La mobilisation des savoirs chez les retraités à travers la pratique bénévole.( Télécharger le fichier original )par Anne GOMETZ Université Paris VIII Vincennes Saint-Denis - Master 1 sciences de l'éducation 2008 |
2.4.5- L'engagement bénévole à l'heure de la retraite.Dans le contexte de l'éducation tout au long de la vie, l'UNESCO (1997)74(*)insiste sur l'engagement et l'expérience comme points positifs relatifs au vieillissement qui méritent d'être amplement diffusés; les seniors possèdent des compétences didactiques fruits de leurs expériences de vie qui se révèlent d'un grand profit pour les autres générations. Cet engagement souvent associatif, en permettant de mobiliser des compétences reconnues utiles socialement peut faciliter « l'entrée dans la retraite » et simultanément, l'immersion dans le bénévolat va médiatiser la rencontre avec l'Autre. Libérés des contraintes du travail, les retraités consacrent beaucoup de temps libre au bénévolat. Et ils sont poussés à garder une activité, après que la société leur ait donné le goût du travail (Ferrand-Bechmann, 2000). En plus de transférer des savoirs, ils en acquièrent. Désireux de se cultiver, d'apprendre, de s'émanciper par le savoir, les aînés, on l'a vu précédemment, revendiquent le droit à la formation et à l'éducation après la retraite. Dans cette perspective, l'engagement bénévole est un moyen d'apprendre et a un impact certain sur le rapport au savoir. Il assure et négocie ce difficile virage qu'est la retraite et que l'on peut représenter tel un voyage, une plongée vers l'inhabituel auquel il faudra s'adapter. S'accommoder au nouveau, à l'étrange sont des capacités qui vont se développer lorsqu'on brise avec le quotidien. Et si, comme le cite Dan Ferrand-Bechmann75(*), « les situations de rupture sont aussi des moments où l'individu est amené [...] à faire des choix nouveaux et surtout à rechercher d'autres réseaux de socialisation et même à s'engager » (p. 51), les activités de bénévolat, en leur reconnaissant en plus une expérience de vie qui peut être partagée, deviennent alors véritablement gratifiantes pour les aînés. Les motivations des retraités à exercer des activités bénévoles au moment de la retraite seraient communes aux autres groupes d'âge mais s'en dissocieraient quelque peu par l'absence d'envie exprimée de développer ou d'acquérir compétences et connaissances (Richard et al.,2006)76(*). Toutes les études s'accordent sur ce point. Utiliser son savoir-faire, retrouver un noyau de sociabilité et rester utile tout en rendant ce qu'on a reçu, seraient les principaux moteurs de l'engagement (Ferrand-Bechmann, 2000). Dans une étude consacrée aux motivations des bénévoles retraités qui participent à un projet de recherche-action, Richard & al. (2006) confirment comme sources de leur implication, la volonté d'utiliser les compétences et l'expérience développées au cours de la carrière professionnelle, celle de reproduire le mode de fonctionnement similaire au climat de travail et de continuer à jouer un rôle dans la société. Prouteau et Wolff (2007)77(*) rapportent des éléments identiques sur la base de l'enquête « Vie associative » menée par l'INSEE en 2002, en montrant par ailleurs que la dimension relationnelle comme motif essentiel de l'adhésion à une association au moment du départ à la retraite est essentielle. On peut distinguer trois types de postures des retraités lorsqu'ils s'engagent (Thierry, 2007)78(*). Il y a en effet ceux qui ont toujours fait du bénévolat et le poursuivent une fois qu'ils cessent leur activité professionnelle, ceux qui vont s'y engouffrer par crainte du vide laissé par la fin de la carrière, et ceux qui hésitent à s'engager soit parce qu'ils ont peur d'être accaparés, soit par repli sur la sphère intime. Selon l'auteur, des dispositifs d'accompagnement sont dans ce cas nécessaires pour susciter l'investissement bénévole, une véritable « pédagogie de l'engagement » visant à rassurer une population qui redoute d'être impliquée sans limites et de reproduire l'effervescence et les contraintes propres au monde du travail. Mais être bénévole, pourrait-on dire, c'est pas automatique ! Thierry (2007) et Maud Simonet-Cusset (2004)79(*) estiment que devenir bénévole relève d'un apprentissage. Celui-ci peut être précoce en lien avec le milieu familial, les engagements de jeunesse, le réseau relationnel (Thierry, 2007) et de plus, certains rôles exercés par le bénévole nécessitent une formation, un suivi, voire même une évaluation (Simonet-Cusset, 2004 : 250). * 74 Document de l'UNESCO « Les personnes âgées et l'éducation des adultes ». Site : http://www.unesco.org/education/uie/confintea/pdf/Fra_8a.pdf * 75 Op. Cit., (2008) * 76 Richard, L., Gagné, J., Lehoux, P. (2006) « S'engager à titre de collaborateur bénévole dans un projet de recherche participative : les motivations d'un groupe d'aînés, Service social - Vol.52, n°1, p. 17-30. * 77 Prouteau L. et Wolff F.-C., Hors thème. La participation associative et le bénévolat des seniors, Retraite et société 2007/1, n° 50, p. 157-189. Site : cairn * 78 Thierry, D. (2007) L'engagement bénévole des retraités : une implication réfléchie ! Site : francebenevolat.org. * 79 Op.Cit., Simonet-Cusset (2004) |
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