Micro-finance et lutte contre la pauvreté : Cas des micro-crédits octroyés par le CERP - GALA LETU à la population de Kisangani; De septembre 2007 à décembre 2008( Télécharger le fichier original )par Kim BWANGA M'VUANDA Institut supérieur de commerce de Kisangani - Licence 2009 |
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE INSTITUT SUPERIEUR DE COMMERCE DE KISANGANI B.P. 1010 / KISANGANI Section Licence MICRO FINANCE ET LUTTE CONTRE LA PAUVRETE Cas des microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu à la population de Kisangani De septembre 2007 à décembre 2008 Par Kim BWANGA M'VUANDA MEMOIRE Présenté en vue de l'obtention du diplôme de LICENCE en Sciences Commerciales Option : COMPTABILITE Directeur : Pr Dr Ir MUANASAKA KABUITA Encadreur : Ass. J.J. MATETE OSAKO HERI Année Académique 2008 - 2009 Première session SYNTHESE DU MEMOIRE Ce travail est intitulé « Micro finance et lutte contre la pauvreté : Cas des microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu à la population de Kisangani. De septembre 2007 à décembre 2008 ». Ce travail étant une étude de cas, nous avons centré nos efforts sur le Crédit et Epargne pour la Réduction de la Pauvreté, CERP - Gala Letu en sigle. Etant nous même membre de cette institution de micro finance, nous avons porté notre choix sur ce cas d'abord pour la facilité d'accéder aux données fiables, mais aussi et surtout pour la concordance de la mission de cette institution à l'objet de notre étude, la réduction de la pauvreté. Préoccupation de l'homme depuis des temps antiques, la pauvreté - disons mieux la réduction de la pauvreté - fait l'objet, depuis la nuit de temps, d'une grande espérance qui mobilise toutes les cultures et toutes les communautés humaines. La situation de la pauvreté extrême devenue un phénomène de masse généralisé en République Démocratique du Congo, et à Kisangani en particulier, a ainsi mobilisé notre énergie intellectuelle jusqu'à nous engager à la réalisation de cette étude. L'objectif global poursuivi a consisté à comprendre le phénomène de la pauvreté et sonder la mesure dans laquelle la micro finance peut être un outil efficace de lutte contre la pauvreté. Ceci constitue également l'intérêt scientifique de ce travail qui permettra, nous l'espérons, à tout lecteur, même non averti, de comprendre le phénomène de la pauvreté et le mécanisme de sa réduction par la micro finance comme outil à la portée de l'Etat et des populations les plus démunies. Notre hypothèse de recherche a émis deux postulats, notamment : - Primo : L'IMF CERP - Gala Letu, depuis son implantation à Kisangani, n'aurait pas encore contribué à réduire la pauvreté dans les ménages des bénéficiaires de ses microcrédits dans la mesure où, non seulement leurs revenus seraient modiques mais aussi n'arrivent pas à stimuler l'épargne et l'investissement comme valeur ajoutée. Malgré l'appui de la micro finance, ces bénéficiaires ne seraient toujours pas à mesure de stocker les aliments de base, de manger trois fois par jour, de faire face aux dépenses d'eau et d'électricité et scolariser leurs enfants. - Secundo : Les difficultés rencontrées par les responsables de l'IMF seraient entre autres le problème de remboursement de prêts à échéance, signe du manque d'amélioration de la situation financière des bénéficiaires, ou du côté de ceux-ci, il y aurait les problèmes de faible volume du montant octroyé, des conditions d'obtention de microcrédit et de délai de remboursement. Dans l'entreprise de la vérification de ces hypothèses, nous avons recouru à la méthode dialectique et la méthode d'enquête soutenues par les techniques documentaire, d'interview structurée, de questionnaire et d'observation participative. Au bout de cette entreprise, les résultats obtenus ont démontré que les microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu à la population de Kisangani ont permis dans 78 % des cas, d'augmenter les revenus de leurs bénéficiaires ; d'augmenter le nombre de repas consommés par les ménages par jour ; d'améliorer la capacité de stockage des aliments de base dans les ménages ; et de faire évoluer positivement les activités exercées. Par contre, ces microcrédits n'ont pas encore permis d'améliorer la scolarisation des enfants ; la problématique de l'accès à l'eau et à l'électricité reste non résolue ; la capacité d'épargne et d'investissement ainsi que l'indépendance des débiteurs vis-à-vis du créancier n'ont pas été assurées. Néanmoins, les crédits octroyés ont été remboursés dans 84 % des cas. Nos enquêtés ont exprimé une opinion optimiste sur le microcrédit, estimant à 46 % des cas, que la micro finance peut être une activité intéressante à long ou à moyen terme et 24 % d'entre eux pensent que cette activité doit être mieux organisée pour être plus efficace et, par ce fait, faire bénéficier au meilleur des cas, ses effets d'outils de réduction de la pauvreté à la population. La modicité des sommes prêtées, l'échéance de remboursement jugée trop courte et le ralentissement brusque de l'activité en fin d'année 2008 ont constitué des difficultés majeures relevées par les bénéficiaires des microcrédits. Pour les responsables de l'IMF par contre, le non respect des échéances de remboursement, la méfiance de la population et le manque d'implication de l'autorité publique dans la sensibilisation des populations sur la culture de l'épargne et l'importance de la micro finance ont constitué des contraintes à l'exercice de leur activité. Ainsi, par rapport à nos hypothèses, les résultats ci-dessus résumés nous ont amené à infirmer et à confirmer nos hypothèses. Nous pensons en effet que, contrairement à l'impression que cela puisse donner, l'IMF CERP - Gala Letu a commencé à contribuer à la réduction de la pauvreté. Mais, ces effets positifs sont limités dans leur impact sur la réduction de la pauvreté, les bénéficiaires des microcrédits n'ayant pas réussi à améliorer leur capacité d'accès à l'eau et à l'électricité, moins encore celle d'épargne et d'investissement. Dans la discussion de ces résultats, nous avons rencontré les avis de MPANZU BALOMBA, qui estime que la micro finance est une alternative sérieuse aux diverses politiques de développement expérimentées jusqu'ici, et de KUVITUANGA NSIMBA pour qui l'étude de l'évolution du secteur de la micro finance montre qu'elle est une solution durable pour le développement du pays. Ce qui va de pair avec la conclusion de MOHAMMED AMINE BENJELOUN qui a trouvé que le microcrédit a pu, à lui seul, relever le défi d'une stratégie de lutte contre la pauvreté solide et fiable au Maroc. Au revers de la situation, nous nous sommes accordé avec IRAGI RUGAMBWA Adolphe qui a constaté que les microcrédits assuraient la survie et non l'émergence des ménages. En ce sens, aucune croissance d'une micro entreprise ne saurait être attendue comme l'a démontré MENIKO NDIBO en étudiant le financement des PME par la micro finance à Kisangani. Les enquêtés de MPANZU BALOMBA à Kinshasa comme ceux de IRAGI RUGAMBWA à Bukavu, ont exprimé la même difficulté que les nôtres quant à la modicité des sommes prêtées et le délai de remboursement trop court. Au-delà de ces difficultés, nous disons que les microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu à la population de Kisangani ont des effets positifs, mais pas encore significatifs sur la réduction de la pauvreté. Ce qui nous a fait consigner une note d'espoir dans notre conclusion, conformément à l'avis de nos enquêtés qui se sont dits plus optimistes que satisfaits, émettant le voeu de voir l'activité de la micro finance être pérennisé et mieux organisée. Donnant ainsi raison à Clément WONOU pour qui, l'utilisation de la micro finance comme moyen de réduction de la pauvreté ou comme outil de développement tout court, passe par la constitution d'institutions de micro finance solides, viables et pérennes. Ce travail a été plus une étude qualitative, au regard de la courte période qu'il couvre. Sans prétention d'avoir accompli une oeuvre parfaite, nous gardons espoir qu'elle pourra servir de référence aux futurs chercheurs qui pourront mener une étude plus quantitative qui compléterait nos résultats. Kim Bwanga M'vuanda IntroductionAlors que le monde n'a jamais été aussi riche, plus d'un milliard de personnes souffrent d'extrême pauvreté. L'UNESCO fait le constat d'une tragédie silencieuse, l'extrême pauvreté qui touche 1,2 milliard de personnes. Forte de sa mission éthique et intellectuelle, l'organisation s'engage à faire prendre conscience qu'être libre de la pauvreté est un droit humain fondamental.1(*) La pauvreté, en effet, est une préoccupation des hommes depuis les temps antiques. Sa réduction fait l'objet depuis la nuit des temps, d'une grande espérance qui mobilise toutes les cultures et toutes les communautés humaines. Les dirigeants du monde réunis à l'occasion du sommet du millénaire en septembre 2000, se sont donné huit objectifs dits « du millénaire pour le développement » (OMD) dont le premier vise la réduction de moitié de l'extrême pauvreté et la faim à l'horizon 2015. L'une des contraintes à l'atteinte de cet objectif est certainement l'absence des services financiers inclusifs et donc la capacité de susciter une autopromotion par les activités génératrices de revenus. Le secteur financier inclusif pouvant permettre l'accès d'une majorité de la population aux services financiers, la micro finance est apparue comme un support essentiel à la réduction de la pauvreté dans les pays en développement. 2(*) Plusieurs études et publications ont été rendues possibles et disponibles sur cette problématique. Nous avons pu lire, pour notre part, le Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP) de la République Démocratique du Congo3(*) ainsi que les travaux de Mohammed AMINE BENJELLOUN4(*), Patience MPANZU BALOMBA5(*), Djibril KUVITUANGA NSIMBA6(*), Adolphe IRAGI RUGAMBWA7(*), Joujou MENIKO NDIBO8(*) et Agathe KALINDE MAKETA9(*). Le DSCRP pose un diagnostic sévère de la pauvreté en République Démocratique du Congo. Il passe en revue les perceptions de la pauvreté et son profil par la base, pose un diagnostic sectoriel et thématique de la pauvreté avant d'en déterminer la stratégie de réduction reposant sur cinq piliers dont l'appui à la dynamique communautaire. Ce document qui reconnaît le rôle du secteur informel dans l'économie nationale et dans la réduction de la pauvreté en RDC, annonce entre autres que seul un changement d'approche de développement et la mise en place d'une stratégie cohérente d'interventions qui recueille l'assentiment et l'adhésion de tous les partenaires au développement et en particulier les bénéficiaires eux-mêmes permettront au pays de sortir de cette situation d'extrême pauvreté.10(*) Mohammed AMINE BENJELLOUN11(*) conclut que le microcrédit a pu relever le défit en constituant, à lui tout seul, une stratégie de lutte contre la pauvreté solide et fiable, malgré les difficultés qu'affrontent différentes associations et fondations dans les initiatives (de lutte contre la pauvreté) au Maroc. Malgré cet apport incontestable du microcrédit, souligne Mohammed Amine, le renforcement du secteur informel s'impose ; puisque la majorité des activités échappent à toute réglementation sectorielle. Sans être considérée comme une panacée, la microfinance se présente aujourd'hui comme une alternative sérieuse aux diverses politiques de développement expérimentées jusqu'ici. C'est l'avis de Patience MPANZU BALOMBA.12(*) Cet auteur estime que le secteur micro financier congolais mérite qu`on lui accorde une attention particulière, en raison de son potentiel de développement remarquable. L`ampleur du phénomène est telle qu'on ne peut plus se permettre de continuer à l`ignorer notamment dans la formulation des politiques économiques. Il constate que l'offre sur le marché financier congolais est encore insuffisante par rapport aux besoins exprimés, alors que sur le site maraîcher de N'djili / CECOMAF où il a mené son étude, on relève une opinion généralement négative sur la façon dont la micro finance a fonctionné jusqu'ici. La petitesse de crédit octroyé (100 $us en moyenne) et le délai de remboursement jugé trop court sont les deux raisons évoquées pour justifier ce manque de satisfaction. Djibril KUVITUANGA NSIMBA13(*) estime quant à lui, que lutter contre la pauvreté dans les proportions de la République Démocratique du Congo nécessite une intervention multidimensionnelle et de longue durée. Aussi mentionne-t-il que l'étude de l'évolution du secteur de la micro finance montre qu'elle est une solution durable pour le développement du pays, étant donné qu'elle est encore dans sa première phase de développement. Il reconnaît que la micro finance est un outil indispensable dans la lutte contre la pauvreté en République Démocratique du Congo dans la mesure où elle peut permettre la création des petites et moyennes entreprises et industries qui contribueraient à réduire la pauvreté dans la société. Pour Adolphe IRAGI RUGAMBWA14(*) qui a étudié l'impact des microcrédits sur le bien-être socio-économique des ménages de Bukavu, le constat était que les microcrédits assuraient la survie des ménages et non leur émergence. La constitution d'un capital d'investissement est rare à cause de la modicité du montant de crédit obtenu et les taux d'intérêts très élevés appliqués par les IMF (20,3 à 40 % l'an). Joujou MENIKO NDIBO15(*) a constaté pour sa part, que les institutions de micro finance n'ont pas permis la croissance des PME par une augmentation de capital à base de microcrédits octroyés. Au contraire, ces crédits ont une allure croissante tandis que les remboursements ont baissé pendant la même période, signe que l'obtention de crédit n'a pas favorisé l'accroissement de capital, encore moins le pouvoir d'investissement de leurs bénéficiaires. Par contre, Agathe KALINDE MAKETA16(*) confirme dans son travail de fin de cycle sur le microcrédit et la lutte contre la pauvreté, cas des communes Tshopo et Kabondo à Kisangani que les microcrédits accordés par le Bureau Diocésain de Développement aux femmes maraîchères de Kisangani ont produit des effets rentables pour leurs bénéficiaires qui arrivent à nourrir, scolariser et soigner leurs familles. De même que Pitt et Khandker17(*) qui ont analysé en 1994 l`impact de la Banque Grameen et du « Bangladesh Rural Advancement Commitee » sur le bien-être de la population ont constaté que la participation à des programmes de crédit avait des effets positifs et significatifs sur la scolarisation, les avoirs des ménages, la consommation et l'état nutritionnel des enfants. Notre point de convergence avec ces auteurs se situe au niveau de ce thème qu'est la micro finance et la lutte contre la pauvreté. Autrement dit, la question commune qui nous préoccupe consiste à examiner l'impact des microcrédits apportés par les IMF sur la réduction de la pauvreté. Cependant, notre ligne de démarcation se situe non seulement sur le champ d'étude, mais également sur la période de recherche. Pour ce qui nous concerne, notre travail étant une étude de cas, celui-ci voudrait spécifiquement vérifier si l'IMF CERP - Gala Letu, depuis son implantation à Kisangani, a déjà contribué à réduire la pauvreté. Naturellement, les avis divergent : pour certains auteurs, la micro finance ou le microcrédit est une stratégie capable de relever le défît ou une alternative sérieuse aux diverses politiques de développement. Pour d'autres, les microcrédits assurent la survie et non l'émergence, ils n'ont pas réussi à bâtir le capital des micros entreprises viables... Il ressort de la simple observation que, les divergences ont tendance à se rattacher à l'espace géographique de l'étude. En effet, les études menées en dehors de la République Démocratique du Congo aboutissent globalement sur des conclusions positives en faveur de la micro finance alors que celles menées sur le territoire Congolais accusent une défaillance de cette stratégie pour des raisons diverses. Cependant, nous savons, pour notre part, que « l'argent appelle l'argent dit un proverbe,... Si vous en avez un peu, vous pouvez en avoir beaucoup. Le plus difficile, c'est d'avoir ce peu là... », comme dit Adam Smith.18(*) («Money, says the proverb, makes money. When you have got a little, it is often easy to get more. The great difficulty is to get that little») Or, la problématique de la pauvreté en République Démocratique du Congo s'apparente au manque de ce peu là. La population dispose d'immenses atouts et est pleine d'initiatives dont la mise en oeuvre est handicapée par le manque de capital et le manque d'accès au marché financier. L'insuffisance d'institutions bancaires ou leur inexistence pure et simple dans plusieurs localités du pays, le dysfonctionnement de ce circuit et l'impossibilité d'y accéder pour la majorité de la population Congolaise est une réalité qui aggrave l'état de la pauvreté devenue un phénomène de masse en RDC. A la recherche de solution pour la survie, la population de Kisangani se livre à des activités du secteur informel (artisanat, petit commerce, agriculture, ...) presque sans encadrement ni soutien de l'Etat, ou de tout autre organisme. La micro finance surgit sur ce terrain fertile comme une alternative apparemment salvatrice. Les hommes et les femmes s'y livrent, parfois sans réflexion, comme poussés par cette croyance populaire selon laquelle « qui ne risque rien n'a rien ». Mais, malheureusement la mesure du risque n'est pas toujours prise de manière suffisante. Et l'Etat revient à la charge, tente d'organiser et de réglementer ce secteur de la micro finance qui octroie de petits crédits à la population de manière plus facile et plus inclusive que les banques traditionnelles. En outre, notre constat est également que, malgré la présence d'un certain nombre d'IMF à Kisangani, la pauvreté de masse semble prendre toujours l'ascenseur. Fort de ce constat, nous nous sommes posé les questions ci-après : - Les microcrédits octroyés par l'IMF CERP - Gala Letu améliorent-ils les conditions de vie des populations bénéficiaires ? Autrement dit, est-ce que ces microcrédits contribuent à la réduction de la pauvreté dans les ménages de leurs bénéficiaires ? - Quelles sont les difficultés rencontrées aussi bien par cette institution que par ses abonnés ou membres ? Ces questions font appel aux hypothèses que voici : - L'IMF CERP - Gala Letu, depuis son implantation à Kisangani n'aurait pas encore contribué à réduire la pauvreté dans les ménages des bénéficiaires de ses microcrédits dans la mesure où, non seulement leurs revenus seraient modiques mais aussi n'arrivent pas à stimuler l'épargne et l'investissement comme valeur ajoutée. Malgré l'appui de la micro finance, ces bénéficiaires ne seraient toujours pas à mesure de stocker les aliments de base, de manger trois fois par jour, de faire face aux dépenses d'eau et d'électricité et de scolariser leurs enfants. - Les difficultés rencontrées par les responsables de l'IMF seraient entre autres le problème de remboursement de prêts à échéance, signe du manque d'amélioration de la situation financière des bénéficiaires, ou du côté de ces derniers, il y aurait les problèmes de faible volume du montant octroyé, des conditions d'obtention de microcrédit et de délai de remboursement. Dans l'entreprise de la vérification de nos hypothèses, nous avons recouru à la méthode dialectique et la méthode d'enquête soutenues par les techniques documentaire, d'interview structurée, de questionnaire et d'observation participative. Madeleine GRAWITZ définit une méthode comme un ensemble concerté d'opérations mises en oeuvre pour atteindre un ou plusieurs objectifs. Un corps de principes présidant à toute recherche organisée, un ensemble de normes permettant de sélectionner et de coordonner les techniques.19(*) La méthode, ainsi entendue, a comme finalité l'explication de phénomène étudié du fait qu'elle implique « le moyen de parvenir à un aspect de la vérité, de répondre plus particulièrement à la question : comment ? » Comme nous l'avons déjà annoncé, nous avons recouru à la méthode dialectique pour tenter d'atteindre la vérité du phénomène étudié. GRAWITZ précise à ce sujet, que la méthode dialectique part de la constatation très simple de contradictions qui nous entourent. Celles-ci existent dans la réalité elle-même. La pensée de l'homme doit donc franchir un double écran : celui de ses propres limitations et contradictions, ensuite celui de l'incohérence des choses. Les limitations et les contradictions de l'homme ainsi que l'incohérence des choses doivent être saisies dans une perspective totalisante.20(*) Le phénomène de la micro finance plutôt récent à Kisangani ainsi que l'activité de lutte contre la pauvreté qui lui est associée dans cette étude ont donc été saisi dans leur totalité, leur dynamique et leurs contradictions. La problématique de la lutte conte la pauvreté dans l'étude de cas concerné par ce travail a été étudiée et vérifiée au travers de la méthode adoptée. Par ailleurs, nous avons appris de CHEVALIER J. et LOSHAK, que la technique est un outil, un instrument qui permet de découvrir les différentes données sur ces faits. Dans ce sens, nous avons lu la documentation disponible et accessible pour nous en passant par les travaux de fin d'études, les mémoires, les ouvrages et les publications sur Internet pour construire l'armature conceptuelle, théorique et empirique de notre étude. Compte tenu des difficultés d'ordre technique pour atteindre la totalité de notre population d'étude, un échantillon de 50 bénéficiaires a été interviewé de manière structurée alors que 2 responsables de l'IMF CERP - Gala Letu / Kisangani ont bien voulu répondre à notre questionnaire d'enquête. L'échantillonnage a été fait de manière occasionnelle du fait qu'il s'est basé sur la disponibilité des individus ayant accepté de répondre à nos questions. Lors du dépouillement, nous avons procédé question par question avant de mesurer les opinions de nos sujets sur le phénomène étudié. Le choix de ce sujet nous a été dicté par la situation d'instabilité économique que traverse la RDC avec comme corollaire la pauvreté extrême entraînant la médiocrité des conditions de vie, la vulnérabilité, le manque d'accès aux services sociaux de base, la non scolarisation des enfants, etc. L'intérêt scientifique de notre travail est de contribuer à la compréhension du phénomène de la pauvreté et du mécanisme de sa réduction par la micro finance comme outil privilégié à la portée de l'Etat et des populations les plus démunies. Sur le plan social, il pourra aider : - les IMF à améliorer leurs méthodes de travail et bénéficier davantage du capital de confiance populaire en apportant le plus de service à leurs clients ou membres et en exploitant pleinement le potentiel du marché ; - et les bénéficiaires des microcrédits à comprendre le bien-fondé du crédit et le meilleur moyen de son bénéfice qui passe par une orientation par objectif de crédits obtenus et par une gestion efficiente de ceux-ci. En ce sens, l'objectif global poursuivi dans cette étude consiste à comprendre le phénomène de la pauvreté et sonder la mesure dans laquelle la micro finance peut être un outil efficace de lutte contre ce phénomène. Tout lecteur, même non averti, pourrait ainsi trouver dans cette rédaction les informations nécessaires à la compréhension de la pauvreté et du crédit, du rôle de celui-ci dans la réduction de la pauvreté et de la manière la plus efficace de l'utilisation ou du recours au crédit sans aggraver les difficultés de la vie et l'endettement. Les dirigeants des IMF pourraient aussi en tirer un vrai profit scientifique susceptible d'apporter une amélioration dans leur travail. Nous avons limité notre sujet d'étude au cas de l'institution de micro finance CERP - Gala Letu, pour la période allant de septembre 2007 à décembre 2008, période retenue après observation, comme celle d'activité la plus prononcée de la micro finance à Kisangani. Nous avons pour cela, mené une enquête tant du côté des dirigeants de l'IMF que de leurs membres bénéficiaires de microcrédits durant cette période. Quant aux difficultés rencontrées pour la rédaction de ce mémoire, nous pouvons citer la rareté de la documentation relative à notre thème de recherche, le manque des données statistiques fiables sur l'état de la pauvreté et l'utilisation de la micro finance en RDC ainsi que la méfiance de nos enquêtés qui ne comprennent pas d'une manière générale l'importance d'une étude scientifique sur ce qu'ils considèrent comme une activité privée. A ceci s'est ajouté l'effet tache d'huile de la crise financière mondiale qui aurait affecté les avoirs des initiateurs des IMF au point de faire manquer aux institutions leur capacité de paiement à vue. Les retraits de l'épargne du public et l'octroi de crédit ont connu des perturbations sérieuses, engendrant ainsi une crise de confiance sévère vis-à-vis des IMF. Mais par détermination à atteindre notre objectif, nous avons surmonté ces difficultés notamment par une recherche abondante sur l'Internet pour avoir une documentation fiable et actuelle en dépit du temps et du coût que cela exige ; autant que nous avons expliqué et convaincu à la limite de nos capacités, nos enquêtés pour avoir les données analysées dans ce travail. Par besoin d'élaboration et de clarté, nous avons scindé notre étude en trois chapitres, hormis l'introduction et la conclusion. Le premier chapitre porte sur les considérations théoriques, le deuxième parle de la pauvreté à Kisangani alors que le dernier s'intéresse au CERP - Gala Letu et la lutte contre la pauvreté Kisangani. * 1 UNESCO, Texte d'information sur le thème « Lutter contre la pauvreté », développé lors de la 7ème semaine du 60ème anniversaire de l'UNESCO, Paris, Octobre 2005 * 2 Carrefour Microfinance, n° 2, Mars 2008, p. 4 * 3 Ministère du Plan Gouvernement Congolais, Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté, DSCRP, Kinshasa, Juillet 2006 * 4 MOHAMMED AMINE Benjelloun, Impact du micro-crédit sur l'activité économique : cas de l'ASMSSF/MC, Mémoire de licence, Université Sidi Mohammed Ben Abdellah, FES, Maroc, 2006, (inédit) * 5 MPANZU BALOMBA Patience, Microfinance en République Démocratique du Congo : Cas du site maraîcher de N'djili / CECOMAF à Kinshasa, Mémoire de DEA, Université Catholique de Louvain, Belgique, 2004-2005, (inédit) * 6 KUVITUANGA NSIMBA Djibril, La microfinance et les ONGs de financement de PME et PMI et la lutte contre la pauvreté en RD-Congo, Mémoire de licence, Université de l'Armée du Salut, Kinshasa, 2006-2007, (inédit) * 7 IRAGI RUGAMBWA Adolphe, Les microcrédits et le bien-être socio-économique des ménages, Mémoire de licence, ISDR/Bukavu, 2006-2007, (inédit) * 8 MENIKO NDIBO Joujou, Le financement des petites et moyennes entreprises par le mécanisme de micro-finance, Cas de la COPEMECO/Province Orientale, de 1999 à 2004, Mémoire de licence, ISC/Kisangani, 2007-2008, (inédit) * 9 KALINDE MAKETA Agathe, Microcrédits et lutte contre la pauvreté : cas des communes Tshopo et Kabondo à Kisangani, TFC en développement rural, ISDR/Kisangani, 2007-2008, (inédit) * 10Ministère du Plan, DSCRP, Op. Cit., p. 27 * 11 MOHAMMED AMINE Benjelloun, Op. Cit., p. 78 * 12 MPANZU BALOMBA Patience, Op. Cit., p. 69 * 13 Djibril KUVITUANGA NSIMBA, Op. Cit., p. 73 * 14 IRAGI RUGAMBWA Adolphe, Op. Cit., p. 56 * 15 MENIKO NDIBO Joujou, Op. Cit., p. 47 * 16 KALINDE MAKETA Agathe, Op. Cit., p. 39 * 17 Pitt et Khandker, cités par KALINDE MAKETA, A., Idem, p. 2 * 18 SMITH, A. cité par MPANZU BALOMBA, P., Op. Cit., p. 4 * 19 GRAWITZ, M., Méthodes en sciences sociales, Paris, 2ème édition, Dalloz, 1974, P. 673 * 20 Idem, p. 142 |
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