IV.3. La participation musicale : l'exemple de
l'amateur-dj
Les organisations sont souvent des collectifs de djs et
livers qui aiment jouer eux-mêmes la musique. La simplification,
la miniaturisation et l'abaissement des prix du matériel technologique
de l'enregistrement a été le moteur de cette
démocratisation de la pratique de deejaying et de live. Pour
quelques centaines d'euros, chaque individu peut aujourd'hui mixer et composer
de la musique en home studio. D'ailleurs, l'appellation house
music en découle.
Grâce aux organisations, les djs résidents ont la
possibilité de pouvoir se produire dans des spectacles qu'ils organisent
eux-mêmes. Ces fêtes sont par conséquent le moyen pour ces
amateurs de ressentir les émotions de la scène comme des artistes
professionnels sans en avoir le statut. Ils sont généralement
bénévoles lorsqu'ils mixent et parfois l'organisation les
rémunère illégalement.
83 Ribac F., op.cit.
84 Petiau A., Jeunesse et Musiques
Populaires : le cas des musiques techno, janvier 2003 disponible sur le
site du GREMES.
Dans ce milieu, les musiciens professionnels ont souvent
joué dans ce type de soirées avant de formaliser leur statut :
"en fait, Phonic Request, c'est...la première fois qu'il a
joué dans une teuf, c'était chez nous. Et d'ailleurs
après, il a sorti plusieurs albums. Enfin c'était au début
quand il se lançait et nous, on lui a fait confiance parce qu'il a du
bon son. Et sur un de ses albums, il nous a remercié à la fin, il
a remercié Mystic Chrysalide", me rapportait fièrement
Stéphane à propos d'un liver venu jouer au Rachdingue
pour l'anniversaire de l'association le 14 juin dernier.
L'organisation doit aussi faire jouer d'autres artistes pour
éviter de répéter les mêmes soirées. Alors
elle invite des djs et liver extérieurs. Nous verrons que le
partenariat est un moyen d'innover en la matière. De plus, les djs
amateurs ne sont pas tous attachés à une organisation et quand
bien même, ils peuvent être invités pour mixer pour une
autre pour une soirée. On retrouve ici le réseau pour expliquer
ces invitations. Enfin, les soirées sont l'occasion de faire venir jouer
des "têtes d'affiches". Ceux-là sont des professionnels dont la
notoriété apporte du crédit à l'organisation aux
yeux des amateurs participants et organisateurs. Et justement, les
organisateurs rencontrent les artistes qu'ils affectionnent : ils peuvent
échanger avec eux et les faire jouer est un moyen pour les organisateurs
de contribuer à leur profession.
Pour renforcer les contacts entre les musiciens amateurs et
professionnels créés par les soirées techno, le Rapport
parlementaire Dumont, tel qu'il est avancé par l'association Technoplus,
recommanderait qu'un "spectacle puisse être présenté au
public dans un cadre lucratif avec la participation d'amateurs sans que leur
prestation fasse l'objet d'un contrat de travail"85.
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