La politique extérieure de la R.D.Congo face au pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des grands lacs africains( Télécharger le fichier original )par Guelord Denlay MOSAU MBOMBO Université protestante du Congo - Graduat 2008 |
Section 2. Les principes essentiels de la politique extérieureIl nous est d'un grand intérêt de comprendre la philosophie spécifique qui oriente notre politique extérieure et détermine la prise de décision par les autorités congolaises, en faisant des analyses de certains principes ancrés de l'historique de sa diplomatie depuis la première, la deuxième, la transition et la troisième République.
2.1. Sous la première république Après son adhésion à l'ONU, la RDC fit sienne les cinq principes de coexistence pacifique édictés par cette Organisation Internationales codifiés par une importante Déclaration des Nations Unies, en date du 24 octobre 1970 et aussi dans la Résolution 2625 (XXV). Elle postule pour les relations de paix entre les Etats aux régimes sociaux politiques opposés, à savoir : - Egalité souveraine des Etats ; - Règlement pacifique des différends internationaux ; - Non-recours à la force ; - Non- ingérence dans les affaires intérieures des Etats ; - Respect de l'intégrité territoriale et l'indépendance des Etats. Ces principes ont permis à la RDC de sauvegarder son unité nationale et d'établir les relations amicales avec les autres Etats constituant la communauté internationale. 2.1. Sous la deuxième République La politique extérieure de la République du Zaïre était basée autour de cinq principes suivants : 1. L'ouverture au monde : C'est la possibilité accordée par la république du Zaïre à tous les Etats du monde d'enter en contact avec elle sans tenir compte de leur système politique ou de leur opinion idéologique. C'est le principe de porte ouverte. 2. La vocation africaine : La République du Zaïre s'est fait le défenseur de la cause et des intérêts du continent africain. Elle a soutenu par cette politique les mouvements de libération et a appuyé l'intérêt territorial des africains menacé par l'extérieure. 3. La politique de bon voisinage : C'est la politique de la sécurité frontalière avec ses voisins que la République du Zaïre avait développé pour stabiliser ses relations avec les pays limitrophes. 4. La politique du recours à l'authenticité : Ce principe a permis au Zaïre de promouvoir et d'enrichir ses valeurs nationales aux expositions et symposiums internationaux. La pratique traditionnelle avait caractérisé cette diplomatie. 5. Le neutralisme positif et non-ingérence : La République du Zaïre a utilisé ce principe dans ces relations extérieures pour ne pas s'engager dans la politique de l'une des grandes puissances suite à sa situation du membre des pays non-alignés. Mais en réalité, elle était alignée au bloc des pays capitalistes, chose que témoigne Monsieur Achille BONDO dans son article publié dans le journal le potentiel : « En 1960, avec le vent des indépendances qui a soufflé le continent africain, le contrôle du pouvoir politique dans les nouveaux Etats africains était une préoccupation majeure pour les protagonistes de la guerre froide. Devant la tendance croissante des Etats d'Afrique centrale nouvellement indépendants à s'aligner sur l'idéologie communiste, la préoccupation du camp capitaliste était la recherche d'un allié devant constituer le verrou empêchant que toute l'Afrique centrale ne bascule pas dans le camp communiste. Ces enjeux sont à la base de l'assassinat du premier ministre congolais Patrice LUMUMBA accusé par le camp capitaliste de penchant communiste. Ils sont également à la base du coup d'Etat qui a amené le Président MOBUTU au pouvoir. Pendant son long règne, ce dernier a servi comme allié et agent de la politique étrangère de camp capitaliste en Afrique centrale ».33(*) 2.3. Sous la période de la transition (1990 à 1997) C'est la continuité sur le plan de la prise de décision et de l'action extérieure de la deuxième République sont restés les mêmes ; seulement que la gestion de cette politique extérieure était devenue un domaine de collaboration en vertu de l'Acte Constitutionnel de la Transition du 24 avril 1994. 2.4. Sous la période de la reconstruction nationale (1997 à 2001) C'est la chute du Gouvernement du Président MOBUTU et de sa diplomatie. Les nouvelles autorités du Gouvernement du Salut Public ont choisi le changement de la politique extérieure. De ce fait, cinq principes sont à la base de l'action extérieure de la RDC : 1. Le nationalisme Il est définit comme « l'une des manières par lesquelles les individus s'identifient à des groupes ».34(*)Ensuite, définit généralement comme « une exaltation du sentiment national, l'affrontement passionné à la nation à laquelle on appartient, accompagné parfois de xénophobie et d'une volonté de réaliser l'indépendance de leur nation en la libérant de la domination étrangère. »35(*) Ce principe est reconnu pour la RDC en quatre périodes, à savoir : - A la période de la découverte du fleuve congo (1492 à 1885), le nationalisme a permis la prévention de l'intégrité territoriale de la RDC ; - A la période de la conférence de Berlin de 1885, ce principe a servi à la résistance des autochtones contre la pratique des travaux forcés et l'expropriation des terres instaurées par l'Administration de l'EIC ; - A la période de la création du Congo-belge (1908 à 1956), ce principe a permis les réactions directes contre les colonisateurs à travers tout le pays ; - A la période qui va de 1956 à 1960, c'est l'affrontement au pouvoir colonial ; il a occasionné la tenue en juillet 1956 du manifeste de la conscience africaine. Ce principe a permis à la défense de l'intérêt national de la RDC. Cette défense se manifeste aujourd'hui par le patriotisme ardent qui devient une philosophie de la politique extérieure en luttant contre les valeurs négatives des civilisations étrangères. Selon le Professeur YEZI PYANA, le rôle principal du nationalisme congolais dans les relations internationales est celui d'être « un principe d'action de la politique extérieure ».36(*) 2. Le bon voisinage Ce principe avait un contenu économique. Il a permis à la RDC de faire de sa diplomatie un instrument efficace pour la stabilité et la protection de ses frontières en tenant compte de sa position géostratégique. 3. La coopération mutuelle Elle a permis à la RDC de consolider et de garantir ses coopérations bilatérales, sous régionales, régionales et internationales pour assurer son développement d'une manière harmonieuse. 4. L'ouverture au monde C'est le développement de la diplomatie de coexistence pacifique sans complexe et sans exclusive. C'est l'accès de la RDC aux forums internationaux dans le cadre de Nations Unies. 5. Le règlement pacifique des différends C'est conformément à l'articles 2 §3 et l'article 33 de la charte des Nations Unies que la RDC recourt aux mécanismes politiques (la négociation, la médiation, les bons offices et la facilitation) et juridiques (approches juridictionnelles dans le cadre la Cour internationale de Justice et de l'Arbitrage). 2.5. Sous la période la Reconstruction nationale de Joseph KABILA (2001 à 2003) Les principes ci-dessous guidèrent l'action extérieure de la RDC : - le bon voisinage ; - la vocation africaine ; - l'ouverture au monde ; - la coopération mutuelle avantageuse ; - le règlement pacifique des différends ; - le non-recours à la force ; - le respect de l'intégrité territoriale, de l'indépendance politique des Etats et de la souveraineté internationale ; - le respect des frontières héritées de la colonisation. 2.6. Sous la période du partage du pouvoir (2003 à 2006) C'est la continuité des principes de la politique extérieure de la RDC sous la période de la reconstruction nationale du Président Joseph KABILA KABANGE. 2.7. Sous la troisième République (depuis 2006) C'est la diplomatie du développement, celle qui se veut agissante et doit concourir au développement de la République. C'est la continuité dans une perspective dynamique. Nous retenons les principes essentiels tels : - le bon voisinage ; - la coopération mutuelle ; - la vocation africaine ; - le respect des frontières héritées de la colonisation ; - le non-recours à la force ; - le respect de l'intégrité territoriale. * 33 BONDO Achille, Les sept défis de la RDC face aux enjeux géostratégiques internationaux, in www.lepotentiel.com, 20 janvier 2006, p.2. * 34 SARGENT L.T., Les Idéologies politiques contemporaines, 7è Ed., Paris, Economica, 1987, p.1. * 35 GERARD CORNU, Lexique des termes juridiques, Paris, L'Harmattan, 2008, p.258. * 36 YEZI PYANA F., La géopolitique internationale du Zaïre, Ed. Africa, Lubumbashi, 1979, p. 10. |
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