L'impact du partenariat Chine-Afrique sur la réalisation des droits économiques et sociaux au Tchad( Télécharger le fichier original )par Aime MBAINDIGUIM GUEMDJE Université Catholique d'Afrique Centrale, institut catholique de Yaounde - Master 2 2008 |
III- DEFINITION DES CONCEPTSLe besoin de compréhension de notre thématique nous conduit à présent à la clarification des concepts suivants : le partenariat, les droits économiques et sociaux. 1) Le partenariat : D'après le dictionnaire Le Nouveau Petit Robert, le concept de partenariat vient du mot anglais « partnership » qui signifie une « Association d'entreprises, d'institutions en vue de mener une action commune »10(*). Le Petit Larousse illustré en couleurs, quant à lui, définit le concept de partenaire « partner » comme un « pays (qui) entretient avec un ou plusieurs autres des relations politiques, économiques, etc. »11(*). Selon la définition proposée par Guy PELLETIER, le partenariat est une « relation privilégiée basée sur un projet partagé entre deux ou plusieurs organisations et se manifestant par l'échange formalisé de personnes, d'informations ou de ressources »12(*). Il ressort clairement de ces différentes définitions recensées que le partenariat n'est pas une entreprise de domination d'une partie sur une autre, mais une collaboration permettant aux deux parties ayant conclu un accord de pouvoir atteindre des objectifs communs visés ou du moins une collaboration dans laquelle chacun des partenaires trouve son compte même si les objectifs fixés ne sont pas toujours les mêmes. C'est dans cette perspective qu'on comprendra la définition donnée par Seni SARE pour qui le partenariat est une sorte de « collaboration entre les différents acteurs de développement » ou mieux une sorte de « creuset, une plate-forme de collaboration et d'assistance financière, technique en vue de résoudre tous les aspects du développement »13(*). Ce type de partenariat permet de mieux se connaître, se comprendre et d'adopter une stratégie commune face aux problèmes socio-économiques auxquels se confrontent les populations. Ainsi, entendu, le partenariat favorise les échanges d'informations, d'expériences et de méthodes d'intervention. Enfin, pour Marc BERGER, le partenariat signifie « l'expression d'une co-responsabilité basée sur les convergences stratégiques qui conduisent (les partenaires) à dépasser les relations d'aides et d'assistance. Le partenariat, poursuit-il, devient à la fois participation aux risques et recherche d'alliances avec les acteurs capables de produire des processus de développement »14(*). Au regard donc de ces définitions, on peut faire ressortir certaines caractéristiques essentielles du partenariat : le partenariat s'inscrit dans une démarche d'un projet commun formalisé et finalisé. Il se réalise dans un cadre spatio-temporel bien défini, c'est-à-dire qu'il a un début et une fin et se déroule sur un territoire donné. Le partenariat repose sur des relations privilégiées, non hiérarchiques, où les liaisons horizontales devraient être dominantes. Cela voudrait dire que les partenaires sont égaux et libres. Le partenariat répond d'abord et avant tout à une logique et aux besoins de l'action. En effet, on ne se met pas en relation partenariale si les partenaires n'y trouvent pas chacun, dès le départ, une source d'intérêt. C'est donc un processus évolutif où les attentes sont variables dans le temps et au fil des événements, et où, en conséquence, les résultats nécessitent une évaluation continue. Dans le cas de notre étude, les partenaires en question sont notamment le Tchad et la Chine populaire qui depuis la relance de leur coopération se sont engagés dans un projet commun, à savoir celui de la réalisation des droits économiques et sociaux, et plus précisément la réalisation du droit à la santé au Tchad. En somme, tout au long de ce travail, nous ferons nôtres ces définitions du partenariat qui à notre sens sont les plus appropriées parce qu'elles explicitent bien l'analyse que nous voulons faire de l'impact du partenariat Chine-Afrique sur la réalisation des droits économiques et sociaux au Tchad. 2) Les droits économiques et sociaux Les droits économiques et sociaux (DES), selon Amnesty International15(*), se définissent comme un ensemble de droits tels que « droit à l'éducation, au logement, à la santé, à l'alimentation, à l'eau, droit au travail et droit du travail (...) »16(*). Au regard de ces différents droits qui constituent le noyau dur des droits économiques et sociaux, il y a donc lieu de dire ou de définir avec Doudou THIAM que les droits économiques et sociaux, droits de « deuxième génération », sont en fait des droits au développement. En effet, dit-il : « De même que l'on a proclamé dans les nations développées pour les individus le droit à l'instruction, à la santé, au travail, nous devrons proclamer ici, hautement, pour les nations du Tiers-Monde le droit au développement »17(*). A travers ces définitions, il se dégage que les droits économiques et sociaux, en visant le bien-être de chaque être humain, l'amélioration des conditions de vie de chaque personne, et partant le développement économique et social de tout un peuple, sont des privilèges ou des prérogatives reconnus à tout individu de mener une existence décente, quelle que soit son appartenance politique, sociale, religieuse... On comprendra mieux la raison pour laquelle Jacques FIERENS conçoit à juste titre les droits économiques sociaux comme « le droit de lutte contre la pauvreté, lutte contre la précarité d'existence, et par conséquent le droit au développement »18(*) ou le droit d' « échapper à la misère »19(*). C'est dans cette perspective que le professeur Jean Didier BOUKONGOU affirme que « la lutte contre la pauvreté est la lutte pour l'effectivité des droits économiques et sociaux (...) même si la sémantique politique ambiante et la grammaire idéologique qui l'accompagne n'entendent pas laisser les droits de l'homme envahir l'espace public »20(*). Ainsi, la réalisation effective des droits économiques et sociaux au Tchad, à travers le partenariat sino-tchadien, serait la mise en oeuvre de ce faisceau de droits fondamentaux de l'homme qui sont le droit à un meilleur état de santé tant physique que mental, le droit à l'éducation, le droit au logement, le droit au travail pour permettre aux populations de vivre dans la dignité inhérente à toute personne humaine. Si la définition donnée par Amnesty International se situe dans une perspective purement énumérative des différents pans des droits économiques et sociaux, la définition de D. THIAM et J. FIERENS retient notre attention en raison de leur dimension explicative. Car elle prend en considération les notions de lutte contre la précarité d'existence, le développement notamment économique et social. Cela nécessite donc une co-responsabilité, une co-gestion ou encore une co-opération des partenaires tels que la Chine et le Tchad . * 10 Cf. Le Petit Robert, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Paris, Dictionnaire le Robert, 1993, p. 1595. * 11 Le Petit Larousse illustré en couleurs, Paris, Larousse, 1991, p. 729. * 12 G. PELLETIER, « Qu'appelle-t-on partenariat ? », in http://www.unige.ch/fapse/SSSE/groupes (Consulté le 08.02.2008). * 13 S. SARE, « Le partenariat en réseau local, un outil efficace de développement », in Vers des partenariats renouvelés. Regards, comptes rendus, débats, Paris, CCFD, 1995, p. 24 * 14 M. BERGER, « Vers des partenariats renouvelés », in Vers des partenariats renouvelés. Regards, comptes rendus, débats, op. cit., p. 8. * 15 Amnesty International est un mouvement mondial de défenseurs des droits de l'homme basé à Londres, en Angleterre. Il s'agit, en effet, d'un mouvement international composé de bénévoles qui oeuvrent en faveur du respect des droits de l'homme. La vision d'Amnesty international est celle d'un monde où chaque homme peut se prévaloir de tous les droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, ainsi que les autres instruments internationaux qui garantissent les droits humains. Sa seule et unique préoccupation est la contribution impartiale à la protection des droits de l'homme. * 16 Amnesty International, « Dignité et droits humains. Une introduction aux droits économiques, sociaux et culturels », in http://www.amnesty.org/library/index/frapol3400922005 (consulté le 12.02.2007). * 17 D. THIAM, cité par F. OUGUERGOUZ, La Charte Africaine des droits de l'homme et des peuples. Une approche juridique des droits de l'homme entre tradition et modernité. Préface par Kéba MBAYE, Avant-propos de G. ABI-SAAB, Paris, PUF, 1993, p.190. * 18 J. FIERENS, Droit et pauvreté. Droits de l'homme, sécurité sociale, aide sociale, Préface de F. RIGEAUX, Bruxelles, Bruylant, 1992, p. 190. * 19 Idem. * 20 J. D. BOUKONGOU (Sous la dir.), Cahier Africain des droits de l'homme N° 10, avril 2004. Doits économiques et sociaux au Cameroun, Etudes et documents de l'APDHAC, Yaoundé, Presses d l'UCAC, p. 7. |
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