INSTITUT DE GESTION SOCIALE - PARIS
MÉMOIRE DE FIN D'ETUDES:
CONDUITE DU CHANGEMENT DANS L'ENTREPRISE ET RÔLE
DES RESSOURCES HUMAINES?
LE RÔLE DU DRH
|
Sous la direction de Xavier Hovine
Master II Responsable en management et développement
des ressources humaines
VINCENT BOURDARIAS
RMDRH 11/ 08 AVRIL 2010
SOMMAIRE
Introduction générale
...................................................5
1.THEORIE DE LA CONDUITE DU CHANGEMENT
1.1 Les approches de la conduite de changement
.....................7
1.1.1. La perception d'une
organisation............................ ....8
1.1.2. La connaissance des facteurs de
changement..................9
1.2 Les structures et les acteurs du changement
......................12
1.2.1. Les
structures......................................................12
1.2.2. Les
acteurs.........................................................13
1.3. Les
forces..............................................................15
1.4 Les
résistances........................................................18
1.4.1. Les résistances
collectives.......................................18
1.4.2. Les résistances
individuelles....................................19
1.4.3. Les causes liées à la conjoncture et
à la structure.............20
2. LA MISE EN OEUVRE DE LA CONDUITE DE
CHANGEMENT,
UNE NOUVELLE FORME D'ENTREPRISE, SES DEFIS ET SES
ETAPES
2.1 Une nouvelle forme
sociale.........................................24
2.1.1. La maîtrise de la
structure........................................24
2.1.2. Le contrôle de la
structure........................................25
2.1.3. La fragilité de la nouvelle
structure..............................26
2.2 Les nouveaux défis généraux de
l'entreprise.......................27
2.2.1. L'administration du
Personnel....................................28
2.2.2. La gestion du cycle de vie et son
développement...............28
2.3 La structure hiérarchique et la répartition
des rôles................30
2.4 Les critères de réalisation de la conduite
de changement..........31
2.4.1. Les apports humains pour mener la conduite de
changement..33
2.4.2. Les forces dans le déroulement de la conduite de
changement.33
2.4.3. La typologie et les caractéristiques de la
conduite du changement......36
3 . L'INTERVENTION DES RESSOURCES HUMAINES SUR LE
CHANGEMENT
3.1 Le changement
structurel..........................................................40
3.1.1. La spécialisation du
travail.....................................................40
3.1.2. La
formalisation.....................................................................42
3.1.2. la
formation...........................................................................43
3.2 L'entretien
identitaire................................................................44
3.2.1. Sa
définition...........................................................................45
3.2.2. Son
fonctionnement................................................................46
3.2.3. L'intervention des Ressources Humaines dans ce
contexte.................47
3.3 Le choix d'une stratégie GRH et d'une
GPEC...................................48
3.3.1. L'objet de la gestion des Ressources
Humaines..............................50
3.3.2. L'objet de la gestion prévisionnelle des emplois
et des compétences......54
3.4. La transformation de la fonction Ressources
Humaines........................54
3.4.1. Le jeu à trois et ses
contraintes...................................................54
3.4.2. L'impact financier
RH..............................................................55
3.4.3. L'externalisation des moyens RH dans le cadre du
changement.............56
4 . L'ENQUETE DE TERRAIN
4.1 Note de
méthode............................................................................60
4.2
Panel..............................................................................................62
4.3 Vécu de
l'enquête..........................................................................64
4.4
Résultats........................................................................................65
5. LES PRECONISATIONS
5.1 Les préconisations de
fond.............................................................75
5.1.1 Faire comprendre que le changement est nécessaire
et utile....................75
5.1.2. Engager le changement par la méthode de
changement « Method Blue »....76
5.1.3 Prévoir les enjeux humains du projet
technologique et organisationnel.......77
5.1.4 La communication
globale............................................................79
5.2 Les préconisations de
forme.............................................................80
5.2.1. Assurer la primauté du dialogue
social.............................................80
5.2.2. Elaborer une cartographie sur l'état actuel et
à venir.............................82
5.2.3. Utiliser la réforme Formation Professionnelle
Continue (FPC) est un gage de réussite dans la conduite du
changement...................................................83
5.2.4. Privilégier les ressources extérieures
exploitables .................................84
5.2.5 Un plan de communication
interne....................................................85
Conclusion
générale......................................................................86
Annexes.........................................................................................88
INTRODUCTION GENERALE
En 2007- 2008, j'étais responsable du recrutement au
sein de POSTE IMMO, la filière de l'immobilier ( 1100 salariés,
3 millions de mètres carrés). Cette dernière a mis en
place un plan d'action stratégique de fusion entre la foncière du
Groupe et la direction de l'exploitation de l'Immobilier. Cela a mené
à la mise en oeuvre d'une réorganisation avec des objectifs
à horizon 2012. L'objectif est la gestion des actifs immobiliers du
Groupe dans le domaine privé en vue du changement de statut de la Poste,
en discussion à l'Assemblée. Ce sujet m'a interpellé sur
le plan Ressources Humaines car le DRH, certes tenu au courant de cet
évènement, ne semblait pas prendre part aux décisions.
L'élaboration d'une politique RH est nécessaire
dans la coordination des activités de l'entreprise entre les
équipes et au sein de celles-ci. En terme de communication, nous
entendons par là la conduite du changement.
Qu'est-ce que la conduite du changement ? Il s'agit d'une
démarche d'accompagnement au sein d'une entreprise au regard des
aléas et du développement de son environnement.
La conduite de changement revêt des aspects
d'anticipation, de définition et de mise en place. En effet, cela va de
la perception d'un problème d'organisation à la définition
d'un cadre d'actions qui permet l'élaboration, le choix et la mise en
place d'une solution dans des conditions optimales de réussite.
Il s'agit de résoudre la problématique
d'organisation ou de réorganisation au travers de la mise en oeuvre de
démarches, de méthodes de travail et d'outils. Il faut aussi
accompagner le projet d'organisation au travers de l'utilisation d'une
méthodologie de conduite de projets.
Enfin, il y a lieu de prendre en compte la dimension humaine:
les valeurs, la culture, les résistances au changement au travers d'une
démarche de participation, de communication et de formation dont
l'objectif est de permettre la compréhension et l'acceptation des
nouvelles règles du jeu.
Dans notre problématique, le terme Ressources Humaines
est présent pour déterminer quel rapport il existe entre la
conduite de changement et l'implication des collaborateurs. Dans ce contexte,
quel est le rôle des Ressources Humaines tant intrinsèquement que
par l'action des RH sur le management de proximité ?
Alors pourquoi existe-t-il un fort lien entre une conduite de
changement et ses conséquences et les aspects qui impliquent le service
des RH ?
La conduite de changement est la plupart du temps induite par
une modification dans l'organisation d'une entreprise comme une
réorganisation pure et simple, une fusion, un rachat ou encore une
restructuration.
Cela nous amène à nous poser un certain nombre
de questions:
Quel est l'impact sur le Personnel d'une conduite de
changement ?
Comment les RH devraient-elles intervenir dans une conduite de
changement liée à un plan d'action stratégique ?
Quels sont les dispositifs à mettre en oeuvre pour
réellement s'adapter à cette situation en termes de
ressources, de concepts et d'outils ?
Les constats et interrogations qui précédent
m'ont amené à formuler la problématique du mémoire
de la façon suivante: « conduite du changement dans
l'entreprise: le rôle des Ressources Humaines ? »
Dans un premier temps, je procèderai à une
recherche documentaire la plus développée possible sur la
conduite du changement ainsi que sur le rôle de la fonction RH dans
l'entreprise, de même que sur leurs interactions. Je réaliserai
ensuite une enquête de terrain qui portera sur l'ensemble des entretiens
individuels dont les résultats viendront compléter la recherche
documentaire. Enfin, nous donnerons un certain nombre de préconisations
de manière à ce que le département RH d'une entreprise de
moyenne importance puisse arriver à un résultat harmonieux entre
le changement et l'humain au regard des lois en vigueur.
1. THEORIE DE LA CONDUITE DU CHANGEMENT
« Tout est affaire de changement dans les
mentalités ». La conduite du changement en entreprise est une
évolution récente due à l'évolution
économique de ces deux dernières décennies. Nous ferons
tout d'abord une approche académique de ce phénomène. Nous
constaterons ensuite sa mise en oeuvre qui inclue une méthode de gestion
de projet et nous terminerons cette partie théorique par une
confrontation aux paramètres des acteurs, des forces et des
faiblesses.
1.1 Les Approches de la conduite du changement
La démarche de conduite du changement est très
proche des démarches de résolution de problèmes complexes,
d'analyse de la valeur, d'organisation et de gestion de projets
Elle implique plusieurs paramètres évolutifs qui
sont la perception de ce qu'est une organisation et la connaissance des
facteurs de changement.
1.1.1 La perception d'une organisation
Il s'agit dans cette partie de définir pour quelles
raisons une organisation évolue.
En effet, une organisation, en l'occurrence, une entreprise,
doit donner un cadre de référence sécurisé pour
faciliter les actions de ses adhérents.
Une organisation se met donc en place en
présence de facteurs qui sont changeants.
En fait, l'amorçage du changement est issu de la
perception d'un décalage entre le fonctionnement d'une organisation et
ses objectifs.
Bien souvent, le Comité de Direction ( Codir) d'une
entreprise est à l'origine de ce diagnostic. Un tel constat engage ses
membres à décider des mesures à prendre en termes
stratégique et à étudier les conséquences de s mise
en oeuvre. Il s'ensuite une réflexion sur la manière dont vit
l'organisation actuelle et comment la faire évoluer. La mise en place
d'un plan d'actions, c'est-à-dire, un certain nombre d'actions,
d'objectifs à appliquer selon un échéancier, doit voir le
jour. La perception d'une organisation découle alors d'un plan de
communication aux collaborateurs en vue de « conduire le
changement » à l'aide d'un dispositif de recommandations, de
paramètres en vue d'harmoniser le tout et réussir ainsi la
migration vers une nouvelle organisation.
1.1.2 La connaissance des facteurs de changement
Une conduite de changement induit la connaissance des
paramètres qui vont donner le ton dans le climat et les conditions au
sein de l'organisation. Ils sont à étudier avec précision
dans l'approche d'un accompagnement car ils constituent les fondements de ce
changement.
Ces facteurs sont au nombre de cinq: la technologie, la
stratégie, la culture, le pouvoir et la configuration
a. la technologie:
Quand l'organisation adapte ses structures et ses
méthodes de travail aux changements externes de solutions techniques. En
effet, de plus en plus fréquemment, on assiste à
l'implémentation de systèmes d'information dans l'entreprise.
Cela peut prendre la forme d'un système global qui prend en compte
toutes les activités opérationnelles ou de support. Le SI (
système d'information) fait appel à des outils informatiques par
l'achat de prestations ou externalisent les informations ( outsourcing) ou
développent en interne un SI dédié.
Souvent, il s'agit d'une contrainte liée à la
nécessité de rapidité, de productivité et de
rentabilité à court terme. Le SI n'est pas toujours adapté
et l'entreprise doit faire preuve de flexibilité pour adapter ce nouvel
outil aux activités quand ce n'est pas l'inverse qui se produit!
b. la stratégie:
L'entreprise évolue dans le sens de la stratégie
suite aux aléas du marché.
Cela peut se matérialiser par l'évolution de
choix de la clientèle. Une mutation des besoins en est souvent la
cause et oblige la Direction à revoir sa stratégie et le plan
d'actions qui en découle.
La compétitivité survient aussi dans la
nécessité pour une entreprise d`adopter une nouvelle
stratégie, des secteurs d'activité comme les
Télécommunications doivent sans cesse innover et changer
d'orientations stratégiques pour se stabiliser.
L'actionnariat a un rôle très important
car il influence pour des raisons financières par son vote le
développement notamment commercial d'une entreprise. L'entreprise perd
ainsi son indépendance et doit se plier aux souhaits des actionnaires
comme par exemple, la réduction des coûts de revient d'un produit
et la délocalisation de la production à l'étranger.
Enfin, la législation et réglementation en
vigueur pour un produit ou un service influe sur la production. Le changement
des normes, de nouvelles contraintes dans la commercialisation sont autant de
facteurs changeants de la stratégie, qui nécessite alors une
conduite de changement dans l'entreprise pour les collaborateurs et le
savoir-faire.
c. la culture:
Les valeurs culturelles connaissent une profonde mutation
pour une société donnée, donc encore davantage pour le
microcosme qu'est l'entreprise. En effet, les collaborateurs sont de mieux en
mieux formés, ils sont acteurs des progrès de l'entreprise, leurs
attentes se retrouvent aussi dans le souhait de changement dans leur
méthodes de travail, d'avoir un équilibre entre vie
professionnelle et vie privée. La Direction d'une entreprise peut aussi
vouloir insuffler de nouvelles valeurs suite à un changement de
propriétaire, l'arrivée d'un actionnariat ou l'adaptation au
marché. Elle mènera de ce fait une nouvelle politique sociale par
exemple. Ou encore elle mettra en place un certain nombre d'axes
stratégiques qu'elle voudra ensuite distiller par un plan de
communication à son Personnel. Elle devra ainsi mener une conduite de
changement en douceur. Quand l'environnement l'y pousse, elle devra aussi se
conforter à adapter ses valeurs culturelles contrainte et forcée,
la conduite de changement est alors fortement implémentée par
celles-ci dans le cas d'une acquisition ou d'une fusion.
d. le pouvoir:
Ce critère lié au changement concerne:
- la Direction qui, par son aspect hiérarchique, est
à même de peser davantage que les collaborateurs ou le personnel
encadrant dans la détermination des points que constitue une conduite de
changement. En effet, c'est le Codir, qui, par nature, prend les
décisions qui s'imposent et les communique aux collaborateurs
- les représentants sociaux.:
Ce sont tout d'abord les représentants du Personnel qui
ont accès facilement à tous les actes stratégiques de
l'entreprise et donnent leur avis.
Ce sont encore les forces syndicales hors
délégués du Personnel (DP) qui négocient sur en
nécessiter pour une meilleure adaptation aux changements.
e. la configuration :
Lorsqu'il y a des incohérences dans l'organisation
d'une entreprise et qu'elle ne fonctionne pas à un niveau de
rentabilité suffisante par exemple, la direction est susceptible de
vouloir faire converger stratégie et collaborateurs vers une nouvelle
organisation « théorique » et
« sociologique ». Il s'agit de déterminer un
modèle d'entreprise qui se rapproche le plus de ce que l'image qu'on
voudrait en avoir.
On trouve différentes sortes de modèles
d'entreprises liés à une approche administrative ( par services),
concurrentielle ( par produit) ou encore une organisation de type matricielle (
par secteurs d'activités au sein de l'entreprise). Une étude des
objectifs à atteindre permettra de préciser vers quel type
d'organisation se tourner.
Une fois que l'on connaît l'ensemble des facteurs qui
permettent à une entreprise d'être viable, on est en droit de
réfléchir sur ce qui l'anime, à savoir dans un premier
temps, ses structures c'est-à-dire ses fondations puis ceux qui en sont
les acteurs.
1.2 Les structures et les acteurs du changement
On est en présence de plusieurs leviers «
vivants » en vue de conduire le changement, ceux-ci s'imbriquent en
tant que structures, lesquelles sont animées par des acteurs.
1.2.1 Les structures
La structure est le fondement de l'organisation des
ressources de l'entreprise et cadre les ressources par département ou
service. Cela peut donner un aspect complexe car il existe de multiples
interfaces. Cela dit, il faut souligner que l'expérience et les
relations inter -personnelles sont très importantes. En
conséquence, des refontes complètes d'organisation sont peu
nombreuses, elles ne sont pas là pour solutionner tous les
problèmes.
Cependant, elles sont le fondement de toute possibilité
de changement, quelles sont -elles ?
Ce sont les structures dites «
conventionnelles », à savoir la répartition des
métiers d'une entreprise par nature de métiers. On structure dans
ce cas les fonctions commerciales, financières, de production et de
support selon un organigramme précis avec des liens inter- services.
A l'intérieur de chaque département, on
délimite le rôle de chacun sous la forme d'une structure
hiérarchique par poste. Un cadre est fixé en positionnant un
chef d'équipe, un ou plusieurs collaborateurs adjoint(s).
A côté des structures conventionnelles, une
structure « sociale » qui comprend les acteurs sociaux de
l'entreprise prend place et a pour origine un certain nombre de collaborateurs
des différents services. Elle constitue la trame de l'entreprise car
c'est elle qui fait vivre la structure globale à travers son rôle
de contrôle des activités de l'entreprise au niveau de la
stratégie et des conditions de travail des salariés dans ce que
l'on nomme les Instances Représentatives du Personnel ( IRP).
Enfin, un type de structure « informel »
se met en place car c'est celui qui permet aux différents sous-
structures de communiquer. Il s'agit des liens inter- services, inter-
métiers ou inter- personnelles. Ce type relationnel est celui qui
est souvent le plus « touché » dans le cadre d'une
conduite de changement car il intervient au coeur même de la vie des
salariés contrairement aux
« organisations formelles » conçues par le
Codir qui sont plu facilement modifiables car intangibles.
Nous allons le constater à travers le point suivant qui
concerne les « acteurs » vivants au sein de l'entreprise
que sont les hommes et les femmes qui la composent.
1.2.2 Les acteurs
Qui sont- ils ?
Ce sont les collaborateurs de l'entreprise, leurs managers et
les acteurs sociaux en tant que salariés prenant part au contrôle
de l'activité de l'entreprise
a. les collaborateurs:
Il s'agit de l'ensemble du personnel qui est visé par
la conduite de changement en termes humains et pour qui un accompagnement
à cette conduite est mise en oeuvre. Celle-ci a pour but de
déterminer si leurs conditions de travail, leur poste, ou même
leur métier et l'organisation même de leur service vont être
modifiés. Il ya lieu dans une conduite de changement à tenir
compte de l'avis de ces salariés pour savoir si la nouvelle orientation
stratégique de l'entreprise en tient compte ou peu, voire pas du
tout.
b. les managers:
Ce sont des membres du Personnel, à part
entière, qui sont présents pour encadrer l'activité d'un
service, voire tenir une Direction. A double titre, ils doivent connaître
les changements susceptibles de modifier le travail de chacun, l'organisation
de leur service et leur rôle d'encadrant. Leur fonction essentielle
liée à la stratégie en fonction de la gestion des hommes.
De ce fait, ils doivent eux-mêmes être bien informés d'un
changement d'organisation afin de partager la vision de la Direction et
être en mesure de communiquer les points importants à leurs
collaborateurs.
Pour les managers qui sont aussi des membres de la Direction,
ce sont ces derniers qui sont en première ligne et doivent concilier
réalisme du changement et interprétation du changement par leurs
subordonnés par un plan de communication adéquat.
c. les acteurs sociaux
Comme nous l'avons cité au point
précédent, ce sont essentiellement les instances
représentatives du personnel qui jouent un rôle de
« personne morale ».
Un mandat d'élu par le personnel à date fixe et
régi par le Code du Travail, leur donne le pouvoir de prendre
connaissance de la stratégie de l'entreprise afin d'en informer
l'ensemble des collaborateurs et de négocier le plan ou les
décisions qui sont prises.
Ils sont tenus par leur fonction de vérifier la
faisabilité d'une orientation stratégique mais seulement en
fonction des conditions de travail et du maintien autant que possible des
emplois impactés. Ce rôle qui leur est dévolu est
limité et ne peut pas faire rempart aux décisions de la direction
de manière unilatérale.
Etudions ensuite quelles sont les conséquences
de la conduite de changement au sein d'une entreprise, à savoir, ses
forces et ses faiblesses dans une prochaine sous -partie puis les
résistances dans une dernière partie.
1.3 les forces
La mise en place d'une nouvelle stratégie et donc d'une
conduite de changement est un système organisationnel en soi,
c'est-à-dire un dispositif qui va connaître des mouvances et des
changements irréversibles.
La participation au changement est le point d'orgue en vue
d'une adhésion dans un processus de réussite. Plus l'implication
est forte, plus l'on peut capitaliser sur les expériences et les
idées, la solution n'en sera que performante.
En effet, l'implication assure l'adhésion car la
réponse retenue est celle des collaborateurs et ne suscite pas que des
résistances; pour cela, il tient de favoriser les groupes de travail et
l'émergence d'une interface entre l'équipe en charge du projet et
les collaborateurs.
Il faut cependant prendre garde à bien associer les
adhérents à ce changement, cela donne la parole aux plus
sceptiques. La démarche de faire participer tous les salariés de
l'entreprise génère davantage de rassemblement que
d'opposition.
Pour renforcer un tel dispositif, il est
préférable d'établir un diagnostic pour établir une
évaluation du niveau d'adaptabilité an changement.
Il faut ainsi retenir trois critères
a. le cadre social et démographique:
Ce sont les forces « vives » du dispositif
de changement, ce sont les salariés de l'entreprise qui vont porter le
changement. Les salariés sont des éléments dont il faut
tenir compte de par leur nombre, leur séniorité ou non, leur
engagement , leur ancienneté et leurs compétences
rassemblées.
b. le cadre hiérarchique:
Redisons le: c'est l'encadrement et son implication. Il doit
exercer une pression positive sur les équipes pourvu qu'il soit bien
tenu au courant du changement et formé à communiquer. En effet,
il est le lien entre la direction et les collaborateurs.
c. les us et coutumes au changement dans l'entreprise
Il y a lieu de savoir pour la direction et la direction des Rh
sur quel passé et sur quelles valeurs s'appuyer. En effet, concernant
l'histoire de l'entreprise, celle- ci peut avoir connu des épisodes de
difficultés financières, un changement de statut, un rachat, une
acquisition. Il faut trouver une façon de tirer partie des
réactions des salariés à cette époque et
établir un plan et une communication qui en découle puisqu'on a
même dans d'autres conditions un ou des précédents.
On peut ainsi établir un cadre d'analyse des risques
centré sur l'origine des causes
Ä bien faire participer l'ensemble du Personnel
Ä valoriser les solutions qui en découlent
Ä affirmer de nouveau la volonté du management
d'entreprendre ce changement
Ä former et accompagner
Ä communiquer tout le long du processus de changement en
mettant en action des moyens pour ce faire
d. la gestion des jeux de pouvoirs:
Ä sur la base du reporting, c'est-à-dire
tous les rapports écrits émanant du Personnel, tant les
collaborateurs, leurs supérieurs hiérarchiques que les
interventions des IRP. I faut là encore tirer partie des
résultats pour orienter telle mesure du plan stratégique ou tel
point de la conduite du changement en connaissance de cause.
Ä sur le la base de la
rémunération, établir selon les
éléments en présence à ce niveau pour mettre en
place, si besoin, un système de rémunération collectif ou
individuel, fixe ou variable plus approprié pour faire passer les
idées de changement découlant d'une nouvelle stratégie.
Ä sur les fondements d'une communication de la
part de la direction, voire des équipes d'encadrement,
c'est-à-dire:
u Informer sur la vision de l'avenir
u Renseigner sur le déroulement des actions dans le
temps
u Affirmer sur la nécessité de ce changement
par des messages forts
u Souligner l'importance de l'effort collectif
Ces forces nombreuses sont à même de favoriser
une réussite d'une conduite de changement mais la mutation vers une
nouvelle organisation peut rencontrer des résistances sur le dispositif
à atteindre, voyons le.
1.4 Les Résistances
On peut classer celles-ci en trois groupes suivant qu'elles
proviennent d'un mouvement collectif, individuel ou en tenant compte des
causes structurelles ( ou conjoncturelles)
1.4.1 les résistances collectives
Ce sont successivement les normes, les rites et les
idées préconçues au sein d'un système de valeurs.
a. les normes:
Par normes, on entend les règles qui
régissent la pensée que l'on tire d'une culture d'entreprise ou
personnelles. Elles établissent dans un cadre entrepreneurial un
sentiment d'appartenance qui prévaut sur ce que l'on ressent à
propos de changements dans l'entreprise. Elles établissent un cadre pour
la pensée et constituent un obstacle au changement si elles sont
contraires à celle-ci.
b. les rites:
Par rites, il s'agit dans un environnement purement
humain des valeurs personnelles et culturelles qui s'opposent aux mouvements
extérieurs dès lors que ces mouvements sortent du cadre de
référence.
c. les idées
préconçues:
Enfin, les idées préconçues sont un
mélange des normes et rites qui constituent une barrière qui
rejette toute idée de changement dès lors que l'on n'arrive pas
à les recevoir.
Cet ensemble établit une échelle de calcul de
manière à déterminer le bien fondé ou non, les
souhaits tant au niveau des attitudes , comportements, solutions
recherchées, contraintes ressenties. Les résistances collectives
sont intangibles dès lors qu'elles sont ressenties par un nombre de
salariés qui portent un sentiment d'incompréhension
vis-à-vis de mesures qui les touchent globalement.
1.4.2 Les résistances individuelles
Le changement est révélateur d'angoisse pour
chaque membre de l'organisation aussi bien que sur le plan collectif.
Le changement représente:
a. la rupture:
Celle-ci peut contribuer à la perte de repères
tant dans l'espace que dans le temps ou dans le système relationnel et
comportemental d'une entreprise. Un salarié dans son for
intérieur, outre les idées apportées par le groupe, a une
pensée unique qui l'amène au constat que sa situation personnelle
peut être compromise ou revue à la baisse par une nouvelle
organisation.
b. le retour sur soi:
un salarié se remet en cause sur ses capacités
et ses compétences acquises. C'est aussi un réel enjeu et peut
constituer un frein à la mise en place d'une nouvelle organisation. En
effet, le salarié peut douter de lui-même quant à sa
capacité à s'intégrer dans un nouveau dispositif.
Enfin, si l'on additionne les résistances collectives
et individuelles, un certain nombre qui ne dépend pas du personnel de
l'entreprise, il en existe d'autres qui sont innérentes à la
structure.
1.4.3 les causes liées à la conjoncture et
à la structure
Elles revêtent trois formes qui sont
intrinsèques au fonctionnement des entreprises
a. les conditions de travail:
Lorsque celles-ci sont appelées à être
modifiées à différents stades, elles forment un barrage
à la mise en place d'une nouvelle organisation. En effet, la conduite de
changement dans son application doit donner des solutions en fonction des lois
du Code du Travail, certaines situations de travail peuvent être
flexibles mais la majorité doit répondre à des conditions
d'horaires, de sécurité, d'adaptation au poste de travail par la
formation, d'effectifs et de rémunération, entre autres.
b. le fonctionnement
organisationnel:
Les entreprises possèdent un
fonctionnement modal suivant la nature de l'organisation primaire, une
souplesse de ce système doit pouvoir être mise en place en cas de
besoin.
Par exemple, une structure de type matricielle,
c'est-à-dire par produit ou type de services, doit pouvoir supporter un
changement d'organisation. Le regroupement de production de plusieurs gammes de
produits en une seule a pour conséquence une flexibilisation de l'outil
de travail constitué d'une part des salariés mais aussi du mode
organisationnel de l'entreprise qui est leur cadre de travail.
c. le climat social de
l'entreprise:
La plupart des employés entreprises
de plus de dix salariés en France a la faculté d'être
représentée par des délégués du personnel,
un comité d'entreprise pour les structures à partir de 50
salariés et d'autres formations en fonction du nombre de
salariés.
En fonction des évènements qui se
déroulent dans l'entreprise, salariés et IRP, conjointement, sont
consultés ou donnent d'eux-mêmes un avis sur la gestion d'une
entreprise concernant l'avenir de celle-ci, les conditions de travail et
l'organisation en fonction de son développement économique.
Ses représentants sociaux sont à même de
favoriser ou d'infléchir certaines décisions relevant d'une
nouvelle organisation si elle remet en cause le devenir de l'outil de travail,
des collaborateurs ou les résultats dans leur globalité.
Le fait que la direction engage une réorganisation, une
conduite de changement doit être menée en fonction du climat
social favorable ou non d'une entreprise. Par exemple, la délocalisation
dans un autre pays d'une production a besoin d'être argumentée par
les acteurs du changement et ne pas affecter la présente organisation,
au prix de négociations difficiles entre direction et salariés
via les IRP.
Après avoir défini en théorie et en
détail en quoi consiste dans un environnement donné une conduite
de changement au sein d'une entreprise, nous allons voir en l'illustrant
d'exemples et d'écrits issus d'une recherche documentaire, comment la
mettre en oeuvre et la gérer.
II LA MISE EN OEUVRE DE LA CONDUITE DE CHANGEMENT ,
UNE NOUVELLE FORME D'ENTREPRISE, SES DEFIS ET SES ETAPES
De nos jours, on recherche davantage l'efficacité sur
les moyens de production que la conformité et le bien- être
humain. C'est pourquoi, en vertu de nécessités
financières, un calcul est obligatoire chaque fois que l'on entreprend
un changement dans l'organisation.
C'est dans ce contexte que nous allons aborder que
l'application d'une conduite de changement aboutit à l'émergence
d'une nouvelle forme d'entreprise, nous verrons aussi les défis à
relever dans ce cas, puis le rôle de chacun des membres de l'entreprise
et enfin les échéances du développement de la conduite du
changement dans le temps. Nous nourrirons cet exposé par un certain
nombre de réflexions de spécialistes de la question.
2.1 Une nouvelle forme sociale
Dans la majorité des cas, c'est dans un contexte
concurrentiel que la conduite du changement prend tout son sens, la mise en
oeuvre d'une conduite du changement pour l'accompagner. Pour survivre dans un
environnement dans une économie libérale par définition,
la gestion du changement doit appliquer trois principes pour obtenir un
fonctionnement optimal: leur maîtrise, leur contrôle et leur
fragilité.
2.1.1 la maîtrise de la structure
Le centre décisionnel de l'entreprise se trouve
à partir d'indicateurs qui doivent donner les lignes stratégiques
de progression.
Michel Crozier dans son ouvrage « A quoi sert la
sociologie des organisations ? »1(*)
a donné dans ses travaux des réponses à
ce phénomène, notamment en classant les environnements de travail
qui constituent le pouvoir. Ce système permet de maîtriser encore
et encore l'activité et la prise de décision.
« C'est de cette façon que les
stratégies offensives et défensives sont détectées
au sein d'une organisation et viennent en support pour contrôler les
incertitudes qui peuvent surgir.
Ceux qui peuvent se sentir menacés sont à
même de pratiquer de la rétention d'information et restent
insaisissables. »
On peut déduire de ses travaux que seule une
maîtrise totale d'une structure permet de pouvoir mettre en oeuvre une
conduite de changement efficace et appréhender plus facilement les
nouveaux enjeux liés à une stratégie
rénovée. On note que la maîtrise est seulement
détenue, d'après ce qu'il dit, par ceux qui détiennent
l'information. Ces derniers sont très différents d'une
organisation à l'autre, par exemple, entre une organisation
décentralisée ou resserrée, nationale ou étendue
à l'étranger etc...Dans le cas d'une centralisation, ce sont les
dirigeants qui auront la maîtrise de l'information et sur des sites
décentrés, ce seront les « experts » qui
détiennent un savoir- faire. Et qui contrôle un tel système
et , en fin de compte, qui le maîtrise ?
2.1.2 Le contrôle de la structure
Comme le mentionne également M Courpasson dans son
dossier « la gestion fait-elle ce qu'énonce la gestion
? »2(*), une
entreprise façonnée de nouveau suite à un changement de
stratégie correspond à une nouvelle forme sociale et la
surveillance dont elle doit faire l'objet, par quelques petites phrases
prélevées comme suivent:
« Que ça plaise ou non, il va falloir
s'y adapter »...
...« On est obligé d'y aller, sinon il
faut changer de crèmerie. »...
...« Il n'y a pas à choisir,
l'organisation nouvelle est déjà en place »...
...« Pourquoi voulez-vous vous battre contre des
choses qui vous dépassent... ».
Nous déduisons de ces citations que, bien souvent, ceux
qui contrôlent, à savoir souvent l'encadrement
intermédiaire, répondent à ceux qui en ont la
maîtrise, la direction dans bien des cas, mais l'on a vu juste
précédemment que dans des organisations
décentralisées, cela pouvait être ceux qui
détiennent le savoir-faire et l'information. Ceux -ci peuvent être
d'autres membres de l'entreprise comme les « experts », des
groupes de salariés, une force syndicale ou sociale. Ce système
« précaire » peut entraîner des
difficultés, voyons le à travers le dernier principe de la
nouvelle forme sociale.
2.1.3 La fragilité de la nouvelle structure
Cette précarité se manifeste à un niveau
externe, bien souvent, la survie de l'organisation en dépend.
Accablée par les concurrents, l'évolution des marchés ,
des charges, des contraintes diverses, l'organisation est menacée de
toutes parts. Une menace qui se traduit en interne pour les individus: leur
emploi peut être- supprimé et remplacé par un moins
coûteux et plus flexible. Une nouvelle organisation est dite alors
nouvelle forme sociale pour les conséquences issues de
l'extérieur qu'elle peut engendrer.
Cette précarité s'applique à tous les
niveaux hiérarchiques et constitue un danger pour la survie des
collaborateurs dans l'entreprise.
Toujours dans le dossier élaboré par David
Courpasson2(*), il est
cité une réflexion de Christophe Dejours, psycho dynamicien du
travail, qui attribue cette « absence de choix à la
perception continue d'une menace pesant sur des positions professionnelles
fragiles à l'intérieur de la culture de la
précarité ».
Une vigilance vis-à-vis des évènements
extérieurs la fragilisant , par une bonne maîtrise de la structure
et un contrôle efficace d'une nouvelle forme d'organisation issue d'une
orientation stratégique différente et qui fait l'objet d'une
conduite de changement doit donc être en mesure de répondre
à des défis comme ceux que nous allons exposer maintenant.
2. 2 Les nouveaux défis généraux
de l'entreprise grâce au changement
Quels sont donc ces nouveaux défis à prendre en
compte par la direction d'une entreprise et qui plus est, par le service des
ressources Humaines ? On doit parler de certains aspects RH déjà
à ce niveau car il entrent dans un raisonnement global, bien que nous
verrons dans le détail son action dans la troisième partie.
En effet, les missions assignées aux RH connaissent un
profond remaniement qui s'avère irréversible. Les causes en sont
le besoin de la prise de décision stratégiques et la nouvelle
donne de gestion prévisionnelle, définies stratégiquement
par un comité de direction.
Les RH, en totale refonte de leur influence dans l'Entreprise
sont responsables des missions suivantes:
u L' administration du Personnel
u La gestion du cycle de vie du collaborateur et de son
développement personnel
u L'accompagnement à la conduite du changement
u La participation aux prises de décisions
stratégiques
On constate d'ores et déjà, à travers
ces quatre éléments que les défis à relever par la
direction et les ressources humaines sont imbriqués. En effet, le
rôle des RH comme on l'abordera de manière plus
élaborée dans la troisième partie de ce mémoire,
connaît un mouvement en amont vers un rôle stratégique. Nous
allons étudier ces quatre points plus précisément afin de
constater que les nouveaux défis incombant à la direction d'une
entreprise lors d'une conduite de changement engagent de plus en plus le
service RH.
2.2.1 l'administration du Personnel
L'administration du Personnel dans un mouvement de
réorganisation est de plus en plus effacée au profit d'un
Système d'Information dédié aux Ressources Humaines (
SIRH) qui est plus véloce et bénéficie d'une
automatisation de la plupart des tâches administratives. Le RH devient
davantage un acteur stratégique du changement dans ces conditions car
c'est lui qui pilote les ressources et le reporting à la direction et
aux managers de manière qualitative en amont de la gestion au quotidien.
L'interlocuteur qu'est le cadre de direction par exemple, n'a pas
forcément les compétences associés ou la
possibilité d'assumer une prise de risque certaine dans l'organisation
car il n'y a pas été sensibilisé. Les RH lui apportent
ainsi ces informations de manière à prendre les bonnes
décisions fin de répondre aux besoins impératifs de
connaissance des ressources ( effectifs, volume de la masse salariale,
données sociales et statistiques) en donnant des informations fiables
rapidement.
2.2.2 La gestion du cycle de vie et son
développement lors du changement
Les RH interviennent de plus en plus comme un prestataire de
services internes. Ils sont le fer de lance de la gestion prévisionnelle
des compétences qui concourent à la performance globale sur le
plan stratégique qui permet d'assurer la rentabilité des plans
d'actions mis en oeuvre lors d'une réorganisation assistée par
une conduite de changement. Les Ressources Humaines semblent donc avoir un
rôle de conseil car elles sont responsables de la
« comptabilisation » de l'ensemble des compétences
en présence, c'est-à-dire, de l'entrée du collaborateur
par son recrutement, sa formation permanente, sa mobilité ainsi que du
traitement social de ce dernier.
La gestion des RH est présente également en
tant que créatrice de valeur ajoutée en donnant des informations
de prospective et de gestion de l` acquis aussi bien que des
données légales, comme tout autre département
opérationnel. Ainsi, améliorer l`efficience et relever des
défis, c'est-à-dire la capacité de s'adapter de
manière optimale des hommes, revient à s'aligner sur la
cartographie des objectifs pesés et affinés de l'entreprise.
On fait appel à divers renseignements comme ceux que
l'on peut trouver à travers les informations retenues pour mener une
conduite du changement et lors de la participation à la prise de
décisions stratégiques.
On est ainsi en mesure de recevoir:
Ø l'intégration de facteurs
démographiques; il faut tenir compte en France du vieillissement de la
population et du départ massif en retraite qui aura lieu dans les
prochaines années (Papy Boom). Savoir gérer la transmission de
la connaissance fait partie des enjeux majeurs RH à venir, bien que les
délocalisations ou l'ouverture au marché européen du
travail soulagent les effets de la donne.
Ø les données d'une gestion
prévisionnelle sur les coûts en terme de masse salariale et autres
indicateurs pris en charge par un SIRH est absolument nécessaire et doit
relever de cet outil pour être judicieusement calculé.
Ø Les données relatives a l'adaptation aux
métamorphoses culturelles: des évolutions marquées en
terme d'organisation interviennent dorénavant du fait de la
dégradation du phénomène syndical et de l'approche de la
valeur travail qui a été profondément modifiée ces
dernières décennies. Le RH concourt aujourd'hui à une
responsabilité sociétale de l'entreprise. Les méthodes de
travail grâce à l'apport de nouvelles technologies changent aussi
et le RH doit intégrer le souci d'un meilleur équilibre vie
privée- vie professionnelle.
On en conclue que l'anticipation est devenue le
maître mot du rôle du RH dans l'entreprise et l'accompagnement du
changement.
Nous allons donc logiquement nous intéresser aux
interlocuteurs dans la mise en oeuvre d'une conduite de changement en
entreprise et comment se répartit leur travail.
2.3 La structure hiérarchique et la
répartition des rôles
Dans cet accompagnement, il y a lieu de tenir compte d'une
évolution dans le dispatching des rôles au sein de l'entreprise de
manière globale ou dans le cadre d'un service en particulier.
Une analyse étayée de la structure
hiérarchique permet de mettre en valeur les nouveaux comportements dans
le cas fréquent où il est difficile de s'appuyer sur une
population encadrant qui sait prendre des décisions en favorisant le
pilotage et l'autonomie des collaborateurs.
On utilise aujourd'hui de plus en plus souvent une
méthode anglo-saxonne dite du Business Processus Reengineering ( BPR)
afin d'obtenir une cartographie globale d'une entreprise. L'approche
grâce au reengineering ( interaction entre les différents acteurs)
permet de mesurer la contribution générale par rapport à
l'objectif de l'entreprise et ainsi favoriser les RH dans leur accompagnement
du changement via ce mode projet.
Il résulte du BPR la métamorphose de la
structure par la métamorphose des membres de l'encadrement du fait de
leur seul comportement au travail, s'ils ne sont pas ou mal formés
à l'accompagnement au changement ou si on ne leur a pas
communiqué tous les éléments. Toutefois, le BPR reste un
outil, et ne constitue pas une solution car il dessine un cadre de
fonctionnement et n'a pas pour objectif la résolution de
problèmes.
La structure « officielle » de la prise en
charge d'une conduite de changement se dessine alors de la manière
suivante:
Ø Le comité de direction qui en est
l'initiateur et qui définit la politique stratégique. Le Codir
donne l'impulsion de la conduite de changement car ce phénomène
est une conséquence d'une réorganisation d'entreprise. Le DRH
lorsque qu'il est membre à part entière de ce comité est
donc comptable d'une telle situation et a le rôle d'insuffler les mesures
à prendre dans ce cadre et de recommander les grandes lignes d'une
conduite de changement.
Ø Le personnel encadrant qui reçoit le message
de la conduite de changement. Ses membres doivent faire l'objet d'une
communication adaptée à leur poste et être formés
à faire passer le message de la réorganisation à leurs
équipes, en tirer les conséquences pour leur service. C'est aussi
à eux qu'il appartient de s'approprier le mode de mise en oeuvre d'une
conduite de changement et de ses effets sur l'activité de leur
unité.
Ø Le personnel autre, qui a pour rôle de mener,
selon sa fiche de poste, un certain nombre de tâches. Ils fait l'objet,
en théorie, d'une consultation ou d'un audit qui fera ressortir les
modifications apportées au poste de travail et à ses conditions
d'exploitation.
Ø Enfin, les Instances Représentatives du
Personnel, selon la taille de l'entreprise, doit être en mesure
d'être consulté et d'apporter des éléments
financiers, économiques et sociaux à même de pouvoir
confirmer, infirmer ou modifier telle mesure ou l'ensemble de la politique
stratégique, des conditions dans lesquelles sont modifiée
l'activité de l'entreprise ou les conditions de travail des
salariés.
Voyons enfin le déroulement en termes de mesures et de
temps pour mener à bien une conduite de changement.
2.4 Les critères de réalisation de la
conduite de changement
Les ressources sont humaines essentiellement (1), il faut
tenir compte de différents atouts (2) et de caractéristiques (3)
qui font de cette chaine une suite d'étapes dans le déroulement
d'une conduite du changement.
Si l'on se réfère à la théorie de
Kurt Lewin, psychologue des organisations dans les années 1930,
cité dans « Management, Stratégie et
Organisation » par Pierre Halifer, Michel Halika et Jacques
Orsoni3(*), celui-ci propose
la description du processus de changements en quatre étapes.
Le dégel
« Le dégel correspond à la prise
de conscience par les acteurs de l'entreprise ( dirigeants, partenaires,
managers, etc.) de la nécessité de changer . Le statu quo est
ébranlé. C'est une phase de maturation. »
Le mouvement
« Le mouvement traduit la mise en oeuvre du
changement au sein de l'entreprise et ses composantes par une
instabilité forte intermédiaire entre deux phases de
stabilité. Cette phase est une rupture, un déracinement par
rapport à la situation précédente.
Le regel marque l'ancrage du changement au plan du
fonctionnement quotidien car c'est le retour à une nouvelle situation
stable et son enracinement. »
L'enracinement
« La phase d'enracinement est la plus
délicate car elle nécessite de transformer les nouveaux modes de
fonctionnement de l'entreprise concernée. Or, si l'attention du
Personnel se porte naturellement sur les deux premières phases, la
dernière est bien souvent difficile ( car on ne sait pas comment
faire) »
Au cours des quatre phases de changement, il faut tenir
compte des habitudes et de la « routine » qui sont
essentielles car un constat s'impose: tout ne change pas. Etudions quels
critères exploiter pour mener à bien une conduite du
changement.
2.4.1 Les apports humains pour mener la conduite de
changement
En effet, pour appuyer la théorie de Lewin
citée en introduction, le changement connaît différentes
phases en fonction de la nature du changement selon Isabelle Vandangeon-
Desrumez2(*), chercheur
française en organisation et maître de conférences en
Management.
Le changement est ainsi:
« prescrit, délibéré, de
type haut vers le bas: le leader joue un rôle central de visionnaire et
son charisme constitue un moteur de la mise en oeuvre du changement
stratégique...»
« ... construit, émergent et de
type bas vers le haut: le leader ne dispose pas d'une vision claire et il
mobilise des groupes d'acteurs, notamment la hiérarchie
intermédiaire, qui vont concevoir et mettre en place le
changement ».
On constate bien ici que bien que le Codir d'une entreprise
standard qui a une velléité de changement et de
réorganisation a besoin dans un sens comme dans l'autre des
collaborateurs de la structure grâce à son pouvoir pour faire
passer un message direct de mise en oeuvre d'une conduite de changement. Tout
dépend de sa position, mais il ne peut rie sans le personnel qui fait
avancer l'entreprise malgré sa capacité de persuasion. Il s'agit
du changement dit « prescrit et délibéré, de
type haut vers le bas. »
Relativement au changement « construit,
émergent et de type bas vers le haut », on voit bien là
que la nécessité de s'appuyer sur les membres du personnel
ressort encore davantage. Ceux-ci sont force de proposition à travers
leurs idées, leurs souhaits et la manière dont-ils sont mis en
valeur par un travail de groupe, une présentation au CODIRpar exemple
qui puisse tenir compte des exigences à la fois des salariés et
tout simplement de l'intérêt de l'entreprise à
réorganiser sans oublier le mode de réalisation de la conduite du
changement.
2.4.2 Les forces dans le déroulement de la
conduite de changement
Dans cette perspective chère au sociologue
français N. Alter dans L'innovation ordinaire4(*), l'innovation émerge
de la réflexion des groupes et est ensuite reprise par la direction qui
l'institutionnalise... »
« ...Mais dans le contexte d'hyper
compétition qui caractérise certains secteurs, dans un
environnement dont les dirigeants ne cessent de décrire
l'instabilité et l'accélération du rythme des changements,
il faut considérer que le retour à une situation stable est
illusoire. Pour nombre d'entreprises, l'instabilité devient la
règle et la stabilité l'exception! Le changement ne fait que
suivre le changement. »
L'atout essentiel et ce qui fait qu'une entreprise est en
mouvement est constitué par sa force principale,
l'innovation, c'est-à-dire, les nouveautés en
termes de management, de produits, de conditions de travail entre autres. Ce
sont des atouts.
Quelles sont les forces en présence ?
a. les moteurs:
Si ceux-ci sont en situation favorable et possèdent un
pouvoir: ce sont essentiellement d'abord les membres de la direction qui
donnent l`impulsion. Ce sont ceux qui sont censés prendre la
décision de mettre en oeuvre dans le temps une conduite du changement
qui doivent en être les premiers leviers par leur motivations, leurs
actes. Ils sont le fer de lance du processus de changement depuis son amorce.
L'encadrement intervient dans la mise en place des mesures
tout en ayant un rôle fédérateur.
Le personnel est enfin le réceptacle qui joue le
rôle de moteur des actions décidées en amont et qui les
appliquent.
b. les freins:
Ce sont par essence des forces défavorables qui
s'opposent au changement des ressources et des systèmes, ce peuvent
être les actions syndicales qui remettent en cause le bien fondé
de la conduite de changement et ses effets sur les conditions de travail ou la
pérennité de l`activité de l`entreprise, et toute forme
d'IRP comme par exemple le Comité d'Entreprise qui existe dans les
structures à partir de 50 salariés et possède un droit de
consultation sur les affaires de l'entreprise qui peut influer sur la nouvelle
organisation et l'accompagnement au changement qui s'y rattache.
c. les soutiens:
Ceux-ci sont en général enclins au changement,
ce peuvent être les actionnaires par exemple. Lorsque le capital d'une
entreprise est soumis à une participation financière
extérieure, il s'agit d'une société financée par
actions. Leur soutien vient du fait que ses détenteurs, les
actionnaires, ont un intérêt dans une réorganisation de
l'entreprise à qui ils ont donné des fonds soit profitable et
procure une plus value plus importante.
Leur présence et leur vote lors de l'assemblée
générale confirme les orientations proposées par la
Direction, ils exercent en quelque sorte une force de pression, de laquelle
découle bien souvent l'amorce d'un changement stratégique.
d. les ralentisseurs:
Ce sont des forces qui freinent le changement mais ne
disposent pas d'une incidence capitale. Ces forces sont susceptibles de
retarder le processus de changement sans le mettre en péril. Cela peut
être une collectivité ou une association, un syndicat
professionnel ou une fédération de métiers. Globalement,
il s'agit d'un groupe de personnes qui intervient sur les règles
propres à un secteur d'activité et qui va à la demande de
salariés ou de représentants syndicaux demander des explications
sur telle ou telle mesure, sur le bien fondé d'un changement de cap
stratégique etc...
L'avis est de nature inquisitoire mais n'a pas de réel
pouvoir d'action sur le cours des choses.
La dernière partie concerne le type de changement
possible et les conditions dans lesquelles il peut se dérouler.
2.4.3 La typologie et les caractéristiques de la
conduite du changement
Il s'agit de considérer deux facteurs parmi lesquels
cités dans « Management, Stratégie et
Organisation » 2(*) que sont le rythme et l'importance du changement.
a. le rythme du changement:
Le rythme détermine l'échéancier des
actions à mener dans une conduite du changement.
Si l'on reprend ce que nous dit l'auteur, il existe
différentes étapes pour mener à bien un tel projet.
« Progressivement: de nature
incrémentale, elle est mise en oeuvre pas à pas, par
étapes successives ancrées dans l'existant et le faisant changer
en douceur; ce changement est susceptible d'emporter l'adhésion, le
soutien des acteurs et en conséquence d'être moins traumatisant.
La fusion entre le Crédit Agricole et le Crédit Lyonnais, deux
grandes banques, semble s'être déroulée de manière
progressive...»
« ...Rapide: il est mis en place sans
transition, brutalement, de façon radicale, du jour au lendemain; par
exemple, le groupe Axa, qui s'est beaucoup développé par
croissance externe, est connu pour mettre en oeuvre, sans délai
l'intégration des entreprises absorbées. »
On constate que selon la taille et l'état des
décisions à mettre en oeuvre, la politique et les valeurs de
l'entreprise, un accompagnement au changement peut se dérouler en
douceur ou violemment, sur une période courte ou plusieurs
années.
Nous pouvons en déduire qu'une étude
approfondie sur le rôle de chaque acteur, sur la nature des
décisions et leur importance dans la modification de la marche d'une
entreprise, du climat social et politique sont autant d'outils qui
déterminent le rythme d'une conduite d changement pour éviter
d'aboutir à une impasse et un mécontentement.
On tiendra compte de ces conclusions de délai et de
temps pour les adapter ensuite aux évènements qui vont se
produire dans le changement de l'entreprise en fonction de l'importance des
changements stratégiques.
b. le classement des évenements du changement selon
leur importance:
Toujours dans « Management, Stratégie et
Organisation »2(*), l'auteur nous propose une classification mineure ou
majeure du changement suivant qu'il porte sur tout ou partie de l'entreprise et
ses activités.
« Intervention mineure: il porte sur une partie
seulement de la stratégie de l'entreprise, de ses systèmes et
processus; dans ce cas, l'entreprise est globalement en phase avec ses
environnements, mais certains aspects méritent d'être mieux mis en
cohérence. L'Oréal par exemple a remplacé notamment au
Liban, ses agents de distribution indépendants par des filiales
intégrées... »
En effet, dans ce cas de figure précis, le
déroulement d'une conduite de changement se produit par pans
d'activité à réorganiser, par produits ou lignes de
produits ou par services. On peut aussi interagir avec plusieurs d'entre eux et
établir un planning d'actions comme on le verra dans la partie III
liée à l'intervention des RH.
« Intervention majeures: elle remet en cause
les fondamentaux de l'entreprise, sa stratégie, son organisation. KODAK
après avoir raté, au dire même de ses dirigeants, la
rupture technologique du numérique, a totalement changé de
stratégie et d'offre produits ».
Encore par cet exemple, il est mis en lumière que la
conduite de changement n'a pas la même nature d'intervention et
rôle d'accompagnement au changement. L'on procède dans ce cas
précis à la remise en cause de nombreux paramètres pour
mener la conduite de changement par un plan d'attaque comme celui qui suit:
Ø Détermination des grandes orientations
stratégiques de réorganisation et approbation par le Codir,
l'actionnariat, le CE etc...
Ø Mise en correspondance d'un projet de conduite de
changement appropriée et détaillée, en lien avec les RH
en mettant en place des outils de mesure
Ø Composition de groupes de travail ad hoc qui
établissent les compétences professionnelles de l'entreprise et
l'objectif de compétences à atteindre
Ø Définition d'un plan de communication en
fonction des populations à informer
Ø Enquête de terrain sur la position du
personnel, ses attentes et ses compétences
Ø Audit RH sur les moyens à mettre en oeuvre en
termes de métiers, effectifs, compétences à
acquérir ou qualification par la formation.
Nous voyons qu'arrivés à ce stade, le
rôle des RH devient crucial. Un plan de conduite du changement doit
être ainsi défini en détail.
Ces derniers exemples sont la preuve que sans une conduite de
changement menée avec finesse, les conséquences sur le devenir
d'une entreprise peuvent mener à des évolution non voulues ou
à de graves difficultés et dans le cas contraire à une
réussite totale menée en douceur et en connaissance de cause.
Pour cette raison, dans la dernière partie, nous allons
voir comment les Ressources Humaines interviennent dans le pilotage de conduite
de changement.
III L'INTERVENTION DES RESSOURCES HUMAINES SUR LE
CHANGEMENT
La fonction Ressources Humaines est liée à la
conduite de changement en ce sens qu'elle est censée accompagner tout
changement qu'il soit profond ou non de l'entreprise sous la gouverne de la
conduite de changement.
Dans cette dernière partie consacrée à
l'intervention du service RH en théorie et par des exemples dans la
conduite du changement, nous aborderons les choses sous différents
aspects.
L'angle d'attaque de cette partie sera de définir et
démontrer que le changement d'organisation au sein d'une entreprise et
l'accompagnement RH qu'il engage en font une entreprise nouvelle à
laquelle il faut attribuer une architecture différente: c'est le
changement structurel accompagné par les RH. Puis, nous verrons que
l'étape suivante est celle de l'entretien identitaire, outil
d'échange qui permet de mieux préparer le changement. Ensuite,
nous verrons que les RH contribuent à mettre en oeuvre un accompagnement
au changement à travers une gestion des RH et une politique de gestion
des emplois et compétences innovantes. En dernier lieu, nous
constaterons que la fonction RH par l'utilisation de nouveaux outils et
surtout en matière de réorganisation a vu son rôle
élargi et remanié.
3.1 Le changement structurel
Le changement structurel est important car il peut assurer la
survie d'une organisation suite à des modifications environnementales,
la concurrence, la technologie ou encore la croissance.
En effet, la structure constitue l'architecture sur laquelle
pèse l'organisation de l'entreprise. Celle-ci se met en mouvement
lorsque le changement survient.
Le point à souligner en termes humains est la mutation
du niveau global de formation et des attentes des salariés qui fait que
la réorganisation décidée en amont nécessite un
profond remaniement.
A l'aide de l'ouvrage « Organisation:
théories et pratiques » Dunod 20054(*) par YF Livian,
l'intérêt de la définition et le fondement du changement
structurel prend tout son sens dans l'entreprise actuelle.
« La structure vise à favoriser le
développement économique et la réalisation des grandes
options stratégiques d'une entreprise. Pour cette raison, le choix de la
structure ne va pas sans poser de difficultés.. Malgré son
importance, le concept de structure semble être pourvu d'une certaine
ambiguïté (...) La structure désigne l'architecture
générale de l'entreprise, représentée
schématiquement par un organigramme. Si ce dernier est important dans la
mesure où il définit les liaisons hiérarchiques existantes
à différents niveaux de l'organisation et les rôles de
chacun, la structure organisationnelle ne se réduit pas à sa
simple représentation formelle. De manière plus large, une
structure peut se définir comme un ensemble de paramètres de
conception aux caractères formel et informel »
On voit bien là que l'évolution d'une
entreprise quelque soit le cas de figure, réorganisation, fusion,
acquisition dans un climat économique et social favorable ou non, va
nécessiter un profond changement structurel dont les limites sont
difficiles à déterminer tant les paramètres sont mobiles (
hommes, concurrence, situation économique etc.). De nombreux sociologues
des organisations se sont intéressés à la mutation des
structures qui a eu pour conséquence une intervention grandissante des
Ressources Humaines d'une part et qui a abouti à une réelle
professionnalisation de ce métier.
Si l'on se réfère aux travaux de
Livian4(*), ainsi les
paramètres d'une architecture organisationnelle constituent en
eux-mêmes une structure « changeante » selon la
théorie de l'expert Mintzberg qui appelle les RH à se pencher
sur le sujet.
Ces critères sont au nombre de trois comme suit:
3.1.1 la spécialisation du travail
Celle-ci correspond à la division de
l'activité de l'entreprise en organes distincts, à la lecture de
l'organigramme par exemple, par grandes fonctions (entreprise fonctionnelle),
par domaines d'activité ou par zones géographiques ( entreprise
matricielle ou par produits) ou encore par processus clés. L'entreprise
en fonction du mode de fonctionnement des conditions de travail connaît
une métamorphose propre à cette restructuration. On décide
donc de répartir les effets liés au changement suivant le mode
existant ou redéfini par la nouvelle organisation en mettant en place
une nouvelle donne dans l'entreprise. Ce phénomène est souvent
lié à l'historique de l'entreprise, à la manière
dont-elles est dirigée ou encore à ses valeurs culturelles.
3.1.2. la formalisation
Ce critère qui correspond au niveau de
précision dans la définition des règles et
procédures aboutit à une formalisation, ce degré peut
être faible ou inexistant ou très abondant. Par exemple, un
ensemble de processus de fonctionnement est mis en place dans une organisation.
Une évolution de l'entreprise vers une décentralisation de ses
activités entraîne un remaniement des conditions d'accès
à l'information , puisque le centre de profit qui gère un centre
répartit son activité sur de nouveaux sites. Les conditions de
travail sont ainsi modifiées de manière structurelle.
On citera entre autres moyens la standardisation des
processus, la supervision directe du personnel pour un meilleur suivi, la
planification des tâches qui en découle, les objectifs de
performance formalisés et les processus culturels ainsi
générés qui sont autant de critères reliés
aux RH dont il faut tenir compte. On peut alors combiner ces facteurs ou les
mettre côte-à-côte.
3.1.2 la formation
Les nouvelles dispositions légales dans le droit du
travail liées à la formation professionnelle depuis 2005 et 2008
sont un levier important dans le changement structurel pour deux raisons.
La première est qu'un changement dans une organisation
fait appel logiquement à la formation pour adapter les
compétences au poste de travail suite aux modifications de conditions de
travail. D'autre part, légalement, la direction de l'entreprise a
l'obligation de proposer un tel programme de formation.
Ce dernier a pour conséquence dans la
réorganisation d'une entreprise plusieurs effets comme le regroupement
en unités de travail au sein de l`entreprise car des compétences
sont remises en valeur et la cartographie de celles-ci sont modifiées,
c`est-à-dire, l'architecture des modes de fonctionnement de
l'entreprise. Nous pouvons citer également le contrôle de
l`activité qui est ainsi renforcé par une meilleure connaissance
par le management de proximité des forces en présence pour une
meilleure exploitation des compétences de chaque salarié.
Enfin, on mesure plus facilement les mécanismes de
liaisons entre les services qui composent l'entreprise et ainsi mieux
maîtriser la circulation de l'information et une meilleure
efficacité dans l'entreprise globalement.
Nous constatons que l'ensemble de ces paramètres mis
bout-à-bout influe sur le changement structurel, les RH se doivent de
dessiner l'ensemble de ces paramètres. Avec l'encadrement dans
l'entreprise, ils doivent maîtriser parfaitement ce
phénomène à travers notamment une politique RH, une
analyse à travers une GPEC et une application stricte sur le terrain
afin d'éviter toute dérive qui compromet la bonne marche voire la
survie de l'entreprise. C'est bien là que se trouve la
problématique de la conduite de changement de calquer les
phénomènes structurels sur des éléments de
prospective.
Citons pour les mécanismes de coordination et de
concertation à nouveau Minztberg, « Les mécanismes de
coordination sont la colle de la structure, l'élément fondamental
qui maintient ensemble les parties de l'organisation »
3.2 L'entretien identitaire
Un responsable RH ou un manager se trouvant dans le cadre
d'une organisation qui connaît une conduite de changement doit
matérialiser l'écart entre la réalité et la
perception qu'en ont les collaborateurs au sein de l'entreprise.
Un outil très pertinent pour accompagner cette conduite
de changement est l'entretien identitaire
3.2.1 Sa définition
Dans l'ouvrage de Livian4(*), l'auteur invite l'acteur RH ou le manager à
communiquer, échanger avec les collaborateurs sur la base d'une
« transformation pour bâtir une nouvelles identité
collective ».
« Toute action de transformation dans une
entreprise provoque des réactions immédiates, souvent affectives
des individus où ce passage vers l'inconnu déclaré
s'accompagne de discussions diverses et variées sur les nouveaux
rôles, missions et positionnements hiérarchiques de chacun. (...).
La gestion du changement en Ressources Humaines pourrait donc se ramener
à une simple logique commerciale où l'acteur du changement est
amené ) trouver par la négociation le bon équilibre entre
ceux qui font un pas ( ...) ceux qui craignent et freinent la
mutation. »
Nous percevons que l'entretien d'un manager avec un
salarié en tête-à-tête est un vecteur indispensable
de réussite du changement car il permet de mettre à plat les
éléments de l'entretien pour établir les effets de la
réorganisation sur le travail quotidien et le ressenti suite au
changement. Cela est très utile dans l'établissement du suivi
d'une conduite de changement pour élaborer une étude
planifiée dans le temps du contenu du poste de chacun, des besoins en
formation, de la mobilité du salarié et de son
évolution.
3.2.2 Son fonctionnement
Les Ressources Humaines doivent ainsi engager le manager
à imposer un style de management et échanger sur la base de
rapports de confiance et guider chaque collaborateur à trouver sa
place dans la nouvelle organisation. Les entretiens sont effectués
individuellement par chaque manager de proximité préalablement
formé et en accord avec le déroulé de la conduite de
changement. Cela évite un rapport de force lié à une crise
identitaire où les règles préétablies
apparaîtront floues. L'équipe RH doit alors donner les moyens au
manager d'atteindre cet objectif en lui donnant les clefs du dialogue. Il doit
être en mesure de pouvoir échanger avec les salariés de
l'équipe gérée sur la base d'outils d' analyse du contenu
de chaque poste par la rédaction ou la redéfinition d'une fiche
de poste. Il doit être aussi capable de mesurer l'écart entre
l'existant et le devenir du poste et proposer une possibilité de
formation, renseigner le collaborateur en amont sur les nouvelles valeurs
à adopter en cours de conduite du changement et convaincre le
salarié de les faire siennes, lui démontrer les avantages de la
nouvelle organisation sur sa situation personnelle si c'est le cas. Il faut que
le manager soit aussi en mesure de proposer des solutions alternatives que nous
verrons dans la partie sur la stratégie de gestion des ressources
humaines et la gestion prévisionnelle des compétences et de
l'emploi.
3.2.3 L'intervention des Ressources Humaines dans ce
contexte
C'est à ce moment précis que le DRH et son
équipe peuvent et doivent intervenir pour peu que les instances de
Direction lui donnent leur aval.
Les RH intervient alors à un niveau stratégique
afin de définir une méthode de fonctionnement et spécifier
besoins et savoir qui fait quoi dans la conduite des entretiens.
Au cours de l'élaboration du plan de conduite de
changement par la direction d'une entreprise, celle-ci doit y inclure une
session dédiée non seulement à la communication sur ce
plan sur une base collective mais aussi organiser une information individuelle
sous la forme d'entretiens.
Ce travail doit intervenir au début du processus
d'accompagnement et c'est au service RH qu'il incombe de faire ce choix. Il va
participer dans le cadre de la définition du plan stratégique,
dans la mesure où le Codir le lui permet, à déterminer une
phase d'échanges avec le personnel individuellement. Les RH doivent
donc venir en conseil ou en décideur suivant que le DRH soit membre du
Codir ou non, afin de mener à bien un ensemble de rencontres avec chaque
salarié. Le management de proximité est son premier interlocuteur
pour lequel le service RH doit mettre en place une formation du personnel
d'encadrement sur la nécessité du changement,
l`élaboration de messages à transmettre et de la construction du
contenu d`un entretien, renforcée par la communication sur un plan
collectif. Livian4(*) nous
invite, acteurs RH, ainsi à définir un cadre de fonctionnement
afin de mener un bon accompagnement au changement par l'intermédiaire
des entretiens « identitaires » dont l'analyse devra
déterminer des choix stratégiques RH visant à
établir un stratégie de gestion des RH adéquate.
3.3 Le choix d'une stratégie GRH ( gestion des
ressources Humaines) et d'une GPEC ( gestion prévisionnelle des Emplois
et Compétences)
Tous les acteurs de l'entreprise à un niveau social
sont parties prenantes dans la mise en place d'une telle politique, à
l'interne comme à l'externe. Mais les logiques ne s'articulent pas
naturellement. En effet, une Direction d'entreprise est davantage
centrée sur des objectifs globaux, la gestion de l'emploi est seulement
un paramètre mécanique. La hiérarchie se focalise sur
certains objectifs qui relèvent directement de celle-ci et de ce fait
accompagne le salarié dans l'atteinte de résultats. Le
salarié cherche, lui, à répondre à ses aspirations
personnelles et professionnelles. La Direction des Ressources Humaines doit
mettre en musique tous ces éléments ce qui n'est pas chose
aisée...
3.3.1 L'objet de la gestion des ressources humaines
La gestion des RH doit travailler avec un réseau
d'acteurs qui sont à l'interne, la direction, l'encadrement, les
salariés et les instances représentatives du personnel .
a. Avec la direction:
Comme nous le disions précédemment. Elle
possède un rôle décisif car elle entretient des liens
étroits avec la DRH sur le plan de la GRH. Son rôle, au sommet de
la pyramide hiérarchique lui donne l'accès aux pouvoirs publics
que sont les institutions liées à l'emploi ( URSSAF, pôle
Emploi, APEC) et différents organismes patronaux ou bien encore les
actionnaires.
La direction, au regard des obligations et droits du droit du
travail, dispose ainsi d'outils de régulation du changement dans
l'entreprise. Cela lui donne des éléments pour établir une
gestion des ressources humaines appropriée. Le concours RH est essentiel
à ce stade car il donne les grandes lignes de la gestion des ressources
humaines en matière de:
- le recrutement: définition d'une politique de
recrutement adaptée au changement
- la rémunération: des études
prévisionnelles sur la masse salariale et sur les effectifs de
personnel
- la formation: un nouvel aménagement lié au
remaniement des équipes peut être imaginé.
b. Avec les IRP:
On fait correspondre aux instances représentatives du
personnel les structures de sa représentation auxquelles on peut
associer des forces syndicales.
Une intervention RH se situe dans un cadre du changement sur
l'interaction entre elle-même et les acteurs représentatifs des
instances du personnel sur les plans suivants de GRH
- le comité d'entreprise ( CE) pour les entreprises de
plus de 50 collaborateurs a un droit de regard sur l'accompagnement au
changement par l'intermédiaire de son rôle consultatif sur le plan
stratégique en cours. Les RH sont avec la direction l'interlocuteur
privilégié du CE pour expliquer la nouvelle organisation et
dialoguer. Cependant, le CE n'a pas un rôle décisif à ce
stade. Pour les entreprises dont l'effectif est inférieur à 50
personnes, il s'agit des délégués du personnel ( DP) qui
assurent cette fonction.
- le comité d'hygiène, de sécurité
et des conditions de travail ( CHSCT) est un organe très présent
dans les grandes entreprises qui agit en lien avec les RH sur les conditions de
travail et de sécurité. Dans le cas précis, son rôle
est de veiller de concert avec les RH au contrôle de la politique
stratégique sur ces deux aspects de manière à apporter des
actions correctrices si besoin. Il peut demander le concours de l'inspection du
travail départementale lorsque cela est nécessaire pour valider
les conditions du changement à la lumière de la loi.
c. avec l'encadrement et les
salariés
Les cadres en charge d'une équipe assurent grâce
à leur rôle de vecteur de messagers du changement une position
clé dans la GRH
- assurer et rassurer les équipes et ses effectifs
successivement sur les effets du changement par une communication
définie en lien avec la RH.
- analyser en collaboration avec les salariés
individuellement ou par l'intermédiaire des managers en collaboration
avec les RH, le devenir du contenu du poste en question, les actions de
formation, la mobilité interne, les éléments de
rémunération.
- établir un plan de gestion des compétences en
présence de manière à pouvoir se projeter au regard du
changement.
Un ensemble de règles internes soulignent dans la
prise de décision des zones d'ombre où le pouvoir de changer
intervient ou non mais cela est sûr, cette attribution donne aux acteurs
autres que la Direction des interactions de pouvoirs qui doivent être
combinés harmonieusement grâce aux dispositions légales de
GPEC comme nous le verrons ensuite.
La définition d'une GRH en amont du changement, avec
le Comité de Direction donne des éléments
stratégiques à mettre en oeuvre par la DRH.
Cette dernière a un outil pour concourir à la
réalisation de la conduite de changement: la Gestion
Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC).
3.3.2 L'objet de la gestion prévisionnelle des
emplois et des compétences
Elle est à la fois un outil de conception, de suivi et
de contrôle.
a. sa définition:
La GPEC consiste à remettre en question les
« pratiques conservatrices » d'une entreprise en divisant
le travail entre la Stratégie ( direction) et l'exécution par
les collaborateurs de cette même entreprise. Les résistances
peuvent évoluer lors de cette étude, il n'est donc pas
aisé de trouver le juste milieu pour contenter toutes les parties. Car
il s'agit de faire passer le message à travers une GPEC de la
nécessité collective à une multitude d'applications au
niveau individuel. La GPEC est issue de la Gestion des Emplois qui est une
étude prospective sur les métiers et les postes de travail qui
s'y rattachent dans u. e entreprise donnée. La GPEC y associe l'analyse
des compétences en concordance avec les emplois de manière
à apporter les actions correctrices nécessaires par le
recrutement, la formation ou la mobilité. Elle fait depuis quelques
années l'objet d'une obligation légale pour les grandes
entreprises.
b. l'étude de GPEC:
La GPEC doit se fonder sur un certain nombre d'analyses comme
l'étude d'emplois- types et la prévision en termes de
populations afin d'être en mesure de déterminer des directives de
gestion. De plus, il faut ensuite passer à l'action ce qui n'est pas
aisé, la RH doit donc créer des stimuli pour arriver à bon
port! Elle doit par exemple servir de support à la création d'une
cartographie des emplois en fournissant les fiches métiers
associés, des éléments du plan de formation, de
mobilité, des prévisions de politique de
rémunération et des études de masse salariale.
Il existe une difficulté complémentaire,
intégrer le paramètre contextuel car un outil n'est pas synonyme
de changement, la GRH et par extension la GPEC doivent établir un lien
de cause à effet avec le changement opérationnel.
c. l'impact de la GPEC sur la conduite du
changement:
La GRH est un critère d'accompagnement au changement
qui n'a de valeur que technique qui contribue aux progrès
stratégiques envisagés par la Direction d'une entreprise. L'outil
qu'est la GPEC aide à reconnaître les compétences
déjà présentes au sein du Personnel et à en tenir
compte, dans la normalité des choses...Les RH formulent les changements
d'état et soulignent les écarts et proposent des outils de mesure
et mettent en place des instances de communication a travers les IRP pour
communique les états des lieux
L'influence du contexte spatio-temporel intervient aussi
à ce niveau car il donne les éléments de réponse
sur la faisabilité de décisions en fonction de l'organisation, du
département ciblé ou de la population concernée. Si les
enjeux décidés en Comité de Direction ( CODIR) sont
perçus positivement par les autres acteurs globalement, et de
manière prospective et enfin si les acteurs RH sont
légitimés dans l'entreprise et ont donné des
« gages » de politique sociale favorables, alors il est
possible d'envisager que la structure s'homogénéise et se stimule
d'elle-même pour apporter un changement durable et efficient. Les RH ont
un rôle de médiation à ce niveau dont le niveau de
réussite se mesure à l'aune du développement à
moyen terme de l'entreprise et au coeur même de son évolution.
La fonction RH se trouve ainsi au coeur du changement
grâce à son action accrue en termes stratégiques et donc
dans la conduite du changement.
3.4 La transformation de la fonction Ressources
Humaines
En s'inspirant de l'ouvrage de Bernard Gazier dans son ouvrage
« La stratégie des Ressources
Humaines »5(*), on note que l'auteur aborde le sujet des outils et
pratiques de la gestion des ressources Humaines.
En effet, il aborde la notion de « jeu à
trois »:
3.4.1 le jeu à trois et ses contraintes
« Le jeu à trois, entre salarié,
entreprise et Etat est particulièrement manifeste lorsqu'on envisage
quelques-unes des obligations qui sont faites, dans le cas français ,
outre les obligations liées au contrat de travail, aux entreprises dont
le nombre dépasse le seuil de dix, cinquante, cent ou trois cent
salariés: à partir de dix salariés,
délégué-e (s) du personnel, élus, qui a pour
rôle de présenter les réclamations des salariés, et
financement de la formation professionnelle etc. »
On vérifie par ces contraintes qu'au fur et à
mesure du vote des lois, les Ressources Humaines doivent composer avec des
critères qui peuvent constituer autant de difficultés
supplémentaires...
Le service RH a ensuite le devoir de faire une analyse
précise en fonction de ce contraintes et ainsi d'en donner une
interprétation avec des visées
· immédiates: arrivées, départs,
composants de rémunération, stabilité du personnel,
effectifs.
· anticipatrices: c'est là qu'intervient la
gestion du personnel via les RH: définition des besoins en fonction du
personnel, orientation des recrutements, mobilité interne, formation,
conditions de travail
La Direction des Ressources Humaines fait face
également depuis ces dernières années à un
accroissement au des accords d'entreprise,
« c'est-à-dire des accords négociés
avec les partenaires sociaux sur les droits et les conditions de travail
équivalents ou supérieurs aux accords nationaux liés au
secteur d'activité que sont les ANI ( accords sur des points de droit
et de conditions de travail négociés pour un secteur
d'activité donné avec les forces syndicales
représentatives en vigueur) etc...) Les RH ont vu surtout depuis le
début des années 90 et actuellement avec certaines
confédérations ( notamment la CGT, Confédération
Générale du Travail dont le leader, Bernard Thibaud prône
davantage les accords bilatéraux avec le patronat et l`Etat), leur
fonction profondément modifiée par le jeu des lois et accords,
les RH ne font plus de la gestion de personnel à proprement parler mais
de de la gestion des ressources Humaines comme par exemple la circulation des
collaborateurs par l'obligation de reclassement, l'organisation des
carrières (entretiens annuels) pour l'ensembles des populations cadres
ou non cadres.
Dans le cadre d'une conduite du changement, cette nouvelle
donne a pour impact de donner un rôle prépondérant et
modifié aux RH qui sont au coeur du processus de métamorphose de
l'entreprise et engagés par la loi.
3.4.2 L'impact financier RH
La DRH a aussi acquis les éléments
financiers de rémunération et de gestion de masse
salariale etc.auparavant dévolues à la Direction Administrative
et Financières ( DAF).
Les RH ont un rôle de maîtrise de nombreux
éléments qui ont un poids financier dont l'évolution est
à considérer, surtout au vu de ce que le changement peut produire
comme modifications budgétaires
- l'élément rémunération
individuel et collectif, susceptible de varier en fonction des accords pris
dans le cadre d'une réorganisation par la revalorisation ou le transfert
de salaires.
- les éléments participatifs ( participation et
intéressement) à conserver ou à modifier en fonction de la
restructuration.
- les revenus périphériques aux salaires comme
le PEE ( Plan d`Epargne Entreprise), Plan d`Epargne retraite ( type PERCO,
système collectif) qui sont des leviers de négociation sociale
à utiliser dans le cadre de l'accompagnement du changement.
-les avantages sociaux liés au CE dans le même
ordre d'idées
- les complémentaires de santé, l'attribution
de véhicules
- la gestion des frais annexes, l'accès au restaurant
d'entreprise, tickets restaurants.
Ils ont « par ricochet » et surtout au
sein de grandes entreprises un rôle de contrôle de la gestion
sociale, qui les relie souvent à la DAF à qui ils continuent de
rendre des comptes.
Enfin, un phénomène qui se développe de
plus en plus et liés aux coûts et à l'harmonisation des
systèmes, est un paramètre qui pèse de plus en plus lourd
sur la métamorphose de la fonction RH:
l'externalisation.
3.4.3 L'externalisation des moyens RH dans le cadre du
changement
a. une définition de
l'externalisation
David Autissier6(*) dans son ouvrage « Méthodes de
conduite du changement: diagnostic, accompagnement, pilotage »
nous donne une interprétation de ce phénomène:
« L'externalisation consiste à confier
la totalité d'une fonction ou d'un service de l'entreprise à un
prestataire externe spécialisé pour une durée
pluriannuelle. Celui-ci fournit la prestation en conformité avec le
niveau de service, de performance et de responsabilité
spécifiés... »
Pour ce faire, David Autissier recommande une
«bonne compréhension des objectifs du client par le prestataire
qui doit parvenir à intégrer les raisons pour lesquelles son
client a décidé d'externaliser une partie de ses activités
mais aussi ses principales contraintes (...)la définition de la propre
vision stratégique du client qui doit se traduire par une formulation
claire des enjeux...un engagement du client dans le suivi des
opérations. »
On peut déduire de cette opération
d'externalisation qu'elle est un mouvement stratégique et souvent
relève de la décision d'une Direction car elle précise son
souhait de changement.
b. l'objet de l'externalisation des RH lors du
changement:
La DRH contribue fortement à cela lorsqu'il s'agit
notamment de la tendance actuellement de la gestion des compétences.
Cela a pour but de décharger un service RH de tâches
administratives ou de rechercher une performance accrue de la fonction avec un
niveau de service plus élevé. Cela peut se retrouver sous la
forme du recrutement, de l'évaluation , la formation , la gestion
administrative du personnel, de la gestion de la paye ou même de la
fonction de DRH dans certaines PME et PMI.
L'externalisation peut ainsi modifier la configuration
organisationnelle d'une entreprise. Souvent, on y fait appel lorsqu'il s'agit
d'adapter la chaîne de valeur de l'entreprise comme les rôles et
leur distribution , les responsabilités, le partage des gains de
productivité en temps et en monétaire et de mutualisation de
ressources et de systèmes. Souvent, si l'on s'y prend prudemment, on
aboutit à une nouvelle forme organisationnelle plus souple et souvent
innovante. En effet, le fait de remodeler une organisation est un réel
intérêt dans le sens où il n'est pas obligatoire de tout
réaliser par soi-même! Car on n'y trouve pas forcément de
valeur ajoutée déterminante, la qualité du service en bout
de course peut être supérieure et du temps de gagné! Dans
la même idée, l'entreprise peut de son côté se
recentrer sur son coeur de métier et dégager du temps pour
innover. De nombreuses entreprises y ont recours en utilisant les services
« d'outsourcing » ( externalisation) , notamment sur
l'aspect de la paie et de l'administration du personnel. On en retrouve
beaucoup dans le secteur, d'autres entreprises externalisent en rassemblant
leurs activités sous forme de centres de services partagés (
CSP), on est à mi chemin de l'externalisation dans ce cas. Voyons
maintenant l'illustration à travers l'étude de terrain dont le
questionnaire porte sur l'impact RH dans l'entreprise en conduite de
changement.
IV L'ENQUETE DE TERRAIN
Dans cette partie, nous abordons l'enquête menée
sur le terrain par la note de méthode qui détermine comment nous
avons établi les outils et le mode d'entretien utilisé. Nous
continuerons ensuite le déroulement en citant les interlocuteurs
interviewés. Nous donnerons le sentiment général sur le
vécu de l'enquête et nous verrons le résultat
détaillé de l'étude en décomposant les
entretiens.
4.1 Note de Méthode
Nous voulons dans cette étude rechercher les
éléments de questionnement qui concernent la
problématique du présent mémoire. Le thème de
conduite de changement conduit à se poser des interrogations de
l'état de ce domaine dans des entreprises diverses aux populations et
problématiques variées. Un parcours qui comprend 10 ans
passés dans le Conseil en RH et une année dans le secteur des
Services m'a engagé à mettre en place un questionnaire où
des acteurs du Conseil et de l'Entreprise puissent se retrouver soit à
travers leur expérience antérieure ou présente personnelle
ou au travers de leurs clients. J'ai donc fait appel à ces deux types
d'interlocuteurs.
a. le sujet:
Ce sont en majorité des hommes à 80 % qui
occupent des positions d'encadrement.
Les personnes interrogées sont au nombre de 17 dont 5
femmes.
Leur provenance géographique est l'Ile-de- France
principalement de même que le lieu de travail.
La plupart d'entre eux a effectué un cursus
d'études supérieures.
b. le matériel utilisé:
Il s'agit d'un ensemble de questions construites sur
l'architecture suivante:
· 1 questions sur le parcours de la personne
interrogée pour appliquer à ses réponses un contexte
visant à faciliter la compréhension de celles-ci.
· 3 questions relatives aux réflexions de conduite
du changement en général
· 2 interrogations sur l'application de mesures de
conduite de changement lors du parcours professionnel
· 2 questions sur l'intervention RH dans la mise en
oeuvre et l'exploitation d'outils d'accompagnement à la conduite de
changement
· 1 question qui porte sur l'existence et
l'intégration d'une politique ou de mesures de GPEC dans l'entreprise
auxquelles ils appartiennent dans le présent ou le passé
Nous obtenons un résultat avec un
déroulé logique d'un questionnement selon 4 thèmes. Cela
permet de comprendre aisément la politique de conduite du changement de
l'entreprise considérée avec un panel diversifié et dans
le même temps de saisir les enjeux de l'accompagnement RH par
l'interprétation des points de réflexions fournis par les
interlocuteurs rencontrés.
c. le déroulement de l'enquête de terrain
Le mode choisi est un questionnaire de moins de 10
éléments afin que la durée de l'entretien n'excède
pas une heure, étant donné le temps imparti par les
interlocuteurs pour cet exercice dans un cadre professionnel.
Cet exercice s'est déroulé à la suite de
la recherche documentaire sur une période de 6 semaines.
Il a nécessité de rassembler ensuite les
réponses par thème et de les analyser afin de les regrouper par
des résultats approchants ou par résultats atypiques ou pouvant
faire l'objet d'un « cas d'école ».
Les personnes interrogées sont essentiellement des
personnes connues de l'interviewer titre personnel ou à titre
professionnel. Cependant, trois d'entre elles ont répondu à
l'appel suite au dépôt du questionnaire sur le réseau
social en ligne Linked In.
10 entretiens se sont faits en direct au sein de locaux
professionnels, 5 ont fait l'objet d'une conversation
téléphonique et 2 personnes ont répondu en ligne avec un
support téléphonique postérieur afin de préciser le
contenu des réponses.
A l'unanimité, les personnes rencontrées ont
été volontaires pour réaliser ce travail car elles se
sentaient concernées au titre de leur fonction RH ( 13), au titre de
l'objet du changement ( 4) et en tant que manager opérationnel pour 2
d'entre elles, sachant que deux d'entre elles occupent deux positions ( RH et
changement en cours) en même temps.
4.2 Panel
D'après les données fournies dans la sous
partie précédente, nous nous intéresserons directement
à donner une photographie du panel participant à
l'élaboration de l'enquête de terrain, comme suit:
TYPE D'ORGANISATION
|
FONCTION
|
MODE DE REPONSE
|
EFFECTIF
|
CONDUITE CHANGEMENT
|
Conseil en organisation
|
Manager de projet
|
Entretien
|
240
|
En projet
|
Conseil en organisation
|
Directeur de projet
|
Entretien
|
240
|
En projet
|
Conseil en organisation
|
Chef de projet
|
Entretien
|
240
|
En projet
|
Conseil enorganisation
|
DRH
|
Entretien
|
240
|
En projet
|
Conseil en organisation
|
Resp de recrutement
|
Entretien
|
240
|
En projet
|
Outplacement
|
Consultant RH
|
Entretien
|
20
|
Expérience clientèle
|
Outplacement
|
Consultant RH
|
Entretien
|
20
|
Expérience clientèle
|
Entreprise postale
|
Conseil emploi/ mobilité
|
Entretien
|
1150
|
En cours
|
Entreprise postale
|
DRH
|
Entretien
|
1150
|
En cours
|
Entreprise postale
|
Responsable MO
|
Entretien
|
1150
|
En cours
|
Entreprise postale
|
Resp contrôle gestion
|
Entretien tél
|
1150
|
En cours
|
Entreprise postale
|
Dir projets immo
|
Entretien tél
|
1150
|
En cours
|
Association DRH
|
Resp RH
|
Questionnaire en ligne
|
210
|
passée
|
Association DRH
|
Resp RH
|
Questionnaire en ligne
|
100
|
passée
|
Conseil en RH
|
Cslte accompagnement
|
Entretien tél
|
25
|
clientèle
|
Entreprise de services
|
Manager de transition
|
Entretien tél
|
700
|
En cours
|
Conseil en RH
|
Consultante recrutement
|
Entretien tél
|
15
|
passée
|
|
4.3 Vécu de l'enquête
Il est aisé de concevoir une liste d'interlocuteurs
suffisante en nombre afin de donner un résultat en utilisant un carnet
de relations professionnelles. Cependant a complexité des parcours des
participants fait que nous obtenons un large champ de réponses.
Nous avons donc équilibré au maximum le type de
population interrogée, par genre, type de profession, type
d'activité. Dans le but d'optimiser l'analyse de ce type de
questionnaire, nous avons revu et corrigé la liste de questions en
début d'enquête de manière à ce que chacun se sente
à l'aise et impliqué dans ses réponses. Les questions
comme elles apparaissent, en annexe 2, sont ciblées vers des
professionnels RH ou autres dans le cadre de leurs activités
présentes ou passées dans un cadre professionnel direct ou en
tant que fournisseur de services ou de produits.
Nous avons pu facilement entrer en contact avec les personnes
interrogées qui se sont trouvées être ouvertes au
thème débattu dans le cadre des entretiens.
4.4 Résultats ( questionnaire en annexe 2)
Nous aborderons le questionnaire selon l'architecture
employée dans le déroulement de l'entretien et répondrons
en regroupant les réponses similaires puis nous analyserons les
données.
Les verbatim figurent en italique, l'analyse en texte droit, le
nombre de répondants par affirmation entre parenthèses.
1 Quel est votre âge, ancienneté et
parcours ?
En moyenne, la population questionnée est
âgée de 46 ans, de statut cadre confirmé et doté
d'une vingtaine d'années d'expérience.
Cet échantillon est représentative du statut
médian d'acteurs du changement tant au niveau RH
qu'opérationnel
2 Pouvez vous vous situer dans l'organigramme de
votre entreprise ?
En l'occurrence, nous avons interrogé des N- 1
dans la hiérarchie par rapport au
Comité de Direction, une seule personne ( DRH) en
était membre.
Les personnes interrogées sont 11 responsables RH, 3
opérationnels, conseillers et 3 managers de proximité avec une
tendance majoritaire pour la fonction RH de manière à obtenir un
champ de réponses larges et représentatives
3 Qu'entendez-vous par conduite du
changement ?
C'est une logique d'adaptation de l'environnement en
constante( 2 réponses)
Il s'agit là d'une définition purement
théorique de la conduite de changement du point de vue du professionnel
RH
C'est une mutation ( 3)
Cité par les managers de proximité dans le
panel qui y voient là une réorganisation des équipes
C'est lié uniquement au
« business » (2)
Cité par deux consultants RH dont le point de vue est
celui d'un acteur extérieur au regard de la politique de changement chez
leurs clients.
C'est subir le changement ( 1)
Cité par une consultante RH dont l'ancienne entreprise
a pris des mesures de changement sans en informer les collaborateurs
Changement d'organisation ou de système(
5)
Réponse donnée exclusivement par les
collaborateurs de l'entreprise postale dont la réorganisation est en
cours et qui ont reçu ce message de la direction
Accompagnement des hommes sur de nouveaux processus (
1)
Cité par le manager de transition qui applique
actuellement un processus de changement sur une nouvelle organisation paie
Groupe
Définition d'une méthode de travail (
2)
Cité par des professionnels qui ont connu le
changement sans être impliqué dans son organisation
Aller vers une organisation cible( 2)
Cité par l'unique DRH et le Directeur de projets dont
la situation hiérarchique les place en tant que stratagème
En conclusion, la conduite du changement est connu
des acteurs de l'entreprise comme levier dans le cadre de la
stratégie
4 Comment est perçue la conduite du
changement au sein de votre entreprise par les
collaborateurs?
Anxiogène, parfois stimulante, c'est un
changement de repères
Nous rassemblons les réponses données dans ces
trois critères d'appréciation car ils sont représentatifs
d'un état d'esprit vu par les managers de proximité
vis-à-vis de leurs équipes, par les professionnels issus du
Conseil vers les salariés des entreprises clientes et par les
collaborateurs des entreprises concernées par un changement
intrinsèque. En effet, le changement est synonyme d'inconnu donc
d'anxiété en général. Il peut être
dynamisé par l'obtention de garanties d'évolution des postes de
travail et d'ordre financier. Les interviewés sont favorables
globalement au changement dans la mesure où il s'accompagne de nouveaux
repères.
Nécessité de bases de construction
nécessairement solides ( 1)
Cité par le manager de transition qui connaît
souvent à son arrivé dans l'entreprise une situation
d'incompréhension, de manque de repères et doit mettre à
plat une organisation défectueuse.
C'est écouter, valoriser les acquis car souvent il
n'y a pas de communication entre les uns et les autres.
Cette réponse est donné par le
Consultant en accompagnement qui a constaté sur les individus
accompagnés au sein d'une même entreprise que le message sur la
conduite du changement connaît des répercussions
différentes suivant le type de population visée. Il souligne
là le problème de transfert du message de changement dont les
personnes qui y sont soumises ne parlent souvent pas entre elles, sans doute
par crainte d'être jugées.
5 Comment percevez-vous la position de la DRH et
de la Direction en général sur ce même sujet
?
A la hussarde, c'est un passage en force ( 1)
Cette consultante en recrutement d'un ancien cabinet de
Conseil en RH le souligne car elle a connu un remaniement des équipes et
un regroupement des activités de recrutement par secteur
d'activité sans que personne de l'entreprise ne soit sollicité,
ni écouté. Elle l'a très mal vécue car elle ne
s'est pas sentie prise en considération au regard de son positionnement
commercial et sur un plan humain, noyée au milieu d'une équipe de
gens inconnus. Ce type de processus de changement en force est rare, cela
dit.
La position ferme de la Direction est essentielle car
les mouvement dus à la conduite du changement peuvent être
perçus comme normaux ou brusques suivant la manière dont le
message aura été délivré ( 7)
Nous retrouvons sur cette affirmation de nombreux acteurs RH
et deux managers de proximité ( projets) dont la connaissance
théorique de la communication du changement d'une part et l'importance
du processus de communication d'autre part, a une importance cruciale dans le
bon déroulement de la conduite de changement. C'est le fil rouge qui
permet que la réorganisation s'effectue en connaissance de cause et en
douceur.
La conduite du changement permet un impact sur la
valorisation de l'actif, ce dernier étant basé sur de l'humain
à 100 %.
Ce verbatim de l'unique DRH du panel souligne que la
direction en général place l'accompagnement au changement au plan
des compétences en premier lieu, puis en termes de rentabilité et
pour finir en termes humains.
6 Quels sont les choix essentiels en terme de
conduite de changement au sein de votre entreprise si cela s'applique
?
Tous les interlocuteurs ont connu ou connaissent un
épisode de changement au cours des cinq dernières
années.
Segmentée par profil, grade et entité (
1)
Le conseiller emploi et mobilité fait
référence à la cartographie définie dans son
entreprise de services postaux qui mène un plan d'actions
stratégiques en vue de conduire le changement après avoir
reçu de l'information de la part des managers et dans un climat de
communication globale sur une réorganisation sur 3 ans. Il se fonde sur
l'aspect administratif, dans sa réponse, nous percevons un certain
manque d'information sur les tenants et les aboutissants de ce travail
d'approche par compétences.
Pas d'anticipation: que du recrutement à
l'externe, pas de « bordement » de la Direction sur le
business à ce sujet ( 4)
Ce sont les réponses données par les membre du
cabinet de conseil en organisation qui ont ressenti le changement uniquement
par l'apport de ressources externes, sans avoir été
consultés sur le devenir de leur activité de base, sur leurs
métiers.
Axé sur la formation par type de poste
(1)
Le manager de transition se démarque encore par sa
réponse qui répond à un plan de réorganisation d'un
service paie mais pas de l'entreprise dans sa globalité. Toutefois, il
résonne par formation dans l'accompagnement des salariés qui est
un vecteur essentiel mais pas suffisant même au niveau d'un seul service.
Il ne parle pas de cartographie des compétences, de croissance externe
ou d'outsourcing par exemple.
Essentiellement en terme de formation et sur la paie par
la voie de l'externalisation ou de la réorganisation (1)
Réponse citée par le DRH dont on
perçoit bien là qu'on en est déjà au stade du plan
d'action et que la conduite du changement se situe au niveau de la formation et
du reclassement du personnel en fonction de la nouvelle
organisation.
7 Pouvez-vous mesurer les effets de la conduite du
changement et ses conséquences pour votre entreprise ?
La satisfaction des équipes sur le
résultat d'une enquête post changement: les mêmes valeurs et
un même mode de fonctionnement ( 4)
Cité par le responsable RH et deux managers de
proximité ainsi qu'un salarié, l'outil de calcul de satisfaction
reflète l'optimisation des compétences internes est largement
favorisée. Un certain nombre de mesures de recrutement, de
mobilité par la promotion ou la formation trouve leur succès dans
le résultat de l'enquête de satisfaction menée par les RH.
Cet outil de mesure est préconisé dans l'accompagnement au
changement mais souvent sous utilisé.
Résultat désastreux, cassant, et beaucoup
de turn -over ( 1)
Ce verbatim cité de nouveau par le consultant en
recrutement au sujet de son ancien employeur illustre l'absence de conduite du
changement et ses résultats négatifs.
Travail avec moins de stress (1)
Le consultant en accompagnement signifie là qu'elle
prend du recul dans la conduite de changement du client suivi à travers
une participation active à l'accompagnement au cas par cas. Elle se
réfère à la fois à son expérience et
à un résultat logique de la diminution des attitudes
angoissées si l'accompagnement est effectué dans les
règles.
Il a été difficile de mesurer le changement
à court terme mais lorsque on observe le changement avec du recul, les
effets ont été nets sur le métier, les processus et les
comportements dans le bon sens ( 1)
Le DRH mesure là les effets positifs d'un
accompagnement avancé et plutôt bien mené grâce
à l'intégration d'outils de GPEC cités
précédemment. On constate cependant l'absence d'un outil de
mesure des effets de la conduite du changement à ce stade.
8 A quel niveau vous paraît-il souhaitable
que la DRH intervienne ? Quels actions préconisez- vous dans ce cadre
précis ?
La compréhension et la préparation des
états d'esprit (1)
Ce commentaire issu de l'entretien avec le manager de
transition démontre le travail de terrain en amont que la DRH doit
mettre en place via la communication globale sur le changement avant toute
chose. Il y a lieu de faire part des étapes de l'accompagnement dans le
temps, de donner de l'information, d'échanger en utilisant par exemple
via les fiches métiers, l'adaptation au poste de travail par la
formation continue.
Expliquer le dispositif de formation lié au
changement afin de faciliter l'adaptation et l'intégration de nouvelles
donnes ( 1)
Le conseiller emploi et mobilité fait cette remarque
car il rapporte le changement à la suprématie de la formation
dans l'adaptation des postes de travail.
La DRH doit occuper un rôle déterminant de
décision et de positionnement sur les grands axes stratégiques de
l'entreprise ( 8)
De nombreux interlocuteurs, RH ou opérationnels font
référence au rôle du service RH et qui plus est, à
son dirigeant, ce verbatim souligne l'importance de la présence
stratégique qu'il ou elle peut remplir par sa participation au
comité de direction.
La DRH doit être le gardien du temple de la
cohérence du projet. Les RH devraient organiser une réunion de
préparation au changement, proposer sans imposer (4)
Les 3 interlocuteurs du cabinet de conseil en organisation
qui ont la position de se mettre en hauteur face aux systèmes
d'organisation voit dans le rôle RH, une position de rassembleur et de
communiquant.
La gouvernance d'entreprise doit systématiquement
embarquer le DRH dans sa prise de décision et contribuer à la
stratégie (3)
Cette phrase résume l'avis des acteurs du
conseil RH dans le panel. La DRH est leur interlocuteur en tant que
fournisseurs, ils le voient comme le fédérateur des
salariés et de leur ressenti sur le changement afin d'influer sur les
décisions stratégiques en faisant partie du CODIR.
9 Avez- vous entendu parler de gestion
prévisionnelle des emplois et des compétences ? Que cela
évoque-t-il pour vous ?
« Non, je n'en ai jamais entendu
parler » (2)
La GPEC est inconnue de deux managers de proximité
d'un cabinet de conseil car ils estiment ne pas savoir ce que cela recouvre
très bien.
Pour d'autres, il s'agit d'une cartographie
actualisée des savoirs, des éléments de force de
proposition, et une innovation RH (1)
Ce qui ressort, c'est le mot-clé «
cartographie » qui revient souvent, il s'agit d'un des
éléments de la GPEC. Il s'agit d'une connaissance partielle de
son domaine d'application. On constate que la GPEC est un élément
pour lequel les entreprises surtout moyennes n'ont pas le réflexe d'y
faire appel.
C'est unir valeur et innovation (2)
Ces deux paramètres font référence
à la gestion des compétences vers de nouvelles choses, processus,
produits sans que cela soit réellement formalisé.
C'est mettre en correspondance compétences et
performance (1)
Il s'agit de la même dynamique de
précédemment en soulignant l'aspect rentabilité. La GPEC
est donc un outil d'optimisation.
Il s'agit d'un outil d'évaluation et de suivi des
performances (2)
On réduit la GPEC à un rôle d'outil sans
faire ressortir son aspect politique global, d'organisation et
stratégique.
Beaucoup de choses pour pas grand-chose (2)
La GPEC n'est pas comprise par de nombreux salariés
comme il résulte de ce questionnaire car il ressort de cette remarque
l'aspect lourd et pompeux du sujet.
Le manager a besoin de savoir pourquoi et ce que tu fais
(1)
C'est la mise en place d'un référentiel
métiers, des compétences cibles ( 1)
Je pense qu'il s'agit aussi d'un
« catalogue » de formation et d'un outil de suivi de cette
formation globalement diffusée aux collaborateurs (1)
Son but est de retenir les
« Key talents » (1)
Cette fonction est une partie de la GPEC
Il peut aider à faire une évaluation
annuelle par salarié (1)
On l'assimile à un outil d'évaluation sans
percevoir un champ élargi de la GPEC
La GPEC donne des béquilles au manager(1)
C'est un guide de management!
C'est une logique d'approche prévisionnelle des
besoins de l'organisation ainsi que des hommes. Elle mesure les écarts
entre attentes et réalité et anticipe les besoins en formation
pour préparer cette adéquation.
C'est le DRH qui donne de la GPEC cette définition
assez précise. C'est le seul interlocuteur qui a mesuré tout
l'étendue de l'application car c'est son rôle de développer
de tels outils.
Il ressort de cette étude que la conduite du changement
reste méconnue ou sa compréhension est parcellaire. Il faut
souligner que l'accompagnement au changement est vécu plus
personnellement que collectivement même si les professionnels du panel
savent qu'il s'agit de mesures qui intéressent l'ensemble ou une partie
de l'entreprise selon qu'il s'agit d'une réorganisation complète
ou partielle.
Pour ce qui concerne la GPEC, cet outil parle peu aux
personnes interrogées, sans doute parce que son contenu a
évolué récemment par la loi en 2005 et 2008 ou en
pratique. En effet, l'origine, la gestion prévisionnelle (GPE) a fait
surgir la GPEC et de nombreux salariés ne s'y retrouvent pas.
Enfin, même si le sujet est méconnu mais fait
référence à l'emploi, le panel répond clairement
que c'est le service RH qui doit prendre en charge la GPEC, la faire
connaître et s'engager dessus par une participation du dirigeant RH au
comité de direction.
A partir de cette étude, il nous est plus aisé
de définir une liste de préconisations par thèmes en
suivant un déroulement logique comme suit.
V. LES PRECONISATIONS
Sur les notions de conduite du changement d'une part et
l'apport des ressources Humaines à celle-ci d'autre part, il nous a
été plus aisé de pouvoir comprendre au travers de
données « terrain » de quoi notre
problématique relève et ce qu'elle peut vouloir dire. A la
lumière de ces principes, j'aborde maintenant les solutions
envisageables pour faire de la conduite de changement un réel apport
dans la marche d'une entreprise, en son coeur, dans ses processus, ses
résultats et ses relations inter- personnelles.
Au vu des « risques » issus du changement
et aussi d'un certain nombre d'autres dans une perspective
générale « saine » d'une entreprise, un
certain nombre de préconisations sont à poser c'est-ce que l'on
peut appeler les préconisations de fond et de forme.
5.1 Les préconisations de fond
Une évidence se pose au sein de l'entreprise, c'est le
facteur humain! Voyons comment faire accepter le changement
5.1.1 Faire comprendre que le changement est
nécessaire et utile.
Bien souvent, on ne tient pas compte du risque humain, car
bien souvent, la culture de l'entreprise est factuelle, systématique et
organisationnelle davantage que fonctionnelle.
a. le changement en annonçant la
méthode de gestion de projets
Une solution réside dans la méthodologie de
gestion de projet à travers une formalisation ainsi qu'une planification
des tâches mais dans la limite de la fiche de poste de chacun (
référence à la GPEC)
En privilégiant cette méthode de gestion de
l'entreprise par le mode projet, il faut tenir compte du comportement humain en
considérant les divergences entre les équipes de projet et les
opérationnels en charge de la marche de l'entreprise...
En effet, dans la mise en oeuvre d'après une
stratégie donnée par le Codir, le plan d'actions à mener
par le biais des comités de projet doit trouver sa mise en oeuvre par
les opérationnels en considérant:
b. le changement par l'intégration
d'actions de communication en amont:
Comme on l'a perçu déjà à de
nombreuses reprises précédemment, il est acquis l'idée
d'élaborer un dispositif de messages à transmettre. Un travail de
concert des RH avec le Codir et le service de communication interne ( souvent
intégré aux RH) visera à rassembler un certain nombre de
données d'orientations stratégiques chiffrées,
d'informations inscrites dans un échéancier et de donner les
mesures à entreprendre. Enfin, le plus important, il faut dire dans ces
messages à quoi l'on veut parvenir par l'accompagnement du changement
sur l'avenir de l'entreprise.
c. le changement par la part importante de la
formation:
En effet, la conduite du changement peut mener à un
changement pur et simple de métier ou donner lieu à une
adaptation au poste de travail. Avant cela, il faut faire passer le message que
l'on va modifier le devenir de l'entreprise et faire appel à des mesures
qui visent à emmener le personnel dans une mutation qui pourrait
nécessiter une remise à niveau des compétences par la
formation continue au sein de l'entreprise.
5.1.2 Engager le changement par la méthode de
changement dite « Method Blue »
Nous recommandons ainsi d'utiliser cette méthode
globale structurée et éprouvée, voire connue du monde de
l'entreprise comme celle qui se pratique dans les cabinets de Conseil.
Il s'agit de prendre en compte:
Ä Le positionnement des leaders (
membres du codir, managers de proximité, collaborateurs clés et
influents): ces éléments doivent se placer sur l'échiquier
du champ d'intervention du changement comme par exemple, être le
responsable pour chacun d'entre eux d'un groupe de travail par thèmes (
réflexions sur les fiches métiers, sur les possibilités de
mobilité, sur les changements dans les conditions de travail).
Ä le rôle de l'organisation en
fonction des acteurs en présence plutôt que le contraire: il
s'agit là de prendre en compte l'humain et d'adapter le changement
autour de lui plutôt que de vouloir à tout prix que les objectifs
liés au changement correspondent strictement à la future
structure voulue sans considérer les hommes et les femmes qui
composeront celle-ci.
Ä l'application d'une conduite de changement en
fonction des moyens préconisés en amont et non une improvisation
comme bien souvent on le trouve dans les entreprises dont la
stratégie est modifiée. Un plan par gestion de projets vaut mieux
qu'une suite de tâches sans cohérence.
Ä un échéancier dans le
temps flexible au fur et à mesure des changements pour donner au
changement de la souplesse aux processus lié à l'humain et non
à une avancée arithmétique.
5.1.3 Prévoir les enjeux humains du projet
technologique et organisationnel
Des étapes qui correspondent à la
« Method Blue »5(*), issue toujours des grands cabinets de conseil et qui
consiste à gérer de bout en bout un projet en le manageant.
En effet, on associe à chaque pas de la conduite de
changement une étape de la Method Blue:
Ä Par le diagnostic de la capacité de
changement en mesurant celle-ci par un outil de recueil des besoins
des salariés au regard de leur poste de travail et de leur
volonté d'évoluer dans la nouvelle organisation. Cela prend la
forme d'entretiens individuels qui donne point par point le ressenti de chaque
salarié sur le changement, ses réticences et ses bienfaits selon
son propre jugement. Il est possible dans ce cas aussi de faire ressortir les
mesures pratiques du changement pour tel ou tel collaborateur et donc de
l'évaluer service par service puis au sein de l'entreprise
globalement.
Ä Par la définition des métiers et
des rôles que l'on va redéfinir par un travail sur les
compétences en présence et en les faisant correspondre par la
composition de fiches métiers ainsi constituées.
Il s'agit là d'un travail de cartographie des
compétences.
Ä Par la formation des managers de
proximité sur le contenu et la manière pour faire passer les
messages essentiels. et le coaching de ceux-ci vis-à-vis des
collaborateurs de leurs équipes.
Ä Par la communication au sein des
équipes, enfin, tout au long du processus intra services et au
sein d'un service
L'ensemble de ces actions sont menées conjointement
par la Direction et en harmonie mises en oeuvre par la DRH.
5.1.4 la communication globale
Elle intervient à deux niveaux dans une conduite de
changement
Ä en amont car elle informe le personnel d'une
entreprise
Ä tout au long de la conduite de changement et tout
particulièrement au moment de la mise en oeuvre.
Elle permet de réduire les résistances au
changement liées...
...A la crainte...
Ø au refus en acceptant les émotions et les
remarques des collaborateurs
Ø en analysant les enjeux individuels et collectifs
Ø en communiquant sur les gains pour chacun et la
collectivité
Ø en communiquant sur les pertes sans les occulter
Et aussi à la
négociation...
Ø négocier le contenu du changement pour que
les collaborateurs en deviennent les acteurs
Ø respecter le passé de l'entreprise en le
valorisant et en incitant à passer à une nouvelle
époque.
Enfin à l'acceptation...
Ø faire participer les membres du personnel en les
associant à la planification et à la mise en oeuvre du
changement
Ø apporter aux collaborateurs un soutien par la
présence des acteurs RH , par des modules de formation
5.2 Préconisations de forme
Ces préconisations sont le rôle entier et
direct de la Direction des RH et se déclinent de la façon
suivante:
5.2.1 Assurer la primauté du dialogue social
Informer et consulter ad hoc les Instances
Représentatives du Personnel est la première mesure à
prendre dans une entreprise de taille moyenne ou importante en cours de
conduite du changement.
Ø sur une réorganisation des
activités sur laquelle ils sont susceptibles d'intervenir par
consultation ou de leur propre chef. Par exemple, un Codir prend la
décision de supprimer une ligne de produits sur un de ses sites de
production. Il faut que ce dernier soit en mesure de faire un certain nombre de
propositions et d'accompagner ce changement en:
ü Communiquer sur les répercussions sur les
conditions de travail liées aux effectifs, aux conditions de travail et
de mobilité
ü Recueillir ce changement auprès des
salariés et obtenir une validation des IRP ( comité d'entreprise,
délégués du personnel ou CHSCT- comité
d'hygiène, sécurité et conditions de travail.
ü Proposer via ces structures l'ensemble des
possibilités de mobilité ou de reclassement suivant la taille de
l'entreprise
ü Négocier tout au long du processus de
décision sans perdre de vue l'application du droit du travail au regard
du climat social qui doit rester le plus favorable possible.
Ø sur la négociation éventuelle
d'un accord d'entreprise: il est de plus en plus fréquent que
les organisations et les forces syndicales et/ou de représentation du
personnel utilisent cet outil. Il permet d'assouplir la loi telle que
présentée dans le code du travail, comme par exemple:
ü Établir un calendrier de mesures de
suppression de la production d'une ligne de produits et ses effets sur le
personnel concerné par cette mesure et tous les paramètres
liés à leurs conditions de travail (reclassement, formation,
délocalisation, avantages de rémunération etc.)
ü Etudier les moyens donnés aux
représentants syndicaux afin de donner un diagnostic du projet
laisser aux délégués syndicaux ou
délégués du personnel une marge de manoeuvre
pour les décisions qui risquent de ne pas être
négociables dans le cadre de la conduite
du changement.
5.2.2 Elaborer une cartographie sur l'état actuel
et à venir
Dans cette étape, on eut se reporter à un
certain nombre de mesures que l'on retrouve dans la GPEC et les appliquer de
manière plus ou moins flexible suivant la taille de l'entreprise. Si,
par exemple, il n'y a pas d'obligation légale ( entreprise de plus de
250 salariés seulement), on peut procéder de la façon
suivante:
Ø En établissant une nomenclature des
métiers dans l'ensemble de l'entreprise même si tous les
salariés ne sont pas touchés par une réorganisation par
famille, sous-familles, postes etc....
Ø Cela donne lieu à un
référentiel métiers par fiches qui
décrit les caractéristique d'un poste, son activité, le
profil requis.
Ø Cela peut aussi donner comme résultat un
référentiel dit de compétences dans le
même ordre d'idées que l'on fera correspondre avec les effectifs
en présence au moment du changement avec extension sur des
métiers « cibles », c'est-à-dire ceux qui
sont créés ou modifiés suite à la
réorganisation.
Ø De cette analyse résulte un outil de
cartographie des emplois cibles qui permet une
évaluation des compétences et d'imaginer des passerelles
inter-métiers par exemple
5.2.3 Utiliser la Réforme Formation Professionnelle
Continue (FPC) est un gage de réussite dans la conduite du
changement
Représentant un pourcentage de l'ordre de moins de 5%
en général, en fonction des accords nationaux interprofessionnels
(ANI) ou par les accords d'entreprise, le budget de ce type de formation permet
de mettre en place un dispositif de soutien à la conduite de changement
dans le cadre d'une réorganisation d'entreprise. En effet, la loi dans
le code du travail L 63-21-1 prévoit que « l'employeur
assure l'adaptation des salariés à leur poste de travail. Il
veille au maintien de leur capacité à occuper un emploi, au
regard notamment de l'évolution des emplois, des technologies et des
organisations. Il peut proposer des formations qui participent au
développement des compétences, ainsi qu'à la lutte contre
l'illettrisme »
La Direction des Ressources Humaines intervient à
plusieurs titres dans ce processus d'accompagnement au changement
Ø Par son service de formation qui pilote le projet
et établit une passerelle entre les différents acteurs, à
savoir les managers de proximité qui peuvent aider dans la prescription
de modules de formation et les salariés en fonction des besoins
exprimé et accordé par l'employeur.
Ø Par consultation préalable des IRP qui
peuvent donner un avis consultatif ou faire pression lorsque les mesures de
formation leur semblent insuffisantes
Ø Par ses liens hiérarchiques
privilégiés avec les organismes de formation externes ( type
OPCA) qui apporteront un conseil supplémentaire dans le choix du type
de formation et du mode opératoire.
5.2.4 Privilégier les ressources extérieures
exploitables
En France et en Europe, le changement d'organisation et
l'accompagnement qui en résulte peuvent faire appel à un certain
nombre d'institutions à ne pas négliger, surtout que les aides
apportées ne font que renforcer la marge de manoeuvre des acteurs du
changement et un allègement en termes de coûts en même temps
qu'un climat social apaisé.
On fera ainsi appel par exemple à des organismes
comme:
Ø Le fonds social européen ( FSE):
Cet organisme qui dépend de l'Union Européenne
pour l'entreprise donne la possibilité à l'entreprise que la DRH
constitue un dossier via la Direction Départementale du Travail, de
l'Emploi et de la Formation Professionnelle ( DDTEFP). Le FSE peut venir en
soutien financier d'aides publiques nationales déclinées
régionalement dans les domaines de l'emploi et de la formation. Le
changement est ainsi dans sa phase avancée facilité d'autant plus
que l'on sait dès l'amorce de la réorganisation que l'on peut
solliciter ce genre d'institution
Ø le fonds national de l'emploi ( FNE)
Dans le même ordre d'idées, il vient aussi en
compensation financière dans le but d'aider les salariés dans
l'amélioration de la qualification, dans la contribution à
l'égalité professionnelle entre hommes et femmes et sur
l'adaptation aux évolutions technologique
5.2.5 Un plan de communication interne
Une bonnes stratégie de communication RH dans une
entreprise de taille moyenne à importante pourrait prendre la forme
suivante:
Ø des réunions collectives d'informations de
façon à transmettre la même information à l'ensemble
des salariés de l'entreprise
Ø des entretiens individuels de manière
à traiter les résistances
Ø une communication écrite pour
présenter les étapes successives du projet de conduite de
changement par affichage, diffusion d'un bulletin interne périodique
Nous arrivons ainsi au terme du déroulé des
recommandations qui démontrent que les ressources humaines ont
rôle préconisateur efficace si elles s'en tiennent à une
présence renforcée dès le départ du processus, si
elles savent comprendre le changement, le signifier et utiliser les nombreuses
mesures de la palette des outils décrits plus haut au niveaux
légal, social, managérial et humains! Les RH aident ainsi
l'entreprise à jouer davantage son rôle sociétal, tant
attendu par les salariés d'une structure en pleine modification de son
architecture organisationnelle.
CONCLUSION GENERALE
Bien entendu, au vu des préconisations
énoncée ci-dessus, il est nécessaire et en tous cas
préférable que le service RH intervienne en amont du processus
de changement pour adapter dans une certaine mesure l'évolution de
l'entreprise. Le service des Ressources Humaines doit prendre sa place dans
l'organisation au niveau du Comité de Direction dans le cadre d'une
participation au processus de conduite de changement.
La DRH, même à un niveau Corporate, a peu de
marge de manoeuvre et souffre de ne pouvoir se placer en amont ou dans le temps
décisionnel de l'élaboration des changements et de leur
planification, dès lors que ceux-ci se situent à un niveau
stratégique. Au travers des dispositions culturelles,
législatives et sociales, c'est le fait principal que nous constatons en
considérant la partie théorique de ce mémoire.
Sans être la solution idéale, l'accompagnement RH
doit venir en amont du processus, depuis la stratégie, sinon aider,
soutenir et influencer la Direction dans cette direction le plus tôt
possible: les acteurs dans le cadre de l'enquête de terrain le citent
à travers leurs réponses ou tout au moins le sollicitent car ils
sont volontaires pour que la RH soit en position égale dans le processus
de conduite de changement.
Pour revenir au cas de la Poste qui m'a inspiré ce
thème, ma principale constatation est que le service RH n'était
pas intervenu en amont du plan mais en cours de cette réorganisation
profonde. Il devait adapter son fonctionnement aux différentes
étapes du plan. En vérité, l'enjeu principal RH est de
redéfinir les missions des salariés et d'adapter les
Métiers, à l'aide d'actions de suivi. La démarche GPEC est
une action importante dans la conduite du changement.
Ce n'est qu'en participant, sans doute au prix d'une
âpre volonté d'être présent dans les décisions
que les Ressources Humaines au travers du ou de la DRH en personne, à la
conduite de changement en utilisant les armes dont il ou elle dispose.
Ce sont ceux qui lui permettent de s'engager au travers de la
détermination d'outils concrets de suivi (comme les comités de
pilotage) afin de bien comprendre les objectifs économiques de
l'entreprise, savoir placer le tout dans une politique RH globale
définie au préalable en Comité de Direction. Il va s'en
dire que le statut du DRH doit être celui d'un membre de ce Comité
et qu'il ou elle doit rester maître en harmonie avec les autres membres
de toutes les décisions culturelles, sociales et économiques de
la mise en oeuvre d'une politique de conduite du changement au travers des
décisions liées au management d'équipes, à la
rémunération, au recrutement et à la formation sans
oublier les aspects de l'organisation ( système d'information
dédié, audit social).
Il ou elle doit surtout travailler conjointement avec les
Instances Représentatives du Personnel dès l'ébauche d'une
idée de changement. C'est au prix de ce dernier aspect qu'une conduite
de changement peut mener à un consensus employeur - employé dans
un pari gagnant-gagnant à moyen terme et si chacun se tient à ses
engagements sans changement de cap, tout en continuant à
considérer les changements qui meuvent une entreprise faite d'hommes,
femmes et de communication réussie: on le souhaite!
ANNEXES
LES SOURCES DOCUMENTAIRES ( annexe 1)
Pour la rédaction du présent
document, nous avons utilisé les sources suivantes:
« A quoi sert la sociologie des organisations
? » Editions Arslan, 2000, par Michel Crozier
« Les Stratégies des Ressources
Humaines » Editions La Découverte, 2001, par Bernard
Gazier
« Organisation: théories et
pratiques » Editions Dunod, 2005, par YF Livian
« Méthodes de conduite du changement:
diagnostic, accompagnement, pilotage » Editions Dunod, 2007, par
David Autissier
« Les nouvelles formes de domination au
travail » , mensuel n° 158, Sciences Humaines, mars 2005, par
David Courpasson
Pour la préparation de la
présentation orale:
« Le Journal du Net »
Quotidien « 20 Minutes »
« L'Entreprise.com »
« Le magazine de la Décision par
sas », 2008
Différents articles « Débats
horizons », journal « Le Monde », 2010
« Sociologie de la Gestion »,
Editions Belin, 2008 par Valérie Boussarol
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE ( annexe 2)
Quel est votre âge, votre ancienneté et votre
parcours ?
Pouvez vous vous situer dans l'organigramme de votre
entreprise ?
Qu'entendez-vous par conduite du changement ?
Comment la conduite de changement est-elle perçue au sein
de votre entreprise par les collaborateurs? Comment percevez -vous la
position de la DRH et de la Direction en général sur ce
même sujet ?
Quels sont, selon vous, les choix essentiels en terme de
conduite de changement ?
Pouvez vous mesurer les effets de la conduite du
changement et ses conséquences pour votre entreprise ?
A quel niveau vous paraît-il souhaitable que la DRH
intervienne ? Quelles actions dans ce cadre là ?
Avez -vous entendu parler de GPEC ? Que cela évoque-t-il
pour vous ?
* 1 Michel Crozier, A
quoi sert la sociologie des organisations, Paris, Arslan, 2000
* 2 David Courpasson,
Les nouvelles formes de domination au travail, mensuel n° 158
Sciences Humaines, 2005
* 2 opus
cité
* 3 Pierre
Halifer, Michel Halika et Jacques Orsoni, Management, Stratégie et
Organisation Vuibert, 6ème édition 2006 pages 390 et
suivantes
* 2 opus
cité
* 4L'innovation
ordinaire, N. Alter Presses Universitaires de France 2000, p 32 et
suivantes
* 2 opus
cité
* 2 opus
cité
* 4 «
Organisation: théories et pratiques », YF Livian
Dunod 2005, gestion du changement ( p 96- 103)
* 4 opus
cité
* 4 opus
cité
* 4 opus
cité
* 5 « La
stratégie des Ressources Humaines« , Collection
repères, édition 2004, p 8 à 13 et p 24 à 25
* 6 David Autissier,
«Méthodes de conduite du changement: diagnostic, accompagnement,
pilotage » Dunod 2007
* 5 opus
cité
|