Chapitre Premier
LES GENERALITES THEORIQUES
La démarche adoptée dans cette partie est
essentiellement théorique. Il s'agit de présenter d'une
manière ordonnée les nombreuses théories et analyses qui
éclairent notre sujet de recherche.
Ce chapitre portera essentiellement sur deux sections
principales. La première section présente les
généralités théoriques sur La petite
économie ouverte la seconde section sur les
généralités sur commerce extérieur.
I: GENERALITES SUR LA PETITE ECONOMIE
OUVERTE
I.1 NOTIONS
Ce point ouvre l'étude en économie ouverte. Pour
comprendre le fonctionnement d'une économie ouverte, nous devons
maîtriser les variables macroéconomiques essentielles qui mesurent
les interactions entre pays.
Cette section aborde les déterminants des flux
internationaux. Nous y construisons à cette fin un modèle d'une
petite économie ouverte. Ce modèle ce qui fait qu'un pays est
créancier ou débiteur sur les marchés mondiaux, d'une
part, et comment les politiques nationaux et étrangères affectent
les flux de capitaux et de biens et services, d'autre part.
I.1.1 les flux internationaux de biens e t capi
taux
La différence macroéconomique
déterminante entre et une économie fermée est que la
première n'est pas contrainte de réaliser, au cours de toute
année donnée, l'égalité entre ses dépenses
et sa production de biens et de services : elle peut dépenser moins
qu'elle ne produit et prêter le solde à l'étranger. Pour
une compréhension plus complète nous revenons à la
comptabilité nationale.
1° Les déterminants de la demande de biens et
services Les quatre composantes du PIB :
v C : consommation
v I : investissement
v G : dépenses publiques
v NX : exportations nettes
Le circuit économique ne contient que les trois
premiers de ces composantes. Jusqu'ici, afin de ne pas trop compliquer
l'analyse, nous avons fait l'hypothèse d'une économie
fermée, soit une économie dépourvue de tout échange
avec l'étranger. Les exportations nettes d'une telle économie
sont, par définition nulles. Nous étudierons la
macroéconomie des économies ouvertes au point qui suivra.
Dans une économie fermée, il y a trois
utilisations possibles de biens et services qu'elle produit. L'identité
du revenu national exprime ces trois composantes du PIB.
Y = C + I + G1
Les ménages consomment une partie de la production de
l'économie et utilisent, conjointement aux entreprises, une autre partie
pour l'investissement, le solde étant acquis par l'Etat.
2° le role des exportations ne ttes
En économie fermée, tous les biens et services
produits par une économie sont vendus sur le territoire national. Il n'y
a donc que trois types de dépenses : C, I et G.
En économie ouverte, la production se vend tant sur le
territoire national qu'à l'étranger. Il y a donc désormais
quatre grandes catégories de dépenses :
· Cd , la consommation de biens et services produits sur le
territoire national ;
· Id, l'investissement en biens
et services produits sur le territoire national ;
n Gd, les acquisitions par l'Etat de
biens et services produits sur le territoire national ;
n EX, les exportations de biens et services
produits sur le territoire national. Ceci nous donne
l'identité comptable suivante :
(1) Y = Cd + Id + Gd + EX
La somme des trois premiers termes, Cd, Id,
Gd, représente l'acquisition, sur le territoire national, de
biens et services produits sur le territoire national. Le
1 G. N. MAKIW, Macroéconomie, De Boeck
Université, 3ème éd., Paris, 2003, p.31
quatrième terme, EX, désigne
l'acquisition par le reste du monde de biens et services produits sur le
territoire national.
Comment rendre cette identité plus directement utilisable
? Remarquons tout d'abord que les biens et services acquis sur le territoire
national sont à la fois d'origine
nationale et d'origine étrangère. En
conséquence, la consommation Cd de biens et services produits
sur le territoire national et de la consommation Cf
de biens et services d'origine étrangère ; de même I
égal Id + If, et G =
Gd + Cf. nous obtenons donc
(2) C = Cd + Cf
I ~ Id + If
G = Gd + Cf
En introduisant ces trois équations dans l'identité
(1) :
(3) Y = ( C - Cf ) + ( I- If ) +
( G - Gf ) + EX
En réaménageant:
(4) Y ~ C + I + G + EX - (Cf + If
+ Gf )
La Somme des acquisitions, sur le territoire national de
biens et de service étrangers (Cf + If +
Gf) représentent les dépenses en importations
(IM).nous pouvons donc maintenant réécrire comme suit
l'identité comptable du revenu national :
(5) Y = C + I + G + EX - IM
Les acquisitions de biens et services importés faisant
partie des dépenses sur le territoire national (C + I + G), mais non de
la production effectuée sur le territoire national, l'équation
(5) soustrait ces importations. En définissant les exportations nettes
en tant qu'exportations diminuées des importations (NX = EX - IM),
l'identité devient :
(6) Y = C + I + G + NX
Selon cette équation, la dépense
intérieure, c'est-à-dire la dépense effectuée sur
le territoire national, est la somme de la consommation, de l'investissement,
des dépenses publiques et des exportations nettes.
Cette formulation montre les liaisons entre production et
dépenses sur le territoire national, d'une part, et exportations nettes,
d'autre part. en particulier :
(7) NX = Y - (C + I + G)
Exportations nettes = production - dépenses
intérieure
Si la production est supérieure à la
dépense extérieure, la différence est exportée :
les exportations nettes sont positives. Si la production intérieure est
inférieure à la dépense intérieure, la
différence est importée : les exportations nettes sont
négatives.
1.1.2 les flux internationaux de capi taux e t la balance
des biens e t services
En économie ouverte, tout comme en économie
fermée, des marchés financiers et les marchés de biens et
services sont étroitement interréliés. Pour le voir, nous
devons réécrire l'identité comble du revenu national en
termes d'épargne et d'investissement. Nous partons de l'identité
suivante :
(8) Y = C + I + G + NX
En soustrayant C et G des deux membres, nous obtenons :
(9) Y - C - G = I + NX
Epargne nationale Ainsi :
(10) S = I + NX
En soustrayant I des deux membres de l'équation,
l'identité comptable du revenu national se réécrit comme
suit :
(11) S - I = NX
Cette présentation de l'identité comptable du
revenu montre que les exportations nettes d'une économie doivent
toujours être égales à la différence entre son
épargne et son investissement.
Etudions de plus près chacun des membres de
l'identité. Le membre de droite NX est le plus simple : il
désigne les exportations nettes de biens et services de
l'économie considérée.
On appelle également ces exportations nettes «
balance des biens et services », qui mesure l'écart des
échanges effectifs de biens et de services par rapport à la norme
de l'égalité entre importations et exportations.
Le membre de gauche de l'identité, S - I, montre quant
à lui la différence entre l'épargne et l'investissement de
l'économie considérée, que l'on appelle également
« investissement extérieur net » ou encore « sorties
nettes de capitaux ». Il désigne le solde entre ce que
prêtent les résidents de l'économie
considérée à l'étranger et ce qu'il y emprunte. Un
solde positif traduit le fait qu'une épargne intérieure
supérieure à l'investissement intérieur permet de
prêter à l'étranger. En cas de solde négatif, un
investissement supérieur à l'épargne oblige à
emprunter à l'étranger pour financer l'excédent
d'investissement. Les sorties nettes des capitaux reflètent donc les
flux internationaux de capitaux destinés à financer
l'accumulation du capital.
Il ressort de l'identité du revenu national que le montant
des sorties nettes de capitaux est toujours égal à la balance
commerciale :
(12) sorties nettes de capitaux =
balance commerciale
S - I = NX Si S - I et NX sont
positives, I;: y a excédent
commercial: le pays qui en bénéficie prête
sur les marches financiers internationaux et exporte davantage de biens et
services qu'il n'en importe.
Si S - I et NX sont négatifs, le pays
encourt un déficit commercial : il
importe de l'étranger davantage de biens et de services
qu'il n'y exporte, et il doit emprunter en termes nets, sur les marchés
financiers internationaux.
Tableau N° 1 : les flux internationaux de
marchandises et de capitaux1
EXCÉDENT COMMERCIAL
|
EQUILIBRE COMMERCIAL
|
DÉFICIT COMMERCIAL
|
X > M
|
X = M
|
X <M
|
NX >0
|
NX = 0
|
NX <O O
|
Y > C+I+G
|
Y = C+I+G
|
Y < C+I+G
|
Epargne supérieure à
l'investissement
|
Epargne égale à
l'investissement
|
Epargne inférieure à
l'investissement
|
Sorties nettes des capitaux supérieures à
zéro
|
Sorties nettes des capitaux
égales à zéro
|
Sorties nettes des capitaux inférieures à
zéro
|
Ce tableau montre les trois possibilités offertes à
une économie ouverte.
1.1.3 La mobilite des capi taux
Nous allons dans un instant introduire un Modèle des
flux internationaux de capitaux et de biens et services. Etant donné que
les sorties nettes des capitaux équivalent à l'épargne
intérieure diminuée de l'investissement intérieur, le
modèle explique les sorties nettes de capitaux par voie de ces
variables. Du même coup, il explique la balance commerciale, puisque
celle- ci est nécessairement égale aux sorties nettes de
capitaux.
Notre nouveau modèle reprend certain de ces
éléments du modèle du revenu national, mais en lavant
l'hypothèse selon laquelle le taux d'intérêt réel
équilibre l'investissement et l'épargne. L'économie peut
désormais encourir un déficit commercial et emprunter à
l'étranger, ou, au contraire, accumuler un excédent commercial et
prêter à l'étranger.
Puisque dans ce modèle le taux d'intérêt
réel n'égalise plus épargne et investissement, il doit
être lui-même déterminé par quelque chose, mais quoi
? Nous abordons cette question en étudiant le cas simple d'une petite
économie ouverte dotée d'une mobilité parfaite des
capitaux.
Par « petite» nous entendons que l'économie
en question ne représente qu'une faible fraction du marché
mondial et qu'elle ne peut donc, par ses propres moyens, n'avoir qu'un impact
négligeable sur le taux d'intérêt international.
Par « mobilité parfaite des capitaux », nous
entendons que les résidents du pays concerné n'ont aucune
restriction d'accès aux marchés internationaux. En particulier,
l'Etat ne met aucun obstacle à l'emprunt ou au prêt sur les
marchés
internationaux. Dans une petite économie ouverte, en
conséquence, le taux d'intérêt r est
égal au taux d'intérêt international r*,
soit le taux d'intérêt réel qui prévaut sur
les marchés financiers internationaux. Ceci nous permet d'écrire
:
r = r*
Les résidents de la petite économie ouverte ne
doivent jamais à un taux d'intérêt supérieur
à r*, parce qu'ils peuvent toujours obtenir à l'étranger
un prêt à ce taux r*. De même, ils ne sont
jamais contraints de prêter à un taux inférieur à
r*,
parce qu'ils peuvent toujours obtenir ce taux sur l'argent
qu'ils prêtent à l'étranger. C'est ainsi que le taux
d'intérêt international détermine le taux
d'intérêt de notre petite économie ouverte.
Pour la petite économie ouverte, le taux
d'intérêt international est donc donné, mais d'où
vient-il lui-même? En économie fermée, c'est
l'équilibre entre épargne et investissement qui détermine
le taux d'intérêt. On ne peut nier, si l'on exclut le commerce
interplanétaire, que l'économie mondiale constitue une
économie fermée. C'est donc l'équilibre être
l'épargne mondiale et l'investissement mondial qui détermine le
taux d'intérêt mondial. C'est précisément parce
qu'elle a un effet négligeable sur l'épargne et l'investissement
mondiaux, que notre petite économie ouverte n'influence que
marginalement le taux d'intérêt international, qu'elle peut donc
considérer comme donné de manière exogène.
1.2. LE MODELE1
1.2.1. construction du module
Pour construire notre modèle de la petite économie,
nous partons de trois hypothèses:
1. les facteurs de production et la fonction de production
déterminent la production Y de l'économie :
Y= F ( K, L)
K= quantité de capital
L= quantité de travail
Y= production
2. la consommation C est positivement corrélée au
revenu disponible Y- T. la fonction de consommation s'écrit comme suit
:
C = c ( Y- T )
3. l'investissement I est négativement
corrélé au taux d'intérêt réel r. La fonction
d'investissement s'écrit comme suit :
I = I ( r )
Nous disposons désormais des trois éléments
de base de notre modèle. Nous réécrivons maintenant comme
suit l'identité comptable
1 G. N. Mankiw, op. cit, P.32
NX = [ Y - c ( Y- T )- G ] - I (r*) = S - I (r*)
Cette équation nous indique ce qui détermine
l'épargne S et l'investissement I, et donc la balance commerciale NX.
Souvenons- nous que l'épargne dépend de la politique
budgétaire : si les dépenses publiques G diminuent ou si les
impôts T augmentent, l'épargne nationale croit. L'investissement
dépend quant à lui du taux
d'intérêt réel international
r* : toute hausse de ce taux d'intérêt rend non
rentables
certains projets d »investissement. La balance commerciale
est donc elle aussi fonction de ces variables.
1.2.2 comment les poli tiques economiques
influencent-elles la balance commerciale ?
Nous partons d'une économie dont les exportations
exactement égales aux importations, de sorte que ces exportations nettes
NX sont égales à zéro et que l'investissement I
égal à l'épargne S. Utilisons maintenant notre
modèle pour prévoir l'impact des politiques économiques
tant intérieures que étrangères.
1° la politique budgétaire
nationale
Pour commencer, que ce passe-t-il dans une petite
économie ouverte lorsque l'Etat augmente la dépense
intérieure en accroissant les dépenses publiques ? La hausse de G
réduit l'épargne nationale, puisque S = Y - C - G.
Si le taux d'intérêt réel mondial reste
inchangé, l'investissement ne bouge pas. En conséquence,
l'épargne est maintenant inférieure à l'investissement,
dont une partie doit maintenant être financée par l'emprunt
à l'étranger. Comme NX = S - I, la baisse de l'épargne S
implique une baisse des exportations nettes NX. L'économie encourt un
déficit commercial.
2° la politique budgétaire à
l'étranger
Voyons maintenant ce qui se passe dans une petite économie
ouverte lorsque ce sont les autres pays qui accroissent leurs dépenses
publiques.
S'ils sont eux-mêmes petits, par rapport à
l'économie mondiale, cette modification de politique budgétaire
n'a qu'un impact négligeable sur les autres pays. Mais s'ils constituent
une fraction importante de l'économie mondiale, la hausse des
dépenses publiques réduit l'épargne mondiale et provoque
une hausse du taux d'intérêt mondial.
Cette hausse du taux d'intérêt mondial
renchérit le coût de l'emprunt et réduit, du même
fait, l'investissement dans notre petite économie ouverte.
L'épargne intérieure n'y ayant pas changé,
l'épargne S y excède désormais l'investissement I. une
partie de l'épargne excédentaire gagne le reste du monde. Comme
NX = S - I, la baisse de I accroît nécessairement NX. En
conséquence, la baisse de l'épargne à l'étranger
entraîne un excédent commercial dans notre petite économie
ouverte.
I.2.3 l3evalua tion des politiques
economiques
Notre modèle de l'économie ouverte montre le
lien incontournable entre les flux des biens et services exprimés par la
balance commerciale NX et les flux internationaux des capitaux destinés
à l'accumulation du capital. Comme nous l'avons souligné ci-
haut, les sorties nettes de capitaux sot égales à la
différence entre l'épargne et l'investissement intérieurs.
On peut donc toujours estimé l'impact des politiques économique
sur la balance commerciale en étudiant les conséquences sur
l'épargne et sur l'investissement. Les politiques qui accroissent
l'investissement où réduit l'épargne tendent à
provoquer un déficit commercial, tandis que les politiques qui diminuent
l'investissement ou qui augmentent l'épargne tendent à
entraîner un excédent commercial.
II : 6ENERALITES SUR LE COMMERCE
EXTERIEUR
L'enjeu principal de la théorie du commerce
international réside dans le débat opposant les partisans de
libre-échange à ceux du protectionnisme. Les premiers pensent que
les différents pays ont intérêt à commercer de
façon libre pour accroître leur propre richesse et donc la
richesse mondiale ; les seconds considèrent que les
intérêts des nations divergent et que chacune doit chercher
à tirer son épingle du jeu international même si cela
s'effectue au détriment des autres nations.
C'est dans ce cadre que cette section nous permettre de passer en
revu les approches traditionnelles et les approches moderne sur le commerce
international.
II.1 LES APPROCHES TRADITIONNELLES DU COMMERCE
INTERNATIONAL1
La théorie économique dominante est largement
favorable au libre échange ; elle s'oppose donc aux autres, assez rares,
qui préconisent le protectionnisme.
11.1.1. la theorie protectionniste
Les premiers économistes, les mercantilistes et, plus
globalement, l'action de l'Etat sont le meilleur moyen pour accroître la
richesse des différentes nations. Au 19e siècle,
d'autres économistes prolongent leurs thèses en militant pour un
protectionnisme toutefois moins radical.
Avec Jean Bodin (1530-1595), c'est certainement Antoine de
Montchretien (vers 1575- 1621) qui représente le plus la pensée
mercantiliste. Pour ce dernier, « toute société semble
être composée de gouvernement et de commerce » et il est
impossible de dissocier les deux.
Bodin LIST (1789- 1846), économiste allemand, passe une
partie de sa vie aux Etats- unis et remarque que, malgré ses grandes
ressources, ce pays ne réalise pas son « Take off » du fait de
sa dépendance vis-à-vis de la grande bretagne.
Il reconnaît que le libre échange procure des
avantages en terme de prix, mais i ; pense également qu'il est
nécessaire de considérer l'appareil industriel national. Il faut
faire la perte entre les avantages à courte échéance du
libre échange (acheter à l'étranger ce qui y est moins
cher) et ses désavantages ne soient pas étouffées par la
concurrence étrangère avant d'être arrivées à
maturité.
L'économiste américain Henry CAREY (1793- 1879)
est tout d'abord libéral et libre- échangiste ; il s'oppose
à la politique commerciale protectionniste des Etats- unis. Puis il
remarque une corrélation très nette entre les périodes de
renforcement du protectionnisme et celles d'accroissement de la
prospérité nationale. Il change alors diamétralement de
position et devient un opposant farouche au libre-échange,
considérant qu'il tend à maintenir les Etats-Unis dans la
position de colonie anglaise.
1 MONTOUSSÉ M., Théories
économiques, Bréal, Paris, 1999, pp. 132-135
11.1.2. La theorie libre-echangiste
L'importance du commerce international varie en fonction des
pays. Certains pays n'exportent que pour élargir leur marché
intérieur ou pour aider certains secteurs de leur industrie. D'autres
sont largement dépendants des échanges internationaux pour
l'approvisionnement en biens destinés à la consommation
immédiate ou pour leurs revenus en devises.
L'importance du commerce international dans la croissance a
largement été soulignée ces dernières années
par certaines organisations internationales et par les pays en voie de
développement. Ces derniers ont souvent dénoncé
l'inégalité des termes de l'échange, c'est-à-dire
le fait que leurs échanges avec le reste du monde sont
déficitaires de 20 à 25 % et que la tendance est à
l'aggravation du fait de l'augmentation du prix des produits industriels et
énergétiques, ainsi que de la baisse du prix des matières
premières et des denrées alimentaires vendues par les pays en
développement.
1°. Les fondateurs de la théorie libre
échangiste : SMITH et RICARDO
En 1776, l'économiste écossais Adam Smith, dans
la Richesse des nations, formalise la première théorie
économique d'ensemble favorable à l'échange. En
s'interrogeant sur les fondements du commerce, sur le pourquoi des
échanges, et sur l'intérêt pour les nations de commercer,
Smith élabore « la théorie dite de l'avantage
absolu ». Tout pays a intérêt à participer
à l'échange s'il produit un bien ou un service à un
moindre coût que ses concurrents. Dans son modèle de raisonnement,
si chacune des nations dispose de ce type d'avantage dans la production d'au
moins un bien, il trouve un intérêt à participer à
l'échange. En cela, il applique à sa théorie du commerce
celle de la division internationale du travail.
Ce corpus théorique va être enrichi par un autre
économiste du courant classique, David Ricardo. En dépassant la
loi de Smith, il établit la théorie de l'avantage
comparatif. Dans le système décrit par Smith, la logique se
heurte rapidement à une objection : si un pays ne dispose pas d'un
avantage tel qu'il le définit, il ne peut participer à
l'échange mondial. C'est à cette contradiction que Ricardo entend
répondre. Pour lui, tout pays peut participer à l'échange
dès lors qu'il dispose dans un secteur productif donné du plus
grand avantage absolu, ou du plus petit désavantage absolu. Cette
théorie repose sur une comparaison des coûts de production entre
deux pays. Ainsi cela permet à un pays d'importer un produit
relativement moins cher qu'il ne coûterait à fabriquer, et
d'exporter un autre produit qu'il produit à moindre coût, et donc
qu'il peut vendre plus cher à l'étranger que sur son territoire
national. De cette comparaison naît le gain de l'échange.
Outre cet avantage fondamental, les échanges
commerciaux ont d'autres répercussions. Sur le bien-être d'abord,
puisque l'augmentation de la production permet aux individus de consommer
davantage et de bénéficier d'un choix plus étendu quant
à la nature des biens consommables. Sur le niveau d'emploi ensuite, car
l'accroissement de la demande nécessite une hausse de la quantité
de travail nécessaire à la production. Sur le tissu
économique, enfin, en obligeant les entreprises nationales à se
moderniser et à innover pour faire face à la compétition
accrue suscitée par les échanges internationaux.
2° les prolongements moderne de la théorie
libre- échangiste
Les différentes théories modernes du commerce
international cherchent à déterminer les raisons de
l'échange et, ce qui va de pair, les sources des gains va de pair, les
sources des gains qu'il induit. Dans la tradition des auteurs classiques, ces
différentes théories demeurent fidèles au
libre-échange.
II.2. LES NOUVELLES THEORIES DU COMMERCE
INTERNATIONAL1
Il s'agit ici d'un débat entre le renouveau des
protectionnistes contre le libreéchange depuis le début de la
crise
11.2.1. Le renouveau du debat pro tectionnisme /
libre-echange depuis le Debut de la crise
La théorie économique dominante, même si
elle est en partie renouvelée, demeure globalement favorable à
l'ouverture extérieure, mais nombreux sont ceux qui pensent qu'une trop
grande libéralisation des échanges risque d'accentuer les effets
de la crise.
11.2.2. le renouveau des theories favorables a
l'ouverture exterieure
Les nouvelles théories du commerce international sont
développés par des auteurs comme E. Helpman et Paul Krugman, du
Massachusetts instituts of technologie, qui ont notamment écrit «
Market Structure and Foreign Trade (1985) ».
Les nouvelles théories refusent la détermination
exogène du commerce. Elles considèrent que les avantages
comparatifs sont plus une conséquence qu'une cause des échanges
internationaux. En se spécialisant et en prenant place au commerce
mondial,
1MONTOUSSÉ M, op. cit., pp. 141-146
chaque pays multiplie ses avantages ; ce n'est pas
essentiellement parce qu'un Etat est plus compétitif dans un produit
qu'il l'exporte, mais c'est surtout en exportant qu'il devient plus
compétitif.
11.2.3. le renouveau des theses pro tectionnis
tes
De nombreux théoriciens du développement pensent
que le commerce ne profite pas également à tous les pays. ARGHINI
Emmanuel considère que l'échange entre les nations
développées et les nations en développement est «
inégal », et la plupart des théoriciens de la
dépendance affirment que les pays producteurs de produits de base
subissent une dégradation de leurs termes de l'échange ; ils
doivent alors produire davantage pour importer moins et ils retrouvent dans une
situation appelée par JADGISH BHAGWALI « croissance appauvrissante
».
La qualité essentielle du libre échange est de
permettre le développement des importations (sont des biens et des
services qui viennent grossir la production nationale mais qui ne créent
pas de revenus dans l'économie nationale)1 et des
exportations. Mais parfois en période de crise, les importations sont
qu'accusées de provoquer des licenciements, et la course à
l'exportation est suspectée d'exiger de sacrifices en terme de salaires
et d'emplois afin de rationaliser la production. Le protectionnisme peut alors
être défensif pour préserver les industries nationales en
difficulté (souvent les industries vieillissantes).
11.2.4. les indicateurs du commerce
international
Il sera question de faire le point sur la connaissance des
différents indicateurs du commerce international, puis sur les
agrégats économiques.
1° Notions
Le produit intérieur brut (PIB)
est « une mesure de la production nationale c'est-à-
dire de l'ensemble des biens et services produits au cours
d'une période donnée (en général une année).
Le PIB se rattache étroitement à la notion de valeur
ajoutée (différence entre la valeur des biens et services
utilisés au cours du processus de production pour une entreprise). Il
présente deux composantes (agrégat nominal) ou, après
élimination de l'inflation, à prix constants (agrégat
réel) »2.
Quelle est alors la signification du PIB par tête ?
1 Idem
2 BERNIER B. et YVES S., op. cit., p.25
Elle est ne peut être que très modeste : «
le PIB par tête indique la masse des biens et services qui sont en
moyenne, mis annuellement à la disposition d'un individu en vue d'un
emploi final, et qui n'ont pas étés importés. Cette masse
de biens et service est estimée à sa valeur d'échange et
on n'a aucune indication sur sa valeur d'usage »1
.. Les termes de
l'échange : est le rapport des prix à
l'exportation aux prix à l'importation. Les prix du commerce
extérieur étant généralement exprimés sous
la forme d'indices, on calcule un indice des termes de l'échange par la
formule 2:
Avec ipx : indice des prix des
exportations ipm : indice des prix des importations te :
termes de l'échange
Les indices du commerce extérieur étant
calculés pour une année de base, les termes de l'échange
permettent de repérer des évolutions, mais ils ne permettent pas
de comparer des niveaux de prix. Par définition, les termes de
l'échange sont égaux à 100 pour l'année de base
retenue. Lorsque les prix des exportations croient plus vite que celui des
importations, il est clair que l'indice des termes de l'échange
augmente. On dit que les termes de l'échange s'améliorent.
Inversement, les t.e se dégradent lorsque l'indice
diminue les t.e permettent de savoir si l'économie
nationale vend à l'étranger plus ou moins cher qu'elle ne lui
achète.
Si t.e est supérieur à 100, on vend à
l'étranger plus cher qu'on ne lui achète, les t.e.
S'améliorent par rapport à l'année de base
considérée.
2° Connaissance des agrégats
économiques
Deux principales grandeurs caractérisent les
économies nationales et leurs accroissements sont déterminants
pour la croissance. Il s'agit du produit intérieur et du revenu
national.
Selon MARCZEWSKI (1967), le Produit intérieur se
décompose en valeur ajoutée des secteurs qui participent à
l'activité productive à l'intérieur de la nation.
1 ERCHAMBANT E., Comptabilité
nationale, 6e éd., Economica, Paris, 2003, p. 141
2BERNIER B. et YVES S., Initiation à la
macroéconomie, 8e éd., Dunod, Paris, 2001,
p.24
Par définition, « les agrégats sont des
grandeurs synthétiques qui mesurent le résultat de
l'activité de l'ensemble de l'économie »1
+ Le produit intérieur mesure la
production, c'est-à-dire l'activité économique
socialement organisé, consistant à créer des
biens et des services. Ces biens et services sont en principe destinés
à être vendus sur des marchés.
+ Le revenu national mesure l'ensemble
des revenus perçus par les acteurs
économiques.
+ La formation brute de capital
fixe est la valeur des biens durables acquis par les
producteurs pour être utilisés pendant au moins un
an dans leur processus de production. Cet agrégat correspond à
l'investissement.
+ L'investissement est «
l'opération qui consiste pour une entreprise ou pour un pays
à augmenter le stock de production (machines,
équipements de tous types, infrastructures, biens de tout ordre, mais
aussi acquisition de connaissance et formation des hommes), avec pour
perspective une production future »2.
+ L'épargne est la part des
ressources (revenus) courantes qui reste disponible pour
accumuler des actifs physiques ou financiers.
3° présentation des indicateurs du commerce
international3
Les performances d'un pays dans les échanges
internationaux peuvent s'analyser au travers de nombreux indicateurs
présentés dans le tableau ci-dessous :
1 BERNIER B. et YVES S., op. cit., p.25
2 GUERRIEN B., op. .cit., p. 262
3 PASCO- BERHO C., Marketing international,
Dunod, Paris,2002 pp. 12- 13
Tableau N° 2 : Les Indicateurs du commerce
international
INDICATEURS
|
MODE DE CALCUL
|
UTILITE
|
Solde commercial
|
Exportations - Importations
|
Indicateur de la compétitivité économique
|
Taux de couverture
|
Exportations
100
x
|
Mesure d'équilibre des échanges, il présente
l'avantage sur le solde commercial de permettre des comparaisons dans le
temps
|
Importatio ns
|
Effort à l'exportation
|
Exportations
100
x
|
Mesure l'importance de l'exportation dans la production nationale
(mesurée par le PIB) ou propension à exporter
|
PIB
|
Marché intérieur
|
PIB + importations - exportations
|
Evalue la consommation apparente du pays, peut être
calculé par produit
|
Degré de couverture
|
Exportations + importations / 2
x 100
|
Indique la dépendance économique du pays
visà-vis de l'extérieur
|
PIB
|
Termes de l'échange
|
Indice des prix des exportations
x 100
|
Supérieur à 100, il exprime une
amélioration des termes de l'échange pour le pays
étudié, inférieur à 100, une
détérioration.
|
indices des prix des importations
|
II.3. LES FLUX FINANCIERS ET LES FLUX
PHYSIQUES.
Le commerce des marchandises s'accompagne d'un mouvement
international des capitaux. L'installation des usines en Afrique, la
création des entreprises étrangères, l'exploitation des
usines minières : ce sont autant de voies qui permettent, sans oublier
le commerce des produits manufacturés et des services, au monde
occidental d'intervenir dans les économies faibles par l'évasion
des capitaux. Les capitaux n'ont pas seulement pour but de promouvoir la
croissance économique dans les pays où ils sont injectés.
Il s'agit tout simplement d'un phénomène du capitalisme, qui
prend la forme non à l'intérieur de sa propre aire
d'évolution mais son expansionnisme, surtout dans les pays fertile
à économie faible.
L'on observe généralement un flux retour plus
important de capital ; cette situation est déplorable et doit amener les
Etats à être méfiant sur la volonté réelle de
coopérer des occidentaux d'intervenir dans de gros investissements.
En RDC et qui, dès la moindre secousse
économique, sont prêts à « fermer boutique »
parfois dans des conditions désobligeantes ; si ce n'est la recherche
permanente de rapatriement de gains à tout moment, même en
période de crise économique.
11.3.1. Les flux interna tionaux de capi taux
1° Notion sur la dette
extérieure1
La dette extérieure est l'ensemble des financements
extérieurs, hors dons, que reçoit un pays au cours d'une
période donnée. Elle provient des organismes financiers (FMI, BM,
BAD, etc.), bilatérale lorsqu'on obtient d'un pays tiers ; elle peut
aussi être bancaire ou tout simplement privée.
Le service de la dette comprend le montant du remboursement
dû à une période donnée composé du principal
ou amortissement et des intérêts. Il arrive souvent que les pays
prêteurs consentent à repousser l'échéance de
remboursement, suivit aux difficultés de paiement du pays emprunteur.
Alors on parle de rééchelonnement de la dette. Parfois, le pays
emprunteur annule tout simplement une partie de la dette ou bien fixe de
nouveaux taux d'intérêts ; on parle alors de renégociation
de la dette.
Pour mesurer la capacité d'un pays à rembourser
ses dettes, on approche les composantes de la dette aux différents
agrégats de l'économie ; par exemple, ce que représente la
dette par rapport au produit intérieur brut (PIB) ou aux exportations,
etc.
Vingt-huit pays pauvres très endettés (PPTE)
bénéficiaient d'un allégement de la dette vers le milieu
de l'année 2004, soit huit ans après le lancement, par le FMI
(fond monétaire international) et la banque mondiale (BM), de
l'initiative en faveur des PPTE, qui a reçu l'aval des gouvernements du
mondial entier, et à peu près quatre ans après le
renforcement de cette initiative, en vue d'accélérer
l'allégement de la dette et d'en accroître la portée.
L'initiative en faveur des PPTE, qui était le premier
effort concerté de la communauté internationale pour
réduire l'endettement extérieur des pays les plus pauvres du
monde, reposait sur l'idée que la croissance économique de ces
pays était étouffée par la charge de leur dette, de sorte
qu'il leur était impossible d'échapper à la
misère.
1 MOUANDJO B. et LEWIS P., crise et croissance en
Afrique, l'Harmattan, Paris, 2002, p.139
Cependant, la plus part des études empiriques
décrivant les effets de l'endettement sur la croissance
économique porte sur un ensemble composite de pays qui comprend à
la fois des pays émergents et des pays au faible revenu ; Rares sont les
travaux conséquences de l'endettement pour les pays à faible
revenu (ceux dont le revenu national brut par habitant en 2001 était
inférieur à 865 $).
2° Dette et croissance1
Les études théoriques sur le rapport entre la
dette extérieure et la croissance économique sont largement
concentrées sur les effets négatifs du surendettement
(l'accumulation par un pays d'une dette si élevée qu'il risque de
ne plus être capable de rembourser les emprunts passés, ce qui a
un effet dissuasif sur les créanciers et investisseurs potentiels).
Si le niveau d'endettement d'un pays risque de dépasser
sa capacité de remboursement, il est probable que le service de la dette
escomptée soit une fonction croissante du niveau de production du pays.
En conséquence, une partie du rendement des investissements dans
l'économie nationale sera « taxée » par les
créanciers étrangers ainsi découragés.
Par ailleurs, le surendettement freine la croissance en
augmentant
l'incertitude des investisseurs quant aux moyens aux quels le
gouvernement peut recourir pour acquitter les lourdes obligations du service de
la dette. Lorsque le volume de la dette publique augmente, les investisseurs
peuvent craindre que l'Etat ne finance les obligations du service de la dette
par des mesures génératrices de distorsions par exemple en
accroissant rapidement la masse monétaire (cause directe
d'inflation).
Dans un tel climat d'incertitude, les investisseurs
privés en puissance peuvent craindre de sauter les pas. Et même
s'ils investissent, il y a des fortes chances pour qu'ils retiennent des
projets offrant un rendement rapide, et non des projets de longue haleine qui
pourraient rehausser durablement la croissance économique.
Par ailleurs, le surendettement peut aussi dissuader le
gouvernement d'engager les réformes structurelles et budgétaires
qui pourraient affermir la croissance économique du pays et la situation
de ses finances publiques, parce que, lorsque la situation financière de
l'Etat s'améliore, il est inévitable que ses créanciers
extérieurs le pressent de rembourser ce qu'il leur doit.
1 BENEDICT C., BHATTACHARYA R., et al., «
L'allégement de la dette peut- il doper la croissance
économique des pays pauvres ? », FMI, 2005
Bien attendu, l'emprunt extérieur ne fait pas
systématiquement obstacle à l'investissement et la croissance.
Lorsque le pays est peu endetté, un surcroît d'emprunts
extérieurs peut stimuler la croissance, dans la mesure où le
capital supplémentaire financé à l'aide de ces nouvelles
ressources d'emprunt rehausse la capacité de production. Si la
production augmente, il est plus facile pour le pays de rembourser ses emprunts
et de payer ses intérêts.
Certains analystes pensent que lorsque le pays commence
à avoir du mal à obtenir des prêts, il lui devient plus
difficile d'accumuler du capital, ce qui peut ralentir sa croissance. En bref,
il semble que les effets négatifs du surendettement ne ses fassent
sentir que lorsqu'un certain seuil à été atteint.
3° Dette et investissement
privéL'effet de la dette sur l'investissement
privé est théoriquement indéterminé. En
effet, selon la théorie le lien entre la dette et
l'investissement. En effet, selon la théorie, le lien entre la dette et
l'investissement privé peut aussi bien être négatif (effet
d'éviction) que positif (effet accélérateur sur la
croissance économique et donc sur l'investissement privé).
L'approche traditionnelle de la croissance transmise par les
mouvements des capitaux fait un lien entre financement extérieur,
investissement et croissance économique. Les capitaux étrangers,
en fournissant un complément d'épargne et des devises, devraient
permettre une croissance accélérée des économies
bénéficiaires. Mais le poids de la dette qui en résulte
peut remettre en cause cet enchaînement « vertueux ou
vieille».
En premier lieu, il est possible qu'un service de la dette
publique extérieur croissant force l'Etat à réduire ses
dépenses d'investissement. « Si l'investissement est lié
positivement à l'investissement public (notamment à travers la
mise à disposition d'infrastructures), il en résulte une
réduction de l'investissement privé »1.
Depuis l'article pionnier de J. EATON et GERSOVITZ «
croissance et endettement externe », de nombreux travaux ont pris en
compte la possibilité d'un défaut de paiement volontaire. Les
travaux de SACHS et KRUGMAN « dépenses publiques et croissances
économique, revue de la littérature » ont mis en
évidence dans ce cadre la possibilité d'une réduction de
l'investissement privé en cas de surendettement.
Ces auteurs distinguent le fardeau « primaire » de
la dette, constitué par un service de la dette trop important. Ils
considèrent plusieurs canaux par lesquels pourrait
1 RICARDO F., Investissements publics et
investissements privés en Afrique : éviction ou
entraînement ?, Economica, 1994, p.88
s'exercer ce fardeau virtuel : en ce qui concerne le
présent travail, le canal le plus important est celui qui passe par
l'investissement privé.
Lorsque le remboursement de la dette n'est pas total, tout
accroissement de revenu se traduit par un versement supplémentaire aux
créanciers. Pour rembourser, l'Etat devra donc accroître la
pression fiscale future, ce qui réduit le rendement anticiper du capital
et déprime donc l'investissement. C'est ce qui explique que dans ce cas,
une réduction de la dette pourrait être favorable aussi bien pour
le débiteur (qui accroît son investissement) que pour le
créancier.
Les travaux empiriques sur ce thème se sont
multipliés, notamment pour étudier le cas de la décennie
quatre- vingt en Amérique latine en présentant une
synthèse approfondie, qui relève que « l'impact de la dette
sur l'investissement tel qu'il est mesuré par les études
empiriques est le plus souvent extrêmement faible »1.
Selon E.BORENZSTEIN « un taux d'endettement
«élevé freine indirectement l'investissement productif de
plusieurs manières : taux d'intérêt réels
domestiques élevés, faible rentabilité due à une
baisse d'activité économique.
11.3.2. Les echanges commerciaux avec
l'exterieur
Les raisons souvent évoquées pour justifier la
prédominance du commerce extérieur qui donne l'impulsion à
l'Etat d'avoir les moyens de son « industrialisation » son
nombreuses.
Selon GANKOU (1982) « le commerce extérieur est
d'autant plus intéressant pour les pays en développement qui ne
dispose pas de moyens techniques, de marchandises et d'équipement
nécessaire à leur développement économique et
qu'ils sont obligés d'importer. Si pour les pays avancés, le
commerce extérieur est stimulant, dans les pays en en
développement il est nécessaire de se procurer un certain nombre
de biens d'équipement et de consommation indispensable au processus de
croissance »2. Et de poursuivre : la nécessité
d'importer crée la nécessité d'exporter pour payer les
importations.
Une autre raison pour la quelle le commerce extérieur
est d'une grande importance pour le processus de croissance économique
des pays pauvres, est que « les opérations les opérations
d'importation et d'exportation dans des pays qui éprouvent de
très grandes difficultés à asseoir leur système
fiscal, peuvent être (et le sont en fait) l'occasion de perception
d'impôt par l'Etat, non, pas au titre de droits de douane, mais au titre
de redevance fiscales.
1 COHEN D. et DESSUS S., Monnaie, richesse et
dette des nations , éd. Du CNRS, Paris, 1995, p.85
2 OMINAMI C., Le tiers monde dans la crise,
la Découverte, Paris, 1996, p.132
Le commerce extérieur a été
présenté pendant longtemps comme le moyen de transmettre la
croissance des pays industrialisés aux pays sous
développés. Facteur de développement dans certaines
conditions, les échanges commerciaux internationaux peuvent être
un instrument de blocage dans d'autres circonstances, mais avec le commerce
tout court.
Cfiapitre Deuociime
PRESENTATION DU CADRE DE
L'ETUDE
Dans ce chapitre nous brossons à grands traits les
principales caractéristiques de la RDC, cadre pratique de la
présente investigation.
Nous abordons les points suivants : le profil économique
et social de la RDC, et les origines et les causes du déclin
économique des années 1990-2000.
I~ PROFILS ECONOMIQUE ET SOCIAL DE LA RDC
Après avoir présenter l'aperçu
général sur la RDC, le second point de cette section portera sur
le contexte économique et le troisième point parlera du contexte
social de la RDC.
I. 1 APERCU GENERAL1
La République Démocratique du Congo (RDC) est
située en Afrique Centrale, dans la sous- région des Grands Lacs.
Elle s'étend sur une superficie de 2.350.000 Kilomètres
carrés, et compte quelques 52 millions d'habitants avec un taux de
croissance démographique compris dans la fourchette de 3 à 3.2%
l'an. Au moins 60 % de cette population vivent en milieu rural et
principalement de l'agriculture traditionnelle, de la chasse et de la
pêche artisanale. A l'exception des grandes villes et des régions
de concentrations des déplacés des conflits, la densité
démographique moyenne (22 habitants au Km carré) est parmi les
plus faibles du continent.
Le pays est subdivisé en onze provinces dont Kinshasa
la capitale administrative et politique. Les Provinces orientale, du Kasaï
oriental et du Katanga sont riches en minerais (cuivre, cobalt, diamant, or,
etc..). Compte non tenu de leurs potentialités minières non
encore exploitées, les autres provinces sont surtout
réputées pour les activités de l'agriculture, de
l'élevage et de la pêche.
1 Banque centrale du Congo, Rapport annuel
2002-2003, pp. 3-4
En dépit de toutes ces immenses ressources humaines et
naturelles, la RDC est classée parmi les pays les plus pauvres du monde
(168ème au classement IDH 2004). Certains indicateurs
l'alignent parmi les pays les plus misérables de l'Afrique au sud du
Sahara. Près de 80% de sa population survivent à la limite de la
dignité humaine, avec moins de 0.20 US $ par personne et par jour.
Pendant plus de trente ans, le pays a été
dirigé par une dictature. Le passage de cette dictature à la mise
en place d'un Etat démocratique a été très mal
négocié depuis l'an 1990. L'instabilité institutionnelle,
les pillages et les conflits interethniques qui en ont résulté
plongent la RDC jusqu'à ce jour, dans une crise multiforme dont l'un des
effets est l'aggravation de la pauvreté.
La RDC est l'unique pays en Afrique qui partage les
frontières avec neuf pays voisins (Angola, Burundi, Centre Afrique,
Congo, Rwanda, Soudan, Tanzanie, Uganda, Zambie). La persistance de la crise
économique et institutionnelle a attisé la convoitise de certains
pays attirés par les richesses du sol et du sous-sol. Les armées
étrangères occupent, sous le couvert des mouvements rebelles, une
partie du territoire. Cette situation provoque l'une des crises les plus
complexe de la sous- région des Grands Lacs.
Le coût économique, social, politique et
environnemental de ce conflit est très élevé. Plus de
trois millions des vies humaines ont été perdues. Le nombre de
personnes déplacées est estimé à près de
quatre millions dans la sous- région et quelques 10.000 à 15.000
enfants sont utilisés comme soldats. L'ampleur et la complexité
du conflit ont mis à dure épreuve la stabilité
institutionnelle et les infrastructures socioéconomiques de base. Elle
menace l'intégrité territoriale de la RDC, et risque d'embraser
toute la sous- région des Grands Lacs.
|