INTRODUCTION GENERALE
« Lorsque le passé n'éclaire plus l'avenir,
l'esprit marche dans les ténèbres. »i
C'est par cette phrase que nous pouvons résumer
l'objectif de notre travail de mémoire qui consiste à analyser la
santé financière d'une entreprise d'assurances, la S0RAS S.A., en
nous référant aux bilans et comptes d'exploitation
générale des années antérieures.
En effet, faire une analyse financière permet de voir ce
qu'a fait l'entreprise dans le passé pour faire des prévisions
d'avenir.
1. Choix et intérêt du suJet
Depuis une vingtaine d'années, sous l'influence des
facteurs nationaux et internationaux, nous assistons à une forte
volonté de rejeter les interventions publiques dans
l'économie.
La mondialisation de l'économie a eu pour corollaire
l'intégration croissante des marchés obligeant les entreprises
à adopter des stratégies très souples et à les
adapter en permanence aux circonstances.
Face à cette mondialisation, la performance des
entreprises publiques s'est, en règle générale,
révélée décevante.
La bureaucratie excessive, une calamiteuse politique de
gestion de la chose publique et l'absence de matière grise
adaptée aux circonstances ont été entre autres les raisons
du déficit des entreprises publiques.
Sous la double pression des Institutions de Bretton Woods et
de leur paupérisation croissante, les Etats ont dû privatiser
leurs entreprises devenues au fil du temps des gouffres financiers pour les
budgets, confrontés déjà à un déficit
inquiétant.
Ces Etats ont alors commencé à encourager les
investisseurs privés, tant nationaux qu'internationaux, à former
des entreprises privées, pierre angulaire de l'économie
moderne.
La naissance de l'0ffice Rwandais pour la Promotion de
l'Investissement (0RPI) au Rwanda ( dont les textes de loi sont sortis au
journal officiel n° 4 du 15/2/1999) est une initiative oeuvrant dans ce
sens.
Aussi, parmi les aspirations à l'horizon 2020, il est
bien spécifié que « cette vision se fonde sur le
développement de l'entreprenariat et un secteur privé
centré sur une classe d'hommes d'affaires et d'entrepreneurs ayant un
esprit de concurrence.»2
Ceci explique pourquoi nous nous sommes
intéressé dans notre travail à l'entreprise privée.
L'industrie d'assurance a retenu notre attention parce que c'est un
marché en émergence.
En effet, dans moins de six ans, on a vu naître deux
nouvelles sociétés d'assurances ( C0GEAR & C0RAR).
Aussi, si la littérature en assurance est relativement
abondante dans les domaines juridique et technique dans notre pays, il faut
aussi bien reconnaître qu'étudier l'assurance sous son aspect
«gestion» en général et « diagnostic financier
» en particulier est actuellement peu courant.
Le choix de la S0RAS nous a été dicté par
son ancienneté dans le Secteur d'Assurances, son statut de 100 %
privé et son importance sur l'échelle nationale.
2. Délimitation du suJet
Tout travail scientifique doit être
délimité dans le temps, dans l'espace et dans le domaine. Notre
travail porte sur le diagnostic financier des entreprises d'assurances au
Rwanda et nous étudions le cas de la S0RAS pour la période
étalée sur cinq ans, à savoir 1998 à 2002.
3. Problématique
Ces dernières années, nous assistons à
une montée progressive du Secteur Services qui supplante le Secteur
Agricole petit à petit. Au Rwanda, il est prévu qu'en 2020 la
contribution du Secteur Services au PIB sera de 45,6 %, pendant que
l'Agriculture aura chuté à 27,9 %.
Parmi les composantes du secteur services, nous nous
intéressons à l'assurance.
Au Rwanda, comme dans plusieurs pays en voie de
développement, le rôle de l'assurance est relégué au
second plan.
Ceci est dû au manque de sensibilisation, d'information
et d'instruction de la population sur l'intérêt que
représente l'assurance, mais aussi à une
pauvreté fortement présente : « plus de 60 % des
individus et 57 % des ménages vivent en
2 MINEC0FIN : VISI0N 2020, Kigali, novembre
2002, p.7, inédit
dessous du seuil de la pauvreté. Plus de 2 personnes sur 5
n'arrivent même pas à satisfaire les besoins alimentaires
.3 »
Le Rwandais est plus préoccupé par des
problèmes de survie quotidienne plutôt que par l'avenir.
Néanmoins, l'industrie d'assurance ne peut pas passer
inaperçue. A elle seule, elle a totalisé un chiffre d'affaires de
4,772 milliards de francs rwandais en 2002.
Ces institutions financières non bancaires jouent donc un
rôle éminent dans la vie économique du pays et son
développement.
L'assurance est indispensable. Elle régule et
sécurise les relations entre différents partenaires et est
souvent même obligatoire dans certaines transactions commerciales. Il est
alors important d'examiner la situation financière des entreprises
d'assurances.
L'instabilité économique de ces dernières
années a instauré un climat de méfiance au sein des
entreprises du fait du nombre croissant des faillites. Il est normal que les
clients des compagnies d'assurances et les autres observateurs soient soucieux
de la santé financière de ces compagnies.
Mais, contrairement aux institutions financières
bancaires, dont la BNR joue un rôle de régulation toujours
vigilante quant au respect de la loi, la Commission Nationale de Contrôle
des Assurances pourtant mise en place depuis 2002 n'est pas encore
opérationnelle.
Dans un marché caractérisé par la
faiblesse du pouvoir d'achat des clients et l'absence d'innovation dans les
produits, la naissance d'autres sociétés d'assurances ne peut
qu'inquiéter.
En effet, pour maintenir les parts de marché et /ou
disposer d'une trésorerie immédiate, les acteurs de ce secteur
peuvent se lancer dans une guerre de prix. Cette baisse de tarifs peut
être dévastatrice si elle n'est pas arrêtée par un
organe de contrôle.
Si les compagnies d'assurances vendent à perte dans
plusieurs branches malgré la baisse des résultats techniques,
elles risquent de voir leur marge de solvabilité
fondre et de devenir incapables de s'acquitter correctement et
dans les délais raisonnables de leur mission principale :
l'indemnisation des sinistres.
Espérons que, comme la concurrence est source de
compétitivité, on assistera plutôt à la naissance
d'autres produits nouveaux, qui assurent à la fois la satisfaction du
client et la survie des entreprises d'assurances.
Au cours de notre travail, nous nous sommes posé les trois
questions suivantes : - la solvabilité de la S0RAS est -elle
assurée?
- respecte-t-elle les règles prudentielles?
- s'il faut comparer le résultat et les moyens mis en
oeuvre, la société est-elle performante ?
4. Hypothèses
Les éléments de réponses à notre
problématique constituent nos hypothèses qui sont, nous le savons
bien, des réponses anticipées à tout travail de recherche
qu'il faut infirmer ou confirmer selon le cas.
Pour répondre à notre problématique, nous
sommes parti des hypothèses suivantes : - la bonne gestion de la S0RAS
rassure quant à sa solvabilité, elle est suffisamment
organisée pour minimiser les risques;
- la S0RAS est performante car elle a une évolution
croissante du chiffre d'affaires et de la rentabilité.
5. ObJectifs du travail
Le diagnostic financier ou l'analyse financière d'une
entreprise permet de mesurer ses performances passées et, dans une
moindre mesure, permet de faciliter l'établissement des situations
financières prévisionnelles.
Aujourd'hui, des acteurs de plus en plus nombreux sont
conduits à émettre un jugement implicite ou explicite sur les
performances et la situation financière d'entités de toutes les
dimensions et de toute nature.
Les objectifs principaux de notre travail sont :
apprécier les conditions de l'équilibre financier de la S0RAS,
mesurer la rentabilité des capitaux investis et apprécier si les
règles prudentielles ont été respectées.
aux investisseurs, aux banquiers, aux compagnies d'assurances et
à toute autre personne intéressée par l'assurance.
6. Choix des techniques et méthodes
La pertinence de tout travail scientifique dépend en
partie de l'utilisation d'un certain nombre de méthodes et techniques
appropriées à l'objet de l'étude.
6.1. Techniques utilisées
Selon RWIGAMBA BALINDA, la technique est définie comme
« l'ensemble des moyens et des procédés qui permettent au
chercheur de rassembler des données et des informations sur son sujet de
recherche. » 4
Durant notre recherche, les techniques suivantes ont
été utilisées:
Technique documentaire : Cette technique nous a permis de
fouiller systématiquement tout ce qui est écrit ayant une liaison
avec le domaine des assurances: des ouvrages, des brochures, des documents
inédits, des rapports, des bilans, des archives, etc... Ici, il faut
ajouter l'Internet dont l'usage nous a permis l'accès aux données
plus récentes.
Technique d'interview : Cette technique nous a aidé
à recueillir des informations orales auprès des agents de la
S0RAS.
6.2. Méthodes utilisées
Notre recherche a fait recours aux méthodes suivantes : la
méthode historique, la méthode analytique, la méthode
synthétique et la méthode statistique.
Méthode historique : Cette méthode nous a permis
de récolter les bilans et les comptes de résultat de la S0RAS
durant la période passée étalée entre 1998 et
2002.
Méthode analytique : Cette méthode nous a
aidé à analyser les bilans et les comptes de résultat de
la société S0RAS dans le but de faire des
interprétations.
Méthode synthétique : Après avoir
décomposé les bilans en grandes masses, nous avons recouru
à la méthode synthétique pour arranger tous ces
détails, les mettre
4 RWIGAMBA, B.: Initiation au travail de recherche
scientifique, Notes de cours, Bac.I, ULK, Kigali, mars 2000, p.12,
inédit
ensemble pour formuler un pronostic sur les dimensions qui sont
la solvabilité et la rentabilité de la S0RAS.
Méthode statistique : Cette méthode nous a
aidé à présenter les résultats sous forme de
graphiques et de tableaux.
7. Subdivision du travail
Notre travail est subdivisé en une introduction
générale, quatre chapitres et une conclusion
générale.
Le premier chapitre est consacré aux
particularités de l'assurance. Ce chapitre nous permet de comprendre les
instruments utilisés pour faire le diagnostic financier d'une entreprise
d'assurances.
Le second chapitre présente en bref la S0RAS, qui est
notre cas pratique. Pour faire son diagnostic financier, il nous a paru utile
de la placer d'abord dans son environnement. C'est pourquoi nous avons
analysé le marché de l'assurance au Rwanda depuis 2000
jusqu'à 2002.
Le troisième chapitre analyse la structure
financière et la solvabilité de la S0RAS eu égard aux
normes prudentielles généralement admises.
Le quatrième chapitre est réservé à
l'analyse de la rentabilité de la S0RAS.
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