Remerciements
Je remercie Alain Girard, maître de conférence
à l'Université de Perpignan, pour ses précieux conseils
méthologiques lorsqu'il dirigait ce mémoire au cours de
ma première année de master. Je tiens également
à remercier l'équipe de l'Irma de m'avoir accueilli dans un
stage m'ayant fait prendre le recul suffisant pour réfléchir
ce mémoire plus globalement.
SOMMAIRE
Introduction 3
Chapitre 1er : Idéal-typification des
organisations de soirées techno et problème de l'usage des
typologies 23
Chapitre2 : L'organisation "à l'arrache"
29
Chapitre 3 : L'organisation "dans les règles de
l'art" 44
Chapitre 4 : L'organisation "entrepreneuriale"
62
Chapitre 5 : La techno et les politiques culturelles
72
Conclusion 87
Bibliographie 90
Annexes 94
Table des matières 229
Introduction
"L'amateur n'est pas la figure originelle mythique d'un
amour de musique dévoyé par notre univers de spécialistes.
Il est le point terminal d'une histoire au long cours, qui a peu à peu
donné à la musique son autonomie, après en avoir fait un
art, et l'avoir difficilement extraite de ses fonctions magiques, de son
rôle de transporteur des foules, ou de catalyseur de la foi :
après l'avoir délestée de toutes ses missions que sa
capacité étonnante à changer nos états collectifs
lui a fait remplir, pour favoriser l'adoration - d'un dieu, d'un prince ou
d'une république. Et c'est précisemment à la suite de ce
long accouchement que désormais le professionnel n'est plus au service
d'un collectif en transe, en prière ou en joie, mais qu'il se retrouve,
bon gré mal gré, au service d'un marché dont l'immense
majorité est constituée d'amateurs, non pas au sens
d'instrumentistes amateurs mais bien au sens large qui est le nôtre, d'
"usagers de la musique" (c'est-à-dire de pratiquants d'un amour de la
musique, que celui-ci passe par le jeu, la fréquentation d'un groupe,
l'assistance à un concert ou l'écoute de disques et de la radio).
À l'observation, l'amateur ne s'est jamais si bien
porté"1
(Hénion A., Maisonneuve S., Gomart E., 2000).
1 Hennion A., Maisonneuve S., Gomart E.,
Figures de l'Amateur. Formes, objets, pratiques de l'amour de la musique
aujourd'hui, La Documentation Française, Paris, 2000, p.51
De la fête techno vécue à l'attention
portée sur son organisation
Mon mémoire porte sur les fête techno, un pan du
réel qui m'intéresse mais sur lequel je n'avais jamais
tenté de réfléchir méthodiquement avant cette
recherche. Vivre le réel ne signifie pas le comprendre de manière
scientifique. J'ai dû chercher les connaissances scientifiques sur la
fête techno afin de prendre de la distance avec mon vécu. La
fête techno est un phénomène social récent, aussi
les recherches portant sur lui n'ont commencé que dans les années
1990. Les premières ont entrepris de comprendre la musique techno, le
mouvement culturel, les pratiques à risque, la jeunesse ou le
communautarisme.
La musique, le lieu et les participants créent la
fête, ce sont les trois éléments principaux qui rendent
possible une fête techno. Voilà, ce que l'on peut observer au
premier abord lorsqu'on se rend pour la première fois dans ce genre
d'événements. Cependant, cette lecture du social est insuffisante
pour le comprendre. Des acteurs rendent possible la réunion de ces trois
éléments : les organisateurs. Les "organisateurs" sont les
membres d'un groupe qui prépare des soirées techno. "Organiser",
c'est faire une fête. "Par exemple, parler de faire la fête
veut généralement dire participer à une fête, alors
que parler de faire une fête veut généralement dire
organiser la fête2". S'il se produit de nos jours ce
genre de phénomène qui a les apparences de la
spontanéité et du désordre, qui repose même sur la
valorisation de ces apparences, il faut comprendre que la fête techno
repose sur une activité d'organisation. Alors, pour tenter d'apporter
des réponses, non sur l'apparition de ces phénomènes
contemporains, mais sur la continuité de leur production, il ne faut pas
laisser ceux dont la volonté conduit à proposer une soirée
techno.
C'est la raison pour laquelle je propose dans ce présent
sujet de centrer mon travail sociologique sur ces acteurs du social et de
tenter de comprendre leurs actions.
Encadré n°1 :
Ma découverte du mouvement
techno
Lors de mes premières années à
l'université, j'avais trouvé un petit job pendant 2 ans dans une
association qui organisait des soirées étudiantes dans des
discothèques. Ce job était à la fois une source de revenu,
en supplément de ma bourse, et un moyen de gagner de l'expérience
en la matière. Organiser ce genre de soirées avait quelque chose
de flatteur aux yeux des autres étudiants. Pourtant, je n 'ai jamais
aimé passer des soirées en discothèque à cause de
la musique que je trouvais très commerciale (toutes les
discothèques diffusent les mêmes chansons depuis que je suis
adolescent), du prix des consommations et de
|
2 Hampartzoumian S., Effervescence Techno ou la
Communauté Trans(e)cendantale, L'Harmattan, 2004 p.117
l'atmosphère dragueuse qui y règne en
permanence. Généralement côté sorties, je
préférais boire un verre dans le centre ville ou voir un concert
dans une salle.
Pour ma quatrième année de droit, je suis parti
en Erasmus dans une ville de Belgique flamande. Je n'avais aucun goût
pour la musique techno et les soirées qui s'organisaient autour. Mais
j'en étais tout de même curieux, à force d'en entendre
parler. Des amis, qui avaient déjà fait cette expérience,
m'y conduisirent pour la première fois. Mes deux premières teufs
avaient eu lieu dans de grandes friches industrielles à la
périphérie de Gant et sont restées assez similaires dans
ma mémoire. J'appris plus tard que cette ville est un « foyer
» de la culture techno en Belgique. Lorsque nous sommes arrivés sur
le parking, des dizaines de voitures étaient déjà
garées. Ce parking avait d'inhabituel qu'il y avait d'abord une
proportion importante de camionnettes et que beaucoup de personnes
étaient encore dans leur véhicule. Après avoir
traversé le parking, nous sommes arrivés face à un grand
bâtiment, une sorte d'usine visiblement laissée à
l'abandon. Juste après le passage du seuil, nous nous sommes
acquittés du prix d'entrée et laissés tamponner la main.
Mes amis appellent la musique qui y était diffusée, la Trance
Psychedelic ou Goa. Le rythme était très rapide, cadencé,
même rotatif. Beaucoup de petits sons criards, métalliques, etc.
apparaissaient et disparaissaient créant des mélodies, pour moi,
étranges. Le lieu faisait partie prenante de la décoration : ces
vieilles usines se composent essentiellement de béton et de
métal. Comme pour réchauffer l'atmosphère, des tentures
aux couleurs fluos étaient disposées tout autour de l'immense
salle. Celles-ci brillaient comme des lucioles en pleine campagne. Des
personnes parlaient entre eux immobiles ou dansaient en rythme sur la surface
libre de la salle (le "dancefloor"). Elles étaient pour la plupart
tournées vers le fond. Une table y était installée avec
dessus, du matériel électronique et des fils dans tous les sens.
Derrière la table, le "Dj" avait un casque à moitié sur
les oreilles et dansait lui aussi en rythme. Il jettait parfois un coup d'oeil
sur la salle lorsqu'il appuyait sur des boutons. Des enceintes étaient
disposées tout autour de la salle, et juste devant chacune d'elles des
personnes dansaient souvent les yeux fermés. À l'opposé,
de la "cabine du Dj", un coin de la salle était délimité
par des sièges, des tapis et des tables avec des personnes
installés ça et là. Ils l'appelaient "le chill-out". Une
autre musique dominait, une musique beaucoup plus calme, aux sonorités
très exotiques. Dans la continuité du chill-out, on trouvait le
bar. On y servait de la bière, du vin, des sodas et des jus de fruits
à boire. Un autre stand servait des boissons chaudes : du thé, du
café, des irish coffee (du café avec du wisky) et des assiettes
de spaghettis bolognaises. Nous sommes restés faire la fête
jusqu'au petit matin, puis nous sommes rentrés nous coucher. Ces
deux soirées m'ont fait découvrir un autre type de sorties.
Comparé aux discothèques que j'avais connu, ce genre de
soirée m'avait beaucoup plu. Je me suis même surpris à
danser alors que ce n'était pas mon habitude en public, et en plus sur
cette musique. D'ailleurs, je doute que j'aurais apprécié la
trance goa à la maison. J'ai beaucoup aimé le chill-out, un
endroit plus retiré de la fête pour discuter avec les personnes
qui accompagnent et même pour faire des rencontres sans le
côté drague qui me rebutait.
La troisième et dernière soirée techno,
dans laquelle je suis allé en Flandres, avait lieu à Breda dans
une église. L'idée de passer une soirée dans un tel lieu
était autant dérangeante qu'excitante. J'avais déjà
entendu parler de fêtes se déroulant dans des lieux construit pour
les cultes religieux et réhabiliter pour sortir. L'information de cette
soirée nous avait été communiquée par un Dj Trance
que nous connaissions bien. Lui l'avait obtenu sur le site internet
psychedelic.be, une
référence sur ces soirées en Belgique. Il avait alors
contacté les organisateurs via internet, car cette soirée devait
compter un nombre limité de participants et il fallait réserver
les entrées. Nous sommes donc partis à quatre dans une voiture
pour deux heures de routes. À Breda, nous avons mis un peu de temps
avant de trouver le lieu. L'église avait un aspect extérieur
assez banal. Puis nous sommes entrés à l'intérieur. Le
dancefloor
était installé dans la chapelle située
dans l'aile droite. C'était minuscule comparé au fête
précédentes, mais nous comprenions pourquoi l'accès
était limité. Alors que les objets de cultes étaient
absents, de multiple représentations étaient peintes directement
sur les murs, allant des Aum à des signes plus abstraits, («
psychédéliques », disent certains) et des tentures
étaient accrochées sur les murs avec les mêmes types de
motifs. Le chill-out se trouvait autour de ce qui avait servi d'autel. Ce n'est
qu'au matin que j 'ai pu constaté que cette église était
réellement squattée. Des tas de matériels étaient
entreposées sur toute la surface de la nef. J'ai pensé que tous
ces objets avaient été récupérés et qu'ils
étaient stockés avant d'être utilisés à
nouveau. La veille, nous étions entrés par une porte proche
l'aile droite. Si nous étions entrés par la porte principale,
nous aurions peut-être aperçu une zone fermée par des
rideaux. Par curiosité, je suis allé jetté un coup d'oeil
à l'intérieur. Il ne s'y trouvait qu'un petit autel et des
chaises tournées vers lui. Ce petit endroit clos m'a semblé
être un lieu de culte, comme si les squatteurs avaient investi cette
église et qu'il ne restait que ce petit endroit pour les pratiquants qui
veulent assister à l'office.
Lorsque je suis arrivé à Perpignan, je ne
connaissais personne. Les quelques rencontres que j'ai faites m'ont
immédiatement mis le pied à l'étrier. Au bout d'un mois,
je suis devenu vacataire pour une association organisatrice de concerts de
musique classique. Mon poste consistait à ouvrir la salle et accueillir
le public, veiller à la sécurité des personnes et à
leur confort, saluer le public une fois le concert terminé et fermer la
salle. Un tel job étudiant, propulse le primo arrivant sur un territoire
dans une nouvelle sphère : le monde de la culture ou presque, le monde
de la Culture. Par le biais de rencontre avec d'autres organisateurs
d'événements, j'ai ensuite participé, mais à titre
bénévole, à des festivals de musiques dites populaires
dans le centre ville de Perpignan (Sirocco et Ida Y Vuelta). Pour
améliorer mes conditions de vie et pour entrer davantage dans le monde
des cultures, il m'est apparu opportun de commencer à rechercher des
contacts en dehors des cercles qu'on m'avait déjà ouvert.
Un week-end, je suis allé passé une
soirée techno avec des amis. Je n'avais pas mis les pieds dans ce genre
de soirée depuis mon séjour en Erasmus. J'avais été
invité par l'organisateur dont j'avais fait la connaissance par hasard.
Cette fête avait lieu dans un mas à Cabestany. Ce soir-ci,
c'était une soirée techno, un autre ce serait un mariage et
encore un autre un anniversaire. Cette polyvalence tient tout d'abord au fait
que cette grande bâtisse, construite sur un étage, peut accueillir
un très grand nombre de personnes dans sa grande salle. De plus, si l'on
ne s'intéresse qu'aux murs, il règne dans ce lieu une
neutralité adéquate pour l'arranger en fonction de l'usage
escompté. Le jardin extérieur ajoute un certain confort à
la salle : on peut sortir prendre l'air, et s'éloigner du bruit.
D'ailleurs, l'organisateur n'avait pas installé de chill-out. Quelques
tables et chaises assuraient cette fonction. L'ambiance de cette soirée
différait quelque peu des fêtes trance que je connaissais : la
techno remplaçait la goa et la décoration rappelaient davantage
l'esprit disco (au lieu des lasers, la lumière était
composée de spots, de stroboscopes et de boules à facettes).
J'ai recroisé F. quelques mois plus tard. Ce dernier,
étant à la recherche de personnel, me proposa de travailler pour
lui dans l'une de ses soirées. Mon premier intérêt dans
cette rencontre avec l'association C. et le milieu techno local était de
pouvoir travailler la nuit et le week-end : un intérêt purement
personnel.
Pour un étudiant, trouver une source de revenus le
week-end est une aubaine en raison du manque de temps pendant la semaine. Je
n'ai jamais signé de contrat, de travail ou de bénévolat,
avec ces organisateurs. Ce qui était entendu entre nous avait fait
l'objet d'une négociation orale uniquement. Mon intéressement
dépendait des recettes de chaque soirée et du choix arbitraire de
l'organisateur principal qui jugeait mon travail. Mon rôle au sein de ces
fêtes techno a surtout été celui d'un organisateur, d'un
membre de l'équipe qui conçoit et réalise ces fêtes.
N'ayant pas d'aptitude particulière à apporter dans la
préparation du site
comme la musique, les tâches que l'on m'a confié
étaient tout d'abord d'accompagner ceux qui détenaient les
savoirs-faire (une fête). Ensuite, ma seule responsabilité, et pas
des moindres, était de mettre en place le bar. Je devais le gérer
au cours de la soirée. Disposer les boissons de telle manière
à ne pas perdre de temps le moment venu, préparer les cocktails
à l'avance afin que ceux-ci massèrent suffisamment,
décorer au mieux ce lieu dont dépend en grande partie la recette
de la soirée et aussi la mienne.
Comme je l'expliquais, ce milieu présentait
déjà et en dehors de toute recherche scientifique, des attraits
aiguisant ma curiosité : je trouve que la fête techno est un lieu
de productions culturelles variées. En travaillant derrière un
bar, les barmaids ont un point de vue central sur la fête. Ils sont tout
d'abord entre l'organisation et le public. Ils reçoivent des
informations, des plaisanteries et des requêtes des autres organisateurs
répartis sur les autres lieux de la fête. D'autres part, on peut y
pratiquer des échanges avec le public qui recherche souvent au bar,
outre le service proposé, des intéractions avec celles et ceux
qui en assurent la permanence. Ensuite, les gérants du bar sont ceux qui
débitent les boissons et que l'on soit là pour monter la
fête ou pour simplement s'amuser, on consomme. Dès lors, une
complicité se met en place avec chaque consommateur : se souvenir de ce
qu'il boit le flatte, il a l'impression d'être unique. Cette multiple
complicité est un véritable atout pour celui qui cherche à
poursuivre son entrée dans un milieu encore nouveau. Les organisateurs
m'ont tout de suite considéré comme un des leurs, sans
réellement me connaître, et le public comme un interlocuteur
privilégié de l'organisation, facile à trouver et à
leur écoute.
Dès la première soirée, j'avais fait la
rencontre de nombreux acteurs des fêtes techno de Perpignan. En
approfondissant mes liens avec ces complices au cours des soirées
suivantes, je découvris qu'ils n'étaient pas seulement "public"
ou "deejay" mais membres d'autres structures organisatrices de soirées
techno ou qu'ils faisaient partie de leur cercle de connaissances. Le milieu
techno de Perpignan me parut alors comme un grand réseau.
Voilà donc où j'en étais au moment de
choisir un sujet de mémoire pour le Master 1. J'étais
attiré par la sphère culturelle et en particulier des
événementiels autour de la musique. Mes préférences
en terme d'objets sociologiques se sont parallèlement portés sur
cette sphère. Il ne me restait plus qu'à choisir lequel allait
susciter le plus d'intérêt afin de faire un mémoire, lequel
deviendrait mon objet de recherche. D'où mon choix définitif :
les fêtes techno.
De la fête à la fête
techno.
La fête techno est l'objet de l'organisation, sa raison
d'être. Mais qu'est-ce donc que la fête ? Dans le dictionnaire
Larousse le terme "fête" désigne deux sens principaux :
"célébration religieuse ou civile, en commémoration
d'un fait important" et "réjouissances organisées par un
particulier ou une collectivité". Il a pour synonyme dans le
deuxième sens "réception" et "soirée".
En 2008, Monique Dagnaud, directrice de recherche au CNRS, a signé un
ouvrage intitulé la Teuf, sous-titré Essai sur le
Désordre des Générations3. À partir
d'une vaste enquête de terrain, elle parvient à dessiner le
portrait du "fêtard" contemporain pour lequel "la fête se
confond avec un mode vie"4. Monique Dagnaud retrace
l'évolution de la fête jusqu'à son inversion, la
"teuf". L'anthropologie est la discipline des sciences humaines qui
s'intéressa tout d'abord à la fête. Ainsi, la fête
est un temps
3 Dagnaud M., La Teuf. Essai sur le
Désordre des Générations, Paris, Seuil, 2008
4 Ibid. p. 11
particulier extrait de l'activité humaine ordinaire,
une "respiration", une "période d'extravagance"
(Dagnaud M. 2008). Son essai portant sur les pratiques festives des
"jeunes de le déjantes" croise ainsi des recherches sur
l'imaginaire social, celles de Michel Maffesoli et de son équipe dont
celui qui fut son élève, Stéphane Hampartzoumian.
Les recherches du CEAQ (Centre d'études sur l'actuel et
le quotidien, Université de Paris V Descartes) et du GREMES (Groupe de
recherche et d'étude sur la musique et la socialité)
publiées dans la revue Sociétés, dont Michel
Maffesoli est le rédacteur en chef, sont incontournables pour celui qui
étudie les fêtes techno en France aujourd'hui. "À leurs
yeux, la techno doit être envisagée comme un symptôme de
notre société contemporaine. En ce sens, les chercheurs
maffesoliens (dominants le champ) ont l'ambition de produire des travaux
à visée explicative, tandis qu'une poignée d'autres
chercheurs (plutôt proches de la revue Mouvements) tentent de
produire des travaux à visée descriptive et compréhensive
au sens d'un "monde" à la Becker. La volonté de mythifier d'une
part et de démythifier d'autre part constitue une ligne de partage
espistémologique majeure"5. Pour des raisons pratiques
et de positionnement scientifique, le présent sujet se
réfère en particulier aux travaux des "étudiants
inspirés par sa pensée" (celle de Michel Maffesoli) avec
l'objectif de les présenter et de les questionner au regard d'une
enquête de terrain. De nombreuses analyses étaient disponibles
pour expliquer la fête techno mais aucune ne traitaient à
proprement parler des organisateurs (Hein F., 2008).
Stéphane Hampartzoumian a rédigé une
thèse sur l' "effevescence sociale" des fêtes techno, dont il
convient à présent de donner une définition. En effet,
l'une des qualités du travail de Stéphane Hampartzoumian dans la
fête techno, réside dans son effort de définition des
termes qui servent à décrire ce pan du réel. "La
faiblesse (et probablement la force) du mot fête, c'est qu'il
désigne deux choses qu'il faut impérativement distinguer si l'on
tient à penser analytiquement la fête. Le mot fête
désigne à la fois l'effet de la fête, c'est-à-dire
l'émotion induite par la fête, l'effusion collective,
l'effevescence sociale ET la forme de la fête, c'est-à-dire sa
modalité rituelle, sa liturgie, son dispositif"6. Il
distingue dans la fête par l'opposition classique du fond et de la forme
deux types de fêtes : celle qui s'organise et celle qui se vit. Seule la
première m'intéresse dans ce sujet bien qu'elles soient
interdépendantes. Il poursuit en expliquant que "parler d'organiser
une fête, c'est donc à proprement parler d'organiser le rituel de
la fête et non pas l'effet festif qui lui ne s'organise pas. Seules
s'organisent les conditions de possibilités d'accomplissement d'une
émotion collective".
5 Hein F., La question des genres musicaux
en France, p. 170, in Stéréo, Sociologie comparée
des musiques populaires France/G.-B., (dir. Dauncey H. et
Le Guern P.), coll. Musiques et Sociétés,
éd. Mélanie Séteun et Irma éditions, La Basse
Ménerais/Paris, 2008. Je vais présenter les différents
travaux produits par le GREMES. S'agissant des autres chercheurs, voir
notamment la revue Mouvements n°42 -2005/5, Techno, des corps et des
machines.
6 Hampartzoumian S., Effervescence Techno ou
la Communauté Trans(e)cendantale, Paris, L'Harmattan, 2004. Cet
ouvrage est la version publiée de sa thèse rédigée
sous la direction de Michel Maffesoli.
Stéphane Hampartzoumian fournit bon nombre
d'informations sur les organisateurs de fêtes techno. Il les distingue
des participants car ceux-ci réunissent les "conditions de
possibilité d'accomplissement" de la fête. Mais il ne fait
pas à proprement parler une thèse sur l'organisation des
fêtes techno, il différencie les organisateurs des participants
à la fête pour finalement les considérer comme des acteurs
au même titre que les participants. Sa démarche est de prouver
l'existence de l' "effervescence sociale" qui se produit dans des rituels
techno pour affirmer l'existence de ce qu'il nomme la "communauté
trans(e)cendantale" (Hampartzoumian S., 2004).
Dans un article intitulé "Jeunesse et musique
populaire : le cas des musiques électroniques"7, Anne
Petiau fait la distinction entre la "musique populaire fonctionnelle" et la
"musique populaire et le monde l'art". On peut rattacher à la
première le participant de la fête techno, ce jeune
"indéterminé" recherchant l' "effevescence festive" et la
communauté ; à la seconde un adulte professionnalisé dans
un milieu pour lequel la techno est devenu un "objet d'esthétisme"
après avoir dépassé la première dimension
collective. Deux types d'acteurs de la fête semblaient donc mis en
évidence : le participant et le professionnel (Petiau A., 2003).
Avant de commencer mon enquête de terrain, je pensais
avoir affaire à des phénomènes culturels et politiques
d'opposition, à des phénomènes produits en dépit
des règles et des normes établies par la société,
donc clandestin ; et, même plus loin, que ces phénomènes
pouvaient s'expliquer par la volonté de faire à contre courant,
à l'instar de la musique techno apparue à Détroit dans sa
dimension esthétique positionnée eu égard l'industrie et
dont elle reprenait les traits en la subvertissant. Je suis donc parti de
l'idée de faire un mémoire sur des phénomènes
culturels "underground". Je ne rattachais pas ces phénomènes
à une quelconque spiritualité, c'est pourquoi l'explication par
"l'effervescence sociale" me semblait un peu extravagante. Puis, j'ai
rapidement observé que ceux qui organisaient ce type
d'événements essayaient de respecter le corpus de règles
juridiques mis en place par la société. Mon préjugé
était donc trop hâtif : le caractère clandestin d'une
soirée ne suffisait pas à expliquer pourquoi ils l'organisaient
et n'impliquait pas qu'il puisse être subversif.
La "professionnalisation" dans le secteur ne suffisait pas non
plus, puisque des organisateurs étaient, a priori,
bénévoles. Alors, pourquoi ces individus organisaient-ils ces
fêtes ? Il fallait s'orienter vers d'autres concepts explicatifs que le
rejet de l'autorité et le choix de la professionnalisation dans la
fête.
7 Petiau A., "Jeunesse et musique populaire : le
cas des musiques électroniques", publié le 23 janvier 2003 sur le
site internet du GREMES
L'institutionnalisation de la fête
techno.
La fête propose un temps et un lieu pour écouter
de la musique techno. Or, pour comprendre l'organisation de fête techno,
il faut revenir sur son processus d'institutionnalisation en France.
"Pourtant à compter de 1981, un changement va s'opérer. Suite
aux travaux de Michel De Certeau sur les cultures populaires notamment (il
réalise, entre autres, la postface de la première enquête
sur les pratiques culturelles des Français en 1973), le ministère
Lang propose la notion de « démocratie culturelle » en
réponse à la « démocratisation culturelle »
initiée par Malraux. Toute pratique culturelle devient, a priori, digne
d'intérêt. En musique, il en va ainsi du jazz, du rock, de la
chanson ou, un peu plus tard du hip-hop et de la techno"8
(Guibert G. 2005). Ce que l'auteur explique est que la techno a fait l'objet
d'une prise en compte par les politiques culturelles à l'instar des
autres musiques populaires. En 1996, l'annulation de la fête Polaris et
la constitution de l'association Technopol qui en a découlé,
marque la naissance du dialogue entre les acteurs du mouvement et les
autorités publiques. Bien que les organisateurs de cette fête
étaient des professionnels du spectacle et que cette fête
respectait les règles légales, son annulation causa des effets
pour toutes les fêtes techno. Cet événement était
l'élément déclencheur, et "structurant" selon
Stéphane Hampartzoumian, d'un "processus d'institutionnalisation
spécifique" à la fête techno ayant conduit à la
"scission du mouvement" en France. Nous reviendrons tout au long de ce
mémoire sur ces effets et sur l'évolution des fêtes techno,
sur le rôle de l'institutionnalisation dans sa structuration.
Du loisir à homo festivus festivus ?
Pour comprendre ce que représente pour ces individus
leur activité d'organisation dans le cadre de leur vie, j'ai
tenté de placer l'organisation de soirées techno dans le cadre
plus général de la société. On oppose
généralement le travail et le loisir. On classe volontier ce qui
est de l'ordre de la fête dans les activités de loisirs sauf
lorsqu'il s'agit expressemment d'une profession. Comme le signalent Norbert
Elias et Eric Dunning, le travail dans les "sociétés plus
différenciées et urbanisées" a tendance à se
quantitifier en terme de temps comptable. Les travailleurs vendent ce temps
pour obtenir le revenu nécessaire à leur vie. Pendant ce temps de
travail, ils ne sont pas libres de faire ce qui leur aurait été
loisible de faire s'ils ne vendaient pas leur temps. Le temps de travail est
donc un temps contraint, tandis que le loisir est un temps libre. Mais cette
"polarisation" est plus conceptuelle que réelle : les deux auteurs
prennent l'exemple du travail ménager et du sport
8 Guibert G., Les Musiques populaires :
Commerce, loisir, underground ou tiers-secteur ? Socio-histoire de
l'implication des politiques au sein d'une pratique culturelle.
Troisième intervention dans le Colloque LAREQUOI du 17 juin 2005,
publié la revue Cahier de la Psychologie Politique numéro 7,
juillet 2005 Dossier Musique et Politique.
professionnel pour l'illuster9. De plus, le temps
libre ne contient pas que le temps consacré au loisir, il est
également un temps naturellement occupé pour la gestion du
ménage, le repos et les besoins naturels de l'homme. Dans
l'antiquité le loisir grec, otium en latin, était un
temps consacré à l'enrichissement de l'esprit contrairement au
travail, negotium en latin, un temps répugné par les
Grecs et réservé à l'esclave. En sociologie, les
recherches de Joffre Dumazedier sur le loisir se sont orientées vers
diverses fonctions du "loisir". Alors qu'il n'était autrefois qu'un
temps de délassement et de reproduction de la force de travail, le
loisir est aussi devenu avec l'évolution économique un «
loisir-divertissement », dont la fonction « délivre de l'ennui
» et un « loisir-développement » de la
personnalité délivrant « des automatismes de la
pensées et de l'action quotidienne ». Il définit donc le
loisir comme « un ensemble d'occupations auxquelles l'individu peut
s'adonner de plein gré, soit pour se reposer, soit pour se divertir,
soit pour développer son information ou sa formation
désintéressée, sa participation sociale volontaire ou sa
libre capacité créatrice après s'être
dégagé de ses obligations professionnelles, familiales et
sociales »10 (Dumazedier J., 1962).
L'évolution de notre société est
allée vers l'accroissement du temps de loisir sur le temps de travail
(diminution du temps de travail hebdomadaire, alternance temps
chômé - temps travaillé, congés payés, etc.)
et une diminution des contraintes du travail (télé-travail par
exemple). Aux chômages structurel et conjoncturel se sont ajoutées
la précarisation des emplois et la partiellisation du temps de travail.
Avec le développement de la consommation de masse, le loisir est devenu
un marché porteur et un temps privilégié. Le loisir des
uns fait le travail des autres. Le développement du tourisme au cours du
20è siècle découle directement de ce processus de
libération du travail pour les individus.
Une autre évolution est venue transformée
profondemment la fête. Si la décennie 1960 marque la fin des
grands mouvements sociaux ouvriers, elle signe le départ des mouvements
de la jeunesse, de l'apparition de cette nouvelle classe d'individus sortie de
l'infans ( du latin "celui qui ne parle pas"). Monique Dagnaud
consacre d'ailleurs un chapitre de son ouvrage au développement de
"la fête dans la culture juvenile ". Cet extrait en
résume la teneur : "les jeunes ne fréquentent plus les bals
qui se sont "ringardisés ". Boîtes, bars, salles de concert,
terrains vagues pour les festivals techno, appartements vides : les lieux de
divertissement du samedi soir se sont diversifiés et étendus.
L'industrie musicale a explosé, mettant sans cesse dans les gondoles de
nouvelles têtes d'affiche et de nouveaux genres musicaux. La gamme des
boissons alcoolisées aussi, sous les auspices de l'industrie alimentaire
qui a adapté ses prix et imaginé quantité de nouveaux
mélanges (les mixs et les cocktails). Surtout, alors que dans les
années 1970 la drogue était peu répandue (moins de 1
%
9 Comme nous le verrons lors du Chapitre 4, le choix de la
professionnalisation peut dépendre de l'activité de loisir.
10 Dumazedier J., Vers une Civilisation des
Loisirs, Paris, Seuil, 1962, pp.26-27-28
des enquêtés de Jean Duvigneau l'avaient
essayé), elle s'est banalisée. Les valeurs de l'hédonisme,
du consumérisme et du ludique, enfin, ont traversé l'univers
éducatif des générations montantes"11
(Dagnaud M., 2008).
Dans son article précédemment cité, Anne
Petiau tente d'expliquer comment les jeunes se saisissent des musiques
populaires pour se construire. L'adolescence est une étape
décisive dans la construction de l'identité des individus.
"On peut envisager l'investissement des jeunes dans le milieu des musiques
électroniques comme une étape importante dans leur processus de
socialisation. Si, de par le phénomène de prolongation de la
jeunesse, ces jeunes ne sont pas encore entrés dans la vie adulte, ou
ont franchi certaines étapes mais pas d'autres (par exemple, être
en couple mais être en précarité professionnelle), ils vont
trouver dans le milieu des musiques électroniques des valeurs auxquelles
s'identifier, des rôles à expérimenter, et à travers
ces expérimentations vont construire leur propre identité"
(Petiau A., 2003). Ceci explique que la techno, dernier grand
courant musical apparu, soit avant tout investi par les jeunes et qu'il fait
bon d'aimer la techno pour paraître jeune.
Claude Rivière s'est également
intéressé au rapport de la jeunesse qui, face à la culture
dominante, s'identifie à des sous-cultures attâchées
à la musique. Il décrit des jeunes à la recherche de la
marginalité pour se différencier, tout en adoptant bon nombre des
valeurs de la culture qu'ils rejettent. Il fait ainsi le rapprochement entre
ces rites et le rite de passage de l'adolescence. Le courant « Acid
House Music » offre un terrain propice à cette
différenciation eu égard à la rupture opérée
avec le courant « Rock », préférant les
rituels communautaires et la « béatitude »
bercés dans une symbolique issue du mouvement hippie que le star
system très présent dans le rock (Rivière C.,
1995)12.
Les fêtes se sont multipliées. Monique Dagnaud
parle "d'apologie de la fête"13 et valide la thèse de
l' "homme hypermoderne" évoluant dans une société de
l'hyperconsommation. L'essayiste, Philippe Muray, a constaté cela au
travers de son observation de la vie quotidienne et de la presse. Commentateur
des changements sociaux et politiques, il a publié en 2005 un ouvrage
intitulé Festivus Festivus, dans lequel il répertorie
avec Elizabeth Levy les manifestations de la mutation d'homo sapiens
sapiens, l'homme qui sait qu'il sait, à l'état d'homo
festivus festivus, l'homme qui festoie qu'il festoie. Il accuse les hommes
politiques (Jack Lang et Bertrand Delanoé notamment) et scientifiques
(Michel Maffesoli14) d'être les complices de cette mutation
menant à la "fin de
11 Dagnaud M., op. cit. p.48
12 Rivière C., Les Rites Profanes, PUF,
Paris, 1995, pp. 121-127.
13 Dagnaud M., op. cit. p.15
14 Muray P., Festivus Festivus. Conversations
avec Elizabeth Lévy, Fayard, Paris, 2005 p. 82. notamment "[...]
pourlécheur de la "transe techno", du "groupe en fusion", de l' "union
cosmique", de l' "orgiasme musical", des "confins de la vacuité" et
encore d'autres foutaises lyriques qui ne sont qu'autant de synonymes de la
prosternation
l'Histoire" (Muray P., 2005).
Le temps de l'amateur
Le 20è siècle est enfin la période qui a
connu le développement de la reproduction des oeuvres musicales :
disques, disques compacts (cds) et oeuvres numériques.
Parallèlement, s'est dessinée une nouvelle figure, l'amateur.
"Amateur" est un terme polysémique dans la langue
française. Dans le dictionnaire Larousse de la langue, le terme
"amateur" possède deux sens positifs et deux sens négatifs que
l'on peut regrouper en deux sens, chacun d'entre eux ayant un recto
mélioratif et un verso péjoratif. D'une part, il est
celui qui s'adonne à une pratique pour son agrément, sans en
faire sa profession. Alors, on ne définit cet amateur que
négativement par rapport au professionnel, si bien que sa pratique peut
être dépréciée et considérée comme
manquant de compétences et de sérieux. Il est d'autre part cet
individu qui a développé du goût et de l'attirance pour
quelque chose. Si cet individu qui aime quelque chose désire
l'acquérir, il devient aussitôt l'amateur au sens de l'
"acheteur", qui privatise égoïstement l'objet de son amour. On peut
donc distinguer chez l'amateur deux tendances, entre un amour passif et un
amour actif. Dans le champ musical, l'auditeur est la figure directement
liée à la réception de la musique, tandis que le
pratiquant se caractérisise par son activité dans la musique.
L'amateur est une figure négligée de la sociologie qui reste
profondément construite dans la distinction travail-loisir. L'amateur de
musique est attaché à l'auditeur et au mélomane dans la
sociologie du goût. Avec le développement de la consommation de
masse d'après-guerre, celle-ci n'y cherche plus que les structures
sociales qui déterminent ses goûts.
En 2000, Antoine Hennion, Sophie Maisonneuve et Emilie Gomard
ont signé un ouvrage qui analyse la figure de l'amateur à partir
d'une enquête de terrain sur ceux qui aiment la musique classique et au
moyen d'une sociologie de la médiation15. En
constructivistes, les auteurs ont recherché l'origine historique de
l'amateur. "Ce n'est pas le professionnel qui est une déviation
moderne et pervertie de la pratique musicale authentique de nos ancêtres,
c'est l'amateur". Celui-ci n'est donc pas antérieur à la
reproduction de la musique par la technique, il en est le résultat. De
plus, ils distinguent le professionnel de l'amateur, l'un vivant de sa
pratique, l'autre pratiquant pour son plaisir. L'amateur est donc au sens large
un "usager de la musique"16 (Henion A., Maisonneuve S.,
Gomart E., 2000).
Cette étude a été conduite auprès
d'amateurs de musiques classiques. Aussi, peut-on se demander si elle reste
valable concernant la musique techno. Généralement, celui qui
diffuse la musique au
[...]".
15 Hennion A., Maisonneuve S., Gomart E.,
op.cit.
16 Hennion A., Maisonneuve S., Gomart E.,
op.cit. pp.50-51
cours d'une soirée techno est le disc-jockey. Le dj est
un auditeur avant d'être l'individu producteur de musique. Le dj ne
produit pas, il connait la technique de ses appareils de reproduction mais ne
connait pas toujours la structure la musique, il l'aime et doit savoir la faire
aimer17 (Jouvenet M., 2001).
Est-ce que les organisateurs sont des amateurs pratiquant de
la musique et de la fête s'adonnant à un loisir ? Pour tenter de
répondre à cette question, je suis donc entré en contact
avec des organisateurs correspondant à ce profil : ni clandestin ni
professionnel (les organisateurs "ni ni").
L'enquête de terrain
Pour cerner l'organisateur "ni ni" qui ne se classe donc ni
dans le type jeune rebel ni dans le type professionnel, j 'ai focalisé
mon enquête sur les membres d'organisations associatives qui montaient
des soirées techno dans Perpignan et ses environs. L'association Mystic
Chrysalide m'a proposé d'observer sa manière d'organiser des
soirées techno. Puis, pour avoir des points de comparaisons, je suis
entré en contact avec des organisateurs d'autres structures auxquels
j'ai appliqué le même type d'entretien.
L'objectif de cette enquête sur les organisateurs "ni
ni" étaient justement de vérifier la typologie proposée
par Anne Petiau, de l'enrichir si elle était suffisante ou d'en proposer
une nouvelle plus fidèle à l'observation du terrain. Seule
l'enquête qualitative me permettrait de juger des raisons pour lesquelles
un individu organise des soirées techno. La méthode par entretien
"permet d'atteindre la sphère des représentations et de la
perception subjective d'une réalité par ses acteurs, qui sont
à la fois complexes et situées"18. De plus, ces
entretiens seraient ouverts voire biographiques pour permettre à
l'interlocuteur d'enrythmer lui même son discours, de livrer les motifs
de son action. À défaut, l'organisateur de soirées
illégales aurait pu adopter une position défensive et me livrer
un discours officiel faisant écran sur ses réelles motivations.
Il existe, selon Paul Ricoeur, une « affinité entre l'action et le
récit »19. Le récit de vie autorise
l'enquêté à organiser lui-même sa biographie,
à choisir lui-même les liens entre les événements et
les situations, à insister plus particulièrement sur une partie
de son histoire. Lorsqu'il a reccueilli le récit, le chercheur met en
lumière des fragments de réalité sociale dont on ne sait
pas grand chose a priori, outre des représentations
(stéréotypes, préjugés...). Son travail consiste
ensuite à tenter de conceptualiser et de mettre en hypothèses les
occurences et les récurrences qu'il a dégagé à
partir de son travail
17Jouvenet M., 2001, « "Emportés par
le mix". Les DJ et le travail de l'émotion », Terrain,
n° 37, pp. 45-60.
18 Le Digol C. (sous la responsabilité
éditoriale de), Dictionnaire de Sociologie, Encyclopedia Universalis et
Albin Michel, 2007, p.719
19 Bertaux D., Le Récit de vie :
Perspectives ethnosociologiques, Nathan Université, 1996.
préparatoire. En effet, bien que les situations
individuelles soient uniques, des logiques peuvent être
dégagées et mises en rapport entre elles (Bertaux D., 1996). Dix
entretiens ont été réalisés au cours de
l'enquête, étalée entre janvier et mai 2008, dont les
transcriptions sont portés en annexe.
Tableau récapitulatif des
entretiens
|
Sexe
|
Âge
|
Situation sociale
|
Organisation
|
Forme
|
Style musical
|
Rôle organisation
|
Rôle soirée
|
Anthony
|
H
|
31
|
Chômeur
|
Melting Pot Mystic Chrysalide
|
Association
|
Techno variée
|
Secrétaire et membre actif
|
Dj, entrée, bar
|
Julien
|
H
|
35
|
Chef d'entreprise
|
Komod'O Dragon
|
Maison de disques
|
Hardcore
|
Gestionnaire
|
Liver, dj
|
Ben
|
H
|
37
|
Chef d'entreprise
|
Association Sécurité Pour
Tous
|
Association
|
?
|
Chef sécurité
|
Chef sécurité, bar
|
Emilie
|
F
|
26
|
Salariée : réceptionniste
|
Hadra
|
Association
|
Trance
|
Bénévole
|
Bar
|
Tristan
|
H
|
31
|
Salarié : infographiste
|
Hadra (salarié)
|
Association
|
Trance
|
Infographiste
|
Préparation du flyer
|
Damien
|
H
|
24
|
Chômeur
|
Welcome to the Jungle
|
Association et sound system
|
Drum and Bass / Jungle
|
Président
|
Dj
|
Stéphane
|
H
|
36
|
Salarié : technicien ADSL
|
Mystic Chrysalide
|
Association
|
Trance
|
Trésorier adjoint, chef décoration
|
Décoration , dj
|
Henri
|
H
|
25
|
Chômeur
|
Tromatik System
|
Association et sound system
|
Hardcore / Hardtek
|
Président
|
Dj
|
Renaud
|
H
|
25
|
Chômeur en reconversion
|
Psyva
|
Association
|
Trance Full On
|
Président
|
Dj
|
Amélie
|
F
|
25
|
Salariée : infirmière
|
Psyva
|
Association
|
Trance Full On
|
?
|
Polyvalent e
|
De plus, je me suis livré à une observation
participante dans les organisations de soirées techno.
La curiosité était à l'origine de mon choix pour cet
objet de recherche. L'enquête a complété
mon expérience en la matière. "Nous sommes tous des
sociologues à l'état pratique" affirmait Alfred
Schütz20. En effet, le sociologue peut
observer un pan du réel pendant un temps qui lui conviendra, sa seule
observation ne lui permettra jamais de connaître son terrain comme celui
qu'il observe faisant ce qu'il fait dans la réalité sociale.
L'observation participante justifiait ma présence dans l'organisation
qui m'avait accueillie et réduisait la distance avec les membres. Je
partageais de nombreuses informations avec les organisateurs sur leur
activité, des informations précieuses pour dépasser le
discours officiel.
Encadré n°2 :
Carnet de bord
Pour mener à bien une enquête sur les fêtes
techno à Perpignan, je souhaitais dépasser ma propre
expérience, profiter des avantages qu'elle pouvait me procurer, mais
surtout éviter de confondre mon point de vue sur les soirées
techno, devenu mon objet, et ces points de vues que je chercherais à
obtenir. Donc, je n'est pas enquêté sur l'association C., celle
avec qui j'avais déjà organisé. Alors, je me suis servi de
mes contacts pour entrer en relation avec d'autres organisateurs, d'autres
associations organisatrices de soirées.
Je n'ai pas écrit ce récit en cours
d'enquête, mais avec un peu de recul à partir de mes souvenirs et
de mes notes.
Intégrer une association organisatrice de
soirées techno à Perpignan :
Pour avoir les informations nécessaires pour comprendre
comment s'y prennent des organisateurs pour monter une soirée techno, il
me semblait opportun de me rapprocher d'une association. J'en ai alors parler
autour de moi, à des personnes qui avaient dans leurs relations des
d'associations organisatrices de tels événements. Mystic
Chrysalide fut la première association à entrer dans le champ de
mes investigations. Je connaissais deux de ses membres actifs et ceux-ci,
après que je leur ai expliqué mon projet ont accepté de me
faire entrer dans l'association. Comme je ne voulais pas simplement observer de
loin l'organisation de fête mais comprendre comment cette association
fonctionne, j'ai décidé d'y participer. Mon rôle serait
celui que je connaissais bien, la gestion du bar. Le Samedi 19 janvier 2008, je
me suis rendu à la soirée « Mystic Chrysalide invite
Mechanik Release Party ». Comme prévu, j'ai pu rencontrer les
autres membres de l'association et aider au bar entre 3h et 11h. Au matin,
c'est- à-dire au moment du rangement, ils étaient d'accord : je
suis devenu observateur de l'association Mystic Chrysalide.
En effet, pour tous, j'intégrerais l'association au
sens où je pourrais assister aux réunions d'organisation de
soirées, avoir accès à des informations et des documents
qui ne sortent pas du cercle des organisateurs, participerais à la
totalité du montage pendant lequel il me serait loisible d'aider les
organisateurs et d'interroger les personnes qui seraient d'accord pour
participer à mon étude.
Ainsi, j'allais pouvoir mener une enquête qualitative dans
laquelle je pourrais
|
20 Schütz A., Der sinnehafte Aufbau der
Sozialen Welt. Ein Einleitung in the verstehende Soziologie (La Construction
raisonnée du Monde social. Une introduction à la Sociologie
compréhensive, traduction littérale), Vienne, SpringlerVerlag,
1932.
observer mon objet sur les terrains d'actions et interroger
les organisateurs dans le cadre d'entretiens. La prochaine soirée
organisée par l'association aurait lieu le Samedi 5 avril, je pourrais
donc assister aux réunions de mise en place de la soirée et poser
des questions sur cette soirée à venir.
Enquêter avec d'autres organisateurs à
Perpignan
Pour ne pas faire une étude uniquement sur une
organisation, je suis allé à la recherche d'autres organisateurs
de soirées techno pour les interroger dans des entretiens. Au fil des
rencontres et de mes recherches sur
myspace.com, je suis parvenu à
obtenir des entretiens.
Trois entretiens n'ont pas pu se produire ou être
retranscrits. Je suis entré en contact avec deux organisateurs qui au
dernier moment ne voulaient plus être entretenu. Un entretien aurait pu
se produire mais, l'organisateur était en pleine préparation de
soirée. Il se déplaçait constamment, si bien que
l'enregistrement est à peine audible. De plus, il n'était pas
à l'écoute de mes questions. Enfin, il est sorti pendant trente
minutes environ, me laissant avec des amis à lui. Ce moment
n'était pas propice au reccueil du discours.
|
Des présentations d'organisateurs et d'organisations
affichées sur internet sont jointes au corpus. Ces textes ont
été rédigés et ont donc été plus
réfléchis que le discours reccueillis au cours des entretiens.
Par ailleurs, j'ai ajouté aux discours des
organisateurs des documents internes d'une association pour compléter ce
corpus de données avec des informations stables : statuts et
modification statutaire, comptes rendu de réunion, engagement de bonnes
pratiques (engagement unipersonnel de l'organisateur de soirées avec les
autorités préfectorales). Des documents officiels sont
insérés aux documents internes comme restituant les questions aux
réponses, lesquelles, seules n'auraient pas de sens.
Neutralité axiologique et implication du sujet :
l'usage de l'objectivation participante
"La demande de neutralité axiologique implique de
pouvoir se distancier des idées les plus communément
partagées du temps, suppose une liberté par rapport à un
certain conformisme intellectuel, mais revendique également la
liberté d'émettre des jugements en dehors de la juridiction
scientiste en train de s 'instaurer"21(Watier P., 2002). Ce
propos tente d'expliciter ce qu'entendait Max Weber eu égard à la
distanciation nécessaire du sociologue vis-à-vis de son "rapports
aux valeurs" et de sa capacité d' "élucidation",
dénommée la "neutralité axiologique". La démarche
compréhensive invite le sociologue à rechercher un
équilibre intellectuel entre la proximité et
l'éloignement.
À la différence des sciences positives, la
sociologie compréhensive autorise le "je", c'est-à-dire
21 Watier P., Une introduction à la
sociologie compréhensive, Circé, 2002 p.95
qu'elle permet à celui qui est en train de parler ou
d'écrire (le narrateur) de révéler explicitement sa
présence. Le lecteur d'un récit repère bien entendu qui
est le narrateur et tente d'obtenir des informations sur lui. S'agit-il de
l'écrivain ? Quel (s) point (s) de vue adopte-t-il pour raconter
l'histoire ? Est-il une femme ou bien un homme ? Un récit ne peut
qu'être raconté. Le récit produit par une science positive
est lui aussi raconté, mais la présence de son narrateur est
implicite ou volontairement cachée. Lors de mon cursus juridique, seul
le droit positif avait droit de citer. En sociologie, je peux affirmer ma
présence et ma plume.
Les sciences de l'homme offrent au "je" une place explicite et
une place essentielle pour prendre de la distance par rapport à soi,
à sa propre réflexion sur son objet, et permettre à ceux
qui tenteront de suivre le cheminement de cette réflexion, de comprendre
ce qu'ils lisent. Lors de l'écriture, l'utilisation du "je" renvoie au
sujet alors que sans lui le narrateur peut cacher ses propres idées
derrière des arguments dits positifs. Le "nous" et le "on" sont, quant
à eux, des outils du narrateur utilisés pour se distancier et
proposer au lecteur d'accompagner sa démarche.
Comment construire la neutralité axiologique
nécessaire à l'analyse scientifique de l'objet quand on est
soi-même lié au pan du réel que l'on cherche à
étudier ?
Cette étude vise à enquêter sur les
soirées techno. Or, je ne peux pas nier mon cas, comme entrant lui-aussi
dans ce cadre. Je suis déjà allé dans ce genre de
soirées pour m'y amuser avec des amis. De plus, j'ai même
participé au montage et à la gestion de fêtes
techno22. Alors, pour conduire une étude scientifique sur un
objet qui m'est proche, je devais rechercher une certaine objectivité
à son égard, construire une distance scientifique me permettant
de "suspendre" mes valeurs et mes affects. En effet, mon regard aurait
été biaisé si je n'avais pas tout de suite cherché
à comprendre mes choix. "Car c'est par un mouvement de
réflexivité (sur soi et sur son activité) que le
sociologue peut éviter les erreurs liées à
l'intellectualisme, qui consiste à prendre son propre rapport
intellectuel à l'objet d'analyse pour le rapport de l'agent à son
action. La capacité du sociologue de prendre en compte la relation qu'il
entretient avec son objet constitue donc un des moyens d'améliorer la
qualité scientifique de son travail" 23(Corcuff P.,
1995).
C'est la raison pour laquelle un récit
autobiographique s'imposait, et avant même d'entreprendre des
réflexions sur l'objet24. Une autobiographie, parce qu'elle
rend compte de ma découverte du milieu techno jusqu'à mon
entrée dans une organisation de fêtes. Sans cet aveu, j'aurais
probablement compliqué la compréhension du lecteur, en cachant
(ou en ne révélant pas) quelle était ma positon au moment
de choisir ce sujet, d'enquêter sur le terrain et d'interpréter
les données que j'avais
22 Voir encadré n°1 p. 4
23 Corcuff P., Les sociologies
nouvelles, Editions Nathan, 1995, p. 40, dans le paragraphe
intitulé "Une sociologie réflexive".
24 Voir encadré n°1 p. 4
reccueillies. Par ailleurs, si j'avais rédigé ce
mémoire en y soustrayant mon expérience personnelle, j'aurais
privé mon étude de ma propre expérience en la
matière : ce récit est encadré dans ce mémoire. En
me soumettant à mon analyse, j'ai pu mettre au jour des informations
utiles pour comprendre mon objet et mon regard sur cet objet.
Mais un récit explicatif du choix du sujet de
l'étude ne saurait suffir pour rendre la distance nécessaire
entre moi et ma réflexion sur mon objet. Pierre Bourdieu avait
expérimenté ce travail de réflexivité sur soi,
qu'il a nommé l' "objectivation participante"25.
"Par objectivation participante, j'entends l'objectivation du sujet de
l'objectivation, du sujet analysant, bref, du chercheur lui- même"
(Bourdieu P. 2003).
On appelle aussi cette réflexion l'
"auto-socio-analyse" dans laquelle le chercheur-sujet observe le
chercheur-objet en train d'observer son objet. Dès lors, le carnet de
bord du sociologue devient un outil indispensable. Grâce à lui,
j'ai pu exposer ma stratégie pour obtenir des données de terrain.
Mon étude sociologique sur le milieu techno s'appuie sur des
éléments de mon histoire de vie. "L'objectivation
participante se donne pour objet d'explorer, non "l'expérience
vécue" du sujet connaissant, mais les conditions sociales de
possibilité (donc les effets et les limites) de cette expérience
et, plus précisemment, de l'acte d'objectivation. Elle vise à une
objectivation du rapport subjectif à l'objet qui, loin d'aboutir
à un subjectivisme relativiste et plus ou moins antiscientifique, est
une des conditions de l'objectivité scientifique". Le chercheur qui
enquête est au plus près des préoccupations des individus.
Pendant cette phase, j'ai choisi personnellement d'adopter la posture la plus
simple, celle d'un étudiant de sociologie qui aime la fête techno
et participe au projet des organisateurs. Si la sociologie de Pierre Bourdieu
est qualifiée de "sociologie de boursier", alors la mienne est une
"sociologie de jeune fêtard". Alors, pour prendre de la distance, je me
suis appuyé sur des concepts normatifs produits par la science. Les
concepts normatifs sont utilisables par le chercheur pour analyser les
données de terrain à la lumière et avec la
méthodologie de la science. Je ne livrerais donc pas mes sentiments sur
les fêtes techno et les organisations que j'ai observé mais
tenterais de les analyser à l'aune des concepts qui me semble les plus
pertinents pour les comprendre.
Le texte de Pierre Bourdieu est d'une grande richesse pour le
chercheur qui se cherche : "et l'on peut même pousser un peu plus
loin la violence de l'objectivation participante, avec un de mes
élèves, Charles Soulié, qui a montré par exemple
que les sujets de recherches (mémoires, thèse de doctorat etc.)
de philosophie et de sociologie (et sans doute aussi d'anthropologie) sont
statistiquement liés à l'origine et à la trajectoire
sociales, au genre et surtout à la trajectoire
25 Bourdieu P., Actes de la recherche en
sciences sociales n°150 décembre 2003,
Participant Objectivation discours prononcé par Pierre Bourdieu
le 6 décembre 2000 Royal Anthropological Institute de Londres. Les
citations qui suivent proviennent du même article.
scolaire" . De ce point de vue, je ne peux pas nier
mon origine populaire et l'orientation méthodologique de ma
réflexion, qui puise dans les sciences juridiques (mes études de
droit antérieures), la technique pour comprendre le social. Les
organisations seront étudiées selon deux sens que je leur porte.
Une organisation de soirées techno est tout d'abord la coquille qui
rassemble les organisateurs, l'entité abstraite qui les lie. Celles-ci
portent souvent des noms. Alors il conviendra dans ce sujet de mener
l'étude des coquilles choisies par les organisateurs pour s'unir.
L'organisation de soirées techno est ensuite la préparation de la
fête, c'est-à-dire le processus de construction de cette
fête.
"La réflexivité à laquelle conduit
l'objectivation participante n'est pas du tout, on le voit, celle que pratique
d'ordinaire les anthropologues "postmodernes" ou même la philosophie et
certaines formes de phénomènologie". Je comprend que tous
ces organisateurs attendent de moi que j'accomplisse un travail (quoique j'ai
souvent douté qu'ils aient totalement compris quel était son but)
qui donne une image positive de leur activité. Mais le chercheur n'est
ni un journaliste, ni un agent de communication mais un observateur qui
s'intéresse, sans être intéressé, et dont le but est
de produire des connaissances sur ce qu'il a pu observer d'un pan du
réel.
Avant d'exposer ma problématique, je tiens à
préciser que ce mémoire ne prétend pas à
répondre à des questions définitivement. Par
conséquent, j'invite le lecteur à le lire comme une
première recherche, c'est-à-dire comme un travail exploratoire
sur un pan du réel qui nourrit et nourrira dans l'avenir ma
curiosité.
Le paradigme du loisir contre le paradigme
dyonisiaque
La problématique générale qui orientera
cette recherche sur les soirées techno est nourrie par des doutes sur
les recherches sociologiques qui privilégie le sacré pour
comprendre la formation des groupes autour de la techno et l'action des
individus. Les soirées techno peuvent-elles seulement être
comprises comme des "fêtes dyonisiaques" au sens défini par Michel
Maffesoli26 ? Pouvons- nous décrire sociologiquement la
réalité sociale contemporaine grâce au concept de
"postmodernité" dont la fête techno serait un symptôme ? La
sociologie, consiste-t-elle à vérifier des postulats ?
N'existe-t-il pas d'autres motifs que la volonté
d'appartenance à une communauté et le désir de se
professionnaliser pouvant justifier l'organisation de soirées techno ?
Le loisir n'est-il pas un champs explicatif de cette pratique ? Au-delà
du participant, membre d'une communauté ou de l'organisateur
professionnel, l'organisateur de soirée techno n'est-il pas un amateur
agissant dans le cadre du loisir ?
26 Hampartzoumian S., op. cit. p.6,
Préface rédigée par Michel Maffesoli.
Est-ce que les soirées techno ne sont pas un champ
propice pour des individus pour construire ce qu'ils en veulent ? Le mouvement
techno, bien qu'il se définisse par une musique et une culture de la
fête élargie, n'est-il pas une enveloppe culturelle suffisamment
malléable dans laquelle les individus apporteraient les
caractéristiques correspondant à leurs goûts ?
Les cas rencontrés ne révèleront sans
doute pas si l'organisation de soirées techno peut être
envisagé comme un loisir comparable au sport amateur. Néanmoins,
l'écart entre l'adolescent en quête de communauté et le
professionnel est large. L'enquête de terrain ne partant pas d'a
priori sur les motifs de leurs pratiques, a laissé les acteurs
s'exprimer sur leurs pratiques en fonction de ce qui faisait sens pour eux.
Encadré n°3 :
L'actualité de la fête techno
Ce mémoire vise à mieux comprendre le
phénomène techno. Les sciences sociales, et a fortiori
la sociologie, se complètent à mesure que les connaissances de
terrain s'accumulent. Les fêtes techno sont des phénomènes
récents n'ayant pas fait l'objet de nombreuses recherches. De plus, le
sociologue a un devoir de conseil envers le politique. Le premier construit des
connaissances sur la réalité sociale dans la temporalité
de la recherche tandis que le second doit prendre des décisions souvent
pragmatiques. Aussi, une meilleure compréhension d'un mouvement culturel
a vocation à améliorer les politiques publiques s'appliquant sur
ce mouvement. Enfin, le sociologue peut avoir le devoir de conseil envers les
individus. Produire des connaissances sur un pan du réel fournit un
moyen de réflexivité sur des acteurs de ce réel sur leurs
actions. Au-delà, le mouvement techno souffre d'une
incompréhension et de préjugés tant de la part des
médias que de quantité d'individus. Une réflexion sur ces
phénomènes peut en cela réduire l'incompréhension
et favoriser le dialogue sur la fête techno. Un débat fut
organisé par l'IDE et l'association Technopol le 28 mai 2008 venant
faire le bilan du tecknival du 1er mai. Il s'intitule "rave-t-on toujours en
free". Il a réunit des acteurs du mouvement techno, le
député Jean-Louis Dumont et la sociologue Anne Petiau. Les
thèmes abordés ont essentiellement trait à la free
party et aux grands rassemblements, mais des questions furent notamment
posées sur le statut de l'organisateur et l'inadaptation de la
règlementation pour les petits événements27.
En novembre 2008, le Premier Ministre a chargé le
Député Jean-Louis Dumont d'étudier des
améliorations des teknivals et de rédiger un rapport
parlementaire sur la question des fêtes techno. Une présentation
et neuf propositions visant à améliorer la règlementation
encadrant les fêtes techno ont été rendues public.
L'intérêt des autorités publiques sur le
phénomène techno apporte du crédit à ce sujet
d'actualité politique, médiatique et sociale28.
|
27 Débat, "Rave-t-on toujours en free",
disponible sur le site de technopol,
www.technopol.net
28 Rapport parlementaire Dumond disponible sur
http://www.jeanlouisdumont.fr/medias/pdf/rapport-dumontgrft.pdf
Annonce du plan
Le chapitre premier est consacré à la
construction d'une typologie des organisations construite ad hoc pour
analyser convenablement les organisations obervées. Les organisations de
fêtes techno n'ont pas encore fait l'objet de recherche sociologique,
alors il convient de débuter ce mémoire par une tentative de
classification pour avoir une meilleure visibilité de l'organisation de
soirées techno. Nous commencerons donc par montrer que les organisateurs
de soirées ont le sentiment de contribuer par leur action à une
réalité plus large, ce que l'on peut appeler en le reprenant, le
"mouvement techno". Qu'ils pensent faire partie des premiers à avoir
découvert cette réalité ou bien qu'ils aient suivi ce
mouvement, les organisateurs font encore durer ce type de fêtes. Or, il
est impossible de ne pas lier la production d'une soirée au mouvement
techno. Par conséquent, les organisateurs ont une histoire commune avec
ce mouvement. On peut même dire que ce mouvement est devenu le leur et
qu'ils contribuent à son évolution.
Puis, je tenterais dans un troisième chapitre
d'expliquer comment la volonté de faire une fête est apparue chez
les organisateurs. En effet, après avoir découvert les
fêtes techno, les individus ont pu devenir des participants, mais cela
n'explique pas comment ils sont devenus organisateurs. Ce chapitre montrera
comment les organisateurs s'y prennent pour monter des fêtes. Il me
semble que les organisateurs contribuent chacun à leur manière
à se construire et à construire la fête. Nous replacerons
alors la fête techno dans son évolution et en particulier par
rapport à son processus d'institutionnalisation. Ce chapitre sera aussi
le lieu, au sens de l'espace, où nous verrons enfin que l'organisateur
un amateur-pratiquant en milieu techno.
Ensuite, dans le quatrième chapitre, je montrerais
comment ces individus s'organisent efficacement, que la structuration du
mouvement dépend aussi de son développement dans la sphère
économique privée. Bien que les organisateurs présents
soient dans le cadre du loisir ou même de la profession (mais nous
verrons qu'est-ce que vivre de sa passion), ils rationnalisent leur
activité de loisir. Ceci nous amènera à une
réflexion plus large sur les pratiques de loisir.
Enfin, je réserve le dernier chapitre de ce
mémoire pour réfléchir aux enjeux de la culture en
replaçant la techno parmi les musiques populaires dans leurs relations
avec les institutions publiques et comprendre quelles sont leurs
spécificités dans le champ de l'intervention publique dans la
culture.
Chapitre premier :
Idéal-typification des organisations de
soirées
techno et le problème de l'usage des
typologies
I. L'intérêt d'une
idéal-typification
Pour construire un objet de science, j'ai rattaché les
organisations particulières dans l' "organisation" avec tout ce que
chacune comprenait d'éléments spécifiques. Ensuite, il a
fallu classer tout ces éléments de manière à y
apporter une logique scientifique. Au moyen de la sélection, j'ai
réussi à dégager les éléments les plus
pertinents pour tracer des figures plus typifiées.
Bien entendu aucune organisation particulière ne
correspond à un type conceptualisé. Le travail du chercheur n'est
pas de restituer à chaque interlocuteur ce qu'il fait au plus proche de
ce qu'il pense qu'il fait mais de clarifier une situation pour que celle-si
soit plus compréhensible pour tous. Ainsi, il convenait de puiser chez
un père de la sociologie, Max Weber, le concept d' "idéal-type",
afin de mieux mettre en évidence les figures les plus repérables
de l'organisation de soirées techno. Idéaliser en partie les
données reccueillies permet de faire la distinction
d'éléments, qui, dans la réalité, sont
imbriqués par rapport aux institutions et aux comportements des
individus.
"L'idéal-type est un tableau de pensée, il
n'est pas la réalité historique, ni surtout la
réalité "authentique", il sert encore moins de schéma dans
lequel on pourrait ordonner la réalité à titre exemplaire.
Il n'a d'autre signification que d'un concept limite purement idéal,
auquel on mesure la réalité pour clarifier le contenu empirique
de certains de ses éléments importants, avec lequel on la
compare"29 (Blin T., 1995). L'idée
développée par Thierry Blin concourt aux précautions que
doit prendre le chercheur lorsqu'il mobilise un tel outil pour à la fois
comprendre la réalité et transmettre sa réflexion. Ainsi,
pour éviter la démarche réductionniste consistant à
ne voir la réalité qu'au regard de l'idéal-type, son
auteur a le devoir d'expliciter le résultat de son enquête de
terrain, le déroulement de sa pensée et l'objectif d'une telle
entreprise.
La typologie que je vais proposée s'éloigne
cependant quelque peu de la "pureté" exigée par l'idéale
typification. Elle rend compte à la fois d'une typologie mise en
évidence par les recherches accomplies sur la fête techno et d'une
autre typologie mise en évidence sur les musiques populaires. Nous
allons donc tout d'abord présenter ces deux typologies avant de tenter
d'en construire une qui conceptualise les organisations de fêtes techno
observées.
II. L'usage de typologies antérieures pour
construire une typologie de l'organisation de la fête techno
Stéphane Hampartzoumian distingue deux types de mouvements
techno distincts sur le critère du rapport à la loi à la
suite de la rupture du mouvement techno en 1996. "Appelons
sédentaire la
29 Blin T., Phénoménologie et
sociologie compréhensive sur Alfred Schütz, L'Harmattan, 1995,
p.88
première tendance du mouvement techno qui oeuvre
à institutionnaliser la techno, et nomade la seconde tendance qui oeuvre
à désinstitutionnaliser la techno. Cette distinction conceptuelle
empruntée à Gilles Deleuze et Félix Guattari permet de
mieux penser cette complexité interne du mouvement
techno."30 La tendance nomade se définit donc par le
caractère clandestin des fêtes techno et la défiance envers
toute autorité. Elle est appelée "nomade" car le mode de vie
nomade est un obstacle à son institutionnalisation. "La fête
techno nomade est délibéremment une effraction et une infraction,
elle ne s'autorise que d'elle-même31 ". La tendance
sédentaire promeut au contraire l'institutionnalisation du mouvement
techno et le dialogue avec les autorités, notamment par
l'intermédiaire de représentants. "Processus voulu autant par
les institutions, qui préfèrent intégrer le
phénomène techno plutôt que de le voir se développer
en dehors de leurs compétences, et de la part d'une partie des acteurs
techno qui aspirent légitimement à se professionnaliser"
(Hampartzoumian S., 2004). À la différence de
Stéphane Hampartzoumian, je pense qu'il convient de distinguer deux
types dans la tendance techno sédentaire car elle n'est pas
unifiée. Dans son travail, il distingue ces deux grandes tendances mais
ne centre pas sa recherche sur le mouvement techno institutionnalisé.
Une autre typologie est me semble pertinente pour comprendre
l'organisation de fêtes techno. Celle- ci conceptualise l'intervention
des politiques publiques dans les musiques populaires. Dans un article,
Gérôme Guibert distingue trois types de médiation
correspondant à trois logiques traversant la production des musiques
populaires. La première est l'économie de marché.
Dès la Troisième République, un marché de la
culture se met en place dans les musiques populaires qu'il produit et exploite
avec l'aide de l'Etat. La deuxième est celle de l'action des politiques
culturelles dans ces musiques depuis l'arrivée de Jack Lang au
Ministère de la Culture en 1981. L'apparition de la Techno Parade
à Paris en 1998 est de cet ordre. Il définit entre ces deux
pôles une zone non-aidée revendiquant une production
contre-culturelle qu'il qualifie d' "underground" et que l'action politique
tente d'investir depuis le second septennat mitterrandien32.
"Cela donne lieu à l'apparition d'un nouveau mode de
médiation musicale, original, un « tiers-secteur ». Les
nouvelles structures aidées, issues de l'underground, se
définissent, en effet, comme défendant une logique privée
non lucrative, associative. Ni entreprise capitaliste, ni institutions
publiques, ces structures sont en partie financées par des
subventions". Ce dernier est une zone de transition d'un pôle
à l'autre 33 (Guibert G., 2005).
La musique techno est devenue un style prisé par les
jeunes générations de "fêtards". Au-delà, on
30 Hampartzoumian S., op. cit., p.212 :
l'empreint de Stéphane Hampartzoumian à Gilles Deleuze et
Félix Guattari est tiré de leur ouvrage, Mille Plateaux, Paris,
Editions de Minuit, 1994, p.592.
31 Hampartzoumian S., op. cit., p.216
32 Je reviendrais sur cette notion d' "underground culturel" dans
la partie IV du Chapitre 2 (p. 40)
33 Guibert G., op. cit.
entend ce style dans des lieux où l'on ne l'aurait
jamais soupçonné : à la télévision, dans les
supermarchés, dans les bars.. .Les professionnels de la fête, les
discothèques et les boîtes de nuit en chefs de file, mais d'autres
encore se sont rués sur cette évolution des goûts et ont
enclenché la commercialisation de ce style de musique. De plus, comme le
prévoyait Stéphane Hampartzoumian, de nombreux acteurs du
mouvements techno sont parvenus à se professionnaliser dans ce secteur
culturel. Je traiterais d'ailleurs le cas de Julien qui a créé
une maison de disques sous forme d'entreprise.
On peut par conséquent rapprocher une partie de la
tendance institutionnelle de la fête techno au producteurs de musiques
populaires du tiers-secteur et l'autre. En croisant ces deux typologies, trois
figures de l'organisation apparaissent : l'organisation clandestine,
l'organisation institutionnalisée non-lucrative et l'organisation
institutionnalisée commerciale.
III. Usage figé versus usage dynamique de
l'idéal-typification
Toutes les organisations rencontrées au cours de
l'enquête sont des organisations de type "sédentaire",
contrairement à la tendance "nomade" étudiée par
Stéphane Hampartzoumian. La recherche de Stéphane Hampartzoumian
a eu lieu au début de la décennie 2000 et au début du
processus d'institutionnalisation du mouvement techno et ne rend pas compte de
l'organisation de fêtes techno telle que je l'ai observé. Comme il
l'explique son "choix de cet aspect particulier du phénomène
techno s'impose moins par goût que par un souci d'efficacité
heuristique. En effet, la radicalité de la tendance nomade du mouvement
techno permet d'offrir un objet d'une radicale lisibilité au sociologue.
Notons que cette lecture sociologique est plus difficile, mais tout aussi
possible à faire avec la tendance sédentaire"34
(Hampartzoumian S., 2004). Il est important de noter que sa typologie sert des
objectifs dans les limites de son enquêtes et de sa réflexion.
À vouloir mieux penser la réalité par les
idéaux-types, le risque de mal en rendre compte apparaît. Entre
les deux grands types, la fête techno nomade et la fête techno
sédentaire retenus par le GREMES, je cherche à en montrer un
troisième, celui correspondant à la "fête techno loisir".
En effet, l'intention des organisateurs est à prendre en compte lorsque
l'on définit les deux types de fête. Les organisateurs,
agissent-ils nécessairement par rapport à la loi ? Certains ne
s'accomodent-ils pas des procédures pour organiser des fêtes sans
toutefois vouloir se professionnaliser ? Je chercherai ainsi à mettre en
évidence entre le traveller et le businessman, la
figure de l'amateur-pratiquant de la fête techno.
Au cours de l'enquête, seulement deux organisateurs
s'étaient professionnalisés dans le milieu
34 Hampartzoumian S., op.cit. p.223
techno et un seul dans la fête techno. Les autres sont
des organisateurs "ni ni", donc peut-être des amateurs-pratiquants. En
revanche, je ne cherche pas ici à quantifier la présence de
l'amateurisme dans la fête techno mais simplement montrer que cette
logique d'organisation existe au même titre que les deux autres. Et bien
que des organisations soient sédentaires et légalement
enregistrées, les soirées qu'elles organisent n'ont pas toujours
été et ne sont pas toujours légales. Ensuite, une
organisation peut très bien avoir une finalité non-lucrative et
employer des techniques commerciales dans son activité. Enfin, la
finalité commerciale d'une autre peut très bien être
poursuivie par des moyens non commerciaux. On peut donc affirmer que mon
terrain est lié avec et se situe entre les deux grandes tendances. Par
conséquent, les distinctions précédemment exposées
ne constituent pas le cadre d'analyse figé qui permettrait comme par
"subsomption" de rendre compte des situations observées dans mon
enquêtes de terrain, ni de bâtir un cadre d'analyse pertinent pour
la sociologie. En revanche, ces distinctions seront utiles pour construire
a posteriori le cadre d'analyse dans un ajustement avec les
données d'enquête. Je décide donc de faire un usage
dynamique de l'idéal typification effectuée par les recherches
antérieures.
IV. Une typologie ad hoc
Plutôt que de rejetter le concept d'idéal-type
dans sa globalité, j'ai construit une typologie qui me semble rendre
mieux compte de la réalité du terrain. Comme je l'ai
déjà précisé plus haut, ce travail de terrain
n'avait pas vocation à observer toutes les manières possibles
d'organiser une fête techno, mais de reccueillir des manières de
faire d'organisateurs rencontrés. "Les relations établies
sont considérées de manière privilégiée sous
un certain angle, la modélisation est dépendante du réel
étudié mais aussi de tout le stock de connaissance disponible, et
pour les besoins de la recherche en cours, elle va en accentuer certaines
caractéristiques, en laisser d'autres dans l'ombre"35
(Watier P., 2002). Ma démarche ne se trouve pas si
éloignée de l'idéal-typification. Avant de montrer quelle
est cette typologie, il faut tout d'abord circonscrire le pan du réel
observé.
Sept des huit organisations que j'ai rencontrées
étaient implantées dans les Pyrénées Orientales.
Leur rayon d'action dépasse ces frontières, mais elles ne
s'aventurent pas au-delà de la Catalogne Sud et de l'Aude. Une
organisation est implantée à Grenoble. Un partenariat avec une
organisation des Pyrénées Orientales y expliquait sa
présence. Ensuite, elles sont toutes des associations à
l'exception d'une qui est une maison de disques. Des clubs et salles de
concerts seront cités mais seulement lorsqu'il s'agit de partenariats
avec les organisations visées. J'aurais pu presque les inclure dans la
deuxième figure des organisateurs, mais cela aurait été
insuffisant pour les comprendre
35 Watier P., op. cit., p.115
puisque je n'aurais eu aucun point de comparaison, et puis un
classement arbitraire aurait été réducteur. Pourquoi
réducteur ? Parce que ces organisations n'ont pas cherché
à appartenir à une figure, que le choix de leur fonctionnement
dépend de leurs valeurs, de leurs histoires et de leurs pratiques. Je
propose donc d'analyser les organisations à l'aune d'une typologie
proche des précédentes mais construite ad hoc, par
ajustement progressif à la spécificité de mes
données. Nous verrons tout d'abord qu'organiser une soirée
"à l'arrache" perpétue des pratiques rattâchées aux
"premières heures" du mouvement techno et nous tenterons de comprendre
pourquoi les problèmes rencontrés poussent les organisateurs
à s'institutionnaliser. L'organisation "dans les règles de
l'art", sera la deuxième figure de cette typologie. Elle exprimera la
tendance qu'ont de plus en plus d'organisateurs à respecter les
règles établies par les autorités publiques pour
éviter les risques de la clandestinité, mais également de
se responsabiliser lorsque l'on veut être organisateur de soirée
techno. Enfin, la troisième figure est celle de l'organisation
"entrepreneuriale", celle qui recherche dans les techniques d'entreprises
commerciales les moyens de mener à bien l'organisation de ces
soirées.
Chapitre 2 :
L'organisation "à l'arrache"
Que signifie organiser "à l' arrache" ? On pourrait
dire qu'organiser "à l'arrache" signifie organiser sans organiser,
organiser sans l'avoir prévu, mais ce serait incomplet et inexact. Que
signifie organiser ? Dans le Larousse, cette action signifie "arranger,
combiner pour obtenir un bon fonctionnement" ou "préparer dans
un but précis". Ce type d'organisation est le moins organisé
des trois, mais ce que je veux montrer en consacrant un chapitre à
l'organisation "à l'arrache", ce sont les perceptions qu'ont les
organisateurs de la transgression de leurs activités par rapport aux
normes eu égard à la réaction des autres. Une organisation
transgressant les normes secrètement ne sera pas une organisation
"à l'arrache" tant que les autres n'en auront pas connaissance.
I. La fête techno est une activité
déviante
La fête techno fait l'objet de préjugés
qui conditionnent les comportements mais aussi le discours des organisateurs
sur leurs activités. Il conviendra tout d'abord de définir la
déviance pour ensuite envisager de qualifier l'organisation de
soirées techno d'activité "déviante".
I.1. La fête est déviante
Pour comprendre ce que sont les fêtes techno et leurs
organisateurs, il convient de comprendre les liens entre cette
micro-société et la société. Comment cette
activité se positionne-t-elle dans la société ? Le concept
sociologique de déviance apporte des réponses à cette
question.
Selon Howard Saul Becker, plusieurs conceptions
définissent la déviance36. Tout d'abord, la conception
fonctionnelle définit la déviance comme un "mal" de la
société provenant de ses aspects "dysfonctionnels". Le goût
pour la fête a en soi quelque chose de dysfonctionnel dans une
société régie par la "fonction" ("intention ou but d'un
groupe") du travail, créateur de richesse et lieu de l'identification
des individus. On retrouve ici la fable de "La cigale et la fourmi". Pour
Philippe Muray, "homo festivus festivus" raconte l'histoire de la victoire de
la cigale sur la fourmi et de la décadence de la société
"à histoire". "La musique qui sort de la salle de concert pour se
répandre n'importe où, on sait aussi ce que ça devient :
de la techno, du Teknival, de l'horreur technomaniaque"37
(Muray P., 2005). Ensuite, une conception plus relativiste la définit
comme un défaut d'obéissance aux normes du groupe. C'est cette
conception que le mouvement techno illustre car les normes lui sont
postérieures. Elles définissent stricto sensu quelle
fête obéit aux normes et quelle fête les transgresse. De ce
point de vue, nous serions face à des pratiques
hétérodoxes, c'est-à-dire
36 Becker H.-S., Outsider. Etudes de
sociologie de la déviance, Métailié, Paris, 1985.
37 Muray P., op. cit. p.385.
"autre" que celles correspondant à la norme ou
l'orthodoxie. Enfin, Monique Dagnaud nous fournit une dernière
conception statistique : "la conception la plus simple de la
déviance est essentiellement statistique : est déviant ce qui
s'écarte trop de la moyenne".
Dans l'organisation "à l'arrache", c'est la perception
qu'ont les organisateurs de leur activité qui m'est transmise par leur
discours, une perception directe de ce qu'ils font par rapport à ce
qu'ils pensent être la perception qu'ont les autres de leur
activité. "Je considerai la déviance comme le produit d'une
transaction effectuée entre un groupe social et un individu qui, aux
yeux du groupe, a transgressé une norme"38.
L'étiquette "déviant" n'est pas uniquement attachée
à un individu par le groupe social lorsque cet individu transgresse une
norme édictée par le groupe mais résulte du produit
d'intéractions sociales et de rapports sociaux entre cet individu et le
groupe social. Ainsi cette conception de la déviance intègrera ce
que pensent les organisateurs du respect ou de la transgression des normes par
rapport à ce qu'ils croient être la perception et le jugement des
autres qui les ont produites.
Mais dans une société, il peut exister plusieurs
instances productrices de normes. "Les sociétés modernes ne
sont pas des organisations simples où la définition des normes et
leur mode d'application dans des situations spécifiques ferait l'objet
d'un accord unanime"39 (Becker H.S., 1985). On peut d'ailleurs
distinguer tout de suite les normes juridiques et les normes morales qui
peuvent obéir à des légitimités différentes.
Les normes juridiques sont une sorte de synthèse ou de compromis
fixé entre les normes morales des différents groupes d'une
société en fonction des pouvoirs de chaque groupe sur ces normes
juridiques. Dans notre société, les jeunes mineurs ne peuvent pas
faire valoir directement leurs points de vue. On peut toutefois envisager le
corpus de normes de la jeunesse puisqu'il constitue un objet de recherche de la
part des adultes. Dans La Teuf, la fête est une valeur
particulière de la jeunesse : "La fête acquiert une place de
choix parmi les activités préférées des jeunes : 33
% des 15-24 ans citent "la fête" parmi les loisirs qui ont le plus
d'importance pour eux"40 (Dagnaud M., 2008). Voyons à
présent les normes juridiques encadrant les fêtes techno.
I.2. Un dispositif juridique postérieur aux pratiques
d'organisations de fêtes techno.
Dans une conception matérialiste, le droit est un outil,
pas une fin en soi. Il est produit par des individus pour réguler la
vie sociale. Il ne pouvait donc pas être antérieur à
l'apparition du
38 Becker H.-S., op. cit. p.33
39 Becker H.-S., op.cit., p.38
40 Dagnaud M., op. cit., p.69 l'enquête
d'où provient cette statistique s'intitule d'ailleurs "Les Valeurs des
Jeunes" par la TNS-SOFRES du 23 novembre 2003. Mais on peut aussi renvoyer
à tous les ouvrages et enquête sur le thème de la
jeunesse.
mouvement techno tel qu'il s'est exprimé à ses
débuts mais se construire en fonction du "phénomène
techno". En 1995, la première circulaire émanant du
Ministère de l'Intérieur relative aux soirées techno,
s'intitulant "les soirées rave : des situations à hauts risques",
est en décalage complet avec le vent libertaire qui souffle dans le
mouvement. Elle contribue à la construction du stéréotype
"techno = exstasy" en cristallisant dans la réaction des agents de
l'Etat des préjugés sur la techno41. Une circulaire
est un acte administratif produit par un ministère à destination
des services subordonnés ou de tutelles pour commenter le droit positif
et expliquer son application. L'objectif de la circulaire de 1995 était
de fournir des informations sur ce nouveau phénomène et sur les
différents actes de police possible. La circulaire
interministérielle de 1998 émise par le Ministère de
l'Intérieur le Ministère de la Défense et le
Ministère de la Culture et de la Communication (marque la reconnaissance
du caractère culturel et artistique de la fête techno) a
été annoncée comme une victoire par le mouvement
institutionnel et l'association Technopol après le succès de la
première Techno Parade. Ce texte complète le
précédent, qui accusait les organisateurs de fêtes
d'organiser le trafic de stupéfiants, en leur reconnaissant certaines
qualités : "les organisateurs des concerts rave et techno, outre
qu'ils font preuve d'un professionnalisme accru, sont fermement résolus
à assumer leurs responsabilités et se montrent demandeurs envers
l'État, des règles applicables en la matière
"42 . Elle distingue deux types de raves : la
rave légale et la rave clandestine.
Ce n'est qu'en 2001, que le législateur intervient pour
encadrer le mouvement techno dans l'article 53 de la Loi du 15 novembre
relative à la sécurité quotidienne (LSQ). L'amendement
Mariani, complétant la loi du 21 janvier 1995 d'orientation et de
programmation relative à la sécurité (LOPS), reprend la
circulaire de 1998 et oblige dorénavant les organisateurs à
déclarer l'événement à la préfecture du
département où il devra se tenir, un mois minimum avant qu'il
n'ait lieu. Le décret du 3 mai 2002, modifié par le décret
du 26 mars 2006, précise ce dispositif légal.
Sont concernés par la loi, "les rassemblements festifs
[...] exclusivement à caractère musical, organisés par des
personnes privées dans des espaces qui ne sont pas au préalable
aménagés à cette fin, lorsqu'ils répondent à
l'ensemble des caractéritiques suivantes [...]", à savoir : la
diffusion de "musique amplifiée", "un effectif prévisible
de participants et du personnel susceptibles d'être atteint,
compte tenu de la surface du lieu du rassemblement, dépasse 250" (depuis
2006, "l'effectif prévisible de personnes
présentes sur le lieu du rasseblement dépasse 500"), une
communication à grande échelle et des "risques susceptibles pour
la sécurité des personnes" tenant au lieu du rassemblement.
À défaut de déclaration, l'événement est un
délit passible de sanctions43. Cependant les pratiques
étaient antérieures au dispositif juridique, si bien que sans la
volonté de respecter la loi
41 Beauchet A., Approches
stéréotypées et stéréotypantes de l'objet
techno, 05 mars 2004 disponible sur le site du GREMES.
42 Circulaire interministeriel du 29 décembre
1998 disponible en annexe p. 219
et avec le sentiment de ne pas faire de mal, ces pratiques se
sont répétées après l'entrée en vigueur de
la loi. Et ainsi, sans avoir changé, elles sont devenues
illégales. Le droit positif semble cristalliser deux types d'intention
des organisateurs : organiser volontairement dans le respect de la loi et
organiser volontairement dans la transgresseion de la loi. Deux types de
déviance correpondent à ces deux types de comportements selon le
modèle séquentiel d' Howard S. Becker : "conforme" et "pleinement
déviant". Mais nous le verrons par la suite, des organisateurs qui
devraient être classés dans la catégorie des organisateurs
conformes se considèrent "accusés à tort"44.
Dans la pratique, la procédure de déclaration
s'est transformée en procédure d'autorisation préalable.
Le mouvement techno s'est alors construit avec ce caractère
déviant revendiqué ou rejetté. Aussi, nous allons voir que
ce caractère se décline sous la forme de valeurs et discours
propres à ce mouvement culturel exprimant un militantisme libertaire.
II. Le militantisme libertaire
Sans aller jusqu'à l'analyse des facteurs
socio-historiques de l'apparition du phénomène techno,
l'organisation que je qualifie "à l'arrache" puise ses raisons dans des
éléments antérieurs à son interdiction qu'il
convient maintenant d'examiner. Au travers du discours des organisateurs deux
types d'éléments sont apparus pertinents : les valeurs communes
issues des "premières heures" du mouvement techno et des discours
formatés relatant des origines mythologiques des fêtes.
II.1. Organiser une fête avec des valeurs
héritées des nomades
J'ai pu constater que dans les organisations
rencontrées au cours de mon enquête, les membres partageaient des
valeurs communes que je peux imputer à cette "histoire commune" du
mouvement techno que ceux-ci conservent en dépit des différences
dans la manière de mettre en oeuvre leurs projets. J'en reparlerais donc
dans tout le sujet et spécialement dans la partie consacrée
à l'objet social de l'association. Bien sûr chaque individu,
lorsqu'il raconte cette histoire commune, livre sa vision de cette histoire
qu'il est nécessaire de restituer à son auteur.
"Moi, j'ai jamais arrêté de monter des
soirées, mais des soirées underground [...] On montait
des soirées underground c'est-à dire un peu plus à
l'arrache, toujours sur un terrain privé pour pas être
emmerdé, mais on va dire sans déclarer quoi que ce soit, avec un
débit de boisson illégal, avec.. .pour le plaisir de faire des
soirées" (Anthony). À partir de 2001, organiser une
fête pour faire
43 Voir en annexe, le dispositif juridique p.212. J'ai
souligné des éléments car ces formulations juridiques sont
importantes dans la règlementation et pourtant difficile à
appliquer en réalité.
44 Becker H.-S., op. cit. p.43.
la fête est devenu règlementé dès
lors que l' "effectif prévisible" dépasse le seuil prescrit par
décret, soit 250 personnes dès 2002 et 500 depuis 2006. "Pour
mon anniversaire cet été, on a fait une soirée il y avait
2 sons. Il avait eu peut-être 350 personnes voire plus, dans la
soirée entrée gratuite", raconte Anthony à propos
d'une soirée "plus privée". Or, la communication de cette
soirée avait été comme il le dit : "au
bouche-à-oreille". Il est a fortiori difficile de
prévoir le nombre de personnes présentes sur le lieu du
rassemblement. Certainement du fait de sa gratuité, les organisateurs de
cette soirée n'ont pas dû compter les personnes à
l'entrée. Même sans la nommer ainsi, cette soirée
était une free party, rassemblant les deux sens de la free,
valeurs que Stéphane Hampartzoumian rattache à la tendance nomade
45: la gratuité et la liberté. Le nom de l'association
d'Anthony, Melting Pot (For the Evolution of the Movement Techno),
dévoile immédiatement l'intention de ses créateurs.
Ceux-ci ont ajouté une dose de légalité aux pratiques pour
poursuivre le projet lancé par les mentors du mouvement techno. La
sédentarité, la conciliation de son loisir avec sa vie
privée, l'ambition de monter de plus gros projets que des petites
soirées privées sont autant de raisons pour adapter les valeurs
premières du mouvement techno avec la réalité sociale. Le
choix pour la clandestinité festive ne présume pas du choix pour
une vie clandestine, la fête est un temps de la vie.
"Il y en a ça leur a pas plu de se prendre la
tête dans les salles, dans les boîtes. Ils sont restés dans
le mouvement pur, free party et voilà "on bouge pas, on reste
là-dedans", il y en a pas mal qui restent comme ça ",
rapporte Henri à propos des "résistants de la free
party". Les plus résistants à l'institutionnalisation de la
fête techno ont refusé de se conformer à la
législation. Ce sont les défenseurs de la conception nomade du
mouvement techno. Mais entre les deux extrêmes, de nombreux organisateurs
composent avec les valeurs et la légalité. Il créent donc
de nouvelles pratiques. De la confusion et même parfois de
l'incohérence peut apparaître dans les soirées qu'ils
organisent et dans leur discours, néanmoins chacun articule ses actions
selon sa propre logique et la concilie avec celle des autres membres de
l'organisation. C'est ainsi que l'on trouve des soirées
métissées que l'on pourrait appelé des "free parties
payantes" qui associeraient les codes de la free party et le besoin de
rentabiliser les investissements d'une soirée. Beaucoup cite aussi Manu
Le Malin, un dj issu du mouvement nomade qui s'est professionnalisé et
donne des concerts payants. Ainsi, Henri défend des soirées
payantes qui conserve les valeurs de la free : "Le Mas Bonete on a fait 6
euros. Notre intérêt, au départ, c'est vraiment la
fête libre. Bon maintenant, les lois font qu'on peut plus faire la
fête librement et donc il faut un minimum d'argent, faire entrée
un minimum d'argent pour pouvoir assurer des soirées, des salles et
tout. Donc on fait payer juste pour se rembourser et nous faire un peu de sous
".
45 Hampartzoumian S., op. cit. p. 222.
Julien, qui est originaire de Bordeaux, a analysé cette
situation. Il prétend qu' "ici, le sud, en dessous de Clermont,
c'est Hardtek, les free party. C'est pas pour rien qu'il y en a encore des free
party ici." Je peux compléter ceci par l'hypothèse que se
sont diffusées, chez les organisateurs locaux, des valeurs que
continuent de revendiquer les tenant du mouvement de la tendance nomade, que
Julien nomme "hardtek", comme si le choix pour ce courant musical induisait le
choix de la clandestinité de la fête. Ce sous-genre de la techno
est principalement diffusé dans des free-party clandestines mais les
valeurs qu'il défend sont aussi partagées dans d'autres
sous-genres. Lorsque ces valeurs sont en contradiction avec les normes de la
société, ils doivent se conformer ou résister. Des
organisateurs ont choisi le chemin de la résistance aux normes et de
leur transgression systématique. Le caractère déviant de
leurs organisations s'intègre dans un mode de vie déviant, le
nomadisme. D'autres abandonnent l'organisation et recherche la liberté
en produisant des oeuvres avec des labels indépendants. D'autres encore
ont fait le choix de la sédentarité, mais en se reconnaissant ou
en s'étant construit avec certaines des valeurs nomades, vont
résister ou tout du moins agiront à leur manière en
dépit des normes établies.
II.2.Les discours normatifs
Géographiquement proche du Languedoc-Roussillon,
l'Aude, l'Espagne ; ou encore en Europe, à Ibiza, au Portugal et
même au-delà en Inde, les origines de la Techno se rapportent
souvent à l' "ailleurs". Comme à la recherche de l'
"Utopie"46, les nouveaux passionnés de la musique techno
partent à la recherche de son sens. Les sonorités renvoient
parfois à un ailleurs lointain comme la trance de Goa, parfois quelques
kilomètres suffisent pour retrouver des nomades venus d'ailleurs, comme
la techno des Spiral Tribe fuyant la repression de la politique
tatchérienne. Ceux qui l'ont diffusé, ont montré la
fête techno, ont fait écouté la nouveauté musicale
et transmis des codes et des valeurs. Comme ils sont venus, ils sont partis
vers un autre ici en laissant derrière eux les nouveaux participants
parfois séduits au point de vouloir faire de même en y ajoutant ce
qu'ils aiment.
Le courant trance est représentatif d'un discours
normatif de l'utopie. Il reprend dans les grandes lignes le discours issu du
mouvement hippie47. "La trance devient d'ailleurs un genre
à part entière, prisé par les factions les plus
spiritualistes de la Techno Nation". Tout un discours normatif sur
l'utopie raconte ce mythe de la techno. Les éléments qui le
composent ont pour la plupart fait l'objet d'un recyclage de codes, de signes
et même d'imageries. Le flyer et la décoration sont les
supports
46 More T., L'Utopie, Flamarion, Paris, 2007.
47 Rivière C., op. cit. p.127 L'auteur
attribue une filiation du mouvement Acid House Music avec le mouvement hippie
et le psychédélisme. Cette filiation est plus
représentative dans le sous-genre trance que le sous-genre house.
principaux de ce discours. Le flyer est une publicité
annonçant la fête48. Les organisateurs utilisent les
symboles recyclés de la mythologie indienne : "le Aum c'était
pour rappeler la trance ", m'expliquait Anthony. Certaines organisations
de soirées trance se réfère davantage à l'existence
d'une vie extra-terrestre. Ce rapport à l'Autre rappelle de la
même manière l'existence de l'Humanité en accentuant celle
de la technologie. Même pour les organisateurs, ce discours normatif
n'est pas qu'une technique. "Peut-être qu'on ne le sait pas encore,
mais c'est vrai que ça peut être un événement, avec
une certaine, de la spiritualité où les gens, ils sont libres,
où ils font ce qu'ils veulent" m'a répondu Amélie
lorsque je leur ai demandé s'il s'agissait d'une religion. Donc, je ne
peux pas nier que la croyance tient une place dans les motifs des
organisateurs, où la fête comme la musique sont
sacralisées.
"L'idée de l'engrenage m'a beaucoup plu : beaucoup
plus électronique et techno que trance goa" (Anthony). L'univers
techno (et industriel) est celui de la machine. Comme la musique "techno" (de
"techno-logique"), le discours normatif est construit sur la libération
de la machine aliénante des sociétés industrielles. Alors
les organisateurs utilisent des symboles de la même manière comme
insérer des pièces mécaniques.
Dans les courants hardcore, "...c'est la morbidité
qui domine"49 (Birgy P., 2001). La soirée
organisée par les Tromatik System et Capscore au Point Batterie avait
pour thème le jour : sur le flyer un "Vendredi 13",
sanguinolant50.
Conformément à ces discours, les organisateurs
se servent des nuits et des saisons pour organiser les soirées. Pour
l'utopie, la full moon (plein lune) est la nuit rêvée.
Pour la machine, la fête du travail. Et pour la morbidité, un
vendredi 13 ou Halloween sont privilégiés. Ces signes sont
consommés par les participants à la fête et les
organisateurs le savent. Par conséquent, cette consommation illustre
l'esthétique de la techno, ou l'esthétique correspondant au
sous-genre. Cette consommation des signes est également à
l'oeuvre dans d'autres styles de musique. "En l'occurrence, il
s'avère qu'audelà des idées reçues, les acteurs de
ce fait social populaire, les métalleux, cultivent une esthétique
du choc qui procède de la recherche de puissance et non de pouvoir. Les
métalleux et l'esthétique qu'ils mobilisent, en « bricolant
» avec des interdits sociétaux, et plus particulièrement en
« bricolant » avec la symbolique et l'iconographie du régime
nazi, s'érigent culturellement en marge de la société.
Cette mise à l'écart est source de narcissisme chez les
métalleux et est pourvoyeuse d'une pensée « élitiste
». In fine, l 'instrumentalisation des extrémismes politiques par
les métalleux procède majoritairement de la logique de subversion
jusqu'au-boutiste
48 Birgy P., Mouvememt Techno et Transit
Culturel, L'Harmattan, Paris, 2001, pp. 5 8-60.
49 Birgy P., op. cit. p.33.
50 Des flyers sont disponibles en annexe p.208.
consubstantielle à la musique metal"51
(Mombelet A. et Walzer N., 2005)
Ces discours devenus des mythes donnent du sens aux pratiques
et aux choix pour telle ou telle esthétique. Ils sont produits par les
groupes et permettent leur cohésion si bien que l'étude de ce
langage conduirait à l'étude de ces groupes (Hebdige D.,
1979)52.
III. De la communauté à l'équipe
Après avoir observé dans le réel ce fond
commun des organisateurs de soirées techno, il est légitime de se
demander de quelle manière l'organisation unie les organisateurs. En
d'autres termes, nous allons exposer ce qu'est la communauté dans une
lecture du sacré pour ensuite l'envisager à la lecture du
profane.
III.1. "La communauté trans(e)cendantale"53
Pour comprendre ce qu'anime certains organisateurs, on peut
s'intéresser à la thèse du rassemblement sacré dans
la réalité "post-moderne". Ces recherches sont celles qu'a
accompli Stéphane Hampartzoumian dans sa thèse sous la direction
de Michel Maffesoli. La fête techno y est interprétée comme
"la forme rituelle la plus en phase avec l'époque
contemporaine"54. La fête techno serait organisée
et rassemblerait ses participants pour lever les contraintes sociales qui
pèsent sur les individus. La "post-modernité" est cette
époque romantique du retour à l'utopie après les ravages
causés par la modernité : différenciation, urbanisation,
individualisation, désenchantement etc., autant d'effets destructeurs de
la communauté.
La fête techno s'est construite et a
évolué sur la transgression d'un interdit légal, la
limite. C'est le franchissement de ce seuil, la lime, qui
confère à la participation à la fête techno son
caractère de rite initiatique. "La procédure rituelle de la
fête techno ne vise essentiellement qu 'à produire une
effervescence sociale"55. L'auteur s'intéresse au
caractère collectif plutôt qu'au caractère
esthétique de la fête. Le groupe des participants de la fête
se transforme au cours de la fête en une communauté venue
ressentir la jouissance collective de la fête jusqu'au point de fusion
sans toutefois parvenir à fusionner. Pour justifier son propos, il va
puiser dans la littérature, les sciences humaines (où la
51 Mombelet A. et Walzer N.,
Metal et politique : pour une compréhension sociologique des
références aux extrémismes politiques dans la musique
metal. Cet article est tiré de leur interventions lors du Colloque
LAREQUOI du 17 janvier 2005 et de leurs thèses à
l'Université Paris-5, CEAQ.
52 Hebdige, D., Sous-culture, le sens du
style, éd. La Découverte, Paris, 2008.
53 Hampartzoumian S., op. cit. p. 295.
54 Hampartzoumian S., op. cit. p.105.
55 Hampartzoumian S., op. cit. p.264.
psychanalyse tient une large place), ainsi que dans une
enquête de terrain soumise à une "grille d'analyse durkheimienne"
pôlarisant les discours de participants entre le profane et le
sacré :
"J'ai eu l'occasion de montrer précédemment
combien chaque élément constitutif de la procédure
rituelle de la fête techno pouvait être lu à la
lumière de cette grille d'analyse, c'est-à-dire comment chaque
élément du rituel festif techno pouvait rendre compte d'une mise
en condition sociale propice à l'éclosion d'une expérience
sensible du sacré. Comment les caractéristiques propres du rituel
de la fête techno, c'est-à-dire le secret, la temporalité,
la spatialité et la transe, organisent le basculement de la
réalité sociale ordinaire en une réalité sociale
extra-ordinaire, basculement d'un registre profane à un registre
sacré "56.
Enfin, il nomme le groupe mis en évidence "la
communauté trans(e)cendantale" qui ne disparaît pas
totalement lorsque la réalité sociale réapparaît. Le
résidu de la fête demeure cette expérience de la
communauté engendrée par l' "effervescence sociale" et
deviendrait une "communauté neutre" dans sa
"synthèse soustractive"57 (Hampartzoumian S.,
2004).
Ainsi, le sentiment d'appartenance à une
communauté trans(e)cendantale peut expliquer le choix de l'organisation
pour les invidividus. Si l'échec de la fusion est "le point final de
la liturgie techno ", il est aussi le point de départ du
continuum de l'organisation de la fête techno, comme le retour
à cette communauté. Des organisateurs m'ont fait part de ce
sentiment comme Henri et je restitue la transcription pour nuancer ce propos
:
"Et à quoi ça sert que les jeunes
écoutent de la musique techno et organisent des fêtes où il
y a de la musique techno ?"
"Je sais pas, c'est apporter... c'est l'évolution
de la musique et c'est chercher une certaine sensation. On va dire ça
à la trance, c'est s'élever, c'est oublier tout ce qu'on a, tout
ce qu'on subit, tous nos problèmes, se lâcher sans
réfléchir et rencontrer des gens sans préjugés,
sans se soucier de son passé, de n'importe quoi. C'est sur le moment,
sur l'instant, tout le monde partage quelque chose. Dans la musique, on cherche
un état de bien-être. Moi, je le vois comme ça."
(Henri)
Henri semble décrire ce processus d'effervescence
sociale dans la fête techno dans des conditions différentes de
celles décrites pécédemment. Le secret n'est plus
respecté, l'organisateur détient cette informations. Et quand il
dit "on va dire ça à la trance", il révèle un
discours formaté par la techno, et exacerbé dans la trance. Par
conséquent, je met en doute le caractère sacré du rituel
mis en place
56 Hampartzoumian S., op. cit. p.265.
57 Hampartzoumian S., op. cit. p.295. Cette
référence à la "synthèse soustractive" est un
empreint à Emile Durkheim (tiré de), Les
Formes Elémentaires de la Vie Religieuse, le Système
Totémique en Australie, Paris, Quadrige, PUF, 1990.
par la fête techno concernant l'organisation. On peut en
revanche parler de la mise en place de « rite profane », «
sans référence à une quelconque mythologie
religieuse »58 (Rivière C. 1995).
III.2. Organiser une soirée : une activité de
loisir entre amis
Anthony, et les autres organisateurs rencontrés aussi,
le racontent de la même manière, l'organisation de soirée
techno est une "occasion de faire la fête avec les copains". La
différence avec des soirées privées organisées
notamment pour célébrer un anniversaire, c'est qu'elles ne sont
pas prévues pour accueillir du public. Dans des événements
pouvant prendre de l'ampleur, la loi a posé des limites, car avec les
amis des amis, une fête peut devenir ingérable et porteuse de
risques pour les personnes, le matériel et les lieux. Les organisateurs
en parlent constamment, il s'agit d'un invariant majeur, la fête est un
lieu de sociabilité amicale. N'est-ce pas une caractéristique des
musiques populaires ? Norbert Elias et Eric During, dans un chapitre
intitulé "La quête du plaisir", propose une classification des
activités de temps libre. Il nomme la "sociabilité non formelle",
le temps libre employé par les individus dans des activités qui
"ne sont pas liées au travail, comme aller au pub, au club, au
restaurant, à une réception, bavarder avec ses voisins, rester en
compagnie d'individus sans rien faire, comme une fin en soi"59.
Toutes ces références aux amis, aux potes, aux copains sont de
cet ordre. Ce temps libre n'est certes pas employé à ne "rien
faire, comme une fin en soi", mais est mis à contribution pour
préparer et faire la fête. Il ne faut pas oublier qu'on ne devient
pas organisateur de soirée du jour au lendemain, que chacun, avant de
s'investir personnellement dans la construction de fête, était
lui-même un participant (Elias N. et Dunning E., 1986).
Henri a été "embrigadé par une bande
de potes" ; Stéphane a été "branché pour
aller faire des soirées" par un "mec" à
l'armée ; Anthony a "découvert ce que c'était les
soirées en Espagne, les soirées techno, en Espagne, avec des djs
français comme J. -R., Fred Tassy, Cybersonic, Spdy 'T et tout
ça" ; "dès qu'on voulait sortir, on était obligé
d'aller à Toulouse, Montpellier", raconte Julien. La
découverte du mouvement techno et des soirées a été
un moment convivial pour les organisateurs qui ont tenté de conserver
cette sociabilité en organisant à leur tour ou même ont
édifié l'organisation de soirée sur ce principe : "au
niveau des soirées comme on t'a dit, nous, on aime bien les faire avec
nos amis. C'est notre motivation de se regrouper [...] parce qu'il y a
un noyau qui est à Perpignan" (Renaud et Amélie
décrivant l'équipe de Psyva).
58 Rivière C., op.cit. pp.127-136.
59 Elias N. et Dunning E., Sport et
Civilisation : La Violence maîtrisée, 1998, Fayard p. 84. Cet
ouvrage est tout d'abord paru en 1986 sous le titre Quest for Excitement, Sport
and Leisure in the Civilizing Process, par Basil Blackwell Ltd. Ce chapitre est
la version revue de l'article "The Quest for Excitement in Unexciting
Societies", écrit en 1967.
III.3. La coopération dans l'équipe
organisatrice
L'organisation de soirées est le terrain de
l'entre-aide. J'ai pu l'observer lors de l'après-midi de
préparation de la soirée du 5 avril. Emilie, une
bénévole d'Hadra, l'explique : "Mais c'est pas parce que je
suis pas sur un planning que je donne pas un coup de main.". Nous ne
sommes pas sur le terrain de l'entre-aide pour survivre mais de l'entre-aide
pour se faire plaisir. Voilà, un trait intéressant dans la
culture techno telle qu'elle s'est présentée à moi. Les
membres de l'organisation ont le sentiment d'agir ensemble pour un même
but, ce qui semblerait les conduire à être solidaires les uns
vis-à-vis des autres. Elle expose d'ailleurs deux raisons de devenir
organisatrice : "parce que j'aimais bien participer, comment dire, à
aider à développer le mouvement en France, qu'il fallait
participer". Dès lors, on peut parler de l' "équipe"
organisatrice au sens de "groupe de personnes travaillant à une
même tâche ou unissant leurs efforts dans le même
dessein" possédant l' "esprit d'équipe", c'est-à-dire
de l' "esprit de solidarité qui anime les membres d'un même
groupe"60, comme dans le sport. Mais l'analogie avec le sport
ne va pas jusqu'à l'affrontement de deux équipes adverses lors
d'un match et au type de "configuration" décrit par Norbert Elias et
Eric Dunning à propos du football car les règles du jeu sont
différentes61. En revanche, n'existe-t-il pas une dynamique
de groupes propre aux organisations de fêtes techno ? Au cours de
l'enquête, des liens sont apparus entre les différentes
organisations étudiées ce qui peut laisser penser que des
interdépendances puissent exister entre elles comme la
compétition.
Pour conclure cette partie consacrée aux groupes
d'organisateurs dans l'organisation "à l'arrache", je ne peux pas
infirmer l'existence d'une communauté. Les organisateurs se rassemblent
dans des groupes afin de poursuivre leur mouvement. La "communauté
trans(e)centale" fournit bien un motif pour organiser des fêtes techno :
appartenir à une communauté dont le but est de réunir les
conditions de l'effervescence sociale. Mais celui-ci va au-delà de ce
que j'ai pu observer dans la réalité. En effet, les organisations
que j'ai observé étaient composé d' individus unis par les
liens d'affectivité et un projet commun, organiser une fête
ensemble. L'être ensemble est-il transcendental ?
IV. Le caractère underground de la fête
techno
L'organisation "à l'arrache" peut être
définie par le choix délibéré de faire sans
référence, aux normes artistiques et/ou aux les normes
juridiques. Dans la musique, cette "non référence" porte le
60 Dictionnaire Larousse de la langue.
61Elias N. et Dunning E., Sport et
Civilisation : La violence maîtrisée, 1998, Fayard p. 284.
nom d' "underground". Mais pour qualifier l'organisation
"à l'arrache" d'organisation underground, il faut tout d'abord
définir l'évolution de ce terme. Je propose ensuite de retracer
l'expérience d'une organisation pour comprendre l'effet de
l'institutionnalisation sur ce caractère underground.
IV.1. Tentative de définition de l'
"underground"
Le terme "underground", littéralement "souterrain"
s'oppose au "mainstream" ("le courant principal"). Ces deux pôles sont
fréquemment utilisés pour qualifier la musique. Seulement
underground est le plus souvent utilisé pour décrire des styles
musicaux indépendants des circuits normatifs de la création
artistique. Le Colloque LAREQUOI du 17 juin 2005 intitulé "Musiques
underground : stratégies d'acteurs et politiques publiques" était
organisé en ce sens : définir les rapports entre les acteurs
citoyens et les acteurs politiques dans les musiques underground à
partir une étude comparative des genres musicaux : le jazz, le metal, la
techno, le hip-hop notamment. Dans la typologie de Gérôme Guibert
sur les musiques populaires, on retrouve entre les économies marchande
et publique, un champ de l'économie non monétaire et donc
indépendant, "économiquement underground". Dans cette logique,
"underground" peut caractériser une logique de militantisme qui se
manifesterait ensuite dans des structures productrices "privée non
lucrative" ou associative. Ce caractère peut impliquer une
démarche artistique et/ou organisationnelle subversive,
c'est-à-dire faire délibéremment à contre courant
des canons académiques et des normes. Gérôme Guibert
définit un "tiers-secteur" musical entre les processus
d'industrialisation et d'institutionnalisation qui résisterait bon
gré mal gré à ces processus. "Le
phénomène [l'apparition du tiers-secteur
subventionné] a notamment été dénoncé
par une partie des tenants de la culture techno, des free-parties et des
teknivals qui revendiquaient, en suivant le philosophe Hakim Bey,
l'élaboration possible de TAZ (Zones Autonomes Temporaires). La
volonté de disposer d'espaces en dehors de règles qui
régissent l'économie et le droit légal de la musique,
considérées comme trop contraignantes à l'impulsion
créative et sociabilisatrice" 62(Guibert G., 2005).
Mais que dire des "Nuits underground" organisées par le
Conseil Général des Pyrénées Orientales au Palais
des rois de Majorque durant le mois d'août à Perpignan ? Je prend
volontairement cet exemple pour illustrer le propos de Gérôme
Guibert expliquant la volonté du politique d'intégrer
l'underground et la techno dans le champ de son intervention et finalement de
récupérer le caractère esthétique de ces
créations. Cette expression est de plus de plus à la mode, ce qui
est paradoxal. Au- delà, le concept d' "hétérodoxies" sert
à décrire les particulatités "autres" que l'on peut
observer que celles-ci s'opposent ou non à l' "orthodoxie". Son
utilisation porterait sûrement moins à confusion.
62 Guibert G., op.cit.
IV. 2. S'accomoder de la légalité pour
organiser des soirées
Même si organiser des fêtes "à l'arrache" a
l'avantage d'assouplir l'organisation de soirées, de croire que ce qui
se produit n'est qu'une fête entre amis, la clandestinité enferme
l'organisation dans une sphère occulte. Pour décrire ce passage
de la clandestinité à la légalité, il convient de
se pencher sur le cas de Tromatik System, un sound system devenu une
association.
Les Tromatik sont nés en 1998 à Perpignan sous
forme de sound system, c'est-à-dire en groupe informel de djs
possédant leur propre système d'amplification du son, d'où
cette terminologie. Henri est un des djs du groupe, "Pitz" est son surnom et
son pseudonyme. Il est le seul membre du groupe avec qui je me suis entretenu.
Il qualifie sa découverte des soirées techno deux ans auparavant
de "gros coup d'électrochoc", un moment fort qui le pousse
à devenir dj. Cela rappelle le "traumatisme".
Le temps de se faire la main dans quelques bars et dans des
petites soirées en groupe, les Tromatik System décident en 1999
de se lancer dans la free party. Beaucoup de lieux peuvent se prêter
à ce genre d'événements dans les Pyrénées
Orientales. Ils organisaient plusieurs free parties pendant l'année et
un teknival en été. Ils ont même une fois collaboré
en Espagne avec les Mental Resistance, ceux qui rassemblaient 1500 personnes
dans l'Aude lorsque "les petites teufs" de Perpignan ne comptait que
"200-300 personnes". Comme je le défendais plus haut, organiser
des fêtes est de l'ordre du social, alors, lorsqu'Henri parle de
l'évolution du sound system, il s'agit de l'évolution du groupe,
de la sortie des uns et de l'entrée des autres. En 2001 selon lui,
"il y a eu une vraie cohésion".
Au passif de Tromatik : un meurtre dans l'une de leur
soirée à Corbère-les-Cabanes. Pour Henri, il s'agissait d'
"une explication entre un groupe de punks et un groupe" . Un homme est
blessé, un autre est mort. "Bon voilà, on a fait la une sur
TF1". Mais le sound system n'a eu à subir que la perquisition de
l'ordinateur sur lequel le flyer avait été conçu. Alors,
le sound system a continué à organiser des soirées
"illégal[es] à 100%" dans divers lieux du
département jusqu'à la Franqui : "une énorme teuf,
c'était vraiment la dernière teuf illégale qu'on a fait et
où d'ailleurs on a eu des problèmes avec les flics". Cette
soirée a marqué leur entrée dans la
légalité.
En plus du sound system, Tromatik System devient une
association en 2003. Henri avoue "Au départ, on faisait ça
à l'arrache, même si on était une asso. Et là,
de plus en plus, avec l'expérience on fait les choses carrées,
avec des autorisations de débit de boissons, des contrats, tout
ça ". Un changement de statut ne transforme pas les pratiques
d'organisateurs. Mais cette nouvelle image leur a ouvert davantage de moyens de
s'exprimer, pouvoir "occuper tous les terrains" comme Henri le
décrit, c'est-à-dire organiser des soirées dans des clubs,
des mas ou même dans les rues de
Perpignan à la fête de la musique. L'objectif
officiel de leur association, comme beaucoup d'autres du même type est de
promouvoir les musiques électroniques et les arts qui l'environnent
(pour eux le graffiti) et officieusement c'est de "faire la fête,
organiser des soirées et peu importe la manière... enfin, la
manière : le lieu et les conditions". Pourtant, ils savent
organiser une soirée "dans les règles de l'art" pour en
avoir fait l'expérience.
Organiser "à l'arrache" est plus un état
d'esprit des organisateurs qu'un rapport direct à la loi. C'est ce que
je pense lorsque je dis que "rien n'est interdit du moment qu'on ne se fait pas
prendre". J'ai utilisé volontairement l'expression "à l'arrache"
employée par deux organisateurs afin de mettre en valeur leurs
"expérience[s] de vie"63 (Dubet F., 1987). Cette
manière d'organiser est une résistance contre la
responsabilité et une esthétique artistique : on ne va pas
respecter les règles imposées parce qu'elles sont justes et que
leur respect signifie organiser une fête techno sans risque pour les
participants et pour les organisateurs. Ces règles sont davantage
perçues comme des contraintes. De plus, cette résistance est un
moyen de faire la fête comme à ses débuts, ne pas se
soucier de la sécurité des autres et les laisser responsables
d'eux-mêmes. Après avoir exposé ce qu'organiser "à
l'arrache" peut signifier, nous allons aborder l'organisation "dans les
règles de l'art", une autre manière d'organiser la fête
techno, une autre manière de décrire son organisation.
63 Dubet F., La Galère : Jeunes en
Survie, Fayard, 1987, pp. 9 et 111.
Chapitre 3 :
L'organisation "dans les règles de
l'art"
I. Pourquoi organiser "dans les règles de l'art"
?
Cette expression provient du discours des organisateurs :
organiser "dans les règles de l'art" n'est pas une notion sociologique.
Aussi, pour justifier son utilisation, il est indispensable de commencer ce
chapitre par la définir avant de présenter les deux attitudes
principales empreintées par les organisateurs qui qualifie leur
organisation "dans les règles de l'art".
I.1.Définition du type d'organisation "dans les
règles de l'art"
"Mais avec les autorités, un truc vraiment
légal et vraiment dans les règles de l'art". Dans cette
phrase, Stéphane ajoute à l'aspect légal de
l'organisation, par la conjonction de coordination "et", l'expression "dans les
règles de l'art", ce qui laisse penser qu'une telle organisation est
plus que celle qui respecte la règlementation formelle.
D'autre part, Henri utilise deux fois l'expression "dans
les règles de l'art" pour décrire l'organisation. Dans la
première, il décrivait l'organisation interne de l'association.
Bien qu'il avouait que les comptes de la structure n'était pas tenu
"hyper carré", le fait d'avoir distribué les
responsabilités légales du bureau lui semblait être fait
"dans les règles de l'art". Donc tenir des comptes "à
l'arrache" peut être perçu par l'organisateur comme
négligeable et se justifier d'une bonne organisation. La seconde fois,
il l'utilisait pour décrire l'organisation d'une soirée qui s'est
déroulé l'été dernier à Prades en
extérieur. À ce moment un respect plus strict de la
règlementation formelle semble être un argument pour nommer une
soirée faite "dans les règles de l'art". Il ne faut pas
négliger le versant communicationnel du représentant de
l'organisation, ce que Stéphane Hampartzoumian appelle le
"prêt-à -parler d'un discours officiel sans
parole"64. Mon intention n'est pas de gommer ce discours, qui
n'est pas un faux discours, mais au contraire de le restituer afin que l'on
comprenne son sens.
Par conséquent, l'expression "dans les
règles de l'art" peut signifier deux choses dans la perception des
organisateurs rencontrés : être dans les règles de
l'organisation interne selon un rapport de conformité à des
normes fixées par les autres (institutionnalisation telle que
définie par Stéphane Hampartzoumian), mais pas
nécessairement dans un respect strict des règles juridiques ; et
bien mettre en oeuvre les règles propres à l'art d'organiser des
soirées. Nous allons tout d'abord aborder le premier sens de
l'expression au travers de l'organisation qui veut montrer plus de
sérieux. Je n'exclue aucunement son deuxième sens, seulement nous
le traiterons dans les différents points de ce chapitre.
64 Hampartzoumian S., op. cit. p.1 9.
I.2.Des "combines" pour organiser des soirées
Entrer dans une démarche plus légale est un
moyen utilisé pour paraître ce que l'on n'est pas
forcément. À l'image de l'association Melting Pot (For the
Evolution of the Movement Techno), qui organisait officiellement des «
expositions d'oeuvres artistiques en 3 dimensions » ou "un after
dans un champs" [...] un endroit privé, entre amis" pour
monter officieusement des soirées techno au moment où celles-ci
étaient interdites, les organisateurs savent user de ruse pour mener
à bien leurs projets. Comme ils en parlent, l'important n'est pas de
respecter la règlementation à la lettre mais de ne pas être
réprimandés par les autorités et au mieux d'être
considérés comme des organisateurs sérieux. On peut
également parler de l'invitation de l'association humanitaire
Médecins du Monde qui n'est qu'une caution de la prévention des
risques liés à l'excès d'absorption d'alcool et de
drogues. Je consacrerai une partie de ce mémoire à cette
prévention. À leur propos, Henri avoue même : "On
essaie aussi de faire venir Médecins du Monde pour prévenir tout
ça, par rapport aux autorités aussi. Ça fait
mieux."
Dans ces derniers changements de statuts du 20 mai 2008,
l'association Mystic Chrysalide a créé le statut de "membres
d'honneurs, personnes physiques ou morales, qui en raison de leur
notoriété ou prestige associent leur nom au projet de
l'association ou qui ont rendu des services signalés à
l'association". La raison d'être de ce statut est du même
ordre : apporter une caution qui donne une bonne image à
l'organisation.
L'association Psyva se défend aussi très bien en
ce domaine. Ces deux représentants m'ont fait part de multiples astuces
sans en dévoiler explicitement les clés : l'observation des
autres structures organisatrices et un culte pour le perfectionnisme. "Tout
ça peut débouler à des plaintes et donc à des
interdictions aussi". Quel meilleur point de comparaison que les autres
structures et en particulier Mystic Chrysalide, une organisation plus
expérimentée. L'incident survenu lors de la soirée du 5
avril 2008, organisée par cette dernière a eu pour effet
l'adhésion de Psyva à l'association Technopol, "un QG des
petites assos ", capable de leur porter secours65.
Dans toutes ces astuces, ces "combines", on retrouve, le
"il ne faut pas se faire pécho", des jeunes
étudiés par François Dubet dans son étude sur la
"galère "66, à la différence que les
organisateurs de soirées techno ne vivent pas dans cette
délinquance mais dans la peur de l'interdiction d'organiser.
L'"intelligence stratégique" développée par les
jeunes se retrouvent chez les organisateurs. Ils apprennent à rechercher
les informations qui servent à mieux s'armer contre les obstacles
à leurs projets. De son côté, Monique Dagnaud impute cette
"élasticité des règles" au "parasitage entre
la
65 Une description de cet incident est présente dans mes
observations participantes p.168
66 Dubet F., op.cit. p. 101
connaissance d'une règle et son application, entre
la notion de danger et les précautions à prendre pour s'en
prémunir, entre la pensée rationnelle et les comportements ad
hoc, entre le légal et l'illégal"67.
I.3.La prise de conscience de la responsabilité
Au-delà de simplement apparaître au regard des
autres, l'institutonnalisation des organisations s'inscrit dans une
volonté des organisateurs de se responsabiliser, d'organiser
réellement "dans les règles de l'art". Ce processus ne s'est pas
fait sans démonstration au niveau national dont la circulaire
interministérielle de 1998 est un réponse. L'association
Technopol a poursuivi le but qu'elle s'était fixée :
"réhabiliter l'image publique de la techno"68. La
même volonté anime des organisateurs que j'ai rencontré
comme Stéphane qui défend son association : "C'est une
organisation qui essaie d'être sérieuse, qui essaie de montrer que
le mouvement électronique peut être tenu correctement et
après les gens qui viennent, s'ils veulent se déchirer en
boîte ou ici, qu'ils se déchirent. On sait qu'on véhicule
cette idée mais...et quand je dis « on », c'est la musique,
c'est le mouvement. Et justement, on voudrait arriver à faire des...on
arrive au niveau musical et...au niveau sonore et visuel, mais ce qu'on
aimerait c'est arriver à faire des teufs propres". Pour eux,
l'image médiatique et celle partagée par la majorité des
individus n'est que le fait d'une minorité qui entâche un
mouvement culturel dans son ensemble.
L'organisateur est un acteur du mouvement techno auquel il
veut appartenir, il est également l'acteur essentiel de la fête
techno, celui qui réunit les éléments de la fête
formelle, les conditions de l'émotion collective. Il est le responsable
de la fête. "Et de passer de fêtard à l'organisation, tu
vois déjà les choses complètement différemment.
Moi, je sais qu'à l'époque ça m'avait vachement
marqué, d'être responsable de la soirée. T'as un
côté de responsabilité que t'avais pas avant, tu vois plus
la musique pareil et j'ai trop kiffé donc je me suis dit que j'allais
faire ça le plus longtemps possible." Tel que le raconte Julien, on
sent qu'il prenait plaisir ("j 'ai trop kiffé") à
ressentir le pouvoir inhérent au statut de l'organisateur de la
fête sur les participants. Seulement tout pouvoir est assorti de
responsabilité que l'organisateur doit supporter. En effet, une
règlementation spéciale encadre les conditions dans lesquelles
une fête techno est faisable, mais le droit général reste
applicable et le droit pénal en tête.
Prenons le cas de l'association Mystic Chrysalide. Une
participante s'est soudainement évanouie au cours de la soirée
qu'ils ont organisé le samedi 5 avril69. Cet
événement a eu pour effet une réelle
67 Dagnaud M., op. cit. pp. 25-26.
68 Hampartzoumian S., op. cit. p. 209
69 Une description de cet incident est présente dans mes
observations participantes p.168
prise de conscience au sein des organisateurs des risques pour
les participants et pour les organisateurs responsables. Stéphane s'est
d'ailleurs livré à ce sujet : " je pense pas que l'assoc soit
prioritaire sur la vie d'un mec". Celui dont la vie a couru un risque
étant le président de l'association, responsable
pénalement selon eux. Mais il n'est pas le seul à courir un
risque et en première ligne, les participants. Cependant dans les
valeurs de la fête techno, on laisse les individus responsables
d'eux-mêmes : "on n'est pas là pour les réprimer. Mais
voilà, on leur demande de faire ça discrètement parce que
après, c'est nous qu'on prend", explique Henri ; "les gens, ils
font ce qu'ils veulent", répond Renaud. Alors, ils essaient de
prémunir d'abord l'entité organisatrice, c'est-à-dire de
structurer l'organisation et lui créer une image officielle. Ensuite,
c'est leur propre sécurité qu'ils essaient d'assurer.
II. Formaliser l'organisation pour organiser
réellement "dans les règles de l'art"
L'institutionnalisation du mouvement techno signifie que les
organisations de soirées techno sont formalisées. Toutes les
organisations que j'ai observées au cours de l'enquête sont, ou
ont été des associations "loi 1901" (sauf Komod'O Dragon est une
maison de disques qui organisent des soirées en partenariat). Il semble
que pour les besoins des organisations, cette forme juridique était la
plus adéquate. Comme l'enquête parlementaire le signale, les
pratiques musicales et sportives sont proches en terme de besoins, donc il
n'est pas nécessaire de justifier leur choix pour l'association, hormis
de rappeler que leur pratique est amateure. Je n'ai pas cherché à
connaître chacune d'elles en détail. En revanche, les
données reccueillies proviennent de mon expérience au sein de
Mystic Chrysalide et des entretiens réalisés auprès des
organisateurs. Nous allons donc étudier cette formalisation des
organisations. Puis nous verrons que dans l'institutionnalisation les rapports
externes de l'organisation sont des rapports formalisés et
principalement dans ses rapports avec les autorités publiques.
II.1. La formalisation du fonctionnement interne
Constituer ensemble des activités sous forme juridique
est certes un moyen de protéger, par la personnalité morale
créée, les individus personnes physiques, mais cela implique
aussi des changements dans les rapports que les individus entretenaient entre
eux. Plus que des amis, les membres d'une organisation formalisée dans
une association "loi 1901" deviennent des membres de l'association. Ce qui
auparavant unissait l'activité de chacun pouvait dépendre des
liens tissés entre eux, l'amitié et/ou un projet commun par
exemple. Avec la création d'une entité, vis-à-vis de
laquelle chacun s'est engagé, de nouveaux rapports se
créent entre les individus.
Certains membres de l'organisation voudront respecter les
procédures à la lettre. Selon eux, fonctionner dans la
légalité implique de respecter toutes les formalités,
quitte à envoyer une convocation pour se réunir quand un coup de
téléphone aurait suffit70. "C'est un peu
compliqué les associations quand même. Si tu veux vraiment
respecter la règlementation à la lettre, c'est chaud",
avouait Manu, président de l'association Mystic Chrysalide, lors
d'une discussion sur le fonctionnement interne des associations avec Didier, un
membre de l'association Hadra. D'autres, en revanche, ne comprennent pas
pourquoi il faudrait formaliser les échanges entre les individus.
Organiser la fête techno ne dépend pas directement du
fonctionnement interne de l'association, en dépis des possibles
malentendus. Cette dernière sert alors de "prête-nom".
Les statuts définissent des organes qui gèrent
l'organisation. Différents degrés d'implications sont
formalisés au sein de l'association. Des rôles, dotés de
pouvoir spécifiques comme les membres du bureau, sont dévolus aux
personnes physiques. Les décisions sont prises démocratiquement
par les membres de l'organisation, ce qui n'éloigne pas des pratiques
antérieures. Mais est-ce que cette formalisation ne tend pas à
dénaturer la coopération entre les membres ?
La spécificité de l'association, en tant que
forme juridique, est son caractère de non-lucrativité. C'est
pourquoi cette forme est privilégiée dans le cadre des
activités de temps libre comme les associations sportives. Ce choix
correspond aussi à une certaine indépendance de l'économie
marchande. Mais, "pour faire des soirées, il faut de la tune",
rappelle Stéphane. Alors, les membres prêtent "de leur poche"
l'argent pour investir dans les premières soirées. Celles-ci sont
en parti rentabilisées avec les recettes du bar. Le prix des
entrées les complètent. Certains attâchent de l'importance
à faire payer une "entrée abordable" pour la soirée (de 5
à 10 euros). Le prix dépend du budget investi dans la
soirée. Lorsque les membres sont remboursés, organiser des
soirées peut génèrer un excédent sur le compte de
l'association, qui constituent souvent le fond de roulement indispensable pour
lancer de nouveaux projets, une réserve pour anticiper une soirée
déficitaire et un budget pour investir dans du nouveau matériel
de sonorisation et/ou de décoration. Lorsque l'association accumule
suffisamment "de tunes", des projets plus importants peuvent être
réalisés par le groupe comme l'organisation d'un festival ou d'un
teknival.
Avant d'étudier les organisations techno, j'avais
déjà travaillé illégalement dans des soirées
où je gagnais un peu d'argent. Dans les associations organisatrices, les
membres sont tous bénévoles. Leurs activités en leur sein
sont accomplies pour l'association.
Le projet de chacun des organisateurs est également
formalisé dans l'association, il devient son "objet social". L'objet
est plus ou moins large : il va de la promotion des styles de musique
70 Voir en annexe, la convocation à l'assemblée
générale et de côtisation annuelle de Mystic Chrysalide pp.
196-197.
électroniques et techno au développement de la
culture électronique dans son ensemble. L'association Mystic Chrysalide
a d'ailleurs étendu son objet social le 20 mai dernier afin d'englober
la décoration, art qu'il considère "autonome" accompagnant la
musique, à la culture électronique. "Avant c'était
David qui s'occupait de la déco et quand il est parti, je l'ai pris en
charge alors que j'étais pas décorateur du tout et que ça
m'intéressait même pas. Mais bon, pour le bien de l'assoce, j'ai
évolué et maintenant j'arrête le djing pour me consacrer qu
'à la déco." Stéphane est en effet devenu le nouveau
"chef décorateur" de Mystic Chrysalide. Les motivations de son choix
relève du projet commun et non plus de son projet personnel. L'objectif
des organisateurs est de défendre cette culture électronique et
de participer à son développement. J'ajouterais les fêtes
techno comme élément important de cette culture. Cette position
défensive et les justifications de cette position sont
vraissemblablement les réactions répondant au "dénigrement
médiatique" et les préjugés qui en
découlent71.
Vouloir organiser des soirées "dans les règles
de l'art" et respecter la légalité est la solution que ces
organisateurs ont choisi pour valoriser leur mouvement. Cette attitude
démontre une prise de conscience des dangers de la fête techno. La
règlementation a pour effet de responsabiliser les organisateurs. Elle
est la cause aussi d'un accroissement des charges. Monter une soirée
n'est plus simplement un loisir dénué de contraintes.
II.2. Dialoguer avec les autorités
Organiser des soirées techno amène certains
organisateurs à se responsabiliser notamment dans les différents
contacts avec les autorités publiques. De manière informelle, ils
développent déjà des capacités à expliquer
et rassurer ces autorités. La police et la gendarmerie nationale sont
les autorités d'intervention sur les lieux de la fête. Lorsque
celle-ci n'a pas fait l'objet d'une déclaration préalable, ils
sont avertis par des plaintes de voisins importunés par le bruit et le
rassemblement des particpants. J'ai pu observer que les organisateurs adoptent
systématiquement le discours officiel tendant à fournir les
cautions suffisantes pour continuer la fête : terrain privé,
anniversaire... Dans l'institutionnalisation du mouvement, la volonté
affichée du législateur était de responsabiliser les
organisateurs et de poser "le principe d'un dialogue"72 entre eux et
les pouvoirs publics. Nous allons justement examiner ce dialogue.
71 Hampartzoumian S., op. cit. p. 203.
Voir également le communiqué de presse de rendu de
Rapport parlementaire en annexe : "Il (le rapport) décrit les
mécanismes de solidarités, les compétences techniques et
logistiques ainsi que les organisations humaines à l'oeuvre dans ces
fêtes trop souvent et trop injustement
stigmatisés par des visions et des propos caricaturaux".
72 Voir en annexe la Circulaire du 24 juillet 2002 sur les
dispositions de la loi sur la sécurité quotidienne relative aux
"rave-parties" et sur les dispositions règlementaires d'application
p.222.
Le régime général prévu par le
dispositif "rave parties" a vocation à éclairer les
préfets de département chargés de la mise en place de ce
dialogue. De leur côté les organisateurs doivent démontrer
le bon déroulement du rassemblement. Les organisateurs rencontrés
ont tous conscience qu'il faut dialoguer avec les autorités pour mener
à bien leurs projets. S'ils veulent obtenir l'autorisation d'organiser,
ils doivent se soumettre à certaines obligations et élaborer "un
dossier de déclaration solide" à déposer en
préfecture un mois avant le rassemblement. Doivent être jointes
à la déclaration, les informations garantissant le bon
déroulement de la fête : l'autorisation d'occuper le lieu, les
modalités de communication au maire de la commune concernée et
une démonstration des moyens mis en oeuvre pour assurer la
sécurité et la santé des personnes, la salubrité,
l'hygiène et la tranquilité publique. Pour cette dernière
modalité, "les organisateurs doivent prendre contact" avec les services
publics et privés susceptibles de s'en charger : police, gendarmerie
nationale, protection civile, SAMU, associations de secouristes... Si les
conditions ne sont pas remplies, le préfet peut surseoir à la
délivrance du récépissé de déclaration et
organiser une concertation avec les organisateurs. Cette procédure a
fait l'objet d'une confirmation du Conseil d'Etat, dans son arrêt du 30
mai 2004. L'association Technopol estimait que le préfet excédait
son pouvoir à ne pas délivrer ce récépissé
et que le décret prévoyant ce pouvoir était
illégal. Le juge administratif a rappelé que le préfet
avait le pouvoir de vérifier le caractère suffisant des moyens
prévus par la loi pour garantir le bon déroulement du
rassemblement et qu'à défaut, une concertation peut être
organisée avec les organisateurs73.
Pour être soumis au régime
différencié plus favorable, les organisateurs peuvent signer un
"engagement de bonnes pratiques" et le remettre quinze jours maximums avant le
rassemblement à la préfecture de département, qui leur
remmettra un récépissé. Ce régime est plus
favorable aux organisateurs car il présente, en plus des informations
exigées par le régime général, l'ensemble des
moyens mis en oeuvre pour la réduction des risques. Lors de sa
soirée du samedi 11 juin 2005 à Bélesta, l'association
Mystic Chrysalide a notamment inséré dans son engagement des
plans de situations de la fête, l'attestation d'assurance et les
engagements des partenaires chargés de la réduction des risques
(Agents de sécurité, Médecins du Monde, Agoratek,
Collectif de lutte contre le sida).
Toutes ces démarches sont lourdes de temps et complexes
m'ont avoué les organisateurs. Pour mieux me rendre compte, j'ai fait
l'expérience d'aller à la préfecture pour obtenir un
formulaire de déclaration. Les employés m'ont envoyé le
chercher à la Protection civile, laquelle m'a envoyé à la
Direction Départementale Jeunesse et Sports pour finalement revenir
à la préfecture. Une matinée de marche dans Perpignan et
d'explications de la procédure aux employés des divers services
sans
73 Conseil d'Etat, 30 mai 2004, 5è et 4è
sous-sections réunies, 248460.
avoir obtenu le document.
"Manu et Céline avait été
démarché et on avait un médiateur, un médiateur qui
s'occupait de nous, mais après, avec la loi Sarkozy, ils ont
arrêté les médiateurs. Et c'est vrai que c'était
bien parce qu'on passait par lui et on montait des dossier béton",
raconte Stéphane en évoquant l'aide du correspondant de la
préfecture. Son rôle défini par la circulaire était
de faciliter les démarches des organisateurs en se gardant de les faire
à leur place, le but étant de les responsabiliser. Ces
tâches sont une corvée pour beaucoup d'organisateurs si bien que
certains se spécialisent pour l'ensemble du groupe.
III. Les "communautés de loisir"74
Julien parle d'une "communauté hardcore" pour
décrire les amateurs de hardcore en Espagne." À Ibiza, tu as
de la Trance Psychédélic, à mort aussi, qui est une
communauté plus petite que celle de la House mais tu as des très
grandes soirées", a également indiqué Renaud. "Le
monde est petit quand même, c'est une petite famille, sur toute la
France", a même renchérit Amélie. Je ne cache pas que
les concepts de "néo-communauté", de "néo-tribu" me
dérange tout autant que la "postmodernité" ou l'
"hypermodernité". Pourquoi abosolument essayer de comprendre la
fête techno au regard du sacré ? Pour décrire le groupe
social regroupé dans l'organisation de soirées techno, je
privilégie ici l'aspect du loisir au détriment de la
ritualité. Ma recherche sémantique s'est donc portée vers
les études sur les phénomènes sportifs. Or, le terme de
"communauté" y est également employé dans l'expression
"communauté de loisir" soulignant la sociabilité, en tant qu'
"élément fondamental de loisir". Norbert Elias et Eric
Dunning qualifient les groupes de loisir dans leur dimension sociabilisante de
communautés de loisir avec prudence. Ils rejettent en effet
l'assimilation de la communauté de loisir avec la "communauté de
village" : "les exemples que nous avons à l'esprit permettent de se
débarrasser des connotations romantiques traditionnellement
associées à ce terme. Les gens qui, dans leur loisir, aiment se
joindre à des "Gemeinschaft de pub" ou se rendre à des
réceptions susceptibles d'encourager l'intégration à un
niveau plus élévé d'attractivité
déclarée et plus ou moins amicale n'ont pas nécessairement
le même état d'esprit que les âmes romantiques qui
rêvent d'un retour des Gemeinshaften des villages d'antan". Cette
définition correspond au point de vue de l'organisateur de la fête
et non du participant car ces appropriations des termes "famille",
"communauté", "tribu" fait partie du jeu et de l'esthétique de
la
74 Elias N. et Dunning E., Sport et
Civilisation : La violence maîtrisée, 1998, Fayard p. 165.
"Gemeinschaft de loisir". Ce chapitre intitulé Les Loisirs dans le
Spectre du Temp Libre est la version revue de l'article dont un extrait
est paru en 1972 dans Sociology of Sport : Foundations and Research
Methods, sous la direction de Rolf Abonico et Katarina Pfister-Binz,
Bâle.
techno qui sont encore plus fort dans la "sous-culture
trance"75. Les activités de loisirs sont des temps où
les individus se libèrent de la routine et des contraintes liées
au travail, des échanges impersonnels et de la retenue des
émotions inhérentes aux relations professionnelles ce que nomment
les deux auteurs le "carcan". Ils s'étaient d'ailleurs
intéressés à la place de l'alcool dans la levée des
inhibitions cérébrales facilitant "la stimulation
réciproque amicale à un niveau relativement élevé
d'affectivité, qui est l'essence de la sociabilité du
loisir"76(Elias N., Dunning E., 1986). La fête est un
temps où se joue des relations collectives et la
libération des émotions individuelles. À propos du metal,
l'utilisation des icônes extrémistes taboo, les auteurs parlent de
"jeu subversif et de théâtralité"77
(Mombelet A. et Walzer N., 2005). Le jeu de la
transgression des normes induites par la fête techno dépasse le
simple cadre des loisirs lorsqu'il devient lui-même la norme.
Après, confondre le jeu et la réalité relève du
champs de la psychanalyse où je ne m'aventurais pas ici. Du point de vue
de l'organisateur, la "communauté" signifie plus un groupe d'amateurs de
tels ou tels styles et non pas d'une "tribu" ou "néo-tribu" au sens
anthropologique. Alors, ces revendications d'appellations par les organisations
n'ont pour les besoins de cette étude que le sens de production de
mythes rassembleurs et comme le conclu Lionel Pourtau dans un article
dédié à la définition du néo-tribalisme :
"les technoïdes se rattachent à un tribalisme qui n'a jamais
existé. Les administrations coloniales ont défini un tribalisme
qui n'a jamais existé. Au niveau des effets, cela n'a pas grande
importance"78 (Pourtau L., 2000).
"Mais c'est quoi « être organisateur » ?
moi, comment je le vois, c'est participer à un projet et se faire
plaisir. Et si tu peux faire plaisir au gens en te faisant plaisir, c'est
super" (Stéphane). De ce point de vue, le sens de
l'organisation de soirées techno ne fait aucun doute. Le motif ici
exprimé est de l'ordre du loisir.
IV.Un mouvement culturel malléable pour ses
amateurs
La diversification des sous-genres est le propre de l'offre
des musiques électroniques. Nous allons voir que contrairement à
son projet initial de subversion de l'industrie culturelle, la techno a
également les traits d'un produit de consommation. Et cette consommation
de masse permise par ses dérivés est à la source d'un
courant musical participatif.
75 Birgy P., op.cit., p.58.
76 Elias N. et Dunning E., op. cit.,
pp.165-166
77Mombelet A. et Walzer N.,
op.cit.
78 Pourtau L., Vers la Définition
d'un Néotribalisme, décembre 2000, disponible sur le site du
GREMES.
IV.1. Consommer la techno
Le courant musical techno n'est pas homogène. On peut
rechercher l'homogéméité par son caractère de
musique de danse ou musique électronique, mais cela ne parvient pas
à expliquer l'hétérogénité de ses emplois
par les individus. Je préfère donc le considérer comme une
"enveloppe musicale et culturelle maléable". Philippe Birgy dans son
ouvrage Mouvement Techno et Transit Culturel a rendu compte de la
variété des courants à l'intérieur de la techno et
de son hétérogénéité79. Ses sous-
genres sont en effet le résultat, d'un recyclage des
éléments présents dans les autres courants musicaux comme
le classique, le jazz, le reggae, le funk, le hip hop ou le rock.
J'ai eu des discutions avec des organisateurs sur ce sujet
pour comprendre cette caractéristique de la techno. Mais même des
organisateurs et djs n'ont pu m'apporter une classification ordonnée des
musiques techno. Puis, s'appuyant sur l'analyse de René Girard, Philippe
Birgy met en évidence les discours corporatistes et la personnalisation
de la musique par ses créateurs : "il ["le discours de
Girard"] fait apparaître que ce désir de distinction est
inspiré par l'image médiatisée d'autres individus qui se
sont distingués pour les mêmes raisons, que tout le foisonnements
des genres, ses constantes ramifications, la complexité des champs de la
mode tiennent à un seul objectif jamais formulé et voué
à l'échec : celui de se mettre à part"80
(Birgy P., 2001). Les créateurs de la musique opèrent donc un
va-et-vient entre le "mimétisme", c'est-à-dire l'observation de
ce que font les autres, et la "différenciation", c'est-à-dire un
démarcage qui n'a d'autre ambition que de se rendre unique.
Du côté de l'audition, les amateurs peuvent
rechercher dans cette variété ce qui leur convient. Leurs
goûts peuvent même évoluer en fonction du même double
processus qui a conduit les créateurs à se distinguer. On
retrouve ainsi des fêtes techno variées dans des détails
alors que le fond respecte les normes du sous-genre choisi. Les organisateurs
peuvent affirmer leur identité dans leurs actes. "Ouai, et du jour
au lendemain, ils nous sortent un nouveau style: la "shrance ". Alors pourquoi,
nous, on crérait pas l' "Electrochill". Et pourquoi on crérait
pas, j'en sais rien, le "rugby-foot", un nouveau sport : le "rugby-foot". Le
rugby avec un ballon rond, c'est un peu plus dur"(Anthony). De ce point de
vue, la techno peut être considérée comme un genre musical
favorisant des expressions culturelles plurielles.
79 Birgy P., op. cit. p.33 Le Tableau des
"quatre "guides" des musiques électroniques de danse".
80 Birgy P., op. cit. p.127
IV.2. L'organisateur est-il un auditeur-pratiquant ?
"L'amateur est l'enfant du mariage récent de la
musique et du marché". Au cours des entretiens, les organisateurs
ont exprimé leurs goûts pour la musique. Je n'ai pas
cherché à cadrer leur discours vers les aspects purement
organisationnels et je les ai même parfois encouragé à
m'expliquer leurs goûts. Néanmoins leur prêter une oreille
attentive sur ce thème du goût pour la musique a instauré
un climat de confiance et m'a fourni des informations utiles sur leur objet
d'amour et le rôle de l'organisation de soirées techno dans leur
relation avec la musique. " [...] qu'il la joue, la
déchiffre, l'écoute ou s'en fasse un tapis sonore, l'amateur
re-compose la musique ( y compris les fameuses "oeuvres elles-mêmes",
découpées, changées de contexte de performance, de niveau
sonore, d'enchaînements, d'usages...) "81(Hennion A.,
Maisonneuve S., Gomard E, 2000). On peut relier ceci avec la pratique de
l'amateur de musique techno, aussi bien celle des producteurs de musiques et
que celle des organisateurs. Porté par le mouvement punk rock dans les
années 1970, l'esprit "Do It Yourself" (DIY) s'est
diffusé dans les pratiques des différents genres musicaux
jusqu'à nos jours. Traduit en français par "faites-le
vous-même", cette expression est une revendication pour la participation
des individus ordinaires à la production artitisque, à la
disparition du rapport scène/public jusqu'à l'autoproduction de
disques. Les pratiques observées au cours de l'enquête sont
portées par cette logique, la participation librement conscentie des
organisateurs s'explique par le sentiment de pouvoir et de vouloir faire par
soi-même.
"À l'échelle des quatre dernières
décennies, on s'aperçoit donc de l'attraction constante qu'exerce
le studio, comme principe de traitement du son, sur la sphère amateur
et, plus généralement, sur la performance scénique. De
«l'attirail« domestique à la sonorisation du live en passant
par l'équipement des instrumentistes électriques, de la console
du DJ techno, à la platine-disque du scratcheur, à chaque fois on
retrouve les principes organisationnels du studio transposés dans des
équipements et des pratiques"82. Musicalement, le hip
hop et les musiques électroniques sont les résultats de pratiques
musicales construites avec l'esprit DIY couplé avec les avancées
technologiques. Le matériel de diffusion de la musique loué par
les organisateurs est souvent complété la mise en commun du
matériel personnel appartenant à ces organisateurs et même
parfois empreinté à des amis. Avec les moyens du bord, ces
amateurs se fixent comme objectif de proposer des soirées de
qualité avec leur propre programmation musicale. On a vu aussi que
l'organisation de soirées est un plaisir pour ces amateurs.
François Ribac commente ce phénomène ainsi : "en
effet, si l'on observe les espaces et les activités dans lesquels
s'insèrent les dispositifs publics, on
81 Hennion A., Maisonneuve S., Gomard E., op.
cit. ppÀ4-55
82 Ribac F., L'amateur et la phonographie,
rock, hip hop, techno. Une contribution au débat sur la filière
musicale, 2005, disponible sur
http://www.foruma.fr/IMG/l_amateur_et_la_phonographie.pdf
s'apercevra immédiatement d'un hiatus. Là
où on créé des salles de concerts payantes les amateurs
techno organisent des raves gratuites dans des friches ou à la campagne.
Moins que d'y écouter des artistes sur une scène, on y danse et
l'on y reste parfois plusieurs jours d'affilée" (Ribac F.,
2005)83. J'ai tenté d'avoir une explication lors des
entretiens et donc après que je lui ai demandé ce qu'il pensait
d'une soirée techno à la Casa Musicale, Anthony m'a
répondu que "les amateurs de musique sont pas obligés d'aimer
certains styles de soirées ou certains styles de vie. Nous, notre style
de vie c'est écouter de la musique et danser jusqu'à
épuisement". Dans sa réponse, le goût pour la musique
est attaché au choix du style de vie : les réflexions de Dick
Hebdige
L'organisateur est un amateur-pratiquant. Il apporte son
quelque chose au projet commun. Anne Petiau met en avant le rôle
des musiques populaires en général, et de la techno en
particulier, dans la socialisation des jeunes. Partant de son idéal-type
wébérien "musique-fonction", elle place au premier plan le
caractère collectif des rassemblements festifs techno participant
à la socialisation prolongée des jeunes : "ils vont trouver
dans le milieu des musiques électroniques des valeurs auxquelles
s'identifier, des rôles à expérimenter, et à travers
ces expérimentations vont construire leur propre
identité"84. Lorsqu'ils deviennent adultes et font le
choix d'organiser, ils continuent de se construire dans cette musique et de la
construire. "Nous au début, on a fait un peu la même chose
parce qu'on a rencontré des gens qui faisaient ça, mais c'est
pas...j'aime pas cette musique. J'aime beaucoup l'électro, mais
ça la minimal, ça me...ça me ressort par les
oreilles". Voilà comment Renaud relate le changement de musique que
l'organisation Psyva va proposer pour coller davantage avec ce qu'il aime. Les
organisateurs se construisent donc en continue dans leur passion.
IV.3. La participation musicale : l'exemple de
l'amateur-dj
Les organisations sont souvent des collectifs de djs et
livers qui aiment jouer eux-mêmes la musique. La simplification,
la miniaturisation et l'abaissement des prix du matériel technologique
de l'enregistrement a été le moteur de cette
démocratisation de la pratique de deejaying et de live. Pour
quelques centaines d'euros, chaque individu peut aujourd'hui mixer et composer
de la musique en home studio. D'ailleurs, l'appellation house
music en découle.
Grâce aux organisations, les djs résidents ont la
possibilité de pouvoir se produire dans des spectacles qu'ils organisent
eux-mêmes. Ces fêtes sont par conséquent le moyen pour ces
amateurs de ressentir les émotions de la scène comme des artistes
professionnels sans en avoir le statut. Ils sont généralement
bénévoles lorsqu'ils mixent et parfois l'organisation les
rémunère illégalement.
83 Ribac F., op.cit.
84 Petiau A., Jeunesse et Musiques
Populaires : le cas des musiques techno, janvier 2003 disponible sur le
site du GREMES.
Dans ce milieu, les musiciens professionnels ont souvent
joué dans ce type de soirées avant de formaliser leur statut :
"en fait, Phonic Request, c'est...la première fois qu'il a
joué dans une teuf, c'était chez nous. Et d'ailleurs
après, il a sorti plusieurs albums. Enfin c'était au début
quand il se lançait et nous, on lui a fait confiance parce qu'il a du
bon son. Et sur un de ses albums, il nous a remercié à la fin, il
a remercié Mystic Chrysalide", me rapportait fièrement
Stéphane à propos d'un liver venu jouer au Rachdingue
pour l'anniversaire de l'association le 14 juin dernier.
L'organisation doit aussi faire jouer d'autres artistes pour
éviter de répéter les mêmes soirées. Alors
elle invite des djs et liver extérieurs. Nous verrons que le
partenariat est un moyen d'innover en la matière. De plus, les djs
amateurs ne sont pas tous attachés à une organisation et quand
bien même, ils peuvent être invités pour mixer pour une
autre pour une soirée. On retrouve ici le réseau pour expliquer
ces invitations. Enfin, les soirées sont l'occasion de faire venir jouer
des "têtes d'affiches". Ceux-là sont des professionnels dont la
notoriété apporte du crédit à l'organisation aux
yeux des amateurs participants et organisateurs. Et justement, les
organisateurs rencontrent les artistes qu'ils affectionnent : ils peuvent
échanger avec eux et les faire jouer est un moyen pour les organisateurs
de contribuer à leur profession.
Pour renforcer les contacts entre les musiciens amateurs et
professionnels créés par les soirées techno, le Rapport
parlementaire Dumont, tel qu'il est avancé par l'association Technoplus,
recommanderait qu'un "spectacle puisse être présenté au
public dans un cadre lucratif avec la participation d'amateurs sans que leur
prestation fasse l'objet d'un contrat de travail"85.
IV.4. Construire sa page sur
myspace.com et son réseau social
Les possibilités offertes par le site internet sont
éloquentes pour exprimer sa personnalité et se construire un
réseau social, en amateur. Je ne vais décrire que l'utilisation
la plus courante en raison du trop grand nombre de paramètres. On peut
tout d'abord créer son ambiance, c'est-à-dire sa fête. Au
moyen d'autres sites spécialisés ou de l'éditeur de
profil, un surfer peut créer son propre décor. Il
dispose d'un fond d'écran et de tables sur lesquelles il peut ajouter
des textes, des images ou des vidéos. Il peut ensuite y ajouter de la
musique. Les détenteurs d'un "myspace music" peuvent
télécharger, héberger et insérer leurs propres
morceaux musicaux. Ceux qui ne sont détenteurs que d'un "myspace
live" peuvent emprunter (le nom de l'auteur présumé est
ajouté sur le lecteur) dans les myspace music les morceaux
qu'ils aiment. Le site est construit comme un web (réseau)
où l'on peut naviguer à volonté d'une page à
l'autre, comme si l'on allait chez des individus ou groupes d'individus. Les
personnes liées virtuellement peuvent s'envoyer des messages
confidentiels. Le
85 Voir en annexe le Rapport Parlementaire p.208
surfer peut effectuer des "demandes d'amis" sur ces
pages et ajouter de nouveaux contacts à son propre réseau.
Dès lors, des "commentaires" sous forme de textes, d'images, de
vidéos ou de musique peuvent être envoyés par le
surfer sur les pages de ses contacts ("amis"). Ces commentaires
s'ajoutent les uns aux autres et restent publics. C'est pourquoi
myspace.com est un outil performant de
communication. Avec ces réseaux, il semble en effet plus proche d'une
communication réelle que d'une communication de masse. Exclusivement
pour communiquer, le surfer peut poster des "bulletins" qui seront
envoyés à tous les contacts de son réseau.
C'est par ce réseau internet que je suis entré
et resté en contact avec certains organisateurs. Tous les organisateurs
sont détenteurs d'une page personnelle et chaque organisation s'y
présente également. Les soirées techno y sont
annoncées par les divers moyens que j'évoquais plus hauts. Des
commentaires de la part des organisateurs et des participants sur ces
fêtes sont très répandus pour exprimer leurs ressentis.
J'ai constaté au cours de l'enquête que ce site pour amateurs est
très populaire. Il est un outil de participation culturelle du fait de
sa simplicité d'utilisation, de sa gratuité et de son
accès, ouvert à tous. Pour le mouvement techno, il est avec le
téléphone portable un outil de structuration du secteur
grâce auquel l'observateur reccueille de nombreuses
informations86.
IV.5. L'organisation, une école
"Ecole" du grec skholé est l'activité
de loisir, opposée à celle du travail, l'activité
méprisée au point d'en perdre son statut de citoyen. Cette notion
est l'équivalent de l'otium en latin. Ce temps libre n'est pas
dépensé dans l'oisiveté mais dans la formation de l'esprit
et du corps. L' "école" est un objet de la sociologie qui remplit le
rôle de socialisation des individus, de leur fournir une éducation
morale et de les former pour que ceux-ci s'intègrent dans la
société. Dans la République, le rôle de
l'école est assumée au premier ordre par l'institution scolaire.
Le dictionnaire de la sociologie ne fait d'ailleurs pas la différence
entre l' "éducation" et l' "institution scolaire".
L'ensemble des organisateurs enquêtés ont
expliqué qu'ils avaient appris au cours de l'organisation de
soirées techno dans des domaines variés que l'on peut classer
suivant les deux sens de l'organisation. "Au début, tout le monde a
fait comme ça, les djs débutaient, les organisateurs
débutaient, tout le monde débutait. Et tout on a construit le
truc petit à petit. L'idée, c'était que tous, on donne
à Hadra ce qu'on veut donner. Chacun donne ce qu'il veut et chacun
apprend en même temps et chacun peut vendre son savoir à
d'autres". Un individu peut donc se former dans le cadre de l'organisation
de soirées. De plus, comme Tristan l'explique, en apprenant les
organisateurs
86 Ribac F., op. cit.
bénévoles peuvent devenir des organisateurs
professionnels ou du moins, tirer un revenu de l'activité de loisir.
Au-delà, les savoirs qu'il a acquis ne sont pas uniquement utilisable
dans le cadre de l'organisation de soirées techno. En effet, Tristan a
acquis des compétences en infographisme grâce à son
activité au sein d'Hadra. Or, ce domaine de compétences offre des
débouchés sur le marché du travail. D'autres
activités au sein de l'organisation sont transposables dans d'autres
projets, l'administration notamment.
Après, Hadra a développé son projet et
s'est diversifiée. Deux salariés travaillent dans cette
association. "On a trois pôles : l'organisation de soirées, le
label et la formation". Dans le pôle de formation, l'association
propose deux ateliers. Le premier forme au djing et le second, qui allait
ouvrir au moment de l'entretien, enseigne la décoration de
soirées dont la peinture87. Enfin, ce développement de
l'organisation de loisir vers la formation justifie les demandes de subvention
de l'association et donc l'action publique dans le milieu techno. Elle devient
ainsi un tiers-secteur et sort de l' "underground" (Guibert G., 2005). Cet
exemple n'est pas unique, d'autres organisations de fêtes techno sont
entrées dans ce tiers-secteur subventionné et d'autres encore y
aspirent. Ce développement suit le cours du processus
d'institutionnalisation.
On peut conclure ici en constatant que le loisir et
l'investissement d'organisateurs de soirées se sont étendus
jusqu'à la création d'activités de loisir ou de formation
professionnelle dans un cadre de non-lucrativité, une participation
à l'économie sociale.
V. La gestion de la fête
Tous les aspects de la fête font l'objet d'une gestion
de la part des organisateurs de soirées techno. Seulement les
répertorier exhaustivement ne ferait qu'alourdir ce travail (qui compte
déjà de nombreuses pages consacrées à la gestion de
l'organisation) sans toutefois satisfaire le besoin de compréhension.
Nous nous centrerons donc sur comment les organisateurs gèrent deux
types de préoccupations différentes, l'une ayant directement
trait à la fête, la seconde relevant du spectre élargi du
temps de loisir.
V.1.La gestion des risques
"Dans les règles de l'art", organiser la soirée
techno ne se résume plus à vouloir faire la fête
en communauté et simplement réunir les éléments
constitutifs de la fête. Les organisations reçoivent du public
composé de participants dont les intentions sont variables allant de la
volonté d'apprécier
87 Voir en annexe le descriptif des formation Trancemission p.
207.
une manifestation de la culture techno à passer une
"soirée déchaînée", pour reprendre Monique Dagnaud,
en passant par sortir simplement entre amis. "Les jeunes de l'enquête
suivent l'évolution des pratiques culturelles des Français, mais
en surmultiplication : ils constituent la frange avancée, ceux qui
sortent le plus, ceux qui consomment le plus de boissons alcoolisées et
de drogues diverses", souligne-t-elle 88 (Dagnaud M.,
2008). Les organisateurs doivent donc faire face à des situations de
dangerosité.
Pour assurer la gestion de l'hygiène et de la
sécurité, les organisateurs font appel à des
équipes spécialisées dans ces domaines particuliers. Ils
recourent à des agents de sécurité professionnels et
à des associations humanitaires. Même si pour la
sécurité ce n'est pas spécifié explicitement,
l'intervention de ces spécialistes est une "mission rave". La fête
techno requiert des compétences adaptées au public : faire croire
que les participants sont libres et responsables tout en limitant les
éventuels abus.
Une association de sécurité s'est
créée dans ce champs à Perpignan : Association
Sécurité Pour Tous (ASPT). Elle assure la sécurité
pour les différentes organisations qui montent des soirées. Ce
sont des agents de sécurité professionnels qui interviennent dans
les soirées techno sous le titre de bénévoles. Mais ils
sont rémunérés pour garantir l'accomplissement de leur
mission. Qui passerait sa soirée à faire la police gratuitement !
Ils sont sélectionnés en fonction de leur capacité
à s'adapter au contexte. Un comportement inadapté de leur part
pourrait avoir des effets contraires car ils seraient perçus comme une
atteinte à la liberté et un abus de l'autorité.
Au cours de mon enquête, les intervenants de
prévention santé étaient des bénévoles
envoyés par l'association humanitaire Médecins du Monde dans le
cadre explicité de la "Mission Rave". Les risques liés à
la toxicomanie, très présents dans les fêtes techno, sont
leur priorité. Leur rôle est de veiller à la santé
des participants et au besoin de recourir à des secouristes plus
expérimentés, comme les pompiers. Seulement, les organisateurs
cherchent à ne pas ébruiter les incidents se produisant dans
leurs fêtes car ils ne veulent pas que ce soit la fête et
l'organisation qui soient incriminées. De plus, aucune antenne de
Médecins du Monde n'est implantée à Perpignan. Les
organisations font alors appel aux groupes de Toulouse et/ou de Montpellier.
Cette distance est un obstacle à la prévention de la toxicomanie
sur le territoire des Pyrénées Orientales. Premièrement
elle complexifie le dialogue sur les risques de la fête avec les
organisations en dehors des fêtes. Secondement, les prises de contacts
entre les intervenants et les usagers au cours des soirées sont
laissées sans suite ou ne peuvent faire l'objet d'un suivi.
88 Dagnaud M., op.cit. p.69
V.2. Gérer l'organisation avec les autres temps
Voir comment les organisateurs qui s'investissent dans leurs
activités me conduisaient à me questionner et à les
interroger sur la gestion de leur vie et quelles étaient les influences
de ce loisir sur les autres temps. Est-ce que ces activités sont
totalement isolées les unes des autres ou bien existe-t-il des liens
entre elles ? Quelle influence le loisir de l'organisateur peut-il avoir sur le
travail ? Les organisateurs que j'ai rencontré sont pour la plupart des
passionnés. Cela est déjà apparu plus haut, les
organisateurs sont conscients comme Renaud de la charge que l'activité
leur coûte : "ça prend du temps, ça prend du
temps". Alors, ils peuvent décider de se mettre en retrait lorsque
prime un autre temps qui laisse moins de place à l'organisation
notamment le travail et la vie de famille. L'organisation est alors
reléguée au second plan.
Mais ce loisir et la musique sont des passions, il est donc
parfois difficile d'isoler le loisir des autres temps de la vie sociale, comme
celui qui distribue des flyers aux clients à son travail ou l'autre qui
propose à ses collègues de travail de se rendre à une
fête dont on a participé à l'organisation dans le cadre de
ses loisirs. Bien que l'on a tendance à opposer le travail et le loisir,
ces deux activités humaines s'influencent l'une l'autre. Un amateur peut
mettre en pratique des savoirs ou utiliser des contacts professionnels dans le
cadre de ses loisirs. Inversement, le travail s'est inspiré du loisir
pour améliorer les techniques de management notamment en diffusant de la
musique dans les ateliers, en organisant des matches sportifs entre les
services d'une société et même au-delà avec les
"séminaires de motivation" des entreprises. Depuis longtemps, le monde
de l'entreprise a récupéré le thème de la
fête pour rapprocher ses employés : fête de noël,
anniversaire...
Enfin, le loisir et le travail peuvent se concilier lorsque
qu'ils se confondent en un seul temps que nous allons maintenant
présenter dans la partie intitulée "vivre de sa passion".
"Donc à un moment, comme le bénévolat me prenais de
plus en plus de temps et qu'il y a la possibilité d'être
salarié" (Tristan).
Aucun de mes interlocuteurs n'est étudiant ou
lycéen et je n'ai jamais rencontré d'étudiant organisateur
de soirées techno. Les étudiants qui fréquentent le milieu
techno sont principalement des participants. Je fais donc l'hypothèse
que l'organisation de soirée techno est une activité liée
à la vie adulte et à la vie marquée par le
travail89.
89 Voir le tableau récapitulatif en introduction p.1 5.
Chapitre 4 :
L'organisation "entrepreneuriale"
Pour définir le troisième et dernier type
d'organisation de cette typologie, je n'ai pas dérogé à la
méthodologie employée pour les deux précédents, la
référence à l'entreprise est tirée du discours des
organisateurs pour décrire leurs pratiques. "C'est comme une
entreprise", s'exprimait Manu face à la complexité du
fonctionnement. Ce type concerne moins l'institutionnalisation de la techno que
sa structuration, il demeure néanmoins explicatif pour comprendre les
relations qu'entretiennent les acteurs de la techno avec les institutions.
Les organisations de soirées usent les organisateurs :
fatigue, stress... Cette activité n'est pas consacrée au
délassement. Alors, les organisations utilisent différentes
stratégies pour améliorer leurs soirées et/ou
réduire leurs activités pour gagner du temps. Les participants de
fêtes techno sont plus nombreux que les organisateurs et ces derniers
utilisent leur temps libre pour permettre à tous d'écouter la
musique "fort". Que l'organisation soit dotée ou non de
personnalité morale, la préparation d'une soirée est une
activité difficile dans le cadre du temps libre. Les individus se
regroupent au sein d'une organisation qu'ils essaient de faire fonctionner
efficacement. Alors ils "s'organisent" dans l'organisation, ils l'arrangent
pour que le fonctionnement soit plus efficace. La spécialisation interne
des organisations rationalisent les tâches à accomplir au sein
d'une même entité. Nous l'avons déjà abordé
précédemment avec la répartition des rôles de
l'association. Pour l'organisation de la soirée, un découpage des
tâches est également opérable. "Ça se
développe, comme une mini-entreprise", avait confié
Amélie lorsqu'elle m'exposait avec Renaud leur spécialisation. De
plus, lorsque les projets sont de plus en plus importants ou de plus en plus
nombreux, les organisations se spécialisent dans leur fonctionnement
externe en concluant des partenariats avec d'autres organisations pour partager
les tâches de la soirée.
Ce type correspond à l'action des acteurs dans le
mouvement techno qui ont cherché à se spécialiser,
à rationaliser leur activité dans le mouvement techno par
l'instituionnalisation. Celle-ci est définie, comme la tendance
sédentaire, par les chercheurs du GREMES. Cette phase terminale de
l'action des individus dans la vie sociale correpond à la
carriérisation de certains participants arrivés à l'
"âge adulte". Cet "adulte" ne cherche plus à se comporter comme
déviant, comme l'organisateur dans les règles de l'art, et
respecte les normes. Mais cet institutionnel devient le "conformiste" dans la
typologie de la déviance d'Howard S. Becker, alors que le
précédent était redevenu un "accusé à
tort".
I. La spécialisation fonctionnelle de
l'organisation
Le découpage de cette partie illustre un rapport
mimétique de l'organisation de loisir et de l'organisation de
travail. La rationalité n'appartient pas qu'au monde économique
puisque
l'organisation de soirées techno peut se
spécialiser dans ses fonctionnements interne et externe.
I.1. Répartir les tâches dans le
fonctionnement interne
Pour comprendre, on peut à nouveau prendre un point de
comparaison dans les activités sportives. Dans le club de football, une
activité consiste à disputer des matchs contre des adversaires.
L'équipe de football est le groupe plus restreint de onze joueurs
à jouer réellement au football sur le terrain contre les autres
clubs. Chacun des joueurs a un rôle spécifique dans la
stratégie du sport. Par exemple, le gardien de but ne les marque pas
dans le but adverse, il garde le but de son équipe et tente
d'empêcher les attaquants de l'autre équipe de marquer. Pourquoi ?
Parce que c'est plus efficace. Dans l'organisation de soirée,
l'efficacité est aussi de mise. La soirée ne se joue pas
uniquement lorsque les participants arrivent sur le site, il faut la
préparer avant et ranger après. De plus, les soirées
techno n'ont pas la même structure à chaque fois comme au
football, dont les règles sont établies. Ainsi, le nombre de
rôles est variable tout comme le nombre de membres qui auront le
même rôle. Dans certaines soirées, un seul son est mis en
place alors que dans d'autres il y en aura deux et dans d'autres encore, plus,
jusqu'au teknival qui peut en compter des dizaines. Cette variabilité
vaut pour le bar, le chill-out, l'entrée, etc. Logiquement, la
spécialisation suit les aptitudes de chacun des membres de
l'organisation. Les djs mixent, le trésorier est souvent à
l'entrée, les bénévoles au bar... "C'est pas du tout
mon rôle au sein de l'association. Moi, je gère tout ce qui est
site internet, graphisme et pochette de cds. Donc en fait, l'organisation, tout
ce qui est logistique, c'est pas moi", me répondait Tristan,
à qui je demandais s'il avait participé au partenariat avec
Mystic Chrysalide le 5 avril dernier. Dans ce rare cas de figure, la
spécialisation est stricte. Des organisateurs ont un rôle bien
précis au sein de l'organisation. Ils effectueront leur tâche seul
et ne participeront pas aux autres.
Mais la spécialisation n'est pas rigide au sein des
organisations de soirées techno. Elle est utilisée pour gagner du
temps, non pour isoler chacune des tâches. Les soirées de
l'assocation Mystic Chysalide comporte deux sons : la scène trance et la
scène techno (L'électro-chill). "Nous avec Spdy, on s'occupe
de superviser vraiment le deuxième son", m'avait expliqué
Anthony le 18 mars (je ne m'étais rendu qu'une fois dans une de leurs
soirées). "Nous, on gère le côté trance, les
gars l'électro-chill et tout ça en concertation", me
confirme Stéphane le 1er mai. Deux équipes se sont jointes au
sein de la même association et ne forme plus qu'une équipe. La
séparation des scènes est aussi une séparation des styles
musicaux, ou chacun des groupes ne gèrent que ce qui le concerne en
principe. Lors de la soirée du 5 avril, deux djs de l'association Hadra
avait mixé dans l'électro-chill à l'invitation des
gestionnaires de la scène trance. La décision dépassait la
séparation des styles : cette
invitation était le fruit d'une concertation pour
l'association.
"Parce que réellement, divisé par tout ce
qu'on est, c'est rien à faire", s'exprimait Renaud qui souhaite se
désengager de ses responsabilités au sein de Psyva. La
répartition des tâches a fait l'objet d'une répartition des
responsabilités dans l'association Mystic Chrysalide. Une
répartition informelle n'aurait eu de valeur que dans le fonctionnement
de l'association et non à l'égard des tiers. Cependant, cette
organisation a fait le choix de la formalisation dans les statuts de
l'association, ce qui rend la répartition des tâches opposable
à l'égard des tiers. Un exemple significatif : Céline est
désormais responsable des obligations sanitaires et de
sécurité. En cas de dommage, elle engage donc sa
responsabilité personnelle. Lors des discussions de ce point en
réunion, les membres se sont mis d'accord sur le sens à donner
à cette répartition. Un responsable n'a aucun pouvoir de
décision sur la tâche dont il est responsable : il doit mettre en
oeuvre les décisions démocratiques des membres et transmettre les
informations.
I.2. Conclure des partenariats
La rationalisation gagne aussi le fonctionnement externe des
organisations de soirées. L'organisation traditionnelle (trouver un
terrain, le défricher, la mise en place...) laisse peu à peu la
place à une organisation efficace. Pour développer leurs projets,
des organisations unissent leurs efforts et leurs savoirs-faire des fêtes
en utlisant un outil, le partenariat. Ces partenariats sont fréquents
dans les organisations de soirées techno. Plusieurs cas de figures se
produisent. Dans le premier, une structure organise un fête et invite une
ou plusieurs autres organisations spécialisées dans un aspect de
la fête. On peut par exemple citer les divers stands présents dans
le village : chillout, restauration, ventes de produits divers.. .Ces stands
font du commerce dans la fête et versent souvent une patente (impôt
direct) à l'organisation. Lors de la soirée du 5 avril, la
négociation entre le stand de restauration et les organisateurs a abouti
à fournir gratuitement un repas pour les trente personnes
organisatrices. Ces stands cherchent rarement à s'enrichir au cours
d'une soirée. On retrouve la "dimension participative" des acteurs du
mouvement dans le village techno, où "chacun se donne un rôle
actif dans ce milieu festif" (Petiau A., 2003)90. Ils
sont donc des participants qui ont trouvé une activité de loisir
dans la fête. Dans le deuxième cas, deux ou plusieurs
organisations collaborent pour l'organisation d'une soirée comme le 5
avril, où Hadra s'était jointe à Mystic Chrysalide. Les
djs des deux organisations se sont succédés sur les scènes
ce qui évitent la répétition de soirées
musicalement identiques. Dans le même but, la décoration
était mixte : "En
90 Petiau A., op.cit.
tout cas, on a posé le filaire, et eux, ils ont
posé tout ce qui était tentures. On a changé
carrément le visuel, ça aussi c'était important"
(Stéphane). Les recettes de la soirée sont partagées
entre les organisations selon un pourcentage négocié entre elles.
De plus, si les deux organisations sont implantées sur un même
territoire, la soirée organisée sera l'occasion de
mélanger les deux publics. Dans le même ordre, l'association Psyva
fait appel prochainement au Wakatoon, une association de décorateurs qui
déchargera l'organisation de cette lourde tâche. Cet type d'appel
se fait parfois sous forme de prestation de services comme
rémunérer un veejay à prix fixe pour qu'il diffuse des
séquences d'images et de films. Enfin, dans le dernier cas de figures,
un partenariat peut être conclu avec un club privé. On dit alors
que telle organisation fait une soirée dans le club. L'organisation
prête son nom à la soirée et gère la direction
artistique (fait jouer ses djs et en invitent d'autres). Le reste est pris en
charge par le club. Organiser en boîte ? "En tant que dj c'est
intéressant, mais en tant qu'organisateur, bof ", pense Henri. La
satisfaction de l'organisateur provient en effet de l'accomplissement de son
activité.
II. Vivre de sa passion
Chercher à se professionnaliser dans la techno peut se
produire lorsque les individus ne trouvent pas ou plus de plaisir à
travailler. De plus, un investissement coûteux dans ce loisir peut
générer des problèmes dans les autres temps de la vie. Par
conséquent se professionnaliser dans sa passion apparaît comme la
solution aux deux problèmes. La musique est à envisager comme
deux objets ayant des finalités différentes. Elle peut d'une part
devenir un objet d'esthétisme et d'autre part rester un objet de
sociabilité.
Tout d'abord, les organisateurs de soirées peuvent se
professionnaliser dans l'esthétique de la musique. Anne Petiau cite
à ce sujet la venue de cette musique dans "les institutions existantes"
: concerts, festivals, circuits de distributions91. On peut donc
à nouveau distinguer la professionnalisation dans la création
artistique de la musique et la professionnalisation entourant cette
création. Le statut d'intermittent du spectacle est une voie de
professionnalisation. Les professionnels obtiennent alors le statut d'artistes
de la musique électronique. De plus, d'autres emplois sont
créés dans la médiation de la musique du label de
production à la vente directe. La fête continue de jouer un
rôle dans cette professionnalisation liée à la musique
esthétique. Le cas de Julien l'illustre fort bien : "Ça,
c'est des restes de quand j'étais en association, avant quand on
organisait des soirées tous les week-end. De temps en temps j'en
organise, ça fait un peu de pub pour mes labels et tout, ça fait
parler". La soirée techno devient donc l'accessoire de la
profession
91 Petiau A., op. cit.
bien que le professionnel puisse l'organiser avec un ami et y
prendre du plaisir.
Ensuite, les organisateurs peuvent se professionnaliser dans
la musique dans son aspect collectif. Là encore, le statut
d'intermittent peut offrir un cadre dans ce métier pour ceux qui le
choisissent. Je n'en ai pas rencontré. En renvanche, j'ai pu rencontrer
des salariés d'associations organisatrices de fêtes techno qui
bénéficient de l'intervention de l'Etat-Providence. Vivre de sa
passion ne la transforme-t-elle pas en travail ? Les conditions de travail sont
à prendre en considération pour connaître une telle
évolution. Il semblerait que non car tout deux ne se sont pas plaints de
leur conditions de travail et en particulier Tristan dont les tâches
peuvent être effectuées de manière plus souple. Leur emploi
n'est pas règlé par le temps comme un temps de travail, il s'agit
de tâches à accomplir. Quant à Julien sa profession s'est
construite dans un rapport pemanent à sa vie sociale92. Rien
n'empêche d'ailleurs l'organisateur professionnel de travailler et
d'avoir en dehors de ce temps une pratique de loisir entre amis où il
organise des soirées techno.
Durant l'entretien, Julien a exprimé le plaisir
vécu à vivre de sa passion, de produire ses oeuvres et celles de
personnes qu'il apprécie. Il a aussi exprimé les
difficultés que son métier occasionnent et du dénigrement
de certains amateurs de musique lui reprochant justement le fait qu'il puisse
vivre de sa passion.
III. Des activités de loisir mimétiques
Les organisations sont au sens de Norbert Elias et Eric
Dunning des activités de loisirs appartenant à la classe
"mimétiques" ou ludiques. Ils définissent cette classe de loisir
comme "participer à des activités mimétiques fortement
organisées (relativement) en tant que membre de l'organisation,
c'est-à-dire dans un club de théâtre amateur, de cricket,
de football. En pareil cas, on est au coeur des activités et des
expériences mimétiques "dé-routinisantes" et
"dé-contrôlantes" à travers une carapace de contrôles
et de routines mimétiques de cette catégorie implique un
degré de "déroutinisation" et un affaiblissement des contraintes
à travers des mouvements du corps et des membres, c'est-à-dire
par la mobilité "93. Les activités
mimétiques libèrent les individus qui y participent des
contraintes induites par les activités de temps ordinaire. Nous venons
de voir que ceux qui vivent de leur passion ne ressentent pas les mêmes
contraintes que dans le travail. Pourtant, on a vu que l'organisation de
soirées peut se construire rationnellement comme une entreprise au sens
d'une unité de production économique. Pourquoi les individus
occuperaient-ils leur temps libre avec ce genre d'activités si celles-ci
ne leur permettaient pas de sortir du "carcan"
92 Voir en annexe sa biographie sur
myspace.com p. 204.
93 Elias N. et Dunning E., op. cit. p.92
du temps ordinaire ou ce qu'il en perçoivent ? Ce que
les organisateurs mettent en pratique dans le cadre de l'organisation peut
être ce que l'on ne peut pas mettre en place dans le cadre de son
travail. Les organisateurs sont les gérants de la structure, ils
définissent leur propre mode de fonctionnement.
La danse est une activité de loisir comme le sport,
elle est parfois un sport, que les individus pratiquent dans le cadre du loisir
et sans exprimer une quelconque spiritualité. "Les activités
de loisir en tant que lieu social où l'individu peut se libérer
des contraintes existent dans toutes les sociétés et à
tous les niveaux de développement. [...] Nombre
d'activités religieuses de jadis avaient des fonctions analogues
à celle de nos différents loisirs, et nombre de nos
activités de loisir, en particulier celles de la classe
"mimétique", ont des fonctions analogues à celles de certaines
activités religieuses d'antan "94 . Quelles fonctions
"analogues" aux activités religieuses d'antan les fêtes techno
remplissent-elles après que le processus d'institutionnalisation l'ait
transformé ? est une question pertinente pour analyser les
organisations. Il n'est pas nécessaire, je pense, de rechercher
l'existence du sacré dans les fêtes techno mais simplement les
fonctions qu'elles assurent. Le sacré n'est pas une grille d'analyse
explicative quant aux fêtes techno, il questionne les moyens sans
expliquer les fins (Elias N., Dunning E. 1986)..
IV.Des "entrepreneurs du spectacles amateurs"
En prenant l'exemple du rock ou du rap, on peut
considérer que la structuration des musiques populaires s'effectue dans
la sphère privée. S'agissant de la techno, de nombreux acteurs
ont choisi d'excercer leur activité professionelle dans les
métiers de cette esthétique, aussi il convient de
s'intéresser au traitement spécifique des organisateurs de
soirées techno accordé par une règlementation
spéciale au regard de la règlementation générale
sur le spectacle vivant.
IV. 1 La professionnalisation du spectacle vivant
Les professions regroupées sous le nom d' "entrepreneur
de spectacles" sont des activités règlementées,
c'est-à-dire que les autorisations d'exercer ces professions sont
soumises à la loi et le règlement, en l'occurence l'Ordonnance du
13 octobre 1945 modifiée par la Loi du 18 mars 1999. Pour exercer leur
activité, ces professionnels doivent être titulaires d'une des
trois licences correspondant à une typologie distinguant la production,
l'organisation de tournée et la diffusion de spectacles vivants. Cette
récente modification a également précisé le statut
de l' "organisateur
94 Elias N. et Dunning E., op. cit. p.86
occasionnel". Conformément à l'article 10 de
l'ordonnance modifiée qui définit ce régime
dérogatoire, "peuvent exercer occasionnellement l'activité
d'entrepreneur de spectacles, sans être titulaires d'une licence dans la
limite de six représentations par année civile, toute personne
physique ou morale qui n'a pas pour activité principale ou pour objet
l'exploitation de lieux de spectacles, la production ou la diffusion de
spectacles". Ainsi, une personne physique ou une association dont l'objet
principal serait d'organiser des spectacles, de même que l'organisateur,
dont ce n'est pas objet principal, mais qui produirait, organiserait la
tournée ou diffuserait plus de six spectacles vivants par an,
dépasserait le cadre de cette définition. Il devrait donc
être titulaire d'au moins une licence d'entrepreneur. De ce fait, peut-on
considérer que l'organisation de spectacles puisse être un loisir
si, comme je viens de le préciser, il s'agit de professions
règlementées ? Peut-on créer une structure juridique pour
son loisir dont l'objet principal est d'organiser des spectacles vivants ?
Peut-on exercer ces activités en amateur ? Si la profession était
différente, on ne se poserait même pas la question : imaginons un
boulanger amateur vendant du pain et faisant donc concurrence à la
boulangerie. L'esprit de la réforme relative à la
réglementation des professions d'entrepreneur de spectacles était
de mettre en accord les principes de respect du droit de cette activité
commerciale avec l'évolution des pratiques de terrain notamment la
multiplication des structures associatives type "loi 1901". "Depuis cette
modification, le secteur associatif a maintenant les mêmes droits que les
sociétés commerciales, mais également les mêmes
obligations"95 (Audubert P., 2007).
"Les rassemblements festifs à caractère
musicaux" sont réglementés par une législation
particulière comme je l'ai décrit plus haut. Dans ce cadre, il
est encore permis d'exercer une activité de loisir ayant trait au
spectacle vivant. L'espace de développement des activités amateur
se réduit à mesure que celui des activités
professionnelles croît. De ce point de vue, s'associer avec d'autres
acteurs dans une organisation de soirées techno apparait comme un moyen
de pratiquer cette activité en amateur. Les objets définis dans
les statuts des associations organisatrices de soirées techno sont
souvent large même si concrètement ces dernières ne font
qu'organiser des soirées. Nous sommes dès lors face à un
conflit d'intérêts entre le respect des activités amateur
d'une part et la liberté d'entreprendre d'autre part. En effet, le
public choisit sa sortie entre deux flyers, l'un présentant une
soirée techno organisée légalement dans un mas et l'autre,
une soirée organisée par la SMAC de la ville, dont les
organisateurs sont des entrepreneurs de spectacles. La seconde soirée
subiera une forme de concurrence déloyale occasionnée par la
concordance des calendriers et par le fait que l'activité d'organisation
de "rassemblements festifs à caractère musicaux" n'est pas une
activité commerciale. Pourtant le public se rendra bien dans l'une ou
l'autre avec l'intention de faire la fête
95 Audubert P., Profession Entrepreneur de
Spectacles, éd. Irma, Paris, 2007, p. 26.
en écoutant de la musique.
IV.2. Les spécificités de la culture musicale
en question
La techno et les autres esthétiques ont leurs
particularités. Pourtant, les politiques publiques ont construit une
règlementation "sur-mesure" pour la techno. Tout d'abord, cette
règlementation émane du Ministère de l'Intérieur et
gère des préoccupations d'ordre public propres au
phénomène techno comme nous l'avons vu
précédemment. Cependant, il est important de noter que de
nombreuses particularités traitées dans la règlementation
spécifique sont partagées dans le champ des musiques populaires.
Dans son ouvrage intitulé "Rap, techno, électro...Le musicien
entre travail artistique et critique sociale", Morgan Jouvenet met en
évidence de nombreux points communs entre ces esthétiques,
notamment la position du musicien de l' "entre-deux",
c'est-à-dire entre le statut de musicien et la pratique de l'amateur.
À ce propos, l'auteur explique justement que le musicien est, dans ces
esthétiques, pris dans une "tension entre les dimensions artistique
et managériale de la production musicale"96 . En effet,
si Julien et Tristan s'accommodent de travailler dans la techno, pour Anthony
devenir dj résident d'un club privé peut entrer en contradiction
avec les valeurs qu'il défend : "Il avait eu peut-être 350
personnes voire plus, dans la soirée entrée gratuite, les
boissons au bar vraiment pas cher. Et une fois qu'on s'est remboursé,
open bar. Voilà, c'est mon délire depuis toujours, quoi
l'open...me remboursé. Pas faire ça pour gagner des tunes ! C'est
vraiment pour faire la fête" (Anthony p. 4). En revanche, tous
partagent l'intérêt et le plaisir d'organiser au Rachdingue. De ce
point de vue, ils organisent comme des professionnels, c'est-à-dire avec
les avantages de la profession, sans toutefois avoir besoin d'être
déclaré et donc d'être obligé par le statut d'avoir
à charge les inconvénients de la profession.
Morgan Jouvenet va plus loin lorsqu'il explique que les
artistes sont amenés "à déployer des stratégies
de multiactivité professionnelle leur permettant de contrebalancer
l'incertitude du rendement économique de leurs créations par la
relative sécurité d'un autre emploi"97
(Jouvenet
M., 2006). La plupart des acteurs rencontrés au cours
de l'enquête exerçent l'activité de musicien en amateur et
vivent de revenus autres, ce que Catherine Paradeise appelle la
"diversification externe" . Est-ce un choix libre ou une
nécessité ? (Paradeise C., 1998).
Enfin, des données empiriques nous amène à
considérer que l'organisation de soirées techno se distingue
des autres et que la règlementation spécifique y répond
justement. Lors d'une enquête réalisée sur la Techno
Parade en 2003, Etienne Racine relève que la moitié des personnes
ayant
96 Jouvenet M., Rap, techno,
électro... Le musicien entre travail artistique et critique
sociale, Ed. De la Maison des science de l'homme, Paris, 2006, p. 122.
97 Jouvenet M., op. cit., p. 223.
répondu au questionnaire s'adonne à une pratique
amateur dans la techno. Ensuite, on apprend que 20% des mêmes personnes
exercent leur pratique dans l'organisation de soirées dont 95,7% en
amateur et seulement 4,3% en tant que professionnel. Le sociologue
tempère ses résultats puisque le questionnaire ne fournit pas
plus de renseignements sur la fréquence et le degré d'implication
de ces amateurs. Pour le présent sujet, je peux toutefois déduire
de ces chiffres que la culture techno est bien un champ de pratiques
amateur98.
98
http://www.irma.asso.fr/Les-participants-de-la-Techno
Chapitre 5 :
La techno et les politiques culturelles
Après avoir décrit les processus de
structuration et d'institutionnalisation vu des organisations observées,
je propose d'élargir le focus pour s'intéresser à ces
mêmes processus au regard des relations entretenues entre les acteurs qui
sont désormais les pouvoirs publics, les collectivités
territoriales et les acteurs de terrain afin de vérifier si le principe
de "co-construction tripartite", qui fonde le processus de concertation dans le
champ des musiques actuelles est également à l'oeuvre dans la
techno.
I. Le champs des musiques actuelles
Nous allons voir que la genèse et la cristallisation du
terme "actuel" est le fruit de transactions entre les acteurs de terrain et les
pouvoirs publics, que cette même méthode a conduit à la
structuration de ce secteur. Seulement, même si cette terminologie
constitue un terrain d'études pour la recherche, cette dernière
n'a toujours pas dépassé la distinction du savant et du
populaire.
I.1. La genèse des musiques actuelles
Le terme "actuel", qui qualifie ces musiques, est cité
pour la première fois "à la fin des années 1970 par
les créateurs du Festival des Rencontres Transmusicales de Rennes
"99 . Puis, les acteurs ont revendiqué cette
étiquette pour défendre leurs intérêts premiers :
faire exister leur esthétique dans le paysage musical français.
En effet, dire que l'on joue de la "musique actuelle" pour un groupe de rock a
facilité la conclusion d'accords pour être diffusé ou
obtenir un local de répétition, à l'instar des partisans
de la techno qui préfère utiliser le terme de "musique
électronique", moins connoté free party et
rave.
Le directeur de l'Irma (centre d'Information et de Ressources
pour les Musiques Actuelles), Gilles Castagnac, compare les musiques actuelles
à une "maison commune à construire", c'est-à-dire à
un regroupement d'esthétiques, de valeurs et de pratiques dont la
fonction principale est de lutter contre la "balkanisation" et l' "affrontement
des chapelles". Dans cette image, l'Irma ferait figure d'
"oeucuménisme"100 (Castagnac G., 2006). En effet, l'Irma
regroupe en son sein trois centres d'information dans lesquelles sont
réparties les esthétiques : le Centre d'Information du Jazz
(CIJ), le Centre d'Information des musiques Traditionnelles (CIMT) qui comprend
aussi les musiques dites "du monde" et le Centre d'Information du Rock, des
variétés, du hip hop, des musiques
99 Forumag', les musiques dans tous leurs états,
p.2, disponible sur
http://www.foruma.fr/IMG/ForuMag.pdf
1 00Castagnac G., Processus de Structuration
d'un Secteur, Le Développement des Musiques Actuelles et leur
Entrée
dans les Politiques Publiques, FNCC - mercredi 15
novembre 2006, disponible sur
http://www.irma.asso.fr/IMG/pdf/HistoriqueMA-1.pdf
électroniques, de la chanson et de la fanfare (CIR).
Les institutions publiques ont repris cette terminologie dans
le cadre de leurs politiques. La reconnaissance de ces musiques par les
institutions culturelles s'est tout d'abord manifestée par une politique
de "soutien" : création de la Fête de la Musique, lancement du
programme Zénith, création de diplôme d'Etat et de
certificat d'aptitude pour le jazz et les musiques traditionnels, labellisation
SMAC, etc. Mais loin de reconnaître ces musiques comme des cultures
à part entière, ces politiques publiques n'étaient que des
politiques en direction de la jeunesse des banlieues101.
Le Rapport sur le soutien de l'Etat aux musiques dites
actuelles de 2006 prétend que cette mauvaise image et la
marginalité des musiques actuelles au Ministère de la Culture,
qui en découle, pourrait s'expliquer par les liens qu'entretiennent ses
acteurs avec le marché, la réussite commerciale constituant
"le mode de consécration attendu" 102 (Berthod M. et
Weber A., 2006). Pourtant, un tel argument ne résisterait pas à
la comparaison avec les arts plastiques étant donné l'implication
de l'institution dans le marché de l'art contemporain. Quid de
l'histoire propre d'une Direction ou de la différence entre les deux
arts où, pour l'un la subversion aux canons adadémiques serait
consacrée et, pour l'autre, elle constituerait une faute de
goût.
I.2. La structuration du secteur des musiques actuelles
Dès 1982 l'action du nouveau Ministre de la Culture,
Jack Lang, s'est concentrée sur un nouveau concept visant à
promouvoir une autre idée de la culture : la démocratie
culturelle. Dans le domaine de la musique, la professionnalisation des acteurs
du secteur des « musiques populaires », le rock en premier lieu, est
alors devenue une priorité. La démonstration des groupes de rock
lors de la Fête de la Musique avait fait prendre conscience du retard de
l'Etat. Seulement les déclarations ne suffisent pas à
réaliser l'objectif politique fixé. Pour mener à bien
cette entreprise, les politiques publiques se sont d'abord focalisées
sur le secteur privé : "la structuration du secteur des musiques
actuelles a en effet commencé il y a désormais plus de vingt ans
, après l'adoption de la loi relative aux droits d'auteur et aux droits
des artistes-interprètes, des producteurs de phonogrammes et de
vidéogrammes et des entreprises de communication audiovisuelle
(n° 85-660 du 3 juillet 1985) "103.
Après, les politiques publiques se sont employés à
institutionnaliser le secteur non-monétaire constitué des
pratiques amateurs et des partiques dites « underground
»104. Des réseaux (CIR en
101Castagnac G., op.cit.
102Berthod M. et Weber A., Rapport sur le
soutien de l'Etat aux musiques dites actuelles, Ministère de la
Culture et de la Communication, Inspection Générale de
l'administration des affaires culturelles, 2006, p.8.
103 Chardon C. (déléguée
générale du Prodiss), Courrier du Prodiss à la
coordination du ForuMa, Paris, 18 avril 2006, disponible sur
http://www.foruma.fr/article.php3?id_article=723&var_recherche=forumag
104 Seca J.-M., Les Musiciens
Underground, ainsi que Guibert G., Les Musiques
populaires : Commerce, loisir,
1984, le SNPS, Fédurok "Fédération des
lieux de Musiques amplifiées/actuelles" en 1992 alors que Jack Lang
était à nouveau ministre de la culture, Irma en 1994, Technopol
en 1996, etc.) étaient ou se sont mis en place pour renforcer la
structuration des pratiques artistiques et de celles qui les entourent :
entrepreneurs du spectacles, labels, tourneurs, etc. On peut distinguer deux
types de réseaux : les réseaux de défense de droits
collectifs qui sont des syndicats et les réseaux de mutualisation comme
les centres d'information.
I.3. Les « musiques actuelles » en question dans
la recherche
Par un soucis de cohérence scientifique, les chercheurs
continuent d'utiliser la distinction entre musiques savantes et musiques
populaires. Pour Pierre François le "clivage qui oppose musique
"savante" ou "sérieuse" (entendue ici comme ce que l'on désigne
par musique "classique", c'est-à- dire incluant les périodes
médiévales, Renaissance, baroque, classique au sens strict,
romantique, la musique du XXè siècle et la musique dite
"contemporaine") et musique "populaire" (qui regroupe l'ensemble des autres
genres musicaux : rock, pop, jazz, musiques du monde, musiques dites
"amplifiées" ou "actuelles", etc.) est sans conteste l'un des plus
structurants du monde musical contemporain"105. Comme il le
précise à la suite, cette distinction continue d'être
opérante pour de nombreuses études, en particulier concernant
l'industrie de la musique (François P., 2008).
Mais les enjeux politiques sont tout autres et, comme le
rappelle les contributions de Philippe Teillet, la charge symbolique de
"populaire" ne sied pas en cette matière. Dans un article publié
récemment, il affirme d'une part son attachement de chercheur à
la distinction précédemment citée et d'autre part se
détâche des "terminologies exclusivement nationales, notamment
"musiques actuelles". [...] L'emploi de cette dernière
expression signifiant une référence explicite aux politiques
publiques menées en France.106" Il explique que les
"agrégats" de musiques populaires au sein des musiques dites
"actuelles" ont pour fonction d'associer les styles méconnus des
autorités comme le rock, le rap ou les musiques électroniques
avec les autres styles plus connus et surtout légitimés,
notamment le jazz, la chanson, les musiques traditionnelles. L'expression
"musiques d'aujourd'hui" n'avait pas fonctionné et rappellait d'ailleurs
fortement la musique dite
underground ou tiers-secteur ? Socio-histoire de
l'implication des politiques au sein d'une pratique culturelle.
Troisième intervention dans le Colloque LAREQUOI du 17 juin 2005,
publié la revue Cahier de la Psychologie Politique numéro 7,
juillet 2005 Dossier Musique et Politique.
105 François P. , Le dynamisme
incertain du monde musical, p.10, in La Musique , une Industrie, des
Pratiques, (dir. Pierre François), Etudes de la Documentation
Française, Paris, 2008.
106 Teillet P., Politiques culturelles et
musiques populaires/actuelles/amplifiées, p.59, in
Stéréo, Sociologie comparée des musiques populaires
France/G.-B., (dir. Dauncey H. et Le Guern
P.), coll. Musiques et Sociétés, éd.
Mélanie Séteun et Irma éditions, La Basse
Ménerais/Paris, 2008. La première citation est extraite de la
note 1, les autres références sont contenues dans son texte.
"contemporaine". Entre les qualificatifs "amplifié" et
"actuel", le second fut finalement adopté car il est plus englobant que
le premier même s'il complexifie sa compréhension.
Outre cette explicitation, son texte s'appuie sur le Rapport
ministériel sur le soutien de l'Etat aux musiques dites actuelles, de
2006 107 . Il expose ainsi les enjeux dont doivent faire face les
décideurs politiques dans ce champs "exemplaire" pour
bâtir les nouvelles politiques publiques des "cultures". Tout d'abord,
ces musiques se sont développées avec le soutien des personnes
publics à tout les échelons et dans le secteur privé
marchand et non-lucratif. Cette caractéritique fait de ce secteur un bon
terrain d'expérimentation pour la décentralisation administrative
de l'intervention publique, en particulier pour la jeune Politique de la Ville.
De ce point de vue, celle-ci met fin à la division opérée
depuis plus de cinquante ans à l'échelon national entre la
Culture et le Social et grâce à sa situation géographique,
favorise au mieux la coopération culturelle transfrontalière.
Enfin, la diversité de publics, en quête d'une reconnaissance qui
ne signifie pas allégeance, commande une prise en compte globale et
individuelle concernant les goûts, l'écoute de la musique,
l'organisation des spectacles, la volonté de pratiquer la musique en
amateurs ou chercher de se professionnaliser dans ce secteur. Ce dernier point
fait écho à la Déclaration Universelle sur la
Diversité Culturelle et le Développement Durable de 2001
adoptée par de l'UNESCO en 2001 dont le Doc Kasimir Bisou (alias
Jean-Michel Lucas) se fait un des porte-paroles concernant les musiques
actuelles (Teillet P., 2008).
Pour résumer, la méconnaissance des styles
regroupées en son sein et l'emploi d'une terminologie "passe-partout"
explique en grande partie le choix institutionnel pour l'adjectif "actuel"
("contemporaine" étant déjà utilisé pour la musique
savante). L'emploi de musiques "amplifiées" précisant ces
musiques auraient été trop restrictif pour ces différentes
esthétiques que les institutions ne se donne pas le devoir de
connaitre.
II. La participation des acteurs à
l'élaboration des décisions publiques
La prise en compte des musiques populaires par les politiques
publiques concrétise le principe de démocratie culturelle mise en
oeuvre par la méthode de concertation qui fait intervenir au
côté des décideurs habituels, que sont les pouvoirs publics
nationaux, d'autres acteurs intéressés par les politiques
publiques. Nous allons voir comment la concertation est apparue dans le
processus de décisions concernant le secteur des musiques actuelles. Ce
chapitre est une synthèse construite à partir de lectures dans
laquelle je tente de comprendre le positionnement des acteurs au coeur du
processus de prise de décisions.
107Berthod M. et Weber A., op. cit.
II.1. Les enjeux de la reconnaissance : "la culture de
tous"
La notion d'intérêt général de la
culture s'est substitué à l'intérêt du Prince au
cours du processus long et complexe dans lequel la grandeur d'une civilisation
ou d'une culture s'est finalement attachée à la Nation. La vision
française de la Culture l'élève vers l'Universel que l'on
illustre par les "oeuvres capital de l'esprit humain". L'article 2 de
la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques prévoit
d'ailleurs leur classement dès lors qu'ils "présentent un
intérêt d'histoire ou d'art suffisant pour en rendre
désirable la préservation pourront, à toute
époque". Le Ministère de la Culture a ainsi
été institué sous l'égide d'André Malraux
avec cette idée d'une action publique de l' "intérêt
public": le "droit à la Culture pour tous".
Avec le développement et la reconnaissance des cultures
populaires, le principe des droits à la "culture de tous" ou de "droits
culturels" s'impose, non comme une évidence du respect de l'Autre mais
plutôt comme une solution à des crises chroniques. Les
dernières enquêtes dirigées par le DEPS sur les pratiques
culturelles des français ont révélé statistiquement
la place grandissante des pratiques de loisir dans le champ culturel et donc du
besoin de repenser les liens entre l'art et la culture. Pour Philippe Henry,
"il convient de mieux comprendre que les pratiques artistiques sont aussi
des pratiques culturelles, c'est-à-dire que l'expérience
personnelle sensible qui aboutit à l'expression d'un jugement du
goût est non dissociable d'une construction relationnelle au sein d'un
environnement sociétal donné". La démocratie
culturelle nécessite une nouvelle prise en compte des publics en
matière culturelle. Son étude sur les nouveaux territoires de
l'art, dont le slam, met en évidence une logique de "trajectoires
culturelles individualisées" et la diversité des modes de
médiation où "chacun sait pour lui-même la place
capitale de certains événements ou de certains prescripteurs,
croisés par pur hasard (un membre de la famille ou un pair, un
enseignant ou un acteur culturel, un concert ou un spectacle
particulièrement marquant pour soi...)108. Cette
remarque amène à relativiser les définitions construites
pour se représenter un secteur culturel complexifié par la
rationalisation.
Le Rapport Balladur sur la décentralisation
récemment rendu, dont la mission était de clarifier les
politiques publiques, ne propose aucun éclairage sur cette question
comme le commente le Doc Kasimir Bisou : "la politique culturelle est
certes "connue" pour ses bâtiments et structures mais pas "reconnue" pour
ses valeurs d'intérêt général. Elle fait partie du
paysage de l'action publique, mais elle est "invisible" dans les
finalités propres qu'elle revendique. Sa liberté est la
contrepartie de l'indifférence qu'elle inspire"109 (Doc
Kasimir Bisou, 2009). Ce rapport mettrait à mal l'idée de la
108 Henry P., Spectacle vivant aujourd'hui.
Une filière artistique à reconfigurer, PUG, 2009, Grenoble,
p. 106
109 Doc Kasimir Bisou, Premier regard
interrogatif et critique sur le Rapport Balladur et sa conception de la
politique de la culture, p.4, disponible sur
http://www.irma.asso.fr/IMG/pdf/doc_KBanalyse_rapport_Balladur.pdf
République éclairée, qui
sélectionne les chefs d'oeuvres de l'Humanité, puisqu'il
préconise de confier la compétence de la "création
artistique" à toutes les collectivités sous forme de financements
croisés sans que l'Etat ne fixe un barême de sélection.
Vis-à-vis de la diversité culturelle, il ne ferait pas mieux :
Doc Kasimir Bisou conteste la vision consumériste que le rapport
préconise pour la décentralisation culturelle puisque
l'intervention des collectivités locales dans ce champs ne serait que la
"contrepartie" de la contribution à l'impôt local.
Et alors que l'Etat continue de financer la culture dite
savante avec l'impôt, son intervention dans les musiques populaires est
financée par la profession, c'est-à-dire par les taxes sur les
supports vierges et sur les entrées de spectacles notamment. L'Etat a
délégué en 1985 le rôle de la gestion des droits et
la charge de définir l'intérêt général
à des entités privées lesquelles protègent
davantage les intérêts collectifs de leur affiliés (Sacem,
Adami, Spedidam, SCPP, SPPF...).
II.2. La notion de "co-construction tripartite"110
Comme son nom l'indique, la co-construction tripartite,
principe adopté par la concertation, rassemble les pouvoirs publics, les
collectivités territoriales et les acteurs de terrain lors des
discutions servant de base aux prises de décisions. Le GEMAP (Groupement
des Entrepreneurs de Musiques Actuelles et Populaires) considère que les
acteurs sont des acteurs professionnels. Bien qu'il affirme le contraire, ce
réseau est dans une logique de
représentativité111. En effet, les professionnels ne
sont pas les seuls acteurs de terrain concernés, la vision du GEMAP
exclut les amateurs. La concertation est une méthode participative qui
concourt à la "démocratisation de la
démocratie"112 et de ce fait, doit aussi
représenter les intérêts des non-professionnels ou amateurs
(Meunier, 2006).
Cette notion de "co-construction" induit en effet la
participation des citoyens administrés à la construction de
l'espace public. Plus que la consultation ou les sondages, elle pose la
question de la légitimité de la décision et de son
efficacité économique et sociale : "au coeur de cet
éventail de procédures, les dispositifs dits participatifs,
destinés à associer les citoyens à la décision,
prennent une importance grandissante. La légitimité
démocratique représentative et le recours à l'expertise
technique et scientifique semblent en effet devoir de plus en plus se conjuguer
avec la mise à
110 Castagnac G., op. cit.
111 GEMAP,Lettre au Ministre de la Culture
et de la Communication Renaud Donnedieu de Vabres, Paris, 4 novembre 2005,
disponible sur
http://www.foruma.fr/IMG/syntheses/lettre_gemap.pdf
112 J'empreinte cette expression à Dominique
Meunier, Le ForuMa, une expérience de la
démocratisation de la démocratie ? Mémoire de Master
2005-2006, Université de Lyon 2/Arsec. Au-delà du ForuMa, la
concertation participe à cette idée. Voir L'expertise et la
démocratie culturelle, p.21.
disposition d'espaces de débats publics et de
concertation"113 (Scolaro J., 2006). L'efficacité de la
décision doit être étudiée quant à son
application puisque légitimée et en elle-même puisqu'elle
synthétise les expertises et les savoirs.
Dans cette procédure, le rôle dévolu
à la recherche consiste surtout dans l'observation du chercheur et dans
la médiation qu'il peut opérer. Julien Scolaro a traduit une
situation locale dans le langage scientifique et utilisé le concept d'
"empowerment" des cultural studies pour désigner
l'implication des acteurs de terrains dans la prise de décision. Comme
il le précise au début de son texte, ce concept est
"très peu employé en France" (Scolaro, 2006). Sur le
site du Ministère de la Culture et de la Communication, on trouve son
équivalent français nommé "autonomisation" défini
comme le "processus par lequel une personne ou une collectivité se
libère d'un état de sujétion, acquiert la capacité
d'user de la plénitude de ses droits, s'affranchit d'une
dépendance d'ordre social, moral ou intellectuel
"114.
En effet, ce qui est en jeu dans la concertation est avant
tout l'émancipation des individus et la détermination collective.
En ces termes, l' "empowerment" semble procèder d'une volonté de
rénovation des méthodes (ou des formes) laquelle emporterait
rénovation des contenus.
II.3. Une méthode de concertation à tous les
échelons
La concertation en musiques actuelles a d'abord
été la méthode utilisée au niveau national avant de
devenir territorial. Dans un article présenté dans la rubrique
"Focus" du site de l'Irma, Nathalie Miel explique que le développement
de la concertation dans le processus de décisions publiques concernant
les musiques actuelles a démarré à la suite de la
Commission nationale des musiques actuelles de 2001 après que les
acteurs aient "tenu et obtenu que ces politiques s'envisagent en
étroite relation avec eux"115 et de manière
"globale". Les 300 propositions du Rapport de la commission Trautmann
s'articulent autour de "quatre grands principes : reconnaissance,
proximité, pluralisme et rééquilibrage", auxquelles a
été alloué finalement un budget en deçà des
attentes du secteur. Néanmoins, un vent de progrès souffle encore
lorsque l'on évoque cette commission avec les chargés
d'information et de ressource. Enfin, la Commission affirme le rôle de
soutien des centres d'information et de ressource au coeur des enjeux : la
"reconnaissance de ce secteur ne pourra se faire qu'avec le
développement accru de véritables service d'information, de
formation
1 13Scolaro J., De la reconnaissance
à l'influence ? Heurts et enjeux d'une tentative d'empowerment en
France, Géographie, économie, société 2006/1,
Vol. 8, p. 87-106.
114
http://www.dglflf.culture.gouv.fr/cogeter/18-12-05-sc-humaines.htm
11 5Miel N., De la CNMA au CSMA, les
musiques actuelles entrent en politique. Triptyque de la co-construction des
politiques musicales, disponible sur
http://www.irma.asso.fr/DE-LA-CNMA-AU-CSMA-LESMUSIQUES?xtor=EPR-1
mais aussi de convivialité autour des lieux de vie
voués à la pratique musicale".
En 2004, le processus de décentralisation
administrative est relancé par la loi du 13 août. Peu de transfert
de compétences en matière de musiques actuelles (formation
uniquement), les collectivités territoriales intervennaient
conformément à la "clause de compétence
générale". Mais la concertation était si bien
ancrée que la sortie de "crise" à propos du "label" SMAC (Salle
de Musiques Actuelles) s'est transformée en Concertation nationale pour
le développement des musiques actuelles (CNDMA) avec pour "objectif
de rédiger un texte cadre sur lequel tous pourront s'appuyer pour
conduire les concertations territoriales - communales, départementales
et régionales - qui devraient aboutir à la prise en compte de
l'ensemble des questions relatives aux développement des pratiques
artistiques, à l'exposition, à la production et à la
circulation des oeuvres, au développement de l'action culturelle dans le
domaine des musiques et des cultures actuelles"116. Le CNDMA
était composé conformément au principe de co-construction
tripartite. Les parties prenantes ont rédigé ensemble le plan
"Pour une politique nationale et territoriale des musiques actuelles",
"à la fois guide méthologique et document-ressource",
qui prévoit la création de deux outils : le Conseil
supérieur des musiques actuelles et les Concertations territoriales pour
le développement des musiques actuelles. Ce texte rappelle que
"cette démarche est originale et unique en son genre dans le champs
des politique publiques de la culture"117. Il va même
plus loin puisqu'il affirme les lacunes des pouvoirs publics dans la
connaissance de ces musiques et leur besoin de s'appuyer sur les acteurs
nationalement et localement.
Le Conseil supérieur des musiques actuelles (CSMA) est
l'organe permanent créé officiellement à partir des
résultats de la CNDMA même si le ForuMa de 2005 y a directement
conconru. De plus, cette instance de concertation a fait l'objet d'un
arrêté ministériel pour sa création ce "qui lui
confère une autre légitimité
institutionnelle"118 . Quatre commissions de réflexion
ont été mises en place sur les sujets prioritaires : la
structuration économique et sociale des musiques actuelles, les
pratiques en amateurs, le développement territorial (Plan Pour des
politiques nationales et territoriales en faveur des musiques actuelles,
qui encadre les concertations territoriales) et l'évolution de la
filière musicale et nouvelles technologies.
La commission 2 en charge des réflexions sur les
pratiques amateurs s'est concentrée sur l'Avant Projet de Loi relatif
à la participation des amateurs à des représentations dans
spectacle vivant (APDL) préparé par la DMDTS en février
2007 pour modifier le décret du 19 décembre 1953. Elle
préconise de manière générale que "si la
mission du Ministère de la Culture est d'embrasser toutes
1 16Cayot A., inspecteur en charge des musiques
actuelles à la DMDTS, disponible sur
http://www.irma.asso.fr/Contribution-d-Andre-Cayot
1 17Document disponible sur
http://www.csma-info.fr/upload/1174546924/Plan.pdf
11 8Nathalie Miel, op. cit.
les pratiques artistiques et culturelles, il devrait
inclure le champ de l'éducation populaire et des pratiques amateurs,
quitte à les avoir en partage avec avec Jeunesse et
Sport"119. Le CSMA fait des recommandations que le
ministère est libre de suivre, néanmoins celle-ci exprime son
positionnement allant vers des changements dans l'intervention de l'Etat.
En dépit de la volonté de pérennisation,
il semble que cette instance s'essouffle. La dernière assemblée
plénière date de juillet 2007, et selon le propos Philippe
Teillet en juin 2007, il était encore dans une phase de construction
d'une politique nationale alors que les nouveaux enjeux se placent au niveaux
territorial et européen. Néanmoins le spécialiste
était lucide lorsqu'il affirmait "si le CSMA s'empare de
quelque sujet que ce soit, c'est à [son] sens de façon
nécessairement provisoire et pour favoriser le passage d'une
époque des politiques culturelles à une autre. Ce en quoi le
domaine des musiques actuelles a, incontestablement, un coup
d'avance"120.
II.4. L'encadrement institutionnel des pratiques amateurs
?
Cet APDL propose la reconnaissance et la définition
dès son premier article ce qu'est un amateur dans le spectacle vivant
comme "toute personne qui pratique, seule ou en groupe, une activité
artistique à titre de loisir et qui tire ses moyens habituels
d'existence de salaires ou de revenus étrangers à cette
activité"121. Le terme de "loisir" fait encore
débat en raison du développement de cette activité encore
définie comme "accessoire" dans la vie sociale qui rend sa distinction
plus difficile, comme nous avons pu le constater. Pour favoriser la rencontre
entre les professionnels et les amateurs des exceptions sur la
présomption de salariat ont été retenues lorsqu'un artiste
se produit dans un spectacle lucratif. Le texte prévoit également
l'encadrement légal des spectacles non-lucratifs en leur fournissant une
définition, une présomption de bénévolat et les
conditions afférentes. De plus, il propose de réduire la
présomption de lucrativité à partir de laquelle les
spectacles pouvaient être requalifiés grâce à un
faisceau d'indices comme l'ampleur du spectacle, la location de matériel
professionel ou la publicité professionnelle. À l'instar, du
bénévole dont le statut est en cours de discution, les
institutions publiques se lancent dans l'encadrement de l'amateurisme avec
l'objectif de l'avantager. Peut-on considérer que
l'institutionnalisation de ces pratiques comme intrusive dans les loisirs des
individus ? Ces pratiques sont attachées aux affects des individus, leur
reconnaissance ne suffirait-elle pas ?
À la demande du Ministre de l'Intérieur, le
Premier Ministre a chargé une commission
11 9Disponible sur
http://www.csma-info.fr/upload/1220260990/CSMA-COM2.pdf
120Teillet P., 4 questions aux membres de
ces instances, disponibles sur
http://www.irma.asso.fr/4-questions-auxmembres-de-ces?xtor=EPR-
1
121 Disponible sur
http://www.famdt.com/Publish/document/206/PratiquesAmateur-ResoFAMDT.pdf
parlementaire, dirigée par le député
Jean-Louis Dumont, de réfléchir aux solutions pour
résoudre des problèmes d'ordre public causés par les
rassemblements festifs clandestins et légaux, c'est-à-dire sur
les free parties et les quatre teknivals annuels. Ce rapport ne concerne donc
pas les aspects culturels de ces manifestations. Le Premier Ministre a
également prescrit la méthode d'élaboration de ce rapport
qui est sans la nommée la "co-construction tripartite" : "vos
propositions devront avoir fait l'objet d'une large concertation, associant les
représentants des différents ministères concernés,
leurs services déconcentrés, les élus locaux et les
réprésentants du "monde" techno et les associations qui
interviennent lors de ces événements "122 . Mais
les choix de cette commission ne l'ont pas amené à analyser
l'intégralité du "monde" de la techno. "Ce seront les free
parties qui seront étudiées ici". Cela renforce encore mon
choix d'avoir porté mon attention et mon analyse sur des organisateurs
car leur pratique n'intéresse a priori ni la recherche ni les
autorités publiques. J'ai tenté de l'expliquer au cours de ce
sujet, lors de mon enquête la frontière entre la
légalité et l'illégalité est floue. Même si
je tiens compte des travaux allant dans ce sens, j'ai tenté de montrer
que les distinctions ne sont pas si tranchées.
"Comprenons-la, encadrons-la, accompagnons-la. C'est notre
rôle, c'est notre devoir." Dans la phrase de conclusion de la
description du phénomène techno, le rapport parlementaire
souligne l'enjeu de reconnaissance de l'altérité du mode de vie
choisi par les acteurs de la free party. Or encadrer ces fêtes ne
serait-ce pas contradictoire avec l'idée de clandestinité
développé ? En effet, concernant les pratiques amateur, la
proposition 5 reprend l'APDL préparé par la DMDTS qui vise
à créer un statut de musicien amateur. La proposition 6
recommande de renforcer les structures de dialogue entre les organisateurs avec
les institutions publiques123.
III. Les représentants de la techno
Pour faire valoir leurs intérêts, les acteurs du
mouvement techno peuvent agir de leur propre chef ou bien entrer dans le
dialogue avec les institutions publiques. Dans le deuxième cas, ils
doivent se regrouper au sein de structures représentatives qui ont la
charge de protéger leurs intérêts. Nous allons tout d'abord
examiner trois représentants nationaux du mouvement techno et ensuite
voir que les représentants des musiques actuelles travaillent aussi
spécialement sur cette esthétique.
122 Fillon F., Lettre à Jean-Luois
Dumont, in Les Grands rassemblements festifs techno, Jean-Louis Dumont, 2008,
p. 4, disponible sur
http://www.jeanlouisdumont.fr/fr/les-grands-rassemblements-festifs-techno/
123 Dumont J.-L., op. cit.
III.1. Techno+, structure d'information sur les risques
liés à la santé.
Créée en 1995 par des acteurs de terrain,
Techno+ se présente aujourd'hui comme une "association de militants,
défendant la culture Techno et la mise en place d'une politique de
réduction des risques liés à l'usage
récréatif des drogues, c'est-à-dire une politique
basée sur la responsabilisation des consommateurs et non sur l'interdit
et la répression "124 . Animée par une
équipe de bénévoles, Techno+ intervient comme une
structure d'information et de sensibilisation en installant des
chill-out dans les fêtes techno (free party, rave, clubs...).
Elle distribue des documents d'information, entretient des partenariat avec
d'autres structures de sensibilisation à la santé notamment
Médecins du Monde, ASUD et AIDES.
Elle représente ainsi l'intérêt
spécifique de la santé dans la culture techno ce qui lui a valu
dès 1998 d'obtenir la reconnaissance du Ministère de la
Santé par le biais de subventions. Avec ce soutien, le projet s'est
étendu, d'une part en mettant en place une collaboration avec les
voisins européens afin de "développer une banque
d'information relative aux stratégies de réduction des risques en
milieu techno", et d'autre part en décentralisant technoplus sur le
territoire national. L'intervention publique n'est pas ni homogène ni
continue, aussi au motif de l'élection présidentielle en 2002,
les financements publics ont été gélés et Techno+ a
dû faire face à un procès intenté par le
ministère public en raison de deux flyers distribués, soi-disant
"incitatifs". L'association a finalement réussi à
légitimer son action et obtenir de nouveau le soutien des institutions
publique de la santé en 2004. La mission menée par Techno+ dans
la culture techno dépasse tous ses clivages internes si bien qu'elle se
rapproche d'une mission de service public sans pour autant être
définie comme telle.
III.2. Technopol, le syndicat des professionnels de la
culture électronique
Comme je l'ai évoqué plus haut, l'association
Technopol est apparue suite à l'interdiction de la soirée Polaris
à Lyon en 1996 et "a donc été créée
grâce à une mobilisation des acteurs de la scène
électronique française, décidés à s'unir
pour mieux défendre leurs droits, pour favoriser la reconnaissance de
leur musique par les pouvoirs publics et pour la promouvoir auprès du
grand public "125 . Ainsi, Technopol se présente comme
un interlocuteur, un médiateur entre un réseau de 200 membres,
acteurs de terrain, les pouvois publics et les médias.
Elle a défini ses rôles mais on peut les
résumer par trois champs d'intervention. Tout d'abord, elle agit dans
la structuration du mouvement électronique et accompagne les acteurs
dans leur
124 Disponible sur
http://www.technoplus.org/index.php?option=com_content&task=view&id=25&Itemid=94
125 Disponible sur
http://www.technopol.net/assotechnopol/presentation
professionnalisation. Pour atteindre cet objectif, elle
propose "des conseils une compétence juridique et technique" .
Ensuite, elle intervient dans une dimension politique en tant que
médiateur avec les pouvoirs publics et les médias : elle
"valorise et défend la scène électronique". Dans
ce cadre "Technopol défend les organisateurs qui ont choisi la voie
de la légalité ou qui souhaitent se professionnaliser". En
effet, elle est le syndicat des professionnel exerçant leur
activité dans les muqies électroniques et représente leurs
intérêts dans des instances comme le GEMAP (Groupement des
Entrepreneurs de Musiques Actuelles et Populaires). Enfin, Technopol organise
la Techno Parade et les Rendez-Vous Electroniques à Paris, deux
événements qui constituent son intervention dans la dimension
artistique.
Le mardi 10 mars 2009, Technopol a annoncé sur dans la
rubrique « actualité professionnelle » du site de l'Irma
qu'elle ouvrait son propre centre de ressources dédiés aux
musiques électroniques avec le même objectif : participer à
la structuration de ce nouveau secteur de la musique126. Cette
annonce laisse imaginer le nouveau rôle que l'association va tenter
d'endosser dans ce secteur, celui du médiateur de l'information.
Technopol a déjà produit une étude quantitative
intitulée "Les participants de la Techno Parade 2003" sous la direction
de l'ethnologue Etienne Racine, responsable du Laboratoire de Technopol.
Seulement cette médiation commande un certaine neutralité et je
me questionne quant à sa viabilité puisque Technopol ne
représente pas tous les acteurs. Elle les divise selon la nature de la
fête free ou rave en fonction donc de la légalité, puis
selon le statut des acteurs entre professionnel et amateur. De plus,
l'organisation et la mise en place de la Techno Parade constitue une lourde
tâche annuelle qui mobilise beaucoup d'attention et
d'intérêts sans garantir la visibilité de toutes les
esthétiques issues de la techno.
III.3. Un réseau d'acteurs en construction
Le Réseau des festivals de culture électronique
"a pour but de fédérer les festivals de musiques et des
cultures électroniques, nouvelles, alternatives, adhérents au
réseau, leur développement et leur promotion en France et
à l'étranger"127. Il a été
créé en 2006 à l'initiative de 5 d'entre eux Astropolis,
Calvi On The Rocks, Marsatac, Nördik Impakt et Les Nuits Sonores et
comptent aujourd'hui 8 membres. Les membres se reconnaissent dans une charte
commune d'objectifs de représentation collective et de communication
commune, de mutualisation d'outils et de partage d'informations ainsi que
d'expériences. Cette charte consacre également une série
d'engagements pris par les adhérents concernant la programmation
musicale, d'autres envers les artistes et le public,
1 26
http://www.irma.asso.fr/Technopol-ouvre-un-lieu-ressource
127 Disponible sur
http://www.irma.asso.fr/Charte-du-reseau-des-festivals-de
de leur rôle aux niveaux local et national. Les
adhérents s'engagent enfin à respecter les règles en
vigueur quant aux professions du spectacle : possession des licences, respect
de règles de sécurité et acquittement des droits d'auteur.
Ce nouveau réseau représente ainsi les intérêts
collectifs d'une profession exerçant son activité dans le cadre
particulier des festivals et bien que l'association Hadra soit organisatrice
d'un festival annuel de trance techno, elle n'est pas adhérente à
ce réseau. Il semble qu'il existe de nombreux écarts entre ces
acteurs d'une culture électronique large et
hétérogène.
III.4. La création d'outils pour favoriser la
concertation
Des rencontres concertées produisent aussi des
informations sur la techno dans le but de mieux comprendre pour mieux
intervenir dans ce champ. Le 13 juin 2006, les Rencontres
interrégionales Bretagne - Pays de la Loire se sont
déroulées à Nantes sur les free parties pour poser
"les jalons d'une concertation où les respinsabilités se
dessinent, où les conditions du "vivre ensemble" s'organisent dans le
respect des différences et de l'intérêt
général". De nombreux sujets ont été
abordés sur la techno sur les différents aspects du mouvement et
pour renseigner les profanes les rencontres ont fait l'objet d'une publication
intitulée "Free party techno, livret à l'usage des
démarches de concertation".
Comme le rappelle Gérôme Guibert lors de cette
rencontre, il n'existe pas de représentant "officiel" de la fête
techno. Il ajoute que "s'il y a des accords "en creux", c'est-à-dire
fondés sur des oppositions (refus de certaine décisions
publiques), "il n'y en a pas "en plein", c'est-à-dire fondés sur
une volonté de construction"128. Cette remarque permet
de comprendre l'impasse devant laquelle se trouve la culture techno pour
l'instant. Le schéma du progrès qui passe dans les musiques
populaires de la reconnaissance à la structuration d'un secteur n'est
sans doute pas celui qui correspond à la culture techno. En attendant
l'apparition d'un telle volonté, on peut considérer la techno
comme un OVNI dans les musiques actuelles permettant de repenser la
construction de cette catégorie. Dans une intervention où il
présentait l'historique des musiques actuelles, Gilles Castagnac
affirmait que "la question des free-parties redéstabilise le nouvel
équilibre fragilement obtenu avec les pouvoirs publics (tout en
redonnant, il faut l'avouer, un coup de jeunesse à l'enjeu des
débats)"129. Suivant l'exemple positif du
département de la Marne où la concertation a été
mise en place, les auteurs du guide de la concertation sont convaincus de ce
mode de prise de décision. À Rennes, l'association Adrenaline a
été créée à la suite
d'Etats-Généraux sur la techno pour assurer avec le
128 Free party techno, livret à l'usage des
démarches de concertation, réalisé par Musiques et
Danses en Bretagne, Trempolino et Korn'g'heol, disponible sur
http://www.trempo.com/IMG/pdf_free_parties.pdf
129 Castagnac G., op. cit.
collectif Korn'g'heol le rôle de médiation entre
les acteurs du mouvement et les insitutions publiques. Pour gérer les
problèmes, il propose la notion de « coresponsabilité »
associant les organisateurs et les personnes publiques. Les enjeux de la techno
sont les enjeux des musiques actuelles, il serait donc opportun de
réfléchir aux apports de la techno dans cette catégorie.
La structuration des musiques actuelles n'est pas un processus achevé,
il s'agit au contraire d'un processus continu tant que les esthétiques
qui les composent évoluent et/ou que la catégorie en
intègre de nouvelles. De plus, la reconnaissance de la démocratie
culturelle et la décentralisation des politiques culturelles entrainent
de grands bouleversements dans l'intervention publique. La techno est certes
une esthétique mondialement répandue, elle demeure
néanmoins localement exprimée. La stratégie du dialogue
avec les institutions doit donc impérativement en tenir compte.
Conclusion : le loisir dans l'institutionnalisation, le
point de
départ de recherches sur les cultures
Les fêtes techno sont dans le cadre de l'analyse
maffésolienne des fêtes où les individus expriment leur
besoin d'extase, leur besoin de croire qu'ils forment une communauté.
J'ai volontairement utilisé le terme "soirée" pour marquer les
différences que j'ai pu observées lors de mon enquête. En
effet, ici "fête" et "soirée" ne sont pas synonymes. La
"soirée" marque le moment entre la durée de temps entre le
coucher du soleil et le moment où l'on se couche. Elle désigne
aussi la sortie extérieure que les individus font dans le cadre de leur
loisir, le soir. La soirée techno désigne donc plus un spectacle
que les organisateurs ont participé à créer et auquel le
public vient assister. Le public est un élément de la
soirée, une des conditions de la fête, mais il est aussi le
destinataire du spectacle. À ce titre, on peut relever dans les
entretiens de nombreuses références au public et non plus
uniquement aux participants de la fête, comme Stéphane : "en
début de soirée, tu sais jamais combien tu vas faire. Tu penses
faire 500 personnes, tu vas en avoir 200. Tu penses en avoir 300, tu vas en
avoir 800. Tu sais pas. Une soirée, c'est aléatoire". De
plus, ce public est constamment mesuré car toute soirée
nécessite un minimum d'entrées et un minimum de recette au bar
pour pouvoir combler les frais engagés par l'organisation. D'ailleurs,
les organisateurs échangent des informations sur les soirées
qu'ils n'organisent pas et la question du nombre d'entrées est
récurrente et centrale pour juger du succès d'une
soirée.
Après, ces spectacles sont particuliers. Ils sont
différents de la sortie au cinéma ou à un concert.
"C'est un concert, c'est pas une rave party. C'est un concept : venez voir
tel dj. Les amateurs de musique sont pas obligés d'aimer certains styles
de soirées ou certains styles de vie. Nous, notre style de vie c'est
écouter de la musique et danser jusqu'à épuisement",
m'a répondu Anthony après que lui ait demandé ce qu'il
pensait d'une soirée techno à la Casa Musicale. Dans cette
réponse, cet organisateur prend la position du participant. Les
organisateurs militent en effet pour cette forme de spectacle. Ce temps peut
être central dans la vie d'un individu qu'il n'en reste pas moins un
loisir. Le temps de travail est alors mis au second plan dans ce choix. Alors
le goût pour la musique techno, l'expression artistique subversive, faire
primer le loisir sur le travail, est interprétable comme une critique du
système économique orienter vers la production et la croissance.
Celle-ci peut apparaitre pour beaucoup comme une illusion. Pourtant les
médias de masse et particulièrement la télévision,
ne cesse d'en décliner les exemples. À propos de la
déviance de ce loisir et de la fête, je citais Philippe Muray car
je pense que son ouvrage dénonce ce choix des individus d'orienter leur
priorité dans la fête. La fête techno pourrait s'expliquer
par une forme de consommation de l'instant, même
s'il s'agit de "bonheur artificiel".
Lorsque l'individu participe à l'organisation de
soirée techno, il ajoute à sa vie une activité de loisir
dont l'organisation peut rappeler celle de l'entreprise. Cette évolution
du mouvement techno est un signe fort de son institutionnalisation et de sa
structuration, le loisir ne disparait pas dans la professionnalisation. Ce
temps de loisir n'est donc pas en ce sens dysfonctionnel. Le loisir est un
temps de délassement, de divertissement ou de développement
personnel. Il remplit donc des fonctions nécessaires dans la
société industrielle moderne. Le loisir est de ce point de vue
une soupape de sûreté nécessaire à la non explosion
de la machine productiviste. Organiser une soirée est un investissement
plus important que faire uniquement la fête. Il faut parfois plusieurs
mois de préparation d'une soirée avant que l'accès soit
ouvert au public : chercher le lieu, préparer le flyer, fabriquer la
décoration, etc. On peut comparer ce temps de préparation
à celui des sportifs qui s'entrainent avant de jouer un match en public.
Toutes ces tâches, aussi ingrâtes soit-elles sont librement
accomplies par les organisateurs pendant leur loisir. En effet, la
particularité de ces activités pour les organisateurs est
qu'elles sont effectuées pendant le temps libre et non pendant le temps
contraint du travail. Les organisateurs rencontrés ont parfois le
sentiment que le public ne comprend pas cette différence de
temporalité. Ceux-ci ont cette exigence envers les participants et
aimeraient que ces derniers ne se comportent pas uniquement en consommateurs de
la fête. Stéphane Hampartzoumian accuse la sociologie de laisser
le "temps", objet de science, à la physique et à la
philosophie130. Norbert Elias est d'ailleurs cité comme
l'auteur qui pensa le temps en sociologie dans son ouvrage. Pourtant le GREMES
n'a toujours pas penser la fête techno en dehors de la fête, dans
sa préparation. Cette temporalité sociale est celle qui a
été mise en avant pas les organisateurs au cours de
l'enquête. C'est la raison pour laquelle il convient de ne pas
résumer la fête techno au culte du présent et à la
peur dans les incertitudes de l'avenir. La fête techno n'est pas
seulement vécu, elle est aussi prévue.
S'adonner à une pratique de loisir dans un mouvement
culturel ou promouvoir un mouvement culturel identificatoire pendant son temps
de loisir, voilà ce que j'ai pu analyser au cours de mon enquête
de terrain auprès d'organisateurs de soirées techno. On retrouve
les liens entre le loisir et la culture dans les musiques populaires, ce qui
conduit à une réflexion plus large sur la participation des
individus au développement des cultures populaires dans le monde du
spectacle. Le paradigme du loisir fournit une bonne grille d'explication des
fêtes techno mais cette approche est loin d'être parfaite et
gagnerait à être encore réfléchie.
Ce mémoire est construit à partir d'une
enquête sur un pan du réel. À défaut de l'avoir
analysé complètement, j 'ai tenté de le décrire
au mieux en utilisant la méthode compréhensive de
l'idéal-
130 Hampartzoumian S., op. cit. p.138
typification. De nombreuses questions sont apparues au cours
de la réflexion et de l'écriture de ce mémoire sans que je
puisse y répondre à cause du manque de temps et de données
de terrain. Les conditions d'un mémoire sont ses propres limites :
enquête de terrain trop courte, délai imparti trop bref et
mobilisation de références théoriques difficiles pour
l'étudiant.
La dernière partie a été
rédigée un an après en raison de la prolongation de ce
travail. Même si elle s'insère différemment que les autres
grâce aux citations d'entretien par exemple, elle élargit la
réflexion sur la techno que l'on a souvent tendance à isoler.
Pour la construire, j'ai reccueilli des données provenant de divers
médias constituant ma "veille informative" et me suis inspiré de
mes réflexions nourries pendant cinq mois de stage à l'Irma.
Cette expérience a été l'occasion de prendre du recul sur
le "monde" de la techno et de le placer dans le champ des musiques actuelles.
La techno et les musiques populaires ne doivent pas être penser
séparément vis-à-vis du politique car même si
certaines particularités sont traitées différemment, la
techno est une musique populaire qui modifie la catégorie.
J'aurais aimé traité du rapport qu'entretiennent
les organisations avec l'Espagne, c'est-à-dire avec des acteurs de
terrains et les institutions, pourquoi certains choisissent de s'y installer
pour continuer l'organisation de soirées, etc. La situation
transfontalière dans laquelle j'ai effectué mon enquête
était favorable à ces questionnement, mais tous les aspects du
réel ne peuvent être envisagés dans le même sujet
Pour finir je souhaite revenir sur le rapport parlementaire
que j 'ai présenté, dirigé par le député
Jean- Louis Dumont. Les terminologies construites dans ce rapport sur les
acteurs et les fêtes sont trop figées. En effet, l'étude
sociologique présentée ne fournit aucun élément de
méthodologie et se risque dans des typologies excluantes. La sociologie
ne consiste pas à mettre les individus et leurs pratiques dans des
catégories mal pensées pour leur appliquer je ne sais quelle
politique, mais est un formidable outil de compréhension du monde lequel
commande de l'observer pour l'analyser. La construction des idéaux-types
est une méthode d'analyse dont l'efficacité repose à mon
sens dans l'explicitation de la réflexion, des choix
opérés pour découper conceptuellement une
réalité et la comparer finalement avec cette abstraction. Pour
répondre à la demande de l'institution, ce rapport a fait le
choix de la mythification des fêtes techno. De plus, la majeure partie de
cette étude est focalisée sur l'altérité du mode de
vie choisi par les acteurs de la free party. Au contraire dans mon propos, je
me suis efforcé de montrer ses liens avec les différents modes de
vie et même déclinés de différentes manières,
les fondements ne sont pas si éloignés. Néanmoins, neuf
propositions émanent de ce rapport "pour favoriser l'acceptation de
cette culture musicale dans notre pays", selon l'association Techno+. Ces
recommandations concernent en priorité les grands rassemblements techno,
néanmoins on peut retenir en particulier trois propositions qui touchent
l'activité des
organisateurs de soirées techno : créer un cadre
souple de musicien amateur, favoriser la circulation et la rencontre entre
musiciens amateurs et professionnels, renforcer les structures de dialogue
entre les organisateurs et les institutions. Le rapport fait l'analogie entre
le sport et la musique, deux activités du temps libre où se
distinguent les pratiques amateurs et les pratiques professionnelles. Or, aucun
statut de musicien amateur n'existe si bien que l'on présume la
professionnalisation du musicien. Ce statut de mucisien amateur, outre qu'il
reconnaisse la non-lucrativité de l'activité d'un spectacle de
musique créerait "une passerelle" entre les deux statuts au
bénéfice de l'amateur désirant faire de son loisir une
profession ou du moins faciliter les spectacles mixtes. Enfin, le rapport
préconise de renforcer le dialogue entre les organisateurs et les
institutions au niveau départemental en confiant cette mission à
la Direction de la Jeunesse et des Sports du fait des similitudes existant
entre le sport et la musique amateur : pratiques des amateurs, âge des
personnes concernées et vie associative. Par conséquent, le
courant culturel techno pourrait s'institutionnaliser davantage.
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www.jeanlouisdumont.fr
www.irma.asso.fr
www.foruma.fr
www.famdt.com
www.trempo.com
Annexes
Transcription des entretiens
Entretien réalisé avec Anthony
|
p.70
|
Entretien réalisé avec Julien
|
p.84
|
Entretien réalisé avec Ben
|
p.95
|
Entretien réalisé avec Emilie
|
p.97
|
Entretien réalisé avec Tristan
|
p.99
|
Entretien réalisé avec Damien
|
p.103
|
Entretien réalisé avec Stéphane
|
p.104
|
Entretien réalisé avec Renaud
|
p.125
|
Entretien réalisé avec Amélie
|
p.125
|
Entretien n°1 réalisé le 18 mars
avec Anthony, Antomn'y(dj) organisateur de soirée
(Mystic Chrysalide-Melting Pot for Evolution Underground)
Conditions : Inviation à mon
domicile, je connais Anto depuis une soirée underground dans un local
chez un ami. Je lui ai expliqué depuis quelques semaines que je
préparais un mémoire de sociologie sur les organisations de
soirées techno dans le département.
Comment tout a commencé pour toi?
« Il me semble que c'était en 1995, on a
créé Melting Pot for Evolution, une association, avec une copine
et un copain à moi. Notre délire c'était d'organiser des
soirées, alors comme t'avais pas le droit d'organiser des raves party et
des soirées techno à l'époque, nous on montait des
soirées.. .des « expositions d'oeuvres artistiques en 3 dimensions
», on a commencé comme ça « expositions d'oeuvres
artistiques en 3 dimensions ». J'suis allé la déclarer
à la gendarmerie du village à côté. Ils ont dit :
« bon bah très bien, on viendra la surveiller sur le parking voir
si tout va bien ». et voilà, ils ont entendu la musique, ils ont
rien dit, y-a pas eu d'histoire. Et mon délire, c'était de monter
des soirées, de créer des ambiances parce que le rôle d'un
dj c'est de créer une ambiance, si tu regardes la définition d'un
disc jockey c'est un créateur d'ambiance. Voilà. C'est la
personne qui est chargée de passer des disques, mais c'est elle qui
crée l'ambiance dans une boite. Et mon délire à moi,
c'est
de créer justement une ambiance avec une soirée
thématique , un thème, avec à chaque fois, un nom pour la
soirée, style...la première on l'avait appelé NewVision.
Le fly c'était un oeil monté sur un ressort, un truc un peu..un
peu...un peu tordu quoi ».
Son téléphone sonne. Je lui propose de
répondre. C'est Richard, un ami d'Anto que j'ai rencontré en
même temps. Il va venir chez moi.
« Ouai donc je sais plus où j'en étais.
»
Tu parlais de Melting Pot, d'expositions.
« Ouai donc on montait des soirées à
thème ».
Et c'était dans les années début 90 ?
« 95-96 ».
Les premières raves, à Perpignan, avaient
déjà eu lieu ? « Oui. »
D'accord. Donc vous avez suivi un mouvement ou bien vous vous
êtes inscrits dans quelque chose de différent ?
On a suivi un mouvement, disons que ce qui c'est passé que
quand j'ai découvert en 93 avec l'expérience. J'écoutais
que du rock à l'époque. J'étais AC/DC, Led Zepplin, Pink
Floyd, vachement rock années 70. Et, j'ai découvert avec
l'expérience ce que c'était la techno et tout, ça m'a pas
tellement plu. Et peu de temps après j 'ai découvert ce que
c'était les soirées en Espagne, les soirées techno, en
Espagne, avec des djs français comme J.-R., Fred Tassy, Cybersonic,
Spdy'T et tout ça. Qui était également le début des
soirées pour eux en Espagne, parce que c'était à
l'époque des Boréalis à Montpellier. On va dire que le
mouvement est descendu du nord en descendant vers le sud. C'est parti de
Belgique, Hollande tout ça et c'est redesendu sur Paris machin et tout.
Et puis c'est redescendu vers le sud. Les premiers c'était à
Montpellier Boréalis. Et ça a été l'euphorie,
ça a
été des gros trucs graves quoi, c'était des
grosses soirées. Les espagnols montaient, ils ont halluciné. Puis
après les djs sont partis en Espagne pour lancer un peu tout ça.
Bon ça s'est développé dans toute l'Espagne. Je dis pas,
c'est pas par Perpignan et Gérone quoi. C'est passé par les 2
frontières, ça s'est développé de partout quoi. Et
donc, moi, quand j'ai découvert un peu toutes ces soirées, tout
mon délire ça a été de monter des soirées
tel dj, tel dj, tel dj. Tiens je le verrai bien joué. Je me faisais ma
sélection musicale finalement. Lorsque j'organisais une soirée je
me faisais ma sélection musicale comme toi quand tu vas sur ton ordi te
faire une playlist Winamp. [D'accord] Voilà pareil. Donc je me
disais, tel dj en début de soirée parce qu'il joue plus calme,
tel dj après ça va monter, tel dj après, tel dj
après. Je me faisais comme ça un line-up, une évolution.
Et c'est vrai : au niveau musical il y a toujours une progression dans la
soirée. Pas comme font certains aujourd'hui où on te balance
n'importe, tel dj à n'importe quel moment et où t'en a un qui va
tabasser, l'autre après qui va être mou et l'autre après...
Bon en tout cas garder une certaine logique, une certaine évolution dans
la musique. Tout comme il faut avoir dans sa session, il faut avoir une session
progressive machin. Ca sert à rien d'attaquer très fort pour
redescendre derrière. Enfin c'est mon avis, après chacun ses
goûts : après c'est une question de goûts et de couleurs.
Donc j'me suis mis très tard au mix. Au début, moi, mon plaisir
c'était justement de créer cette ambiance, cette
atmosphère en faisant venir des djs que j'aimais bien, dont j'aimais la
musique, que je connaissais d'avant parce que je les avais entendu mixer et
ça a été mon trip de toujours. Et bon maintenant, au jour
d'aujourd'hui, mon délire c'est plus de mixer. C'est toujours de monter
des soirées et tout ça. Mais bon ça implique...à
l'époque j'étais un peu plus maître de mes soirées
et aujourd'hui ça implique de faire beaucoup plus de concessions par
rapport au gens de l'organisation autour. »
Tu parles des gens avec qui tu travailles dans les
organisations. Alors pour revenir à ce que tu appelles le Melting Pot
Underground, justement c'est une association existante ?
L'association s'appelle le « Melting Pot For Evolution
» entre paranthèses « of the mouvement techno ». C'est ce
qui a été enregistré au journal officiel des associations.
Elle existe encore aujourd'hui, mais au niveau légal on est un peu
hors-la-loi. Pourquoi ? Parce que il y a jamais eu de suivi au niveau des
papiers et tout ça, on a jamais fait de conseil, on a jamais fait tout
ce qui faut faire pour qu'une association tienne la route. Même
déjà à l'époque, on le faisait pas. On avait un nom
au journal officiel, on avait les autorisations pour les soirées pour
les endroits privés
etc. au nom de l'association. Toutes les
locations étaient au nom de l'association, que ce soit pour les
boissons, pour le son etc. Et en tout cas on l'a jamais tenu au niveau
paperasse, il y a jamais eu de secrétariat bien... [un trésorier,
un secrétaire...]. Voilà. Au début on était 3.
Rapidement il y a une fille qui s'est barrée, c'était la
trésorière, donc....
Pourquoi avez-vous créé cette association, vous
en aviez besoin à cette époque pour monter des soirées ?
Pour l'aspect légal. Pour rentrer dans un aspect
légal. Parce que monter des soirées à l'arrache dans la
nature c'est facile, mais nous, on voulait louer des endroits. On voulait
même créer des gros évènements. On avait un projet
énorme. On avait commencé à le travailler avec le conseil
municipal de Perpignan. C'était de faire Fort Liberia au-dessus de
Ville-Franche-de-Conflent. Tu connais Fort Liberia au-dessus de
Ville-Franche-de-Conflent ? [un peu oui]. C'est joli, c'est un endroit
magnifique. On voulait faire un événement là-haut avec
style : soirée médiéval, électro, machin, avec,
spectacle de projection, cracheurs de feu, musique, stands, avec des
activités la journée et
tout. On voulait faire vraiment un projet comme ça et puis
on a laissé tomber parce que c'était un projet trop
démesuré et on était pas assez nombreux. Et puis on avait
pas assez de soutien de la part de la mairie. Il fallait qu'on monte un projet
vraiment béton et puis on était un peu jeune. On est pas
allé au bout du projet. Donc après on a un peu laissé
tomber l'asso.
Très bien. J'suis allé voir ton Myspace, t'as
mis un descriptif de ton parcours. Qu'est-ce que t'entend quand tu dis :
« je suis marchand d'ombre la semaine et dj le week-end» ?
Parce que je vendais des stores. J'étais commercial et
justement ça fait presque 10 ans que je travaille dans le store.
[d'accord]. Donc c'est pour ça, j'étais commercial et je vend de
l'ombre. Il y en a qui vendent du vent, moi je vendais de l'ombre. Pour dire
que j'ai un métier qui me fait vivre et puis j'ai une passion qui me
fait vivre aussi, mais différemment.
D'accord, mais quand tu dis cela, ça fait vraiment la
différence entre ton travail et puis ton loisir.
Voilà. Je fais bien entendre que je vis pas du dj. Parce
qu'aujourd'hui il y en a pas qui peuvent prétendre vivre du dj. Sauf des
très grosses têtes d'affiches, ça implique... vivre du dj ,
ça implique d'avoir un mode de vie autre qu'un mode de vie sociale, qui
te fait sortir du mode de vie sociale. [c'est pas le choix que tu as fait ?].
Par rapport à mes parents, par rapport à beaucoup de choses. [et
t'es père]. A l'époque où j'ai eu ma fille, j'ai
arrêté de sortir pendant 4 ans. J'ai carrément
déconnecté donc, des soirées, de mes amis pour pouvoir
construire un peu plus ma vie. Parce que c'était tralala tous les
week-end, ça fait pas avancer. Et le temps que tu te réveilles le
week-end c'est déjà mercredi et 2 jours après c'est
déjà le week-end. Après t'as les semaines qui sont plus
courtes que les week-end.
En effet c'est un rythme essouflant ! Ensuite, tu dis que
« tu n'es résident d'aucun club ». Qu'est-ce que c'est, pour
toi, de résider dans un club ?
Un dj résident dans un club, c'est quelqu'un qui travaille
pour le club. Par exemple tu as.. .Cybersonic par exemple était
résident du Palm Beach. C'était le dj résident,
c'était le responsable artistique également. Résident,
ça veut dire que tu travaille dans ce club.
Donc pour lui, ça veut dire qu'il en faisait sa
profession réellement.
Voilà. Comme dj bidule c'est le résident de la
boite pourrie qui est à côté en bas, le Milord. Et bien ils
ont un dj : dj Fred ou dj Albert ou dj Jean-Luc ou va savoir et bien le mec,
c'est le dj résident. C'est pour ça que sur les flyers, sur les
line up des soirées tu vois dj untel Mystic Chrysalide, dj untel Melting
Pot, dj untel résident, ça veut dire que c'est le mec de la
boite.
Et si on parlait de la soirée du 5 avril ou
peut-être d'abord parler de... Je sais pas si on va la faire
finalement (rire). Je rigole.
On va plutôt parler de ton histoire avec Mystic
Chrysalide. Comment as-tu rencontré les autres membres et qu'est-ce que
tu fais au sein de Mystic Chrysalide ?
Moi, en fait, Mystic Chrysalide, c'est....Je connaissais les gens
qui l'ont créé. Donc il y avait Spdy T, mon meilleur pote. Il y
avait M., c'est un des responsables de l'asso, c'est le président que je
connaissais depuis longtemps parce qu'on a souvent mixé dans des
soirées en commun sans vraiment se connaître, mais on a souvent
été amené à mixer dans des afters et des
soirées où on était ensemble. Moi, à
l'époque je mixais plus trance que ce que je joue aujourd'hui. Et S. que
je connais depuis longtemps. Après il y a les filles qui s'occupent de
la déco et tout ça que j'ai connu petit à
petit. Mais pour la plupart, c'est des gens que je connaissais
avant Mystic Chrysalide déjà. Moi, je ne suis pas avec l'asso
depuis le départ. Eux, ils ont créé l'asso, ils y sont
depuis le début. Moi, j'ai été greffé par la suite
parce que au début T. m'invitait à mixer. Donc j'allais mixer
bénévolement pour aider l'asso etc. Bon, j'arrivais à la
soirée, hop, je posais mes disques, je les remballais et je repartais
quand je voulais. J'étais, on va dire, invité. J'ai
été invité à 2 soirées et au bout de la
deuxième soirée, T. m'a dit : "bon j'ai besoin de quelqu'un pour
m'occuper du deuxième son, donc j'aimerais bien que tu rentres dans
l'asso. J'en ai parlé aux autres, ils sont d'accord". Donc je suis
entré dans l'asso à ce moment là, ça fait
maintenant, ça va faire 2 ans maintenant je crois.
D'accord, et l'association existe depuis combien de temps
?
Depuis 3 ans et demi je crois. Je crois qu'on a fêté
les 3 ans au mois de septembre.
Et donc entre ta première expérience en 1995,
où tu as organisé justement cette exposition et il y a à
peu près 2 ans et demi, au moment où tu es entré à
Mystic Chrysalide, qu'est-ce qu'a été ton implication dans le
mouvement techno dans le département, même au-delà ?
Moi, j'ai jamais arrêté de monter des
soirées, mais des soirées underground. J'ai continué
à monter des soirées sous le nom de Melting Pot dans des boites
et tout ça, style au Marina, style dans d'autres boites ou quoi. On
trouvait des clubs, on montait des soirées dans les clubs, il y a aucun
problème. On faisait un flyer, il y avait marqué : "Melting Pot
présente machin truc au Marina". Je dis le Marina, mais il y en a eu
d'autres, il y a eu d'autres boites. Et, c'était quand même
très ponctuel, voilà. C'est resté très ponctuel, de
temps en temps, pour se faire plaisir, l'occasion de faire la fête avec
les copains, tout ça. Et sinon, on montait des soirées
underground c'est-à dire un peu plus à l'arrache, toujours sur un
terrain privé pour pas être emmerdé, mais on va dire sans
déclaré quoi que ce soit, avec un débit de boisson
illégal, avec.. .pour le plaisir de faire des soirées. Quitte
à faire des soirées plus privées c'est-à-dire ne
pas faire de fly et le dire à personne, mais au bouche-àoreille
et inviter les gens. On en est arrivé au bouche-à-oreille
l'été dernier, tu vois, tout en étant avec Mystic
Chrysalide, ça ne m'empêche pas de monter des soirées
à côté. Parce que c'est mon délire à moi
c'est pas trance goa machin, mon délire à moi c'est monté
des soirées que techno aussi. Pour mon anniversaire cet
été, on a fait une soirée il y avait 2 sons. Il avait eu
peut-être 350 personnes voire plus, dans la soirée entrée
gratuite, les boissons au bar vraiment pas cher. Et une fois qu'on s'est
remboursé, open bar. Voilà, c'est mon délire depuis
toujours, quoi l'open...me remboursé. Pas faire ça pour gagner
des tunes ! C'est vraiment pour faire la fête. Les gens qui viennent
à la soirée, bah ok, ils vont claquer des tunes, ils vont payer,
payer, payer leurs boissons machin, mais enfin je suis pas chien non plus. J'ai
bossé dans la restauration, je sais qu'un bon commerçant,
derrière un bar c'est quelqu'un qui sait quand il doit offrir ou pas.
Donc les gens savent qu'ils sont bien reçus dans nos soirées,
c'est pour ça qu'ils reviennent quoi. Et c'est un peu la contribution
qu'on apporte à Mystic Chrysalide aujourd'hui. Le deuxième son
techno, on l'apporte pour...au départ c'était un chill out, parce
que dans les soirées trance il y a toujours des chill out. Les
premières soirées ils ont fait chill out. Moi, la première
soirée où je suis allé mixé là-bas, le chill
out et bon c'était chill out également mais bon c'était
pas bien c'était des sons.. .j'ai joué mes disques trance les
plus lents....on pouvait mettre un peu d'ambient à côté,
enfin.
Un peu comme Infinity Project, ce genre de son ? (un des
groupes fondateurs de la goa trance)
Très down tempo, très souple quoi, parce que
ça se prêtait à la soirée et après petit
à petit, on s'est rendu compte qu'on avait notre public
techno-électro qui était dans ces soirées et que la trance
soulait un peu au bout d'un moment. Donc on a décidé de
faire...le chill out s'est transformé en
Electrochill. Voilà, on l'a appelé "Electrochill".
"Electrochill"ça n'existe pas ! C'est un terme qui n'existe pas. Mais
bon, vu tous les termes nouveaux qui naissent dans ce milieu, pourquoi pas
inventé un nouveau coin sage "Electrochill", voilà. Dans le
principe, le chill-out ça veut dire, c'est endroit où tu
t'écarte, où tu te mets un peu en dehors de...de tout ce qu'il se
passe...du gros son machin et de...on va dire l'excitation et de la bousculade.
Chill out c'est pour se mettre à côté, pour être out
quoi, un peu en dehors quoi, un peu plus posé. Donc voilà
l'intérêt de monter ces Electrochill. C'est d'abord un
deuxième son, c'est de pouvoir mélanger. C'est un melting pot.
Ça reste un melting pot.
Toi, quand tu parles de melting pot aussi sur le net, tu
parles de mélanger les cultures et les races. C'est la
définition du melting pot.
C'est la définition américaine oui. C'est comme
ça que tu cherches à l'appliquer.. .comment tu essaies justement
?...bon tu m'a expliquer un des moyens, avoir plusieurs sons disponibles pour
le public. Est-ce qu'il y a d'autres moyens d'essayer justement d'atteindre ce
résultat ?
Au départ, par ce qu'on a fait, le Melting Pot, il
était déjà présent, le mélange des cultures.
On avait pas le droit de faire des rave party ou des soirées
électroniques. Donc qu'est-ce qu'on a fait ? On s'est mis en relation
avec des gens des Beaux-Arts pour faire des oeuvres, des expositions d'oeuvres
artistiques. En 3 dimensions pourquoi ? Parce que tu avais...et bien
t'avais...le visuel, le sonore et puis la présence physique des gens.
T'avais plusieurs dimensions à ce niveau là. Donc ça a
été déjà,... le Melting Pot au départ
c'était pas un nom trouvé pour rien. C'était justement
mélanger différentes choses pour pouvoir, Melting Pot For
Evolution pour pouvoir faire évoluer le mouvement techno. Tu vois c'est
pour ça qu'il y a la petite parenthèse of the mouvement techno.
Je pouvais pas appelé l'asso comme ça, c'était trop long.
Donc déjà Melting Pot For Evolution...
(Pause)
Alors t'étais en train de me parler de ces 3 dimensions
du Melting Pot. (Je lui montre le flyer de la soirée du Samedi 5 Avril
2008) Donc si je reprend le visuel, le son.. .C'était pour la
soirée en question. Pour cette soirée-là d'accord. et
l' humain, c'était une des soirées Melting Pot.
Le but du Melting Pot c'est de mélanger des gens, de
milieux et de cultures différentes... Le but du Melting Pot, pour moi,
c'est de.. .déjà au Etats-Unis et puis avant les Etats-Unis,
ça vient d'Angleterre ce terme déjà à la base.
Cest.. .c'est vrai qu'on a retrouvé beaucoup plus le principe aux
Etats-Unis. C'est mélanger les cultures et les races pour pas
créer le gettho. C'est ça le principe du melting pot, si tu
renseigne un peu [j'suis d'accord] sur des expos et tout ça. Tu dois le
savoir, mieux que moi, [pas sûr] avec les études que t'as fait.
C'est pour éviter les gettho, mélanger les gens et les cultures.
Pas faire un quartier comme un St Jacques ou Beluze où t'as que des
gitans et un quartier où t'as que des arabes comme au Bas-Vernet parce
qu'après ça crée des clashs et des confrontations comme on
a pu en voir ici. C'est le cas dans des pays pauvres comme au Brésil
où tu as des getthos avec des bidonvilles et des trucs comme ça,
et puis à côté, t'as les gens qui vivent normalement. Bah
t'auras jamais d'intégration entre les gens. Donc pour nous, se faire
intégrer au milieu de ces gens-là, le mieux c'est de les inviter
à voir ce qu'on fait.
D'accord, tu...
A partir de là, tu peux être mieux
intégré je pense. Si toi, dans ton coin, tu vas te cacher sous
les ponts. "Underground", c'est ça, ça veut dire "sous les
ponts". Si tu vas te cacher sous des ponts pour
faire les soirées, les gens qui passent sur le pont, tu
les connaitras jamais. [c'est vrai] Et ils te connaitront jamais. Et ta
place, elle sera toujours sous un pont. Voilà, notre place, nous on a
voulu qu'elle soit...on s'est battu tous depuis le départ du mouvement
techno pour que cette musique soit reconnue en tant que telle, que ses
soirées soient reconnues en tant que telles, qu'on arrête de dire
: "ouai, la techno, c'est une musique de drogués. Les rave party, c'est
des endroits de débauches". Non, moi je suis pas d'accord avec
ça. C'est vrai certes.. .Mais au jour d'aujourd'hui, de la drogue, t'en
trouve dans les lycées, dans les collèges. C'était
déjà le cas il y a 10 ans, c'était déjà le
cas il y a 20 ans. Bon, ça l'est encore plus aujourd'hui... .pour moi,
les problèmes des cités et de la drogue dans les écoles et
même du racket est beaucoup plus grave que, le poblème de la
drogue dans les soirées techno. Le rock'n roll, déjà
à l'époque c'était la drogue. Ça, c'est un truc,
c'est inévitable. Bon et maintenant, justement on fait de la
prévention, on fait en sorte...on fait tout pour que.. .Bon on va
pas fouiller les mecs à l'entrée. On peut pas faire
ça. Il en a qui le font, qui ne se gênent pas. Dans certaines
soirées, ça passe mieux. Moi, j'ai déjà fait des
festivals, des grosses soirées à Montpellier ou quoi, les mecs,
il te fouillent à l'entrée. Mais tu le vois de moins en moins au
jour d'aujourd'hui, tu le vois de moins en moins ça, la fouille. [Il
faudrait faire une fouille assez minutieuse pour trouver tout ce qu'il y
a.] C'est dissuasif quoi. C'est pour le mec, le petit con qui arrive avec
sa drogue dans la poche-là, forcément il va se faire fouiller, et
hop, ils vont sentir une bosse comme ça. Il se fait goaler avec
ça, le mec, il se fait refouler et puis voilà. Où
peut-être il pourra rentrer, mais il devra laisser ça à
l'entrée ou le jetter quoi. Souvent, j'en ai vu se faire goaler : "bon,
bien tu laisses ça, tu le jette, mais tu rentres quand même". Tu
vois, c'est pas non plus, cher payé.
Toi, ton style musical ? Comment tu le définis vraiment
? Mon style musical ?
Tu me l'a déjà "sacrément" défini.
Tu m'as parlé de trance, tu m'as parlé de Melting Pot. Ses
inspirations ? Est-ce qu'il y a des figures du milieu techno desquelles t'as pu
t'inspirer ou empreinter peut-être ?
Moi disons, au début j'ai commencé...quand j'ai
commencé à mixer, j'ai mixé de l'acid trance, acidtrance
et trancecore. Voilà, j'ai commencé acid trance et trancecore (je
prenais des notes). "Trancecore" en un seul mot. [d'accord]. Ensuite, je me
suis mis un peu plus à la trance-goaprogressive, ce qu'ils appellent
aujourd'hui la "progressive". A l'époque on l'appelait "goa".
[C'était dans les années 90 ?] Ouai, c'était vers milieu
90, vers 96, 97.[ouai] Ensuite, je me suis arrêté un moment et
quand j'ai repris, je me suis mis un peu plus à des sons techno. De
là, je suis revenu un peu plus sur des sons techno-trance, minimaliste,
un peu tech-house. Après les définitions on en avait sur un
même morceau, il y a 6 ans ou 7 ans, on disait : "tiens, ça c'est
de, ça c'est de...de la techno."Le hard-techno à l'époque,
c'est ce qu'on appelera de la techno aujourd'hui. [d'accord]. Tu vois,
aujourd'hui ce qu'on appelle le hard-techno, c'est ce qu'avant on appelait le
hardcore. Il y a tellement de changements et de nuances entre un même
morceau, que t'es chez un marchand de disques, tu vas le trouver dans un bac
"tech-house" et chez l'autre, à côté, tu le trouvera dans
un bac "progressive", et chez l'autre, à côté, tu le
trouveras dans un bac "techno".
Comment, toi, tu arrives t'y retrouver dans tout ça
?
J'ai du mal.(rires) C'est pour ça que quand on me demande
mon style, et bien aujourd'hui je joue minimal-trance-progressive-techno-acid,
voilà. C'est ce que j'ai dit un peu... [oui, c'est ce que tu as mis
comme présentation internet] Donc, ça veut tout dire et rien
dire, c'est pour ça que...on peut pas définir, coller une image
à la musique. C'est comme : aujourd'hui, donnes-moi la différence
entre du drum and bass, de la jungle et du trip-hop. Est-ce qu'il y a une
différence entre les 3, réelle. Et je
suis sûr que dans certains morceaux de trip hop que tu
serais capable de classer en drum and bass et certains morceaux de drum and
bass que tu classerais en...
C'est peut-être ça le problème (j'ai une
idée et je n'est pas su la garder), c'est qu'il y a des courants, amis
ils ne sont pas eux-mêmes clairement définis et étanches.
Il y a une certaine porosité. Il y a des artistes, dont peut-être
le métier est de créer des inter-courants.
Ouai, et du jour au lendemain, ils nous sortent un nouveau
style: la "shrance". Alors pourquoi, nous, on crérait pas l'
"Electrochill". Et pourquoi on crérait pas, j'en sais rien, le
"rugby-foot", un nouveau sport : le "rugby-foot". Le rugby avec un ballon rond,
c'est un peu plus dur.
Donc le but c'est pas d'essayer d'y voir des Ecoles comme il
peut y avoir la techno de Détroit, l'acidhouse d'Angleterre, la techno
d'Allemagne...
La musique évolue avec le temps et t'as des styles qui
évoluent également. C'est comme le R&B, qu'est-ce que tu as
d'autres, le R&B et le rap. A l'époque on aurait pas appeler
ça du rap, on aurait appeler ça, je sais pas, de la pop ou va
savoir.. .C'est dur à définir un morceau de R&B, pour moi,
c'est de la variété [d'accord], pour moi ça reste de la
variété à la base. Pour moi, que tu joues de la techno,
que tu joues trance, hardtechno ou quoique ce soit tu joues toujours de la
techno, à la base. Et la rave c'est quoi ? Une rave, c'est un endroit
où tu écoutes de la techno.
Et qu'est-ce qu'on appelle l' "Electro" ?
L' "Electro", ça a été un peu les
prémisses de, de.. .l' "Electro", c'est la musique électronique.
Voilà, c'est pour ça. C'est un terme très difficile
à définir. Moi, j'aime pas donner des termes et des styles
à la musique. "Electro" ça veut dire musique électronique
pour moi. L' "Electro", ça a été fin des années 80,
même début des années 80, il y avaient déjà
des groupes pionniers dans ce style "Electro" etc. Bon, me demande pas des noms
parce que j'ai une culture musicale très (rires). [J'irais voir Fred si
j'ai besoin.] Oui ou Aldo, Aldo, il est calé lui. A ldo, si tu veux
des...Tu vas halluciner, si tu vas chez lui, tu regardes sa collection de
disques. Tu veux encore plus halluciner, tu regardes son disque dur externe
avec tout ce qu'il a de musique. Et tu lui demandes de te parler d'un groupe,
d'un style etc. Et lui te racontera dans les années 80 etc. Lui te
rancontera plus en détail l'histoire de la musique si tu veux.
Voilà, moi l'histoire du mouvement je la connais, mais l'histoire de la
musique, un peu moins. Même moi aujourd'hui encore, j'ai des disques, je
mixe des disques, il y a des gens qui viennent me dire : "putain, c'est toi qui
a joué le morceau de machin truc". Je dis : "ah bon ?". Il me dit : "
mais oui, mais oui tu l'as mis tout à l'heure". Alors je regarde le
disque et je dis: "ah oui en effet". Tu vois, ça m'arrive encore
aujourd'hui. Moi je regarde et je m'attache à la musique.
J'écoute un morceau, il me plait, je le reconnaitrais par la couleur du
disque, par le machin ou quoi. [d'accord]. Depuis quelques années, je
m'y suis mis un peu plus. À lire qui les faisait quand je les
achète. Pendant que j'écoute, je lis la pochette je regarde qui
c'est qui l'a fait. Donc j'arrive un peu plus aujourd'hui à retenir qui
fait quoi. Mais pendant longtemps, je jouais de la musique, je savais
même pas qui c'est qui la faisait. Je m'en foutais, même, à
un certain point. Moi, ce qui me plaisais, c'était le contenu, ce qu'il
y avait dedans.
Alors, pour parler un peu "organisation": Melting Pot,
qu'est-ce que vous en faites aujourd'hui ? Alors aujourd'hui, Melting Pot
ne fait plus rien, si ce n'est des soirées underground et non
déclarées. A quelle fréquence à peu près
?
Avec un saisonnalité. L'hiver, on fait un peu moins, parce
ce qu'on galère à trouver des endroits. C'est surtout
l'été.
Vous les organisez en extérieur ?
L'été, on fait ça en extérieur, on a
plus de facilité à trouver des endroits en plein air, du
côté de la montagne, vers chez nous. Bon, moi je suis d'Espier de
Lagly à la base. Espier de Lagly, c'est la fin de la plaine, c'est le
début de la montagne. Après tu montes sur Maury, Tuchant,
Tautavel, Vingros, tout ça. Depuis toujours, on a toujours fait dans des
endroits magnifiques, des soirées vers là-haut.
C'est le "elle est belle ma région" ?(phrase sur le
myspace de Melting Pot) Qui est-ce qui a dit ça ? Je sais pas, tu
as ça sur ta page Melting Pot ?
Non, c'est Spdy. C'est lui qui a fait ça. Alors le blog
Melting Pot c'est Spdy qui l'a fait, moi j'étais même pas au
courant. D'ailleurs, il a fait une faute d'orthographe et en plus, il l'a fait
sans m'en parler. C'est un truc dont je ne parlerais pas, je suis pas trop
d'accord avec ça, voilà. Avant de faire des trucs comme
ça, on en parle. Sauf que lui, il est arrivé beaucoup plus tard
dans le Melting Pot que ça. Il a rien à voir à la base si
tu l'écoutes aujourd'hui, Melting Pot, c'est lui. Voilà, il est
très comme ça.
D'après ce que j'ai entendu, il y a sa musique
d'Arythmétik Production dessus, Arythmétic School est dessus.
Bon alors, Thierry, t'apprendras à le connaitre, il est
assez mytho, machin. Ça reste mon meilleur pote. Mais bon il est un peu
space, il y a beaucoup à prendre et à laisser avec lui. Il y a
des fois, je suis pas toujours d'accord avec lui. Quand il a créé
le blog Melting Pot, j'étais pas d'accord. Il m'a créé un
nouveau myspace, j'étais pas au courant [je l'ai vu]. Pourquoi ? Parce
ce qu'il arrivait pas à me mettre un fond d'écran sur l'autre que
j'avais. Alors il a tenu absolument à m'en faire un nouveau, avec un
fond d'écran [il t'as recréé une adresse internet ?]. J'ai
270 contacts, je vais pas m'amuser à redemander un par un "veux-tu
être mon ami ?" à 270 contacts et à refaire toute ma page.
[tu l'a refais finalement ?]. J'ai essayé mais il reste pas, il apparait
et il disparait en 2 minutes. Donc je sais pas comment l'arranger.
Internet, pourquoi vous utilisez Myspace ?
C'est une nouveauté (rires). Ça fait pas longtemps
que je suis informatisé et il y a pas longtemps que j'utilise internet.
Mais par contre, c'est un très bon moyen de diffusion et de
communication. C'est clair, c'est clair à toutes les soirées
qu'on a fait au bouche à oreilles cet été, si on a
réussi à faire 350-400 personnes pour mon anniversaire, sur 2
sons, ça a été grâce au bouche à oreille et
grâce internet aussi. Pourquoi ? Parce qu'on arrive à contacter
des gens, on arrive à... dans le principe Myspace, tu sais comment
ça fonctionne, tu y es dessus. Alors si tu veux que je te montre
d'autres sites où on annonce les soirées Mystic Chrysalide
[Cataloonya par exemple ?]. Cataloonya par exemple, mais bon ça reste un
site beaucoup plus généralisé. Les tranceux vont pas voir
là- dessus. Cataloonya, c'est plus pour toucher notre public à
nous, on va dire, plus pour la deuxième scène, ou par le fait de
proximité, parce que c'est une soirée au Mas Bonete qui est
proche de Perpignan, donc les gens s'y déplaceront plus facilement. Si
on fait une soirée à Bugarach ou va savoir, les gens de Perpignan
ne viendront pas, c'est clair. T'enlèves déjà 200 à
300 personnes du public qui viennent pas pour la distance. Après, t'as
d'autres sites comme Trance Goa et t'en as encore...Tu connais ce site ? [c'est
la référence en terme de forum trance] Voilà, après
t'en as d'autres. Sur ces sites là c'est bien d'annoncer la
soirée à l'avance, temps en temps tu envoies un
commentaire pour que ça remonte sur la liste, il appelle
ça des topics et après il y a plein d'autres sites. Si tu tapes
"Mystic Chrysalide vs Hadra", tu vas avoir une dizaine de sites qui
apparaissent avec le fly et la présentation de la soirée qui sont
plus ou moins visités mais qui touchent un certain public. Tout le monde
n'a pas internet non plus, mais ça reste un très bon moyen de
communication aujourd'hui.
La dernière soirée date du mois de janvier, la
prochaine le 5 avril, donc à peu près 4 mois d'écarts
entre 2 soirées. Comment fonctionne ces écart chez Mystic
Chrysalide ?
On les a faite rapprochées. Le problème c'est les
endroits. On en a fait 2 au Point Batterie à Perpignan et bon l'endroit
est pas terrible, c'est la quatrième fois qu'on en fait au Mas Bonete,
les endroits, on commence à avoir épuisé un peu. Donc on
manque d'endroits. [parce que vous n'avez pas envie de les
répéter au même endroit ?] L'idéal serait d'en faire
ailleurs des soirées, de trouver des endroits nouveaux. C'est ça
toujours qui m'a plu dans ce genre de soirées, c'est que...et c'est ce
qu'on continue à faire avec Melting Pot l'été, c'est on
cherche des endroits nouveaux. Tiens j'ai trouver un terrain, tiens que je
connais un mec qui a un mas, tiens un truc.. .A chaque fois le but c'est de
trouver un nouvel endroit, avec une nouvelle ambiance et une nouvelle histoire.
Comme une session de DJ. Un DJ qui fait une session, pour moi, c'est quelqu'un
qui raconte une histoire. Il y a une introduction, t'as la session qui demarre
"pimpampoum", puis à la fin tu as la conclusion de la session. C'est une
histoire avec un suivi, ça doit être comme ça. T'as des
gens qui le voient pas comme ça, tu as des gens qui balancent de la
musique, qui balancent de la musique du début à la fin, il y a
pas d'histoire. C'est balancé de la musique point final. Parce que c'est
des morceaux à la mode, parce que style, parce que j'ai de la technique
etc. C'est 2 approches différentes de la musique. La musique pour moi,
quelque soit la musique : techno, pas techno ça doit raconter une
histoire. Et tu montes une soirée, ta soirée, elle doit raconter
une histoire. Tu dois plonger les gens dans une atmosphère. Une
ambiance, c'est une atmosphère. Donc tu la crées par la musique,
par l'endroit, par la déco, par les gens qui sont présents, qui
travaillent dans l'endroit, qui te reçoivent d'une certaine
manière. C'est important tout ça.
Avez-vous chez Mystic un bureau clairement défini ?
Oui, on a un trésorier, un secrétaire, un
président et après il y a tout les membres actifs. Quel est
ton rôle ?
Pour le moment je suis un simple membre, juste un membre actif.
Mais il faut qu'on redéfinisse les statuts parce qu'on a un mec qui
s'est barré et c'était le secrétaire.
Ok, il y a d'autres buts dans l'association que de monter des
soirées, comme avoir un label ?
Non, le but c'est de monter des soirées. Moi, si tu veux,
si je suis rentré dans Mystic Chrysalide, c'est déjà d'un
parce qu'il y a un deuxième son, parce qu'il y avait le concept d'une
deuxième scène techno électro qui se rapproche de ce que
je fais et de ma vision du truc et puis c'est pour leur donner un coup de
pouce, pour amener mon truc en plus, à moi, pour le melting pot, pour
créer à nouveau le melting pot, sans que ce soit défini,
sans que ce soit appeler Melting Pot, dans le principe. Voilà, parce que
le principe du melting pot, tu as le coeur ou tu l'as pas quoi. C'est pas pour
se donner une image. Donc, moi, je me bat depuis des années, et je me
battrais toujours. Alors on s'est battu pour que ce soit reconnu en tant que
tel et aujourd'hui on va se battre pour pas que ça disparaisse. Si
demain il y a pas des gens comme Psyva ou Mystic Chrysalide qui montent des
soirées à Perpignan, si il y a pas Melting Pot ou 4 jeunes qui
montent 4 trucs, à part les bars pinpin à
Perpignan où il se monte des soirées avec des DJs,
qui pardonne moi, mais qui restent très fermés comme cercle et
les soirées vont pas plus loin. T'as une soirée dans un bar et
à 2 heure du matin c'est fini. Ils vont pas faire la suite dans un bar
ni l'after dans un champ. Tu vois, il n'y a pas ce mouvement, il n'y a pas
cette énergie que nous on connais et pour laquelle on se bat. Ça
devient du commercial.
Par exemple une soirée à la Casa Musicale avec
en programmation un concert électro et un dj qui va mixer, qu'est-ce
que ça représente pour toi ?
Pour moi, c'est un petit concert. C'est un concert, c'est pas une
rave party. C'est un concept : venez voir tel dj. Les amateurs de musique sont
pas obligés d'aimer certains styles de soirées ou certains styles
de vie. Nous, notre style de vie c'est écouter de la musique et danser
jusqu'à épuisement. C'est pas resté sur ta fin. Nous on
veut que les gens qui partent de nos soirées soient rassasiés,
qu'ils disent : "j'en ai eu pour mon compte, je reviendrais". Pas qu'ils disent
: "quoi, c'est déjà fini". Si, j'suis allé au
Zénith voir les Chemical Brothers il y a 2 ans ou 3 ans. Ecoute, je suis
sorti de là, il était minuit et demi, j'était là en
train de dire : "vite vite il faut que je rentre à l'hôtel demain
je bosse". Je me levais à 9h ou 9h30 et j'avais pas calculer, j'avais
l'impression d'avoir passé la nuit complète tellement ça
avait envoyé et que c'était tellement bon. Et tout le monde m'a
dit : "tu rigoles ou quoi, c'est minuit et demi, tu vas pas rentrer
maintenant". Ils voulaient tous aller à la Villa Rouge après.
Mais je leur dit : "je vais pas aller à la Villa Rouge, ça va
fermer". Je croyais sortir de boite tellement j'avais ramassé, j'avais
pris du son que j'en avais oublié l'espace-temps. J'avais oublié
que j'étais rentré à 9 heure du soir dans cette salle et
qu'il était minuit et demi. J'en ai eu pour mon compte, tu vois, en 3
heures. Donc si tu arrives à en avoir pour ton compte en 3 heures et
bien tant mieux. Moi, j'étais prêt à rentré,
j'étais rassasié. Mais les gens ont besoin de ça
aujourd'hui, ils ont besoin de se montrer. C'est bien, tu montres ce que tu
fais, tu crées quelques choses, tu montres ce que tu fais. Mais si
demain, on me propose de faire quelque chose à la Casa Musicale et que
je suis imposé par la municipalité, par les lois tu es
imposé d'arrêter le son à 1 heure du matin ou à 2
heure du matin et bien pour moi c'est que le début, t'as fait
l'apéro c'est bien. Mais si tu invites les gens à faire
l'apéro et qu'ils ont pas mangé, ils partent et ils ont faim
encore. Voilà, donc moi, qu'est-ce que je ferais ? Je me bougerais le
cul pour trouver un champ ou une salle pour faire la suite. Et pareil si dans
ce champ ou cette salle ça fini à 2 heure du matin, on va
ailleurs.
Et toujours dans le légal ?
Bien sûr que c'est légal. Tu es une asso et tu
trouves une salle comme chez des potes et que tu as une autorisation. Avec
Mystic Chrysalide, on fait une soirée comme ça, on fait une
déclaration- préfecture et tu annonces ta soirée. Quand tu
es une association, tu as le droit de faire des soirées tant que tu
respectent les règles. Après tu peux faire quelque chose
d'illégale c'est-à-dire, "illégale" entre guillemets. Moi,
je monte un after dans un champ. Si le champ c'est un terrain privé
qu'on m'a prêté, que moi je suis là, qu'on respecte les
conditions à partir d'un point, c'est qu'il y a pas de débit de
boissons, il y a pas d'entrée payante. Tu peux avoir un bar et si il y a
pas de caisse, c'est légal. C'est un endroit privé, entre amis,
machin. Combien de fois, quand il y a les condés qui déboulent,
qu'on est dans la nature, je suis le premier à aller leur parler pour
pas qu'il y ait le papi du coin qui y aille dire n'importe quoi,
déjà d'un et puis de deux parce qu'en général le
matos il est à nous, et si il doit y avoir quelqu'un de responsable pour
quoi que ce soit, c'est nous, c'est nous qui amenons tout, c'est nous qui
faisons tout. Bon et puis, moi je suis connu des autorités depuis
longtemps par rapport à ça quoi. Je suis connu et reconnu comme
organisateur de soirées plus ou moins légal, le tout c'est qu'il
y a jamais eu d'histoire, ni de débordement dans nos soirées.
Vous n'avez jamais eu de soucis justement ?
Une fois oui, mais c'était pas moi qui montait la
soirée et je me suis présenté comme témoin quand il
y avait eu la fusillade à Corbère. Il y avait eu une fusillade
à Corbère il y a quelques années de ça et j'avais
été témoin de toute la scène et c'est un pote et
moi qui avons trouvé le cadavre. Il y avait un mec mort. J'avais
envoyé un jeune réveillé un mec qui dormait et il est
revenu en vomissant et il m'a dit : "il est mort". Je leur ai dit de plier le
matos et je lui ai dit : "je me barre". En descendant, il y avait une queue de
fou avec les flics qui arrêtaient tout le monde, j'ai doublé tout
le monde et j'ai dit aux flics : "bon là-haut il y a un cadavre, c'est
moi qui l'ai trouvé. Je suis fatigué, j'en ai marre. Je vous
laisse mes papiers d'identité. Demain matin, vous venez me chercher, on
en discute et je vous raconte tout". Ils me répondent : "pas de
problème". Le lendemain matin, 9 heure, ils étaient chez ma
mère, ils sont venus me chercher Après c'est bien qu'il y ait des
concerts et des soirées dans les bars et tout ça, je dis pas,
mais ça touche un autre public.
Qu'est-ce que le public techno à Perpignan et plus
largement dans les Pyrénées Orientales? C'est une
minorité de personnes, ça reste une minorité.
Comment peux-tu la définir, en terme d'âge par
exemple?
J'ai du mal à la définir, parce que nous, on est
plutôt vieux, mais je remarque qu'il y a de plus en plus de jeunes qui
viennent dedans.
Et quel âge tu as ?
Moi, j'ai 31 ans. Je me considère pas comme un vieux mais
j'ai commencé, j'avais 16 ans quand j'ai commencé à faire
des soirées techno. Et je vois aujourd'hui plein de jeunes venir dans
nos soirées, ça fait plaisir. Ils viennent me voir dans nos
soirées me dire :"génial, j'adore votre musique, j'adore vos
concepts", leur filer un cd, une session que j'ai sur moi, et les revoir en
ville un jour qui me dit : "ah salut, excellent". Ça me rappelle moi
quand j'avais leur âge et que je voyais des Djs que je suivais, que je
faisais parfois 200 bornes pour aller voir mixer. Après tu as plusieurs
mouvements, tu as les un peu plus bourgeois qui sont une
génération un peu plus au-dessus qui traînent dans les
soirées de R. D. Que tu verras pas trop dans nos soirées, tu as
ceux qui font plus les soirées dans les bars avec N. et tout ça,
qui de temps en temps va parfois jouer au Rachdingue. Je critique pas leur
musique, je critique rien du tout, mais c'est...ce que j'ai tendance à
critiquer moi, c'est ce phénomène de bars. C'est plus pour
être vu que pour la musique en elle-même.
Ils en vivent, de leur métier ?
Non, je crois pas. Qui en vivent aujourd'hui sur Perpignan, il
n'y en a pas beaucoup. Je sais pas s'il y en a même.
C'est un métier difficile alors ?
Même R. D. il en vit pas. Il avait un magasin et il l'a
lâché parce qu'il en vivait pas de son magasin. C'est dur d'en
vivre aujourd'hui. De toute façon, comme tout, vivre de sa passion c'est
pas évident. Moi, je tire mon chapeau aux gens qui arrivent à en
vivre. J'ai un copain G., qui tient un magasin de disque à
Gérone, je suis fier de lui parce qu'il a réussi. Il vit de..
.mais bon, il en vit pas énormément, mais il a créé
quelque chose. Il a mis quelque chose en place, il a créé un
magasin de disques au départ. Il s'est rendu compte que le marché
du disque allait se casser la gueule alors il a créé un studio de
Djs pour les enregitrements. Il a monté un truc génial. À
côté de ça, il a monté une
troisième entreprise où ils vendent des
lumières, des lampes à LED. Ça c'est à la mode
maintenant. Est-ce qu'avec Mystic Chrysalide vous essayez de
compléter vos revenus ?
Pourquoi pas un jour, si l'asso tourne bien, un jour essayer
d'être salarié de l'association. On en a parlé et oui
ça serait l'idéal dans l'absolu. Maintenant, avant d'en arriver
là, il faut arriver à rentabiliser ces soirées. Nous, on
arrive à rentabiliser nos soirées depuis peu. C'est arriver
souvent qu'on en ai de notre poche. À la dernière soirée
qu'on a fait, on a réussi a vraiment sortir la tête de l'eau et
tous ceux qui avaient mis de leur poche dans l'asso l'ont
récupéré. Pour certains, ça faisait 2 ou 3 ans
qu'ils avaient de l'argent dans l'asso qu'ils ne pouvaient pas
récupérer. Donc, c'est vraiment l'association à but non
lucratif, on est tous bénévoles, on prend même pas un petit
salaire ou un petit cachet dans les soirées. On a du mal
déjà à payer les Djs et tout. La dernière
soirée, j'étais content parce qu'on a pu donner une petite
enveloppe à chacun des Djs, sauf à nous qui faisons partie de
l'asso.
La dernière fois, la soirée s'intitulait "Mystic
Chrysalide Vs Meckanik Records" qu'est-ce que c'était, une
invitation...?
C'était un partenariat donc de la même façon
que la prochaine : c'est un partenariat avec ceux qui viennent.
C'est-à-dire qu'on leur reverse un pourcentage sur les
bénéfices de la soirée, pas sur le chiffre, sur les
bénéfices.
Comment vous les choisissez, vous les connaissez ?
Oui, enfin, moi, personnellement pas trop. Mais c'est Mystic
Chrysalide avec la scène trance qui supervise tout ça. Nous avec
Spdy, on s'occupe de superviser vraiment le deuxième son.
(je montre le fly de la soirée du 5 avril)
Alors si je regarde le fly, vous allez donc mixé dans
le deuxième son. Vous êtes également accompagné de
Sycyphe et Nun, Pako et Yoan?
Qui sont des Djs de Hadra. Yoan, qui s'est séparé
avec Psyva et qui rentre avec nous avec Mystic Chrysalide. Et comme
c'était pas encore défini au moment où on a fait le fly,
c'est Thierry qui a mis "Melting Pot", histoire de faire apparaitre Melting
Pot. Même moi, chaque fois que j'ai joué au Rachdingue, il m'a pas
mis Mystic Chrysalide, il m'a mis (le Rachdingue) "Melting Pot", parce qu'il me
connaisse sous "Melting Pot", il me connaisse pas avec Mystic Chrysalide.
Par rapport à l'ancien fly que vous aviez ?
Oui, on a décidé de garder ce format. On a
décidé ça au moment de faire celui-ci. Vous le faites
ensemble ou quelqu'un s'en charge ?
C'est une personne qui fait partie de l'asso [Et dont c'est le
métier ?] Je sais pas si on appeler ça un métier. Mais
c'est elle qui s'occupe du design des flyer. [il vous fait des propositions ?].
Elle, elle nous fait des propositions. Elle nous sort 2-3 images et à
partir de là, on lui donne le texte. On choisit une image et on lui
donne le texte ou on retouche un peu l'image avec elle et on lui donne texte et
une fois que c'est tout rempli et tout validé on envoie à
l'imprimerie.
D'accord. Et toi, qu'est-ce que tu en penses de ces flyers
?
Moi je trouve qu'ils sont pas mal. Les 2 derniers je les
trouve très bien. Il y en a eu certains que j'ai pas trop aimé,
mais bon. Même les précédents quand j'étais pas dans
l'asso, il y en a eu des jolis et il y en a eu des moins beaux : ça
faisait un peu trop enfantin un peu trop. Là ça fait un peu plus
pro je trouve au niveau de la typographie et tout.
Et pour ce visuel en tant que tel ? Je vois par exemple une
fleur de lotus ?
C'est le printemps, les arbres en fleurs, le Canigou avec encore
un peu de neige. [vous utilisez donc les saisons ?] Le précédent
c'était avec Mechanik Records donc par rapport à
mécanique, le logo de Mechanik c'était l'engrenage. [et le Aum]
Le Aum c'était pour rappeler la trance, il avait cet aspect
mécanique et l'idée de l'engrenage m'a beaucoup plu : beaucoup
plus électronique et techno que trance goa et le Aum au milieu rappelait
la consonnance trance.
On est obligé d'utiliser la mythologie indienne pour
rappeler la trance ?
La Trance Goa, c'est [c'est donc de la Trance Goa] La base de la
Trance Psychedelic comme ils
l'appellent aujourd'hui, ils appellent la Trance Progressive, ils
ont la Full On, ils ont le.. .ils ont plusieurs définitions
également. Tu vois, ils ont plusieurs définitions, ils ont
plusieurs styles musicaux dans la Trance Goa. Pour moi, ça reste de la
Trance Goa. Avant ça s'appelait de la Goa même.
Quand on veut organiser une soirée Trance, à
quoi sert le fly ? Est-ce que c'est une pièce importante de la
soirée ?
Oui, bien sûr. Ça représente un
investissement pour la conception et ensuite pour l'impression. Ça
rentre dans un budget. Il y a un budget communication qui est le flyer et le
flyer, c'est le thème de la soirée. On doit définir le
thème de la soirée, il doit être vraiment en rapport avec
le thème de la soirée.
Il y a d'autres thème utiliser dans la Trance ?
Bah si tu veux en voir certains, tu vas sur le site Trance Goa et
tu regardes toutes les soirées qui sont proposées. Tu en as
certains où tu as...tu as souvent des fractals aussi et des trucs un peu
abstraits qui rappelle plus le côté psychedelic.
Le psychedelic provient lui du rock ?
Quand j'écoute de la musique techno, j' entend du rock
souvent dans les basses même dans la
musique dès fois. Même dans la musique techno
dès fois quand elle me fait penser à du rock, j'aime bien
dansé, je prend une guitare virtuelle dans les mains...
Je pense avoir fait le tour de ce que je voulais te demander.
Est-ce que tu as quelques choses à ajouter ?
(Long silence)
Peut-être as-tu quelque chose à ajouter sur les
autres même, sur ce qu'ils font par rapport à ce que toi tu fais
depuis que tu es entré dans le mouvement techno ? Et par rapport
à ta racine Melting Pot, car si j'ai bien compris c'est ton point
d'appui depuis le rock.
Disons que tout seul tu peux rien faire. Donc dans Melting Pot,
pour moi, il y a déjà le mot "pot". C'est ce qui m'a fait
délirer au départ. Il vaut mieux pour organiser des trucs de le
faire avec des potes plutôt qu'avec des gens que tu connais pas mais
après le principe de l'association c'est ça. Puis après tu
as besoin de faire entrer d'autres gens qui apportent autres choses. Donc
ça reste du mélange. Il y a besoin de mélange et de
diversité. Si tout le monde est arrêté sur la Trance Goa,
t'aurais une asso 100% Trance Goa et voilà. Si demain, il y en a un qui
entre avec des idées nouvelles il risque d'être critiqué :
"ouai, non ça fait trop clubbing, ça fait trop club". On a
été assez critiqué parce que les tranceux sont assez
intransigeants à ce niveau là. Ils aiment pas les clubs, ils
aiment pas les stroboscopes. Ils aiment le plein air, ils aiment.. .tout ce
qu'ils aiment comme lumière c'est les lasers. Faut pas qu'il y ait des
robots-scan, faut pas qu'il y ait de strobo ni de machine à
fumée, tu vois. Il faut pas que les gens soient trop habillés
club on a eu par rapport à la dernère soirée qui a
très bien marché. D'ailleurs si il y a eu une si bonne ambiance
c'est justement parce qu'il y avait ce mélange de gens et qu'il y avait
du monde dans cette soirée. Si on avait fait une soirée 100%
Trance, on aurait eu moitié moins de monde. Il y a eu beaucoup de
critiques sur le forum Trance Goa sur les "oui, la soirée était
génial machin truc mais il y avait un peu trop de gens fashion". Alors
moi j'ai répondu à ça : "est-ce que vous êtes aussi
peace and love que vous le dites ? ". Enfin j'avais fait une petite
réponse au rapport qui remettait un peu tout le monde à leur
place.
C'est donc un peu communautaire de courant trance ?
Très. Ils se mélangnent pas, ils ont beaucoup de
mal à se mélanger. C'est pour ça que je reviens avec mon
Melting Pot à la charge. Je suis là pour dire : "il faut se
mélanger pour évoluer et pour avancer sinon notre mouvement va
s'étouffer petit à petit si vous restez entre vous". Si il y en a
10 qui s'en vont, il y en aura 10 de moins et il n'y en aura pas 10 qui
viendront de l'autre côté.
Entretien n°2 réalisé le 21 Mars
2008 de Julien, Néokoros (dj), gérant de la maison de
disques Komod'O Dragon.
Conditions de l'entretien : Pour réaliser cet
entretien, j 'ai contacté Julien via Internet où il donnait son
adresse. Je me suis présenté une première fois à
son domicile pour lui expliquer mes intentions et prendre rendez-vous quelques
jours plus tard. Le 21 mars, je suis donc retourné chez Julien pour
réaliser cet entretien.
Est-ce que tu pourrais te présenter dans le cadre de
tes activités liées aux musiques électroniques ?
Et bien moi, c'est Julien. Je m'occupe d'un label de musique qui
s'appelle Komod'O Dragon. En fait c'est plus une maison de disques qui regroupe
plusieurs labels. Je fais ça en tant qu'entreprise depuis 2003 et en
tant qu'association depuis 1998. ça fait depuis, a peu près une
quinzaine d'année que j'écoute cette musique.
[c'est-à-dire ?]. La musique électronique en
général. Au début, il n'y avait pas beaucoup de styles
différents. On appelait ça de la techno en fait. Donc j'ai
commencé à écouter de la techno en 94. A cette
époque là j'habitait Bordeaux, et les seules soirées qu'on
avait c'était vers Toulouse, Montpellier, enfin dans le sud. Dès
qu'on voulait sortir, on était obligé d'aller à Toulouse,
Montpellier. C'était l'époque des Spiral Tribe.
C'est arriver d'abord dans le Sud avant d'arriver sur Bordeaux
?
Le premier tecknival que j'ai fait c'était en 9. .6, je
crois, c'était à Tarnos. Non, c'était en 94, je sais plus.
C'était le premier tecknival du sud en fait. Tarnos, ça a
été un des premiers en France. C'est l'époque où
t'avais les Tecknocrate, les Spiral, enfin la clique. C'était horrible
d'ailleurs, c'était déjà n'importe quoi.
[c'est-à-dire ?]. Tu sais les tecknivals, enfin, moi j'suis pas
un gros fan de ça. Les free party c'est déjà, pour moi,
une période qui est finie depuis longtemps. Bon, il y a encore des
soirées dans le sud. Ici c'est un peu le village Goa, enfin tu vois
c'est un peu des résistants de la free party mais il y a longtemps que
c'est terminé.
Comment peux-tu me décrire ça ? Pourquoi c'est
fini selon toi ?
Écoute, parce que c'était quelque chose de nouveau
à l'époque. Moi, j'avais jamais vu ça, des soirées
où les flyers étaient donné que dans les soirées.
Il n'y avait pas de flyers dans les magasins. Il fallait déjà
connaître quelqu'un qui était allé dans une soirée
pour trouver la soirée. Des infolines, il y en avait même pas, il
y avait un point de rendez-vous, genre à 8h au parking de machin. Donc
t'avais 75000 voitures qui arrivaient et t'avais un suiveur, un gars que tu
devais suivre. Dès qu'il partait, hop tu traçais, tout le
monde...il y avait des grosses files de voiture pour aller à la
soirée. À l'époque c'était...ça fait un peu
nostalgique mais c'était tout un concept : il y avait les gens de
n'importe quel milieu, il y avait pas de code vestimentaire comme maintenant
dans les free party, la musique c'était de la techno, de l'acid.
Donc c'est fini ?
Oui, c'est complètement fini. Depuis c'est devenu
hyper-codifié. Avant il y avait même pas de message dans cette
musique, il y avait pas de messages, c'était no message. Donc, les gens
y allaient pour faire la fête et puis basta. Maintenant ils essaient de
trouver une identité, ils essaient de trouver des codes. Quand tu vois
avec la tecktonik par exemple, faut qu'il y ait des codes, dans les free party
c'est pareil, faut qu'il y ait des codes. Moi, je trouve que c'est plus
intéressant. Alors maintenant ce
qu'il se passe, c'est qu'il y a des rassemblements de, genre 200
personnes qui font des free party. Ici il y en a des free party
l'été. Moi je connais des sound system comme les Tromatik et
tout, je les connais bien. Mais c'est les seuls. À Toulouse, il y en a
plus. Moi je les connais aussi, ils en font plus : les Karnage, les Fractal.
C'est des gens qui font maintenant des soirées dans les clubs,
voilà. [et dans d'autres lieux ?] oui, dans des salles de
concerts, . . .oui ils louent des endroits.
La musique reste la même ?
Non ça a évolué.
De quoi tu es parti comme musique ?
A l'époque, c'était l' Acid. Au début il y
avait aussi la Trance Goa qui marchait vachement. L' Acid ? On a
commencé avec ça. Puis il y a eu les Spiral, quand ils sont
arrivés en France, ça a mis une claque à tout le monde.
[les travellers ?] Oui c'était des Anglais qui avec le
gouvernement
Tatcher, se sont faits exclure de leur pays, qui faisaient que
des soirées en Angleterre et se sont tous dispatchés en Europe.
Et bien dans le sud, il y a eu le premier tecknival de Tarnos, c'était
avec eux. C'était Chrystal Distorsion, XI, enfin je sais pas, ils
étaient une trentaine. Et ça a mis une claque, au niveau musical
c'était le son acid. Bon moi j'avais jamais entendu ça.
J'étais un gros fan de rock à
l'époque. Donc ça a commencé comme
ça. Puis il y a eu les mouvements, enfin il y a eu très
rapidement d'autres mouvements qui se sont créés. Il y a eu de
Hardcore, le Speedcore. ..moi j'suis allé plus dans cette mouvance
là, très vite avec les Fractal à l'époque, des
artistes comme Maous,
No Name, M., des Fractal, Armagénan de Paris tout
ça. Tous ces gens là, il y avait La Peste aussi du label Engrais
Liquide, j'étais plus dans ce mouvement là, qui était du
Hardcore, Speedcore.
Tu y es allé par goût de la musique ?
Oui parce que je voulais quelque chose de bien énergique.
A combien de bpm pour le Hardcore ?
Ça dépend : tu peux avoir du Hardcore super lent
à 140 bpm. Surtout maintenant c'est encore plus classifié : dans
le Hardcore, t'as plein de Hardcore différents en fait. Tu vas avoir du
Hardcore à 140 bpm super lourd, très dansant ou du Hardcore
anglais super breaké à 200 bpm. Après, tu as le Speedcore
où ça va de 300 à..., enfin après ça veut
plus rien dire, tu peux être à 1600 bpm, toi tu vas
commencé à danser sur ton rythme, tu sais comment ça
marche, c'est de la musique binaire donc c'est tout divisé. Quand t'as
du 300 bpm c'est comme si c'était du 150 bpm donc les gens ils dansent.
Après quand ça va hyper vite et bien t'écoutes.
Pourrais-tu m'expliquer comment tu as construit ton label, ou
ton regroupement de label par rapport au mouvement ?
Pour mes labels, j'ai pas que du Hardcore et du Speedcore. Alors
quand j'étais sur Bordeaux et bien au départ je faisais des
soirées, j'ai fait la fête, j'en ai profité. J'étais
lycéen et rien à foutre. Et il y a un moment où on a
voulu, avec des amis, commencé à organiser des soirées,
nos soirées sur Bordeaux. Il y avait rien, il se passait rien, il y
avait juste un magasin de disques et encore il est arrivé tard à
Bordeaux. Tout s'est passé sur Toulouse et Montpellier dans le sud, donc
on a créé une association sur Bordeaux qui s'appelait les
Electronautes et on a organisé les premières soirées
Hardcore à Bordeaux. Et de passer de fêtard à
l'organisation, tu vois déjà les choses complètement
différemment. Moi, je sais qu'à l'époque ça m'avait
vachement marqué, d'être responsable de la
soirée. T'as un côté de responsabilité
que t'avais pas avant, tu vois plus la musique pareil et j'ai trop kiffé
donc je me suis dit que j'allais faire ça le plus longtemps possible. En
commençant à organiser ces soirées et bien on a fait plein
de rencontres d'artistes, de liver, de mecs qui mixent tout ça. Puis on
a eu envie de faire du live aussi, de composer et au bout d'un moment, en 99
pour être précis, j'ai pris mon premier label de musique avec
l'appui de plain d'artistes et j'ai signé un artiste Képa La
Pierre, un ami de collège avec qui on avait monté cette
association sur Bordeaux, qui avait fait des morceaux que j'ai signé sur
mon premier label Hardcore qui s'appelle B2K et ça a commencé
comme ça la production. Genre, pendant 3-4 ans on a organiser des
soirées et au bout de 3-4 ans... en étant sûr du coup, j'ai
créé le premier label Hardcore de Bordeaux et le premier artiste
c'est Képa La Pierre.
D'accord, et depuis ?
Depuis, sur ce label j'ai dû sortir 20 productions dessus
et le label a suivi les mouvances du Hardcore, mes goûts aussi. A
l'époque, c'était du Hardcore à 240 bpm que je kiffais,
donc j'ai signé les 3 premiers, c'était ça. Puis j'ai
commencé à aimer des choses un peu plus lente, un peu plus
dancefloor donc des sons un peu plus anglais.
Quand tu dis : « lancer des artistes ou des albums
», comment ça se passe ?
Et bien je reçois des démos. Par semaine je
reçois des Cds ou par rencontre, en soirées je rencontre des
artistes qui me filent leur zik et si ça me plait, si ça me plait
et bien je les contacte, je leur propose un contrat. Ça s'appelle un
contrat de licence, ça veut dire que sur une production, je leur propose
de sortir leurs morceaux sur vinyle ou CD. Bon, moi, je fais beaucoup de
vinyles, donc à l'artistes, je lui prenais un 4 morceaux que je faisais
presser sur disque, sur vinyle.
En combien d'exemplaire ?
Ça c'est variable. Le premier c'était autour de
1000 copies. C'était aussi l'époque qui fait que ça
marchait vachement, il y avait beaucoup de distributeurs en France donc
c'était facile de faire plus de 1000 copies. Aujourd'hui pour le
Hardcore, ça va de 500 à 1000 pas plus.
Donc il y a moins de vente qu'auparavant ? Pourquoi ? A cause
des nouvelles platines ?
Oui mais non c'est des cycles. Enfin je veux dire, ça fait
15 ans qu'elle existe la techno. Oui, voilà, c'est des cycles. En ce
moment, ce qui marche le plus pour les jeunes, c'est le retour du rock
alternatif, c'est ce qu'il y avait dans les années 80. Tous les jeunes,
ce qu'ils kiffent, c'est joué de la gratte et ils pensent tous avoir
inventé un cycle alors que c'était exactement la même chose
dans les années 80. Donc là, la musique électronique,
c'est plutôt dans le creux de la vague. C'est pour ça que des
soirées il y en a moins, il y a moins de fréquentation, les free
party ça tournent en rond, ça veut plus rien dire.
Et pourquoi vous organisiez des soirées, c'était
vraiment pour passer de l'autre côté comme tu le disais, devenir
organisateur ou pour ton label ?
Non, oui, si si. Enfin on voulait organiser nos soirées
pour qu'il y ait des trucs à Bordeaux, on en avait marre de se taper 400
bornes tous les week-end et on voulait qu'il y ait des soirées...il y
avait des soirées Hardtek avec les Araknides, c'est un sound system de
Bordeaux et on voulait qu'il y ait des soirées Hardcore donc on a fait
nos soirées, on a invité nos artistes quon kiffait bien, nos
potes. À l'époque c'était les Caballe de Paris, il y avait
La Peste aussi, qui est un bon pote. Donc on voulait
faire nos soirées voilà. Et après si tu
veux, à force de faire nos soirées, de faire du live, j'ai eu
envie de créer mon label, de sortir tout ça sur disque.
Et tu t'étais destiné à faire tout
ça ou bien tu l'as fait sur le moment ?
Non, je n'étais pas destiné à faire
ça. À cette époque je travaillais dans la vente. Je
travaillais chez Virgin en fait. Enfin non, au début j'étais
lycéen, mais c'était particulier. Cette musique, je l'ai vu
arrivé en France, on faisait partie de la génération qui a
découvert ça. On a tous pris une énorme claque dans la
gueule. Et on savait pas trop au départ, on voulait faire la fête
et on se prenait pas la tête et on allait en soirée avec tout ce
que cela entraîne, tout ce qu'il y avait autour. Et c'est après,
bien longtemps après qu'on a eu envie d'organiser nos trucs. A partir du
moment où on a organisé j'ai vraiment vu les trucs
différemment, peut-être moi plus que les autres, j'en sais rien.
Dans notre groupe, il y en a certains qui ont monté des labels,
Képa La Pierre continue encore à faire de la musique, à
jouer et il y en a d'autres qui ont complètement arrêté qui
ont préféré travaillé et faire autre chose. Mais
nous, enfin moi, j'ai pris une énorme claque et à partir de ce
moment là, on a commencé à organiser des soirées
où il y avait 1500 personnes. C'est quand même,...ça change
quoi. Et j'ai eu envie de monter mon label.
Lorsque tu as monter ton label, tu as arrêté
d'oragniser des soirées avec les Electronautes ?
Non, on a continué un peu et après on s'est tous
dispatchés, on est tous parti en fait de Bordeaux, donc on a
arrêté.
Et après ?
J'suis parti sur Toulouse en fait. Perpignan, ça fait que
deux ans que j'y suis. Je travaillais chez Virgin à cette époque
là et j'ai continué en association à m'occuper de mes
labels. Je rencontrais des gens en soirée. J'organisais moins de
soirées, si de temps en temps j'en organisais, enfin, je coorganisais
avec des gens de Toulouse d'autres labels. Il y avait plus ce truc de sound
system comme avant, il y avait plus comme à Bordeaux quand avec les
Electronautes, on était une vingtaine, on avait notre son. À
Toulouse, c'était plus des labels qui organisaient leur trucs dans des
clubs ou....au Bikini à l'époque, c'était une salle
à Toulouse et voilà. Bon je continuais à faire ça
et en 2003, j'ai eu envie de passer à... .non, pardon en 2005 j'ai eu
envie de faire que ça, j'en avais marre de travailler chez Virgin,
j'avais envie de faire que les labels.
Et là tu as créé ta maison de disques
?
Et là j'ai créé mon entreprise. À
cette époque là j'avais le label B2K, mon label Hardcore, j'avais
aussi, en 2002, j'avais créé mon label Hardtek qui s'appelle
Absolute Rythm avec, en fait c'est avec la rencontre d'un gars qui s'appelle
Unico, qui est un mec de Subradar de Paris, avec qui j'ai
énormément sympathisé et qui... .c'était le premier
gars en soirée que je voyais qui faisait son live dans le public, enfin
tu vois, il installais toujours son live dans le public [sur le dancefloor ?]
oui oui, il voulais jamais être avec nous sur l'estrade, tout son live il
se mettait dans le public et dans le même sens et c'était de la
Hardtek super bien foutue, hyper dansante. C'est le gars toujours le smile et
tout. Du coup, j'ai trop kiffé le personnage. Tu vois des fois ça
marche comme ça. « Il faut que je te signe, je vais créer un
label pour toi ». Et ça s'est passé, j'ai créer mon
label Hardtek avec lui. Et sur ce label, j'en suis à la dixième
production. Je fais beaucoup de vinyles et c'est que de la Hardtek. J'ai
signé les Banditos, qui sont hyper cool aussi, Floxytek, qui est un gars
qui tourne pas mal aussi en ce moment. C'est le label qui marche le mieux
là, qui a une quantité de pressage qui marche vachement. La
Hardtek c'est ce qui se vend le plus dans le style de musique de ???, c'est mon
label
qui me permet de faire des trucs un peu plus expé comme
ça. Sinon, qu'est-ce que tu fais d'autres ?
Quand j'ai créé mon entreprise, j'ai
créé un autre label Hardcore qui s'appelle Out Of Control. Alors
ça, c'était en partenariat avec un pote de Corèze qui
s'appelle DJ TSX, pareil un super pote. Et on a eu envie de monter un projet
à 2 donc moi j'ai financé le projet et on a créé le
truc à 2. Tu veux que je te montre ?
Oui, je veux bien. (il y avait autour de nous sa
discothèque)
Out Of Control, c'était la partie « Versus »,
c'est-à-dire qu'il y avait 2 compositeurs, un sur chaque face et si
possible, un morceau simple et un remix. Donc on a fait le premier «
Néokoros vs TSX » et on a fait ça sur les 3 premiers, comme
ça marbrés. C'était le moment où on jouait
beaucoup. On en a fait un avec les pseudos et la tête de nos animaux :
là c'est son chien et là c'est mon chat avec leur nom. Alors
ça c'est un label qui n'existe plus maintenant. Quand j'ai
créé l'entreprise, en 2005, on a arrêté parce que
lui a arrêté de faire de la zik. Comme c'est un truc qu'on a
commencé à 2 on a arrêté. J'en est fait un
cinquième qui a commencé il y a pas longtemps. Après, il y
a B2K, Absolute, celui-là, après j'ai créé un label
Drum, parce que je kiffe bien aussi ce style de musique, la Drum and Bass.
Alors là c'est pareil, dans la Drum, t'as 75000 styles
différents. Il s'appelle Dust of Sounds. Ça veut dire «
poussière de sons » en fait. Et dans la Drum c'est pareil, tu as la
Jungle, le Ragga...en france les gens, ils aiment bien tout ce qui est ragga,
où Jungle un peu chanté, un peu roots. Dans le nord, ils
préfère la Drum un peu plus hard, un peu plus dark, la Drum
anglaise aussi avec des grosses basses. Et moi ce que je voulais c'était
de la Drum un peu plus dure. Je viens du Hardcore et du Speedcore, j'ai
toujours aimé ce qui était un peu plus énergique. Pour le
moment j'en ai fait que 2, 2 maxis avec DJ Hidden qui est un artiste hollandais
qui cartonne en ce moment. Donc là le disque, il a cartonné. Il
m'a fait un morceau par face. Le deuxième c'est un gars qui s'appelle
Bazooka, c'est un allemand. C'est pareil, il faisait du Hardcore avant et
maintenant il fait plus que de la Drum, ils appellent ça de la Drum
anglaise en fait, c'est vraiment le son anglais. C'est hyper, c'est hyper,
c'est presque du Breakcore, limite du Breakcore. Et le dernier label que j'ai
monté, c'est Komod'O Dragon qui est en même temps le nom de mon
entreprise. Et Komod'O Dragon c'est mon label Electrorock, le plus calme. Donc
j'ai monté mon premier projet, je te montre.
Donc tu reviens à tes racines musicales ?
Oui, mais j'ai toujours écouté, même à
l'époque où j'étais au lycée, quand
j'écoutais du Hardcore avec les Spiral, je n'écoutais que
ça et je ne parlais aux gens qui n'écoutaient que ça.
À l'époque c'était nouveau, c'était vraiment
particulier le rapport qu'on avait avec la musique. Les cassettes des Spiral
qu'on avait, on voulait pas les passer. Genre, t'en avait une, c'était
le collector, tu l'écoutais un peu, c'était....la drogue quoi
(rires). Tu l'écoutais un peu et tu ranges quoi, tu les prêtais
pas. Et après je me suis réouvert, j'écoute vachement
d'Electro, de Triphop, des trucs comme Future Sound Of London j'adorais.
Même des trucs un peu plus Rock, j'aime bien. Le premier album s'appelle
Captain Kverne donc c'est de l' Electrorock, par la rencontre de Kid Loko. Il
m'a présenté ce groupe là qui cherchait un label à
l'époque. J'ai créé ce label par la rencontre de Captain
Kverne. Quand j'ai entendu leur musique, je suis dit qu'il fallait que le sorte
et j'ai créé Komod'O Dragon. C'est un énorme projet.
Dedans t'as Mickey 3D qui chante, il y a Kid Loko qui joue du piano et de la
gratte, il y a le bassiste de M qui a participé et c'est vraiment
Electrorock. Il y a la chanteuse de Dolly aussi qui a participé à
un morceau. Il y a un clip qui a été fait qui vient d'être
fini, et elle a participé. Moi, j'étais trop content.
Tu as produit cet album ?
Et bien le rôle d'un label c'est en gros : tu signes
l'artiste si ça t'intéresses, tu lui proposes un contrat et
après tu t'occupes de faire le liens avec les distributeurs. Donc c'est
à toi de trouver le bon distributeur pour le produit, le grossiste et
tout ça. Tu es intermédiaire en l'artiste et la distribution. Il
y a toute une partie promotion que peut prendre en charge le label ou il y a
des boites qui font que ça. Quand tu fais de la pub pour un vinyle c'est
pas pareil que pour un truc comme ça. C'est pas le même client :
un vinyle, c'est pour les Djs, même si les nouveaux clients sont des
collectionneurs (ils préfèrent les vinyles aux Cds). Et je viens
juste de sortir il y a un mois un truc Dub dans le label Komod'O Dragon.
Ça s'appelle Mÿdd Hubb et c'est...je sais pas où est le CD,
je voulais te montrer la pochette et c'est tout récent.
Et c'est un album collectif comme Captain Kverne ?
Captain Kverne c'est 2 gars, c'est 2 batteurs au départ.
C'est les 2 anciens batteurs d'un groupe qui s'appelle Cornu, c'est du Rock
Indé, ils étaient chez Universal. Et ils en ont eu plein le cul
d'Universal donc is ont continué sous Captain Kverne. Et là
maintenant ils sont 3 : un clavier, un batteur et un mec aux machines. Et leur
truc, c'est qu'avec Cornu ils connaissaient plein de monde, c'est des super
potes à Louise Attack, de tout ce milieu là en fait, de Mickey
3D. Et, sur leur album, il y a plein de potes à eux qui ont
participé, donc si tu veux sur chaque titre, la plupart il y a des gens
qui ont participé. Il y a Louis Placido tu connais ? C'est des potes
à eux, donc ils ont participé sur un titre. Alors le concept
c'est ça : Captain Kverne, c'est le groupe et il y a plein de gens qui
ont participé. Le nouveau truc que j'ai sorti, c'est un gars juste.
Enfin ils sont 2. Il y a un batteur et lui qui fait les machines je crois et
qui chante. Et là je prépare un autre projet aussi sur ce label
là, c'est Electro, c'est le Amon Tobin français. Je l'ai
trouvé (rires), grâce à Myspace.
Qu'est-ce que tu penses du site d'ailleurs ?
Myspace ? C'est des meilleurs outils de pub en ce moment. Pour
faire de la pub, il n'y a pas mieux. C'est surtout un moyen de communiquer,
c'est un gros truc de pub. T'as pas mal d'artistes qui s'y mettent, alors tu
peux aller écouter, c'est pas mal. Après j'ai mes labels qui sont
dessus, tu fous tes pubs c'est marrant. Après faut pas abuser, c'est pas
hyper... .Pour moi, ça me sert, j'ai trouvé un artiste que je
vais signer sur Komod'O, le prochain, qui s'appelle Franck Rigiaux, enfin bon.
Et j'ai trouvé un artiste que j'ai signé sur mon label B2K, un
belge aussi, qui avait jamais rien sorti. C'est mon pote TSX qui m'a dit
d'aller écouter sur Myspace et puis c'était mortel donc j'ai
signé sur 2 disques. Et il a 18 ans, alors moi j'en ai 30. Ca m'a fait
chier quand je les fais jouer au Rachdingue [tu l'as fait jouer à la
dernière ?] Oui, je l'ai fait venir à la soirée des
Checkpoints en janvier genre, ou en décembre, je sais plus. Et il est
tout jeune, il a trop la patate, c'est trop marrant et il fait du live Hardcore
breaké, comme le son anglais, à la déchante (?).
J'étais content de l'avoir signé, parce que maintenant, en plus,
tout le monde veut le signer. [quand tu signes un artiste, il doit rester
avec
toi ?] Moi je signe que pour un disque, j'ai pas de
contrat d'exclusivité. Ça se fait ça maintenant, ça
se faisait avant mais ça se fait plus. L'artiste, il faut pas qu'il le
fasse. Alors dans l'Electro, dans le Rock, c'est différent, t'as des
contrats d'exclusivité, tu dois faire par exemple 3 albums. Là
vraiment tu signes un 4 titres, t'as l'exclusivité des 4 morceaux
pendant 3 ans par exemple. Si il y a un des morceaux qui est sur une compil,
c'est avec le label qu'il faut traiter. Après l'artiste peut faire ce
qu'il veut.
Donc dernièrement tu as monté des
projets-soirées, au Rachdingue par exemple ?
Ça, c'est des restes de quand j'étais en
association, avant quand on organisait des soirées tous les
week-end. De temps en temps j'en organise, ça fait un peu
de pub pour mes labels et tout, ça fait parler.
Tu vends des disques sur places ?
Oui, enfin c'est surtout pour faire la fête. On a fait ces
3 soirées là au Rachdingue....en fait ça fait 2 ans que je
suis à Perpignan, j'ai jamais rien organisé ici et j'avais envie
de faire un truc au Rachdingue. J'avais déjà fait un truc avec
l'Oeil Marron, je sais pas si t'as déjà entendu [non], c'est des
vidéastes de Perpignan. Alors eux c'est pareil, c'est des vieux de la
vielle, comme moi. Ils sont ici, ils étaient 2 en fait, la nana est
encore ici et le gars est parti habiter sur Paris. Donc ils font de la
vidéo dans les soirées. Je les ai rencontré quand je suis
arrivé ici et on a organisé un truc au Rachdingue avec les
Boucles Etranges. Et ça c'était bien passé et là on
voulait organiser des soirées que Hardcore pour voir comment allait
réagir le public, qui allait venir.
Il y avait déjà une scène Hardcore avant
que tu arrives ?
Oui, il y a les Tromatik, qui eux, sont plus du public free.
Moi ce que j'appelle le public free, c'est le public Hardtek en fait, Tribe,
Hardtek, tout ça. Tout ce qui est mon label Absolute, c'est ce qu'il y a
dans ces soirées là. Après il y a un label Hardcore ici,
mais moi je le considère pas comme un label Hardcore. Lui, il dit que
c'est label Hardcore. C'est C. Lui, je te le dit franco, c'est pas un ami. Moi
ce genre de personnage.
Tu le trouves pas dans la musique ?
J'ai pas envie d'en parler de lui s'il te plait (gêne).
Donc tu as eu du mal à rencontrer des éventuels
partenaires ici.
Ici, c'est les Tromatik les plus actifs et comme je t'ai dit.
Après il n'y a pas de scène Hardcore ici, du tout. Si tu veux,
c'est un style qui marche vachement dans le nord de la France : tout ce qu'il y
a au- dessus de Paris, Metz, Nancy et après Belgique, Hollande
évidemment, Allemagne, c'était le début. Tout ça
ouai, ça cartonne à fond. Toutes les ventes que je fais pour mon
label Hardcore, c'est là-bas. Ici, le sud, en dessous de Clermont, c'est
Hardtek, les free party. C'est pas pour rien qu'il y en a encore des free party
ici. Mais à Perpignan, t'es à la frontière espagnole, donc
au nord de l'Espagne. Donc en Espagne, on voulait voir en faisant ces
soirées là, qui allaient venir à nos soirées et on
a eu que des espagnols. La première soirée, on s'est
planté.
Comment tu peux l'expliquer ?
Je sais pas. En fait, chez les espagnols, il y a une grosse
communauté Hardcore mais il n'y a pas beaucoup de soirée, c'est
hyper bizarre. Il y a.. . .j'ai rencontré des gars, le seul sound system
Hardcore d'Espagne, ils sont à Barcelone, ils s'appellent les BaszDrome
et c'est des gens qui ont la vingtaine tous. Et on a organisé cette
soirée avec eux, tu vois en collaboration. Et on eu que des espagnols,
de Gérone et tout. [tu as eu du public Makeena ?] non non. Ils
écoutent plus de la Shrance, de la Techno. La dernière qui a le
plus marchée, on a fait Daizy, c'est une nana de chez Epileptik, il y
avait je sais plus qui aussi. Cette soirée, il y a eu plus de monde.
Apparemment, il y a eu des gens un peu.. .comment ils appellent ça en
Espagne. Tu sais pas des fascos mais des gens un peu relou. Apparemment c'est
parti un peu en sucette avec le gérant qui les a tous viré et
ça c'est un public qui écoute de la Makeena. Ça fait une
sale réputation avec la Makeena. Et le Hardcore, nous, c'est du Hardcore
Industriel, du Frenchcore. Donc nous c'est vraiment un public
différent.
Et pourtant ce sont des espagnols qui viennent
l'apprécier !
Que des espagnols. Et alors le public, c'est que du public
cluber, c'est-à-dire, on fait une soirée dans un club, le
Rachdingue et du public de club. Plein de nanas bien sapées, on a eu des
jeunes qui faisaient de la tektonik sur notre musique. Bon, au bout d'un moment
ils pouvaient plus, ça allait trop vite. Mais c'était fendard,
moi, j'avais jamais vu ça. Il y avait que des clubers, il y avaient pas
de mecs avec des parkas, tu vois, ils étaient pas en kaki les gens. Bon
en même temps le Rachdingue, c'est un peu loin, c'était en plein
hiver, alors le public perpignanais flêmard.
Mais.. .c'était marrant. Donc cet été on va
essayer d'en faire à nouveau et on va essayer de viser plus les
espagnols et tous les touristes.
Vous avez fait un essai à Perpignan, au Crockmore, au
Point Batterie ?
Et bien non, je vais faire un essai. Alors au Point Batterie, j'y
joue fin avril, le 24 il y a les Tromatik qui organisent un truc avec
Même Pas Mal, je sais pas si tu connais, c'est un peu Jungle. On va
essayer de faire un truc au Crockmore au mois de juin. Pour la première
fois je vais essayer d'organiser un truc au Crockmore, je vais aller voir la
nana, alors bon j'ai jamais le temps. Parce que je voudrais réussir
à faire un truc dans la ville où j'habite. Déjà
c'est vachement plus pratique, parce que le Rachdingue, c'est 2 heures, 1 heure
plutôt. Le truc c'est d'y aller ça va, mais de revenir le matin
à 7h, t'es éclaté, de se taper la route c'est
fatiguant.
Et tu pourras savoir si plus de français aiment le
Hardcore ?
Oui, mais je ne ferais pas seulement une soirée
Hardcore-Speedcore, ce sera peut-être, il y aura de la Hardtek, faire
jouer des gars du coin et faire des petites soirées. Donc là on
est en train de voir pour juin Armagénan, c'est un mec de Paris et Pitz
des Tromatik et après des gars du label, des potes, pour faire une
petite soirée.
Pourquoi tu t'appelles Néokoros ?
Au départ c'était Néo et puis il y a eu le
film Matix et tout le monde a commencé à s'appeler Néo.
J'étais dégoûté. Alors j'ai choisi Néokoros
parce que c'était au moment où j'ai créé mon label.
Néokoros, c'est du grec, c'était les anciens gardiens des temples
divins à l'époque greco-romaine et je trouvais que ça me
correspondait bien. Bon je garde mon label, enfin tu vois l'image. Ah je garde
mon label, B2K (comme un prêtre récitant une incantation). Pareil
B2K, au début c'était Born To Kill, le problème c'est que
Born To Kill, c'était un label anglais de Hardcore aussi, qui n'existe
plus maintenant. Et après comme ça a été
créé fin 99, genre Born 2000, tu sais en anglais quand tu mets
2K, c'est 2000, B2K c'était Born 2000. après les gensils ont dit
Born To Kick, je sais pas pourquoi mais c'est resté Born To Kick. Enfin
je m'en fous c'est B2K.
Donc tu associes ton activité de Djing avec ton label
?
Mon activité de compositeur. [du live ?] Non pas du live,
ça c'est en soirée. Moi je fais de la compo, c'est-à-dire
que quand je fais des morceaux c'est des formats 6 minutes, c'est un
début, une fin. Je compose pas dans une durée de live. Moi c'est
vraiment compositeur j'ai toujours fait ça.
Tu peux me montrer comment ?
J'ai mon expandeur, mon synthé.. .bon j'ai moins de
machine maintenant parce que sur PC t'as plein
de choses. Bon ça je le garde (il me montre un
clavier), c'est comme un synthé, c'est une très bonne machine que
je peux pas me séparer. Et après t'as plein de logiciels de
numériser, c'est plus simple et ça coûte moins cher. Parce
que le problème du hardware, c'est que c'est super cher.
Tu achètes tes logiciels sur des sites
spécialisés ?
Non, je les télécharge illégalement. Mais
bon, tu sais que les firmes, Sony ou je sais pas moi Cubase ou tout c'est trucs
là Stenberg, ils disent rien, ils sont bien content qu'il y ait des gens
qui krakent les logiciels et qui les utilisent parce que ça fait parler
de leurs trucs. Donc après.. .c'est con, c'est comme Photoshop, il
parait qu'il y a un gars de chez eux qui fout un krak sur internet, les jeunes
le téléchargent et l'utilisent kraké pour que les
entreprises et que tout le monde utilise ça et achète les
licences. Puis que dans les entrprises t'es obligé t'as des
contrôles. Moi, quand je compose, c'est en tant que particulier et donc
j'achète pas parce que c'est super cher.
Combien faut-il environ pour un petit studio personnel comme
ça ?
Ça dépend si t'as l'ordi que tu rajoute Cubase,
ça coûte Cubase, 700 euro. Et puis après tu as les
logiciels, les programmes, les synthétiseurs, enfin les trucs virtuels.
C'est 200-300 euro chaque synthé. Enfin faut aller voir sur internet, je
suis même plus au courant des tarifs. Mais c'est hyper cher. Alors ce qui
marche vachement en ce moment c'est Live. C'est la société
Ableton qui fait ça. C'est simple tous les gars qui font du live, qui
ont leur portable, ils utilisent ça, parce que ça coûte pas
très cher la licence et d'ailleurs la plupart achètent la
licence. Mes potes qui utilisent ça, ils achètent la licence,
parce qu'elle coûte 300 euro. Donc c'est assez vite rentabilisé et
c'est hyper bien. Quand tu veux apprendre à faire du live, c'est hyper
bien.
On peut dire que tu as un studio chez toi ?
Moi, j'ai mon PC qui est la base de tout, j'ai ma console, ma
table de mixage en fait et tout est branché dessus, mes platines. J'ai
aussi une table de mixage avec mes platines, j'ai mon synthé qui est
branché là-dessus, mon expandeur, mes enceintes aussi. C'est des
enceintes de studio qui sont de bonnes enceintes. J'ai une carte son qui
derrière aussi. Bon ça c'est à force. Ces enceintes sont
assez chères, ça coûte 1000 euro la pièce. J'ai fait
ça au fur et à mesure, j 'ai pas tout fait ça d'un coup.
Mes platines c'est des Technics, ça fait 10 ans que je les ai, ça
bouge pas comme ça. [c'est des MK2 ?] oui, c'est des MK2, c'est des
platines qui vont. C'est ce que tu trouves quand tu vas mixer en soirée.
Parce que c'est des trucs hyper robustes. Bon elles coûtent kedal, c'est
600 euro. Et après t'as les logiciels aussi.
Et tu as créé beaucoup de musique depuis 10 ans
?
Il y a une époque j'en faisais beaucoup, maintenant j'en
fais moins, j'ai moins le temps. J'ai moins l'envie aussi. J'ai quelques trucs
qui vont sortir. J'ai sorti une vingtaine de disques, avec un morceau. Des
trucs qui sont sortis sur mes labels et des trucs qui sont sortis sur d'autres
labels. Là j'ai sorti un truc sur un label qui s'appelle Necrosociety,
le truc bien gai. C'est un label marseillais et il va sortir ce mois-ci. Il est
parti à la presse, depuis le temps que je l'attend. Je vais sortir sur
un label parisien qui s'appelle Komum. Alors, c'est un super vieux label en
fait, c'est un label qui date de 95 où il y a eu que 3
références. Il a été arrêté et le gars
qui tient ce label, quand il a écouté les morceaux il a trop
kiffé et il a recommencé. Les premier sur ce label,
c'était Radium des trucs comme ça dessus, tu connais, avec les
Micropoint etc. Ce disque va sortir bientôt, mais ça fait 2 ans
que j'attend parce que le mec il a pas de tune. Mais il va sortir maintenant,
je suis content. Parce que il y a des gens qui voulaient m'acheter mon test
pressing, ils voulaient me l'acheter 150 euro, un truc de malade et je leur
disait : "non, il va sortir bientôt, il va sortir bientôt". 2 ans
que j'attend, normalement il
devrait sortir là.
Tu travailles un peu sur les radios ? Non.
Ou des partenariats avec elles ?
Non. Des fois.. .à Toulouse il y avait
Ephémère. J'ai un pote qui fait du son de radio et de temps en
temps je lui file des mixs. Bon après il y a internet, c'est un bon...tu
peux diffuser de la musique. Il y a un truc qui s'appelle Lastfm [oui] tu
connais ? [bien sûr] et bein j'ai créé un truc sur lequel
tu peux télécharger. Tous les artistes que j'ai signé, ils
m'ont tous donné un mix ou un live gratuit, donc tu peux
télécharger. Alors j'ai fait une playlist et avec un lien
où tu cliques et tu vas direct dessus. Donc j'ai créé des
playlist, une playlist Drum, une playlist Hardcore, une playlist Techno, il y a
même une playlist Captain Kverne. Parce qu'il font vachement de bootlegs
à côté. Donc j'ai foutu tout en bootleg et voilà.
Bon ça c'est aussi un bon outils de communication. Il y a des forums
aussi, où je balance des mixs. [tu vas sur quels forums ?] j'allais
souvent chez mes potes, les Kaballe, c'est un label parisien Hardcore. Et des
labels Hardcore basic, c'est un forum Hardcore quoi, donc des fois j'y vais.
Mais ça me soûle, ils ont toujours en train de s'engueuler. Chaque
fois que tu sors un truc...
C'est des lieux de débats non ?
Ah non, mais ils sont toujours en train de s'engueuler.
Dès que tu sors un truc. Donc j'y vais de temps en temps, je vais faire
ma pub, je fais mon commercial (rires)
Ils doivent apprécier ! C'est pas un peu contradictoire
avec le style d'ailleurs ?
Je m'en fous moi. A partir du moment où tu vends quelques
choses c'est du commerce. Après les gens, ça ça me
fatigue. D'ailleurs sur le forum, ils en parlent : "oui, c'est du.. .c'est
commercial ce que tu fais et tout". Mais il faut qu'on reste à notre
échelle tu vois. Je veux dire que les ventes d'un vinyle c'est du 500
copies à 1000 copies. Même si la meilleure vente que j'ai faite
c'est 2500 copies, ça reste 2500 copies. Ça veut rien dire. Tu
fais du commerce et à partir du moment où tu fais du commercial
c'est forcément pas bon. Dès fois t'as du mal à
comprendre.
Donc il t'est arrivé d'avoir des discussions houleuses
sur ce sujet ?
Mais je n'y participe même plus. Au début je
gueulais : "oui, regarde pourquoi on ne pourrais pas vivre de notre passion.
(il s'enerve) Je comprend pas en France à partir du moment où tu
essaies d'en vivre..." et encore en ce moment, je conseille à personne
de se lancer là-dedans et moi, je suis même en train de me
demander si je vais pas travailler à côté. Parce que tu
gagnes pas de tune et en ce moment j'en gagne plus. Le marché est
complètement...le CD c'est fini, t'en vends plus. Le vinyle, ça
va encore mais bon. Alors il faut arrêter, les gens, quand ils disent
"c'est commercial". Un truc comme La Nouvelle Star, ça pour moi
ça a un esprit commercial, c'est-à-dire que c'est
hypermarketé, c'est calculé par rapport au rendement que tu vas
faire. Ça c'est du commerce. Bon après
ça peut être bien, pourquoi pas. Et c'est pas parce
que ça se vend vachement que c'est forcément mauvais. Mais en
France on est tellement bloqué là-dessus. Epileptik, ça
les a flingué ça, le label. Ils sortaient plus de vinyles, parce
que c'était devenu une marque que tout le monde détestait. C'est
bizarre, parce que c'est un truc qui marchait. Epileptik, ça a vendu et
ça fait un moment que ça existe Epileptik. Ils faisaient plein de
soirées. Les gens qui écoutent un peu de Hardtek, ils
connaissent tous Epileptik. Et du coup ça leur à
jouer vachement de tours, au niveau des ventes je te parle. Dès qu'ils
voyaient un disque d'Epileptik, pus personne n'achetait.
Donc dans ce courant il faut se planter pour que ça
marche (je plaisante) ?
Non, j'en sais rien. Non faut faire ça en tant
qu'association, tu sors un disque tous les 6 ans. Non, mais on est pas beaucoup
à essayer d'en vivre, il y a ... Bon chez Epileptik ou l'autre truc en
Hardcore, c'est Audiogenic, le label de Radium et tout ça, c'est les 2
qui s'en sortent un peu parce qu'ils sont plusieurs, ils sont à Paris,
ça y fait vachement et puis ça fait longtemps qu'ils sont
là- dedans. Moi, c'est une petite structure, je suis tout seul à
m'en occuper. Je travaille avec des intermédiaires mais au départ
je suis tout seul, pour prendre mes décisions de sortir ou pas un
artiste. Et c'est hyper chaud en France d'essayer d'en vivre.
Ok je crois que j 'en ai terminé avec mes questions.
Entretien n°3 réalisé avec Ben, le
chef de l'équipe de sécurité du Mas Bonete le Samedi 5
Avril 2008 lors de l'après-midi de préparation de la
soirée. Il est également le Président de l'Association
Sécurité Pour Tous (ASPT).
Conditions de l'entretien : les équipes de Mystic
Chrysalide et d'Hadra étaient en train de préparer la salle.
Didier et Ben parlaient ensemble. Je suis entré dans la conversation et
l'ai faite tourner à l'entretien.
Ça il faut que je gère aussi parce que par
exemple en soirée on a affaire à des professionnels pour la
sécurité puisqu'on essaie de travailler en sécurité
et il y a tout un staff technique et intervenant qui est là tu vois. Ils
ont leurs habitudes et il leur faut pas changer leurs habitudes,
c'est-à-dire que tout ceux de l'asso aient des trucs avec les tampons de
l'asso.
Des badges ?
Oui, des badges ni plus ni moins. Donc t'as pas besoin de...
Des T-shirt aussi ?
Des T-shirt ça passe. Mais si tout le monde n'en a pas, il
faut que tout le monde est le badge pour que tu puisse entrer et sortir.
Et là on en a des badges ? Normalement on va en
avoir. Qui s'en occupe ?
Il faut demander à S. ou à M. Parce que, je veux
que tout le monde ait ces badges pour 2 raisons. Si demain tu veux rentrer ou
quoi que ce soit et qu'il y a les mecs à l'entrée, je veux pas
que toi tu te fasses casser les couilles, que tu puisse entrer. L'asso, on leur
fait confiance.
Combien d'agents il y aura ?
Ce soir, 5.
C'est des personnes qui sont diplômés ?
Oui, moi, j'ai une boite de sécurité. J'ai deux
sociétés, j'ai une boite de sécurité et une boite
de convoi exceptionnel.
Et tu as combien d'empoyés ?
18 et là j 'en ai 5 mais bénévoles qui
viennent ce soir.
Tu fais souvent du gardiennage dans ce genre de soirée
et dans le Mas?
Dans la région-là ! Dans la région, c'est
moi le plus gros. J'habite au-dessus. Moi, j'ai commencé, j'étais
ici, j'étais le gardien d'ici et j'ai monté ma boite de
sécurité quand je suis venu à Perpignan de
Clermont-Ferrand avec ma petite femme, parce qu'elle est jeune,
c'était mal vu. Et j'ai connu
Dragon Hunter, Psyva, Mystic Chrysalide, j'en fait à Lyon,
j'en fait à Barcelone. On me demande un peu partout.
Et donc tu t'es spécialisé dans l'organisation
de soirées Trance ?
Tu vas voir M. tu lui demandes, il y a jamais eu de soucis avec
mes gars parce que c'est pas des impulsifs. Ils savent que les mecs sont
arrâchés et que t'as pas à leur mettre le poing dans la
gueule.
Comment tu gère ça justement au niveau
sécurité, le respect des lois. Par exemple ce soir on a pas le
droit de fumer ?
Tu peux pas respecter ça. Je l'ai déjà fait
la dernière fois, toute la nuit j'ai tourné, ils le savent.
Maintenant, si on a un contrôle, toi t'as les papiers à
l'entrée et à la sortie, toi t'es couvert. Maintenant, le mec il
vient, c'est comme dans un bar : la BAC, ils viennent en civil, ils lui mettent
un PV, ils lui mettent un PV. Moi je connais la BAC, donc je sais où
est-ce qu'ils sont ou pas quand ils y sont pas. Ils viendront pas nous casser
les couilles, ils viennent jamais nous casser les couilles. Il faut pas
oublier, ici c'est un mas privé. Avant d'entrer il y a
déjà du mal de fait. Et j'ai monté une sorte d'asso.
Où ça ?
Ici à Perpignan. Pour la sécurité, elle
s'appelle ASPT, c'est Association Sécurité Pour Tous. Ça
m'est arrivé pour un mariage d'avoir un agent de sécurité
qui surveille le parking pour pas qu'on vienne piquer.
Pourquoi ?
C'est ton mariage demain, t'aimerais pas qu'on pique les jantes
à ton beau-frère. À oui.
Voilà, c'est une sécurité pour tous. Que
je les fasse passer en bénévolat, malgré qu'ils ont 10
euros de l'heure. Moi, je gagne rien, je m'en bat les couilles. Moi ça
fait 10 ans que je fais ça : 4 ans avec Psyva et j'ai commencé
à Perpignan il y a 6 ans. Et en même temps j'ai monté il y
a pas longtemps une boite de convoi exceptionnel, là j'ai 7 chauffeurs
qui tournent pour moi, j'en ai 4 qui rentrent et 2 avec qui je parlent au
téléphone avec (trop de bruits pour comprendre). Moi en
sécurité, je travaille au port de Canet, je travaille à la
mairie de Canet...
(puis son téléphone a sonné, il a
parlé avec quelqu'un et il est parti.)
Entretien n°4 réalisée avec Emilie,
une bénévole d'Hadra le 5 avril 2008 au Mas Bonete.
Conditions de l'entretien : elle était la seule
à ne pas être occupée pendant que je réalisais des
entretiens et des observations.
Ça fait depuis combien de temps que tu participes aux
activités d'Hadra ?
3 ans, voire 4. j'ai connu Hadra il y a 4 ans et je suis
bénévole depuis 3 ans. Pourquoi ?
Parce que j'aimais bien participer, comment dire, à aider
à développer le mouvement en France, qu'il fallait participer. Si
les gens font rien, il n'y a rien qui se passe. Et on a rencontré Hadra.
Moi, j'ai rencontré Hadra qui avait sa structure et puis nous, on est
arrivé pour donner des coups de mains. Bon après David,
c'était par rapport à la musique et tout, mais moi,
bénévole voilà.
D'accord et qu'est-ce que tu fais concrètement dans
l'asso ?
Maintenant ? Et même avant ? Avant je m'occupais, pas par
rapport à la Trance, je faisais à manger à tout le monde,
je faisais le cattering et tout ça, j'aidais au bar et puis bien avant,
après.
Maintenant qu'est-ce que tu fais ? Maintenant, je fais
que le bar.
Et ce soir qu'est-ce que tu vas faire ?
Ce soir à l'origine, je viens faire la teuf.
C'était déjà pas prévu que je vienne ici ce
week-end, j'étais pas sûr et puis voilà quoi. Et puis,
là c'était plus pour moi, les accompagner. Mais c'est pas parce
que je suis pas sur un planning que je donne pas un coup de main.
Et dans la vie, qu'est-ce que tu fais ? Est-ce que tu as une
autre activité comme étudier, travailler ?
Je travaille, ce qui me prend énormément de temps,
c'est pour ça que j'ai de moins en moins de temps pour Hadra.
T'es dans quel secteur ?
Je suis dans l'hotellerie, en réception donc 45 heures par
semaines et beaucoup d'énergie donnée donc une fois
rentrée à la maison, pchuit.
Tu aimerais avoir plus de temps pour participer au projet
d'Hadra ?
Oui c'est sûr. Mais par rapport à ce que je faisais
avant et ce que je fais cette année, je prend beaucoup plus de recul.
Parce que dès qu'il y a des soirées je pose mes week-end,
voilà, je pose des vacances. Voilà, si je peux je le fais. C'est
vrai que Hadra, après il y a toute l'organisation des teufs Hadra et il
y a tout le travail qui se fait la semaine, mais sur des mois. Et en fait je
suis bénévole, le jour de la soirée je donne un coup de
main, mais il y a plein d'autres gens qui donnent 25 heures de
temps par semaine. Donc voilà, il y a plein de gens qui
font plein de choses à côté et...il y a le jour même
et tout ce qui se passe avant qui est encore plus de boulot.
La déco par exemple ?
La déco, c'est Christelle qui est responsable
déco.
Ça fait combien de temps que vous avez commencé
à faire toute cette décoration ?
Christelle, alors, on a créé le truc, ça
va faire un an, il me semble. C'est parti depuis un an, un an et demi. Moi, je
suis pas une spécialiste de la déco. Je donne des coups de main.
J'aime bien mais j'ai pas des grands talents artistiques on va dire.
(Puis, comme elle était appelée, nous avons mis fin
à l'entretien)
Entretien n°5 réalisé le Samedi 5
Avril, lors de la journée de préparation de la soirée
« Mystic Chrysalide invite Hadra Records » avec Tristan,
infographiste dans l'association Hadra de Grenoble.
Conditions de l'entretien: nous sommes dans le stand
d'Hadra dans l'enceinte de la soirée. Les membres de l'assocation ont
installé un stand sous un préau collé à
l'Electrochill. Ils y faisaient de la communication sur leur association par
divers moyens : vente de cds, de T-shirt et dépôt de flyers
annonçant soirées et sorties d'album du label.
Tristan est infographiste salarié par l'association. Cet
entretien est donc axé sur le travail en milieu techno.
Tristan, tu es le seul salarié ce soir présent
de Hadra. Vous avez été invité par Mystic Chrysalide.
Comment ça s'est passé ? Est-ce que toi, tu as participé
à la mise en place du partenariat avec eux ?
Non. C'est pas du tout mon rôle au sein de l'association.
Moi, je gère tout ce qui est site internet, graphisme et pochette de
cds. Donc en fait, l'organisation, tout ce qui est logistique, c'est pas
moi.
Donc tu es le technicien visuel de l'asso.
Oui, je suis à la disposition de l'asso et pour chaque
projet on me dit : « bah tiens, on va faire une soirée à tel
endroit, donc il nous faut la promo en conséquence », et à
ce moment-là j'interviens.
Depuis combien de temps tu participes à Hadra ?
Ça fait un an et demi comme salarié et sinon depuis
2001, 2002 comme bénévole. Donc à un moment, comme le
bénévolat me prenais de plus en plus de temps et qu'il y a la
possibilité d'être salarié.
Vous aviez la possibilité d'avoir des salariés ?
Une bonne partie, c'est aidé. C'est des contrats,
où les six premiers mois c'est payé à 75 % par.. .qui
c'est qui paye ? je sais pas exactement. La sécu ou la CAF : la CAF, la
CAF. Enfin, c'est par le gouvernement, c'est des aides gouvernementales. Et
maintenant, c'est aidé à 50 %, tu vois. C'est sur une base de 26
heures par semaine.
Quel contrat ?
C'est un Contrat d'Avenir. Donc ça permet aux assos
d'avoir vraiment quelqu'un de salarié mais sans payer tout ce qu'il
faudrait payer normalement.
Mais même tu n'as pas un grand salaire pour 26 heures
par semaine.
Oui, un petit salaire, c'est payé au SMIC. Oui, moi
ça me convient. Ça me convient, ça me laisse du temps
à côté pour faire ce que je veux aussi, tu vois c'est pas
un temps plein.
Tu as d'autres activités à côté ?
Oui. À côté, je fais aussi d'autres sites ou
flyers pour d'autres associations. Ça ça se négocie au
coup
par coup.
Ce que tu fais avec Hadra, maintenant c'est du travail ?
Oui, oui.
Et tu le vis comme du travail ? Tu as des horaires, tu poses
tes vacances ?
Oui, j'ai droit à des congés payés que je
prend ou que je prend pas parce que c'est assez libre. Enfin, j'ai des horaires
officiels parce que pour les papiers, il faut bien avoir des horaires mais je
travail chez moi, donc...je travaille quand j'ai envie de travailler. Donc, les
dimanches ou les samedis ou la semaine ou la nuit, c'est moi qui voit. Et les
projets c'est pas.. .c'est du boulot et c'est pas du boulot. Ça reste
entre amis quoi, tu vois : tel jour, on a une soirée, donc le flyer, il
faut qu'il soit prêt un mois avant. C'est sûr que si je met trois
semaine à le faire et qu'il est prêt au dernier moment, ça
va pas. Mais ça ne se passe pas comme ça. Après, la
semaine d'après, il y a moins à faire donc bon, cette
semaine-là je ferais pas forcément 26 heures. Mais si le boulot
est fait et que le projet avance, tout va bien.
Et tu es diplômé ?
Non.
Tu as appris comment ?
J'ai appris par Hadra. C'est moi qui ai eu envie d'apprendre et
j'ai choisi comme projet personnel de m'impliquer dans Hadra, sachant que
j'étais bénévole et que c'était une asso, personne
ne me demanderais des choses sur la qualité de mon travail dès le
début. C'est pas comme si tu devais travailler pour un employeur. Au
début, tout le monde a fait comme ça, les djs débutaient,
les organisateurs débutaient, tout le monde débutait. Et tout on
a construit le truc petit à petit. L'idée, c'était que
tous, on donne à Hadra ce qu'on veut donner. Chacun donne ce qu'il veut
et chacun apprend en même temps er chacun peut vendre son savoir à
d'autres. Et les djs, ils vont mixer chez Hadra, ils vont se former chez Hadra.
Si après, il y a un autre organisateur qui peut les booker et leur
donner de l'argent et bien tant mieux pour eux quoi tu vois. Et moi j'ai fait
pareil : j'ai fait le site internet d'Hadra, j'ai fait les flyers d'Hadra. Si
un jour il y a quelqu'un d'autre qui a besoin d'un site internet ou d'un flyer,
bon bah j'ai de l'expérience, je sais ce que je fais, je connais mon
boulot, j'ai des références et on s'entend avec les autres ou on
s'entend pas.
D'accord. Est-ce que tu peux me dire ce que fait Hadra, son
but ?
Son statut, c'est la promotion des musiques
électroniques. Et donc on se contente de ne faire que de la trance parce
que c'est ça qu'on aime mais on a mis les statut un peu plus large...et
donc on a trois pôles : l'organisation de soirées, le label et la
formation.
Formation ?
Alors on a deux ateliers : un atelier dj et là on commence
le mois prochain un atelier peinture aussi et déco et...
Vous avez donc un local ?
On a un local et on se fait prêté des locaux par
d'autres associations à l'occasion. On a des bureaux quoi. Les bureaux
sont à Grenoble mais moi, j'habite pas à Grenoble donc j'ai juste
besoin d'un portable, d'une connection internet et je peux bosser n'importe
où. À une époque je l'ai fait, j'étais au Maroc.
Pendant un petit mois au Maroc, je bossais pour Hadra, pas de soucis.
C'est particulier, ça doit être sympa.
C'est pratique. Le jours où je n'ai pas envie de bosser,
je bosse pas. Je peux me rattrapper la nuit, je peux me rattrapper le
lendemain. Après, est-ce que légalement, c'est vraiment dans le
truc, je sais pas. Mais ça passe bien avec l'équipe d'Hadra, il y
a jamais eu de soucis. C'est vraiment fonction de ce qu'il y a à
faire.
Et si il y a d'autres travaux à faire, tu participes
?
Un peu mais.. .par choix, je m'implique relativement peu. Je
passe par là, il y a quelqu'un qui à un truc à faire, je
vais le faire. Mais bon, je fais pas partie de l'équipe déco.
S'il faut pousser le machin pendant qu'il est dessus ou tenir un truc pendant
10 minutes, pas de soucis.
Et l'autre salarié est lui chargé du
côté administratif ?
C'est assez différent. Elle, elle a un bureau. Elle a des
horaires. Elle est pas issu du mouvement. Elle a découvert la trance
à sa première soirée chez Hadra. Au début, elle a
travaillé pendant un mois sans savoir exactement ce qu'on faisait. Elle
a un travail de bureau, elle fait de la recherche de subventions, de
l'administratif quoi.
Vous faites souvent des partenariats avec des associations ?
On essaie de développer. La semaine dernière, on
était avec d'autres associations en Italie. L'année
dernière on a fait une soirée avec une asso de Londres aussi.
Vous n'aviez jamais organisé avec Mystic Chrysalide,
c'est la première fois ?
Oui.
C'est la première fois que vous venez dans les PO ?
Oui.
C'est donc un nouveau public. À ton avis, quel apport
ça peut avoir pour Hadra ?
Franchement je sais pas, on fait la soirée, les gens ils
viendront, ils aimeront. De toute façon, je me fais pas trop
d'illusions, dans une soirée t'as 20 % des gens qui savent exactement
où ils sont et le reste, ils ont entendu parler du truc et ils
arrivent.. .ils y a des gens qui s'intéressent vraiment où ils
mettent les pieds et la majorité, ils viennent à la
soirée. Donc toujours, sur la quantité de gens qui seront
là, on vise vraiment... c'est une minorité. Après,
j'espère que oui il y aura des gens qui compredront exactement ce qu'il
se passe et qui seront intéressés. On a toujours des personnes
qui viennent poser des questions un peu intéressantes, tu vois, qui
s'intéressent à la scène, à comment ça se
passe. Déjà quand on voit les critiques qu'on reçoit et
les remerciements qu'on reçoit, ils sont pas toujours en phase avec ce
qu'on fait. Des fois il y a des soirées qu'on fait et on reçoit
des remerciements alors qu'on y est pour rien et des fois, c'est le contraire,
on se fait engueuler, « mais
là c'était pas nous » (rires).
Pourquoi il y a des personnes « larguées »
à ton avis ?
Parce qu'il y a des gens qui veulent faire la teuf et qui se
cassent pas trop la tête à savoir qui est-ce qui l'organise. Il y
a plein de gens qui se rendent pas compte de ce que c'est l'organisation. Et
puis, tu as des gens, qui sont une minorité, qui eux se rendent compte
et des gens qui ne se rendent pas comte et qui font l'effort.. .mais c'est une
poignée. Tu vois, moi, je me fais pas d'illusion.
Vous êtes nombreux chez Hadra ? Combien de
bénévoles ?
C'est difficile à compter et c'est très variable.
C'est plus par cercles si tu veux. Il y a un cercle de gens très
impliqués qui sont une dizaine. Il y a un cercle de gens qui sont un peu
moins impliqués qui sont peut-être 20, 25. et puis, sur un plus
gros évènement, on peut compter sur 50 personnes. Mais il y en a
certains qu'on verra peut-être une fois dans l'année. Ça
veut pas dire que le jour où ils seront là, ils feront rien mais
on peut pas se dire que, dans un mois on fait quelque chose, on aura 50
personnes pour nous aider, non, ça marche pas comme ça.
Déjà, rien qu'ici pour venir, tout le monde ne pouvait pas parce
que c'est loin de Grenoble donc même ceux qui sont là à
toutes les soirées pour donner un coup de main à chaque fois,
ça veut pas dire qu'ils peuvent venir passer le week-end entier à
500 bornes. Et tout le monde a ses obligations à côté, son
boulot, sa vie privée.
Ok, et bien je te remercie Tristan. Je t'en prie.
Entretien n° 6 réalisé le 14 avril
2008 avec Damien aka Littleson, DJ et organisateur à Perpignan,
rencontré par l'intermédiaire de Titi du 303, disquaire à
Perpignan.
Conditions de l'entretien : Nous devions nous retrouver
à la boutique du 303 pour effectuer cet entretien mais celui-ci
était fermé. Nous nous sommes finalement installés sur les
marches du théâtre municipal. J'ai tenté d'enregistrer cet
entretien, mais en raison du vent les voix étaient inaudibles. Je m'en
doutais, alors j'ai pris des notes. Voici un portrait tracé à
partir de mes notes.
Damien a 24 ans. Il est, au moment de l'entretien, en arrêt
de travail. Par la suite, il doit bientôt faire une formation
professionnelle.
« Pour faire péter. Faire profiter de la musique.
». Il fait de la musique dans des soirées free party clandestines
(50 à 60 personnes) depuis 4 ou 5 ans, dans lesquelles il participe
à l'organisation. Il a déjà réalisé une
soirée légale au Griot, parce que c'est un « endroit pour
soirée sans jamais te faire chier » : "400 euros de location et ils
nettoient après". 320 entrées ont été
payées.
Il a débuté il y a quelques années avec
un pote dans le courant Techno Drum and Bass. Ils sont en effet
influencés des courant Techno anglaise. Cette année, ils se sont
lancés dans le style Dubstep originaire d' Angleterre
également.
Pour diffuser leur musique, ils se sont achetés un sound
system à 2, un système amplifié de 2 à 3 kw Makkie
Activ et un ampli Yamaha, permettant de "poser du son en toute
indépendance".
Ils avaient créé, 3 mois auparavant, leur
association : "Welcome to the Jungle" (pour rappeler la Jungle, un style qu'ils
affectionnent aussi). Cette structure juridique est une étape pour
organiser des soirées légales et donner une marque à leurs
soirées.
Ils comptent organiser leur prochaine soirée en septembre
prochain, au Griot Music.
Pour communiquer, le flyer est incontournable et sa
qualité doit être soignée : des 135g en couleur. À
cela s'ajouteront des affiches A3 et A4 en couleur également.
La décoration est aussi un élément important
de la soirée. La salle du Griot n'en possède aucune. Pour leur
prochaine, ils pensent imiter un décor de jungle, rappelant le style
musical et le thème de la soirée. Il m'a de plus demandé
de ne pas dévoiler son idée, car il pense que c'est innovant.
Certains de ses potes sont ensuite arrivés sur les marches
et se sont joints à la conversation. Ma posture ne leur était pas
fermée, je ne voulais pas interrompre leur réunion.
Nous avons échangé sur les teufs en free ou les
teufs en club. Pour eux, la free est réellement plus libre, ils ne
conçoivent pas d'attacher les chiens en teuf. Et à l'inverse, ils
ne sont pas fermés au clubbing. Ils aiment écouter du Dub, de la
Drum and Bass et du Dancehall dans les clubs, même s'ils
considèrent ce dernier courant comme "plus fashion". Alors ils vont "en
boîte de nuit" : "quand c'est bien mixé ça passe". Et
d'ailleurs, à propos d'un DJ, l'un d'eux ajoute qu'il "joue de la House
comme un sauvage, il fait bouger" et pour eux c'est bien.
Damien était venu avec un ami et tout deux étaient
pressés.
Entretien n°7 réalisé le Jeudi 1er
Mai 2008 avec Stéphane, Dj Diabolo, membre de l'association Mystic
Chrysalide.
Conditions de l'entretien : j'ai réalisé cet
entretien à mon domicile car je n'avais pas de véhicule pour me
rendre au domicile de Stéphane.
comment ça se passe ?
Et bien, je te poses des questions et toi tu n'as qu'à
y répondre. On peut en discuter tous les deux sans se bloquer.
Est-ce que tu peux déjà me raconter comment tu
es entré dans le mouvement techno ?
Super facile ! C'est grâce à l'armée. Ah
oui ?
À l'époque j'étais...on faisait partie,
enfin je faisais pas partie mais je tournais avec des mecs d' (Iscalon) 66. On
était reggae, reggae, soul-Reggae, trojan, skin-trojan et j'étais
à bloc là-dedans quoi. Et je suis allé à
l'armée et je suis tombé avec un mec qui étais Trojan avec
moi et un autre mec qui écoutais de la tech. Enfin, je te parles de
ça, à l'époque, c'était en 9 1-92. C'était
James Bonn, Is Dead, tout ce qui était un peu.. .techno de
l'époque quoi. Et à force, ce mec écoutait tout le temps
de la tech, tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et comme on faisait
des gardes, on était parfois 48 heures ensemble, petit à petit,
à force d'écouter son son,..., j'ai commencé à
comprendre quoi, à le capter et ça a commencé à me
plaire et puis, il m'a branché pour aller faire des soirées.
J'étais à Cannes à l'époque. Des soirées au
Circus à Cannes. Et c'est là que j'ai connu les premières
rave parties en boîte. Mais les rave party de l'époque,
c'était vraiment...en plus il y avait à bloc d'Italiens. Les
mecs, ils arrivaient déguisés. Les meufs, elles arrivaient style
dessous-dentelles avec un imper transparent. Enfin, c'était vraiment
déco à fond, vraiment dans l'esprit fête. Vraiment, j'avais
jamais vu ça. Donc, je suis rentré là-dedans et puis
très vite je me suis dirigé vers la trance, la goa. De suite, je
suis entré dans un magasin et j'ai écouté plusieurs styles
et puis bon voilà quoi. Il y a un style qui m'a tapé à
l'oreille et j'ai décidé d'en savoir un peu plus. Après,
j'ai connu du monde dans
la Trance et ils me ramenaient à un chemin : l'Inde. J'y
suis allé. En 94, je suis allé en Inde pour voir si ça
correspondait à ce qu'ils me disaient, la musique et tout ça.
Donc, grosse teuf Goa, sous les palmiers, tatati-tatata. Mais, deçu du
son. Par rapport au son en France, j'étais déçu parce que
je m'attendais à ce que ce soit plus pointu et en fait, un an de retard.
Et je suis revenu. Je m'attendais à voir des teufs excellentes :
cocotiers, les pieds dans la mer, full moon. Mais déçu par...je
m'attendais à... Et puis l'esprit, je m'attendais vraiment à un
autre esprit et puis, bon bah, gros esprit défonce. Donc voilà,
déjà j'étais pas en adéquation avec l'esprit
défonce. Et puis bon, malheusement, on le traîne cette image, mais
elle est réelle quand même quoi. J'y suis retourné en 96.
Pareil, des bonnes teufs mais pas convaincu par le son. Et puis voilà
petit à petit, je me suis mis à mixer.
Tu jouais simplement chez toi en tant qu'amateur ?
J'ai longtemps joué chez moi en tant qu'amateur.
Après, avec Manu, on s'est fait quelques teufs ensemble, j'ai
mixé à quelques endroits mais bon, c'était rien
d'extraordinaire. Moi, la musique, c'est vraiment et ça a toujours
été et ça le sera toujours...ça a jamais
été une obligation. C'est vraiment un passe-temps pour moi. Moi,
j'ai jamais eu de but derrière. Si je me suis mis dj dans l'asso et si
j'ai
mixé sur toutes les teufs, c'était avant tout
pour partager un moment, c'était pas pour, voilà... on me l'a
dit. Plusieurs fois, on me l'a dit : « t'es trop stérile »,
derrière les platines il faut bouger. Bon, moi je suis pas. À la
dernière teuf, j'ai essayé. La dernière teuf, j'ai pris un
energy drink.
Je m'en souviens.
J'avais jamais pris de ce truc. Ça m'a mis une patate
!(avec humour) J'étais mort, une demi-heure avant j'étais mort.
J'avais pas envie d'y aller. Et ça m'a mis une patate !
Sérieusement. Et après, j'étais derrière et je
m'éclatais. C'est la première fois que j'en buvais...j'en
reboierai je crois . (avec humour et rires) Sérieux, je l'ai bu et une
demi-heure après, mais, c'est comme si j'avais dormi 24 heures. J'avais
une patate... Mais c'est vrai que t'as plein de gens qui vivent le truc par
rapport à comment tu es toi aussi. Il y a des gens, si ils voient que tu
t'éclates, que t'es vraiment dedans, ils le ressentent plus fort.
C'est pour ça que vous mettez une scène ?
Non, c'est les deux dernières teufs qu'on a mis une, on
avait jamais eu de scènes avant. On a mis une scène,
déjà pour que les gens te voient. Ça c'est sûr parce
que la première fois qu'on a mis une scène, c'était pour
le projet Mechanik Records et on a fait Neuromotor, qui nous a demandé
la scène. Lui, comme il fait du live avec la guitare, et comme lui, il
faisait un show... parce que lui c'est un show-man par contre. Lui, il fait un
live avec les guitare et tout. Son live c'est vraiment un show. Son principe,
c'est faire du live mais c'est faire un show visuel, de ses mouvements
corporels. Et donc, il nous a demandé ça et en fait on s'est
aperçu que c'était pas mal parce que les mecs qui viennent te
toucher les platines.. .Déjà t'es un peu plus en hauteur, t'es
beaucoup moins emmerdé.
J'ai vu qu'il y avait autant de cannettes vides.
Mais bon, quand t'as un mec, et qui dit : « pourquoi il est
rouge le bouton là ? » tu vois, t'es en train de jouer, c'est vrai
que le fait d'isoler, c'était pas mal. Et puis, en plus c'est vrai que
tu vois mieux les gens. C'est vrai que toi en tant que dj, les gens te voient
mieux aussi. Mais toi, tu vois mieux les gens et tu vois mieux les
réactions. Et ça c'est pas mal. C'est vrai que c'est pas mal. Les
deux dernière soirée, c'est à cause.. .à cause,
grâce (se reprenant) à Neuromotor que on a mis des estrades. Tu
l'as entendu mon set la dernière fois ? Qu'est-ce que tu en as
pensé ?
Alors, je ai trouvé que tu faisais du psychdeledic
en reprenant de la trance plus ancienne mais pas de la dark trance, de la
trance banale que tu as tourné en psychedelic. J'ai bien compris ce que
tu voulais faire ?
Oui, c'est ça.
Et à des moments, j'ai trouvé ton mix
très rythmé, je sais pas à combien de bpm tu es
monté. À 145 tout du long.
Ah oui et les voix.
J'ai essayé de faire un peu de vocal, un peu de
psyché et assez soutenu. Un jump quoi, un jumping. Mais pour le matin,
t'es obligé de faire un peu de jumping.
C'est ça, c'est le moment justement. Tu
réveilles du psychedelic de Shotu; lui, c'était du
psychedeledic à fond. Il est fan de techno belge je
penses.
Oui oui. Oui oui. Je suis d'accord avec toi. Et donc pour
revenir, tu réagis par rapport à ce qu'ils font. Tu
prévois quelque chose à l'avance. Après si ça
réagi pas du tout, tu peux changer.
Depuis combien de temps tu participes à l'organisation
de soirées ?
L'organisation ? Et bien c'est quand on a monté l'assoce.
Alors l'assoce, on l'a monté en 2004. Ça fait 4 ans,
c'était en 2004. Et en fait on a monté ça parce qu'on
était plusieurs djs et on avait envie de jouer et donc bah
voilà.
Qui il y avait au départ ?
Il y avait Abdoul, David, Manu et moi. Que sont devenus David
et Abdoul ?
Ils ont quitté l'assoce pour des différends quoi.
Abdoul, lui, ça a été. Il a quitté l'assoce quand
on a coulé, enfin quand on a pris le bain à Bellesta où on
a fait, on s'est mis dedans. Et David, lui, c'est...à un moment,
ça a dérapé. Le pourquoi du comment, on l'a jamais
réellement su, parce qu'il nous l'a jamais réellement dit. Bon,
on a vachement évolué par rapport à ces
deux...démissions, on va dire. Ça nous a fait prendre conscience
que, encore maintenant ça nous fait prendre conscience qu'il faut plus
de dialogue quoi. Mais c'est vrai que par moment, c'est pas réellement
évident d'avoir un dialogue. On l'a vu l'autre jour avec Thierry quand
il avait invité.. .enfin tu vois, c'est pas tout le temps. Et puis bon,
il faut aussi que les gens veuillent s'ouvrir. Tu peux pas être tout le
temps à l'écoute, à chercher le savoir du pourquoi du
comment. Il faut que l'info, elle vienne aussi. Et ça, c'est le but de
l'assoce, d'arriver à créer cette osmose. Ah, c'est un
côté humain aussi une assoce et le côté humain, il
est pas tout le temps facile. On a tous nos visions de la chose, de comment on
le voudrait, comment on l'aimerait, comment ça peut être et par
rapport à tout le monde.
Qu'est-ce que tu a fait dans Mystic Chrysalide comme
tâches ?
Secrétaire. Maintenant c'est Nathalie qui le fait.
Maintenant, je suis trésorier adjoint. Je suis décorateur, chef
décorateur, on va dire. On va dire, l'étiquette « chef
décorateur ». C'est moi qui gère la déco, enfin qui
gère la déco avec les filles.
Tu vas faire le même type de déco ?
J'ai fait des champignons en papier maché comme ça
(environ 50 cm). Mais le problème de ces trucs là c'est que tu
peux pas les laisser à la dispo des gens. Tu peux pas mettre des
champignons ici parce que tu vas avoir quelqu'un qui va s'asseoir dessus.
Historiquement, le fluo c'est trance. C'est historique. Je penses pas que tu
puisses faire une soirée trance sans fluo. C'est vraiment les
soirées... les soirées trance goa, c'est vraiment, il y a deux
mondes. Il y a le monde musical et le monde visuel. Et c'est vrai que là
aussi c'est un stéréotype mais...tu fais pas une soirée
trance sans déco fluo. Tu dois pouvoir en faire mais il faudrait
vraiment être ingénieux. Le côté de la déco,
c'est que ça te refait ressortir des couleurs dans le noir et on est pas
sur.. .c'est pas plat. Enfin plat, je veux pas dire. C'est un monde quoi. En ce
moment, je suis en train de regarder pour faire des tubes sur du lycra. Des
tubes géants tu vois, avec des cerceaux. Tu rentres les cerceaux dans le
lycra et ça te fait des tubes. Et mettre des lampes qui changent de
couleurs. Je me suis rendu compte au niveau déco qu'il nous manquait des
effets visuels en lumière, tu vois, des changements d'ambiance. On l'a
eu la
dernière fois avec les robots-scan. Mais les robots-scan,
ils étaient trop puissants, trop puissant par rapport à ce que
moi, je voudrais. Moi je voudrais plus des changements d'ambiance
tamisées, dans un monde de brute. Mais bon, c'est pas évident.
Avant c'était David qui s'occupait de la déco et quand il est
parti, je l'ai pris en charge alors que j'étais pas décorateur du
tout et que ça m'intéressait même pas. Mais bon, pour le
bien de l'assoce, j'ai évolué et maintenant j'arrête le
djing pour me consacrer qu'à la déco.
Ah oui ?
Oui, c'était ma dernière. Je remixerai sans doute
sur d'autres teufs mais là j'ai décidé d'arrêter.
Donc, si il y a besoin, je le ferai mais tant qu'on peut trouver quelqu'un pour
me remplacer...
Pourquoi vous utilisez tant de lycra ?
Ce qu'il y a de bien avec le lycra, c'est que tu peux lui donner
la forme que tu veux, tu peux le déformer comme tu veux. Et ça
c'est que...et en plus ce qu'il y a de bien avec le lycra tu arrives à
couvrir des grosses surfaces. Tu comblent des trous quoi. C'est une
matière utile quoi. Tu prends par exemple le plafond. Bon, là ce
qu'ils ont fait, le lycra à la dernière soirée, j'ai pas
aimé du tout. Moi, les tout petits trucs, ça me plait pas. La
pieuvre avec le ventilateur, ça c'était pas mal. Mais ça,
c'est des idées à explorer. Parce que après, il faut que
je trouve la matière, pas chère. C'est vrai que le lycra
là, j'ai des plans à la place Cassagnes. Je fais tous les
marchés en fait, quand j'ai le temps. Et à un euro le
mètre, c'est pas cher. Ça vaut dix euros le mètre
normalement mais à la place Cassagnes, j'arrive à le trouver
à un euro. Et le tissus noir aussi même épais, j'arrive
à tout trouver à un euro. Bah, c'est du temps. Donc, c'est vrai
que la déco, c'est à plein temps. Là, pour le Rachdingue,
on était avec Manu l'autre jour, et à Carcassonne j'ai
récupéré des grosses boules argent. T'as dû les
voir, les pyramides.
Oui.
![](Les-organisations-de-soirees-techno-Le-loisir-dans-linstitutionnalisation-du-mouvement1.png)
Donc on les a démonté. Et comme au Rachdingue,
c'est Dali qui l'a fait, je voulais me taper un petit délire Dali, me
faire des structures. Et donc, avec des longues tiges en bois, on met une
grosse boule au milieu, deux grosses boules et on fait comme ça. Et en
fait on fait une molécule assez grosse, en étoile. Et je vais la
peindre en fluo avec un dégradé de couleurs, style ça va
partir de la boule centrale qui sera jaune et puis ç va partir sur
chaque boule, qui sera chacune d'une couleur et en accompagnant le
dégradé. En avril, tu as vu la tenture que j'ai fait pour la
scène ?
Oui.
Avec le tribal. Après, il y a plein d'idées comme
ça. Avec Manu, on s'est aperçu que le devant de scène
était jamais décoré. Il y avait du lycra tendu pour
protéger. Et je suis allé au marché, j'ai acheté 5
mètres de tissus et j'ai fait une tenture de 5 mètres à 1
mètre 60. Après, le truc c'est avoir l'idée de faire
quelque chose. Mais l'assoce, elle avance petit à petit parce qu'au
niveau déco, on a pas mal progressé. On a quand même deux
filles qui assurent bien, qui assurent vraiment bien. Tu les a pas les photos
?
Si je les ai (je prépare un diaporama des photos de la
décorations de la soirées du 5 avril).
Pour l'instant, on a été, on passait sur un monde
assez free. Bah voilà, ça c'est la tenture que j'ai faite.
Celle-là, c'est moi qui l'ai faite. Tu vois, c'était pour combler
le.. .Ça, c'est Virginie, une fille de l'assoce. Les pyramides,
ça c'est du fil. Là, le papillon, c'est moi qui l'ai fait.
Voilà, le lycra,
comme je te dis que j'aimerais le faire. Mais après, il
peut y avoir plein, plein d'idées. Ça c'est moi qui l'ai fait.
Ça c'est moi qui l'ai faite aussi. La tenture. Tu vois les pyramides en
fil. Ça c'est un cerf- volant que j'ai trouvé et je lui ai peint
les trucs en fluo. Ça c'est moi qui l'ai fait aussi, les attrapes-
rêves. Après il y a plein d'idées, tu vois. Mais il faut
avoir le temps, le monde et le matériel. Au fur et à mesure des
teufs, on sort un budget déco justement. Et oui, si t'as toujours la
même déco, les gens la connaissent et c'est fade. Là, par
exemple dans cette soirée, on achangé carrément la
déco. Toutes les tentures, elles sont de Hadra. Donc, nous on a une
tenture là. On a posé que le filaire.
Et les dragons ?
Ah oui peut-être. En tout cas, on a posé le filaire,
et eux, ils ont posé tout ce qui était tentures. On a
changé carrément le visuel, ça aussi c'était
important. Ça, c'est un visuel. Alors, ça aussi. On a vachement
évolué sur le visuel. Donc un visuel à chaque
soirée pour justement aussi qu'il y ait une image changeante tout le
temps. Donc il y avait ça, le côté
électro-chill-out, qu'on avait pas au départ et qu'on a
rajouté avec Thierry et Anthony. Et je trouve que c'est un plus parce
que t'arrives à, c'est éclectique. En fait, t'arrives à
ramener des gens qui sont techno, à les ramener sur la scène
trance pour qu'il écoute un autre son. Après, ils jugent s'ils
aiment ou s'ils n'aiment pas. Et on arrives à des gens de trance,
à les ramener du côté techno. Donc c'est un melting pot un
petit peu, c'est le mélange des genres. Le but de la soirée,
c'est les gens arrivent dans nos soirées et ils s'éclatent. Et
c'est vrai que si tu mets des murs blancs avec rien, c'est beaucoup plus
glauque. Et on c'est aperçu que plus tu mets de la couleur et plus les
gens sont happy.
Tiens, on avait pas ça avant (en regardant des photos qui
défilaient). Là, on a mis des line-up partout. Ça, c'est
moi qui les ait fait. Je les ai fait pour justement.. .mais bon le
problème c'est justement sur la réorganisation, c'est justement
d'attribuer des tâches à chaque personne. Qu'il y en ait un,
voilà, il a un road-book, il doit faire les line-up sur des affiches,
sortir la loi anti-tabac, ce qu'on a fait là. Si chacun avait un
rôle bien précis qu'il faisait, ce serait cool. Et c'est ce qu'il
faut qu'on arrive à faire. Il y a du peuple là !
Oui, parce que le son electro-chill a commencé à
peu près une heure avant le son trance. Oui. L'electro-chill, dans
l'historique de l'assoce, il est arrivé deux ans après.
C'était sympa que Nadia est pu faire son anniversaire
en même temps.
Oui, le truc qu'il y a, on en a parlé aussi pendant la
réunion. C'est un peu off par rapport au sujet d'aujourd'hui. Le but de
l'assoce, c'est quand même, c'est pas de faire de l'argent mais c'est au
moins de se rembourser. Et en début de soirée, tu sais jamais
combien tu vas faire. Tu penses faire 500 personnes, tu vas en avoir 200. tu
penses en avoir 300, tu vas en avoir 800. Tu sais pas. Une soirée, c'est
aléatoire. D'où, l'importance aussi de faire une bonne pub et
d'où l'importance d'avoir un maximum de relais aussi. Parce que la pub,
tu peux pas la faire tout seul. Après, tu as la pub par texto :
t'envoies un texto qui est renvoyé, tatati-tatata. T'as la pub par les
fly et t'as la pub par le net. Donc c'est vrai, pour nous, il faut aussi une
personne qui gère ça c'est-à-dire qu'il y ait une
personne, quand on va annoncer une soirée, par exemple là on a
les fly, on a tout, qu'il soit capable d'aller sur 50 ou 60 sites où il
est référencé, pour poser la teuf. Et ça,
jusqu'à maintenant, c'est Manu qui le faisait et c'est un truc qui prend
du temps, qui prend énormément de temps. Et après, si
quelqu'un d'autre doit le faire, il faut qu'il ait les identifiants,
d'où l'importance d'avoir une seule personne qui ne fasse que ça.
La distribution de fly, après, c'est le réseau. Les texto c'est
pareil, c'est une personne. Il envoie 30 textos d'un seul coup.
Il faut s'y prendre combien de temps de temps à
l'avance pour la communication ?
Une soirée, il faut à peu près.. .bah
là on reçoit les fly cette semaine, il faut qu'on attaque (un
mois et demi avant la soirée au Rachdingue). On a jamais pris autant de
fly. On a pris 5000 flys pour cette soirée et c'est parce qu'on a le
côté espagnol. Et c'est pareil, nous, côté espagnol,
on a pas de réseau donc on a pris un dj espagnol aussi pour que lui, de
son côté, il puisse attirer du monde avec son réseau.
Distribuer, c'est aléatoire. Moi, je suis à l'intervention de
France Télécom dans l'ADSL et tu peux pas savoir le nombre de
personnes à qui je donne des flys pendant le boulot et le nombre de
personne que j'ai vu pendant les teufs. Les mecs que j'ai été
dépanné, tu sympathisent, tu discutes cinq minutes le bout de
gras, tu donnes un fly et le mec vient. D'ailleurs là, j'en ai
rencontré un qui nous a laissé un message sur le forum. Et puis
après, il y a les bars et y voir du monde. Et tu vois, moi, j'ai pas
trop le temps et Manu non plus. Anthony le fait. Mais c'est avoir du monde qui
passe des soirées et qui bougent beaucoup et qui puisse en poser
partout. Ce qu'il faudrait, ce serait deux, trois personnes fêtardes, qui
font la fête, qui bougent dans beaucoup d'endroits et qui posent partout.
Et ce qui fait qu'une soirée marche aussi, c'est la réputation.
Petit à petit, la réputation, on commence à l'avoir, comme
les Psyva l'ont.
Tu penses que ça va bien marcher au Rachdingue.
Aucune idée. Là on est en dehors du territoire,
là c'est un inconnu pour nous. C'est bien de le faire.
Qu'est-ce que tu penses du fait qu'une association
organisatrice de soirée fête son anniversaire au Rachdingue ?
Et bien, fêter l'anniversaire au Rachdingue, c'est une date
qu'on a trouvé donc c'est bien tombé pour l'anniversaire. Bon
maintenant, au Rachdingue, on sait pas, on va voir.
Pourquoi vous organisez cette soirée au Rachdingue
?
Partenariat. Un bon partenariat où on a pas de réel
investissement et où on peut faire une teuf, et où on pourrait
faire une teuf gratuite, pour nous. C'est-à-dire que si on gagne pas
d'argent, c'est pas grave. On a un peu d'investissement, on a 1000 euros pour
les djs donc il nous faudrait cent à cent vingt personnes pour
rembourser. C'est faisable. Donc c'est une teuf sans risque, où on va
pouvoir fêter l'anniversaire entre nous et où, à part faire
le dj, on aura rien d'autre à faire. On a juste la déco à
faire avant, démonter la déco après, jouer au milieu, les
djs. Sinon après, on tient pas le bar, on tient pas les entrées,
on tient rien. Donc, c'est justement une manière de pouvoir faire un
anniversaire où il y a pas de stress.
Et la fatigue.
La fatigue, oui oui. Il faut démonter le lendemain matin
quand même. Mais bon, ça ferne à 6 h du matin donc à
8 h on peut avoir démonté et à 10 h on peut être au
lit.
J'ai vu l'organisation de la soirée du 5 avril, c'est :
commencer tôt le matin, bosser toute la journée. Et encore
vous êtes arrivés, moi j'y étais depuis 9 h.
On est arrivé vers 9 h 30. Et est-ce que tu penses
qu'il y aura un public trance dans cette soirée ? Ah oui, je pense.
Je pense que ce sera partagé : les espagnols sont pas mal techno et il y
a pas mal
de tranceux aussi. Le seul truc qu'il y a, c'est que ça
ferme à 6 h et que ça commence à 11 h, il y a plein de
gens.. .les vrais vrais tranceux, on va dire, ils vont hésiter. Et le
deuxième truc, c'est que c'est à 15 euros, c'est une boite. Bon,
il y a possibilité de faire un after en France ou en Espagne.
C'est le « to be continued »...
Oui. Donc après faut voir. (silence) Mais bon, l'Espagne,
c'est vrai qu'on est pas chez nous, on a pas le gros réseau pour...on
connait pas tout le monde quoi.
Donc par rapport au public de la dernière soirée
?
On aura 25 pourcents. Si on a cent personnes mais si ces cent
personnes, elles s'éclatent, ça me dérange pas. Alors si
on fait plus...je crois que la capacité est de mille ceux cent personnes
au Rachdingue. Mille deux cent ou mille cinq cent, je sais plus. Mais là
on est pas dans l'esprit de.. .là, c'est vraiment une teuf, un peu plus
pour nous quoi. C'est l'anniversaire. C'est la teuf où on va
s'éclater, où on devra jouer alors on ira jouer mais il n'y aura
pas le stress de la soirée. À la limite, si on a pas les cent
personnes, on sera pas dedans de beaucoup. Moi, perso je m'en fout.
L'essentiel, c'est que nous, on passe un bon anniversaire entre nous.
Maintenant, si on fait du monde, on fait du monde et tant mieux.
D'ailleurs, le fly est complètement différent
des précédents.
Il a le même format. Ça, ça va être
notre image. 14 x 14 ça restera. Mais c'est vrai que le fly est pas mal.
Et c'est vrai que le prochain sera différent parce qu'on va repartir sur
un côté tranceux. Mais là, on l'a fait un peu plus
électro on va dire.
Pour attirer le public du Rachdingue ?
Je connais pas le public du Rachdingue. J'y suis allé deux
fois mais pour des soirées trance. Sur ce fly, on était parti,
comme c'est un partenariat avec le Rachdingue, sur le logo du Rachdingue, la
bouche. Donc là, je trouve qu'elle est pas mal réussi.
Qui l'a fait ce fly ?
C'est Nini.
Phonic Request et Early Reflection, vous les connaissez
?
Oui. On les a fait jouer déjà il y a deux, trois
ans. En fait, Phonic Request, c'est...la première fois qu'il a
joué dans une teuf, c'était chez nous. Et d'ailleurs
après, il a sorti plusieurs albums. Enfin c'était au début
quand il se lançait et nous, on lui a fait confiance parce qu'il a du
bon son. Et sur un de ses albums, il nous a remercié à la fin, il
a remercié Mystic Chrysalide.
Donc vous les invitez pour l'anniversaire aussi ? En
quelque sorte oui.
Dans l'electro-chill, il y a Thierry et Anthony, Electrik et
Juan Carlos, les deux résidents du Rachdingue...
...et Yoan, qui vient d'entrer dans l'assoce et qui était
chez Psyva. (silence). Oui, je sais pas, Yoan. Je sais pas comment il
fonctionne de l'autre côté et ça m'intéresse pas
trop. Je pense qu'on commence à faire famille. Nous, on gère le
côté trance, les gars l'electro-chill et tout ça en
concertation.
En avril, il y avait Sicyphe et l'autre dj qui ont joué
dans l'electro-chill.
Oui, d'ailleurs Thierry était pas content parce qu'ils ne
jouaient pas aux heures. Enfin ça a été galère
là-dessus. Et la soirée passée, on l'avait dit avec Manu,
on connait Thierry maintenant, on lui avait dit : « la soirée
passée, tu sera super content de les avoir rencontré ». Et
c'est ce qu'il s'est passé. Il a bien aimé le truc donc tu vois,
comme quoi. C'est un truc que j'essaie d'éviter maintenant, c'est les
a priori, j'essaie de les éviter à fond. C'est les
délits de faciesses ou les a priori à la con.
Après t'as des gens, ça accroche ou ça accroche pas. Il y
a un mec qui va te faire une réflexion, tu vas de demander : «
quoi, qu'est-ce qu'il y a ». Et s'il t'en colle deux ou trois dans la
soirée, t'as plus envie de le voir. Parce que lui, il est en train faire
le délit de faciesse et j'ai pas envie d'entrer dans le jeu de me
prendre la tête.
Tu t'es bien entendu avec les Hadra ? Ah oui, oui, oui.
Tu les connaissais déjà ?
Oui, à part Christelle, la femme à Kokmok, qui fait
la déco aussi. Elle est space, mais tout en étant gentille. Moi,
c'est quelqu'un que j'apprécie. Mais elle est space sur sa
manière de travailler et j'arrive pas trop à le comprendre. Et
j'ai un peu de mal à accrocher mais bon pour le bien de l'assoce dans
tous les cas, il faut avancer. Sinon, Didier, je l'adore, il est excellent.
J'ai pu parler avec eux, et ils fonctionnent
différemment. Ils ont deux salariés déjà : une
administratrice qui n'est pas du milieu et Tristan l'infographiste. Ils
proposent des ateliers de déco et de djing.
Tu parles de qui, de Hadra. Je connais tout ça. Eux, c'est
carrément une organisation, c'est une vraie. Nous, c'était plus
dans l'esprit faire la fête, monter des petites teufs, tout ça.
Mais plus ça va, plus tu t'aperçois que si tu veux monter des
teufs en ayant un minimum de qualité, il faut un minimum assurer. Un
minimum assurer et pour avancer c'est pas évident. C'est vrai que t'es
obligé de devenir un peu sérieux partout. Et quand tu veux
être sérieux et pour faire marcher une organisation de tout
façon, il faut de la tune. Donc pour faire des soirées, il faut
de la tune. Voilà, il faut être sérieux pour faire des
choses à peu près potables et arriver à attirer du monde.
Et puis bon, le but premier de l'assoce, c'est quand même de promouvoir
les artistes et la musique électronique. C'est-à-dire promouvoir
des artistes, dès fois on va faire venir des artistes connus, mais
quelque part tu ouvres la musique électronique avec des bons djs
à un maximum de personnes et d'un autre côté, tu fais
commencer des débutants. Enfin, des débutants qui assurent quand
même. Et de faire marcher le plateau trance dans les PO quoi. Et
même techno, regardes, on a cinq djs avec moi ça fait six, mais
cinq. Si on arrives à trouver des bons djs, pourquoi pas. Mais il y a ce
côté là aussi. Le paradoxe c'est que tu fais revenir tout
le temps les mêmes djs, il y a un phénomène d'accoutumance
ou de rejet complet. Parce que t'en as marre d'écouter tout le temps les
mêmes artistes. D'où, l'importance d'avoir de la tune pour faire
venir des grosses têtes. Et t'as aussi un phénomène
d'accoutumance, enfin de, par rapport au mas. Que tu fasses toujours les teufs
au même endroit, t'as l'impression que c'est tout le temps pareil.
À la limite, on reprend la même déco et on la met dans la
forêt au milieu
des arbres, la déco, même si c'est les mêmes
images, ce sera pas du tout le même délire. Donc il y a ce
phénomène aussi, donc le mas Bonete, c'est un endroit qui est
super parce qu'il est vraiment beau, où on peut faire entrer du monde,
enfin c'est bien. Et c'est l'un des rares endroits qu'on avait dans les PO et
en même temps, on est conscient qu'il faudrait carrément sortir de
ce truc. On est conscient qu'il faudrait faire une bonne extérieur,
trouver un bon endroit. Il y a ce côté là. Peut-être
faire des démarches au niveau d'une mairie, j'en sais rien. D'où
l'importance de la secrétaire, tu vois. Au niveau administratif, c'est
aller chercher des renseignements sur qu'est-ce qu'on peut louer,
légalement, par quelle mairie. C'est des trucs comme ça.
C'est la secrétaire qui s'en charge ?
Non, mais il faudrait qu'il y ait quelqu'un qui soit, comment
dire, délégué au services publics. C'est- à-dire
qu'il aille démarcher les services publics et qu'il fasse ça
quoi. (silence). Tout en véhiculant l'image de Mystic et qui arrive
à vendre... non, pas à vendre, mais qui arrive à faire
reconnaître Mystic Chrysalide tel qu'on est et tel qu'on aimerait qu'on
nous voit. C'est une organisation qui essaie d'être sérieuse, qui
essaie de montrer que le mouvement électronique peu être tenu
correctement et après les gens qui viennent, s'ils veulent se
déchirer en boite ou ici, qu'ils se déchirent. On sait qu'on
véhicule cette idée mais...et quand je dis « on »,
c'est la musique, c'est le mouvement. Et justement, on voudrait arriver
à faire des...on arrive au niveau musical et...au niveau sonore et
visuel, mais ce qu'on aimerait c'est arriver à faire des teufs propres.
De toute façon, on arrive à le faire, c'est faire des teufs avec
l'ambiance de l'époque.
Alors, bientôt vous allez partir jouer avec Hadra
à Lyon ou Grenoble ?
Manu va jouer à Lyon. Moi, j'ai jamais été
dj pour aller jouer ailleurs. Je m'en fous réellement de jouer ailleurs.
Ce qui m'importe c'est, de temps en temps, pouvoir écouter ma musique
fort.
T'en fais beaucoup chez toi ?
Non, non. Ma copine, elle est pas.. .elle est flamenco. (le
téléphone sonne, sa copine l'appelle justement).
C'est intéressant ce que tu dis : tu joues peu de
musique chez toi, mais tu vas passer six mois à organiser une teuf.
T'es donc bien, plus organisateur de soirée que dj.
Carrément. Oui, c'est un autre monde. Mais c'est quoi
« être organisateur » ? moi, comment je le vois, c'est
participer à un projet et se faire plaisir. Et si tu peux faire plaisir
au gens en te faisant plaisir, c'est super. Mais, je suis brancher dans un
style, dans une musique, je connais un peu des références au
niveau des artistes et tout ça, et c'est vrai que monter un projet comme
Mechanik Records, c'est.. .Neuromotor, pour moi, c'est un dieu. C'est un mec,
je lui ai acheté ses « skuds » (disque en verlan). C'est rare
les cds que j'ai acheté. La plupart du temps, je
télécharge. Les trois quart du temps, je
télécharge. Et c'est vrai que d'un côté je
télécharge et comme je contribue pas à acheter leurs cds,
de les faire venir et de pouvoir les rémunérer d'une autre
manière, je trouve qu'il y a un équilibre. Mais.. .oui, c'est
faire venir des gens, faire venir des projets comme Neuromotor,
Hyperfrequencies, Electrocult. On l'a monté une fois, on le remontera
pas, je pense pas. Et c'est trois mecs que je rêvais de rencontrer. En
plus Fred, il a dormi à la maison, on a gardé des liens, on
s'appelle. Puis j'ai trouvé un mec super humain, un dj, il est dans les
dix mondiaux ou même dans les cinq mondiaux. Il tourne partout dans le
monde. C'est un mec, il est arrivé, un humain quoi. Pas une machine
quoi, tu vois. Et puis en plus, le truc, c'est qu'on s'était
téléphoné, on s'était...il habite en Belgique, on
était resté au moins deux, trois heures au
téléphone sur deux, trois coups à
« charer » (parler) et humainement on s'est
trouvé : il se défonce pas, il vit.. .Alors lui, le paradoxe,
c'est que lui, il fait de la trance mais il aime pas la trance (je ris). Quand
t'as un mec qui te dit ça. Quand t'as Neuromotor qui te dit ça,
tu lui dit : « expliques. Rembobines et expliques ». C'est un mec, il
est hip-hop à la base. Hip-hop à fond. Après, il a
été un peu techno, il s'est lancé dans la techno. Mais il
s'est de suite, il a de suite créé des morceaux et il s'est de
suite dirigé sur la trance pour créer, pour le niveau
mélodie, on va dire, qu'il n'y avait pas dans la techno. Il adore la
jouer, il adore la créer, mais tu lui mets dans la même
soirée un côté trance et un côté hip-hop, il
va aller partout sauf sur la trance. Ça m'a fait délirer quand il
m'a expliqué ça. Puis, c'est un mec, côté humain, il
est zen. Il se chauffe pas, c'est pas quelqu'un qui se prend la tête,
alors qu'il y a des petits djs, qui sont arrivés et qui t'ont pris de
haut. Mais t'as des mecs comme ça. Hyperfrequencies, plus tendu.
Electrocult, c'est passé comme pchuit, nickel. Mais moi, à la
base, c'était plus Neuromotor et je pense que Neuromotor, il nous a
relancé sur nos teuf à nous. Ce projet-là nous a bien
relancé. D'où l'importance de bien faire le truc. On s'est
égaré du sujet ?
Non, c'est intéressant, c'est tes impressions des
soirées passées. Alors qu'est-ce que serait ta vision de
l'avenir pour les prochaines soirées Mystic, après l'anniversaire
?
J'ai plusieurs réflexions sur le truc. Mais bon, ça
c'est une rélexion perso parce qu'après tu as la réflexion
commune qui l'emporte. Mais pour le moment, ça a été chaud
la dernière avec l'histoire de la meuf qui s'est mis, avec les flics et
tout ça. Manu, il est président, je pense qu'à un moment
il peut être sur la scellette, il peut être emmerdé. Et moi,
je pense pas que le but de l'assoce, que l'assoce soit prioritaire quand
même...je pense pas que l'assoce soit prioritaire sur la vie d'un mec.
Donc pour moi, ce serait, pour l'instant (avec insistance), ce serait de
trouver des partenariats avec des grosses boîtes.
Donc organiser des soirées trance en club ?
Non, tu prends par exemple la Koba à Barcelone, c'est pas
un club. Oui, c'est une discothèque, mais ça a une culture
électro et tout ça. Ce que j'aimerais c'est d'arriver à
passer deux, trois partenariat avec des grosses boites, mais avec un bon
esprit, du style le Rachdingue, la Koba, des trucs comme ça, pour qu'on
se fasse un peu oublié.
Pendant ce temps, qui feront des soirées ici ?
Les Psyva, ils vont en faire une en octobre. Le but du jeu pour
moi, le but du jeu tel que je le vois moi et tel que j'en ai déjà
parler à Manu, le but du jeu il est d'engranger assez de tunes pour
organiser un festival, de n'importe quels moyens. C'est-à-dire
faire...là sur le Rachdingue, je crois pas qu'on fasse du
bénéfice. Mais trouver des bons partenariats, pour avoir les
reins assez solides pour pouvoir s'offrir une grosse teuf. Voilà ! Tel
que je le vois moi.
À Perpignan ?
Oui, à Perpignan. Mais avec les autorités, un truc
vraiment légal et vraiment dans les règles de l'art. Tu penses
faire des partenariats locaux avec d'autres structures du coin ?
Avec les Psyva, c'est pas possible. Il y a des gros historiques
avec Mystic Chrysalide. Il y a des historiques avec World People. World People,
ils devaient monter un festival vers Grenoble ou je sais pas quoi. Ils ont pas
eu le terrain et ils se sont rabattu à Cubière. Et ce
soir-là, on faisait une teuf. On attendait 500 personnes et on a eu 300
personnes et eux, ils en ont eu 500. donc s'ils
avaient pas fait la teuf là-bas, on aurait eu nos 500
personnes. Donc on s'est mis dedans à cause des World People. On s'est
pas mis beaucoup dedans, mais c'était mille euros et à
l'époque on avait pas de tune en caisse. Donc déjà les
World People...Et pourtant ils nous ont invité sur un festival, je suis
allé jouer sur leur festival. Mais bon voilà, ça reste pas
cool. Et ils nous ont invité sur le festival pour rattrapper le truc,
mais je me vois pas organiser un truc avec eux. Et pourtant ils sont
très forts. Les World People, c'est une super bonne organisation.
Vraiment repect. Respect, même au niveau...et puis ils ont des super
contacts. Après, il y a Christophe et Christophe, il est hors de
question. Christophe et Manu c'est impossible. On devait faire une teuf
à Espira, c'était en 2002 ou 2003, je sais plus. On avait le
terrain et tout. On avait tout, le maire était d'accord et tout
ça. Et quinze jours avant, ils ont fait un festival en force de trois
jours ou de deux jours à Salses sur un champs privé, ils se sont
installés. Et il y a eu une grosse polémique avec la
préfecture, les journaux et tout ça. Et nous, notre terrain, on
l'a perdu. On avait tout, on avait booké tout le monde, on avait fait
les avances : la tune était sortie déjà. Donc, nous, on
avait plus le terrain. C'est là qu'on a trouvé Bélesta et
le problème de Belesta, c'est que il avait plu. Il y avait eu un orage
et on s'y était mis de deux cent personnes : 2000 euros. Parce que le
terrain, on devait pas le payer et que là, on a dû louer un truc.
En plus Belesta, c'était super loin alors qu'à Espira, tout le
monde aurait pu venir. C'est un peu le mas Bonete. On a perdu de la tune
à cause de, enfin « à cause de », parce qu'ils ont fait
une teuf en force.
Et avec Psyva ?
Oui, on peut en parler. Idée commune de faire une teuf
ensemble. On était parti pour faire une teuf « groupir » et
c'est parti sur des mauvais feelings. Moi, j'ai eu un mauvais feeling avec J.,
Drop, je sais pas si tu le connais. Sur des réflexions, sur des
réflexions à la con, mais des trucs qui m'ont bloqué en
moi. Donc, ça m'a fait chier à moi. Il y a eu David, qui
était Mystic mais qui aimait les Psyva. Il y a des trucs que nous, on a
dit en interne et qui ont été dit de l'autre côté.
Et après, c'est parti en couille. Et puis, le fait que David aille chez
les Psyva, les Psyva, c'est fini. Avec Manu, ils se voient plus alors qu'ils
étaient amis. Manu l'a vécu comme une trahison. Donc Psyva, c'est
mort.
(nous avons fait une pause et nous reprenons)
Le but de l'assoce c'est d'arriver à mettre assez d'argent
de côté pour pouvoir faire quelque chose de réellement
bien. C'est d'avoir l'argent pour voir assez grand, pas super grand mais, oui,
même un festival, même de deux jours; c'est surtout d'arriver
à se positionner au niveau de la préfecture par rapport au fait
qu'on puisse monter un truc de sérieux, de correct avec les
autorités.
Vous connaissez du monde déjà parmis les
autorités ?
Bah là, on avait.. .Manu et Céline avait
été démarché et on avait un médiateur, un
médiateur qui s'occupait de nous, mais après, avec la loi
Sarkozy, ils ont arrêté les médiateurs. Et c'est vrai que
c'était bien parce qu'on passait par lui et on montait des dossier
béton. Maintenant avec la loi Sarkozy, c'est moins de 500 personnes donc
voilà quoi. Et là c'est pareil, si tu montes un festival, t'as
intérêt d'être carré au niveau des infrastructures et
carré au niveau des autorités pour pas que...et au niveau tune.
Mais voilà, je pense, que si t'arrives à te retrouver avec 15 000
euros de côté pour faire un petit festival comme Cubière ou
des trucs comme ça, c'est gérable, c'est réellement
gérable. Après, il faut qu'il y ait du monde qui viennent pour
rembourser, mais tu as déjà une partie investie quoi. Le
problème c'est que quand on s'est mis dans le jus, on l'a sorti la tune.
Manu, moi j'ai sorti de la tune, Thierry, il en a sorti aussi, non.
C'est de l'argent que vous avez récupéré
ensuite ?
Oui, oui. On a super galéré et il y a super
longtemps. (silence). Et avec David aussi, le problème...le
problème qu'on avait avec David, c'est que dès fois on
était pas du tout sur une même vision, sur une vision de comment
avec l'assoce quoi. Ça a été des...on a pas parlé.
Le côté humain, on l'a...le stress, peut-être nous a
bouclé alors que maintenant on le voit plus avec du recul. Il faut aussi
dire la vérité, il y a du recul mais il y a aussi les
opportunités qui nous arrivent. Le Rachdingue, ça a
été une opprotunité de jouer là-bas, on avait le
mas Bonete, c'était bien, c'était tranquille. Maintenant, si on
plus le mas Bonete, s'il faut retrouver des endroits, c'est pas pareil quoi.
À Perpignan, c'est plus difficile ?
Si, il y aura peut-être la salle des ?, mais bon, c'est pas
extérieur, c'est un préfabriqué. Bon voilà quoi, tu
vois.
Vous avez déjà fait le Griot, c'était
comment ?
Les deux petites teufs, je les ai pas aimées. C'est ce
couloir et surtout, ce qui nous nous empêche de réellement
adhérer, c'est qu'il n'y a pas de sorties de secours. Donc, on est
vraiment plus là dans des règles de sécurité, plus
du tout. On a quoi 200-250 personnes quoi. Déjà 200 personnes
là-bas, c'est énorme. Et puis c'est un endroit glauque. Bon, on
s'était pris la tête à décorer, on avait sorti la
bonne déco, mais c'est un endroit glauque. Le problème, on avait
trouvé ça à Camélas, on avait trouvé un truc
où d'un côté, tu avais une grande salle, et de l'autre
côté, tu avais une salle plus petite où ils avaient fait le
côté techno, nous, on avait fait le côté trance et il
y avait un jardin, je sais pas, il devait faire 100 mètres de long sur
30 mètres de large, il était énorme, avec les pins et
tout. Oui, c'était super. Mais bon, le mec, il nous l'a loué une
fois et il a pris peur. Il a pris peur, il a halluciné.
Il est venu pendant la soirée ?
Oui, oui. Il a vu les mecs pisser contre les murs,
déchirés. Ça, ça fout la haine. Et le truc aussi,
c'est qu'il y avait du voisinage pas loin et ça les a fait chié.
C'est pas facile de trouver un lieu et pouvoir mettre deux sound system. Le
Rachdingue, c'est super, tu peux mettre deux sound system. Après, tu vas
dans une autre boîte, t'es pas obligé de pouvoir en mettre
deux.
Vous allez jouer où au Rach ? Eux dedans et nous
dehors. Pourquoi ?
Parce que la trance, c'est mieux en extérieur. La trance
naturellement, c'est extérieur. Et eux ont plus de son que nous : ils
ont 8 kw et nous, on aura 3 ou 4 kw, mais bon, on s'en tape, c'est impossible
que nous, la scène trance, on la mette dedans. C'est pas dans l'esprit
quoi. Une soirée trance, si on la mettre à l'extérieur, on
la met dehors. Maintenant, si on peut pas, on peut pas. Je pense que Anthony et
Thierry, ils doivent le voir pareil, et on l'a pas discuté.
Et les friches industrielles ?
Le problème du squatt, c'est vraiment...tu rentres dans un
principe, c'est du free, c'est du illégal, que tu peux arriver et que
d'un coup on te prenne tout et qu'en plus toi, tu rammasses. Tu vois, le
problème, il est là. C'est que les free. . .attends, des endroits
free, il y en a plein ici. Il y en a plein où
tu peux poser un son. Le problème, c'est que l'assoce,
elle en prend un coup. Tu vas leur dire "Mystic Chrysalide", ils vont dire :
"ah oui, ils font des free, ils sont illégal et tout ça". Il
suffit que tu sois une seule fois illégal, pour que tu le sois tout le
temps. Dans ce milieu-là, c'est comme ça. Tu fais une erreur, tu
l'as tout le temps l'erreur. Tu peux faire des trucs bien à
côté, si tu fais une erreur, t'as l'erreur. C'est tout ce qu'ils
retiennent. Et les habitations. Il y a ce trucs aussi, à gérer.
Le problème des terrains, c'est déjà de les trouver et de
pas emmerder les gens parce que si t'emmerdes le voisinage tu contribues
à une mauvaise réputation et tu contribues à ce que le
mouvement soit rejetté.
Médecins du monde c'est une solution
Mieux que Médecins du monde, il nous faudrait
carrément un vrai docteur, un docteur sur les soirées. Un truc
comme ça a été, c'était géré.
Son téléphone sonne. Il doit subitement partir.
Entretien n°8 avec Henri (Pitz) des Tromatik
System au café La Source à Perpignan le 8
mai 2008.
Conditions de l'entretien : nous nous sommes
installés sur la terrasse d'un café. Lorsque le tenancier est
venu nous demander ce que nous voulions consommer, Henri a commandé un
demi. Je fis de même. Henri est un interlocuteur très nerveux : il
a des gestes très vifs et des clignements d'oeil.
Comment tu es entré dans le mileu techno ?
Je me suis fait embrigadé par une bande de potes, je
sais pas, j'avais 16-17 ans. Ils m'ont emmené à une
soirée, moi je connaissais pas, moi je venais plutôt du milieu Hip
Hop. Et bon, j'ai découvert ça. On s'est retrouvé à
Claira dans un espèce de casote. Mais bon, il y avait pas
énormément de monde, il y avait une cinquantaine de personnes, un
dj, tout ça. C'était la première fois que je voyais en
vrai une rave party, en direct. Et puis bon, ça m'a foutu un gros coup
d'électrochoc. Ça m'a donné
directement envie de m'investir vraiment là-dedans, de
commencer.. .déjà au départ de commencer à
être dj quoi.
C'était en quelle année ?
C'était en 97, fin 96-97. Et voilà et puis bon du
coup...bah du coup, j'ai économisé et j'ai investi dans des
platines et je me suis lancé là-dedans. Et on va dire qu'à
partir de 98, courant 98, les Tromatik sont nés.
En 98, c'est tôt.
On commençait à faire des petites soirées
dans des bars mais rien de.. .c'était vraiment les débuts.
Dans quel genre de bars à Perpignan ?
C'était plutôt un bar à Canet, au port, oh
putain le nom je m'en rappelerais plus, le Raven à Perpignan, on faisait
des soirées au Raven, on a fait des soirées à la Source.
Après je m'en rappelerais plus trop, tu vois à peu près.
Après on posait, on posait entre nous, tu vois c'était des
soirées privées au départ. 1999, juin 1999, c'est la
première vraie soirée qu'on fait, organisée.
C'était au Boulou. Mais ce que je vais te dire, au départ, c'est
qu'en fait, l'effectif, enfin, les gens de Tromatik, ça a
évolué. Au départ c'était pas les mêmes que
maintenant, à part 2-3 personnes dont je fais parti. Il y a eu une
évolution, ce qui veut dire que vraiment, là où il y a eu
une vraie cohésion, un vrai truc, c'était il y a...ça a
commencé en 2001, oui 2001. 2001, c'est les mêmes personnes qui
tournent maintenant. Donc 99, première teuf au Boulou, bon et bien
après on enchaîne, on fait des soirées un peu...on a
fait...aff comment te dire ? On a fait des free party, on a eu des
problèmes, je sais pas si tu as connu les histoires de Corbère..
.les Cabanes, où il y a eu un meurtre quoi.
Ah oui, c'était dans l'une de vos soirées
?
C'était dans une de nos soirées. À
Corbère les Cabanes, il y a eu une explication entre un groupe de punks
et un groupe. Un type que je connaissais, c'était un gros bandit quoi !
Bon il est revenu cagoulé avec 2 potes. Ils ont fermé les sorties
avec les voitures. Il avait le pompe et il a tenu tout le monde en joue en
plein milieu, avec tout le monde autour. Et après, un pote à moi
a voulu lui enlevé le truc, il a pris une balle dans la râte,
après il y a eu une balle perdue et il y en a un qui est mort.
Bon voilà, on a fait la une sur TF1. On a eu ça
comme histoire. Qu'en a conclu l'enquête de la police ? Vous avez
suivi l'histoire ?
Oui, oui. Nous, ils ont fait une "perquise", tout ça. Mais
le problème...la personne, en fait, ils ont pas pu continuer
l'enquête. Enfin, il y a eu un jugement mais enfin, nous, on a pas eu
d'histoire, on a pas eu de problème quoi. Il y a eu un jugement, mais la
personne principale, elle s'est barrée en
Espagne, mais bon. Il y a 2 personnes qui ont été
jugées : il y en a un qui a pris pour 20 ans et l'autre 5 ans.
Est-ce que l'organisation a souffert de ça, que ce
soit...
Il y a eu une perquisition, ils ont pris l'ordinateur et c'est
tout. Ils ont vu qu'on faisait les flyers avec ça, mais il y a pas eu de
suites judiciaires.
Et même, les gens n'ont pas considéré
votre asso comme organisant des soirées dangereuses ?
Non parce qu'à cette époque on était pas une
association. À ce moment là, on était juste un sound
system. L'association est venue en 2003. On va dire que de 1999 à 2003,
c'était vraiment le truc illégal à 100%. On
organisait...on a organisé pas mal de soirées. Si tu veux, je te
donne des lieux de grosses soirées.
Oui
![](Les-organisations-de-soirees-techno-Le-loisir-dans-linstitutionnalisation-du-mouvement2.png)
Donc on a fait Corbère les Cabanes, Cubière, La
Franqui, (c'était une énorme teuf, c'était vraiment la
dernière teuf illégale qu'on a fait et où d'ailleurs on a
eu des problèmes avec les flics)...On a fait quoi ? putain, je m'en
rappelle plus. Oui, des endroits : Illes-sur-Têtes, on a fait Bellesta,
aff tout les coins, on les a tous fait. Le Mas des Druides à
l'époque, c'est un vieux mas, qu'que les anciens connaissent. Ça,
après quoi te dire de plus ? Bon, les teknivals voilà, on fait un
teknival par été, dans le sud et en Espagne. En Espagne, vers
Gérone, on en a fait un vers Gérone avec les Mental Resistance.
Voilà.
Donc vous êtes parti du monde de la free en fait. Et
musicalement ? On vient vraiment du mouvement free et musicalement.
Comment tu le définis ?
Au départ, c'était Hardtek-Hardcore et là on
a évolué plus Break-Hardtek-Drum & Bass. Après tu peux
dire aussi qu'on a un projet, enfin surtout moi, j'ai un projet de sortie de
vinyle normalement à la rentrée. Voilà. Quoi te dire ?
Après je sais pas, pose-moi des questions.
Combien vous êtes de membres dans l'asso ?
Il compte. Allez, on est 10. 10 dont 6 Djs. Attends.
Il recompte. Oui on est 7, Djs et Live. D'accord. Comment vous
tenez l'association, les comptes, si vous avez un trésorier, un
président...
Oui, on a un statut bien défini, mais après les
comptes, on les tient pas hyper carré. Mais bon, oui on a des comptes,
un trésorier, on a un président. Tout est fait dans les
règles de l'art.
Vous avez appris à faire tout ça ? Et comment
?
Oui, on a appris. Au départ, on faisait ça à
l'arrache, même si on était une asso. Et là de plus en
plus, avec l'expérience on fait les choses carrées, avec des
autorisations de débit de boissons, des contrats, tout ça.
D'accord. Alors comment vous fonctionnez ? Quel est votre
projet, votre objectif ?
Notre projet, c'est "faire découvrir la musique
électronique et les arts qui tournent autour". Oui, c'est vraiment la
promotion de la musique électronique. Oui, le but essentiel, c'est
d'organiser des soirées intéressantes sur Perpignan quoi. Parce
que je trouve, il y a des free parties, des petits trucs mais après
musicalement, ça manquait de . . .des gens intéressants qui
apportent du neuf, voilà, du bon son, pas le dj du coin. C'est vraiment
apporté ce qui manquait à Perpignan, des bonnes soirées
quoi.
Qu'est-ce que tu en penses jusqu'à présent, vous
avez un bon parcours ? Oui, je penses quand même, ça va.
Vous avez fait passer de bons artistes ?
Oui, on travaille avec les Spiral, les Desert Storm, Même
Pas Mal (?), là on refait une soirée le 13 juin avec Interface
68, Pseuko, Mammouth, Radiobomb...
Où est-ce que vous la faites ?
A la salle Point Batterie, le 13 juin.
Vous en avez faite une il y a une semaine et demi ?
On en a fait 2 cette année. On en a fait une aussi au
Mas Bonete avec 69 db tout ça. Voilà, après, qu'est-ce
qu'on a fait ? L'été dernier, on a fait une grosse soirée,
c'était vers Prades, je sais pas si tu en as entendu parler. Ça a
duré 2 jours, c'était super bien, il y a du monde de partout qui
est venu. C'est pareil, c'est une teuf dehors, mais c'était fait dans
les règles de l'art : le terrain était privé et on avait
prévu les autorisations et tout ça.
Tu dis que vous voulez promouvoir les musiques
électroniques. Bon, vous avez 7 Djs, vous essayez et vous faites venir
des Djs et des Lives. Est-ce que vous essayez de promouvoir d'autres arts
autour de la musique électronique ?
Le graffiti notamment avec La Perche, c'est un crew assez connu.
Avec La Perche, oui voilà c'est essentiellement ça et il fut un
temps, c'était aussi les bijoux tout ça. Mais essentiellement, le
graffiti.
Donc vous faites des manifestations de graffitis dans les
soirées ?
Genre, la première qu'on a fait la fête de la
musique, c'était là-bas. C'était en 2002-2003, je pense.
2003 on va dire. Justement on a mis un son et il y avait une expo Live
Graffiti. On avait mis plusieurs bâches sur les murs et les types, en
même temps que ça jouait tout le long de la soirée, ils
faisaient des graffitis. Ça on l'a fait 2-3 fois : une fois au
Rachdingue, c'est une boîte (ça aussi tu peux dire qu'on joue pas
mal en boîtes, qu'on a fait pas mal de truc)
Qu'est-ce que tu en penses, toi, d'ailleurs ? Jouer dans une
boîte ?
Oui, en tant que dj c'est intéressant, mais en tant
qu'organisateur, bof. Après, moi, je suis pas très boîte,
parce que je me sens compressé, mais après c'est
intéressant biensûr. Surtout un club comme le Rachdingue, à
Toulouse le Ramier, l'Aracus à Grenoble, c'est des gros trucs, des
grosses structures qui accueillent tous les gros djs. Le Rachdingue, c'est un
club mythique on va dire, donc ça apporte une certaine satisfaction de
pouvoir jouer là-bas. D'ailleurs, j'organise avec mon pote
Néokoros une grosse soirée le premier août au Rachdingue,
une soirée Hardcore-Hardtek-TechnoMinimal avec vraiment du gros.
Je l'ai rencontré Néokoros ? Ah oui t'as vu
il est sympa.
Il m'a donné avec Titi ton numéro et ils m'ont
dit : "tu vas voir, tu vas galérer pour le voir". Finalement
non. (rires)
Bah t'as vu. Faut pas écouter les gens.
Néokoros...
Empatysm aussi.
Pourquoi ?
Parce que je fais parti de CapsCore Division avec mon ami
Empatysm, que lui aussi tu pourrais rencontrer. Il gère plusieurs labels
et c'est lui qui m'a fait connaitre la plupart des grosses relations.
Tu fais des partenariats très souvent avec d'autres
artistes et associations du coin ?
Oui, ça fait 2 ans que je fais, qu'on fait beaucoup de
partenariats avec tous les artistes qu'on peut avoir. Et les artistes locaux,
que ce soit des artistes locaux ou des artistes reconnus.
Que ce soit avec Neokoros ou avec CapsCore, qu'est-ce vous
partager en commun ? Qu'est-ce que vous essayer de produire ensemble ?
On essaie de chacun amener nos relations et notre savoir-faire
dans l'organisation de soirées parce que plus on connait de monde de
notre côté et qu'on attire un certain public, plus la
soirée sera intéressante. Et aussi, c'est la rencontre musicale
bien sûr. Surtout avec Empatysm, on collabore plus ou moins, on essaie de
collaborer musicalement.
Qu'est-ce qu'il fait Empatysm ?
Hardcore, Hardtek, Techno, Electro un peu Drum & Bass.
Vous, vous êtes une asso d'organisations de
soirées. Vous n'avez pas de label ?
Non. Enfin moi, je vais créer mon label à la
rentrée, mais ce sera indépendant de l'association. Ce sera
vraiment mon truc à moi. C'est en projet. Mais il faut l'argent, il faut
tout.
Qu'est-ce que vous faites en communication ? Flyers,
sites.
Vous avez un site internet?
Oui, une page Myspace,
myspace.com/tromatik6system,
voilà. Après, on communique les infos par tous les sites techno
qui existent et par le flyage, les affiches et les petits magazines, genre le
Tafeur Agenda, Coca'Zine, tous ces trucs là.
D'accord et ils vous annoncent tous à chaque fois.
Voilà, voilà. On essaie tous les supports
possibles. Et la radio aussi, dont Radio Zygomar à Perpignan. Et
dès fois on fait des soirées à Radio Zygomar, si tu peux
le noter ça fera un peu de pub.
J'ai vu vos fly, ils sont imprimés fond blanc encre
noire...
Oui, pourquoi ? Pour le prix. Parce que, nous, on pense qu'on a
pas besoin de faire un papier glacé et 7 ou 8 couleurs que ça te
coûte la peau du cul pour faire venir du monde. En faisant un papier noir
et blanc ça revient au même, l'info elle y est, voilà.
L'essentiel, c'est le contenu. Quand tu vois le prix des flyers.
C'est dur le budget ?
Chaque fois, ce qu'on gagne d'argent, on le reclaque dans du
matériel ou dans l'investissement d'une autre soirée, donc on a
pas un grand fond de roulement. Parce que notre politique, c'est aussi de faire
des entrées abordables. C'est pas genre des entrées à
10-15 euros, ça tourne autour de 5-6 euros. Et pourtant on propose quand
même des bons artistes : notre soirée avec Desert Storm on l'a
proposé à 6 euros, alors je pense que c'est, c'est
honnête.
Et même au Rachdingue, vous faites ce genre
d'entrée ?
Ce qu'il y a c'est qu'au Rachdingue, c'est pas nous qui
décidont, c'est le Rachdingue qui impose ses tarifs, donc ça
reste à 10-15 euros. De toute façon, on peut pas faire
autrement.
Et le Mas Bonete ?
Le Mas Bonete on a fait 6 euros. Notre intérêt, au
départ, c'est vraiment la fête libre. Bon maintenant, les lois
font qu'on peut plus faire la fête librement et donc il faut un minimum
d'argent, faire entrée un minimum d'argent pour pouvoir assurer des
soirées, des salles et tout. Donc on fait payer juste pour se rembourser
et nous faire un peu de sous.
D'accord, la free c'est la fête libre et aussi la
fête gratuite. Qu'est-ce que tu penses de ceux qui disent que l'on
pervertit la free en faisant payer 5 euros d'entrée ?
Quand tu vas dans une soirée à entrée
payante, tu n'y vas pas avec le même objectif que d'aller dans une teuf.
Dans une entrée payante, tu vas payer mais c'est pour écouter
donc plutôt l'aspect musical du truc, à fond. Quand tu vas dans
une free party, tu vas écouter la musique, c'est sûr, mais tu y
vas
te lâcher, te faire plaisir, faire la fête avec les
potes. C'est plus une communion je pense qu'une soirée en boite ou en
salle, où tu y vas vraiment pour du son, mais c'est pas le même
plaisir. Je sais pas si je te répond bien.
Si, si. Et donc vous, vous essayer...
...d'occuper tous les terrains. Nous ce qui nous fait plaisir
c'est de jouer, de proposer nos musiques, d'organiser des soirées. Alors
si on peut l'organiser dans un bar, une boîte, un centre culturel, un
terrain ou le faire illégalement, nous, on joue sur tous les tableaux.
On essaie d'être présent partout, on fait pas de chichi, de
discrimination. Nous, on s'en fout, ce qu'on veut c'est faire la fête,
organiser des soirées et peu importe la manière.. .enfin, la
manière : le lieu et les conditions.
Tu es en contact avec les Shockravers d'Italie ?
Oui, justement, je leur envoie de la com, tout ça, enfin
des flyers qu'il peut mettre sur son site. Je le connait pas personnellement,
mais bon j'ai des contacts avec lui par l'intermédiaire du net.
C'est un bon moyen de découvrir du monde...
Surtout dans une petite ville comme nous. Si tu es un peu au cul
de la France, c'est pas comme si t'étais à Toulouse, c'est une
grande ville et tu as d'autres villes autour. Là, c'est un bon moyen,
pour nous, de se faire entendre très loin.
Et vous avez bougé ?
Oui, dans le Grand Sud et l'Espagne. Surtout au début,
à l'époque où il n'y avait pas toutes ces lois avant
l'année 2001, la teuf était surtout concentrée dans
l'Aude. T'avais les Mental Résistance qui faisaient beaucoup de
soirées et nous, on les connaissaient beaucoup, dans l'Aude justement,
il y avait pas mal de teknivals, de grosses soirées dans l'Aude.
Et à Perpignan ?
À Perpignan, c'était des petites teufs. Surtout
au début, c'était moins en place le mouvement donc c'était
des teufs, bon il y avait 200-300 personnes. Mais c'était pas comme dans
l'Aude avec 1500 personnes.
Et ils sont où aujourd'hui ces monteurs de
soirées de l'Aude ?
Les Mental Résistance ont arrêté de faire des
free party. J'ai vu qu'ils avaient fait une soirée vite fait, mais ils
sont plutôt axés sur la production maintenant. Et après, je
sais pas trop ce qu'ils sont devenus, on s'est un peu éparpillé
à cause de ces lois qui sont venues. Ça a un peu tué le
truc. Il y en a ça leur a pas plu de se prendre la tête dans les
salles, dans les boites. Ils sont restés dans le mouvement pur, free
party et voilà "on bouge pas, on reste là-dedans", il y en a pas
mal qui restent comme ça.
Comment peux-tu décrire le public de vos soirées
?
Surtout dans nos soirées on va avoir le zonar comme on
peut avoir le type putain sapé , non vraiment de tout. Ça c'est
bien, on amène un public assez hétéroclyte, vraiment de
tout.
Même en terme d'âge ?
Ça nous est arrivé d'avoir des vieux qui se la
pètent.. .comme des petits jeunes. Vraiment de tout. On a vu de tout, de
tout, de tout. En riant.
Et depuis le début, vous arrivez à attirer
n'importe quel public ?
Oui. Et c'est par rapport au vécu de chacun, on apporte un
style, un genre de personnes. Et on véhicule une certaine bonne ambiance
que tu trouves pas dans certaines autres teufs où c'est vraiment
vénère je trouve. Nous, on arrive à avoir une certaine
légèreté tu vois, pas de prise de tête. On prend
tout le monde comme il est et voilà. Je pense que ça reste et les
gens, plus ou moins, prennent du plaisir. Il y a des gens de partout qui
viennent, de tous milieux sociaux.
On taxe souvent le milieu techno qui peut être un milieu
à problèmes, où l'on va beaucoup boire...
...oui, c'est la réalité. C'est un peu plus
prononcé que d'autres mais c'est partout pareil, mais c'est un peu plus
prononcé que d'autres, c'est sûr.
Vous essayez de vous prémunir contre les excès
ou d'éventuels problèmes qui pourraient se passer dans la
fête ?
C'est pour ça maintenant qu'on nous impose de mettre de la
sécurité, de mettre des vigiles. Voilà au Point Batterie,
ils faisaient sans, mais tout le monde faisait n'importe quoi, prenait de la
drogue dans tous les sens. Donc on nous impose maintenant de mettre des vigiles
pour essayer, pas de les réprimander, mais de faire ça
discrètement. Voilà, on est pas là pour les
réprimer. Mais voilà, on leur demande de faire ça
discrètement parce que après, c'est nous qu'on prend et puis
après il y a plus de soirée à cause de trucs comme
ça. Mais après la drogue est présente, bien
présente c'est sûr. Il y a des connards partout.
La sécurité suffit vis-à-vis des
autorités à blanchir l'association ?
Voilà.
Comment fonctionne cette sécurité, vous prenez
une société de sécurité privée ou bien...
Oui, c'est genre 2 vigiles du Décathlon qu'on paie au
black. On leur dit : "voilà vous rester peace". Ils ont l'habitude
ces agents ?
Ça fait 2-3 soirées qu'ils font comme ça,
mais c'est nickel, il n'y a pas de soucis. On fait venir Médecins du
Monde aussi par rapport à la drogue. On essaie aussi de faire venir
Médecins du Monde pour prévenir tout ça, par rapport aux
autorités aussi. Ça fait mieux.
Ils sont toujours présents Médecins du Monde
?
La fois dernière, ils n'étaient pas
présents parce qu'on a eu un problème, c'est qu'on est
obligé de faire venir une antenne de Toulouse et qu'ici l'antenne c'est
la merde pour les avoir, c'est le bordel. Donc la dernière fois, en fait
comment dire, les autorités de Toulouse leur disent : "c'est vous...",
c'est pas inclus dans leur travail, c'est vraiment, c'est des extras quand ils
viennent. C'est pour ça qu'on doit leur fournir à manger tout
ça, c'est nous qui les entretenons.
Vous avez un budget ?
On a un budget réservé pour Médecins du
Monde. Ils ont leur repas, ils ont à boire, on essaie de les mettre bien
dans la soirée.
Est-ce que j'aurais oublié des choses à te
demander ou est-ce que tu aurais des choses à me dire pour une fois
qu'un étudiant sociologue t'interroge?
Non ça va. Qu'est que je pense d'un sociologue ? Oui,
par exemple.
Oui, je trouve ça bien que des gens s'intéressent,
comment dire, s'intéressent à la vie quoi en fait, à la
diversité des gens à tout ça, je trouve que c'est bien.
Est-ce que tu penses qu'au travers des médias, de ce
que disent les gens, le mouvement techno a sa place ?
Le mouvement techno a pris sa place. Il a sa place mais il est
pas pris au sérieux en fait. Il a sa place du fait qu'on peut pas faire
autrement de toute façon quand il y a des jeunes qui écoutent de
la techno.
Et à quoi ça sert que les jeunes écoutent
de la musique techno et organisent des fêtes où il y a de la
musique techno ?
Je sais pas, c'est apporté.. .c'est l'évolution de
la musique et c'est cherché une certaine sensation. On va dire ça
à la Trance, c'est s'élever, c'est oublier tout ce qu'on a, tout
ce qu'on subit, tous nos problèmes, se lâcher sans
réfléchir et rencontrer des gens sans préjugés,
sans se soucier de son passé, de n'importe quoi. C'est sur le moment,
sur l'instant, tout le monde partage quelque chose. Dans la musique, on cherche
un état de bien-être. Moi, je le vois comme ça.
D'accord, merci.
Si t'as d'autres trucs tu m'appelles.
Entretien n° 9-10 réalisé le 15 Mai
2008 au domicile du couple Renaud (RND, dj) et Amélie, tout deux,
organisateurs dans l'association Psyva.
Conditions : nous avions commencé l'entretien
depuis environ 30 minutes, lorsque je me suis aperçu que mon
magnétophone n'enregistrait pas. Voici donc tout d'abord mes notes
écrites, puis la retranscription de l'entretien.
Notes précédant la retranscription de
l'entretien :
Renaud est âgé de 25 ans et est originaire de
Tours (36), Mély également. Il a débuté son
activité d'organisateur en 1998 à Tours. Leur première
soirée, en tant que participants, avait eu lieu dans une salle
troglodyte. Puis, Renaud a décidé de partir travailler à
Ibiza où il a fait la découverte des musiques Techno. Il est venu
s'installer à Perpignan en 2004 avec sa copine Mély. En 2005, ils
créent avec des amis l'association Psyva (composé de «
psychédélic shiva »). Ils définissent leur musique
comme de la Full On, une trance « plus claire et plus musicale ».
Retranscription de l'entretien enregistré :
(Nous étions en train de parler du public des
différentes soirées Techno.)
Renaud : Et donc en fait de voir le milieu de chacun,
ça m'a montré que il y avait dans la HardTek, moi je l'ai
interprété comme ça, que dans la Hardtek, quand les gens y
vont.... il y a la catégorie des gens qui y vont vraiment pour la
musique et il y a ceux qui y vont pour se dépouiller et ils y vont, ils
se mettent dans une sphère, ils se mettent dans leur sphère, ils
se rencontrent, les boules, elles se parlent entre elles, enfin je le vois
comme ça. Les boules se parlent entre elles : "oui, machin", et c'est
que des boules qui se déplacent dans un univers bien à eux,
chacun. Et ils y vont pour évacuer quelque chose ou pour la musique ou
pour ressentir quelque chose, je sais pas, mais c'est très
individualiste contrairement à la House où c'est très bon
chic bon genre....
Amélie : la House
Renaud : Après tu as plein de types de House : tu as la
Prog, tu as la Deep, tu as la Happy, enfin tu as plein de trucs
différents, tu as aussi la Hardhouse. Après la House en
général est en train de devenir vraiment très bon chic bon
genre, image très soignée et tout. Bon c'est bien mais c'est que
des semblants, si tu veux. Tu vas pas avec les gens, il y a pas de trucs
profonds, il n'y a pas de liens. C'est : on va bien s'entendre, on va passer
une bonne soirée mais bon, c'est du semblant. Alors que tout ce qui est
Trance, les gens sont vrais. Tu vas rencontrer des gens, ils vont vraiment
s'intéresser à toi, ils vont te parler. C'est comme ça que
je l'ai interprété.
Ce n'est pas plus une attitude qu'une réalité
?
Amélie : oui je pense que c'est une image qui se colle
à la musique comme un punk, un rocker ou un rasta avec des dreadlocks...
c'est vrai qu'on a eu l'occasion de faire 2 festochs à
l'étranger, donc un au Portugal, je sais pas si tu connais [le Boom.] le
Boom, voilà et un, c'était en Espagne à la
frontière. C'était le premier d'ailleurs.
Renaud : c'est C., si si c'était C., l'Omni Festival.
Amélie : l'Omni voilà et c'est vrai que quand tu
arrives.. .j'ai eu l'impression que cette musique me collait à la peau,
c'est plein de couleurs, les gens sont happy, ils sont là avec leur
camion, les gamins qui courent, les cheveux longs...
Renaud : avec les gamins qui courent, limite !
Amélie : non, oui, t'as le dancefloor qui est là,
mais je veux dire, ça fait 20 km. Mais c'est toute une population, tu
sais tu retrouves les hippies et là tu as un partage. Je sais pas mais
moi, j'adore.
Renaud : c'est la musique aussi. Musicalement parlant, c'est
la seule musique où j'ai retrouvé, où tu as vraiment envie
de danser parce que ça punche, c'est pas trop, et en même temps
ça peut t'emmener musicalement, les mélodies, les harmonies qu'il
peut y avoir dans la musique, ça ça me.. ..moi, je trouve
ça, c'est génial, à chaque fois que j'en écoute
ça me fout la patate. Et pour ça, pas besoin de drogue. Je te le
dis, c'est l'une des seules musiques où j'ai vu plein de gens qui
disaient :"moi je prend rien", parce qu'ils n'ont pas besoin. Quand
t'écoutes même de la Trance Naturelle, Highlight Tribe, des
groupes un peu tu vois, c'est de la bonne musique pêchue, c'est pas de
truc....De la Hardtek, c'est très répétitif, c'est
machine, c'est machinaliste même, la House c'est super beau, il y a de
très beaux morceaux. À Ibiza, j'ai vu de super beaux morceaux
avec des vraies grattes, des vrais saxo, des trucs vraiment très bien
faits. Donc la House aussi c'est pas mal. Et donc la Trance, c'est le seul
où vraiment...la House ça manque un peu, tu vois, c'est un peu
trop... .l'autre, c'est vraiment, je sais pas tu vois, ça a son truc.
C'est la musique qui fait ça.
Vous savez comment ça a été
créé la Trance, son histoire ?
Renaud : alors là ! Non. T'en sais sûrement plus que
nous là-dessus. Amélie : euh... .c'est peut-être
passé par Israël et par ...
Renaud : je sais où et comment ça se produit
beaucoup, mais après comment ça s'est créé non.
Toi, tu le sais.
Je pense pas qu'il y est d'écrivains assez vieux
pour l'avoir écrit, c'est un rythme ancestral. Mais la Trance
Electronique est apparue à Goa avec beaucoup d'Israëliens qui y
partaient contester ou fuir leur régime là-bas.
Renaud : la musique psychédélique, moi
j'interprète ça comme la suite du Rock Psychédélic
un peu de ces années, tout.
C'est du Rock Psychédélic qui était
joué à Goa avant de partir sur de la musique électronique.
Renaud : à Ibiza, c'était pareil. À
Ibiza, c'était des granges de Rock et tout, des mecs venaient faire des
concerts de Rock Psychédélic. À Ibiza, tu as de la Trance
Psychédélic, à mort aussi, qui est une communauté
plus petite que celle de la House mais tu as des très grandes
soirées, tu as GMS (Growling Mad Scientits) qui ont une maison à
Ibiza, et Highlight Tribe qui ont une maison à Calador à Ibiza,
donc tu as vraiment...
Vous avez fait combien de soirées depuis 2005 ?
Renaud : alors là ! Une, deux, trois, quatre, cinq, c'est
ça et là on attaque la sixième. C'est pas
énorme.
Amélie : on en fait pas beaucoup, parce que c'est vrai
que, c'est vrai que... Renaud : ça prend du temps, ça prend du
temps.
Amélie : c'est du temps et en même temps, je
préfère en faire une ou deux par an, mais dans des beaux
lieux...
Renaud : . . .que d'en faire à tire-larigot, c'est
clair. Tu vois, là, on a prévu d'en refaire une au Mas Bonete, on
voulait quand même en refaire une de cette capacité là,
parce que voilà, on avait on avait les artistes de préparer, donc
on voulait en refaire une. Mais normalement, même à
Arles-Sur-Tech, on l'a refait parce que la première a
été... .c'était la première quand on est
arrivé sur la région en fait. On avait appelé ça je
sais plus comment "Selena de la Luna" et c'est vrai que c'était pas du
tout en fait....on avait voulu faire un beau plateau, c'était
démesuré et on avait fait 250 entrées peut-être.
Amélie : oui mais c'était le premier de l'an
Renaud : oui, c'était le nouvel an, oui c'était
le bordel. C'est le nouvel an, donc t'as une équipe de sécu, elle
te dit : "bah nous c'est plus le truc qu'on te fait, c'est le double". Tout
augmente le nouvel an.
Amélie : au niveau des soirées comme on t'a dit,
nous, on aime bien les faire avec nos amis. C'est notre motivation de se
regrouper, en plus maintenant on est éparpillé dans toute la
France. Donc c'est nos retrouvailles et vraiment dans un endroit sympa
où oui c'est un cachet. C'est le cachet qui fait que ok là on
peut s'organiser.
Vous vous retrouvez tous pour ces soirées ?
Amélie : oui c'est marrant.
Renaud : oui il y a une équipe de Bordeaux, de Tours, de..
.maintenant de Bayonne... Amélie : maintenant, un petit peu en Espagne
avec M.
Renaud : il y en a un peu partout qui viennent. C'est
délirant, ça me fait marrer. Amélie : on a réussi
à créer en fait, comme une chaîne, c'est marrant.
Renaud : c'est l'occasion de se retrouver tous ensemble aussi
tu sais comme on pourrait louer une villa je ne sais où et faire la
fête, et bien là c'est la même chose sauf qu'en plus on en
fait profiter tout le monde.
Amélie sur un ton plus affirmatif : je voudrais pas que
ce soit une usine en fait. Les soirées qu'on a fait, on s'en rappelle,
on a toujours des anecdotes. Mais je voudrais pas en faire beaucoup comme par
exemple Mystic Chrysalide, biensûr que eux c'est pas la même
vision. Alors je sais pas si tu as parlé avec eux. Bien sûr que
eux, ils en font tous les 3 mois. Nous c'est vraiment, oui c'est une passion
que tu as et que tu veux pas en faire comme une industrie.
Renaud qui renchérit : en plus plus ça prend du
temps et j'aurais de moins en moins de temps. Là à l'heure
actuelle, j'étais dans les alarmes juste avant, j'ai
arrêté, j'ai eu un licenciement économique avec une boite
qui a coulé. Et là j'suis en train de monter une boite dans les
énergies renouvellables, donc je vais avoir de moins en moins de temps.
Et déjà ça commence à ralentir un peu, même
si les gars, à côté, on fait des réunions avec..
.parce qu'il y a un noyau qui est à Perpignan, qu'on a rencontré
ici...
Amélie qui coupe : c'est ça qui est épatant
en fait
Renaud qui poursuit : qu'on a rencontré ici et tout,
c'est vrai que ça commence à arriver parce que, moi, je voudrais
essayer de m'en détâcher, parce qu'avant je faisais tout. Puis on
s'en rend pas compte, même si c'est une petite soirée, bon, moi
j'appelle ça une petite soirée, t'as énormément de
taf, à monter les dossiers, à aller demander les, les demandes,
à prendre des mesures pour la décoration pour bien incorporer la
décoration, à aller louer le son, appeler les djs, à aller
régler avec ceux avec qui ça va pas, payer ce qu'il y a à
payer, il y a plein de trucs. Et c'est vrai que, là, je vais m'en
détâcher de plus en plus.
Amélie : c'est ça qui est épatant ! Parce
que quand tu as commencé, t'avais quoi, t'avais 23 ans et en fin de
compte, voilà sa passion, sa passion, elle est 5 ans après,
voilà : l'association avec 5 soirées, en tout cas dans la
région des PO c'est 6 soirées mémorables, avec un
regroupement de personnes qui sont motivés, qui sont autant
motivés. Là, on a été chez P. Et B., ils ont une
agence. Et donc pareil, en bas, il a fait son studio [Renaud : c'est que des
gens passionnés.] il a dit :"ah oui, je marquerais Psyva parce que
voilà, il est accroc à l'association, il crois en nous et
voilà c'est génial". Et donc ça a commencé de lui
et donc faut voir le temps qu'il a mis et sa passion qu'il a donné aux
autres. Donc vu que moi, je vis avec lui, donc je vis à ses
côté, j'ai trouvé ça... .bah oui, en même
temps c'est vachement beau et c'est vrai que le temps qu'il passe à
l'association il le passe pas avec moi donc j'suis dégoûté
(en riant). "Donc ouai, on va à Barcelone ce week-end. Bah non, je dois
regrouper les artistes...."
Comment vous les trouvez les artistes ? Renaud : il y a
de tout
Amélie : au début on a essayé de faire des
échanges, c'est-à-dire que chaque fois que l'on faisait une
soirée, on essayait d'inviter des gens que l'on connaissait, des assos
qu'on connaissait pas.
Renaud : toujours tu fais ça. Il y a toujours eu notre
noyau. Donc en fait on a 3 Djs Trance, 1 Djs Prog et un autre qui est en train
de se reconvertir en ___, parce que moi, je ne veut plus faire de Minimal et
compagnie, ça c'est les Mystic qui font ça. Nous au début,
on a fait un peu la même chose parce qu'on a rencontré des gens
qui faisaient ça, mais c'est pas.. .j'aime pas cette musique. J'aime
beaucoup l'Electro, mais ça la Minimal, ça me...ça me
ressort par les oreilles. C'est acide, c'est...je sais pas, je comprend pas. Je
leur ai dit encore ce week-end, je veux que là, on en fait une
dernière pour la prochaine. Déjà il y en a un qui
était prévu et qui sera pas là et on remplace tout
ça par de la Trance Progressive pour rester vraiment dans le milieu
Trance et donc il n'y aura plus de Minimal. Donc là cette soirée,
il y aura encore un ou deux Djs qui font de la Minimal et le reste c'est que de
la Progressive. Et du coup on va...en fait, si tu veux, les Djs, ils sont....je
sais pas pourquoi on en est là.
Si, si, je t'ai demandé comment vous construisiez les
line-up, si vous faisiez des partenariats avec d'autres associations...
Renaud : Et bien en fait, les...
Amélie : oui c'est ça et du coup ça lui
permettait, à lui, d'être invité dans d'autres festochs.
Renaud surenchérissant : il y a Electrom, je sais pas
si tu connais Electrom du Mans, là ils ont préparé un
truc. Ez3kiel, tu connais le groupe [oui]. Donc ils mettent Ez3kiel en
première partie de la soirée et après ils font une
soirée avec Subsiss (?), Kset (?), enfin avec que des gros gros
d'affiche avec 40 euros sur place, 20 euros à l'heure actuelle en
prévente pour le 1er novembre, un truc comme ça, le 1er week-end
de novembre. Et donc là ils viennent, en fait, le Président et
coPrésident, parce que c'est des potes, R. Et puis F., ils viennent
à notre soirée là. Donc il y a ces deux Djs qu'on a jamais
fait venir. On refait venir un autre Dj, Sangohan, avec qui on s'entend de plus
en plus. On peut-être faire des choses sur Saint Etienne, Lyon parce que
lui il est sur Saint Etienne, il a une autre association sur Saint Etienne.
Donc on est en train de voir aussi pour faire des projets, pour se mettre
ensemble parce que, on a voulu faire au début avec les Mystic, si tu
veux, parce que tout de suite, on s'est très bien entendu avec les
Mystic. D., qui est dans notre association, était un des fondateurs avec
M. Et donc, le père D., c'est un de mes meilleurs potes ici, on peut
dire que c'est un mec avec qui tu peux pas te prendre la tête. Mais bon,
C. Et M., enfin M. est super, mais bon C., ..., elle lui pourrit un peu son
univers, si tu veux. Elle a pas trop la mentalité du truc. C'est du
genre à dire à 10h30 : "c'est bon on a fait notre quotat, quand
est-ce que les gens se barre". Je sais pas, tu fais une soirée,
t'annonces une heure, c'est l'heure, c'est comme ça. Du coup, si tu
veux, D., il est venu, il y a eu des histoires à la con, enfin je te
passe les détails [oui, c'est pas ce qui m'intéresse. (je les
connais tous et je ne veux pas entrer dans leurs conflits personnels)], et puis
du coup il est venu avec nous. À l'origine, D. était un des
fondateurs des Dragon Hunter, il était fondateur des Dragon Hunter avec
C., après il est passé chez les Mystic parce que les Dragon
Hunter c'était trop énorme, et lui, il pouvait pas bouger partout
et tout, et le passage avec Mystic et du coup, il est venu avec nous. Et donc
c'est vrai avec D., on arrive à avoir une qualité de plateau au
niveau des line-up qui fait que.. .lui, il arrive à rencontrer parce
qu'il est beaucoup sur le net, il arrive à rencontrer des gens super
sympa, il sympathise bien avec. Et du coup ça nous amène des mecs
comme Digicult qui viennent, et Mekkanikka, c'est un vieux de la vieille.
Amélie : sur les forum...et puis au début
ça commençait par J. aussi, qui t'as fait connaître le
premier live, il était super, les deux jeunes qui ont mixé
à Tours. Le monde est petit quand même, c'est une petite famille,
sur toute la France. Il y en a pas tant que ça des gens qui sont accrocs
à la Trance comme lui.
Vous l'avez annoncé très tôt cette
soirée ?
Renaud : on a toujours voulu faire ça parce que comme
ça, d'une, les gens, hop, ils font une croix sur leur calendrier, ils
sont au courant ; nous, ça nous laisse le temps de préparer sans
se speeder parce que 2 mois à l'avance...
Amélie : c'est au Mas Bonete, c'est ça qui est
dommage parce que là ça va faire comme les Mystic. C'est bien,
ça va faire la quatrième, les gens se sont habitués, ils
connaissent bien le lieu. Mais on aurait pu innové. Je sais pas,
à Salses, à la forteresse, ça aurait été
génial. On a été visité et "ah, c'est un projet de
jeunes, ah bah non, non, non". Ou peut-être qu'on connait pas assez bien
la région, mais apparemment Mystic ont le même soucis aussi.
Renaud : et pour ça Céline, elle est forte. Quand
il faut aller demander quelque part quelque chose. Ça, là-dessus,
elle est nikel. Au niveau des administrations, tout ça...
Amélie : Manu et Céline, ils sont hyper clean.
Quand on est arrivé dans la région, c'est vrai qu'ils t'ont
filé plein de tuyaux.
Renaud : tu vois, on a essayé de faire une
co-association parce que, moi, le but je le vois comme ça.
Déjà, mon objectif final, ce serait un festival et j'ai toujours
commencé les associations, et je le dis et je veux faire un festival,
mais je veux pas faire comme C. et faire un festival tout de suite parec que si
tu te foire, d'une, t'as du monde qui va te pourir après, de deux,
ça coûte des sous.
Vous avez un gros stock de déco ?
Renaud : bah non, nous en fait, c'est fini. Mon garage,
ça devenait un entrepôt donc on a arrêté ça.
Moi, j'ai tout détruit et maintenant, c'est des gens qui font ça,
c'est des...ou c'est des associations comme les Wakatoo, parce qu'ils ont une
association, ou alors les autres, l'autre association de St Etienne, qui
viennent, qui fait des trucs super, Xoria (?)...
Amélie : c'est vrai que, on délègue de plus
en plus et ce qui est bien...
Renaud : on essaie de faire de moins en moins de chose pour
gérer vraiment que l'intérieur de la soirée et pendant la
soirée.
Amélie : et ça fait venir des petits clans de
différentes régions, c'est sympa.
Renaud : le chill-out, c'est un gars qui s'occupe de monter tout
son barnum et tout. On va faire un chill-out de...ça va faire à
peu près 50 m2...
Amélie : ça se développe, comme une
mini-entreprise...
Renaud : enfin tout ça pour arriver à faire un
festival et quand on aura fait le festival, je sais pas parce qu'après
bon, je sais pas comment ça va se passer, même l'année
prochaine, je sais pas comment ça va se passer ....Mais, moi, le truc
c'est d'arriver à rassembler tout le monde, de faire des, des.. .pour
moi, je voulais faire vraiment un gros trucs, c'était mon idée,
mais bon. Ça par contre je voudrais pas que tu le dises.. .(Je respecte
sa volonté. Ma position est si proche et compréhensive qu'ils
vont jusqu'à me confier leurs secrets.). Mais tu peux pas le faire tout
seul. Je veux dire que nous, on a beau être 20-40, maintenant, on est de
plus en plus. Avec tout le monde, on est à 50 sans problème. Mais
tu peux pas le faire tout seul. T'as besoin d'avoir d'autres structures et puis
de s'associer et puis de faire des trucs ensemble pour arriver à faire
des gros trucs comme ça. Les concerts, tu vois, Ez3kiel, tout de suite,
je l'ai dit, putain, ça fait 2 ans que je dis qu'on pourrait faire des
trucs un peu open, des trucs cool, un vrai concert, des vrais musiciens. Pas
comme Highlight Tribe, parce qu'ils sont passés partout, mais tu vois,
des, des...je sais pas, tu vois le délire, des Nosfell, des trucs super
sympa, des bons concerts au début. Ou alors le top, Radiohead. Un truc
qui sorte un peu de l'ordinaire, parce que voilà, c'est bien, ça
fait évoluer le mouvement, les choses...il y a pas de raisons que
ça marche pas après.
Je vais juste vous poser une question, pour qu'on l'enregistre
(nous en avions parler juste avant l'enregistrement) : comment peut-on se
prémunir contre l'interdiction ?
Renaud : c'est-à-dire ?
Que fait un organisateur pour se prémunir d'une
éventuelle interdiction d'organiser ?
Renaud : ce qu'il doit faire. C'est le mec de
sécurité.. .c'est ce que la préfecture dit en fait. Si tu
veux, quand tu vas voir la préfecture, c'est un autre dossier, je l'ai
pas mis là-dedans (Renaud avait préparé, pour me le
montrer, un dossier rassemblant les textes de lois encadrant l'activité
d'organisation de rave), mais : "nous ne sommes pas soumis à
déclaration préfectorale étant donné...", alors
voilà, il y a le décret 2006/3 34 du 21 mars 2006 portant
modification règlementaire de la règlementation relative aux
soirées dites "rave-party", ce dernier porte de 250 à 500
l'effectif prévisible de personnes présentes sur le lieu du
rassemblement et donnant lieu à une obligation de déclaration".
Donc ça veut dire que tu vas les voir même pour dire que tu vas
faire une soirée, si ils voient qu'il y a moins de 500, s'ils voient
qu'il y a 500 personnes ou moins, ils diront que c'est pas la peine de venir
nous voir, donc bon, tu fais ton dossier et ils te disent ce qu'il faut dans
ton dossier, ce qu'il faut qu'il y ait comme services minimums: les sanitaires,
les machins, que ta salle soit vraiment une salle à louer, donc dans la
norme et tout. Et à partir du moment où tu as fait ce dossier, il
y a pas de problème.
Amélie : il y a ce dossier, il y a aussi
connaître toutes les lois donc avoir quelqu'un qui s'y connait en
juridique par rapport aux assos et aux évènementiels, et
après c'est aussi toute l'équipe de sécurité. Je
sais que toi, tu as toujours mis un mot d'ordre à avoir plus de 3
à 4 mecs justement pour pas avoir des problèmes de drogues ou
même de vol de voiture...
Renaud : oui, parce qu'il y a toujours des trucs. Moi, je sais
pas ça m'est jamais venu aux oreilles ça. J'ai toujours entendu
et appris au fur et à mesure, mais longtemps après, ce qu'il
s'était vraiment passé. Parce qu'en fait on a pas le temps de
tout se raconter, il se passe tellement de chose. Mais bon c'est vrai, il y a
eu des bagnoles qui se sont faits cassées, je crois. Mais c'était
même pas la nôtre.
Amélie : Tout ça peut débouler à
des plaintes et donc à des interdictions aussi. Et puis aussi, le
dernier truc qu'on a fait, la dernière réaction qu'on a fait
quand on a su pour la petite minette de Mystic, on s'est inscrit à
Technopol. Ça c'est des grosses associations, et je pense, qui peuvent
te soutenir. C'est des assos, c'est comme un QG des petites assos.
Elle est très rattâchée à
l'organisation de la Techno Parade !
Renaud : c'est complètement ça, ils sont bien,
ils sont bien placés. Ces cons, ils ont des contacts assez haut
placés et quand il y a des problèmes, tout de suite ça
s'arrange mieux. Il vaut mieux être à leur côté et
puis participer à leur mouvement et qui pourront t'aider un jour ou
l'autre. Tu sais pas ce qu'il peut t'arriver, c'est pour se préserver.
Et pour ce qui est de se préserver aussi parce que le problème
c'est ça, c'est l'incitation à la drogue, c'est ça souvent
qu'on risque en tant qu'organisateur et puis ça va l'être dans
tous les cas pour Psyva, ça va être de raffermir avec les mecs de
la sécu qui vont avoir pour mot d'ordre d'être beaucoup plus
vigilants qu'ils ne l'étaient et puis de faire respecter les
règles qu'on aura établi, à tout niveau.
C'est-à-dire que dès qu'ils voient quelqu'un qui est en train de
vendre quelque chose, il le fout dehors. On est pas là pour prendre ses
trucs, on a pas les autorisations pour le faire, le mec on le fout dehors et si
le mec il insiste et qui continue sur le parking, on appelle les flics pour
qu'ils viennent. Et on va être obligé vraiment d'être
très dur par rapport à ça pour pouvoir, si on veut
continuer à organiser des soirées. Donc il va y avoir un taboo
par rapport à ça parce que les gens, ils vont dire : "eh c'est
quoi ce bordel et tout". Mais ils vont devoir s'y faire parce que sinon de
toute façon il n'y aura plus de soirée, c'est clair.
Pour toi cette musique, elle reste une musique artistique ?
Renaud : oui, complètement.
Est-ce que vous avez déjà essayé d'avoir
des subventions pour fonctionner ?
Renaud : Non, mais on y pense depuis, pour les projets qu'on a de
1500 personnes, ça on y pense. De toute façon, on va être
obligé quasiment, d'avoir des subventions.
Et tu sais à qui t'adresser ?
Renaud : et bien, tu as le Ministère de la Jeunesse et
des Sports, le Conseil Régional et déjà quand t'as
frappé à ces 2 portes si t'as rien. Enfin, après ils vont
sûrement nous donner d'autres trucs, il y a sûrement d'autres
petits organismes, mais les plus gros c'est ceux-là.
Vous avez fait une soirée au Rachdingue, pourquoi
?
Renaud : ah, mais alors ça ! J'aurais pu ne pas la
faire, je ne l'aurais pas faite. C'est un ancien de l'association, avec qui on
s'est séparé là récemment [Y.], oui, Y., avec qui
on a pas du tout. Tu l'as vu ? [Oui, je le connais] On avait pas du tout le
même état d'esprit et lui je sais pas du tout ce qu'il avait. Lui
comprenait pas trop. Il y avait pas mal d'histoires par rapport aux gens qu'on
avait rencontré comme nos potes. Moi, c'est mes potes d'enfance, je
faisais du foot avec eux, on se connait depuis qu'on est tout petit si tu veux,
donc c'est vraiment un truc familial qu'on a fait. On a fait un truc avec les
meilleurs amis. Ceux qu'on a rencontré ici, ça commence à
devenir de très bons amis, mais ils ont pas l'expérience que j'ai
pu avoir avec tous mes amis, tous les trucs qu'on a pu faire ensemble. Et du
coup, on a fait ça très familial donc si tu veux, c'est ouvert
à tous. Mais le Y., il commençait à, je sais pas, à
gratter un peu des trucs. Il nous soupçonnait même de prendre dans
la caisse, des trucs comme ça. Mais, moi, je veux dire si je veux
prendre dans la caisse...ça crée un truc malsain.
Amélie : il nous voit se donner à fond,
même introduire de l'argent. Donc j'étais là : "mais
ça va pas, pour une soirée tu vas pas mettre nos
économies". Et au bout de 2 ans tu entends ça. Alors que c'est
quelqu'un qui avait participer peut-être à 2 réunions. Mais
je crois qu'il y aura toujours des gens comme ça dans la vie.
Renaud : après faut respecter, on était pas sur la
même longueur d'ondes et bien tant pis, enfin moi je suis comme
ça, j'aime pas me prendre la tête.
Donc c'était son idée cette soirée au
Rach ?
Renaud : oui, c'était lui qui avait monté ce
projet là et je sais plus pourquoi, il pouvait plus l'assumer donc il
nous a dit : " si vous voulez, quand on sera rentré on pourra faire
ça là-haut". Donc on a fait ça là-bas. On a pas eu
beaucoup de personnes, on a payé...
Ce n'était pas dans votre projet ? Renaud : ah
non, pas du tout.
Amélie : et puis tu vois, c'était dans un lieu plus
ou moins public, même si le lieu est quand même super magnifique,
mais je trouve que ça l'a pas forcément fait.
Ce n'était pas l'esprit de votre asso...
Renaud : pas au niveau.. .dans une boite, j'ai toujours dit
non et puis après il a réussi à me convaincre parce que Y.
je l'aimais fort, c'est quelqu'un, je l'ai laissé entrer dans ma vie en
plus de l'association. Dans tous les cas, il avait ce projet là, et puis
la boite, moi, j'ai toujours dit non, je ferais jamais de trucs dans un boite
parce que j'aime pas les boites, je vais jamais en boite. J'adore les
soirées avec ce côté libre, où tu peux faire ce que
tu veux, t'es tranquille. On est pas là pour te juger, rencontrer des
gens sympas. Ça va pas être : tu vas bousculer des gens et ils
vont te dire : "quoi qu'est-ce t'as". Ou tu vas regarder une nenette, il va
dire : "eh tu regardes pas ma meuf". Tu vois dans cette boite, tu regardes les
bastons qu'il y a dans les soirées, à mon avis, il y a plus
souvent des problèmes dans les discothèques que dans nos
soirées. Donc on refera pas en boite. A moins d'un gros truc, je sais
pas, s'il faut, on va être obligé de se retourner vers les
discothèques, je sais pas. Mais ce sera dans ce cas pour des grosses,
grosses soirées mais pas pour des petites soirées comme
ça. Là ce sera avec des grosses têtes d'affiches qui feront
venir 1500 personnes minimum, des gros trucs.
Avec la trance, vos soirées sont obligés de
durer 24 heures ou 12 heures ?
Renaud : elles commencent à 11h jusqu'à 12h et
même je serais plus d'avis, récemment par rapport à ce
qu'il s'est passé, de commencer à 11h et de finir à 10 ou
11h parce que généralement vers 10h il reste plus qu'une
foulée de déchaînés, qui vraiment, tu vois...
Amélie : ça dépend, moi, je le vois pas
du tout comme ça. Parce que dans un festoch, moi, j'aime bien le petit
matin. Enfin, je dors en pleine nuit et le petit matin je me lève. C'est
ce que je préfère : les gens sont happy, ils se
réveillent. Et ça, je peux pas...je l'enlèverais pas. Mais
c'est après que dans de petites soirées, par exemple Mystic,
parce c'est pas vraiment des tranceux, c'est des gens qui sortent de
boîte, qui savent pas trop. Je veux pas faire de différence mais
c'est vrai que.. .mais bon à 8h tu peux que rencontrer des gens, qui
cuvent ou qui décuvent. Mais dans des grands festochs
désolé, la mentalité, tu, tu l'enlèveras pas, c'est
quand même de la bonne musique, avec des gens qui sont happy et je trouve
ça bien. Je dis qu'il faut continuer jusqu'à midi. Ça
permet de...
Vous ne pensez pas qu'une fête qui dure 12 heures incite
les gens à prendre un peu de tonus ?
Renaud : les gens, ils en font ce qu'ils veulent mais moi, je
pars du principe et je suis le premier à faire ça, dès
fois quand j 'ai envie de rester le soir pénard avec ma femme, parce
qu'elle bosse (elle est infirmière, elle bosse le dimanche). Je dis pas
que tout le monde fait ça mais bon, je le vois comme ça. Et que
j'ai quand même envie d'aller à la soirée : je vais mettre
mon réveil quand elle va partir au boulot, à 6h30-7h, je vais me
préparer et je vais y aller pour 7h30-8h et profiter jusqu'à 12h.
Donc après, il y a aussi des gens comme ça aussi, donc chacun en
fait ce qu'il veut quoi.
Amélie : c'est vrai qu'il y en a qui viennent à
toute heure, je veux dire, tout le monde n'arrive pas à 11h. Il y en a
qui arrive à 11h, 12h, 3h.
Renaud : il y en a qui vont en boîte avant, il y en a
qui viennent dès le début, il y en a, avant que ça ouvre..
.chacun après, vraiment, je veux dire, il y a cette soirée, on
essaie de faire en sorte que.. .c'est sûr...je sais pas peut-être.
Peut-être, c'est comme tout, après je sais pas. Est-ce que les
boîtes, ça incite pas à prendre de la drogue ? Est-ce que
les bars, ça incite pas à boire ?
On va accuser la nuit (en plaisantant). Vous avez
déjà penser à faire une soirée de jour ?
Amélie : bah oui, Christophe, c'est ce qu'il va faire.
Renaud : non, mais pas le festival. Moi, j'avais
déjà pensé à faire ça un week-end. Commencer
le matin, et finir le soir, en plein week-end.
Amélie : par contre on fait beaucoup moins de monde et
qu'on invite qu'un dj sur 3 heures ou sur 4 heures, c'est-à-dire de 23h
à 2h donc faire comme un concert en fin de compte. Mais ça change
la donne, ça change...
On appelle pas ça un live ?
Renaud : si, mais le problème c'est que les gens vont
pas venir, ils viendront, ils se déplaceront pas. Les gens, si jamais
t'arrête à 5h, ils viendront.. .t'auras personne. C'est sûr
et certain. Tu regardes souvent dans les évènements, ça se
fait pas quoi. Si, quand il y a des trucs dans les petits bars si. Si, tu peux
le faire pour des petits trucs. Mais pour des organisations avec plusieurs djs
et tout.
Amélie : tu peux organiser toute ta soirée sur
un live ou sur une tête d'affiche qui viennent avec...le concept d'un
concert. Que tu ais un première partie et une deuxième partie,
voilà, c'est vraiment le truc musical qui s'arrête là.
Renaud : les gens, dans ce milieu là, ils boycotteront ou
alors après, ils s'organiseront pour faire une after, enfin je sais
pas.
Pourquoi ?
Renaud : parce qu'ils ont besoin, sûrement, que ça
dure, de faire la fête tout le week-end, je sais pas.
C'est pas un des caractères de la fête techno :
on commence à danser, s'échauffer, peut-être être en
transe avec un "s" et ne plus vouloir revenir à la réalité
?
Renaud : ah je pense pas. J'espère pas en tous les cas
pour ces pauvres gens. Moi, je suis bien dans la réalité.
Amélie : partir en transe en même temps,
ça soulage, ça défoule, t'oublie ta semaine. Si tu pars en
transe juste avec la musique, moi, je trouve ça beau, j'ai besoin de la
musique pour me défouler dans la vie.
Renaud qui lui répond : les gens, ils font ce qu'ils
veulent, ce qu'ils comptent c'est qu'ils aiment bien. Moi, ce que je veux,
c'est voir les gens danser donc voilà. Donc c'est ce qui me fait
plaisir, en tant que dj, c'est normal, de voir les gens danser sur ta musique.
Donc déjà, si les gens dansent et qu'ils s'éclatent et
tout, je veux dire, c'est comme dans une valse musette, on va pas demander
pourquoi les grands parents ils vont danser tout un après-midi, sur un
parquet tout un après-midi et qu'après ils vont avoir mal aux
jambes. C'est comme ça, les gens, faut qu'ils s'éclatent, c'est
festif.
Quels sont vos moyens de communication ? Renaud : avec qui
?
Pour communiquer vos soirées ?
Amélie : les fly et le net
Renaud : le net et puis la voie fly, la voie papier.
C'est-à-dire par le net ?
Amélie et Renaud : sur les agenda, sur tous les sites
de musique, on essaie d'être partout. On est sur Myspace aussi et sur
Facebook. Ah non on est pas sur Facebook. . .voilà ça marche bien
en ce moment, enfin es jeunes sont bien connectés.
Je vous ai contacté par le Myspace.
Amélie : Voilà. On a eu plein de contacts comme
ça. C'était assez sympa d'ailleurs. Est-ce que vous vous en
server pour découvrir d'autres artites ?
Renaud : j'aimerais bien, il y a des tas de choses que j'aimerais
faire mais j 'ai pas le temps. J'aimerais bien, Bass, il me le dit : "fais-le,
fais-le". C'est même pas moi qui m'occupe du label.
C'est S. qui gère ça ?
Renaud : oui
Amélie : il y a aussi une question entre la vie
professionnelle et le moment où... C'est pas votre activité
principale, tu veux dire ?
Renaud : bah non, comment on paie le loyer, comment on se paie
ce qu'on aime. C'est pour ça que ça me fait rigoler quand je
repense à Y. on en a reparlé, moi, ça me fait doucement
rigoler Du pognon, c'est pas ça. Moi, j'ai un papa qui est chef
d'entreprise. Alors ça n'a peut-être rien à voir ou quoi,
mais il m'a formé, formater pour que j'ouvre ma boite et c'est ce que
j'ai eu envie depuis tout jeune, donc là je vais arriver à le
faire à 25 ans, je trouve ça super bien et. ..j'ai mon,
père il a commencé de rien, il a réussi, il m'a
formé à la dure. Quand j'ai arrêté l'école,
il m'a dit : "si tu veux arrêté l'école, parce que t'es un
cancre, bah tu vas en chier". J'ai fait de la plomberie, de la charpente, j'ai
fait plein de corps de métiers différents. Mais bon, voilà
quoi, après, je vais dire, on a rien sans rien. C'est bien beau de dire
: "bah lui, ça se trouve, il détourne des sous", "peut-être
qu'il fait ça". "Fais quelque chose de ta vie, je sais pas". Pour moi,
l'association, c'est une passion. Je l'ai pour passion. Tiens regarde ce qu'on
a fait, c'est un petit bouquin. C'est quelque chose que j'aime, je trouve
ça beau.
Génial, c'est quelque chose qui vous appartient, ce
n'est pas pour distribuer ? (il me montrait une sorte de Book de Psyva,
où s'entremêlait textes et photos expliquant l'association.)
Renaud : non, c'est pour présenter, pour avoir les salles
en fait. C'est finalement un Book ?
Amélie : voilà, tout à fait.
Renaud : on va le refaire, on l'a fait vite fait pour avoir des
salles récemment. Mais bon, l'idée est bien
déjà.
Et vos fly, comment vous les construisez ?
Amélie : maintenant, c'est nous deux avec Photoshop
Renaud : là, le dernier c'est un infograhiste, un
professionel du milieu avec des prix que tu trouveras jamais. Parce que, c'est
vrai, dans le mileu tout est moins cher. Tu gagnes très peu d'argent
quand tu fais des soirées, donc heuseusement que tout est moins cher.
Sinon tu pourais pas faire de soirées.
Les photos, c'est vous qui les avez prises ?
Renaud : au début oui et après, il y a un mec,
qui un mec qui l'a...je sais plus comment il s'appelle... Sangohan, qui a pris.
Bon les premiers, on prenait vite fait des photos, en fait on
récupérait surtout les photos des autres. Pour celles-ci c'est
plutôt un mec qui a fait ça avec un trépied et un appareil,
c'est nickel. Tu vois tout de suite la qualité des photos.
En effet, là vous avez essayé de créer un
univers...
Renaud : bah oui c'est ça, c'est celle qu'on a fait au Mas
Bonete. Et celles qui arrivent, c'est encore meilleur. Parce que
là...
Et par rapport au fly, là, je ne les ai pas
emmené avec moi, mais j'ai en tête le Psyvalis et j'ai en
tête le dernier, vous utilisez des fractals, des lasers, des bouddhas...
Renaud et Amélie : oui, oui, de la mythologie,...
Qu'est-ce qu'il y a ? c'est la nostalgie de Goa ?
Renaud : non, même pas. C'est la spiritualité, c'est
les énergies, c'est...et puis c'est beau. C'est une religion alors ?
Renaud : non, non, non, non, non. C'est.. .c'est rien.. .c'est,
c'est.. .c'est beau, moi je trouve ça beau. Est-ce que c'est
sérieux ou non ?
Renaud : ah non, c'est beau
Amélie : peut-être qu'on ne le sais pas encore,
mais c'est vrai que ça peut être un évènement, avec
une certaine de la spiritualité où les gens, ils sont libres,
où ils font ce qu'ils veulent. Et c'est vrai que, il y a comme une...
Renaud qui coupe : moi, je sais que les images sont belles.
Quand tu les regardes avec le temps et tout, c'est vrai que ça change,
mais je les trouvais belles quand on les a prises pour faire, tu vois. Comme la
décoration, je trouve ça beau, il y a des trucs que les mecs ils
font et tu te dis : "mais comment ils font ? C'est pas possible". Et puis
après, les tentures, tu vois toutes les tentures aussi.
C'est vous qui les avez faites ?
Renaud : non, ça, on en a acheté et certaines en
fait, certaines ont été faites par des équipes
de décoration. Celle-ci non. Genre ça, celle-ci, ça a
été fait à la main. Ça, ça a
été acheté sur un site en
Israël ou en Angleterre, en Angleterre. Ça,
ça a été fait par David, David, il fait de la déco,
de la super belle déco. Ça, ça a aussi été
peint par une nana. Et voilà, ça ça a été
peint par l'équipe de décoration des Wakatoo.
D'accord. Et quand vous achetez des tentures, vous les achetez
sur le net ?
Renaud : c'est fini. Avant, on faisait ça, on les
achetait sur le net. Maintenant on veut de la décoration, mais on va
s'en détâcher de plus en plus, parce que c'est se qui nous
prenait, on s'est rendu compte vite que c'était ce qui nous prenait le
plus de temps. Tu montes tout, tu te tues. Tu y passes ta journée et
après tu dois tenir toute la soirée. Alors que maintenant, chacun
organise sa journée, fait des siestes, fait ce qu'il veut, machin, et
ils doivent arriver, enfin, l'équipe qui va tourner le soir. Puis
pendant ce temps, les autres équipes, ils vont arriver. La
décoration, dès le matin, ils vont attaquer leur boulot. Eux, ils
sont là pour ça et ils font la déco quoi. Eux, leur truc
c'est la déco.
Vous n'avez pas peur que la musique manque de déco en
en mettant moins ?
Renaud : la musique, je sais pas. On a mis bien, on est
passé, on est passé au moins au triple de ce qu'on a mis la
dernière fois. La dernière fois, on a mis 2,4kw, là on a
mis 6kw et de l'autre côté on a 2,4kw au mieu d'1kw.
Parce que je voulais dire : est-ce que la déco est
importante pour la soirée Trance ?
Amélie et Renaud : oui, oui. Bah les gens, quand
t'arrives dans un endroit. Faut créer un univers, on le disait tout
à l'heure. Amélie, par exemple, a emmené des gens qui ont
rien à voir. Médecins, mes 3 infectiologues.
Renaud : et c'est un petit village, moi ce que je vois, ce que
j'aime c'est quand c'est un petit village, t'as plein de petits trucs. Tu peux
aller boire ta boisson chaude, tu peux aller manger, tu peux aller danser, tu
peux aller écouter de la musique plus cool, tu vois, c'est petit
village, tu bouges et t'as toujours quelques choses à regarder.
C'est un peu ce que vous avez puiser dans ces grands festivals
?
Amélie : oui, c'est exactement ça, oui. Et
ça c'est terrible, même au Boom, t'avais carrément des
conférences sur l'environnement, sur.. .j'ai trouvé ça
vachement. ..autant t'as le cirque à côté du dancefloor,
t'avais pas mal de choses ou tu pouvais aller te restaurer aussi et t'es
toujours dans un contexte lounge, avec des gens sympas, avec une odeur d'encen,
c'est vrai que ça te, ça t'emmène un peu tout
ça.
Vous avez encore des choses à me dire vous ? Comme
ça je vais réfléchir aux questions que je pourrais avoir
à vous poser. '(place pour les revendications)
Renaud : des choses à dire sur le milieu, on pourrait
en dire pendant des heures. Mais déjà, que ça devient de
plus en plus dur d'organiser, que t'as beau te décarcasser pour faire
propre, nickel, tout ce que tu peux vraiment, en étant le plus parfait
possible et que ça devient de plus en plus dur. Moi, ça commence
à me tirer dessus quoi, je veux dire, j'y vais gentiment, tu vois, je
deviens de plus en plus observateur et plus organisateur. Je m'investis moins
on va dire, parce que ça m'énerve.
Tu t'es déjà beaucoup investi ?
Renaud : oui, j'ai dépensé beaucoup
d'énergie là-dedans déjà. J'en dépense
encore beaucoup, mais j'en dépense, on va dire, plus intelligemment et
puis j'en ai d'autres à dépenser ailleurs, donc c'est pour
ça que...
ça peut apparaître un frein au travail ?
Renaud : pour moi, ça risque de l'être, enfin
c'est pour ça que [ Amélie : c'est pour ça qu'il dit qu'il
va arrêter.] Si ça tourne à côté et que tout
le monde continue, parce que moi, je veux pas arrêter. Par rapport
à tout le monde qui nous entoure, si tu veux, tout le monde n'est pas
dans la même situation que moi. Moi, je suis peut-être en train de
préparer de monter une boîte, mais ça veut pas dire que les
autres font la même chose. Il faut pas non plus arrêter, et que
tout le monde s'arrête parce que monsieur Renaud Gauthier a
décidé d'arrêter, tu vois. Non c'est pas ça. C'est
pour ça que je voudrais que ça tourne tout seul, que chacun..
.parce que réellement, divisé par tout ce qu'on est, c'est rien
à faire. Mais quand c'était moi qui le faisait tout seul,
c'était énormément de travail, donc si chacun prend, comme
ça , en train de se faire, au fur et à mesure, son truc, eh bien
c'est nickel. Et puis qui sait, au bout d'un moment, on la cèdera
l'association ? J'en sais rien.
C'est une éventualité ?
Renaud : oh bah je vais pas faire ça toute ma vie.
Après, ça dépend, ça dépend, ça
dépend de plein de choses. Ça dépend de si on trouve des
salles. Ça dépend si on peut continuer ou pas à nous
exprimer. Si on peut pas continuer à nous exprimer, au bout d'un moment
tu peux plus continuer, t'as plus de salles, t'as plus de terrain, t'as plus
d'accord, t'as plus rien donc tu fais plus de soirée. Donc après
t'as beau essayer de faire ce que tu veux, tu vas te décourager et au
bout d'un moment tu t'arrêtes.
Amélie : Christophe est parti en Espagne, il fallait bien
qu'il trouve quelque chose. Renaud : c'est pas ce qu'il a fait de mieux
Amélie : c'est parce qu'en France, il a pas dû
trouver.
Renaud : ah le pauvre. En plus il avait les autorisations et
tout. Et les changements de maires et paf. Le nouveau maire était pas
d'accord alors qu'il avait toutes ses autorisations, tout était
calé. La guardia qui a débarqué. La guardia
méchant, méchant comme ils sont. Et putain ! T'as vu dans
Youtube, n'importe où, c'est impressionnant. Les mecs, ils
étaient assis pénards, ils attendaient, demandaient rien, et les
autres ils arrivent. Comme nos CRS, un petit peu. C'est vrai qu'on a beaucoup,
beaucoup de barrières. Beaucoup de barrières, beaucoup
d'obstacles et voilà quoi. A moins d'être quelqu'un de très
influent, de très puissant ou alors d'avoir énormément de
pognon.
Vous n'avez jamais eu de soucis avec le milieu de la
discothèque qui vous verrait un peu comme des concurrents ?
Amélie : oui, une fois, une fois. C'était un
____ (?) de Bordeaux, alors ils étaient un petit peu plus vieux que
nous, c'était des gens qui approchaient de la quarantaine et ça
faisait très longtemps qu'ils faisaient ça. Et donc, ils
voulaient se rapprocher des châteaux de la Loire pour faire une
soirée qui était super bien organisée. C'était
à Amboise, c'était très joli et super bien organisé
avec son équipe, ils se connaissaient depuis très longtemps,
âgés avec la mâturité et donc ils font ça dans
une super grotte d'Amboise. Ils avaient toutes les autorisations, que ce soit
la gendarmerie, le maire, le débit
de boissons, tout, tout, tout. Et au dernier moment, donc
à la soirée vers 11h ou 12h, 4 fourgons, qui se mettent devant
l'entrée et qui font une descente. 4 fourgons et 2 voitures qui
bloquaient les gens. Je pense qu'ils ont fait demi-tour et puis...
Renaud : du coup, ils ont ramené un inspecteur des
impôts et ils ont recherché le moindre truc. Ils ont
embarqué l'organisateur et tout. Enfin, à la fin ils ont
été sympas, ça s'est bien arrangé. Mais, il nous a
dit que c'était un coup de télephone de plus haut qui leur a dit
que c'était une boite locale, je sais plus. En fin, c'était deux
boites locales qui avaient fait demander ça par influence et tout. Et
voilà, tu vois l'esprit.
Ici, ça s'est jamais produit ?
Renaud : jamais. Ici, alors. Ici pour organiser, on est super
bien, on est pas emmerdé. Les flics, quand ils viennent, ils nous
respectent. C'est pas forcément le cas de Tours. Tours, ils peuvent pas
blairer la musique électro, tout ça. Si tu fais un truc et que
t'es pas sponsorisé par RTL2 ou je ne sais quoi, Tours, ils aiment pas
ça. Mais ici, ils viennent, ils voient comment c'est fait, enfin pour
notre part, à chaque fois qu'on les a vu. Enfin, moi, je les ai jamais
vu. S'ils voient que c'est carré, que c'est pas trop le bordel, ils vont
filtrer peut-être, après je sais pas. Ils font des alcoo-test,
tant mieux, ils font leur boulot, je veux dire, après il y a pas de
problème. Il y a toujours des mecs en civil qui sont dans la
soirée, ça c'est certain. On les reconnait maintenant. T'as
toujours des mecs en civil, j'ai appris ça...le 24 novembre, on l'a fait
et j'ai appris ça il y a un mois. En fait, pendant la soirée, ils
ont embarqué un mec qui vendait et tout. Ils l'ont chopé chacun
d'un côté et ils l'ont sorti. J'ai même pas vu et même
pas entendu parler de ça. Donc, ils sont là c'est clair,
après les boites ici nous font pas chier. Ils respectent, c'est
ça qui est bien.
(Puis nous nous sommes arrêté)
Observations participantes
Réunion technique de l'association Mystic
Chrysalide du 27 Mars 2008
Conditions de l'observation : pour assister aux
réunions de l'équipe organisatrice, j'ai accepté de
participer. L'objectif était de se rendre compte de l'envergure de la
préparation d'une fête TechnoTrance avec eux.
Manu et Céline nous reçoivent chez eux. Nous
sommes 7. La réunion mêle à la fois discussions de
passionnés de musiques techno, plaisanteries et échanges plus
sérieux quant à la soirée du Samedi 5 Avril,
c'est-à-dire une semaine plus tard.
En voici quelques notes techniques :
- le 27 mars : réglage de dernière minute : tout
était déjà prévu excepté le snack de
nourriture. 2
organisateurs ont déjà « booké »,
une équipe. Il s'agissait d'un malentendu. L'un des deux a dû
décommander un snack. Même en petit nombre, la
communication peut déraper.
- Mardi 1er avril : voir Mathieu du Rachdingue pour
préparer la soirée anniversaire du 14 juin.
Les informations au sujet de la soirée du Samedi 5 Avril
sont compilées dans un compte rendu interne.
Observation de la préparation de la
soirée du 5 avril 2008 au Mas Bonete
Arrivée sur le lieu, le Mas Bonete, à 9h30. Du
matériel du mariage de la veille est encore sur le lieu (les tables et
chaises notamment que nous avons dû déplacer). Nous
commençons à mettre les boissons déjà
livrées sur palette dans les frigos. Nous prenons par la même un
petit déjeuner. La mise en place de la décoration est longue et
nécessite de nombreuses personnes (tentures, lumières,
plateaux...). Certains auront commencé le matin et terminé que le
soir. En plus des petits coups de main, deux organisatrices y sont
spécialement attâchées : Virginie de Mystic et Chrystelle
d'Hadra. Je n'aurais pas eu le temps de m'entretenir avec elles sans
empiéter sur leur activité. Dès l'arrivée de
Benoit, un technicien son prestataire de service, arrive nous devons l'aider
à décharger les 20 m3 de matériel de son
camion. Sitôt fait, il est temps d'installer la sonorisation des deux
salles. Là, l'équipe des organisateurs va se scinder en deux : la
scène Trance et la scène Electrochill.
A 13h, nous avons pris un repas froid tous ensemble, une
première dans les activités de Mystic Chrysalide.
Vers 17h, mise au point avec la sécurité,
arrivée du snack ArtFood, de Médecins du Monde et des Creative
Travellers (stand de détente et de vente d'objets).
À 20h, nous avons nettoyé les salles avant
l'ouverture au public. À tour de rôle, nous sommes allés
manger. Le repas du soir, un repas chaud était pris en charge par le
stand d'ArtFood (stand de nourriture bio). Leur association a installé
son stand gratuitement sur le site en contre-partie de fournir le repas du soir
pour tous les organisateurs (30 personnes).
Ouverture de la soirée à 23h, des participants
attendent déjà devant depuis un moment.
Réunion Mystic Chrysalide 17 avril 2008 au
domicile de Manu et Céline.
Cette réunion était une sorte de bilan de la
soirée du 5 avril 2008. Tous les membres étaient présents
et chacun a pu évoquer ce qu'il avait remarqué pour que nous en
parlions ensemble.
L'évènement le plus marquant pour tous et celui
dont nous avons longuement parlé est un malaise d'une femme pendant la
soirée. J'étais au bar lorsque cette femme s'est évanouie.
Elle était devant le bar depuis plusieurs heures où elle buvait
avec d'autres personnes. Puis soudainement, j'ai entendu qu'une femme venait de
s'évanouir. Personne, parmis le public ne semblais réagir, alors
je me suis chargé de la porter jusque au stand de Médecins du
Monde. Un lit y était installé pour ce genre de situation. J'ai
ensuite averti les membres de l'association que j'ai croisé. Plus tard,
les gendarmes sont arrivés. On m'appris que l'association humanitaire
avait appelé les pompiers pour que ceux-ci la conduisent à
l'hôpital. Manu et Anthony ont parlé avec les gendarmes puis sont
venus nous avertir que Manu serait convoqué dans la matinée au
poste pour éclaicir cette histoire. Et je n'ai plus eu d'informations
à ce sujet jusqu'à cette réunion.
En bilan, chacun a raconté ce qu'il s'était
passé et nous avons longuement parlé des risques liés
à la sécurité. En effet, une personne ayant fait un
malaise peut être un évènement lourd de conséquences
pour cette femme et pour l'association. Manu était donc allé
expliquer ce qu'il s'était passé à la gendarmerie.
À l'hôpital, le sang de la femme avait été
examiné et des traces de Chrystal, une puissante drogue avaient
été repéré en plus de la forte quantité
d'alcool. Il avait appris que cette femme avait dit qu'elle avait
été droguée à son insu au cours de la soirée
et qu'elle n'y était pour rien. Manu, étant le président
de l'association, pouvait courir un risque si son état ne s'était
pas améliorer. Il s'agissait donc de réfléchir à la
prise en charge des malaises et au service d'ordre dans les futures
soirées.
Médecins du Monde est une association humanitaire
chargée de faire de la prévention dans les fête techno dans
une mission « rave ». Cette mission serait au dire des organisateurs
« mal vu par les flics ». Les gendarmes étaient entrés
voir l'équipe de Médecins du Monde. Celle-ci n'était
composée que de secouristes bénévoles (AFPS ou PSE 1)
venus de Toulouse et de Montpellier. Aucune antenne n'existe à
Perpignan. Ces bénévoles sont pris en charge dans la
soirée par l'association organisatrice en leur fournissant à
manger et à boire. Ceux-ci ont bu de l'alcool tout au long de la
soirée. Les membres m'ont dit qu'il s'agissait du « minimum
légal mais pas du maximum sécurité ». Cette
équipe ne comptait pas de médecin. Alors son rôle
n'était que de faire le lien avec les secours. Les membres devraient
réfléchir à d'autres possibilité pour veiller
à cette permanence : la Protection Civile peut-être.
D'autres problèmes de sécurité ont
été relevé par les organisateurs :
- peu de contrôles ont été effectués
à l'entrée.
- des bouteilles en verre ont été trouvées
dans l'enceinte de la fête.
- des membres d'Hadra ont rapporté avoir vu des fraudeurs
entrés par-dessus le mur. - des préservatifs et des seringues
usagées ont été trouvées dans les toilettes.
- un camion était garé devant une entrée de
service, une voie pour les secours. - Aucun agent de sécurité
n'était présents dans les toilettes et sur le parking.
5 agents de sécurité bénévoles
(payés au black) assuraient le service d'ordre. Les membres de Mystic
Chrysalide trouvent que payer des agents professionnels serait trop cher. De
plus le nombre d'agents était insuffisant pour veiller à l'ordre
à l'entrée, sur le parking, en salle et aux toilettes. Pour
limiter les risques liés à la toxicomanie, ceux-ci doivent
dissuader les dealers de drogues et les expulser en cas de flagrant
délit. Mais ils ne sont pas habilités les sacs et les poches.
Leur présence sur le parking préviendrait en partie le deal. Il
est prévu à l'avenir de constituer une équipe mixte de
professionnels et de bénévoles pour assurer le
service d'ordre.
Au contraire, la législation anti-tabac a
été respectée pour la première fois au mas
Bonete.
Pour garantir une meilleure défense en cas d'interdiction
d'organiser des soirées, Mystic Chrysalide devait bientôt
adhérer à Technopol. Celle-ci défend, en effet, les
fêtes « propres » et peut être un appui juridique.
Au niveau musical, la soirée semble avoir bien
fonctionné. Seul Manu fait état d'un problème technique
sur sa table (une distortion du son) qu'il n'a pas pu résoudre de peur
de tout déréglé. Les mixs chill-out par les djs d'Hadra
dans l'electrochill ont finalement été
appréciés.
La soirée du 5 avril a été un succès
pour Mystic Chrysalide. Les 500 personnes déclarées à la
préfectures étaient présentes, l'association a
gagné de l'argent et va pouvoir investir dans de nouveaux projets :
- Achat de sacs pour transporter l'argent sur le compte de
l'assocation.
- Location d'un garage pour stocker la décoration.
- Achat d'un site internet : hébergement, structure et
graphisme.
- Achat de nouveaux T-shirt de l'association et
possibilité d'en vendre au public (comme Hadra).
Réunion Mystic Chrysalide du 20 mai
2008 Assemblée Générale de l'asssociation
Ordre du jour :
- Redéfinition des statuts.
- Modifications de l'organisation interne.
- Répartition des responsabilités de l'organisation
de soirées.
- Préparation de la soirée anniversaire du Samedi
14 Juin au Rachdingue. - Sujets divers
Redéfinition des statuts
Celle-ci est dû en partie à une amélioration
des anciens statut de l'association. Mystic Chrysalide connait un certain essor
et ces améliorations doivent permettre à l'activité de la
structure de s'agrandir.
Il manquait dans, par exemple, l'article 1 le nom de
l'association créée, à savoir, Mystic Chrysalide.
L'article 3, définissant l'objet de l'association, a été
étendu à la culture électronique, comme la
décoration, art à part entière, qui accompagne la musique
électronique. L'article 4 nouveau porte la modification du siège
de l'association. Le nouvel article 6 crée un nouveau statut de membre,
celui des membres d'honneurs, pouvant devenir un soutien au projet. La perte de
qualité de membre devient l'article 6.2, tandis que l'article 6.1
apporte une nouveauté dans le fonctionnement de l'organisation des
soirées : la répartition des responsabilités dans les
diverses tâches de l'organisation de soirées. Le nouvel article 8
redéfinit le bureau, organe décisionnaire de l'association. Un
nouveau membre du bureau apparaît : le trésorier adjoint. Le
Conseil d'Administration est redéfini par l'article 9. Enfin, l'article
13 étend dorénavant les ressources de l'association au « don
et produits d'actes de commerce occasionnels et accessoires à
l'activité associative et le prix des biens vendus par l'association ou
les prestations de services rendues ».
Modification de l'organisation interne :
Cette modification du bureau est dûe notamment à la
sortie et l'entrée de membres dans l'association. Voici le nouveau
bureau :
- Manu demeure le secrétaire
- Céline demeure la trésorière
- Stéphane devient le trésorier adjoint
- Nathalie, une nouvelle membre, devient la secrétaire
Répartition des responsabilités de
l'organisation de soirées :
Conformément à l'article 6.1 des statuts de
l'association, les responsabilités attâchées aux diverses
tâches de l'organisation de soirées sont réparties entre
les membres. Ces responsabilités sont avant tout internes à
l'organisation, c'est-à-dire que leur répartition
déchargera les membres fondateurs de tâches pour partager le
travail. Un responsable n'a aucun pouvoir de décision sur la tâche
dont il est responsable : il doit mettre en oeuvre les décisions
démocratiques des membres et transmettre les informations. Voici la
répartition des responsabilités :
> responsable scène « trance » :
? général : Manu
? artistes et technique : Manu
? Sonorisation : Booboo
responsable scène « electro chill :
? général : Thierry
? artistes : Anthony
? technique : Yoan
responsable décoration : Stéphane
responsable communication : Thierry
responsable sonorisation : répartie dans les
scènes responsable hygiène et sécurité :
Céline
responsable des stands : Céline
responsable gestion des stocks/ bar : Anthony
Préparation de la soirée anniversaire du Samedi
14 Juin au Rachdingue :
L'organisation de cette soirée est le fruit d'un
partenariat avec le Rachdingue, un club privé de Villajuiga (Espagne).
Les tâches propres de Mystic Chrysalide sont les le booking des artistes
et la décoration. Tout était déjà entendu.
Les deux live bookés, Phonic Request et Early Reflection,
doivent arrivés à Perpignan respectivement de Bordeaux et
d'Avignon. Des billets de trains leur seront payé par l'association.
Manu se chargera de les conduire jusqu'à Villajuiga.
Le départ se fera après une grillade chez Anthony
à 11h30.
Pas d'after prévu par Mystic Chrysalide.
Sujets divers :
- l'hygiène et la sécurité :
L'adhésion Technopol d'une valeur de 50 euros est
acceptée par les membres.
Pour une soirée de 700-800 personnes, la Protection Civile
sera demandé pour veiller à la santé des participants.
Une sortie définitive est envisagée à partir
de 3 h du matin pour limiter les aller-retour sur le parking, souvent
utilisés pour la prise de drogue.
- Le site internet de l'association : un budget de 800 euros est
consacré à sa création, il sera hébergé dans
un emplacement de 20 ga, soit un coût de 50 euros par an. Enfin, lorsque
le site sera en fonction Thierry en assurera la gestion.
Entre Manu, président de Mystic Chrysalide et
Kokmok, Dj bénévole d'Hadra Samedi 05 Avril : Qui est
responsable de la soirée ?
Conditions de l'enregistrement : le deux protagonistes
étaient en train de débattre de la responsabilité dans la
soirée. Mon magnétophone était allumé. Voici la
transcription de l'enregistrement de leur conversation.
Manu : si, ils ont la voix, c'est-à-dire le conseil
d'administration est là pour débloquer un budget par exemple ou
s'il faut faire autre chose. Mais le président, il fait
l'exécutif. Et si par exemple il faut prendre une décision c'est
quand même le président qui prend la décision. Il peut pas
trancher parce qu'il est quand même dans une association
démocratique. C'est ça qu'il faut savoir : c'est que c'est une
association démocratique. Et puis le président est quand
même élu en conseil d'administration et l'assemblée
générale élit le conseil d'administration et le conseil
d'administration élit le bureau. Tu vois ça décline en
fait. C'est un peu compliqué les associations quand même. Si tu
veux vraiment respecter la règlementation à la lettre, c'est
chaud. C'est comme une entreprise.
Kokmok : parce que nous, on appelle toujours.. .bon, le CA s'est
réuni parce qu'on veut savoir ce qu'ils ont décidé.
Manu : le CA, c'est les membres décisionnaires. Kokmok :
et dans ma tête, c'était eux les responsables.
Manu : non, parce que t'as pas vraiment de statut en tant que
conseil d'administration. Le conseil d'administration, en fait, c'est
géré par les membres qui sont élus par l'assemblée
générale. Quand tu fais une réunion, c'est eux qui
décident, je sais pas, pour sortir des sous, pour faire entrer des gens
dans l'asso. Ils décident, après l'exécutif c'est le
président et le bureau. Tout ce qui est administratif,
trésorerie, tu le présentes à l'assemblée
générale.
Documents internes de Mystic Chrysalide
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Réunion Mystic chrysalide pour la soirée
avec Hadra du
05/04/08
Present a la reunion :
Membres Yoann Anthony Céline Manu
Steph Thierry Invités : Fabrice Nathalie
Excusés : Valérie
Virginie
BUDGET PRÉVISIONNEL SOIRÉE DU
21/10/206
Soirée en partenariat avec l'association HADRA record 30%
des recettes leur seront reversées
SON + chillout +lumière
|
XXX tous le matériel
|
LOCATION SALLE
|
XXXeuros
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FLYERS (imprimeur)
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XXX euros 3000 flyers en 14* 14 payé
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FLYERS (conception)
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XXX euros payé
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SECU
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XXX euros
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VISUELS
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XXX euros
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FRAIS transport DJ
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XXX euros + 100 frais de voyage de Chris de bordeaux
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FRAIS NOURRITURE
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XXX euros
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FAUX FRAIS
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XXX euros
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TOTAL
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XXX euros
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Le mot du président
Total : XXX euros pour le budget de la soirée. Pour info
le budget doit resté a se niveau et toute demande supplémentaire
de budget ne sera pas acceptés. Merci de votre compréhension
Organisation du personnel
Entrée
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Bar (tickets conso)
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Déco - Lumières
Montage Démontage
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Responsables
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Responsable
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Responsable
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-Céline
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-diabolo Valérie Christophe Lidia Fabrice
Valérie
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Diabolo Virginie Valérie Yoann
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Son
Mise en place démontage
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Accueil
Artistes intervenants Bouffe boisson
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Nettoyage
Pendant la soirée
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Responsable
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Responsable
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Responsable
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-Manu -spdyt
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-manu -diabolo
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Diabolo Manu
A nthony virginie spdy't
Valérie Yoann
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Si vous vous engagez à l'un de ces postes, on compte
vraiment sur votre présence, avant, pendant et après la
soirée. Merci !!!!
le son&lumière
- système son 6 kw XXX€ -
système son 2 kw XXX€ - 2 retours 400 w
XXX € - 2 retours 150 w XXX € - 1
table de mixage Pioneer dj-m 800 XXX €
- 1 console 12 pistes analogique (Mackie) XXX
€
- tous câblages nécessaires pour connexion tables /
console
- 30 mètres de rallonge électrique pour alim.
générale (avec adaptateurs)
- 2 lazers (1 gros et 1 petit) XXX € +
XXX
- 1 flower ou autre light animée différente de la
tornade de la dernière fois XX €
- 5 estrades réglables XXX €
- livraison, installation, réglages, le samedi 5 avril au
mas bonnète (font couverte) a partir de 10h
- enlèvement le dimanche 6 avril a partir de 12h
SOIT UN TOTAL DE XXX €
REMISE DE 33% - XXX €
SOIT TOTAL FINAL DE XXX €
LIVRAISON,INSTALATION ,DEMONTAGE ET REPRISE
COMPRIS
ALIMENTATION + CABLAGE + PASSAGE DE CABLES
COMPRIS
Manque 1 lasers Steph récupère le laser a son pote
Line up Dj (12 h de music)
Chill out de 23 h a 11h00
*Antomny 22h00 a 00h00
*Spdy't 00h00 a 2h00
*Sysyphe 02h00 a 4h00
*Pako Alcantara 04h00 a 06h00
*Yoan.L 06h00 a 8h00
*Nun 08h00 a 11h00
Trance 23 h00 a 11 le dimanche
*Kokmok 23h00 a 01h00
*lptit 01h00 a 03h00
*psy warrior 03h00 a 05h00
*shotu 05h00 a 06h30
*diabolo 06h30 a 08h00
*crystal drop 08h00 a 09 h30
*Kokmok 09h30 a 11h00 Visuel nolive de
Hadra sur la scène trance
Visuel in vino veritas sur le chillout
00h00 - 05h00
Sécurité (ben) * 5
vigiles
Medecin du monde 2 équipes
Toulouse et Montpellier Décoration (fidou, Virginie ,
Valérie )
La décoration sur cette soirée se fera avec
hadra qui amèneront aussi leur décoration. Fidou Valérie
est Virginie seront les représentantes de mystic chrysalide, bien
entendu elles pourront compter sur l'aide de tout le personnel disponible
Attention : Christelle commencera sa
déco le samedi aprèm elle s'occupe du plafond
Le samedi matin l'équipe des mystic commencera la
décoration en installant l'éclairage 10 néons dans la
grande salle+4 au chillout , la sono et commencera les angles + le chill out
L'idée de tendre des câbles entre chaque mur est
retenue de manière a pouvoir poser toutes les tentures au même
niveau (besoin câble + fixation)
Faire un bilan des personnes disponibles le matin
et/ou l'après midi
Steph ok
Manu ok
Anthony ok
Thierry présent que pour son set
Yoann après midi jusqu'au lendemain
présence à confirmer svp
Valérie a confirmer Virginie a confirmer Céline
a confirmer Christophe ok
Fabrice ok + interview en live (attention aux blasphème se
sera enregistré)
Manu s'occupe de faire les maquettes des tickets boisson pour
l'eau et le muscat , Steph les imprimera et les découpera
Stand de nourriture nourriture
biologique ,thé, café ,cocktails de jus de fruit ,petit
déjeuné, Ce stand en charge 30 personnes gratuitement pour le
repas de la soirée ,si surplus complément de 3,50 euro par
personne (pas de patente) comptabilisé déjà + 15 pers
Prévu a l'entée coté barbecue
Sur ce sujet un gros problème de communication est apparu
au sain des Mystic des engagements ont été pris de part et
d'autre sans réelle concertation entre les membres directeur du bureau
ce qui a créé de réelles tensions au sain du groupe avec
des envolées lyrique de très bon gout et surtout des porta
faux douloureux a gérer
D'autre part il a été prouvé que
l'utilité des rapports resté à démontrer car
très peu lus ou survolés ( si vous en êtes c'est que le
schmilblick a avancé)
Ce problème doit être débattu et
réglé après la soirée de manière a
construite des bases solides et concrètes pour le futur des mystic Des
mises a plat s'imposent
Stand divers bijoux , CD , encens,
bonbons (patente de 20 euro)
Stand Creative travellers petit chapiteau
, décoration extérieure, vêtements Stand du
label Hadra vente des CD du label
Prévision soirée Rachdingue (Espagne )
14 juin 2008
Réunion mardi 1 er avril chez Anthony avec Mathieu
responsable rachdingue
Sujets a aborder
Déco - Fly+dimension - titre de la soirée -
partenariat _ pourcentage - gestion de la caisse - son combien de kw - materiel
live - platine cd table MaKee etc a voir sur le moment
Dj de la soirée
Côté électro Yoann -
Thierry -electric-Anthony- Juan Carlos
Côté trance phonic request-
manu-
Booking artiste
Pour info hyper frequencies 400 euro pour DJ set + 200 euro frais
de transport
Neuromotor 600 euro pour le live ou dj set + les frais de
transport
Painkiller 1500 euro pour le live et dj set + les frais de
transport
Bamboo forest 2000 euro pour le live et dj set + les frais de
transport
Phonic request 400 euro pour le live + les frais de transport
Steph et manu regardent pour une date au mas bonnète en
fin d'année début d'année prochaine
Numéros de portable et adresses Email
Présentations mysp ace et internet
Présentation d'Anthony sur sa page
Myspace.com.
salut à toi, je m'apelle anthony, je suis papa d'une
petite fille de 5 ans qui s'apelle Ambre, je suis marchand d'ombre la semaine
et dj le week-end, je ne réside dans aucun club car je millite pour
l'underground melting pot, vous en entendrez bientot parler si vos trainez vos
oreilles du cote du pays catalan... j'ai commencé à trainer dans
les soirées techno en 1993 sur Perpignan mais surtout autour de Girona
et Barcelona où je suis vraiment devenu accro aux sound systemes des
clubs et afters avant gardistes de l'époque... accompagné par un
bon copain, nous nous lançons dans l'organisation de soirées en
créant Melting-pot for évolution (...of the mouvement techno !),
bien plus qu'une asso, un concept pour cette periode où les rave party
etaient 100% illégales en France. en effet le melting pot est un concept
qui prône le mélange des cultures et des races, chose que nous
avons mis en place en mélangeant musique et arts plastiques, soit des
expos d'oeuvres artistiques en 3 dimensions... ce n'est qu'à partir de
là que je me lance dans la musique en m'improvisant dj suite à un
déclic un beau matin, j'ai mixé dans différents clubs de
Barcelonne à Toulouse tels que le Blau, le Palm Beach, le Rachdingue, le
Liquid Sky, le Cyberian, la Cova,le zoom a lloret, ainsi que dans de nombreuses
soirées Underground. ..2006/2007:*MYSTIC CHRYSALIDE* association
http://www.mystichrysalide.hbg.fr
E.Mail :mystic
chrysalide@free.fr...
Musique :
issu de millieux plutot rock, j'aime beaucoup mélanger les
styles pour créer le mien, ça pourrait s'apeller Techno trance
minimal electro acid teckhouse... bref, ça dépend de l'humeur et
de l'ambiance du moment...
Présentation de Julien sur sa page
Myspace.com.
Il decouvre la musique electronique en 1993 avec les soirees
Fraktal & Spiral Tribe (merci Ixy), et entre autre un des tout premier
Teknival en France : Tarnos 95. Il fut tres rapidement impressionne par toute
la musique techno et particulierement par la musique hardcore (merci Lisa
n'eliaz). DjCompositeur depuis 1998, il entre activement dans le mouvement
hardcore cette annee precise en participant a la creation de l'association des
Electronautes a Bordeaux, avec Kepa La Pierre (Vnr records), Akasha (Maldita
records) et steph (infographiste). Vers la fin de l'annee 1999, il cree son 1er
label Hardcore : B2k (Born 2 Kick) records, sous forme d'association et avec
l'aide et l'encouragement de nombreux artistes (et amis) comme La Peste, Helius
Zhamiq, Kepa La Pierre, Sram, Baby Kruger, Joshua, Rafy...La creation de ce
label etait au depart la reponse aux nombreuses idees d'artistes de la region
de Bordeaux. Aujourd'hui, B2k records a etendu ses griffes au reste du monde
(et meme de l'univers). En 2002, il lance un nouveau label techno &
hardtechno : Absolute Rhythm records. Son ami Uniko, lui permet de lancer son
label qui aujourd'hui devient une reference dans la musique dite Hardfloor ! En
2005, il lance, avec l'association de Dj Tsx, un nouveau label Hardcore : Out
Of Control records. Le principe est la collaboration entres artistes. Des
remixs, des versus, des battles...Le label se construit en equipe. A noter que
toutes les productions vinyls sont en couleurs (generalement marbrees) ! En
2006, suite a un caprice (de star : on peut l'dire !), il cree son nouveau
label Drum & Bass : Dust Of Sounds records. Preferant embrouiller tout
l'monde des le depart, il commence les 1 eres productions avec des Hors Series
electro-indus et son ami Sram. Le premier disque reellement Drum & Bass est
realise par Dj Hidden, rien qu'ca ! Cette meme annee, il rencontre Kid Loco,
grâce a lui, c'est le coup de foudre musical pour un groupe : il decide
de produire le 1er album electro-rock du groupe Captain K.Verne sur son nouveau
label (encore un) : Komod.O Dragon records.
Présentation de l'association Psyva sur sa page
Myspace.com.
LA BIO DE PSYVA
Il était une fois PSYVA.
Dans une forêt magique des environs de Tours, Renaud
(RND) et Mély, deux passionnés de la musique électronique
qui a force de se balader dans des lieux extraordinaires et mythiques du
mouvement Trance décident de créer le 9 Avril 2005, par une nuit
étoilée, l'ASSOCIATION PSYVA.
Ils recrutent de jeunes lutins férus de musique en tant
que membres actifs sur Tours : Julien, Cédric, R-One et Blandine.
Leurs premières sueurs froides et émotions : «
TRANSPIRAL » le 16 avril 2005 dans une petite grotte des environs de Tours
(37) lors de leur toute première organisation ou 150 adèptes se
déplacèrent.
Puis Renaud et Mély décidèrent de rejoindre
le Sud de la France à Perpignan surement attirés par le soleil et
les légendes fantastiques de la région.
Là, PSYVA donne le ton et organise le nouvel an 2006
« SELENA DE LA LUNA» à Arles sur Tech avec 275 êtres des
forêts. Quelques fervents passionnés du mouvement entendirent
parler de cette soirée tel que Bass (Harry PottAr), Céline, David
(Neurotrans,) Jérôme (L.J.M.), Sophie et Yo (YOAN.L.),
rencontrèrent Renaud et Mély. Ces derniers étant
convaincus de leur motivation, ils décidèrent de mettre en place
tous ensemble un projet au Rachdingue (Espagne), « ELECTRO FUSION »
avec en Live PROPULSE (Brazil) ou ils reçoivent 270 personnes. Renaud
décida de recruter tous ces lutins dans sa jeune association PSYVA.
Puis nous avons rencontré Pascal (Pass Kal) qui s'est
joint aux membres actifs de PSYVA.
La soirée « PSYVALYS » à Arles sur Tech
à réuni plus de 500 personnes le 10 mars 2007 avec en Live : XSI
et SHAGMA (Mind Control Records, Paris).
Quand à la dernière soirée organisée
: "Spirituals Vibrations" qui s'est déroulée le 24 Novembre 2007
où nous avons accueillis plus de 650 personnes, avec en Live : RUMBLE
PACK (Morphonic Records - Suisse), en Dj's set: Sangohan (Avigmatic Rec),
Xorlia (Transplosion), Yahel Chabs (TranceLoad), Franky (Wakatoom), Miss Jump
(Ohm Sweet Ohm), Frida (Diprogress), Xena-Kiss (SuperNova), Franck de
Villeneuve (Diprogress), Janoz (Famille Electro); pour la déco :
Wakatoom, Soda Concept et nous même; et pour les visuels nous sommes
fières d'avoir parmis nous en membre d'honneur "In Vino Veritas" qui
nous suivrons dans tous nos projets.
Longue vie à toi PSYVA, paix, amour,
prospérité...
Présentation de Renaud sur sa page
Myspace.com.
Née le 28 Août 1982.
Musicien depuis l'age de 13 ans ReNauD s'interesse aux
instruments tels que le piano, la batterie, les percussions, la basse, et
surtout la guitare. A ses 14 ans il créa un groupe de Rock Alternatif
"Voluptas" avec des potes de classes. Ils donèrent plusieurs concerts en
Indre et Loire. Puis des chemins différents on été pris
par chacun des membres du groupe. RND s'interressa au milieu Electro en
règle générale (Hard Tech, Jungle, Drum n'Bass, Trance,
House,...)
A ses 15 ans il eu la chance d'acquérir ses
premières platines vinyles. Il se pas siona par l'harmonie que pouvait
créer le mélange de deux vinyls. Il y passa des heures jusqu'au
jour où en 1998, il commença comme Dj résident House,
House Progressive au Pym's à Tours (37).
Par la suite il partit à travers le monde (Maroc,
Turquie, Tunisie, République Dominicaine, Sénégal,
Crète...) pour travailler comme technicien son et lumière et
s'enrichir musicalement puis en 2001 il s'arrêta à Ibiza pour y
vivre jusqu'en septembre 2003. Il mixa au Kiss (Playa d'en Bossa, Ibiza)
à El Noche (Port d'Ibiza), El Blues (Port d'Ibiza) El Tahiti Bar (Playa
d'en Bossa)
Après être rentré en 2003/2004 il mixa au Bus
Paladium à Paris, Au Savon à Bourges, se fit résident au
bar La Vila Sera en plein centre de Tours.
En 2004 il s'intéressa à la Trance qui le suivait
depuis toujours étant ami de longue date avec Zéphyr Dj
incontesté de la seine Parisienne, et ayant de la famille qui sont des
fervants adeptes des début de la trance au comencement du mouvement
Gaïa Concept (Paris).
Il créa en 2005 avec Mély sa fiancée
l'Association Psyva qui a pour but de promouvoir l'art Graphique, Visuel, et
Musical et d'aider les jeunes artistes à se lancer.
Il a mixé récemment à l'Electrohm Festival
en Juillet 2007.
Depuis 3 ans il commence à composer grâce à
la Musique Assitée par Ordinateur dont il se passionne. Un projet de
Live et d'ailleurs en train de se monter avec GROM aka LJM et NEUROTRANS.
Psyva va sur ses 3 ans avec pour l'instant 5 soirées
à son actif. Renaud souhaite faire partager sa passion tel qu'il la
voit.
Présentation des ateliers Transmission Hadra
Records sur leur site internet
La mise en place et le développement des Ateliers
Trancemission correspond à une demande croissante des amateurs de
musique électroniques.
A travers ces ateliers, nous avons pour objectif
d'initier ou de compléter les connaissances des jeunes et moins jeunes,
intéressées par la culture de la musique électronique, et
ceci à un prix très accessible.
Dans le cadre d'accompagnement d'artistes locaux, les ateliers
Trancemission peuvent être un tremplin pour passer au niveau
supérieur dans les diverses disciplines.
En effet, les autres activités d'HADRA leur permettent
de poursuivre leurs créations artistiques soit en se produisant dans
l'un de nos évènements (exposer les créations pour les
décorateurs) soit en sortant des compositions dans les compilations
HADRA.
Et pourquoi pas une professionnalisation au bout...
Au sein des ateliers trancemission, nous contribuons à
renforcer le lien social :
· Avec un accès à la culture pour
tous (spécifiquement au public jeune 12/25 ans) à la
Culture Electro et aux pratiques artistiques qui y sont liées, ceci
grâce à un tarif plus qu'abordable : 40 euros.
A terme, nous aimerions en collaboration avec la Ville de
Grenoble mettre à disposition des jeunes du matériel de Deejaying
pour s'exercer.
· Notre action est dirigée en faveur de tous
ceux qui n'y ont pas accès : par exemple les habitants de
milieux ruraux ou défavorisés, en partenariat avec les services
jeunesse ou MJC de ces communes.
· Nous valorisons l'expression de chaque
individu, lui permettant ainsi de faire ses choix artistiques et de
devenir acteur de sa création.
· Le projet pédagogique implique les jeunes, et
favorise ainsi les coopérations entre eux. Soit en
travaillant sur un projet commun (en partenariat avec la structure qui
accueille les ateliers), soit en mutualisant simplement le matériel et
en travaillant par groupe, les stages permettent la transmission des
valeurs de partage et de solidarité entre les jeunes.
Flyers
Flyer de la soirée du Samedi 19 Janvier
organisée par Mystic Chrysalide au Mas Bonete
Recto du flyer :
![](Les-organisations-de-soirees-techno-Le-loisir-dans-linstitutionnalisation-du-mouvement28.png)
Verso du flyer :
![](Les-organisations-de-soirees-techno-Le-loisir-dans-linstitutionnalisation-du-mouvement29.png)
Recto du flyer :
![](Les-organisations-de-soirees-techno-Le-loisir-dans-linstitutionnalisation-du-mouvement30.png)
Verso du flyer :
![](Les-organisations-de-soirees-techno-Le-loisir-dans-linstitutionnalisation-du-mouvement31.png)
![](Les-organisations-de-soirees-techno-Le-loisir-dans-linstitutionnalisation-du-mouvement32.png)
Dispositif Juridique
Article 53 de la Loi du 15 novembre 2001 relative
à la sécurité quotidienne (LSQ) dit «amendement
Mariani»
Après l'article 23 de la loi no 95-73 du 21 janvier
1995 précitée, il est inséré un article 23-1 ainsi
rédigé :
« Art. 23-1. - Les rassemblements exclusivement festifs
à caractère musical, organisés par des personnes
privées, dans des lieux qui ne sont pas au préalable
aménagés à cette fin et répondant à
certaines caractéristiques fixées par décret en Conseil
d'Etat tenant à leur importance, à leur mode d'organisation ainsi
qu'aux risques susceptibles d'être encourus par les participants, doivent
faire l'objet par les organisateurs d'une déclaration auprès du
préfet du département dans lequel le rassemblement doit se tenir.
Sont toutefois exemptées les manifestations soumises, en vertu des lois
ou règlements qui leur sont applicables, à une obligation de
déclaration ou d'autorisation instituée dans un souci de
protection de la tranquillité et de la santé publiques,
« La déclaration mentionne les mesures
envisagées pour garantir la sécurité, la salubrité,
l'hygiène et la tranquillité publiques. L'autorisation d'occuper
le terrain ou le local où est prévu le rassemblement,
donnée par le propriétaire ou le titulaire d'un droit réel
d'usage, est jointe à la déclaration.
« Lorsque les moyens envisagés paraissent
insuffisants pour garantir le bon déroulement du rassemblement, le
préfet organise une concertation avec les responsables destinée
notamment à adapter lesdites mesures et, le cas échéant,
à rechercher un terrain ou un local plus approprié.
« Le préfet peut imposer aux organisateurs toute
mesure nécessaire au bon déroulement du rassemblement, notamment
la mise en place d'un service d'ordre ou d'un dispositif sanitaire.
« Le préfet peut interdire le rassemblement
projeté si celui-ci est de nature à troubler gravement l'ordre
public ou si, en dépit d'une mise en demeure préalable
adressée à l'organisateur, les mesures prises par celui-ci pour
assurer le bon déroulement du rassemblement sont insuffisantes.
« Si le rassemblement se tient sans déclaration
préalable ou en dépit d'une interdiction prononcée par le
préfet, les officiers de police judiciaire et, sous leur
responsabilité, les agents de police judiciaire peuvent saisir le
matériel utilisé, pour une durée maximale de six mois, en
vue de sa confiscation par le tribunal.
« Est puni de l'amende prévue pour les
contraventions de 5e classe le fait d'organiser un rassemblement visé au
premier alinéa sans déclaration préalable ou en violation
d'une interdiction prononcée par le préfet. Le tribunal peut
prononcer la confiscation du matériel saisi.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions
d'application du présent article. »
JORF n°106 du 7 mai 2002 Texte n°10
DECRET Décret n° 2002-887 du
3 mai 2002 pris pour l'application de l'article 23-1 de la loi
n° 95-73 du 21 janvier 1995 et relatif à certains
rassemblements festifs à caractère musical
NOR: INTD0200114D
Le Premier ministre,
Sur le rapport du ministre de l'intérieur,
Vu le code pénal, notamment ses articles 121-2, 131-12
à 131-16, 131-40 à 131-42, 132- 11 et 132-15 ;
Vu la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 modifiée
d'orientation et de programmation relative à la sécurité,
notamment son article 23-1 issu de l'article 53 de la loi n° 2001-1 062 du
15 novembre 2001 relative à la sécurité quotidienne ;
Le Conseil d'Etat (section de l'intérieur) entendu,
Décrète :
Article 1
Sont soumis à la déclaration requise par la loi,
auprès du préfet du département dans lequel ils doivent se
dérouler, les rassemblements mentionnés à l'article 23-1
de la loi du 21 janvier 1995 susvisée, exclusivement festifs à
caractère musical, organisés par des personnes privées
dans des espaces qui ne sont pas au préalable aménagés
à cette fin, lorsqu'ils répondent à l'ensemble des
caractéristiques suivantes :
a) Ils donnent lieu à diffusion de musique
amplifiée ;
b) L'effectif prévisible des participants et du personnel
susceptible d'être atteint, compte tenu notamment de la surface du lieu
du rassemblement, dépasse 250 personnes ;
c) L'annonce du rassemblement est prévue par voie de
presse, affichage, diffusion de tracts ou par tout moyen de communication ou de
télécommunication ;
d) Le rassemblement est susceptible de présenter des
risques pour la sécurité des participants, en raison de l'absence
d'aménagement ou de la configuration des lieux.
Article 2
Sous réserve des dispositions de l'article 7, la
déclaration mentionnée à l'article 1er est faite, au plus
tard un mois avant la date prévue pour le rassemblement, par
l'organisateur, auprès du préfet du département dans
lequel il doit se dérouler.
Elle mentionne le nom et l'adresse du ou des organisateurs, le
jour, le lieu et la durée du rassemblement ainsi que le nombre
susceptible d'être atteint de participants et de personnes qui concourent
à sa réalisation. Elle indique que l'organisateur a
informé de ce rassemblement le ou les maires
intéressés.
La déclaration est accompagnée de l'autorisation
d'occuper le lieu donnée par le propriétaire ou le titulaire du
droit réel d'usage.
Article 3
La déclaration décrit les dispositions
prévues pour garantir la sécurité et la santé des
participants, la salubrité, l'hygiène et la tranquillité
publiques et précise les modalités de leur mise en oeuvre,
notamment au regard de la configuration des lieux. Elle comporte en particulier
toutes précisions utiles sur le service d'ordre et le dispositif
sanitaire mis en place par l'organisateur et sur les mesures qu'il a
envisagées y compris, le cas échéant, pour se conformer
à la réglementation relative à la sécurité
dans les établissements recevant du public.
Elle comporte également l'indication des dispositions
prévues afin de prévenir les risques, notamment d'accidents de la
circulation, liés à la consommation d'alcool, de produits
stupéfiants ou de médicaments psychoactifs. Elle précise
les modalités de stockage, d'enlèvement des déchets divers
et de remise en état du lieu utilisé pour le rassemblement.
Article 4
Lorsque le préfet constate que la déclaration
satisfait à l'ensemble des prescriptions des articles 2 et 3, il en
délivre récépissé.
Article 5
Lorsque le préfet estime que les mesures envisagées
sont insuffisantes pour garantir le bon déroulement du rassemblement,
compte tenu du nombre des participants attendus, de la configuration des lieux
et des circonstances propres au rassemblement, il sursoit à la
délivrance du récépissé et organise,
au plus tard huit jours avant la date prévue pour celui- ci, la
concertation mentionnée au troisième alinéa de l'article
23-1 de la loi du 21 janvier 1995 susvisée au cours de laquelle il
invite l'organisateur à prendre toute mesure nécessaire au bon
déroulement du rassemblement.
En cas de carence de l'organisateur, le préfet fait usage
des pouvoirs qu'il tient du cinquième alinéa de l'article 23-1 de
la même loi.
Article 6
Le préfet informe le maire de la ou des communes
intéressées du dépôt de la déclaration
relative au rassemblement ainsi que des modalités d'organisation de ce
dernier et des mesures qu'il a éventuellement imposées à
l'organisateur.
Article 7
L'organisateur d'un rassemblement soumis à
déclaration en vertu de l'article 1er qui a préalablement
souscrit, dans des conditions fixées par arrêté du ministre
de l'intérieur, pris après avis du ministre chargé de la
culture, du ministre chargé de la gendarmerie nationale et du ministre
chargé de la santé, un engagement de bonnes pratiques
définissant ses obligations, notamment en matière d'actions de
prévention et de réduction des risques, dispose d'un délai
réduit à quinze jours pour effectuer la déclaration
prévue à l'article 2.
Il est donné récépissé de cet
engagement par le préfet du département où il a
été souscrit.
Article 8
A Paris, les compétences dévolues au préfet
par le présent décret sont exercées par le préfet
de police.
La déclaration exigée de l'organisateur du
rassemblement doit être faite auprès de cette autorité.
Article 9
I. - Les personnes physiques coupables de la contravention
prévue au septième alinéa de l'article 23-1 de la loi du
21 janvier 1995 susvisée encourent également les peines
complémentaires suivantes :
1° La suspension, pour une durée de trois ans au
plus, du permis de conduire, cette suspension pouvant être limitée
à la conduite en dehors de l'activité professionnelle ;
2° La confiscation de la chose qui a servi ou était
destinée à commettre l'infraction ou de la chose qui en est le
produit ;
3° Le travail d'intérêt général
pour une durée de vingt à cent vingt heures.
II. - Les personnes morales peuvent être
déclarées responsables pénalement, dans les conditions
prévues par l'article 121-2 du code pénal, de l'infraction
définie au septième alinéa de l'article 23-1 de la loi du
21 janvier 1995 susvisée.
Les peines encourues par les personnes morales sont :
1° L'amende suivant les modalités prévues par
l'article 131-41 du code pénal ;
2° La confiscation de la chose qui a servi ou était
destinée à commettre l'infraction ou de la chose qui en est le
produit.
III. - La récidive de la contravention prévue au
septième alinéa de l'article 23-1 de la loi du 21 janvier 1995
susvisée est réprimée conformément aux articles
132-11 et 132-15 du code pénal.
Article 10
La garde des sceaux, ministre de la justice, le ministre de
l'intérieur et le ministre de la défense sont chargés,
chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent
décret, qui sera publié au Journal officiel de la
République française.
Fait à Paris, le 3 mai 2002. Lionel Jospin
Par le Premier ministre :
Le ministre de l'intérieur,
Daniel Vaillant
La garde des sceaux, ministre de la justice, Marylise
Lebranchu
Le ministre de la défense,
Alain Richard
Décret n° 2006-334 du 21 mars
2006 modifiant le décret n° 2002-887 du 3 mai 2002 pris
pour l'application de l'article 23-1 de la loi n° 95-73 du 21
janvier 1995 et relatif à certains rassemblements festifs à
caractère musical
NOR : INTD0600056D
Le Premier ministre,
Sur le rapport du ministre d'Etat, ministre de l'intérieur
et de l'aménagement du territoire,
Vu la loi no 95-73 du 21 janvier 1995 modifiée
d'orientation et de programmation relative à la sécurité,
notamment son article 23-1 ;
Vu le décret no 2002-887 du 3 mai 2002 pris pour
l'application de l'article 23-1 de la loi no 95-73 du 21 janvier 1995
et relatif à certains rassemblements festifs à caractère
musical ;
Le Conseil d'Etat (section de l'intérieur) entendu,
Décrète :
Article 1
Le troisième alinéa de l'article 1er du
décret du 3 mai 2002 susvisé est remplacé par les
dispositions suivantes :
« b) L'effectif prévisible des personnes
présentes sur le lieu du rassemblement dépasse 500 ; ».
Article 2
Au deuxième alinéa de l'article 2 du même
décret, les mots : « le nombre susceptible d'être atteint
» sont remplacés par les mots : « l'effectif prévisible
».
Article 3
Le ministre d'Etat, ministre de l'intérieur et de
l'aménagement du territoire, la ministre de la défense et le
garde des sceaux, ministre de la justice, sont chargés, chacun en ce qui
le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera
publié au Journal officiel de la République française.
Fait à Paris, le 21 mars 2006.
Dominique de Villepin
Par le Premier ministre :
Le ministre d'Etat, ministre de l'intérieur
et de l'aménagement du territoire,
Nicolas Sarkozy
La ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie
Le garde des sceaux, ministre de la justice, Pascal
Clément
CIRCULAIRE INTERMINISTERIEL DU 29 DÉCEMBRE
1998
LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR LE MINISTRE DE LA
DÉFENSE LE MINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION
à
MESDAMES ET MESSIEURS LES PRÉFETS
MONSIEUR LE PRÉFET DE POLICE
Objet : Instruction sur les manifestations rave et
techno
Les manifestations rave et techno, considérées
comme un simple phénomène de mode tendent à devenir, comme
le montre l'actualité, un véritable phénomène de
société. Autre élément de cette évolution,
de clandestines qu'elles étaient jusqu'alors, ces manifestations, de par
la volonté même de leurs organisateurs, se veulent
désormais organisées et reconnues, à l'issue d'une
autorisation qui en attestera toutes les garanties de sécurité
nécessaires.
Il importe donc, face à ces changements, de
préciser les règles de conduite à tenir, l'objectif devant
être de voir se substituer aux réunions clandestines trop souvent
source de graves incidents, des manifestations encadrées, avec
l'assurance qu'elles ne constitueront pas d'atteintes à la
tranquillité des populations et à l'ordre public, ni à la
sécurité des participants.
Ces considérations supposent, de votre part, une
attitude dépourvue d'a priori qui n'exclut pas de devoir agir avec toute
la rigueur et la vigilance nécessaires à l'égard de
l'octroi de ces autorisations et du déroulement de ces concerts. Il
convient en effet de ne pas perdre de vue qu'il incombe aux maires, comme aux
préfets, d'assurer l'ordre, la tranquillité et la
sécurité publics.
Vous voudrez bien désormais observer les directives
suivantes :
I. - Pour les manifestations faisant l'objet d'une demande
d'autorisation
Comme indiqué en préambule, les organisateurs des
concerts rave et techno, outre qu'ils font preuve d'un professionnalisme accru,
sont fermement résolus à assumer leurs responsabilités et
se montrent demandeurs envers l'État, des règles applicables en
la matière.
Il convient donc de répondre à cette volonté
de responsabilisation et de faire en sorte, d'abord, qu'ils soient parfaitement
informés de toutes les obligations auxquelles ils doivent se soumettre
et des sanctions qu'ils encourent en cas de manquements ou d'infraction. De
leur côté, il leur revient de vous indiquer les mesures qu'ils
entendent prendre, notamment pour éviter la circulation de produits
stupéfiants.
Pour ce faire, il importe de développer auprès
d'eux une démarche d'information, de sensibilisation et de dialogue
qu'il pourra être opportun de poursuivre, le cas échéant,
durant la procédure d'instruction de la demande d'autorisation.
J'appelle tout particulièrement votre attention sur ce
point et sur le soin qui devra être apporté dans l'accomplissement
de ces actions de concertation.
Quant à la procédure proprement dite d'instruction,
elle doit se rapprocher en tous points de celle qui est observée
à l'occasion de manifestations identiques (concerts rocks par exemple).
Toute manifestation envisagée devra faire l'objet d'une demande
d'autorisation, accompagnée de toutes informations utiles (date, lieu,
moyens...). L'autorisation sera par ailleurs subordonnée au strict
respect des conditions réglementaires habituellement exigées,
tant au plan de la santé que de la sécurité publique.
A cet égard et parmi l'ensemble des textes applicables
à tout concert autorisé, rappelés en annexe, il convient
de citer notamment :
- les dispositions de l'ordonnance du 13 octobre 1945 relative
à la police des spectacles ;
- pour les manifestations qui ne sont pas organisées
à titre bénévole, les dispositions de l'article 23 de la
loi n°95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative
à la sécurité, et celles du décret n°97- 646
du 31 mai 1997 fixant les conditions d'application de cet article, relatif
à la mise en place de services d'ordre par les organisateurs de
manifestations sportives, récréatives ou culturelles à but
lucratif lorsque la manifestation rassemble plus de 1.500 personnes.
C'est à la lumière de ces informations, et à
l'issue d'un examen qui doit se faire au cas par cas, que sera prise votre
décision d'autoriser ou non la manifestation prévue. Le
non-respect des règles de sécurité ou un avis
défavorable de la Commission de sécurité doit motiver un
refus d'autorisation. Celui-ci se justifiera également lorsqu'un projet
présente un risque sérieux de trouble à l'ordre public.
Il convient à cet égard de rappeler que toute
décision de refus doit être motivée.
La réglementation existante conserve donc toute sa
justification, l'impératif de protection des jeunes d'abord,
mais aussi des populations, ne devant pas être perdu de
vue. Il s'agit, en résumé, d'apprécier les risques
éventuels de la manifestation proposée en fonction des
éléments contenus dans la demande.
Votre attention doit tout aussi nécessairement se porter
sur les besoins de mise en place de dispositifs destinés à
prévenir les atteintes éventuelles à la santé des
participants : il conviendra de favoriser l'implantation, à
proximité des endroits où se déroulent ces concerts, des
organismes ou associations reconnues, susceptibles de diffuser des messages de
prévention ou de prodiguer des conseils de santé. Dans un souci
de santé publique, il en sera de même pour les antennes
médicales aptes à prendre en charges les urgences.
Il convient à cet égard de ne pas négliger
l'hypothèse, toujours possible de dérives, malgré les
précautions sérieuses prises par les organisateurs. C'est
pourquoi la plus grande vigilance doit être apportée, notamment
aux abords des lieux où se déroulent ces manifestations afin
d'intervenir à l'occasion de tout délit de trafic ou de revente
de drogue, notamment de cachets d'ecstasy. De telles constatations devraient
donner lieu à interpellation par les services de police, de gendarmerie
ou de douanes, conformément à la loi.
Enfin, comme dans tout concert semblable, à forte
densité de participants, les services précités
procéderont également, en tant que de besoin, aux constatations
de toutes infractions qui se produiraient au cours de la manifestation.
II. - Pour les manifestations ne faisant pas l'objet d'une
demande d'autorisation
Pour ce qui concerne les organisateurs qui continueront
malgré tout à agir de manière clandestine et lorsque ces
manifestations seront portées à la connaissance de
l'autorité administrative, il conviendra de demander, en adaptant de
façon appropriée, leur intervention aux circonstances locales,
aux services de la police nationale ou de la gendarmerie nationale, de
procéder aux contrôles nécessaires aux fins de constater
éventuellement les infractions aux règles liées à
l'autorisation administrative préalable de l'ordonnance du 13 octobre
1945 et à l'obligation de déclaration préalable
prévue par le décret du 31 mai 1997, sans exclure la dissolution
de rassemblement lorsque les conditions de sécurité ou de
troubles à l'ordre public le requièrent. L'intervention des
forces de l'ordre tiendra compte du caractère public ou privé de
l'endroit où se tient la manifestation.
Toute infraction, tout délit, notamment la présence
éventuelle de drogue, donnera lieu, lors de ces manifestations, à
interpellation des participants comme des organisateurs.
L'annexe de la présente circulaire énumère
les différentes dispositions dont il peut être fait
application.
A l'occasion de ces interventions, il y aura lieu de tenir
compte, dans le cas où ils pourront avoir été mis en
place, des dispositifs touchant à la santé.
*
**
Vous comprendrez tout l'intérêt qui s'attache
à ce que ces règles soient, en toutes circonstances,
scrupuleusement suivies.
Vous nous rendrez compte des conditions dans lesquelles elles ont
pu être mises en oeuvre, ainsi que des effets constatés.
Fait à Paris, le 29 décembre 1998
Le Secrétaire d'État à l'Outre-Mer, Ministre
de l'Intérieur par intérim : Jean-Jack QUEYRANNE
Le Ministre de la Défense : Alain RICHARD
La Ministre de la Culture et de la Communication : Catherine
TRAUTMANN
REGLEMENTATION APPLICABLE
I) Police administrative
A) Autorisations
. Ordonnance n° 45-2339 du 13 octobre 1945 relative à
la police des spectacles qui prévoit (article 12) que " les directeurs
de spectacles doivent se conformer aux prescriptions réglementaires
concernant le bon ordre et la tenue des spectacles, la sécurité
et la salubrité publique " et que " les spectacles visés au
6è° de l'article 1er de la présente loi "
c'est-à-dire " ... exhibitions de chants et de danse dans des lieux
publics et tous spectacles de curiosité ou de variété " "
sont soumis à une autorisation du maire ".
B) Contrôle, surveillance
. Code général des collectivités
territoriales :
Articles L. 2212-1, L. 2212-2 et L. 2212-3, L. 2213-16 et L.
2213-17, L. 2213-18 relatifs aux pouvoirs de police des maires.
. Code de procédure pénale :
Article 78.2 : alinéa 2 relatif aux contrôles
d'identité effectués sur réquisitions du Procureur de la
République.
. Article 78.2 : alinéa 3 relatif aux contrôles
d'identité effectués pour prévenir une atteinte à
l'ordre public notamment à la sécurité des personnes et
des biens.
- Code des douanes :
. Article 60 : les agents des douanes peuvent procéder
à la visite des marchandises et des moyens de transport et à
celle des personnes.
. Article 64 : les agents des douanes peuvent, dans certaines
conditions, procéder à des visites en tous lieux, même
privés.
. Article 67 bis : constatation des infractions douanières
d'importation, d'exportation ou de détention de substances ou plantes
classées comme stupéfiants, identification des auteurs et
complices de ces infractions, surveillance de ces substances ou plantes.
. Article 323 : agents habilités à constater les
infractions aux lois et règlements douaniers. . Articles 414 et 417 :
sanctions (cf. III 2).
. Article 23 de la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995
d'orientation et de programmation relative à la sécurité
aux termes duquel " les organisateurs de manifestations sportives ou
récréatives ou culturelles à but lucratif peuvent
être tenus d'y assurer un service d'ordre lorsque leur objet ou leur
importance le justifie ".
. Décret n° 97-646 du 31 mai 1997, dont les
dispositions sont entrées en vigueur le 2 décembre 1997, qui fixe
les conditions d'application de cet article et qui précise les
obligations incombant en la matière aux organisateurs dès lors
que la manifestation rassemble plus de 1 500 personnes.
. Circulaire du 25 août 1997 relative à
l'application de ces textes.
II - Mesures conservatoires
- Code de procédure civile :
. Articles 484, 848 et 848 : le juge du tribunal d'instance peut,
même en présence d'une contestation sérieuse, prescrire en
référé les mesures conservatoires ou de remise en
état qui s'imposent pour prévenir un dommage imminent ou faire
cesser un trouble manifestement illicite.
III - Infractions pénales
A) Mesures d'ordre général
. Article R. 610-5 du code pénal relatif au non respect
des décrets et arrêtés de police légalement
faits.
B) Infractions concernant des mineurs
1) Protection contre les atteintes sexuelles
Loi n° 98-468 du 17 juin 1998 relative à la
prévention et à la répression des infractions sexuelles
ainsi qu'à la protection des mineurs, notamment le titre II (article 10
et suivants).
2) Protection contre l'alcool
Titre IV - Chapitre II du code des débits et boissons, et
notamment :
. Articles L. 80 et L. 81 : interdiction dans les débits
de boissons et tous commerces ou lieu public de vendre ou d'offrir à des
mineurs de moins de 16 ans des boissons alcooliques à consommer sur
place ou à emporter.
C) Autres infractions
1) Protection contre l'alcool
- Code des débits de boissons :
. Article R 2 : exploitation d'un débit de boissons sans
autorisation.
2) Protection contre le tabagisme
Loi n° 91-32 du 10 janvier 1991 relative à la lutte
contre le tabagisme et l'alcoolisme : titre I articles 3 à 9 notamment
interdiction de toute propagande ou publicité directe ou indirecte en
faveur du tabac ou des
produits du tabac.
3) Protection contre les produits stupéfiants :
Articles suivants du code pénal :
. Article 222-34 relatif à la direction ou l'organisation
d'un groupement ayant pour objet la production, la fabrication, l'importation,
l'exportation, le transport, la détention, l'offre, la cession,
l'acquisition ou l'emploi illicite de stupéfiants.
. Article 22-35 relatif à la production ou la fabrication
illicite de stupéfiants.
. Article 222-36 relatif à l'importation ou l'exportation
illicite de stupéfiants.
. Article 222-37 relatif au transport, à la
détention, à l'offre, à la cession, l'acquisition ou
l'emploi illicite de stupéfiants.
. Article 222-39 relatif à la cession, ou l'offre de
stupéfiants en vue de la consommation personnelle.
. Article 222-39-1 : fait de ne pouvoir justifier de ressources
correspondant à son train de vie tout en étant en relation avec
des personnes liées à un trafic de stupéfiants.
. Articles 222-44, 222-45, 222-46, 222-47, 222-48 relatifs aux
peines complémentaires applicables aux personnes physiques.
. Articles 222-49, 222-50, 222-51 relatifs aux dispositions
communes aux personnes physiques et aux personnes morales.
. Article 227-18 relatif à la provocation directe d'un
mineur à faire un usage illicite de stupéfiants.
. Article 227-18-1 : provocation directe ou indirecte d'un
mineur à transporter, détenir, offrir ou céder des
stupéfiants.
Articles suivants du code de la santé publique :
. Article L. 628 relatif à la répression de
l'usage illicite de stupéfiants et aux dispositions
thérapeutiques alternatives.
. Article L. 629-2 relatif à la fermeture administrative
des établissements recevant du public. . Article L. 630 relatif à
la provocation à l'usage ou au trafic de stupéfiants.
Articles suivants du code des douanes :
. Articles 414 et 417 : sanction des faits de contrebande.
4) Protection des auteurs, impositions
. Article L. 635-2 (article 425 ancien code pénal) du
code de la propriété intellectuelle.
5) Protection contre les nuisances
Bruit
. Loi n° 92-1444 du 31 décembre 1992 relative
à la lutte contre le bruit, notamment articles 6 et 21.
. Décrets d'application (n°s 95-408 et 95-409 du 18
avril 1995) modifiant le code de la santé publique (n° 95- 408) et
fixant la liste des agents habilités à rechercher et à
constater les infractions en matière de bruit, de voisinage (n°
95-409).
Pollution
. Articles 322-1 à 322-4 et article R. 635-al 1 du code
pénal relatifs aux destructions, dégradations et
détériorations volontaires d'un bien appartenant à
autrui.
6) Protection contre les atteintes à la
propriété d'autrui
. Article R. 632-1 du code pénal : sanction de l'abandon
d'ordure, déchets, matériaux ou autres objets. IV - Dispositions
de caractère fiscal
- Code général des impôts
. Articles 1559, 1565 et 1565 bis relatifs aux taxes sur
l'organisation des spectacles ; 1791 et 1791 bis relatifs à la tenue des
billetteries, du code général des impôts.
DE LA SECURITE INTERIEURE ET DES LIBERTES
LOCALES
DIRECTION DES LIBERTES PUBLIQUES ET DES AFFAIRES JURIDIQUES
SOUS-DIRECTION DES LIBERTES PUBLIQUES ET DE LA POLICE
ADMINISTRATIVE
Paris, le
LIB.1 1/N°
Le Ministre de l'Intérieur,
de la Sécurité Intérieure
et
des Libertés Locales
à
Mesdames et Messieurs les Préfets
Monsieur le Préfet de Police
Objet : Circulaire sur les dispositions
de la loi sur la sécurité quotidienne relative aux «
rave-parties » et sur les dispositions réglementaires
d'application.
Résumé : L'article 53
de la loi n°2001-1062 du 15 novembre 2001 relative à la
sécurité quotidienne (LSQ) a complété la loi
n°95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative
à la sécurité (LOPS). L'article 23-I nouveau de la LOPS
confère un cadre juridique, jusqu'alors insuffisant,
aux rassemblements couramment appelés « rave-parties
».
Les organisateurs de ces rassemblements sont désormais
tenus de déclarer leurs projets aux préfets des
départements sur le territoire desquels les «
rave-parties » sont prévues.
Le décret n°2002-887 du 3 mai 2002 précise ce
dispositif et prévoit un régime différencié selon
que les
organisateurs souscrivent ou non l'engagement de bonnes pratiques
qui fait l'objet de mon arrêté du même jour.
La présente circulaire a pour objet d'apporter des
précisions sur le nouveau régime juridique, lequel vise
à responsabiliser les organisateurs de ces
manifestations.
La loi n° 2001-1062 du 15 novembre 2001 relative à
la sécurité quotidienne (LSQ) a, dans son article 53,
inséré un article 23-I nouveau à la loi n° 95-73 du
21 janvier 1995 d'orientation et de programmation sur la sécurité
(LOPS).
Ce texte concerne les rassemblements communément
appelés « rave-parties ».
En application de ce nouvel article 23-I, le décret
n°2002-887 du 3 mai 2002 et mon arrêté du 3 mai 2002
précisent les caractéristiques de ces rassemblements et les
conditions d'application de ce nouveau dispositif.
.../...
- 2 -
1) - L'état du droit antérieur aux
nouvelles dispositions de l'article 23-I de la loi d'orientation et de
programmation du 21 janvier 1995 issues de la loi relative à la
sécurité quotidienne du 15 novembre 2001
La circulaire interministérielle du 29 décembre
1998 sur « les manifestations rave et techno » rappelait un certain
nombre de dispositions susceptibles d'être appliquées à
divers
rassemblements: d'une part, celles de l'article 23 de la LOPS du
21 janvier 1995 et son décret d'application n° 97-646 du 31 mai
1997, d'autre part, celles de l'ordonnance du 13 octobre 1945 sur les
spectacles modifiée par la loi n°99-198 du 18 mars 1999.
Ces textes, toutefois, ne sont pas véritablement
adaptés aux rassemblements désignés sous le nom de «
rave-parties ».
L'article 23 de la LOPS fait principalement obligation aux
organisateurs de certains rassemblements de déclarer ceux-ci, un mois au
moins avant la date prévue, au maire de la commune sur le territoire de
laquelle ils doivent se tenir. En outre, ce texte législatif et son
décret d'application du 31 mai 1997 prévoient la mise en place
éventuelle d'un service
d'ordre par les organisateurs ou le renforcement de ce service
d'ordre. Les mesures prescrites par le maire doivent vous être
communiquées.
Ces dispositions ne concernent, cependant, que des rassemblements
« récréatifs » ou
« culturels » dépassant 1.500 participants et
qui sont organisés à des fins lucratives. Or, ces deux
caractéristiques, le plus souvent, ne concernent pas les «
rave-parties ». Beaucoup d'entre elles comportent moins de 1.500
participants et s'affirment non lucratives.
De même, l'ordonnance du 13 octobre 1945 modifiée
relative aux spectacles, qui
soumet à une déclaration en préfecture, un
mois au moins avant la date prévue, les personnes non titulaires d'une
licence d'entrepreneur de spectacles organisant des spectacles à titre
occasionnel, ne peut s'appliquer aux « rave-parties ». Ces
dernières, en effet, ne constituent pas, à proprement parler, des
spectacles et ne font pas appel, le plus souvent, à « un
professionnel du spectacle percevant une rémunération »,
comme le prévoit l'article 1er de la loi du 18 mars 1999 portant
modification de l'ordonnance du 13 octobre 1945.
Ainsi, avant l'entrée en vigueur du nouvel article 23-I de
la LOPS et les dispositions réglementaires prises pour son application,
les « rave-parties » ne relevaient d'aucune réglementation
spécifique.
Le nouvel article 23-I de la LOPS introduit par la LSQ du 15
novembre 2001, le décret et mon arrêté du 3 mai 2002 visent
à favoriser une meilleure organisation de ces
rassemblements afin de prévenir les divers risques qu'ils
créent en matière de sécurité, santé,
tranquillité, salubrité publiques. Ces dispositions ont pour
objet de susciter une responsabilisation des organisateurs de «
rave-parties ». Elles répondent en outre au souhait d'une partie
croissante de ces organisateurs.
Néanmoins, les dispositions de l'article 23 de la LOPS,
celles du décret du
31 mai 1997, ainsi que celles de l'ordonnance du 13 octobre 1945
modifiée évoquées précédemment restent en
vigueur et continuent de s'appliquer aux rassemblements autres que les «
rave-parties ». Le nouveau dispositif n'a donc pas vocation à se
substituer à ces textes.
- 3 -
2) - Le champ d'application du nouveau
dispositif
Les « rave-parties » posent des problèmes
d'ordre public variés : trafics et
consommation de produits stupéfiants et de substances
psychoactives, ivresses, rixes, installation dans un lieu sans autorisation,
bris de clôture, détériorations de propriété,
stationnements anarchiques de véhicules, nuisances sonores, etc ...
Elles créent également des problèmes
sanitaires dont l'ampleur varie selon
l'importance du public et la durée de
l'événement (plusieurs jours pour les « Teknival »). A
cet égard, les principaux risques résultent de l'affluence du
public, de la consommation de produits stupéfiants et de substances
psychoactives, de la consommation d'alcool, de la fatigue, de la
déshydratation.
Ces rassemblements ont également souvent pour
conséquences la dégradation de certains sites et l'abandon de
déchets divers en quantité.
Les « rave-parties » peuvent se tenir dans des lieux
potentiellement dangereux, à proximité de falaises ou de
carrières, dans des entrepôts désaffectés, dans des
friches industrielles, sur des terrains sur lesquels existent des
bâtiments en mauvais état, etc ... Elles créent souvent des
encombrements des voies de circulation, qui rendent
difficile l'accès du site aux forces de l'ordre ou aux
services de secours.
Le dispositif issu du nouvel article 23-I de la LOPS et des
textes réglementaires d'application du 3 mai 2002 prévoit
l'obligation de déclarer, à la préfecture du lieu
où ils doivent se tenir, les rassemblements ayant certaines
caractéristiques, afin que puisse être assuré leur bon
déroulement. Le défaut de déclaration est constitutif
d'une contravention de 5ème classe et peut entraîner la
confiscation du matériel utilisé, notamment des appareils de
sonorisation.
L'article 1er du décret du 3 mai 2002
énumère les caractéristiques cumulatives de ces
rassemblements :
- le rassemblement est exclusivement festif et à
caractère musical ;
- il est organisé par des personnes privées dans
des espaces qui ne sont pas aménagés ; - il est susceptible de
présenter des risques pour la sécurité des participants en
raison de l'absence d'aménagement ou de la configuration des lieux.
- il donne lieu à diffusion de musique amplifiée
;
- l'effectif prévisible des participants et du personnel
qui concourent à réalisation du rassemblement peut atteindre plus
de 250 personnes ;
- l'annonce du rassemblement est effectuée par voie de
presse, d'affichage, de diffusion de tracts, ou par tout moyen de communication
ou de télécommunication.
Ainsi, les fêtes qui ne donnent pas lieu à diffusion
de musique amplifiée ou celles
dont la musique ne constitue qu'un accessoire telles les diverses
fêtes de village, n'entrent pas dans le champ d'application de ce nouveau
dispositif.
- 4 -
L'organisateur qui négligerait la formalité
déclarative au motif qu'il n'aurait pu évaluer l'ampleur du
public, ou qu'il l'aurait sous-estimée, pourrait en revanche
être
sanctionné si la superficie du lieu retenu pour le
rassemblement et/ou l'importance de la campagne de communication sont de nature
à faire présumer un afflux de population. En ce qui concerne la
notion de risques pour la sécurité des personnes,
l'article 1er du décret du 3 mai 2002 précise qu'il
doit s'apprécier, en raison de l'absence d'aménagement du lieu ou
en raison de sa configuration. Ainsi, un site non aménagé sera
susceptible de présenter des risques, notamment par les problèmes
créés à ses abords, par l'arrivée de nombreux
participants et l'absence de dispositifs destinés à canaliser
cette arrivée. La configuration du site sera également
susceptible de présenter des risques, notamment en raison de sa
géographie, s'il est situé, par exemple, aux abords d'un lieu
pouvant présenter un danger.
3) - Les conditions d'application du nouveau
dispositif
3.1 - Les obligations des organisateurs
3.1.1 Le régime général
La loi a posé le principe d'un dialogue entre les pouvoirs
publics et les organisateurs de « rave-parties ».
Ce dialogue aboutit à l'élaboration d'un dossier de
déclaration solide qu'il appartient aux organisateur de déposer
en préfecture, un mois au plus tard, avant le rassemblement.
Conformément à l'article 2 du décret du 3 mai 2002, les
organisateurs doivent dans
ce dossier de déclaration :
- préciser la date et la durée du rassemblement
et le nombre prévisible de participants ; - présenter
l'autorisation d'occuper le lieu accordée par le propriétaire ou
le titulaire du droit réel d'usage ;
- indiquer les modalités selon lesquelles ils ont
informé le maire de la commune sur le territoire de laquelle le
rassemblement est prévu ;
- démontrer qu'ils sont à même de satisfaire
tout au long du rassemblement aux obligations prescrites à l'article 3
du décret du 3 mai 2002 relative à la sécurité et
la santé des participants à la salubrité, à
l'hygiène et la tranquillité publiques.
Il incombe en effet aux organisateurs de prévoir les
moyens permettant de répondre aux difficultés
créées par les « rave-parties » ayant été
évoquées plus haut. Ceux-ci ne sauraient s'en remettre aux seules
diligences des services de la préfecture.
Les organisateurs doivent prendre contact avec les
représentants de la police ou de la gendarmerie nationales, des services
d'incendie et de secours, du SAMU, des associations de secouristes afin de
déterminer avec ceux-ci les conditions d'une meilleure garantie de la
sécurité et de la santé des participants.
- 5 -
Les organisateurs ont à prévoir la constitution
d'un service d'ordre et d'un dispositif sanitaire. Ce service d'ordre peut
être constitué de bénévoles, de salariés des
organisateurs ou d'agents d'une société de gardiennage. Pour les
rassemblements d'une certaine ampleur, le dispositif sanitaire devra comprendre
une antenne médicale.
Les organisateurs doivent veiller à ce que les services et
organismes de secours puissent accéder sans difficulté au
site.
Il leur revient d'organiser une alimentation en eau potable,
d'assurer les conditions d'hygiène exigées par la présence
d'une population souvent nombreuse, et d'installer les moyens de stockage des
déchets et de nettoyage du site.
Les organisateurs doivent prendre contact avec les services de la
DDASS et les associations sanitaires et humanitaires qui agissent dans le
domaine de la prévention de la consommation de produits
stupéfiants ou de substances psychoactives, ou de la prise en charge des
consommateurs de ces produits ou substances.
3.1.2 L'engagement de bonnes pratiques
Le régime différencié selon que
l'organisateur a ou non signé l'engagement de
bonnes pratiques, qui fait l'objet des articles 2 et 7 du
décret et de mon arrêté du 3 mai 2002, trouve son origine
dans les débats parlementaires.
Cet engagement, dont le modèle figure dans mon
arrêté du 3 mai 2002, peut être
souscrit à la préfecture du lieu du rassemblement
ou du domicile des organisateurs. Il n'est signé que des organisateurs
et donne lieu à remise d'un récépissé.
Les organisateurs qui souscrivent l'engagement de bonnes
pratiques peuvent, pour
chacun des rassemblements qu'ils organisent, déposer
leur dossier au plus tard quinze jours avant le rassemblement. Par ailleurs, un
correspondant des services de l'Etat facilitera leurs démarches
administratives auprès des services de l'Etat et des
collectivités locales et auprès des associations.
L'engagement vaut pour tous les rassemblements organisés
par la même personne physique ou morale, quel que soit le
département dans lequel ces rassemblements ont lieu. Les organisateurs
qui souhaitent bénéficier de ces dispositions plus favorables
doivent présenter le récépissé qui leur aura
été délivré par la préfecture auprès
de laquelle ils auront souscrit leur engagement.
Intervenant en matière de police administrative, cet
engagement de bonnes pratiques
ne saurait être regardé comme une contractualisation
des relations entre les pouvoirs publics et les organisateurs. C'est la raison
pour laquelle il n'est signé que des organisateurs.
Par ailleurs, même si elle doit être
encouragée afin de responsabiliser les
organisateurs de « rave-parties », la signature de
l'engagement de bonnes pratiques ne saurait être considérée
comme une condition de l'examen du dossier de déclaration d'une «
raveparty » présenté dans une préfecture. Ce serait,
en effet, méconnaître le principe d'égal accès
au service public.
- 6 -
3.2 - Le rôle du préfet
Les éléments d'information fournis par les
organisateurs dans le dossier de
déclaration devront vous permettre d'apprécier si
les moyens envisagés par ceux-ci sont suffisants pour garantir le bon
déroulement du rassemblement.
Dans l'hypothèse d'une réponse favorable au
rassemblement, et conformément à l'article 4 du décret du
3 mai 2002, vous remettrez aux organisateurs un récépissé.
Dans l'hypothèse contraire, et au plus tard huit jours avant la date du
rassemblement, vous engagerez la concertation prévue à l'article
5 du décret du 3 mai 2002, qui vise à
déterminer les mesures supplémentaires
nécessaires au bon déroulement du rassemblement. Vous pourrez
notamment imposer un renforcement du service d'ordre ou du
dispositif sanitaire. Par ailleurs, vous pourrez être
conduit à proposer un autre lieu ou un autre local si vous
considérez notamment que ceux choisis par les organisateurs n'apportent
pas de garanties suffisantes pour la sécurité ou la santé
des participants ou perturbent anormalement la tranquillité publique. A
cet égard, il serait utile que soit effectué dans chaque
département, un recensement des terrains susceptibles d'être
utilisés pour ce type de rassemblement.
Il vous appartiendra de mobiliser l'ensemble des services de
l'Etat afin de répondre globalement aux diverses difficultés
créées par ces rassemblements (police et gendarmerie nationales,
DDASS, SAMU, service d'incendie et de secours, équipement). Lorsqu'un
nombre important de participants est prévu, il conviendra, en outre, de
mettre en place un dispositif de crise réunissant l'ensemble des
services concernés par la « rave-party » et notamment d'y
associer le procureur de la République.
Vous pourrez prendre également l'attache des diverses
associations concernées par
ces rassemblements : associations de secouristes, associations
sanitaires et humanitaires. Les problèmes de sécurité
liés à la configuration du site ou du local, à
l'accès des services de sécurité ou de secours, à
la concentration de personnes sur un lieu, à l'augmentation de la
circulation routière, ainsi que les questions sanitaires et
d'hygiène,
notamment le stockage et l'évacuation des détritus,
devront faire l'objet d'un examen attentif de vos services.
Vous saisirez la commission de sécurité
compétente lorsque le rassemblement doit se tenir dans un lieu relevant
de la réglementation sur les établissements recevant du public.
Vous porterez également une attention particulière aux mesures
permettant
d'atténuer les dégradations résultant de ces
rassemblements et qui pourraient faire l'objet de demandes de
dédommagement. A cet égard, vous vérifierez si les
organisateurs ont conclu un contrat d'assurance couvrant le rassemblement.
Si le rassemblement est susceptible de troubler gravement l'ordre
public ou si les prescriptions que vous avez fixées aux organisateurs
pour garantir le bon déroulement du rassemblement sont insuffisamment
satisfaites, vous pourrez interdire le rassemblement après mise en
demeure des organisateurs, conformément aux dispositions de l'article 5
du nouvel article 23-I de la LOPS.
- 7 -
Dans cette hypothèse, la concertation au cours de laquelle
vous avez invité
l'organisateur à adapter ses mesures initiales tiendra
lieu de procédure contradictoire. Votre refus pourra être
formalisé par un arrêté ou un courrier adressé
aux
organisateurs. Ce document, qui rappellera les textes
applicables, devra faire référence aux différentes
étapes de la procédure d'examen du dossier. Vous y mentionnerez
vos observations et celles des services compétents. Un soin particulier
devra être apporté à la rédaction des motifs du
refus.
Vous informerez le procureur de la République des dates et
lieux du rassemblement
et des décisions que vous aurez arrêtées, en
veillant à ce que l'information délivrée permette une
réelle coordination des actions de police administrative et de police
judiciaire.
3.3 - Le rôle du correspondant de la
préfecture
Il devra faciliter les démarches des organisateurs
auprès des diverses administrations
de l'Etat et des collectivités locales, ainsi
qu'auprès des associations sanitaires, humanitaires ou de secouristes.
Il participera notamment à la recherche éventuelle d'un terrain
ou d'un lieu plus approprié au rassemblement.
Son intervention ne doit pas, cependant, dispenser les
organisateurs de procéder euxmêmes à ces
démarches.
Le correspondant que vous désignerez pourra appartenir
à l'un des services
déconcentrés de l'État. Votre choix devra,
toutefois, tenir compte du caractère prioritaire des questions d'ordre
public et de sécurité posées par les « rave-parties
».
3.4 - Les relations avec le maire
Conformément aux dispositions des articles 2 et 6 du
décret du 3 mai 2002, le maire est informé du rassemblement par
vous-même et les organisateurs.
Le législateur a souhaité que la décision
d'autoriser ou de refuser le rassemblement vous incombe. Le nouvel article 23-I
de la LOPS a créé une police spéciale qu'il vous a
confiée.
Cependant, vous veillerez à ce que le maire soit
régulièrement et précisément
informé du suivi du dossier et des mesures que vous aurez
arrêtées.
3.5 - La procédure de saisie et les dispositions
pénales.
En application du nouvel article 23-I de la LOPS, la tenue d'un
rassemblement sans déclaration préalable ou, malgré une
interdiction, expose les organisateurs à une sanction pénale
(contravention de 5ème classe et peines complémentaires de
travail d'intérêt général, de confiscation du
matériel, et de suspension du permis de conduire).
- 8 -
Par ailleurs, en vertu de la même disposition
législative, les officiers de police
judiciaire ou, sous leur responsabilité, les agents de
police judiciaire, peuvent procéder à une saisie administrative
provisoire des matériels utilisés, notamment les appareils de
sonorisation.
L'article 23-1 précise que cette saisie s'effectue pour
une durée maximale de six
mois, en vue de sa confiscation par le tribunal. En
conséquence, cette saisie est réalisée à titre
provisoire, le tribunal pouvant prononcer la saisie à titre
définitif sous réserve de l'application des règles
concernant l'appel. Compte tenu de ce délai de six mois, il est
souhaitable, en pratique, que des procédures diligentées soient
transmises dans les meilleurs délais au procureur de la
République, afin de lui permettre d'apprécier les suites à
donner à la procédure et, éventuellement, de saisir le
tribunal.
La constatation de l'infraction d'organisation d'un rassemblement
sans autorisation
ou, malgré une interdiction, est faite sans
préjudice de celles d'autres infractions pénales qui pourront
d'ailleurs être constatées lors de « rave-parties » non
interdites mais connaissant des débordements (trafics de
stupéfiants, dégradations de biens, bruits excessifs, etc ...).
Sur ce point, vous vous reporterez à ma circulaire du 29 décembre
1998 qui énumère les différentes infractions
pénales pouvant être incriminées à l'occasion des
« rave-parties ».
Il vous est demandé de porter une attention
particulière, en relation avec le procureur
de la République, aux trafics de stupéfiants et de
substances psychoactives qui sévissent souvent lors des «
rave-parties ». Vous veillerez également à organiser des
contrôles routiers en vue de faire constater les infractions de conduite
en état alcoolique.
3-6 La constatation des infractions
Il est rappelé que la mission de police judiciaire est
exercée par les officiers de police judiciaire sous la direction du
procureur de la République.
Les équipes de police judiciaire mises en place pour les
opérations de constatations, de recueil d'indices et d'identification
d'auteurs d'infractions veilleront à informer
immédiatement l'autorité judiciaire des infractions
commises et des interpellations effectuées. Le procureur de la
République pourra procéder à des réquisition
écrites de contrôle
d'identité. Dans l'hypothèse d'une «
rave-party » d'une certaine ampleur, le procureur de la République
pourra participer aux opérations de contrôle et veiller à
la direction du dispositif judiciaire.
Vous serez informé des procédures judiciaires
diligentées et des suites qui leur
auront été réservées
(déférements, condamnations, dates de
délibérés,...), celles-ci pouvant avoir des
conséquences sur l'ordre public.
Vous voudrez bien me rendre compte des difficultés
éventuelles rencontrées dans l'application de ce nouveau
dispositif.
TABLE DES MATIERES
Remerciements 1
Introduction 3
De la fête techno vécue à l'attention
portée sur son organisation 4
Encadré n°1 : Ma découverte du
mouvement techno 4
De la fête à la fête techno 7
L'institutionnalisation de la fête techno 10
Du loisir à homo festivus festivus ? 10
Le temps de l'amateur 13
L'enquête de terrain 14
Encadré n°2 : Carnet de bord
16
Neutralité axiologique et implication du sujet : l'usage
de l'objectivation participante 17
Le paradigme du loisir contre le paradigme dyonisiaque 20
Encadré n°3 : L'actualité de la
fête techno 21
Annonce du plan 22
Chapitre 1 : Idéal-typification des organisations
de fêtes techno 23
I. L'intérêt d'une
idéal-typification 24
II. L'usage de typologies antérieures pour
construire une typologie de l'organisation
de la fête techno 24
III. Usage figé versus usage dynamique
de l'idéal-typification 26
IV. Une typologie ad hoc 27
Chapitre 2 : L'organisation "à l'arrache"
29
I. La fête techno est une activité
déviante 30
I.1. La fête est déviante 30
I.2. Un dispositif juridique postérieur aux pratiques
d'organisations de fêtes techno 31
II. Le militantisme libertaire 33
II.1 .Organiser une fête avec des valeurs
héritées des nomades 33
II.2. Les discours normatifs 35
III. De la communauté à l'équipe
37
III.1. "La communauté trans (e) cendantale"
37
III.2. Organiser une soirée : une activité de
loisir entre amis 38
III.3. La coopération dans l'équipe organisatrice
40
IV. Le caractère underground de la
fête techno 40
IV.1.Tentative de définition de l' "underground" 41
IV.2.S'accomoder de la légalité pour organiser des
soirées 42
Chapitre 3 : L'organisation "dans les règles de
l'art" 44
I. Pourquoi organiser "dans les règles de l'art" ?
45
I.1. Définition du type d'organisation "dans les
règles de l'art" 45
I.2. Des "combines" pour organiser des soirées 46
I.3. La prise de conscience de la responsabilité 47
II. Formaliser l'organisation pour organiser
réellement "dans les règles de l'art" 48
II.1. La formalisation du fonctionnement interne 48
II.2. Dialoguer avec les autorités 50
III. Les "communautés de loisir" 52
IV. Un mouvement culturel malléable
53
IV. 1. Consommer la techno 54
IV.2. L'organisateur est-il un auditeur-pratiquant ? 55
IV.3. La démocratisation culturelle : l'exemple de
l'amateur-dj 56
IV. 4. Construire sa page sur
myspace.com 57
IV.5. L'organisation, une école 58
V. La gestion de la fête 59
V. 1. La gestion des risques 59
V.2. Gérer l'organisation avec les autres temps 61
Chapitre 4 : L'organisation "entrepreneuriale"
62
I. La spécialisation fonctionnelle des
soirées 63
I.1. Répartir les tâches dans le fonctionnement
interne 64
I.2. Conclure des partenariats 65
II. Vivre de sa passion 66
III. Des activités de loisir mimétiques
67
IV. Des "entrepreneurs du spectacles amateurs"
68
IV. 1 La professionnalisation du spectacle vivant 68
IV.2. Les spécificités de la culture musicale en
question 70
1.
Chapitre 5 : La techno et les politiques culturelles
72
I. Le champs des musiques actuelles 73
I.1.La genèse des musiques actuelles 73
I.2.La structuration du secteur des musiques actuelles 74
I.3 .Les « musiques actuelles » en question dans la
recherche 75
II. La participation des acteurs à
l'élaboration des décisions publiques 76
II.1 .Les enjeux de la reconnaissance : "la culture de tous"
77
II.2.La notion de "co-construction tripartite" 78
II.3.Une méthode de concertation à tous les
échelons 79
II.4.L'encadrement institutionnel des pratiques amateurs ? 81
III.Les représentants de la techno 82
III.1 .Techno+, structure d'information sur les risques
liés à la santé 83
III.2.Technopol, le syndicat des professionnels de la culture
électronique 83
III.3.Un réseau d'acteurs en construction 84
III.4.La création d'outils pour favoriser la concertation
85
Conclusion : le loisir dans
l'institutionnalisation, le point de départ de recherches sur les
cultures 87
Bibliographie 90
Annexes 94
Transcription des entretiens 95
Observations participantes 166
Documents internes de Mystic Chrysalide 173
Présentations myspace et internet 203
Flyers 208
Dispositif juridique 212
Table des matières 229
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