V. RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE
En vue de relancer la politique d'investissement en Côte
d'Ivoire, facteur incontournable pour une croissance significative, nous
proposons les recommandations de politique économique suivantes :
pour le PIB : nous recommandons aux
autorités ivoiriennes un bon agencement de tous les autres
déterminants du PIB dans le but d'avoir un niveau plus
élevé de celui-ci, favorable à l'accumulation du capital
privé ;
L'investissement étant à son tour un facteur
important dans l'augmentation de la richesse nationale, cela permettra à
l'économie ivoirienne de retrouver son rythme de croissance d'en temps
et de lutter efficacement contre la pauvreté ;
concernant l'investissement public : les
dépenses publiques d'investissement ne devraient pas être trop
soumises à la contrainte de la politique budgétaire au risque de
mettre en mal le dynamisme du secteur privé et de compromettre les
potentialités de croissance de long terme ;
l'Etat devra donc continuer d'assumer son rôle de
locomotive dans l'économie en la viabiisant par la réalisation
d'importants investissements qui constituent un signal fort en direction du
secteur privé ;
par ailleurs, l'investissement public pourra jouer un
rôle important dans la réduction des disparités de
développement entre les régions. L'Etat doit orienter sa
politique d'investissement dans les régions les moins pourvues en
capital d'infrastructures ;
cela nécessite une analyse sérieuse des besoins
au regard des spécificités régionales. Car la façon
dont sont définis les besoins en infrastructures de développement
de même que leur nature ont des implications directes sur ce qui sera
construit mais également sur les investissements qui y seront
consacrés. Le choix d'emplacement d'un investissement productif peut
avoir un effet sur sa rentabilité économique et sociale ;
pour le taux d'intérêt : nous
suggérons aux autorités ivoiriennes en particulier et de
façon générale aux instances dirigeantes de l'UEMOA de
mettre en place une politique monétaire axée sur la baisse du
taux de l'intérêt en vue de relancer l'investissement privé
nécessaire à la croissance économique. Les textes
régissant la législation bancaire doivent être
orientés dans ce sens.
VI. CONCLUSION GENERALE
Le rôle de l'Etat dans l'économie a toujours fait
l'objet de débat dans la littérature économique. Parmi les
arguments, celui selon lequel les dépenses publiques et plus
particulièrement l'investissement public serait source de l'accumulation
du capital privé nous a particulièrement intéressé
dans le cas de l'économie ivoirienne.
L'étude a eu pour objectif d'une part de
déterminer l'impact de l'investissement public sur celui du secteur
privé à long terme et d'autre part de déterminer la nature
du lien entre les deux types d'investissements dans le court terme.
Pour la réalisation de ce travail, la démarche
méthodologique a consisté à faire une revue de la
littérature sur le lien entre les deux types d'investissements. Ce lien
a ensuite fait l'objet d'une étude économétrique à
l'aide des logiciels STATA 10 et EVIEWS 5 sur la base de données
collectée à la DCPE.
A l'issue de l'étude économétrique, les
résultats suivants ont été dégagés:
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l'investissement public influence positivement l'investissement
privé en Côte d'Ivoire sur le long et le court terme. Il n'existe
donc pas d'effet d'éviction ;
le taux d'intérêt agit négativement sur
l'investissement privé à long terme;
le PIB favorise l'investissement privé à long terme
;
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Les résultats de nos travaux viennent donc confirmer
ceux de Kamgnia et Touma (2002) et de Keho (2005) qui n'avaient pas
constaté d'effet d'éviction entre l'investissement public et
l'investissement privé en Côte d'Ivoire.
En conséquence, les données utilisées
dans le cadre de cette étude confirment la thèse
keynésienne selon laquelle les dépenses publiques donc
l'investissement public a un effet multiplicateur sur l'économie.
S'il est évident que l'investissement public a un
rôle prépondérant dans l'accumulation du capital
privé en Côte d'Ivoire, ne serait-il pas nécessaire
d'analyser l'impact du degré de stabilité politique sur le niveau
de l'investissement privé et plus particulièrement
d'étudier le comportement de l'investissement privé en Côte
d'Ivoire à partir du début de la crise politicomilitaire ?
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