I.2. 1 Secteurs diactivi te
La RDC a toujours été essentiellement un pays
d'industrie primaire et si redémarrage économique il y a c'est
également de ce secteur qu'il proviendra car le pays ne dispose pour le
moment d'aucun avantage compétitif dans les secteurs secondaires ou
tertiaires. Le secteur qui est sans doute actuellement le mieux
placé pour redémarrer
rapidement est celui de l'industrie forestière qui
dispose d'un potentiel énorme et largement inexploité: dans ce
domaine on constate déjà une augmentation des tonnages
exportés, un obstacle reste le mauvais état des
infrastructures.
La rapidité du redémarrage du secteur de
l'industrie extractive dépendra avant tout de l'évolution du
cours des matières premières, car la richesse des gisements
congolais est plus que compensée négativement par la
vétusté du réseau de transport et les divers coûts
d'exploitation. Ce secteur souffre également du fait que le
désordre et la corruption ont favorisé la multiplication de "
creuseurs " qui pillent les concessions officielles dans la plus totale
illégalité et dans des conditions de quasi-esclavage pour le
compte de divers "protecteurs". Ici aussi on constate néanmoins un
retour prudent des grands noms du secteur. Vu l'ampleur des investissements
à consentir la plupart des projets qui sont actuellement en
négociation ne commenceront à se traduire par une augmentation de
la production que d'ici plusieurs années. En 2003, malgré
l'augmentation des cours des matières premières la production de
la plupart des métaux de base a connu une nouvelle et forte
diminution.
Le potentiel agricole de RDC est immense et varié mais
toute production organisée a pratiquement disparu et devra être
reprise à zéro. Ici aussi les obstacles sont nombreux :
restriction à la propriété foncière, vol des
récoltes et du cheptel (jusqu'à 30% par an dans certaines
régions), absence d'infrastructure de transport, manque de pourvoir
d'achat local, concurrence des produits importés, obligation de
suppléer aux carences de l'Etat.
En 2003 le secteur phare de l'économie congolaise aura
une fois encore été celui des télécommunications :
la plupart des opérateurs privés ont connu une forte augmentation
de leur nombre d'abonnés et mettent en oeuvre un important programme
d'investissement pour élargir leur couverture du pays, certains d'entre
eux seraient
cependant confrontés à des problèmes de
profitabilité qui risquent de s'exacerber avec l'arrivée attendue
de nouveaux concurrents.
1.2.2 La situation de l'emploil
Selon l'Institut National de la Statistique, la population en
age actif (16-65 ans) est de 27.360.000 personnes, soit 48% de la population
totale. Mais la population en age actif oeuvrant dans l'économie
formelle n'est que de 922.253 personnes soit 3.3% de la population en age
actif, soit encore 1.6% de la population totale. Le secteur formel est en effet
caractérisé par des salaires et des prestations sociales
dérisoires d'où une démotivation
généralisée.
1.3 CONTEXTE SOC1AL2
Les conséquences socio-économiques du conflit
sont catastrophiques : 3 millions de pertes en vie humaine, 3,4 millions de
déplacés, plus de 350.000 réfugiés, 75.000
personnes en armes dont au moins 15.000 enfants soldats.
Les principaux indicateurs généralement
utilisés pour mesurer le niveau de performance des pays dans divers
domaines (économique, santé, éducation, alimentation,
infrastructures, etc....) classent la RDC parmi les pays les plus pauvres
(168ème sur 177 pays en 2004) et ce en dépit des
énormes potentialités dont le pays est doté.
La paupérisation généralisée
(incidence de la pauvreté monétaire estimée à
83,6%) est marquée par des taux de chômage record dans les villes,
par l'inadaptation ou le non-paiement des salaires et par l'atrophie de
l'ensemble des revenus du travail.
L'indicateur de la pauvreté humaine, tout en restant
très élevé (43%), ne s'est pas
détérioré dans les mêmes proportions que les
indicateurs de la pauvreté monétaire. La RDC est à cet
égard classée au 75ème rang sur 95 pays, selon le
classement du PNUD en 2004. Dans ce domaine, les inégalités entre
le milieu urbain et le milieu rural
sont aussi observées. En 1998, la pauvreté humaine
frappait beaucoup plus lourdement en milieu rural (46 %) qu'en milieu urbain
(18%).
L'insécurité alimentaire et la malnutrition sont
des conséquences directes de la guerre qui a entraîné une
diminution de la production agricole et des difficultés
d'écoulement des produits (insécurité, déplacements
de population, gel de la navigation fluviale).
Selon les chiffres d'une étude du ministère
français de la coopération, « le PAM estime à 16
millions le nombre de personnes qui souffrent de manque chronique de
nourriture. 75% de la population souffrent de malnutrition sur la
période 1999-2001 contre 31% sur la période 1990-1992. Un tiers
des enfants de moins de 5 ans souffrent d'insuffisance pondérale et 38%
d'un retard de croissance (période 1995-2002) »1.
La situation sanitaire est tout aussi sombre avec une
mortalité maternelle croissante qui atteint 1289 décès
pour 100.000 naissances vivantes, une mortalité infantile de 129 pour
mille naissances vivantes, une recrudescence du paludisme, de la tuberculose et
du VIH/SIDA (prévalence de 5,9% chez les femmes âgées de 15
à 24 ans et une prévalence globale de 5,1% au sein de la
population adulte). C'est ainsi que l'espérance de vie était de
45,8 ans sur la période 1970-1975 et de 41,8 ans sur la période
2000-2005.
La pauvreté dans le domaine de la santé est
vécue au quotidien. Les hôpitaux du secteur public sont souvent
dépourvus des équipements et des médicaments pour les
soins nécessaires. La situation est telle qu'on en arrive à des
phénomènes très marqués de criminalisation : la
multiplication sauvage d'officines privées de soins, la rétention
des malades en otage et des biens en gage, le refus des soins aux indigents, le
recours à l'automédication ou à des médecines
traditionnelles peu orthodoxes etc.
La situation de l'éducation n'est guère moins
catastrophique. Depuis la crise économique qui remonte aux années
70 (crise pétrolière et zaïrianisation des entreprises),
l'école primaire n'a fait que régresser. Loin d'avoir atteint
l'objectif 80 qui dans les deux premières décennies de
l'indépendance prônait une scolarisation totale des enfants
congolais pour 1980, le Congo a vu péricliter son enseignement primaire
par
une baisse de qualité et de quantité parmi les
plus graves de l'Afrique sub-saharienne. Depuis 1990, cette baisse sensible de
la qualité, qui hypothèque tout l'édifice scolaire du
pays, va de pair avec un recul quantitatif, qui a fait baisser le taux de
scolarisation dans le primaire à 35%.
Depuis l'effondrement économique du pays,
l'enseignement primaire est quasi intégralement à charge des
parents, dont les revenus se trouvent déjà fortement affaiblis
par la crise économique. La rémunération des enseignants,
l'uniforme, les cahiers et les manuels grève lourdement le budget des
ménages. S'ajoutant aux dépenses de santé, les frais
scolaires des enfants finissent par consommer la totalité des budgets
familiaux.
Le taux de scolarisation dans l'enseignement secondaire est de
12% (année scolaire 1998-1999). La disparité entre genres en
matière d'éducation est frappante : le taux
d'analphabétisme chez les jeunes adultes hommes est de 11,6% contre
25,1% des femmes de la même classe d'âge (15-24 ans). Et le taux de
fréquentation scolaire des filles par rapport aux garçons est
66,4%. Partout aussi, l'accès aux autres services publics tels que l'eau
potable, l'électricité, l'assainissement, le transport, est en
constante régression. L'accès au logement est lui-même de
plus en plus précaire.
II. SITUATION ECONOMIQUE DE LA RDC AU COURS DE LA
PERIODE ALLANT DE 1990-2000
Nous allons d'abord présenter d'une manière
brève la situation économique de la RDC au cours de la
décennie 1990, puis nous allons démontrer tour à tour les
origines et causes du déclin économique durant cette
période considérée de catastrophique ou de croissance
économique négative.
II.1 LE DRAME ECONOMIQUE DE LA RDC DURANT LA DECENNIE
19901
En 1990, en raison des graves accusations des massacres des
étudiants sur le campus de Lubumbashi dans le sud-est du pays, tous les
accords de coopération entre la RDC et ses principaux partenaires
bilatéraux et multilatéraux ont été suspendus.
Depuis cette période à ces jours,
l'économie congolaise détruit de la richesse. D'une année
à l'autre, la chute de cet indicateur de développement atteint
80% de 1990-2001.
Alors que la croissance démographique est actuellement
évaluée à 3.3% soit plus de deux fois supérieure au
rythme de la croissance économique de deux dernières
décennies. Selon les chiffres de la banque mondiale, le produit national
brut par habitant a chuté en d'environ 2.2% en RDC par an en moyenne,
durant la même période.
Dans ce contexte, caractérisé par la croissance
démographique positive, par le fléchissement de l'activité
«économique positive et l'érosion monétaire, le
salaire réel et l'emploi continuent inexorablement leur tendance
à la baisse, tandis que le chômage progresse fortement.
La consommation par habitant a diminuée
régulièrement, le service d'électricité,
d'alimentation en eau potable et de télécommunication, sont peu
répandus, irréguliers et de plus en plus inaccessibles aux
pauvres. Le niveau d'instruction et de formation est à la fois une cause
et une conséquence des performances économiques.
En effet, lorsque l'on considère la qualité de la
vie plutôt que la longévité, on ne constate pas non plus de
véritable amélioration.
1 NGOY KASONGOE., Quelle perspective
économique en RDC après guerre ?, publication de
l'ULPGL/GOMA, 2003, p.11-12
II. 2. LES ORIGINES ET CAUSES DU DECLIN ECONOMIQUE DE LA
RDC
Nous essayons dans ce point, de recenser les différentes
origines et causes du déclin de l'économique de la RDC.
11.2.1 la deterioration de termes de
l'echange
Les termes de l'échange, nous l'avons dit, est le
rapport des prix à l'exportation aux prix à
l'importation1. En effet, pour une économie comme celle de la
RDC, qui se caractérise par une extraversion économique, un
manque de flexibilité dû à la faiblesse de la
productivité, une grande insuffisance des équipements
d'infrastructure et une dépendance excessive à l'égard des
exportations d'un nombre limité de produits primaires,
l'évolution des cours des produits de base est un facteur important.
Outre l'effet immédiat qu'ils ont sur les recettes des
exportations, les prix des produits de base influent sur l'activité
économique générale via toute une série de
variables notamment le revenu, et les recettes de l'Etat.
Selon un programme concerté pour le
développement de l'Afrique sud du Sahara, la RDC figure parmi les pays
touchés avec des pertes des exportations des produits miniers
évalués à plus de 5 %. En 1970, le cuivre
représentait déjà 65% des recettes des exportations contre
60 % en 19602. La banque mondiale a estimé la baisse du
revenu extérieur de la RDC dû à la chute de ses termes de
l'échange à environs 1,5% du PIB par an. Bien qu'elle ait
freinée du revenu extérieur de la RDC dû à la chute
de ses termes de l'échange n'a pas en eu d'influence décisive sur
la crise économique dan l'ex- Zaïre.
Dans un rapport, la banque mondiale explique la chute de la
croissance constaté durant la période 1974-1982 en RDC,
essentiellement par la faiblesse et le déclin du rendement des
investissements, la perte des revenus résultants de la
détérioration des termes de l'échange ayant
été compensé jusqu'en 1982 par la croissance des flux des
capitaux extérieurs3.
Cette même source affirme que la RDC a
bénéficié d'un afflux massif des transferts nets dans les
années 70, ce qui a certainement permis de compenser en partie
1 BERNIER B. et YVES S., Idem
2 Banque Mondiale, Programme d'action
concerté pour le développement de l'Afrique sud du Sahara,
B.M., Washington, 1984, p.79
3 Banque mondiale, op.cit., août 1984,
p. 26
le manque dû à la baisse des termes de
l'échange. Ces transferts extérieurs ont atténué
les contraintes d'importations, financé des investissements et
régulé la consommation.
Cependant, l'accroissement des transferts extérieurs
n'a pas toujours coïncidé avec les besoins en devises de la RDC.
Dans la deuxième moitié des années 70, les transferts ont
augmenté en même temps que leurs prix des produits de base, puis
ils ont diminué quand ceux-ci ont baissé, au début des
années 80.
Il convient également de relativiser cette
compensation, le revenu externe généré par un choc survenu
dans les termes de l'échange est un revenu externe dû à des
transferts (dons ou prêts) différent dans leurs incidences
économiques et leur fongibilité.
> Les prêts doivent être remboursés, ce
qui n'est pas le cas des dons et des recettes d'exportations ;
> La masse de devises provenant de la hausse des produits
de base peut être utilisée librement, tandis que, dans bien de
cas, les dons en nature, comme l'aide alimentaire et les dons des
médicaments, ne permettent pas de disposer immédiatement des
devises. Et bien souvent les ressources financières à titre de
dons et de prêts sont partiellement liées ;
> Les prêts et les dons ont des incidences
principalement sur les recettes publiques, tandis que les variations de termes
de l'échange ont un effet plus large sur les revenus privés.
Force donc est de constater que, malgré l'afflux de
capitaux qui a compensé plus ou moins les variations des termes de
l'échange, la PIB n'a cessé de baisser.
11.2.2. les obligations de service de la de
tte
Dans le cas du service de la dette, par exemple les paiements
de la dette externe se sont élevés en 1986 à 25 % des
exportations de biens et des services (près de la moitié du
budget de l'Etat). Comme la RDC avait, jusqu'à la fin de 1986,
honoré ses obligations de service de la dette conformément aux
accords du club de Paris et de Londres, le volume des importations a dû
être fortement réduit.
Ce qui a compromis la capacité productrice des secteurs
industriels et agricoles et a contribué à une baisse
d'investissement. Dans le passé, l'économie congolaise
s'était adapté à cette situation difficile de service de
la dette élevée et de
dégradation séculaire des termes de
l'échange en réduisant les importations et en freinant les
investissements. Or, le rétablissement de la croissance et la
diversification va exiger une augmentation du volume des importations et des
investissements.
11.2.3 les mauvais choix e t la formulation des poli
tiques economiques 1nappropriees1
On a constaté des faiblesses dans quatre grands domaines
de la politique économique.
1° les politiques de la demande
expansionniste
La gestion de la dette et les politiques de revenus ont
été trop expansionnistes, exerçant de fortes tensions sur
le prix et la balance de paiements. Notamment, les autorités
économiques ont souvent laissé les dépenses
budgétaires augmenter beaucoup plus vite que les recettes, aggravant
lourdement les déficits budgétaires qu'elles ont financé
par l'essentiel à l'aide d'emprunt auprès du système
bancaire intérieur.
La croissance rapide des dépenses publiques est due
principalement aux dépenses excessives effectuées à des
fins politiques et administratives et pour les investissements sans
rentabilité économique. Bien trop souvent, d'importantes hausses
de salaires ont été accordées, l'emploi dans la fonction
publique. S'est accru sensiblement et les subventions à la consommation
ont augmenté de façon appréciable.
Les dépenses budgétaires en capital ont toujours
revêtues une priorité secondaire pour le gouvernement congolais.
De 20 % en 1979 pour devenir de facto une ligne résiduelle du budget
(moins de 4 % de dépense l'Etat ou 0,5% du PIB dans la décennie
suivante). Qui plus est une bonne partie du budget d'investissement est
utilisé pour financer des investissements à faible
priorité et au rendement douteux .dans le même temps, un nombre
croissant d'entreprises a accusé des pertes d'exploitation
élevée qu'elles sont également financés par des
crédits bancaires, intensifiant ainsi les tensions sur les
ressources.
2° les politiques de l'offre
inadéquate
Ces politiques ont été inadéquates
à plusieurs égards. En appliquant des politiques assez rigides
dans les domaines des prix à la production des taux
d'intérêts et du change, la RDC a vu apparaître au sein de
son économie des profondes distorsions
1 NGOY KASONGO E., Op. cit., pp.20-21
qui ont contribué à une mauvaise affectation des
ressources, ainsi qu'à un affaiblissement des incitations à
produire, à exporter, à épargner et à investir.
Le taux de change est devenu irréaliste, la confiance
dans la monnaie, a été fortement ébranlée tant
à l'intérieur qu'à l'extérieur, de sorte que les
activités sur le marché parallèle et les sorties des
capitaux se sont intensifiées, aggravant ainsi les déficits du
budget de l'Etat et de la balance de paiement. Sur les marchés des
capitaux, le taux d'intérêt réel était
négatif, contrariant à l'effort d'épargne et poussant au
contraire à la formation d'une économie de crédit
menaçant tout le système financier.
3° la politique de gestion de la dette
extérieure
Lorsque les prix à l'exportation ont diminué,
les autorités ont continué d'appliquer des politiques
expansionnistes. La RDC a non seulement trop recouru aux emprunts
extérieurs (souvent à des conditions onéreuses) pour
financer des projets dont le rendement était faible.
Pour le planificateur congolais, l'obligation d'affecter un
volume important de devises au paiement de la dette a réduit
considérablement la capacité de la RDC à financer son
développement.
4° des politiques commerciales protectionnistes et
des monopoles d'Etat
Entravaient la concurrence, indispensable pour stimuler
la productivité
De surcroît, dans les années 70, le rôle de
l'Etat s'est encore élargi, avec la rationalisation des entreprises et
des établissements financiers et l'imposition d'un ensemble complexe de
règlements et de licences visant la plupart des activités
économiques. C'était le cas, notamment lorsque sur
décision du gouvernement les commerces et exploitations agricoles ou ont
été « Zaïrianisés » et leur gestion
confiée à des nationaux.
Le gouvernement a dû refaire marche arrière, en
partie, mais ses effets sont encore perceptibles à ce jour comme l'ont
constaté également N. MOUY et M. RAFFINOT : faillite et abandon
de nombreuses exploitations, désorganisation de l'économie et
méfiance des investissements1.
Cfiapitre Troisiime
PRESENTATION E T INTERPRETATION DES R E S U L T A T
S
Le présent chapitre a pour objet de présenter ;
traiter les données et d'interpréter les résultats de
cette étude. Il est subdivisé en trois sections dont la
première porte sur le cadre méthodologique. La deuxième
est consacrée à la présentation des résultats et la
troisième section est focalisée sur l'interprétation des
résultats.
|