De la responsabilité internationale des acteurs impliqués dans les guerres de 1996 et 1998 en République Démocratique du Congo au regard des violations liées au droit international de l'environnement( Télécharger le fichier original )par Aimé MALONGA MULENDA Limoges, France - Master 2 en droit international et comparé de l'environnement 2007 |
§3. Pollution et commerce des armes illicites.La pollution est un autre des effets graves des conflits armés. La pollution peut sévir sous différentes formes. Elle peut découler directement d'opérations militaires ou d'interventions d'autres groupes armés ou indirectement de crises humanitaires et économiques imputables au conflit. Au cours des récents conflits qui ont eu lieu en Afrique subsaharienne, la pollution a le plus souvent été problématique en temps de crise humanitaire. Les réfugiés et les personnes déplacées vivent tellement souvent dans des conditions de surpopulation qu'ils deviennent une source indéniable de pollution potentielle. Les personnes déplacées peuvent polluer les eaux de surface en luttant pour leur survie et elles peuvent propager des maladies infectieuses lors de leur fuite. Cette dernière réalité ne menace pas uniquement la santé publique des populations humaines mais également la santé de la faune indigène. La région Est de la RDC était confrontée à ce problème où les réfugiés et déplacés étaient installés en bordure du lac Kivu. La pollution des rivières et des lacs est aussi imputable aux corps qui y sont déposés et qui finissent par se décomposer comme ce fut le cas lors de la guerre en République Démocratique du Congo. Les organisations humanitaires qui travaillent sur le terrain en période de crise humanitaire ont exacerbé la pollution. L'objectif premier des opérations humanitaires étant d'améliorer le bien-être des réfugiés ou des personnes déplacées, les préoccupations environnementales étaient vite mises de côté. Il en résulte souvent que les installations et les infrastructures de certains camps de réfugiés n'étaient pas conformes aux critères de protection à long terme de l'environnement. A titre d'exemple, un emplacement mal choisi ou une conception inadéquate des latrines ou des installations médicales pourront contaminer le sol ou l'eau. Parfois, les effets néfastes ne seront constatés qu'après le démantèlement des camps. Cela a été constaté au camp de Mugunga à l'Est de la RDC. Il s'en suit que la violence armée en République Démocratique laisse un bilan très lourd à surmonter, depuis août 1998, plus de 3,8 millions de personnes ont péri des effets directs ou indirects de la violence armée. Avec ses 3,000 morts par jour, le conflit congolais reste le plus meurtrier de la planète depuis la dernière guerre mondiale.31(*) Alors que les causes de cette violence sont multiformes (exploitation illégale des ressources naturelles, problèmes fonciers, tensions ethniques, présences des groupes armés étrangers, pauvreté, entre autres), elles ont un dénominateur commun: «la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC)». La possession, la circulation et le trafic illicites des ALPC nourrissent non seulement la criminalité, les violations des droits fondamentaux et les conflits à caractère éthno-politique, mais aussi une situation d'insécurité généralisée «guerre faible intensité» qui anéantie les chances d'un développement humain durable. La grande quantité d'armes légères en circulation après le conflit armé en RDC risque de compromettre les efforts de reconstruction post conflit dans le pays. Le commerce illicite des armes légères enregistré en RDC a un impact négatif sur l'environnement notamment quant à la faune et la flore. C'est avec les armes que les groupes armés opèrent dans les parcs nationaux de Kahuzi Biega, de Virunga et tuent les animaux sauvages protégés en utilisant les techniques ou méthodes illégales et illicites de braconnage. Les armes légères constituent une véritable source de menace et d'insécurité pour les aires protégées en RDC. Handicap International rapporte que les provinces de l'Equateur, du Maniema et Orientale ont été le théâtre d'affrontements armés et de violences pendant la période 1996 -2001 et elles en portent encore les stigmates, notamment du fait de la présence importante de mines antipersonnel et d'engins non explosifs. La présence des mines et engins non explosifs constitue un obstacle majeur à la pacification de la région et à la normalisation de la situation des populations locales. Elle entrave les activités socio-économiques des populations qui ont été contraintes d'abandonner des terres, points d'eau, sentiers, habitations etc, freine le retour et la réinsertion des déplacés de guerre et expose les populations et l'environnement à un danger permanent.32(*) * 31. PNUD-Kinshasa, dans son programme national de contrôle des armes légères et réduction de la violence armée, 2006-2012, p.1 * 32. Handicap International, dans son programme de déminage/dépollution dans la province de Kisangani, 2001-2003,p.2 |
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