter ses difficultés.
C'est un moment très important. Ce partage de souffrances,
mais aussi et surtout de ressources qui permettent à celui qui
écoute et à celui qui parle de ne plus être seul dans sa
souffrance (cela n'arrive qu'à moi), d'avoir une autre vision de son
problème, de s'enrichir des vécus des autres, de nourrir son
inconscient, afin d'aborder différemment sa situation/problème
pour arriver au changement.
« Toute conviction est une
prison »
La clôture
Le thérapeute remercie la personne qui a exposé sa
situation, toujours par connotations positives et demande au groupe de
- qu'est-ce-que je retiens de ce qui a été
débattu ?
- qu'allons-nous ramener à la maison ?
- je remercie X pour ce qu'elle a dit, cela m'a touché.
C'est un moment de partage de l'émotion, de
création de liens entre ceux qui ont les mêmes
difficultés.
Avant de se quitter les personnes se saluent les unes les
autres.
L'évaluation
Chaque séance est en principe suivie d'un temps
d'évaluation entre le thérapeute et le co-thérapeute, ou
même dans certains cas, avec le groupe lui-même.
Ce temps d'évaluation permet une amélioration
continue de la pratique. Le cadre de la séance a-t-il été
ben respecté ? Le timing ? La qualité des
reformulations ? Les idées de dynamiques d'accueil ? etc.
Exemple d'une séance de thérapie
communautaire intégrative
Après avoir souhaité la bienvenue,
présenté la thérapie communautaire intégrative,
expliqué les règles, proposé une dynamique de groupe, afin
de créer une ambiance conviviale, le thérapeute communautaire
propose de passer au choix du thème.
Il demande aux personnes qui veulent s'exprimer, de se
présenter « prénom » et de parler de
manière succincte de ce qui les préoccupe.
Question type : « qui parmi vous veut parler de ce
qui le gène, le fait souffrir, l'empêche de dormir
etc. »
Le thérapeute communautaire note les prénoms et les
thèmes évoqués afin de pouvoir les reformuler.
Quand tous se sont exprimés, il reformule le plus
exactement possible les thèmes et les soumet au vote du groupe. Ensuite
il remercie ceux dont le thème n'a pas été choisi en leur
proposant soit de le représenter dans une autre séance soit de
se tenir à leur disposition après la séance, enfin il
passe à la contextualisation.
Aujourd'hui nous avons choisi de débattre sur l'histoire
de Marie :
« J'ai cessé de m'alcooliser depuis 2
mois, malgré cela tout le monde me surveille. Je me sens
épiée en permanence. J'en souffre. Cela me donne envie de
boire. »
Le groupe pose des questions à Marie afin qu'elle puisse
le plus précisément possible exprimer sa souffrance, passer de la
sensation à l'émotion.
Il ressort de ce jeu de
« questions-réponses » une notion précise sur
la souffrance de Marie que le thérapeute communautaire reformule :
« Si nous avons bien compris ce qui te fait souffrir,
c'est la colère de ne pas savoir comment retrouver la confiance de ton
entourage »
Marie répond, « Oui c'est bien
cela ».
Le thérapeute communautaire invite maintenant Marie
à écouter, puis demande au groupe de s'exprimer en posant des
questions ouvertes.
« Qui parmi vous a déjà ressenti une
frustration due à un manque de confiance et qu'avez-vous fait pour la
dépasser ? »
« Qui a vécu une situation semblable et qu'a t
il fait pour s'en sortir ? ».
Il rappelle que l'on s'exprime à la première
personne « je »
C'est l'étape la plus importante d'une séance de
thérapie communautaire intégrative. C'est le moment où
chacun exprime son ressenti, ses ressources, issus de son vécu. C'est le
moment où l'on a vu surgir des « perles » :
o il m'avait enlevée la garde de ma fille, il l'avait
placée dans un foyer. Aujourd'hui elle vit avec moi, c'est
merveilleux.
o Le temps était mon meilleur remède.
o En arrêtant de m'alcooliser j'ai changé. Eux aussi
il faut qu'ils changent et cela prend du temps ».
o En croyant bien faire les autres m'étouffaient, je m'en
suis éloignée
o Ils sont allés au groupe de paroles entourages. Leur
comportement a changé, aujourd'hui tout va bien. :
o J'ai d'abord pensé à moi, si moi je change,
peut-être eux aussi changeront.
o Avant je m'alcoolisais pour paraître, aujourd'hui je sais
que je ne pourrai pas plaire à tout le monde. Je suis comme je suis, je
plais tant mieux, je ne plais pas tant pis.
Au fur et à mesure du déroulement de la
séance on pouvait voir sur Marie le non verbal s'exprimer. Elle
était plus calme, son visage était détendu, elle
souriait.
Le thérapeute communautaire pour clôturer la
séance remercie les intervenants et demande aux personnes qui le
désirent d'exprimer leur ressenti, ce qu'elles ont retenu.
A la fin de la séance Marie est venue me voir en me
disant : « Cela m'a fait du bien, je me sens plus
légère, je crois que ce soir je vais bien dormir ».
Conclusion
La thérapie communautaire intégrative est une
méthode simple mais pas simpliste.
Elle se définit comme une approche centrée sur la
santé et non sur la maladie. Elle est complémentaire des autres
approches communautaires ou thérapeutiques existantes. Elles
interviennent en rassemblant les acteurs sociaux les plus divers (Agents
communautaires, professionnels de santé etc.)
Les compétences de chaque système et de chaque
personne sont considérées comme des leviers pour
l'amélioration de la qualité de la vie.
Elle est capable de promouvoir des changements sur la base de
trois attitudes fondamentales :
- L'accueil respectueux
- La création de liens
- L'empowerment des personnes
Les résultats de la recherche montrent que la
thérapie communautaire promeut directement ou indirectement la
prévention de l'usage et de l'abus de l'alcool et d`autres drogues.
Il devient évident que les stratégies de
renforcement de la famille, l'empowerment des personnes, les réseaux de
soutien solidaires, la prise de soin de soi et la valorisation des ressources
culturelles constituent des éléments fondamentaux pour la
promotion de la santé.
Il a été démontré
concrètement que la thérapie communautaire :
- Facilite l'orientation des personnes souffrant d'une
dépendance à l'alcool ou à d'autres drogues vers les
réseaux de soins.
- Accueille les personnes dépendantes qui viennent de
sortir d'une institution de soins et qui ont besoin de l'appui d'un
réseau positif où elles peuvent se protéger et construire
de nouveaux liens.
- Renforce les réseaux sociaux primaires
- Offre un réseau d'appui et d'accueil des familles des
usagers
De par sa philosophie et ses modes d'applications, la
thérapie communautaire intégrative est en parfaite osmose avec
des recommandations de l'OMS, qui lors de la conférence internationale
pour la promotion de la santé réunie à OTTAWA a
émis la charte d'OTTAWA pour la promotion de la santé (voir
annexe).
Ce sont ces mêmes problèmes de pertes
d'identité culturelle, de perte d'estime de soi, de dépression,
de drogues et addictions diverses, de violences qui se manifestent de plus en
plus en France au sein des « banlieues chaudes » et des
« quartiers sensibles ». La thérapie communautaire
intégrative ne pourrait-elle pas permettre d'imaginer des
stratégies semblables de préventions et des soins primaires avant
que le mal-être de tous les « laissés pour
compte » ne dégénère en pathologies diverses.
Pour ces raisons, nous proposons que la thérapie
communautaire soit étendue au sein des politiques publiques de
prévention de l'usage et de l'abus de l'alcool et des autres
drogues.
La thérapie communautaire
intégrative au Brésil
L'ABRATECOM (Association Brésilienne de Thérapie
communautaire), a été fondée bar Adalberto BARRETO. C'est
elle qui régente et coordonne tout ce qui se rapporte à la
thérapie communautaire intégrative.
Ce projet est financé par le SENAD (Secrétariat
National Anti-Drogue).
En 2005
- 800 thérapeutes communautaires formés
interviennent dans 19 états du Brésil.
- 10 centres de formation sont opérationnels
1 à FORTALEZA
1 à BRASILIA
2 à PORTO ALEGRE
1 à TERESINA
3 à SAO PAULO
1 à SALVADE DA BAHIA
1 à RECIFE
- Environ 10 000 séances ont été
réalisées.
- Au total 150 000 personnes ont été
enregistrées.
- 11 % de ces personnes ont été orientées
vers des systèmes de soins.
Les thèmes le plus souvent
abordés :
1) Le stress et les émotions négatives
2) Dépendance à l'alcool et/ou autres drogues
3) Conflits familiaux
4) Gestions liées au travail.
La thérapie communautaire
intégrative en Europe
C'est en 1991 qu'une grenobloise, Christine FENEON, oeuvrant pour
les personnes en difficulté dans le Tiers-monde, assiste pour la
première fois à une séance de thérapie
communautaire au Brésil et rencontre le Dr. BARRETO.
Touchée et émue par ce qui se passe dans les
favelas elle fonde à son retour en France l'Association « LES
AMIS DE QUATROS VARAS ». Pendant 5 ans elle cherche où
pourrait être jeté le grain de la thérapie communautaire;
pendant ce temps Adalberto BARRETO et Jean-Pierre BOYER, chef de service dans
l'unité psychiatrique de l'Hôpital SAINT EGREVE, peaufinent et
élaborent la méthode.
En 1996 Adalberto BARRETO et Jean Pierre BOYER donnent à
Grenoble la première conférence publique.
D'autres conférences suivent :
o A Marseille organisée par Dr. NICOLE
HUGON et "LES AMIS DE QUATROS VARAS".
o A Grenoble, organisée par LES AMIS DE
QUATROS VARAS et ALPSYSOM (Association d'alcoologie et psychosomatique).
o A Toulon, organisée
Claire-Marie RODA et moi-même avec le concours de l'association
ALCOOL ACTION 83
En 2007 a eu lieu au Brésil le premier
Congrès international de Thérapie communautaire auquel les
Européens ont été invités. C'est ainsi que nous
fûmes conviés à créer l'AETC (Association
Européenne de Thérapie communautaire).
Il existe à ce jour 3 pôles de formation :
- Genève
- Grenoble
- Marseille.
En France une trentaine de personnes a été
formée et une vingtaine participe régulièrement et anime
les espaces de paroles, d'écoutes et de liens.
- 3 espaces à Marseille animés par
le Dr Nicole HUGON : 2 dans la Clinique St Barnabé
spécialisée en alcoologie (voir annexe), l'autre dans un quartier
de femmes en difficulté (ADRA)
- 8 espaces à Grenoble
1 dans l'unité d'Alcoologie de SAINT EGREVE
1 dans les services de suivis externes
1 sur le Campus Universitaire
1 dans un atelier d'insertion
2 dans des lieux d'accueils
2 dans des Centres de formations
- 1 espace à Viennes
dans un quartier où vivent surtout des immigrés
- 1 espace dans le VAR dans une maison du
3ème âge à la Roquebrussanne avec BRUNO et
SABINE
- 4 espaces à Toulon : 1 dans un
institut thérapeutique, éducatif et pédagogique avec
Claire Marie RODA et 3 avec l'Association ALCOOL ACTION 83, animé par
moi-même.
BIBLIOGRAPHIE
EH-HALL La Dimension cachée - 1971
FREUD Psychologie collective et analyse du moi -
1921
Jean-Didier VINCENT La chair et le Diable, Edit.
Odile Jacob
GILLES AMANDO Dynamique de communication dans
les groupes
ANDRE GUITTET Edition Armand Colin
LOUIS FEVRE Guide du praticien en PNL.
GUSTAVE SOTO 5ème Edition,
Pédagogie, Formation, Synthèse
ADALBERTO BARRETO - L'indien qui est en moi
Edit. Descarte & Cie
- Un psychiatre dans les
favelas
- Terapia Communitaria - passo
à passo
Dr. M. CH. CABI Introduction à la
thérapie familiale systémique
(Cours AREAT)
Dr. JEAN RAINAUT L'alcoologie (Cours AREAT)
Dr. JEAN-MARC
PHILLEBEAUX Tolérance et
dépendance à l'alcool
(Cours AREAT)
P. FREIRE Pedagogia da autonomia, Paz e Terra,
Säo Paulo, 2005
|