UNIVERSITE DE LUBUMBASHI
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES
DEPARTEMENT DE SCIENCES POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES
POUVOIRS PUBLICS ET CRISE DES ENTREPRISES PUBLIQUES
CONGOLAISES
Cas de la Générale des Carrières et des
Mines (GCM)
Par :
MALANGO KITUNGANO, JEAN-LUC
Bachelier en philosophie,
Gradué en Sciences Politiques
et Administratives
Mémoire présenté et défendu en vue
de l'obtention du Grade de
Licencié en Sciences
Politiques et Administratives
DIRECTEUR : Professeur MBAYA
KABAMBA
Docteur en Sciences Politiques et Administratives
ANNEE ACADEMIQUE : 2007-2008
INTRODUCTION
Le présent travail s'intitule Pouvoirs Publics et
crise des Entreprise Publiques congolaises : Cas de la
Générale des Carrières et des Mines (GCM). Le choix
de ce thème est à la fois subjectif et objectif.
Choix subjectif parce qu'en nous proposant d'investir cette
étude sur les incidences des pouvoirs publics sur la crise de la
Gécamines, nous n'échappons pas à l'écueil majeur
du coefficient idéologique du chercheur dans le choix d'un thème.
Cette idéologie est principalement patriotique : défendre
les intérêts des congolais en face d'un capitalisme sauvage
mondialisé.
Choix objectif parce qu'au cours de notre formation, dans la
filière science administrative, nous avons eu l'opportunité de
consolider les connaissances en Management des entreprises, en
Déontologie et administration des affaires, en
Macroéconomie, en Gestion financière, en
Analyse des politiques publiques, en Aspects politiques et
administratifs du Développement, en Problèmes et
politiques du développement rural et agricole ...Cours qui
nous ont permis d'aborder ce thème en toute lucidité
c'est-à-dire dans une situation de neutralité
praxéologique.
Au moment où différents acteurs
politiques : société civile, gouvernement,
parlement,...cherchent des voies et moyens pour faire sortir la RDC du marasme
économique, nous trouvant au Katanga, traiter d'un sujet
d'actualité qu'est la crise de la Gécamines, en usant des outils
scientifiques, s'avère opportun. Ce thème nous permettra de
comprendre et de faire comprendre l'origine, l'évolution et les voies
possibles de sortie de la crise multiforme que traverse la Gécamines.
L'intérêt de notre travail est, à ce
titre, à la fois théorique et pratique. L'intérêt
théorique réside dans le fait que nous cherchons à partir
de l'étude d'un cas, à vérifier, voire à construire
modèle explicatif du rapport systémique entre les pouvoirs
publics et la crise des entreprises publiques congolaises en
général et celle d'une entreprise minière en
particulier.
L'intérêt pratique réside dans la
recherche des causes vérifiables résultant des incidences des
pouvoirs publics sur la crise de la Gécamines et les pistes de solutions
possibles.
Certes, nous ne sommes pas le premier chercheur ou analyste
à nous intéresser à la crise de l'entreprise qu'est la
Gécamines. Des chercheurs et analystes de tous les horizons s'y sont
intéressés avant nous, soit de manière
générale, soit de manière particulière.
C'est le cas de Didier Kilondo Nguya dans Ménages
Gécamines, précarité et économie populaire1(*). Dans ce mémoire de
DEA, Kilondo Nguya voulait savoir le rapport entre l'accumulation capitaliste
à la Gécamines et la résistance populaire au Katanga. Son
hypothèse est qu'il y a une relation problématique entre
l'accumulation à la Gécamines et le développement au
Katanga. Kilondo Nguya décrit le mouvement de l'accumulation du capital
au Katanga et la fragilisation sociale des masses populaires qui en a
résulté. Il soutient que la fragilisation des masses populaires a
entraîné une résistance populaire face au processus actuel
d'accumulation du capitalisme industriel mondialisé au Katanga.
Selon lui, le modèle d'industrialisation qui avait fait
peu à peu entrer tous les travailleurs du tiers monde dans le salariat
moderne n'est plus porteur d'un projet social. Cette assertion est
révélatrice d'une mutation profonde de toute la
société. C'est l'expression d'une crise multiforme qui se
manifeste à travers la détérioration des conditions
d'accès aux services de base pour la majorité de la population.
Cela traduit la fin de la montée en puissance du salariat comme mode
principal de régulation économique et sociale.
L'économie de la province du Katanga, basée sur
l'industrie minière en général et la Gécamines en
particulier, n'est plus porteuse d'avenir pour les masses ouvrières qui
dépendaient de la Gécamines de suite d'une mutation profonde.
Cette mutation dans est perceptible à travers le déclin de
l'industrialisation modelée sur les masses ouvrières et à
travers la montée de la précarité et de la
vulnérabilité du travail.
Alors que l'éthique du salariat s'était
intériorisée dans la culture katangaise depuis la colonisation et
que le secteur industriel y connut une remarquable expansion, il y a lieu
d'admettre aujourd'hui, quatre décennies après la colonisation,
que le modèle adopté de la modernisation du Katanga par une
industrie minière (la Gécamines), est en panne.
L'apport de ce mémoire est le fait que son auteur s'est
penché sur le cas de la Gécamines sous l'angle de la
théorie de l'industrialisation et de la résistance populaire de
la période coloniale à l'année 1989.
En 2006 paraissait, L'Etat contre le peuple : la
gouvernance, l'exploitation minière et le régime transitoire en
République démocratique du Congo2(*). C'est un rapport publié par l'Institut
Néerlandais pour l'Afrique Australe (NIZA) et le service d'information
d'International Peace (IPIS)3(*).
D'une part, ce rapport consacre son chapitre le plus important
à la « gouvernance et à l'exploitation minière
au Katanga » (pp. 32-69), et traite d'autre part, de
différents contrats en rapport avec la restructuration de la
Gécamines avec l'appui de la Banque Mondiale.
Sa problématique est de montrer le rapport entre la
mauvaise gouvernance, l'exploitation minière et les conflits en RDC.
Comme hypothèse, le rapport estime que la Communauté
Internationale au travers de la Banque Mondiale encourage le bradage du
patrimoine minier congolais. Les tentatives de privatisation des parastatales
minières congolaises relèvent d'un projet ancien remontant au
gouvernement de la 2ème République (1995), alors que
Kengo - Wa-Dondo était premier ministre.
En effet, ces tentatives de privatisation ont
été contrariées en 1996 et 1998 par les
« guerres de libération ». Pendant les dites
guerres, toutes les parties belligérantes ont négocié des
modifications aux contrats existants. Depuis la mort de L.D.Kabila en Janvier
2001, la Banque Mondiale a supervisé la politique minière du
gouvernement congolais. Cette supervision a largement consisté à
prôner la privatisation des parastatales congolaises. La politique de
gestion des ressources minérales de la RDC par la Banque Mondiale a
soulèvé des graves préoccupations dénoncées
par plusieurs ONG de la Société Civile et autres observateurs
internationaux avisés.
La Banque Mondiale avait été critiquée
pour plusieurs raisons, notamment pour son approche imposée d'en haut,
sans véritable participation des bénéficiaires et pour sa
négligence du rôle que les ressources naturelles jouent dans
l'alimentation des conflits armés malgré les lignes directrices
de sa propre Conflict Prevention and Reconstruction Unit. Il a
été également reproché à la Banque Mondiale
de négliger l'incapacité institutionnelle de la RDC à
réguler le système du marché libre sur lequel le secteur
minier se trouve actuellement. Un autre reproche est que la Banque Mondiale
minimise la mauvaise gouvernance et les pratiques de corruption qui entravent
une redistribution équitable des bénéfices tirés du
secteur minier.
Le rôle des Pouvoirs Publics congolais qui ressort de ce
rapport est principalement la complicité de ceux-ci face au bradage du
patrimoine minier congolais, en général et celui de la
Gécamines, en particulier. Comme apport, ce rapport sert principalement
d'outil de lobbying des ONG locales et internationales contre l'exploitation
illégale de ressources de la RDC et ne fait pas ressortir les
données plus précises et détaillées relatives
à la crise de la Gécamines.
En 2007, paraissait à Lubumbashi La
Générale des carrières et des Mines (GCM) : une
culture et une civilisation4(*) . Cet ouvrage écrit par un ex-travailleur
de la Gécamines, Ikos Rukal Diyal, a comme problématique la
recherche des causes de la chute de l'entreprise minière qu'est la
Gécamines. Son hypothèse stipule que ce serait la mauvaise
gestion due tant aux dirigeants externes qu'internes. Malheureusement, dans le
corps du travail, il ne ressort aucune description précise des
responsabilités.
L'apport de cet ouvrage est, néanmoins, la description
de certains faits historiques ou l'auteur est impliqué comme
participant-observateur, notamment la baisse des avantages sociaux, la chute de
production (...) résultant de la crise.
Cet ouvrage demeure principalement une autobiographie telle
que l'auteur le souligne lui-même dans l'introduction. L'auteur se
raconte dans l'entreprise jusqu'en 2001. Le livre demeure donc une perception
d'un ex-agent de la Gécamines sur sa situation.
Pour notre part, nous voudrions donner tout son sens au
rapport entre les Pouvoirs Publics et la crise de la Gécamines.
Il s'agira donc de montrer les incidences tant politiques,
économiques que sociales des Pouvoirs Publics congolais sur la crise de
la Gécamines. C'est dire que nous ferons notre les grandes
interrogations relatives à la théorisation de la crise des
entreprises publiques, en générale, et celle de la
Gécamines, en particulier. Nous tenterons à partir des
indicateurs vérifiables d'établir ces incidences. A ce titre,
nous nous démarquons des travaux précités.
Sur le plan théorique, nous essayerons d'apporter une
contribution à l'enrichissement de la science administrative en tant
que discipline toujours en construction. Nous voudrions ainsi contribuer au
renforcement de la théorie du « Management des entreprises
publiques congolaises ». Cette étude permet aussi d'exercer
une critique nuancée a posteriori de certaines mesures prises
par les Pouvoirs Publics congolais dans le cadre de la restructuration de la
Gécamines.
Nous partons du constat selon lequel la plupart des programmes
économiques et financiers qui ont été entrepris avec
l'appui de la Banque Mondiale et le FMI pendant plusieurs années n'ont
pas pu mettre la RDC sur la voie du développement. Malgré
l'apport dans le programme dit de restructuration de la Gécamines, par
exemple, celle-ci n'a pas résolu sa crise multiforme. Sans
accroître sa production, cette entreprise en 2003 avait une dette globale
qui atteignait 1 milliards de $ US. De 1997 à 2000, elle devait à
une autre entreprise publique, la Société Nationale des Chemins
de fer du Congo (SNCC), 16.188.083 $ US5(*). En 2004 la GCM demeurait incapable d'assurer le
payement régulier des salaires et avantages sociaux de ses travailleurs
et n'aurait apporté au trésor public que 400.000 $ US
d'impôt6(*).
Notre problématique, considérée comme
l'ensemble des questions que le chercheur se pose a priori et dont il
se fixe de vérifier les réponses provisoires à l'issue des
résultats de recherche, se comprend aussi dans le sens de
« définir exactement l'objet de la recherche et, en même
temps, le mode d'approche de cet objet »7(*).
Créée en 1906 sous le régime colonial
dans un processus d'accumulation capitaliste et nationalisée sept ans
après l'avènement d'une République du Congo
indépendante, l'UMHK/Gécamines a eu la vocation de poumon
économique de la province du Katanga et la principale source de recettes
en devises du pays sous Mobutu.
Quatre décennies après la colonisation, on
estime que le modèle adopté de modernisation du Katanga par une
industrie minière nationale serait en panne. Le signe
révélateur serait la crise multiforme que traverse la
Gécamines.
Pour notre étude, la problématique se
présente de la manière suivante :
Quelles sont les incidences (négatives) des
Pouvoirs Publics congolais sur la crise de la
Gécamines ?
Ce qui caractérise les Pouvoirs Publics congolais,
c'est le contexte politique et économique de crise. Politiquement, le
pays a été successivement le théâtre de la
colonisation, de la dictature et des rébellions. A ce contexte
d'instabilité des régimes politiques s'est ajoutée la
crise économique chronique.
Selon Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt,
l'hypothèse peut prendre deux formes : soit la forme entre un
phénomène et un concept, soit entre deux
phénomènes8(*). Ceci nous pousse à poser quelques
hypothèses9(*) :
Les incidences des Pouvoirs Publics congolais sur la
crise de la Gécamines seraient négatives et situées
à trois niveaux interdépendants.
D'une part, le phénomène de crise qui
caractérise la Gécamines serait fondamentalement lié
à un système politique et administratif
sous-développés.
D'autre part, nous estimons que les Pouvoirs Publics congolais
auraient une incidence négative sur la Gécamines étant
donné que les Pouvoirs Publics résulteraient d'un système
politique de prédation qui à son tour aurait engendré le
néopatrimonialisme dans les entreprises publiques en
général, et la Gécamines en particulier.
Comme incidences politiques, la consolidation de l'Etat
colonial, puis de l'Etat post-colonial en RDC se serait effectuée au
niveau du pouvoir central par la constitution des classes sociales qui
collaborent à l'extraversion des ressources minérales du pays. Au
niveau de la Gécamines des strates se seraient formées dans la
« néopatrimonialisation » des ressources de
l'entreprise. Les implications de la prédation par le pouvoir
étatique sur la Gécamines auraient exacerbé la mauvaise
gestion de l'entreprise par les acteurs locaux.
Comme incidences économiques et financiers, le
capitalisme congolais serait embryonnaire, dépendant très
fortement des forces économiques extérieures. Ce fait rendrait
les entreprises publiques minières fragiles en face d'un marché
financier fluctuant et de plus en plus prédateur vis-à-vis des
pays à faible compétitivité industrielle et
commerciale.
L'adoption d'un modèle d'accumulation extravertie et
basé sur les recettes d'exportation du Cuivre et du Cobalt, dont la
Gécamines était la première entreprise publique dans le
secteur, renforcerait la relation systémique de prédation entre
les pouvoirs publics - dans un contexte d'instabilité politique - et la
Gécamines. Cette dernière a toujours supporté le poids de
l'économie congolaise en termes de recettes en devises. Elle ne peut
prétendre à l'autonomie de gestion vu son importance dans le
financement de différents régimes politiques et son régime
juridique en tant qu'entreprise publique.
Si d'une part, l'importance de la Gécamines
résidait dans son monopole sur les sites miniers très
étendus, possédant des réserves importantes de cuivre et
de cobalt, d'autre part, le régime en place ayant opté pour le
libéralisme aurait été contraint de brader le patrimoine
de la Gécamines au profits des entreprises minières
privées étrangères.
Comme incidences sociales, la dépendance
financière, technologique et politique envers l'extérieur
constitue un goulot d'étranglement en aval, tandis qu'en amont, avec la
politique de restructuration mis en place par la Banque Mondiale, c'est la
décomposition-récomposition des structures de la
société katangaise toute entière qui serait en train de
d'opérer. La restructuration de la Gécamines visant à
réduire les coûts d'exploitation en diminuant l'effectif du
personnel se serait répercutée sur l'environnement social tout
entier.
Dans cet environnement longtemps marqué par une gestion
paternaliste de la population active groupée autour de la
Gécamines, les agents licenciés dans l'Opération
Départ Volontaire (ODV) ne bénéficient plus des revenus
conséquents ni des avantages sociaux ou d'une politique publique de
reconversion. Ceux resté en fonction, seraient incapables, avec leurs
salaires modiques et avantages sociaux réduits au minimum, d'assurer la
redistribution des revenus jadis prolifiques.
Pour mener à bien cette étude, nous usons de la
méthode systémique. Le propre de cette méthode est d'aider
le chercheur à comprendre et à faire comprendre au sens le plus
large, non seulement les résultats de la recherche scientifique, mais
aussi le processus de recherche lui-même10(*).
L'interdépendance des parties par rapport au tout est
le fondement de la notion même de système. La
méthode systémique a pour but dans notre étude de
construire un modèle explicatif du rapport entre les pouvoirs publics et
la crise de la Gécamines.
Comme l'Entreprise Publique entretient des rapports
étroits avec les pouvoirs publics, la méthode systémique
nous permettra de saisir les rapports d'interactions entre ceux-ci et
l'entreprise publique d'une part et, d'autre part, le processus de
transformation au sein de l'entreprise elle-même, et ses rapports
à son environnement social.
Dans le cadre de ce travail, c'est la méthode
systémique telle qu'elle est d'usage chez David Easton et Jean-William
Lapierre qui nous intéresse particulièrement. En effet, elle nous
permettra de saisir le rapport entre un système politique, dont
relève les pouvoirs publics, et les entreprises publiques qui en sont
une partie intégrante mais qui, en même temps, subissent les
pesanteurs tant du pouvoir législatif, exécutif, judiciaire que
de l'environnement social11(*).
En plus de la formule classique « input /
processus de transformation / output », tout système
comprend trois composantes essentielles: la communauté (les membres du
système), le régime (détermine les règles du jeu),
les autorités (les occupants des rôles d'autorité).
Vu sous cet angle, nous tenterons d'identifier les membres de
la communauté, les acteurs catégoriels, les régimes
politiques en place et ses mécanismes de reproduction, les
autorités politiques et les gestionnaires de l'entreprise, leurs actions
et réactions en face de la crise de la Gécamines.
La méthode systémique chez Easton est
intéressante dans la mesure où le système comporte
plusieurs activités essentielles dont la formulation des exigences, le
choix ou conversion de ces exigences par la législation ou les coutumes,
la prise de décision, l'exécution par les moyens administratifs,
le soutien au système et moyens de le renforcer12(*). Ces différentes
activités relevées dans la méthode systémique
d'Easton nous permettront d'analyser les incidences réelles des Pouvoirs
Publics sur la crise de la Gécamines.
La méthode systémique nous offre ici le
schéma d'exploration et d'explication de nouveaux secteurs de la science
administrative (les politiques publiques en matière de gestion des
Entreprises publiques en RDC, la bonne gouvernance, ...). Elle nous permet, par
ailleurs, de comprendre que le système et sous-systèmes
politiques nationaux, tels l'Etat et les entreprises publiques, ne jouissent
que d'une autonomie restreinte mais pas irréversible, en face de la
prédation de l'économie internationale. Ceci explique la
nécessité de la volonté politique des pouvoirs publics en
face des conséquences locales négatives de la mondialisation.
En transformant l'environnement du système politique
congolais, la mondialisation modifie les conditions de fonctionnement de ses
entreprises publiques. Car celles-ci doivent faire face à des demandes
et à des contraintes nouvelles, avec des ressources de plus en plus
limitées, tandis que leurs compétences sont remises en cause par
les régulations tant des pouvoirs publics nationaux que des Institutions
Financières Internationales (IFI), et que les acteurs économiques
et financiers (multinationales) qui entrent en compétitions avec les
entreprises publiques minières congolaises échappent largement
à la capacité de contrôle des pouvoirs publics nationaux
des pays sous développés comme la République
Démocratique du Congo.
Les pouvoirs publics congolais ont-ils la capacité
d'inverser les vapeurs de la crise des ses entreprises publiques dans un
contexte où ils contrôlent, de moins en moins, les ressources
minérales ? La situation de crise multiforme que traverse la
Gécamines exige-t-elle une action globale rapide ? A quel niveau
agir précisément ? A ces questions, la méthode
systémique nous aidera dans la précision des lieux d'actions.
Cette méthode a des apports indéniables aux
sciences humaines : « un vocabulaire commun, une technique pour
traiter les grandes organisations, une approche synthétique là
où existent de nombreuses interactions, la substitution de la notion
dynamique de relations aux anciennes entités statiques, une
possibilité d'atteindre l'essentiel de la vie sociale en termes de
communication et d'information, enfin un moyen d'étudier de façon
opérationnelle les notions de buts, de besoins, de symboles, de
conscience de soi, de processus socio-culturels »13(*)
Cependant, la méthode systémique ne se suffit
pas à elle-même, certains auteurs lui reprochent même de
n'apporter qu'un langage, c'est-à-dire une rigueur conceptuelle qui
n'est pas celle de la précision quantitative des recherches empiriques.
Ils lui reprochent également de ne rien découvrir qu'on ne savait
déjà14(*).
Ainsi allons-nous la compléter par une approche multidisciplinaire et
des techniques de recherche diverses.
Parmi ces approches, nous userons de l'approche
historico-critique qui nous permettra de baliser le terrain historique dans la
compréhension de la crise actuelle de la Gécamines. Nous
recourons également à l'approche
juridico-institutionnelle15(*) pour saisir les différents textes en rapport
avec les entreprises publiques et les contrats qu'elles passent.
Comme techniques, nous emploierons à la technique
documentaire. Celle-ci nous permettra de procéder à l'analyse du
contenu des documents en rapport avec notre sujet de recherche. Il s'agit
d'ouvrages, des mémoires, des textes juridiques, des rapports, des
comptes rendus, des lettres, des statistiques, et des journaux.
A cette technique, nous associerons l'observation directe.
Etant au Katanga (Lubumbashi), nous mettrons à profit ce que nous y
observons quotidiennement, d'une part. D'autre part, du 04 mars 2008 au 04
avril 2008, nous avons effectué notre stage académique de fin de
second cycle universitaire à la Direction Générale de la
Gécamines à Lubumbashi. En effectuant l'expérience
d'observateur-participant, nous avons pu accéder aux lieux où
l'entreprise Gécamines a ses bureaux et installations. Nous avons pu
aussi par ces occasions nous entretenir avec les agents de la Gécamines
et palper du doigt ses réalités internes.
Il importe de préciser la délimitation spatiale
et temporelle de notre sujet : Notons que la présente recherche se
limite à la Province du Katanga et n'a pas la prétention de
couvrir toute l'histoire de la Gécamines. Nous nous sommes attelé
de manière principale à la période allant de 2001
à 2007. La date de 2001 est prise en compte car elle marque le
début du programme de restructuration (redémarrage rapide
d'urgence) de la Gécamines par la Banque Mondiale dans un contexte de
dialogues politiques et de transition politique et l'année 2007, l'an un
du Gouvernement démocratiquement élu.
Quant à la référence aux périodes
précédentes ou postérieure, elle ne le sera qu'à
titre illustratif. Au lieu de revenir une fois de plus sur la période de
prédation de la Gécamines sous Mobutu et sur la crise
économique qui l'a caractérisée, note étude
s'intéresse particulièrement aux incidences des pouvoirs publics
sur la crise de la Gécamines pendant les six récentes
années.
Comme difficultés rencontrées, nous pouvons
mentionner d'abord les difficultés généralement
liées à la recherche en science administrative. Comme science
carrefour, elle emprunte des approches multiples : économique,
sociologique, politique...que le chercheur ne maîtrise pas toujours
à suffisance16(*).
Il y a ensuite le fait que la recherche en science administrative est
confrontée au milieu, c'est-à-dire à une entreprise qui
est couverte par le secret professionnel (ne pas divulguer certaines
données). D'où, les difficultés liés à la
non fiabilité de certaines sources disponibles. Comme l'avait
déjà relevé B. Rubbers et G. Iyenda17(*), les statistiques produites
par l'administration en charge des matières économiques en RDC
sont, d'une part, sujettes à cautions, d'autres part, nous avons
reçu tout simplement un refus net d'y accéder. C'est le cas des
données de la direction de Impôts en rapport avec les taxes
versées par les entreprises minières partenaires de la
Gécamines ou encore les taxes de la Gécamines. La motivation
suspecte qui nous était prêtée par certains agents du
milieu de la Gécamines a constitué aussi un obstacle de taille.
Enfin, il y a eu la méfiance de certains agents de
Direction de la participation de la Gécamines pour nous fournir
certaines données financières ou économiques ou encore
pour répondre à certaines questions en rapport avec les
partenariats que la Gécamines a conclus avec plusieurs entreprises
privées. Nous pouvons évoquer le cas où sollicitant par
exemple la consultation sur place et sans prise de notes des contrats de
partenariat concluent entre Kinross Forrest, Anvil Mining, Ridgepointe... et la
Gécamines, un refus catégorique nous fut donné par un
agent de la direction de gestion des contrats, M. LUMUNA. Malgré la
présentation de tous les documents relatifs à notre
qualité d'étudiant faisant des recherches dans le cadre d'un
mémoire de licence et la présentation du permis de stage
délivré par la Gécamines qui nous admettait comme
stagiaire à la Direction de Ressources humaines18(*). Il en fut de même au
service de la qualification de l'emploi où notre questionnaire n'a
jamais été rempli, car bloqué au niveau du
secrétariat.
Néanmoins, nous avons pu contourner partiellement
certains obstacles en mettant à profit notre temps de stage et les
relations que nous avons eu à tisser avec certains agents, pour
recueillir des informations dont nous avions besoin. Bien plus, usant de
l'intérêt scientifique avec certains agents enseignant à
l'Université de Lubumbashi, comme le professeur Tshilonda de la
Faculté de psychologie, nous avons pu recevoir des orientations vers des
personnes qui nous ont fourni certaines données essentielles.
Hormis l'introduction et la conclusion, notre étude
proprement dite est composée de trois chapitres de répartition
très inégale. Le premier chapitre est consacré aux
précisions conceptuelles et les théories scientifiques de base.
Le deuxième chapitre traite des incidences des pouvoirs publics sur la
crise de la Gécamines. Une conclusion reprendra les acquis de notre
travail ainsi que les propositions et suggestions éventuelles.
CHAPITRE I.
CONCEPTS DE BASE ET THEORIES SCIENTIFIQUES DE BASE
La conceptualisation, comme le souligne R. Quivy et L. Van
Campenhoudt est plus qu'une simple définition ou convention
terminologique. Elle constitue une construction théorique qui vise
à rendre compte du réel.19(*)
Cette section a pour objet, justement, la précision du
contexte dans lequel nous utilisons certains concepts-clefs. L'avantage de la
clarification des concepts fondamentaux et connexes consiste dans la
minimisation de l'équivocité susceptible de naître de leur
polysémie20(*).
A cet effet, notre conceptualisation ne retient pas tous les
aspects de la réalité concernée, mais seulement ce qui en
constitue l'essentiel de notre point de vue et de la discipline qu'est la
science politique et administrative.
SECTION I : CONCEPTS DE BASE
Nous clarifierons les concepts de base ou fondamentaux
ci-après : « pouvoirs publics »,
« crise » et « entreprise publique »,
ainsi que les concepts connexes qui seront traités directement avec le
concept de base dont ils relèvent.
I.1. Pouvoirs Publics.
Le Dictionnaire d'économie et de sciences
sociales entend par pouvoir « la capacité d'imposer sa
volonté, de faire prévaloir des objectifs, de faire respecter les
règles même contre une volonté contraire, avec le recours
éventuel à des moyens coercitifs (sanctions et menaces de
sanctions, emploi de la force physique »21(*).
Le pouvoir dont il est question dans notre travail est
politique. Il s'agit de la capacité de contrainte légitime
reconnue dans le cadre étatique à certaines institutions et
à ceux qui les représentent. Ce pouvoir se comprend comme
« l'ensemble des moyens institutionnels permettant la conduite des
affaires générales de la cité, éventuellement au
bénéfice de certains groupes sociaux. Cet ensemble
organisé comprend dans la société moderne, le
gouvernement, le parlement, la justice, l'armée, la
police »22(*) .
Mais face au pouvoir de l'Etat précité se
dressent d'autres centres de pouvoir : pouvoir économique, pouvoir
idéologique (Eglises, élites intellectuelles...), pouvoir des
médias, pouvoir des partis politiques...
Quant au concept public, il désigne « ce qui
concerne le peuple, qui appartient à l'Etat ».23(*) Dans ce sens, on parlera des
affaires publiques, d' l'intérêt public (...)
Quand le concept public est relatif à l'Etat, entendu
comme forme institutionnalisée du pouvoir suprême, qui par le
monopole de la violence légale, crée l'ordre social par la loi,
on parlera alors des « pouvoirs publics ».
Le Dictionnaire pratique de la langue
française entend par « pouvoirs publics »,
l'ensemble des autorités pouvant imposer des règles aux citoyens.
Il s'agit également du « pouvoir qui appartient à la
collectivité sociale ou politique et en
émane »24(*).
Les « pouvoirs publics » dont il est
question dans notre travail se comprennent dans les différentes
acceptions qui ressortent des textes de lois congolais.
Dans la loi n°78-002 du 06 janvier 1978 sur les
Entreprises publiques, par exemple, le concept « pouvoirs
publics » revient plusieurs fois.
Cette loi stipule à l'article 2 qu'il y a entreprise
publique chaque fois qu'un groupement est soit créé et
contrôlé par les « pouvoirs publics » soit
créé à l'initiative des « pouvoirs
publics » entre eux, soit créé à l'initiative de
ceux-ci en association avec les personnes morales de droit public. Aussi dans
cette loi, le professeur Lukombe Nghenda soutient que le législateur et
interprète se doivent de substituer le mot « République
Démocratique du Congo » là où, à chaque
fois, le texte parle de « pouvoirs publics »25(*) . Il s'agit donc
d'entendre par « pouvoirs publics », l'Etat congolais.
Parler de l'Etat congolais comme « pouvoirs
publics » revient à le saisir au travers des institutions et
de représentants de l'Etat.
Les pouvoirs publics congolais comprennent alors l'ensemble
d'organes politiques et administratifs : Président de la
république, gouvernement, parlement, les différentes
administrations centrales et locales.
L'appareil d'Etat, comme pouvoirs publics, s'incarne dans des
hommes, les représentants de l'Etat, avec lesquels l'Etat ne se confond
pas dans un Etat qui se veut véritablement démocratique.
I.2. Crise
Le Dictionnaire pratique de la langue
française définit la crise selon plusieurs acceptions. Elle
est définie, dans son acception médicale, comme le moment d'une
maladie caractérisé par un changement décisif, en bien ou
en mal (phase critique).
Par analogie, elle est aussi définie comme une phase
grave dans l'évolution des choses, des événements, des
idées, etc. La crise est comprise comme synonyme de marasme, de
difficulté, de l'impasse, de la récession ou de la
faillite.26(*)
Le Dictionnaire d'économie et de sciences
sociales entend par crise, la période de dépression ou de
stagnation durable de la conjoncture économique. Au sens strict :
processus de retournement du cycle économique en son point le plus haut,
qui interrompt la phase de l'expansion et précipite l'économie
dans la dépression. Il peut s'agir aussi de l'altération du tout
ou d'une partie du système financier. 27(*)
Selon Bertrand Robert, différents facteurs font varier
la description et la compréhension du concept de crise dans une
organisation28(*). Parmi
les plus structurants, on retient une approche événementielle,
la présentant comme un phénomène d'origine externe
à apparition soudaine qui la décrypte comme un seuil franchi dans
un processus de délitement des règles, des valeurs, des
comportements. On peut, à ce niveau, se limiter aux conséquences
mesurables (par exemple sur le plan économique ou en nombre de victimes)
on peut également accorder une place prépondérante aux
perceptions. Des facteurs culturels sont aussi à prendre en
compte : la force, la cohésion et la manière dont le
phénomène affecte le tissu social.
Etymologiquement, le mot crise vient du grec
« krisis », lequel était doté de
plusieurs sens : le premier sens de
« krisis » est « moment de
décision ». Les crises sont caractérisées comme
des moments où les décisions lourdes doivent se prendre tout en
étant le pire moment pour décider à cause de l'information
imparfaite, pléthorique, douteuse ou inexistante ;
énormité des enjeux ; pression temporelle ; urgence
à agir ; pression des acteurs ; surprise (...)
Le mot qui évoquait, selon Bertrand Robert, la
surprise en grec est « epilêptos ».
Epilepsie, belle analogie avec les convulsions de l'institution ou de
l'établissement sous le choc d'une surprise majeure : le cerveau de
l'organisation est touché, des mouvements désordonnés sont
observables, une chute brutale s'ensuit, on déplore une perte des
commandes sur les fonctions basiques de l'organisation29(*).
Le deuxième sens de
« krisis » est le « moment de
vérité ». Les crises sont des révélateurs
(notamment par le miroir que constituent les décisions prises ou non
prises à l'occasion de la crise) de la consistance des organisations, de
leurs dirigeants, des liens qui ont été ou pas établis
avec l'environnement, de la réalité des pratiques et de la
culture de l'organisation.
Le troisième sens de
« krisis » est
« l'accélération d'un dysfonctionnement organisation,
vers la mort ou vers la guérison » : la crise est
révélatrice, comme en médecine de
l'accélération, soit de la mort, soit de la voie vers la
guérison. La vie ou la mort de l'organisation est en jeu. Si la crise
est traversée, elle peut être fondatrice d'un nouvel ordre.
(« ktisis », mot suivant immédiatement
« krisis » dans l'ordre alphabétique,
signifie « fondations » d'une cité nouvelle).
La crise (comme le risque) n'est ni bonne ni mauvaise en soi
mais possède un versant menace ou opportunité30(*).
La crise dont il est question dans notre travail est celle
d'une entreprise publique , à savoir la Générale des
Carrières et des Mines (GCM). La crise sera analysée à
partir des rapports intra-entreprise (différentes fonctions
opératoires de l'entreprise : la fonction de la gestion des
ressources humaines, la fonction de la production, la fonction
financière, la fonction commerciale) et entre l'entreprise et son
environnement.31(*)
I.3. Entreprise publique.
L'entreprise est définie comme une unité de
décision économique qui peut prendre des formes
différentes : privée, publique ou mixte. Elle utilise et
rémunère le travail et le capital pour produire et vendre des
biens et des services sur le marché dans un but de profit et de
rentabilité.32(*)
L'entreprise constitue l'institution centrale du capitalisme,
selon C-D. Echaudemaison33(*). Les éléments essentiels d'une
entreprise privée sont :
- Elle est une organisation, c'est une personne morale,
c'est-à-dire un sujet de droit différent des personnes physiques
qui la constitue.
- Elle a son existence propre parce qu'elle est,
généralement, financièrement autonome et agit sous sa
propre responsabilité.
- Elle produit des biens et des services pour le
marché, c'est-à-dire qu'elle produit pour la satisfaction des
besoins solvables entendus comme des demandes chargées d'un pouvoir
d'achat.
- L'entreprise vise la maximisation du profit.
Les entreprises privées se distinguent des
administrations publiques par le fait qu'elles visent le profit par la vente
des biens et des services sur le marché.34(*)
Par entreprise publique, le Dictionnaire
d'économie et de sciences sociales précité entend
une entreprise du secteur marchand contrôlée par l'Etat ou par une
collectivité publique35(*) .
La notion de contrôle renvoie soit à la
détention par l'Etat de la totalité ou de la majorité du
capital social, soit à la tutelle plus ou moins étroite
exercée par la puissance publique sur la gestion de l'entreprise.
Georges Vedel estime, pour sa part, que la notion
d'entreprise publique est l'une de celles dont la définition est la plus
malaisée36(*).
La doctrine a marqué les plus grandes
hésitations à en donner une définition univoque.
Ainsi J-M. Auby et R. Ducos-Ader retiennent comme
critères de définition des entreprises publiques deux
éléments : une activité spécialisée
dans le caractère économique et l'intérêt
général, d'une part, (notion plus large que celle de service
public) et une activité industrielle et commerciale, d'autre
part37(*).
André De Laubadère caractérise
l'entreprise publique comme une variété au sein du service public
industriel, caractérisée par une assimilation
particulièrement poussée aux entreprises du secteur
privé38(*).
La synthèse de différents
éléments (doctrine, textes des lois français et
jurisprudence) ont amené Georges Vedel à définir
l'entreprise publique par des éléments positifs et des
éléments négatifs.
Comme éléments positifs, il y a :
- la personnalité morale et l'autonomie
financière
- un objet industriel ou commercial
- un mode de gestion ou de fonctionnement très proche
de celui des entreprises privées
- une impulsion ou un contrôle de l'Etat ou de personnes
publiques
Comme éléments négatifs, l'entreprise
publique n'est pas nécessairement un établissement public et ne
gère pas nécessairement un service public, elle se
différencie de l'entreprise privée en ce qu'elle ne peut avoir
pour objet exclusif la réalisation des bénéfices. Car,
même si elle est soumise aux lois du profit et de la rentabilité,
elle ne peut négliger l'intérêt
général39(*) .
En droit congolais, la définition de l'entreprise
publique varie selon les époques : la formule fut d'abord
utilisée pour désigner les sociétés
nationalisées.
Ainsi en 1966, le refus de la Belgique de transférer
le siège social de l'UMHK de la Belgique au Congo entraîna,
dès le 1er janvier 1967, sa naturalisation. 40(*)
De même, dans le cadre de l'application des mesures
économiques du 30 novembre 1973 (mesures de zaïrianisation), puis
de radicalisation du 30 décembre 1974, l'Etat congolais reprenait les
grosses unités agro-industrielles et les grandes unités
jugées stratégiques.41(*)
Ensuite, aux entreprises résultant de la
personnification de certains services de l'Administration publique (cas de
l'OFIDA, RVM, OVD). L'adoption d'un texte précis, tantôt une
Ordonnance - Loi, tantôt une ordonnance tout court, permit à
l'Etat de créer des établissements publics à
caractère industriel et commercial et même administratif (cas
SONAS, OCC, FPI ...)
Ainsi, avant le 06 janvier 1978, on parle de la
Société d'Etat. Il est précisé que la
Société d'Etat est un établissement public à
caractère industriel et commercial doté de la personnalité
juridique et placé sous le contrôle de l'Etat.
A l'analyse, selon le doctrinaire du droit des
Sociétés Lukombe Nghenda, la notion
« d'établissement public à caractère industriel
et commercial » pourrait être subdivisée en
« établissement public » et « à
caractère industriel et commercial ».
L'établissement public s'entend comme l'affectation
réalisée par les autorités publiques d'un patrimoine
à un service public42(*). Il s'agit autrement de la gestion d'un ou plusieurs
activités d'intérêts publics par un service public
personnalisé.
Par ailleurs, le mot « à caractère
industriel et commercial » souligne le fait que dans le secteur
économique et à l'instar des Sociétés
formées par les particuliers ou ceux-ci et l'Etat, les
établissements publics concernés se déploient à des
activités industrielles et commerciales43(*).
Dès lors, l'établissement public à
caractère industriel et commercial est saisie comme « une
entreprise à entendre au sens de tout groupement organisé et
personnifié, dont la finalité est la satisfaction des besoins
collectifs ou intérêt général par l'accomplissement
des activités industrielles ou commerciales » 44(*).
Enfin, depuis le 06 janvier 1978, toute Société
d'Etat est à définir comme étant une entreprise
publique.
En effet, l'article 2 de la loi n°78-002 du 06 janvier
1978 stipule que par entreprise publique, il faut entendre « tout
établissement qui, quelle que soit sa nature :
1) est créé et contrôlé par les
pouvoirs publics pour remplir une tâche d'intérêt
général ;
2) est créé à l'initiative des pouvoirs
publics entre eux pour l'exploitation en commun d'un service public ou d'une
activité donnée ;
3) est créé à l'initiative des personnes
morales de droit public entre elles pour l'exploitation en commun d'un service
public ou d'une activité donnée ;
4) est créé à l'initiative des personnes
publiques en association avec les personnes morales de droit public pour
l'exploitation en commun d'un service public ou d'une activité
donnée »45(*) .
Cinquante cinq (55) entreprises publiques et soixante quatre
(64) entreprises mixtes constituent le patrimoine géré par le
Ministère du Portefeuille congolais. L'administration interne de ce
ministère est composée par : le secrétariat
général, le Conseil Supérieur du Portefeuille (CSP) et le
Comité de Pilotage des Réformes des Entreprises Publiques
(COPIREP) 46(*). Ce
Comité a reçu pour mission de réorganiser le secteur des
entreprises publiques et pour objectif final de relancer les activités
économiques.
Actuellement, quatre projets de loi47(*) précisent la
réforme. Ces quatre projets de loi portent sur :
- la transformation des entreprises publiques
- les dispositions générales applicables aux
établissements publics
- le désengagement de l'Etat
- l'organisation et la gestion du portefeuille de l'Etat.
Cette réforme, amorcée en 2001 avec l'appui de
la Banque Mondiale se développe sur les quatre axes suivants :
- la modernisation du cadre juridique et institutionnel des
entreprises publiques
- le désengagement de l'Etat des activités
marchandes
- le développement et la promotion du secteur
privé et le renforcement du rôle normatif et régulateur de
l'Etat dans l'activité économique.
SECTION II : THEORIES SCIENTIFIQUES DE BASE
S'agissant des théories scientifiques de base, nous
précisons dans cette section les auteurs et les théories qui nous
ont inspiré comme modèles d'analyse.
Selon François Dépelteau, le choix ou la
construction d'une théorie se fait concrètement en trois
opérations.
D'abord, le chercheur revient sur son exploration et
procède à l'inventaire des théories pertinentes à
son sujet d'étude.
Ensuite, il procède à l'examen critique de
chacune des théories répertoriées.
Enfin, il en adopte une, la modifie ou en construit une
nouvelle48(*).
Pour notre part, nous avons répertorié plusieurs
théories dont : la théorie systémique, la
théorie fonctionnaliste, la théorie des organisations et la
théorie du management public.
De ces quatre théories, nous avons retenu la
théorie systémique comme théorie principale, mieux, comme
modèle d'analyse principal, et celle fonctionnaliste comme modèle
secondaire.
Le choix de ces deux théories ne relève
nullement de l'arbitraire.
En effet, le management public et la théorie des
organisations s'inspirent énormément de la théorie
systémique ou de celle fonctionnaliste.
Nous avons donc retenu le modèle d'analyse
systémique et celui d'analyse fonctionnaliste puisqu'ils nous permettent
de mieux cerner le rapport entre les pouvoirs publics et la crise de la
Gécamines.
II.1. THEORIE SYSTEMIQUE.
L'analyse systémique ou l'analyse en termes de
systèmes est « toute recherche théorique ou empirique
qui part du postulat que la réalité sociale présente les
caractères d'un système, pour interpréter et expliquer les
phénomènes sociaux par les liens d'interdépendance qui les
relient et qui les constituent en une totalité»49(*).
Dire que la réalité à étudier
forme un système signifie qu'on lui attribue les
propriétés suivantes :
1) Elle est constituée d'éléments ayant
entre eux des rapports d'interdépendance ;
2) La totalité formée par l'ensemble des
éléments n'est pas réductible à leur
somme ;
3) Les rapports d'interdépendance entre les
éléments et la totalité qui en résultent
obéissent à des règles qui peuvent s'exprimer en termes
logiques.
L'idée est qu'un système réagit
globalement, comme un tout, aux pressions extérieures et aux
réactions de ses éléments internes50(*).
Bertalanffy est généralement
considéré comme le père de la théorie
systémique moderne. Il constatait au début des années 20
qu'il y avait des lacunes évidentes dans la recherche et la
théorie en biologie.
L'approche mécaniste alors dominante semblait
négliger, sinon carrément nier, précisément ce qui
est essentiel dans le phénomène de la vie. Il prôna alors
une conception organismique en biologie. Cette conception met l'accent sur la
prise en compte de l'organisme en tant que tout ou système. 51(*)
A ce titre, il y a la prédominance du tout sur la
partie dans l'examen des objets d'étude, l'opposition à une
approche mécaniste et l'importance à donner à
l'organisation du tout pour la compréhension de l'organisation.
A mesure qu'apparaissaient, se précisaient et
s'agençaient les uns par rapport aux autres les divers concepts de
Bertalanffy à savoir : l'entropie52(*), l'homéostasie53(*), l'équifinalité (capacité d'un
système à atteindre l'état d'équilibre à
partir de différentes conditions initiales et par des voies
différentes), le feed-back, la téléonomie (l'étude
du maintien de la stabilité structurelle d'un système), la
téléologie (entendue comme l'étude des systèmes
acceptant différentes plage de stabilité structurelle) (...),
émergeaient progressivement la notion de système ouvert et la
théorie qui la supporte. 54(*)
Deux constats concernant les systèmes sont
incontournables aux yeux de Bertalanffy. Le premier a trait à
l'omniprésence de ceux-ci : les systèmes sont partout, la
réalité empirique est faite des systèmes.
La complexité est omniprésente et exige un
regard non parcellaire qui tienne compte de l'ensemble, du tout. Bref, une
vision systémique s'impose dans tous les champs de la connaissance.
Le deuxième constat est qu'il existe des
isomorphismes, c'est-à-dire des similarités dans les structures
des systèmes que l'on retrouve dans différents champs
d'investigation. Découvrir ces isomorphismes, c'est allé au coeur
des principes d'organisation.
De la biologie, la théorie systémique s'est
étendue aux organisations humaines vues comme des systèmes
ouverts devant s'adapter à leur environnement. Cette vision
systémique marque le champ des théories de l'organisation ainsi
que celui des systèmes d'information. Il en va de même des
concepts de « tout », de « synergie »,
« d'adaptation », etc. qui sont transférables d'un
domaine de la science à l'autre.
Maurice Landry et Claude Banville caractérisent les
approches systémiques en gestion comme étant des tentatives
délibérées de mise au point de démarches originales
d'intervention interdisciplinaires pour aborder des problèmes complexes
de gestion.
La gestion dont il est surtout question est celle portant sur
des problèmes à portée (sociale, économique,
organisationnelle, managériale...) concrète dans lesquels le
chercheur doit appuyer simultanément sa démarche sur des objets
« durs » et sur des objets
« mous ».55(*)
Les objets de connaissance dits « durs »
sont ceux des sciences de la nature « exactes ». Tandis que
les objets « mous » sont ceux des sciences du
social56(*).
En science politique, la théorie systémique a
été développée par David Easton dans son ouvrage
A system analysis of political life (New York, Jolin Willey et
Son, 1965).
Easton formalise un modèle systémique portant
sur les transactions entre le système politique et son environnement.
La vie politique est considérée comme un
mécanisme « entrée-sortie » ou
« inputs-outputs ». Les inputs proviennent de
l'environnement sociétal et sont constitués d'exigences et de
soutiens.
· Les exigences sont les demandes
adressées au système politique. Elles pénètrent ce
dernier après une conversion des besoins en exigences. Cette
première conversion s'effectue selon deux mécanismes de
régulation, la régulation structurale qui fait appel à la
notion de portier et à des rôles spécialisés dans la
formulation des exigences politiques, et la régulation culturelle qui
complète les freins mis en place par le système politique.
· La réduction, ou agrégation des
exigences politiques est un des principaux instruments de
régulation du flux des exigences spécifiques et variées en
exigence globale. C'est une fonction assumée, notamment par les partis
politiques et les syndicats.
C'est après cette réduction que le
système peut traiter les exigences et formuler des priorités ou
encore avancer des propositions de décision (issues en anglais). Les
« issues » portent sur le fond de la matière ou sur
les moyens d'action.
Le système peut être soumis à une
accumulation d'exigences, souvent contradictoires, pouvant créer une
surcharge.
· Le soutien. Cette notion lie le système
politique à son environnement. Sans soutien, le système
s'effondre devant la moindre surcharge. Il y a trois objets de soutien dans un
système politique : la communauté, le régime et les
autorités.
· Les « outputs »,
c'est-à-dire les productions du système politique. Celles-ci sont
des décisions et des actions. Elles résultent de la conversion en
son sein de « issues ».
· La rétroaction : les
« outputs » opèrent sur l'environnement, produisant
des effets qui donnent naissance à des nouvelles exigences et à
des nouveaux soutiens. Ainsi se développent des boucles
rétroactives, des relations dialectiques ininterrompues entre les
entrées et les sorties du système.
Le modèle théorique d'Easton a été
reformulé par Jean William Lapierre. Celui-ci distingue pour sa part, la
société globale, qui est une totalité concrète, des
systèmes sociaux, ensembles abstraits que le chercheur découpe
dans la société globale pour les besoins d'analyse.
Le système politique en ce sens n'est que
« l'ensemble des processus de décisions qui concernent la
totalité de la société globale » 57(*).
Si, d'une part, la décision politique est chez Easton
une « allocation autoritaire de valeur » et le
système politique limité dans la sphère nationale
principalement, d'autre part ; chez J. W. Lapierre, cette conception lui
semble réductrice de la réalité. Car le système
politique semble vague et désincarné. Easton ne
s'intéresserait uniquement qu'aux transactions du système sans se
pencher sur le rapport entre un système politique et d'autres
systèmes politiques.
Ici, il sied selon Lapierre de prendre aussi en compte
d'autres systèmes extra-sociétals à savoir les
sociétés globales du monde. Comme les autres systèmes
sociaux, les systèmes politiques sont des systèmes ouverts, qui
reçoivent et produisent des inputs et des outputs.
J.W. Lapierre distingue trois catégories d'inputs
dont :
A) Les demandes
- Celles formulées comme demandes par les partis
politiques, les groupes de pression organisés, les manifestations de rue
ou autres.
- Celles passées par différents systèmes
de filtrage pour déboucher sur des processus de décision.
Certaines catégories ou classes sociales se retrouvent ainsi exclus de
l'accès au système politique.
- Celles résultant des actions en dehors de la
légalité, par la violence, souvent faites par ceux qui ont le
moins accès au système politique.
B) Les ressources et les
contraintes
Tout ce qui contribue à maintenir ou à
accroître les possibilités d'action du système. Les
contraintes sont tout ce qui peut limiter ou restreindre les
possibilités d'action du système.
Les contraintes peuvent être internes au système
politique (décision antérieures) ou externes à celui-ci,
c'est-à-dire lorsqu'elles sont issues d'autres systèmes sociaux
de la même société globale, ou proviennent d'autres
sociétés extra-sociétals par rapport à une
société globale58(*). De chaque système peuvent être
tirées des ressources ou des contraintes. Dans le cas du
sous-système culturel, il pourra s'agir, par exemple, du soutien
qu'apporte une tradition à l'esprit d'entreprenariat ou des contraintes
résultant du dualisme culturel.
Préoccupé surtout par le problème de la
persistance des systèmes politiques, Easton accorde une grande
importance aux ressources d'origine culturelle pour maintenir le
caractère obligatoire de décisions politiques sans recourir
à la coercition. L'élaboration des solutions passe par des
« représentants-solution ». Ceux-ci sont issus des
groupes d'intérêt et de pression. Ils se présentent comme
des portes-paroles auprès des pouvoirs publics auxquels ils proposent
des solutions. Ces solutions peuvent être réactionnaires (retour
à un état antérieur), conservatrices (maintien de
l'état actuel), réformistes (apporter un changement partiel), ou
révolutionnaires (changement plus important) et entraîner des
feedbacks négatifs ou positifs. L'absence de solution tend à
maintenir les états de crise et à renforcer les
extrémismes.
De la théorie systémique de David Easton, deux
limites sont généralement avancées :
D'abord l'excès d'abstraction. Ensuite, l'obsession du
concept de persistance du système59(*).
J.W. Lapierre insiste sur le fait que le système
politique est un système décisionnel et non un système
programmé.
En effet, le système politique évolue
constamment dans une situation d'information incomplète ; tant au
niveau des inputs que des outputs. Alors que l'exécution d'un programme
consiste à appliquer un ensemble d'instruction, ce qui suppose un
degré limité d'incertitudes, la décision est le
comportement qui permet d'opérer des choix entre plusieurs.
Sans trop nous étendre sur l'origine et le contenu de
la théorie systémique, brossons brièvement quelques
analyses concrètes faites par des auteurs récents sur la crise
systémique en R.D.Congo.
Dans La Pratique du management des
entreprises60(*),
le professeur Kalunga Mawazo consacre le cinquième chapitre à
l'analyse managériale de la faillite de l'entreprise publique en R.D.C.
Une analyse moins mécanique de toutes les unités publiques de
production (Gécamines, S.N.C.C., S.N.E.L., ...), l'amène à
affirmer la responsabilité parentale du système capitaliste
mondialisé. Les économies « centrales »,
faisant face aux problèmes de baisse tendancielle du taux de profit au
centre et à celui de la dévaluation massive des recettes
générées par le culte de la capitalisation, recherchent
des solutions défavorables aux économies
« périphériques ».
Parmi ces solutions, il y a la délocalisation
industrielle vers la périphérie où la modicité des
salaires et la faiblesse de prix des matières premières
permettront la réalisation des surprofits en compensation de ceux perdus
au centre à cause des réclamations ouvrières
intempestives.
Une autre solution est la dynamisation de prêt à
court, moyen et long termes au détriment des pays pauvres. Ces
prêts quasi-imposés et artificialisés sous le vocable
« d'aides extérieures », « aides au
développement », « dons », sont
généralement assortis des taux d'intérêt
exorbitants61(*).
Pour assurer la réussite de ces stratégies et le
contrôle des richesses à puiser dans les pays faibles, le grand
capital a mis sur pied et entretient des mécanismes de
« compradorisation - instrumentalisation -
politico-économique » qui exigent à la tête des
Etats satellisés des dirigeants politiques nationaux acquis à sa
cause62(*).
Face aux réalités socio-économiques de
leurs Etats, les dirigeants des pays « faibles » se
retrouvent en face de deux lois à savoir : la loi de la
« provisoirité fonctionnelle »63(*) et la loi de l'anticipation
dans la maximisation des « utilités
économiques ». 64(*)
Comme conclusion, il ressort pour le professeur Kalunga Mawazo
qu'il faut briser ce cercle en remettant l'entreprise publique au centre. Ce
qu'il appelle le « schéma du cercle
incidentiel ».
Car, les principes managériaux peuvent conduire
à l'abondance de la production sans toutefois créer la croissance
et le développement si les données systémiques ne sont pas
maîtrisées.
II.2. LA THEORIE FONCTIONNALISTE.
Deux tenants de cette théorie vont nous inspirer de
manière principale : Talcott Parsons et Kobert-Karl Merton65(*). Pour Talcott Parsons, le
fonctionnalisme est systémique et absolu. La société peut
être expliquée en partant des individus66(*).
Les individus sont porteurs de valeurs. En tant qu'acteurs
sociaux qui cherchent à optimiser leurs satisfactions, ils se donnent
des objectifs et déterminent les moyens les plus efficaces pour y
parvenir. L'action sociale résulte donc des choix individuels qui ont un
sens pour leurs auteurs.
Ces choix des individus sont des choix sous contraintes :
contraintes matérielles (ex. le revenu), mais essentiellement
contraintes symboliques. Car, la société véhicule des
valeurs et des normes qui orientent les actions.
Les actions remplissent des fonctions au sein d'un
système social. Cela signifie qu'elles servent à quelque chose,
qu'elles ont une utilité au niveau de la société.
La société est considérée comme un
système, c'est-à-dire, un objet complexe composé
d'éléments interdépendants dont la fonction principale est
d'intégrer les individus.
Ce système peut évoluer sans cesser de remplir
ses fonctions. Quelles que soient les évolutions au sein du
système ou des sous-systèmes, la cohérence demeure et il
ne peut y avoir de contradiction durable. Parsons se situe à l'antipode
de K. Marx pour qui l'histoire évolue dans une dialectique entre deux
classes.
Karl Merton relativisera la théorie fonctionnaliste de
T. Parsons et sa théorie sera appelée « théorie
fonctionnaliste relativisée ». il estimera que T. Parsons a
surestimé la fonction sociale intégratrice des actions
individuelles normales. Toutes les pratiques sociales n'ont pas
nécessairement une fonction intégratrice, d'une part et d'autre
part, l'intégration peut se faire par d'autres pratiques sociales que
celles qui sont dominantes. Il introduit une certaine indétermination
là où T. Parsons voyait de la nécessité67(*).
De R. K. Merton, nous avons hérité de nombreux
concepts qui seront utiles dans notre travail. Il s'agit, notamment, de la
distinction entre fonctions manifestes et fonctions latentes68(*), le concept de rôle et
de statut69(*), la notion
d'équivalent fonctionnel70(*), la notion de dysfonction (Il s'agit des
éléments qui gênent l'adaptation ou l'ajustement du
système). Il en est le cas de certains éléments culturels
(conception des rapports sociaux dans une culture ...).
Par delà les constructions théoriques parfois
fort complexes, les théories fonctionnalistes posent finalement une
question très simple : A quoi sert un phénomène
social ? En termes sociologiques : quelle(s) fonction(s)
remplit-il ?
La réponse à cette question permet de mettre de
l'ordre dans le social en assignant une ou plusieurs fonctions à chaque
phénomène.
Il sied de reconnaître que le risque est alors grand de
considérer que tout ce qui existe est nécessaire à cet
ordre et de négliger les fractures parfois criantes du social.
En effet, ce qui semble prévaloir, c'est
l'idéologie intégrationniste et la foi dans le consensus en plus
de l' « ethnocentrisme » 71(*).
Il existe d'autres modèles qui méritent notre
attention notamment le courant de Vilfredo Pareto portant sur les élites
et leur circulation72(*).
L'avantage de la théorie de Pareto pour notre travail est justement le
fait qu'il montre qu'il est facile de remplacer une classe gouvernante qui est
surtout mue par des sentiments humanitaires, alors qu'il est difficile de
déposséder une classe gouvernante qu sait se servir de la ruse,
de la fraude, de la corruption, d'une manière avisée. La
tâche est encore plus difficile si le grand nombre de ceux qui sont au
pouvoir s'assimilent des personnes intelligentes, rusées sachant user
avec art des artifices que sont la ruse, le mensonge, la corruption (...) ils
deviennent alors les chefs de ceux qui sont disposés à faire
usage de la violence73(*).
Toute réalité est sensée obéir aux
exigences systémiques. L'analyse systémique n'est pas un
modèle panacée74(*).
Autrement face à une réalité bien
déterminée, il sied de prendre en compte les
éléments du système, les causes qui ont
générées ce qu'on observe.
Une réalité économique, politique,
sociale revêt les caractéristiques d'un système. Le cas du
rapport entre les pouvoirs public et la crise de la Gécamines n'en
échappe pas. Malgré l'inspiration des modèles
précités, notre modèle d'analyse systémique sera
adapté aux réalités politiques, économiques et
sociales de la République Démocratique du Congo, en
général, et du Katanga, en particulier. Il s'agit, à
proprement parler, d'une prise en compte de l'historicité congolaise
dans un modèle systémique d'inspiration eastonnienne.
CHAPITRE II.
PRESENTATION DE LA GENERALE DES CARRIERES ET DES
MINES
La Générale des Carrières et des Mines
(GCM, en sigle, et Gécamines, en abrégé) est une
entreprise publique congolaise dotée d'une personnalité
juridique. Portant le N° Identification nationale I.N.A01000M et
N°56993 au registre commercial de Lubumbashi.
Dans ce chapitre nous présentons en trois sections le
cadre géographique, l'historique, l'organisation et le fonctionnement de
la Générale des carrières et des mines.
SECTION 1 : CADRE GEOGRAPHIQUE
La Générales des Carrières et des Mines
est une entreprise publique congolaise dont le siège se trouve à
Lubumbashi. Les bureaux administratifs sont situés sur le Boulevard
Kamanyola n°419, dans la Commune de Lubumbashi, Province du Katanga.
De la Province du Katanga, il sied de préciser qu'elle
forme la partie Sud-Est de la RDC comprise entre 5° et 14° de
latitude Sud et 24° et 30° de longitude. Elle est bornée par
trois frontières :
- A l'Est, par la Tanzanie dont la frontière passe
essentiellement par 650 km du lac Tanganyika ;
- Au Sud-Est, se trouve la Zambie avec laquelle le Katanga
partage une frontière longue de plus de 1000 km ;
- Au Sud-Ouest par l'Angola ;
La Province du Katanga s'étend sur une superficie de
496.877 km2 et compte plusieurs villes dont :
- Lubumbashi (ville depuis 1941)
- Likasi (ville depuis 1943)
- Kolwezi (ville depuis 1971)
Ces trois villes importantes, en plus de la ville de Kipushi,
sont des centres importants des activités minières de la
Gécamines.
Les concessions minières de la Gécamines
s'étendaient sur 32.000 km2 avant que la
libéralisation su secteur minier, par la loi 007-2002 du 11 juillet 2002
portant code minier, n'en réduise l'importance75(*).
Les concessions et la production de la Gécamines sont
groupées autour des agglomérations ci-après : Kolwezi
et Lwena (groupe Ouest); Likasi, Kambove et Kakanda (groupe central);
Lubumbashi et Kipushi (Groupe Sud).
SITUATION GEOGRAPHIQUE DES 3 GROUPES OPERATIONNELS
DE LA GECAMINES76(*)
GROUPE OUEST
GROUPE CENTRE
GROUPE SUD
Du point de vue géologique, la province du Katanga est
constituée de trois types géologiques, à savoir le
Lualaba-Lubilashi, le Kundelungu et le Kibara 77(*).
SECTION 2 : HISTORIQUE
La société Union Minière du Haut Katanga,
ancêtre de la Gécamines, fut créée par décret
N°1473 du Roi belge en date du 28 octobre 1906. Elle fut constituée
le 30 octobre 1906 sous forme de société congolaise à
responsabilité limitée, au capital de 10 millions de francs.
Ce capital originel fut souscrit, en parts égales, par
Tanganyika Concessions Limited (T.C.L), groupe anglais, et par le Comité
spécial du Katanga (CSK), Société à Charte, qui
repassa ses droits à la société générale de
Belgique78(*).
Le décret du Roi belge indiquait l'objet principal de
l'activité que les promoteurs de la nouvelle société
entendaient lui assigner : « la société a
spécialement pour objet l'exercice des droits miniers et des autres
accessoires qui lui sont accordés par le Comité Spécial du
Katanga en exécution de la Convention intervenue le 19 juin 1900, entre
l'Etat indépendant du Congo et la Compagnie du Katanga, pour assurer la
mise en valeur des richesses du sol et du sous-sol du Katanga79(*).
La nouvelle société pouvait, à ce titre,
créer les établissements de commerce et d'industrie et effectuer
toutes les opérations nécessaires ou utiles au but social qu'elle
poursuivait. Une superficie de 34.000 km2 était
attribuée à la nouvelle société avec des pouvoirs
élargis en rapport avec la création des infrastructures80(*).
En 1923, T.C.L. n'ayant pas pu trouver les fonds
nécessaires à l'accroissement du capital de l'entreprise ne
possédait plus que 39% du capital81(*). La majorité de la société
devint ainsi nettement belge et la société passa de la direction
anglaise sous celle des Belges avec Jules Cousin comme directeur.
Dans les concessions qu'elle avait obtenue, l'Union
Minière du Haut - Katanga (UMHK) possédait juridiquement le droit
jusqu'en 1990 :
· D'exploiter tous les gisements de Cuivre dans une zone
déterminée d'environ 15 km2;
· D'exploiter tous les gisements d'étain dans une
zone sensiblement égale ;
· D'exploiter tous les métaux sans distinction qui
se trouveraient dans le bloc de la Ruwe.
En 1923, sur 150 mines et gisements reconnus, quatre seulement
étaient en exploitation régulière : étoile,
Kambove, Luishia, Likasi-Chituru82(*) . L'usine de Lubumbashi fut construite en 1911.
Un seul four était en service et permettait la production de plus de 900
tonnes de cuivre. Les autres fours furent successivement mis en service en
1913, 1914, 1916 et 191783(*). Ces fours permirent l'accroissement de la production
du cuivre dès lors qu'ils furent associés à une main
d'oeuvre abondante : 1911 (998 tonnes), 1912 (2.400 tonnes), 1914 (10.722
tonnes), 1918 (20.238 tonnes), 1930 (139.000 tonnes), 1931 (120.000 tonnes).
Au début de son existence, l'UMHK avait profité
de l'expérience et de l'organisation établies par T.C.L et
employa des travailleurs venus de Rhodésie (actuel Zambie). Ils
étaient presque tous célibataires et, pour ainsi dire,
saisonniers. De 1920 à 1925, 57% de ceux-ci étaient des
étrangers, le reste provenait en grande partie du Nord- Katanga et
étaient recruté par les soins de la Bourse de travail du Katanga.
Mais lorsque les territoires voisins n'offrirent plus de la main d'oeuvre
suffisante, l'UMHK recruta directement au Maniema, au Ruanda-Urundi et au
Kasaï84(*).
En 1928, débuta une politique de stabilisation de la
main d'oeuvre par l'amélioration des conditions de travail et de la vie
des familles noires. L'UMHK mit sur pied des stratégies attractives dans
les camps en vue de rendre ceux-ci attrayants et s'attirer ainsi les familles
des travailleurs migrants à stabiliser. L'objectif était non
seulement de faire des camps des lieux de socialisation, mais aussi et surtout
d'en faire des espaces de reproduction de la force de travail d'où
l'entreprise, en pleine expansion, « puiserait, à sa guise, sa
main d'oeuvre »85(*).
Misant sur une exploitation à très long terme
des ressources minières du Katanga, l'UMHK immobilisa des sommes
considérables dans la modernisation de l'outil de production, en plus de
l'amélioration des conditions de travailleurs noirs. Entre 1952 et 1961,
l'UMHK avait investi, dans les immobilisations, un capital de plus de 15
milliards de francs belges86(*).
Autour de l'UMHK plusieurs sociétés
s'étaient constituées :
· En 1925, la Société belge
d'Electricité et Traction et l'UMHK constituèrent, au capital de
15 millions de francs, la Société Générale des
Forces hydroélectriques du Katanga (SOGEFOR).
· En 1926 (février), les dirigeants de l'UMHK se
préoccupaient d'assurer l'approvisionnement de la société
en acide sulfurique et en acide gras et d'implanter au Katanga, par la
même occasion, les éléments de la base d'une grande
industrie chimique. Mais, ce n'est qu'en septembre 1929 que fut
constituée la Société Générale Industrielle
et Chimique du Katanga (SOGECHIM).
· En 1929, fut constituée également la
Minoterie du Katanga, filiale de l'UMHK ayant pour mission de ravitailler les
travailleurs africains en farine de maïs de qualité.
· Le 30 juin 1948, l'UMHK constitua en participation avec
les usines à Zinc belges, la Société Métallurgique
du Katanga (METALKAT) dont le rôle principal était de transformer
les concentrés de zinc en métal directement marchand.
Après le 30 juin 1960 (date de l'indépendance),
le contexte politique et économique va progressivement affecter la
structure de l'UMHK.
D'abord, entre 1960 et 1965, les ambitions
démesurées de certains sécessionnistes congolais
alliés aux convoitises économiques étrangères dont
celles des belges principalement, plongèrent la RDC dans un chaos
politique indescriptible.
Ensuite, par rapport à la période
précédente (période coloniale), 1960-1965 est
marquée par un reclassement important des différents
intérêts économiques coloniaux. Les grandes entreprises
conservaient largement leur position financière dominante.
Avec les rébellions naissantes et la sécession
du Katanga, la capacité d'intervention directe de l'Administration
centrale dans l'économie du Katanga s'était affaiblie
considérablement.
Enfin, entre 1966 et 1975, profitant des effets
bénéfiques d'une bipolarisation du monde entre les camps
communiste (URSS) et capitaliste (Etats-Unis), auquel la diplomatie du
régime dictatorial naissant de Mobutu fit totalement allégeance,
l'on observa une centralisation du pouvoir tant politique qu'économique.
Et l'UMHK et ses filiales seront nationalisées.
À l'accession du pays à l'indépendance,
l'UMHK était restée sous le contrôle étranger. Le
siège social était fixé à Bruxelles alors que le
siège administratif du Katanga était supprimé. En 1965 (3
février), le Congo obtenait 17,95% des parts sociales de l'UMHK. En
1966, le Congo augmenta les taxes à l'exportation de 17 à 30%.
Puis la même année, le retrait sans compensation, suivant la loi
Bakajika du 7 juillet 1966, de toutes les concessions minières
accordées sur le territoire nationale avant le 30 juin 1960. La
nationalisation sera proclamée le 2 janvier 1967 par l'ordonnance
présidentielle N°67-01 qui créait « la
Générale des Carrières et des Minerais »
(GECOMIN) entreprise d'Etat. Des nouveaux statuts seront signés, et par
l'O-L N°72-050 du 14 /09/1972 la Gécomin devient Gécamines
(Générale des Carrières et des Mines)87(*).
En 1975, suite aux difficultés économiques
résultant de la zaïrianisation et du besoin toujours croissant du
régime de centraliser l'économie, la Gécamines se verra
contrainte par les pouvoirs publics d'absorber les anciennes filiales de
l'UMHK.
Par une décision présidentielle du
1er janvier 1975, les sociétés suivantes furent
intégrées à la Gécamines :
· La Société de Laminoirs,
Tréfileries et Câbleries (LATRECA) à Lubumbashi
· La Société pour le commerce et la
fabrication des câbles électrique (CABELCOM) à
Lubumbashi
· La Société Industrielle de
matières Plastiques de Likasi (INDUPLAST).
· La Société Industrielle et
Métallurgique (SIMETAL) à Likasi88(*).
Ainsi fut progressivement alourdie la structure de gestion de
l'entreprise. Malgré cela, la Gécamines connaîtra
globalement une période de croissance jusqu'en 1986.
Le 02 novembre 1984 par ordonnance n°84-221, la
Gécamines devient une Société holging d'Etat avec trois
filiales : la Gécamines-commerciale, la
Gécamines-développement, la Gécamines-exploitation.
Dès l'année 1988, la Société va
connaître une crise sans précédent résultant de
plusieurs facteurs : le blocage par les bailleurs de fonds des
financements complémentaires. Cela occasionnera le retard dans la mise
en service des grands projets notamment du complexe concasseur-courroie dans
la grande carrière de LOV à Kolwezi. La Banque Mondiale avait
suspendu tout financement.
Avec le blocage des fonds de financements
complémentaires entre 1990-2000, la Gécamines s'est
retrouvée dans l'obligation de rembourser des emprunts pour des
investissements partiellement réalisés et non
opérationnels (cas du projet KOV-Courroie dont la réalisation fut
partielle)89(*) .
L'évolution de quatre indicateurs financiers :
chiffre d'affaires, résultat net, dettes et fonds propres
témoignent de cette crise sérieuse.
INDICATEURS ECONOMIQUES
|
ANNEES
|
1991
|
1993
|
1995
|
1998
|
Chiffres d'affaires
|
934.000.000 $
|
315.000.000$
|
379.000.000$
|
285.000.000$
|
Résultat Net
|
-159.000.000 $
|
- 276.000.000 $
|
-584 .000.000 $
|
-297.000.000 $
|
Dettes
|
851.000.000 $
|
840.000.000 $
|
1.038.000.000$
|
1.401.000.000$
|
Fonds propres
|
904.000.000$
|
507.000.000$
|
128.000.000$
|
- 471.000.000$
|
Données tirées de FORUM DE LA SOCIETE CIVILE DE
LA RDC, Révision des contrats miniers en RDC : rapport
consolidé des 12 contrats, Kinshasa, CEPAS, 2007, pp. 36-37.
A partir de 1991, comme le montre le tableau des indicateurs
économiques, la situation financière de la Gécamines s'est
dégradée à un rythme très
accéléré. La situation politique entre 1991-2000 a
été marquée par des crises politiques importantes :
contestation de la dictature de Mobutu par la Société civile et
les partis politiques d'opposition, rébellion armée de
L.D.Kabila. Partie de l'est de la RDC en octobre 1996, elle parvient à
conquérir le pouvoir à Kinshasa. Éclatement, en Août
1998, du régime de Kabila en rébellions armées selon les
factions ougandaises et rwandaises. Assassinat de L.D. Kabila le 16 janvier
2001. Négociations et partage des postes politiques et administratifs
entre les belligérants...Tous ces événements politiques
ont influé sur la Gécamines, qui le plus souvent en a
supporté financièrement l'effort. Plusieurs solutions furent
mises en oeuvre depuis 1995 pour sortir la Gécamines de son marasme. La
même année, la Gécamines avait reçu 40.000.000 $
d'Invest Banks Ltd(RSA) pour la réhabilitation partielle de ses
installations et 30.000.000$ en 1997 de la République sud-africaine pour
le projet Twiluzembe. Des partenariats momentanés furent
également mis en oeuvre pour le projet Kasombo 1 (1995-1997).
En 2002-2003 une opération départs volontaires
avec le concours de la Banque Mondiale permit la réduction des effectifs
des travailleurs de la Gécamines. Soit 10.655 travailleurs furent
assainis. D'autres actions visant la restructuration de l'entreprise, furent
entre autre, la signature entre la Banque mondiale, la Gécamines et
l'entreprise française de gestion SOFRECO d'un contrat portant sur la
stabilisation de la Gécamines ainsi que la multiplication des projets de
création des Joint-venture.
Ayant ainsi présenté l'historique de la
Gécamines, présentons brievement son organisation et son
fonctionnement.
SECTION III : ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT
L'organisation et le fonctionnement de la Gécamines
sont régis conformément aux dispositions des articles 6 à
24 de la loi 78-002 du 06 janvier 1978,portant disposition
générale applicables aux entreprises publiques.
Quant au cadre organique et le statut du personnel, ceux-ci
sont fixés par le conseil d'administration selon l'objet de
l'entreprise.
L'objet de la Gécamines est :
· La recherche et l'exploitation des gisements
miniers ;
· Le traitement des substances minérales provenant
de ces gisements ;
· La commercialisation et la vente de ces substances,
tant à l'état brut qu'après traitement ;
· Les activités de développement notramment
dans le secteur de l'élevage et de l'agriculture dans
l'intérêt de la Gécamines et de ses environs, et toute
autre activité connexe90(*).
III.1. ORGANISATION
En conformité avec les dispositions de l'article 5 de
la loi 78-002 du 06 janvier 1978, les organes collégiaux importants de
la Gécamines sont : le Conseil d'Administration, le Comité
de gestion, le Collège des commissaires aux comptes.
A. Du Conseil d'Administration
L'article 6 de la loi 78-002 du 06 janvier 1978 précise
qu'il est composé de cinq membres au moins et de neuf au plus,
appelés administrateurs, dont le Président
Délégué Général et deux directeurs choisis
parmi les directeurs de l'entreprise.
Il comprend donc de manière
générale :
1. Le Président Délégué
Général (PDG)91(*)
2. Le Délégué général
adjoint (DGA)92(*)
3. le Directeur Technique
4. le Directeur Financier
5. un Administrateur représentant le ministre des
Mines
6. un Administrateur représentant le ministère
de Finance
7. un Administrateur représentant le ministère
du Portefeuille93(*).
Les membres du Conseil d'Administration sont nommés
pour un mandat de 5 ans renouvelable et, le cas échéant,
relevés de leurs fonctions, par le président de la
République sur proposition du gouvernement
délibérée en conseil des ministres (article 7 telle que
modifié à ce jour).
Le décret présidentiel signé en date du
30 décembre 2005 avait nommé :
1. Monsieur Asumani Sekimonyo, Président du Conseil
d'Administration (PCA) ;
2. Monsieur Paul Fortin, Administrateur
Délégué Général (ADG) ;
3. Monsieur Calixte Mukasa Kalembwe, Administrateur
Délégué Général Adjoint (ADGA) ;
4. Monsieur Mwema Mutamba, Administrateur Directeur
Technique ;
5. Monsieur Michel Antoine, Administrateur Directeur Financier
(ADFI)
6. Monsieur Pascal Renardet, Administrateur Directeur
Technique Adjoint (ADTA) ;
7. Monsieur Joseph Mukania, Conseiller principal,
représentant du Cabinet du président de la
République ;
8. Madame Bamolo, Conseillère principale et
représentant du Cabinet du vice-président en charge de la
Commission Economique et Financière.
9. Monsieur Faustin Mpako, Directeur de Cabinet adjoint au
Ministère du Portefeuille94(*).
Le Conseil d'Administration a le pouvoir le plus étendu
dans le choix de la politique générale de l'entreprise. Il prend
des dispositions en rapport avec l'objet social de l'entreprise, sous
réserve ou approbation requises. Il oriente l'entreprise dans les
actions suivantes :
· Les opérations d'acquisition, de vente et de
prise de participation ;
· Les transactions, les cessions et d'une manière
générale, toutes les opérations nécessaires pour
réaliser l'objet social de l'entreprise.
· Enfin, l'élaboration et la présentation
du bilan. Le conseil d'administration en cette matière cède au
comité de gestion les soins de le faire et n'assure que la
vérification. Il peut également confier les pouvoirs
spéciaux à un ou plusieurs mandataires en déterminant
leurs attributions, appointements et primes éventuelles. (art.10)
B. Du Comite de Gestion
Il comprend :
1. l'Administrateur Délégué
général ;
2. l'Administrateur délégué
général adjoint ;
3. le Directeur d'exploitation ou technique ;
4. le Directeur financier
5. Le représentant du personnel de l'entreprise
Le Comité de Gestion a pour tâche de veiller
à l'exécution des décisions du Conseil d'Administration et
assure, dans la limite des pouvoirs lui délégués, la
gestion des affaires courantes. Il prépare, les comptes
économiques et surveille l'ensemble des services. Il se réunit au
moins une fois par semaine et chaque fois que l'intérêt de
l'entreprise l'exige.
C. Collège des Commissaires aux Comptes
L'entreprise est soumise au contrôle permanent de deux
commissaires aux comptes. Ceux-ci sont prévus par la loi-cadre. Les
comptes des entreprises publiques sont certifiés par le Conseil
Permanent de la Comptabilité au Congo.
D. De la tutelle
Il existe la tutelle technique et la tutelle administrative.
La tutelle technique est exercée par le ministère de Mines et
celle administrative par le ministère du Portefeuille. Les articles 40
à 43 de la loi de 1978 résument les pouvoirs de tutelle sans
déterminer les actes soumis à l'autorisation, à
l'approbation de la tutelle et sans enfin établir les critères
d'établissement desdits actes. A bien observer, la tutelle du
ministère du portefeuille insiste sur les aspects financiers et celle du
ministère des Mines sur les aspects proprement techniques.
La tutelle exercée par le ministère du
Portefeuille porte notamment sur :
- les acquisitions et aliénations
immobilières
- les emprunts et les prêts ;
- le plan comptable particulier ;
- le budget ou état des prévisions des recettes
et dépenses ;
- les comptes de fin d'exercice
- le bilan.
STRUCTURE DES GRANDES DIRECTION HIERARCHIQUES ET
ORGANIGRAMMES
1. STRUCTURE DES GRANDES DIRECTIONS
HIERARCHIQUES
DIRECTION GENERALE (DG)
SECRETARIAT
GENERAL (S.G.)
DIRECTION DE PLANIFFICATION RECHERCHE ET DEVELOPPEMENT
(PRD)
DIRECTION DE LA PARTICIPATION (DPA)
CENTRE DES PROFITS (CPR)
DIRECTION COMMERCIALE (DCO)
DIRECTION DE L'AUDIT INTERNE (A.I)
DIRECTION APPROVISIONNEMENT ET TRANSPORTS
(DAT)
DIRECTION DE STRATEGIES DU MATERIEL
(DSM)
DIRECTION DES RESSOURCES HUMAINES
(DRH)
DIRECTION FINANCIERE (DFI)
DIRECTION TECHNIQUE (DT)
DIRECTION OPERATION GROUPE OUEST
(D.O.X)
DIRECTION OPERATION GROUPE CENTRE
(D.X.C)
DIRECTION OPERATION GROUPE SUD
(D.X.S)
Trésorier
Contrôle de gestion
Source : Professeur TSHILONDA,
repris par MUYUK A CHAL, Gestion prévisionnelle des emplois et
des compétences à la Gécamines, Mémoire en
psychologie du travail, Unilu, 2004-2005. p. 34.
2. ORGANIGRAMME DE LA GECAMINES
(Organigramme général et organigramme
de la Direction des ressources humaines)95(*)
III.2. FONCTIONNEMENT
La Gécamines est dirigée par un Administrateur
délégué général secondé par un
Administrateur Délégué Général adjoint. Il
comprend 3 directions opérationnelles jouissant d'une autonomie de
gestion : le Groupe sud, centre et ouest.
L'exploitation minière se réalise dans les mines
à ciel ouvert et dans les mines souterraines. Les mines à ciel
ouvert :
Groupe centre : mines de Kamfundwa et de
Kamoya
Groupe ouest : mines de Dikuluwe,
Mashamba et Kov.
Les mines souteraines :
Groupe sud : mine de Kipushi.
Groupe ouest : mine de Kamoto.
Les minerais extraits subissent des opérations de
concentration par la flottaison avant d'alimenter les usines
métallurgiques. La Gécamines dispose des concentrateurs à
Kipushi, Kambove, Kakanda et Kolwezi.
La Gécamines dispose d'usines métallurgiques
d'une capacité de 135.000 tonnes de cuivre et 8000 tonnes de cobalt par
an à Likasi (usines de Shituru), de 175.000 tonnes de cuivre et 9.000
tonnes de cobalt à Kolwezi (Usines de Luilu), et de 65.000 tonnes de
zinc à l'usine à zinc de Kolwezi (UZK).
Pour les besoins de ses usines hydrométallurgiques, la
Gécamines produit de l'acide et de la chaux. Ces installations de
production sont situées à Likasi. Au siège de Luena, dans
le groupe ouest, la Gécamines exploite une mine de charbon dont la
production est utilisée pour la fabrication de la chaux et du ciment.
La Gécamines dispose à Lubumbashi d'un Laminoir
et d'une câblerie qui produisent des tôles en cuivre, des
profilés laminés en cuivre et des câbles nus ou
gainés. Deux ateliers importants, l'un à Likasi et l'autre
à Kolwezi, sont équipés de machines modernes et permettent
à la société de fabriquer des pièces de rechange et
de rénover les engins.
La commercialisation des métaux et autres produits
Gécamines s'effectue via les agents commerciaux ou directement avec les
consommateurs pour les contrats à long terme.
A la tête de chaque groupe est placé un
représentant de l'Administrateur Délégué
Général qui assure les fonctions de directeur, à la
direction des opérations de son ressort. Il est assisté par,
selon l'importance du groupe qu'il supervise, d'un ou de deux directeurs des
opérations adjoints.
La Gécamines dans son fonctionnement prend en compte
les aspects sociaux. En effet, l'entreprise développe un ensemble
d'activités dont l'objectif est le maintient du bien-être de ses
agents et des membres de leurs familles. Les soins médicaux sont
dispensés dans 3 cliniques et 4 mini-cliniques, 8 hôpitaux, 13
dispensaires périphériques, 15 permanences de la médecine
du travail.
L'enseignement pour sa part, représente une
infrastructure de 75 écoles primaires, 3 écoles secondaires
d'enseignement général, 1 école technique industrielle, 5
écoles de formation professionnelle industrielle, 5 lycées de
métiers pour les filles, 2 instituts techniques médicaux. Les
cercles récréatifs ainsi que bien d'autres infrastructures
sportives dont les stades et les piscines, les salles de jeux...Le logement est
un secteur dans lequel la société a aussi consenti de gros
investissements.
Au sein des groupes, il existe différents services
regroupés selon l'importance des activités. Avec la
restructuration de la Gécamines, les groupes dépendent de la
direction technique en ce qui concerne la production et sont sous la
supervision du directeur technique adjoint. Relèvent également de
la direction technique : la direction de la stratégie du
matériel, la direction des approvisionnements et transports, la
direction de la planification, recherche et développement.
Relèvent de la direction financière : la direction de
trésorerie générale et la direction de contrôle
général. Relèvent de l'administration centrale : la
direction de l'audit interne, la direction des ressources humaines, la
direction commerciale, la direction des participations96(*), la direction centre des
profits97(*).
Pour clore cette section, faisons un bref aperçu d'un
aspect important de l'entreprise à savoir le fonctionnement financier.
L'exercice financier de la Gécamines commence le 1er janvier
et finit le 31 décembre de la même année98(*).
C'est le conseil d'administration qui arrête chaque
année un état des prévisions des dépenses et des
recettes pour l'exercice à venir. Le budget de la Gécamines est
divisé en budget d'exploitation et en budget d'investissement.
Le budget d'exploitation comprend :
1. En recettes : les ressources d'exploitation et les
ressources diverses et accidentelles.
2. En dépenses : les charges d'exploitation, les
charges du personnel (y compris les dépenses de formation
professionnelle et toute autres dépenses faites dans
l'intérêt du personnel), les charges fiscales et toute autres
charges financières.
Le budget d'investissement comprend :
1. En
dépenses : les frais d'acquisition, de
renouvellement ou de développement des immobilisations de toute
nature.
2. En recettes : les
ressources prévues pour faire face à ces dépenses.
A la fin de l'exercice, le Conseil d'Administration fait
établir, après inventaire :
- un état d'exécution du budget, lequel
présente, dans ses colonnes successives, les prévisions de
recettes et de dépenses, les différences entre les
prévisions et les réalisations ;
- un tableau de formation du résultat et un bilan.
Il établit un rapport dans lequel il fournit tous les
éléments d'information sur l'activité de l'entreprise au
cours de l'exercice écoulé. Ce rapport est fournit aux pouvoirs
publics (les commissaires aux comptes certifient les comptes annuels, le
ministère du Portefeuille en apprécie aussi la pertinence).
Il sied préciser ici que l'Etat a mis en place
plusieurs mécanismes de contrôle de la Gécamines : le
contrôle par la direction Générale des Impôts, le
contrôle par le parlement (avec possibilité de convocation des
mandataires de l'Etat pour audition), la cour des comptes qui contrôle
les comptes de fin d'exercice.
Dans le chapitre qui suit, nous allons développer les
incidences des pouvoirs publiques sur la crise de la Gécamines.
CHAPITRE III.
LES INCIDENCES DES POUVOIRS PUBLICS SUR LA CRISE DE LA
GECAMINES
Par incidences, nous entendons les implications ou les
répercutions des pouvoirs publics sur la crise de la Gécamines.
Ces répercutions sont principalement politiques, économiques et
sociales.
Ce chapitre clé de notre mémoire se consacre
essentiellement à la vérification de nos hypothèses. Il
s'agira donc de confirmer, infirmer ou nuancer celles-ci.
Nous allons, en trois sections, développer les
incidences des pouvoirs publiques sur la crise de la Gécamines en
construisant à chaque section un schéma systémique
d'explication.
SECTION I. LES INCIDENCES POLITIQUES
Les incidences politiques peuvent être
subdivisées en trois phases majeures99(*) : La seconde rébellion (Août 1998 -
15 janvier 2001), la transition politique (2003-2006), la période
démocratique (2006- mars 2008).
I.1. Phase de la seconde rébellion (Août 1998-
janvier 2001)
Le contexte et la genèse des rébellions dites
« guerres de libération » méritent
d'être précisés pour mieux saisir les incidences que les
pouvoirs publics successifs auront sur la Gécamines. Le 17 mai 1997,
l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo
(AFDL) avec Laurent Désiré Kabila100(*), ancien rebelle des
années 1967-1986, comme porte-parole, s'empare de Kinshasa. Le pouvoir
de Mobutu, qui avait longtemps tenu grâce à une redistribution des
ressources nationales entre les alliés externes (Etats-Unis, France,
Belgique ...) et internes (armée, élites intellectuelles,
élites économiques et chefs traditionnels) s'était
écroulé101(*).
Succédant à Mobutu et au régime de la
2ème République, L.D. Kabila considérait qu'il
ne mettait pas seulement fin à une transition mais qu'il inaugurait une
nouvelle République, la troisième. Il instaura donc un mode de
gestion de fait assimilable à une nouvelle dictature102(*).
Ce monopole du pouvoir initialement détenu par L . D.
Kabila n'a pas duré longtemps. Les divergences d'intérêts
avec ses alliés ougandais et rwandais sont apparues. Sa demande formelle
au Rwanda et à l'Ouganda de retirer leurs troupes du Congo a
déclenché en août 1998 une guerre dite
« deuxième guerre de libération »103(*).
Pendant cette guerre, le gouvernement de Laurent
Désiré Kabila sera soutenu par l'Angola, la Namibie, le Zimbabwe
principalement. Le gouvernement occupera la moitié du territoire
national (soit le Bandundu, le Bas Congo, une partie du Kassaï Occidental
et Oriental, de l'équateur et du Katanga). Parmi les alliés de
Kabila, c'est le Zimbabwe qui va le plus s'impliquer dans la guerre. Pour le
Zimbabwe, la République Démocratique du Congo constituait aussi
une opportunité d'affaires commerciales. Le président Mugabe
avait engagé l'équivalent de 200 millions de dollars US, non
seulement pour financer la guerre, mais aussi pour investir dans le secteur
minier congolais.
Depuis 1998, l'armée zimbabwéenne était
aux cotés de Kabila autant à titre militaire
qu'économique : Zimbabwe Defense Force, via son entreprise
ZIDCO (Zimbabwe Defense Corporation), avait conclu de nombreux
contrats en République Démocratique du Congo. Les hommes
clés du système Mugabe, à l'époque, étaient
Emmerson Mnangagwa, ex-ministre de la justice du Zimbabwe, ainsi que le
général Vitalis Zvinavashe.
C'est dans le domaine minier que la présence
zimbabwéenne a été la plus visible. En 1998, L.D. Kabila a
concédé au zimbabwéen Billy Rautenbach, patron de
Wheels of Africa et administrateur de plusieurs
sociétés, la gestion de la société Gécamines
et l'exploitation de plusieurs concessions importantes de celle-ci. Il
protégeait ainsi tant ses propres intérêts que ceux du
Zimbabwe104(*).
Frappé par l'embargo sur les armes, L.D. Kabila a
d'abord été fourni par la Chine via le Zimbabwe, puis par la
Corée du Nord dans le cadre d'une coopération militaire. La
Corée du Nord a fourni des modèles d'obus et des mortiers devant
inspirer les experts congolais du CRPD (Centre de Recherche pour la Protection
et la Défense du territoire). Les activités de production du CRPD
étaient centralisées à Likasi dans les Ateliers Centraux
de Panda (ACP-Gécamines).
Sous la présidence de L.D. Kabila, la mine de
Shinkolobwe, fermée en 1961, avait été réouverte et
L.D. Kabila l'avait confié aux Coréens qui, en échange,
avaient installé une usine d'armement à Likasi105(*). Le personnel technique de
la Gécamines ainsi que les installations des Ateliers Centraux de Panda
(Gécamines-Likasi) furent mis à la disposition de la nouvelle
structure de fabrication des armes106(*).
Le stock de tuyaux de prospection minière de la
Gécamines, par exemple, fut utilisé par le CRPD pour la
production des mortiers. En effet, ces tuyaux avaient les mêmes
caractéristiques que ceux utilisés pour les canons des mortiers.
Le gouvernement congolais étant sous embargo des armes, le CRPD a
dû recourir aux tuyaux de prospection disponibles dans le stock de
Likasi. Nos recherches ne nous ont pas permis d'identifier la valeur exacte,
encore moins le nombre de ces tuyaux.
La proximité idéologique et matérielle
des hauts cadres (membres du conseil de gestion et de la
délégation générale) avec le régime
politique en place a joué de manière particulière pendant
la guerre, et cela par delà les critères de l'excellence ou de
probité.
L'outil de production, négligé lors du
régime précédent, n'a pas reçu non plus les
ressources nécessaires pour sa réhabilitation. La
Gécamines a été successivement l'objet d'une
prédation affinée des hauts cadres de l'Etat et leurs
alliés au sein de l'entreprise. Ceux-ci ont vidé les fonds de
roulement de l'entreprise, utilisés des cargaisons ou le stock tampon de
celle-ci à travers des sociétés privées et des
services qui relevaient directement des alliés zimbabwéens ou de
la présidence congolaise.
Comme dans le cas du CRPD. L'examen du bilan de 1998 de la
Gécamines nous montre qu'elle avait comme Fonds propres, un chiffre
négatif soit - 471 millions de dollars US, alors que le bilan de 1995,
période de guerre sous Mobutu, était encore positif soit 125
millions de dollars US. Quant aux dettes, la Gécamines avait une dette
qui s'élevait à 1.401.000.000 dollars107(*).
Certains grands contrats, en défaveur de la
Gécamines, ont été signés pendant cette
période pour financer la guerre. C'est le cas du Contrat entre la
Gécamines et Congo Mineral Fields signé en septembre
2000 pour le site de Ruashi-Etoile et dont la valeur a été
sous-évaluée lors de la signature. Le cas également de
Cobalt Metals Company Ltd, dont l'accord signé le 09 juin 2000
avec la Gécamines a porté sur la création d'une
joint-venture dite Ruashi Mining.
L'un de moyens sûrs d'obtenir l'engagement de certains
alliés dans la guerre que menait L.D.Kabila a été de leur
donner des incitations financières en leur ménageant des
possibilités de faire des affaires dans le secteur minier. Les capitaux
des alliés de L.D. Kabila pendant la guerre ont donc profité d'un
traitement préférentiel. A Kambove-Kakanda, une concession de
gisements de cuivre et de Cobalt avait été attribuée au
Groupe qui dépendait du Zimbabwéen Billy Rautenbach. D'autres
contrats seraient restés sur table quand L.D. Kabila fut
assassiné, le 16 janvier 2001108(*).
Sur ce modèle de prédation venu d'en haut, une
logique d'accaparement des biens de la Gécamines s'est propagée
lentement des cadres supérieurs aux cadres subalternes, puis des cadres
subalternes aux contremaîtres et ouvriers. Le vandalisme et les vols se
sont multipliés d'abord en 1997 puis en 1998-2001 dans les
différentes installations de la Gécamines. Le vol de
matières premières (concentrés de cuivre et de cobalt) se
faisant à grande échelle, a réduit les recettes
potentielles et a démotivé le personnel chargé de la
sécurité qui aurait pris aussi part au trafic.
Le rapport du groupe d'experts de l'ONU sur l'exploitation
illégale des ressources naturelles et autres richesses de la RDC avait
cité Monsieur Billy Rautenbach comme un acteur individuel clé qui
a permis au gouvernement congolais, non seulement d'avoir une mainmise sur les
ressources de la Gécamines, mais également d'assurer les
intérêts du Zimbabwe au sein de la Gécamines comme
ADG.
« La contribution de la Gécamines à
l'effort de guerre semble avoir eu lieu à deux niveaux. D'une part, un
tiers des profits de la société Générale des
Carrières et des Mines a été directement pris par le
Gouvernement en 1999-2000. D'autre part, le Gouvernement de la
République Démocratique du Congo a contribué indirectement
au financement des dépenses des forces armées
zimbabwéennes entre mai 1999 et octobre 2000 »109(*).
Par contribution indirecte, il sied d'entendre la
création de certaines entreprises privées exploitant les sites et
les installations de la Gécamines sans contrepartie, mais dont les
actions étaient réparties entre les hommes d'affaires
Zimbabwéens et les hommes politiques congolais proches du camp du chef
de l'Etat. Un des cas le plus précis est celui de la
Société Ridgepointe Overseas. Une partie des droits
d'exploiter les mines de la Gécamines avait été
transférée à Ridgepointe Overseas, apparemment
sans contrepartie expressément mentionnée. Le partage se faisait
directement entre Ridgepointe Overseas 80 % et le gouvernement
congolais 20%.
Alors que M. Billy Rautenbach était à la
tête de la Gécamines (de novembre 1998 à mars 2000), la
Gécamines versait les primes aux soldats zimbabwéens110(*). Des recherches faites
auprès de la direction financière de la Gécamines,
semblent confirmer ce rôle. Selon un des directeurs, la gestion
financière de la GCM sous Rautenbach était marquée par
une comptabilité ambiguë, sans centralisation des données.
Les frais des missions, colossaux, ne furent pas ventilés selon les
services mais étaient présentés globalement. Il en
était de même du budget d'investissement.
Nous n'avons pas pu cependant obtenir les montants, faute de
la documentation interne y relative. Nous pouvons conjecturer que certains
frais étaient justifiés par plusieurs dépenses internes
à l'entreprise. En effet, il était difficile pendant la
période de Rautenbach d'établir les dépenses de la
Gécamines en termes de frais de missions par service ou agent, alors que
ces frais étaient colossaux. Billy Rautenbach voulait instaurer un
nouveau système informatisé. A ce titre, il en a profité
pour éviter une coordination des différentes comptabilités
susceptibles de produire un document comptable plus détaillé en
termes de dépenses par secteur111(*).
Un autre acteur politique individuel clef pendant cette
période est Monsieur Katumba Mwanke112(*). Pendant la période de 1998-2001, il fut
gouverneur au Katanga et joua un rôle clé d'intermédiaire
très influent pour les transactions minières et diplomatiques.
I.2. Phase de la transition (2003-2006)
Pendant la transition, la politique du gouvernement congolais
a changé. Une nouvelle logique politique et économique s'est
installée. Il s'agit de la logique du dialogue et de partage du pouvoir
entre les différents belligérants d'une part, et le choix du
libéralisme économique chapeauté par la Banque Mondiale,
d'autre part.
La logique politique « du consensus »
s'est articulée dans une logique des compromis voire des compromissions.
Des nombreux rapports produits par les associations internationales ou
nationales de défense des droits de l'Homme soulignent à quel
point le pillage des ressources s'est poursuivi après la fin officielle
des hostilités113(*). En dépit des affirmations de principe, les
accords de Sun-City n'avaient pas pour objet premier de rentabiliser,
au profit de la nation congolaise et de sa population, la gestion des
ressources naturelles. Ces accords visaient à mettre d'abord fin
à la guerre, ensuite, à inciter les troupes
étrangères à quitter le territoire national et de
permettre le remplacement des circuits mafieux opérant sur le court
terme et dans un contexte de guerre par des opérateurs
économiques plus stables mais pas nécessairement moins avides. Vu
l'importance de l'exploitation illégale des richesses de la RDC par les
belligérants, l'aspect économique sera abordé enfin.
Pour mettre fin à l'exploitation illégale des
ressources naturelles en RDC, le dialogue intercongolais tenu à
Sun-City du 19 février au 25 avril 2002 adopta la
Résolution DIC/CEF/04 de la Commission Economique et Financière
qui demandait la mise en place par le parlement de transition dans un bref
délai d'une commission spéciale chargée de l'examen de la
validité des conventions à caractère économique et
financier conclues pendant les guerres de 1996-1997 et 1998-2001.
Le 21 avril 2004, l'Assemblée Nationale avait
nommé les membres de la Commission chargée d'étudier les
contrats signés durant la guerre comme le stipulait la résolution
de Sun City. Présidée par M. Christophe Lutundula Apala,
cette commission fut répartie en quatre missions principales114(*) :
a) mission Centre (les deux kassaï)
b) Mission Katanga
c) Mission Est (Nord et Sud-Kivu, Maniema, Province
Orientale)
d) Mission Ouest (Bandundu, Equateur, Kinshasa).
Si la commission s'attaquait au passé sombre des
accords pendant les guerres, les leaders politiques de la transition de leur
côté, n'affichèrent pas un modèle de bonne gestion
de la chose publique115(*). Le budget adopté en 2005, faisait
transparaître le partage du gâteau entre les
ex-belligérants.
Tout au long de la période de la transition politique,
la main mise des politiciens de l'échelon national sur les ressources
minières s'est intensifiée mais de manière plus subtile.
Il s'agit du système que l'ONG anglaise de défense des droits de
l'homme Global Witness appelle « le parapluie
politique » dans la conclusion des contrats miniers. Les acteurs
politiques basés à Kinshasa continuaient à jouer un
rôle direct dans tous les contrats miniers de la province du
Katanga116(*). Or, au
Katanga, la majorité des contrats portaient sur le patrimoine minier de
la Gécamines.
Les dirigeants politiques au sommet de l'Etat intervenaient
dans l'ombre par le jeu de trafic d'influence et par des ordres intempestifs
donnés aux négociateurs ou aux signataires des contrats. Ils ont
suivi également de près les activités de partenariats et
parfois y ont interféré. Ceci ressort de la manière dont
ceux-ci ont gelé l'information à livrer à la
Société Française de Réalisations et de
Constructions, SOFRECO, dans la politique de la restructuration de la
Gécamines.
Alors que Paul Fortin, expert SOFRECO, arrive en 2005
à la direction de la Gécamines comme Administrateur
Délégué Général, plusieurs rapports d'audits
ne lui furent pas transmis ou lui seront transmis le plus tard possible.
« Au niveau des partenariats, le diagnostic n'est
pas complet. En ce sens je voudrais que d'abord les partenariats
exécutent leurs obligations (sic). Que les partenaires se mettent au
travail ; que les études de faisabilité soient
complétées et que la démarche du partenaire soit celle qui
est prévue au contrat...il y a eu également un audit juridique
dont je n'ai toujours pas encore reçu le rapport final, j'attends donc
ces rapports complets... »117(*).
Même si la logique politique et économique
tendait au libéralisme avec le cantique de la bonne gouvernance qui les
accompagne, les pratiques de versement d'argents (comme pots-de-vin) ont
continué par l'intermédiaire des dividendes résultant des
sociétés minières crées par les politiciens tant
nationaux que ceux du Katanga. L'un des exemples est celui de la relation entre
Anvil-Mining et le politicien Katumba Mwanke. Il a été
directeur, parallèlement à sa fonction publique d'Anvil
Mining Congo (filiale congolaise d'Anvil Mining Inc.) de 2001
à 2004. Il a pu ainsi jouer un rôle important dans la
négociation du contrat pour Anvil Mining au Katanga.
Certaines allégations ont été faites
concernant des représentants des pouvoirs publics (gouvernorat,
magistrats...) qui auraient été impliqué dans les affaires
de vol. Dans nos enquêtes, nous nous sommes confronté au mutisme
sur ce dossier. L'un des éléments qui compliquent
l'identification claire et nette de liens avec les individus spécifiques
est le fait que ceux-ci oeuvrent généralement sans une
capacité officielle et que leurs noms n'apparaissent que rarement dans
les documents de la société ou sur tout autre papier se
rapportant aux transactions mafieuses.
Monsieur Dikanga Kazadi, chef des travaux à
l'Université de Lubumbashi (faculté de lettres), ambassadeur
congolais en Zambie jusqu'en 2005 et ancien conseiller politique de Katumba
Mwanke, lorsque celui-ci était gouverneur du Katanga est cité
dans certains rapports à coté de Katumba Mwanke. Membre influent
du PPRD au Katanga, Dikanga Kazadi a été et reste peut-être
étroitement impliqué dans les affaires de la Compagnie
Minière de Sakania (COMISA), qui exploite du Cuivre et du Cobalt
à Lonshi 118(*).
Néanmoins, nos recherches sur les liens entre les
gestionnaires de la Gécamines entre 1999-2005, nous ont montré
qu'il a existé un lien indéniable entre plusieurs gestionnaires
de la Gécamines et les pouvoirs politiques en place. Le pouvoir a
satellisé les gestionnaires dans sa logique de prédation. Il a
existé une élite qui dirigeait les opérations
minières au Katanga selon sa propre logique. Nous pouvons citer de
manière illustrative quelques acteurs importants : M. Mukasa
Kalembwe : fut promu directeur général adjoint lors du
changement réalisé dans la gestion de la Gécamines en
décembre 2005. Kabamba Twite fut aussi un acteur clé au sein de
la Gécamines comme président du Conseil d'Administration pendant
la transition. Nzenga Kongolo fut aussi un acteur clé comme
Administrateur Délégué Général pendant la
transition (écarté en décembre 2005). Assumani Sekimonyo,
très proche des autorités centrales au pouvoir à Kinshasa,
fut Administrateur Délégué Général Adjoint
et promu président du conseil lors de changements réalisés
en décembre 2005. Kasweshi Musoka qui fut directeur technique durant
toute la transition, Kabongo Umba, qui fut directeur financier pendant toute la
transition.
Au niveau organisationnel, le cadre juridique qui
réglemente la direction de la société dépouille
délibérément celle-ci du pouvoir exécutif
réel. Les véritables décideurs restent le Ministre des
Mines ainsi que les différents conseillers du Chef de
l'Etat. Cette situation, avait conclu le rapport d'audit de la
société Britannique International Mining Consultants
(IMC), « organise l'irresponsabilité de la direction de la
Gécamines »119(*). Comme proposition, le rapport du l'IMC
présenté en 2003 à la Commission Interministérielle
Economique et Financière (ECOFIN), présidée pendant cette
période par le Vice-président Jean-Pierre Bemba, suggérait
que, vu la satellisation de la direction de la Gécamines par les
autorités politiques, tous les membres en fonction, directeurs et
administrateurs, devraient immédiatement être remplacés. Au
nouveau Conseil d'Administration devraient être ajoutés des
experts indépendants capables de renégocier les différents
partenariats de la Gécamines, en commençant par les plus
importants (Kamoto, Tenke-Fungurume, etc.)120(*). La stratégie présentée par
l'IMC stipulait qu'il fallait valoriser les actifs de la Gécamines qui
n'avaient pas encore fait l'objet des accords fermes.
On note par exemple qu'en mars 2003, le président
Kabila avait décrété la création d'un Comité
Permanent pour la Restructuration de la Gécamines121(*). Cette mesure a
été prise, en fait, de manière stratégique pour
empêcher l'opposition politique d'avoir une mainmise sur la
Gécamines. La décision intervenait trois mois avant que,
conformément à l'accord global et inclusif, un membre de
l'opposition remplace M. Jean-Louis Nkulu, très proche du
président J. Kabila, comme Ministre des Mines. Ce décret avait
formellement transféré la tutelle
« administrative » de la Gécamines au
Président. Selon le journal en ligne Africa Mining Intelligence
n°66, du 23 juillet 2003, cette mesure visait à éviter que
l'application de l'Accord global et inclusif ne prive le clan Kabila de ses
pouvoirs sur la plus importante entreprise minière du pays : la
Gécamines. Au niveau du gouvernement central, une élite politique
(présidence, ministère des Mines...) contrôlait
l'entreprise à travers les différents gestionnaires de la GCM,
tandis qu'au niveau local, les vols s'organisaient et se sont poursuivis
jusqu'en 2006.
S'agissant des vols pendant cette période, ceux-ci
consistaient en vol des minéraux bruts par des individus en
collaboration avec certaines gardes industrielles, aux opérations
criminelles de grande ampleur consistant à pénétrer par
effraction dans les usines de la Gécamines ou à voler des
câbles en cuivre servant à l'approvisionnement en
électricité. Aucune enquête concluante sur ce dossier n'est
disponible à ce jour122(*).
Le journal de l'entreprise Gécamines, Mwana
Shaba, avait en octobre 2006 produit un article qui lançait un cri
d'alarme sur le vol des concentrés de la Gécamines à
Kolwezi :
« Le vol des concentrés de cuivre a atteint
des proportions inquiétantes. Au moins 2000 tonnes des concentrés
franchissent chaque jour le pont Lualaba à destination de
l'étranger. Une telle hémorragie ne saurait être possible
que dans le cadre d'une conspiration. Monsieur Paul Fortin et toute son
équipe se trouvent donc en face d'une organisation agissant dans
l'ombre. (...) s'adressant au Maire de la ville, M. Fortin a expliqué
que les concentrés de la Gécamines sont la matière
première qui permet à l'entreprise de réaliser des
objectifs de redressement au bénéfice de la Gécamines et
de la population de Kolwezi. Alors si des mesures ne sont pas prises par les
autorités politico-administratives de la ville de Kolwezi, cela implique
que la Gécamines est privée de ses ressources nécessaires
à sa survie »123(*).
Mais une semaine seulement après la visite à
Kolwezi de l'ADG, M. Paul Fortin, un nouveau cas de vol s'est produit : En
plein jour, des éléments armés avaient tenté de
reprendre 3 camions chargés de concentrés saisis par la Garde
industrielle de la Gécamines au niveau du pont Lualaba.
Accompagné par le gouverneur de province de
l'époque, Dr Kisula Ngoie, l'ADG, M. Fortin comptera sur ce dernier pour
sensibiliser les autorités politiques. Le discours du gouverneur
s'était alors tourné de manière particulière vers
les membres du conseil de sécurité de la ville qui semblaient
amorphes en face de telles situations.
Le rôle de La Banque Mondiale s'est accentué
pendant la transition, profitant de la faible capacité
d'autodétermination des acteurs de la transition. Ainsi entre le 11
août et le 22 septembre 2003, le gouvernement congolais avait
signé avec la Banque Mondiale, des accords de crédit sur 6 ans de
120 millions de dollars dans le cadre du « Projet
Compétitivité et Développement du Secteur
Privé » (PCDSP), « véritable charte du
libéralisme économique en RDC »124(*).
I.3. Phase démocratique (2006 - mars 2008)
A l'approche des élections de 2006, les
intérêts du camp politique de Joseph Kabila dans le secteur minier
s'intensifièrent et des « contributions » aux
allures de corruptions se seraient poursuivies directement ou indirectement.
L'analyse de la lettre du 20 septembre 2005 émanant du président
et rapporteur du PPRD, M.M. Dieudonné Mwenze et Richard Muyej,
constituent une preuve indirecte de l'importance des hommes d'affaires du
Katanga tels Forrest ainsi que du rôle informel assigné aux
gestionnaires de la Gécamines et la Société Nationale de
Chemin de Fer du Congo.
De la lecture de cette lettre, en annexe de notre travail, il
ressort que des hauts cadres de la Gécamines dont les noms sont
expressément cités, ont contribué de manière
significative à l'implantation du parti du président Kabila au
Katanga, en contrepartie certains d'entre eux vont conforter par la suite leurs
positions dans l'entreprise ou dans le gouvernement:
« Concernant les cotisations, les mandataires des
deux grandes entreprises locales, la Gécamines et la SNCC, ont
contribué efficacement de manière à faire rayonner le
message du PPRD dans tout le Katanga. `Nous recommandons vivement toutes ces
personnes à l'attention de la hiérarchie du parti : Ir.
Mukasa Kalembwe, Ir Kabamba Twite, Ir Nzenga Kongolo, Mr Assumani Sekimonyo,
Ir. Kasweshi Musoka, M. Umba pour la Gécamines... `»125(*).
A l'heure actuelle, il s'observe une tergiversation du
gouvernement Gizenga sur la revisitation des contrats. La stratégie du
gouvernement démocratiquement élu est une fuite en avant
consistant justement à affirmer haut et fort que les contrats seront
revus au cas par cas.
D'un côté, le gouvernement
démocratiquement élu reconnaît qu'il y a eu des contrats
léonins mais de l'autre, tergiverse pour une révision
conséquente de ces contrats. Le Ministre de Mines, Martin Kabwelulu,
avait signé en date du 20 avril 2007, après une forte pression de
l'opinion publique tant nationale qu'internationale l'arrêté
n° 2745/CAB. MIN/MINES/01 du 20 avril 2007 portant création de la
Commission Ministérielle chargée de la revisitation des contrats
miniers en RDC. Dans son allocution du 11 Juin 2007, il précisait que
la revisitation permettra à la partie RDC de voir un peu plus clair la
manière dont ses ressources minières ont été
cédées ou liées aux tiers. C'est donc une question de
s'autodéterminer autrement, en appelant nos partenaires à plus de
justice et d'éthique dans les affaires126(*).
En ce qui concerne le processus de revisitation proprement
dit, le Ministre des Mines Martin Kabwelulu avait transmis une liste de 60
contrats tels qu'ils ont été signés. Son
Arrêté précisait que lors des travaux, les contrats
seraient catégorisés en partenariats viables (A), moins viables
(B) et non viables (C). Le ministre avait fixé un délai de 3 mois
pour les travaux de la commission soit du 15 mai au 15 juillet 2007 et le
rapport était attendu en août 2007.
S'agissant des 60 contrats, 31 concernaient la
Gécamines.
Schéma systémique de la crise de la
Gécamines à partir des incidences politiques
DONNEES D'ENTREE EN PROVENANCE DE
L'ENVIRONNEMENT
1. Exigences des Pouvoirs
publics
- Pendant la guerre, la
Gécamines doit fournir des ressources nécessaires
pour faire face à la rébellion : installations (Ateliers
Centraux de Panda), personnel technique au service du CRPD. Les gestionnaires
nommés ont comme objectif de mobiliser les ressources de la GCM pour la
guerre. D'où contrats déséquilibrés avec les
alliés militaires du Gouvernement.
- Pendant la transition : les
recettes de la Gécamines doivent permettre de faire fonctionner les
institutions pléthoriques de la transition. Contrôle de la
Gécamines par des Institutions conflictuelles (Présidence,
ECOFIN, Ministère des Mines) chacune agissant selon son obédience
politique. Résultat : contrats déséquilibrés
se poursuivent. Privatiser le secteur minier comme exigences de la Banque
Mondiale.
- Après les élections,
confortation du pouvoir de J.Kabila. Projet de restructuration de la GCM avec
l'assistance de la BM. Nécessité de revoir les contrats conclus
entre GCM et les multinationales dans la création des entreprises
communes. Pressions sociales de la société civile et des agents
GCM.
2. Ressources
- Mines de la GCM cédées aux Entreprises
privées multinationales (proches du Zimbabwe). Réduction ou non
payement des salariés GCM. Rapportent des liquidités à
l'Entreprise.
- Pendant la
transition : Financement de la Banque Mondiale,
contrats de JV signés à la va vite pour apporter des ressources
rapidement au régime en place, sans tenir compte de la valeur des actifs
engagés.
-Pendant la période
démocratique : Capitaux frais
apportés par la Banque Mondiale et présence de SOFRECO qui
acquiert plus de capacité de négociation et de contrôle sur
les recettes des partenariats. Projet de revisitation des contrats
miniers.
3. Soutien /indifférence
- Pendant la guerre : soutien
du régime par les gestionnaires de la GCM et les agents impliqués
directement dans l'opération fabrication armes. Indifférence des
agents GCM non impliqués (vols, détournements divers).
- pendant la
transition : Les mandataires profitent de
l'impunité pour se servir et servir leur obédience (famille
politique). Les ressources de l'entreprise servent à apaiser les
ex-belligérants (1+4). Spoliation des actifs.
- pendant la période de
démocratisation : Soutien des gestionnaires
GCM à la Banque Mondiale et au pouvoir en place avec la présence
des experts du SOFRECO. Indifférence puis soutien des agents GCM
à l'ADG fortin de suite du payement régulier des salaires.
Soutien de la société civile pour que soient revus les
différents contrats GCM.
GECAMINES
1. Structures de gestion fortement dépendant des
pouvoirs publics : prédominance de la Présidence. Les
gestionnaires répondent plus de la présidence que des
Ministères de tutelles.
2. Accumulation d'une expérience technique
élevée des agents GCM mais vieillissement de ce personnel. Baisse
de l'activité productive a entraîné des
arriérés de salaires.
3. Conception pessimiste de l'équipe de gestion
congolaise de la GCM par les salariés frustrés.
4. Méthodes de contrôle standardisées pour
le personnel de collaboration et d'exécution, mais basées sur la
fidélité au régime en place pour les mandataires
publics.
DONNEES DE SORTIE VERS
L'ENVIRONNEMENT
1. Baisse de la production
2. Vieillissement du personnel.
3. non renouvellement de l'outil de production
4. Dettes vis-à-vis des tiers (arriérés
de salaires, dettes vis-à-vis des syndicats...)
5. Baisse des avantages sociaux.
6. Baisse du pouvoir d'achat des agents GCM.
7. Dépendance financière de plus en plus accrue
envers l'extérieur.
8. Spoliation des actifs miniers par les JV.
RETROACTIONS
Accumulation des frustrations pour les travailleurs GCM,
fluctuation du mode de gestion selon les intérêts des gouvernants
et non de l'Entreprise. Poursuite de la détérioration de l'outil
de production, baisse de la production, accumulation des dettes. A partir de
2006, retour de la confiance des employés envers l'équipe mixte
(SOFRECO-cadres congolais) dû au payement régulier des salaires et
de la distribution de la farine (Mposho), réclamations des
arriérés de salaires. Ressources des partenariats de plus en plus
contrôlés par l'équipe de restructuration de la GCM. Mais
patrimoine minier toujours spolié car nécessitant l'intervention
des Pouvoirs Publics, garant des emprunts. Début apurement des dettes
envers les tiers
ENVIRONNEMENT
- population du Katanga
- Différents services publics et entreprises qui
collaborent avec la Gécamines dans le processus de production.
- Différents Ministères, présidence de la
République...
- Bailleurs de fonds externes (multinationales, Banque
Mondiale et ses institutions, Chine, ...)
- ....
SOURCE : Schéma
systémique proposé par nous à partir du modèle
d'analyse de D. EASTON.
Des incidences politiques des pouvoirs publics sur la
Gécamines, il ressort tout d'abord que les intérêts des
alliés de la RDC en général et ceux du Zimbabwe en
particulier, étaient étroitement liés à ceux de
l'Etat congolais noyauté par l'AFDL. Plusieurs acteurs dont les
entreprises minières telles Ridgepointe, Congo
Minerals, Cobalt Metals Company Ltd, Groupe Forrest ainsi que le
service qui relevait directement de la présidence pendant la
seconde guerre de libération (le CRPD) ont usé du patrimoine de
la Gécamines pour alimenter l'effort de guerre.
Ensuite, de l'année 2002 à nos jours, la Banque
Mondiale a poussé la République du Démocratique du Congo
à libéraliser de plus en plus le secteur minier a travers des
mesures quasi-imposées dont le cadastre minier et le nouveau code minier
de juillet 2002 sont la base juridique. Dans un contexte de transition
politique, d'autres contrats ont été rapidement signés et
qui s'avèrent aujourd'hui léonins et nécessitent une
revisitation.
Enfin, le pouvoir de décision sur la gestion et les
actifs miniers de l'entreprise, précédemment noyauté par
les différents régimes politiques revient de plus en plus
à une équipe mixte (SOFRECO-cadres congolais) mais la
négociation des contrats passés pendant les périodes
précédentes nécessite l'intervention des Pouvoirs Publics.
L'équipe de direction a la marge d'action dans la vérification de
l'exécution des contrats existants en attendant leur revisitation par le
gouvernement.
Ayant ainsi brossé de manière brève les
incidences politiques, Nous analysons dans la deuxième section les
incidences économiques.
SECTION II. LES INCIDENCES ECONOMIQUES
Les incidences économiques sont à comprendre
à partir du cadre macro-économique de la RDC, du rôle de la
Banque Mondiale et de la situation économique de la Gécamines.
II.1. Environnement macro-économique de la
RDC
A la fin de décembre 2001, la dette extérieure
de la RDC était de 13,3 milliards de dollars. Au 31 décembre
2002, la dette extérieure de la RDC a été ramenée
à 10,3 milliards de dollars. Cette baisse résultait non de
performances économiques mais de l'annulation de 4,6 milliards de
dollars accordés par les créanciers du Club de Paris. Les besoins
de financement extérieur de la stratégie du gouvernement
congolais entre 2002-2005 se sont pourtant élevés à 4,4
milliards de dollars, après l'apurement des arriérés de
paiement de dette et la prise en compte de l'assistance humanitaire.
Croissance du PIB de la RDC
(1995-2007)127(*)
ANNEE
|
Croissance PIB %
|
PIB par habitant en $
|
PIB (milliard de $ USD)
|
1995
|
-0,7
|
124
|
5,6
|
2003
|
5,8
|
105
|
5,7
|
2004
|
6,6
|
116
|
6,5
|
2005
|
6,5
|
123
|
7,1
|
2006
|
6,5
|
142
|
8,4
|
2007
|
7,2
|
153
|
9,3
|
Le 26 janvier 2001, dix jours après l'assassinat de son
père, le président Kabila-fils annonça sa décision
de prendre le contre-pied de la politique dirigiste de son père. Il
libéralisa les activités économiques. La décision
du nouveau président fut concrétisée par la promulgation
le 31 janvier 2001 du décret-loi consacrant la libre circulation
concomitante de la monnaie nationale et des devises
étrangères.
Un train de mesures consacrèrent le libéralisme
économique et financier notamment par128(*) :
- La libre détermination du taux de change par les
forces du marché, grâce à l'adoption d'un régime des
taux de change flottants.
- La publication d'une nouvelle réglementation de
change plus libérale ;
- La suppression des dispositions contraignantes qui
asphyxiaient le commerce international.
L'ouverture du régime au libéralisme verra le
retour en force de la Banque Mondiale et autres institutions financières
internationales, ainsi que l'intensification des activités des
multinationales.
Sous l'impulsion de la Banque Mondiale, le gouvernement
congolais promulgua un nouveau code minier par la Loi N°007/002 du 11
juillet 2002 portant Code minier129(*) et le Décret N°038/2003 du 26 mars 2003
portant règlement minier.
II.2. Rôle de la Banque
Mondiale
La Banque Mondiale qui, en 1995, conseillait la privatisation
des entreprises publiques sous la dictature de Mobutu est revenue en force
pendant la transition pour « aider » la RDC, sortie de la
guerre, à rédiger un certain nombre des lois pour redynamiser le
secteur minier et forestier : loi, N°007/2002 du 11 juillet 2002
portant Code minier et le décret N°038/2003 portant
règlement minier.
Le trait saillant de ce code est la consécration de la
libéralisation du secteur minier. En effet, le rôle de l'Etat est
limité à la promotion et à la régulation du secteur
minier. Il est toutefois reconnu la possibilité pour l'Etat de se livrer
seul ou en association avec les tiers à l'activité minière
sans que la personne morale créée à cette fin
bénéficie d'un traitement discriminatoire. Dans son exposé
de motif, le code minier de 2002 insiste sur les investissements privés
étrangers.
« Il ressort de l'analyse objective des toutes les
données bilantaires des activités minières disponibles
à ce jour, que les législations promulguées après
l'indépendance de la République Démocratique du Congo,
c'est-à-dire depuis 1967, n'avaient pas attiré les
investissements, mais qu'elles avaient plutôt eu un impact négatif
sur la production minière du pays et sur les finances publiques. Et que
les régimes minier, fiscal, douanier et de change qu'elles avaient
organisés n'étaient pas incitatifs (...) Pour pallier cette
insuffisance, le législateur a tenu à mettre sur pied une
nouvelle législation incitative avec des procédures d'octroi des
droits miniers ou de carrières objectives, rapides et transparentes dans
laquelle sont organisés des régimes fiscal, douanier et de
change »130(*).
C'est dans un contexte d'un Etat en faillite, criblé de
dettes tant intérieures qu'extérieures, que les bailleurs de
fond, en particulier les institutions de Bretton Woods, sont venus
à la rescousse de la RDC pour lui imposer d'abord un cadre
juridique en leur faveur, qu'ils ont entre temps financé. Ne pouvant
plus répondre à ses obligations financières, privé
d'un président populiste (L.D. KABILA) qui s'opposait à la
politique de la dépendance vis-à-vis du camps capitaliste, le
gouvernement de la RDC s'est aligné « comme un enfant
sous-alimenté » devant la soupe de la Banque Mondiale et
d'autres Institutions Financières Internationales en acceptant toutes
les conditions lui dictées131(*).
La restructuration de la Gécamines sous l'initiative de
la Banque Mondiale est un vieux projet qui n'a été
qu'actualisé dans un contexte politique nouveau. En mai 1995 le
gouvernement Kengo annonçait la restructuration de la Gécamines
avec des compagnies minières étrangères dont
SWIPCO (Suisse), Lundin Group (Canadien), Anvil
Mining (Australien), American Mineral Field Inc.(...)132(*).
Parmi ces entreprises, le rapport de la Commission
chargée d'examiner la validité des conventions conclues pendant
les guerres, 1996-1997 et 1998 avait cité l'American Mineral
Field, comme un partenaire dont le contrat contient des vices. Cette
entreprise avait signé avec l'AFDL, le 16 avril 1997, trois accords
portant respectivement sur l'extraction du cuivre et du Cobalt à partir
de résidus de Kolwezi, ainsi qu'à partir de résidus de
cuivre de Kipushi.
La Société Financière Internationale
(SFI) s'était engagé même à soutenir
financièrement certaines des multinationales qui exploitent le
patrimoine de La RDC en se taillant des actions. Le 12 mai 2005, la
Société Financière Internationale avait approuvé un
premier projet minier dont la gestion relevait du nouveau code minier.
Adastria Minerals Inc, une compagnie minière canadienne,
appelée American Mineral Field (AMFI) jusqu'en mai 2004 se
proposa de commencer la production du Cuivre et de Cobalt à partir de
son site de Kolwezi.
Adastria MineralsFields/ex-AMFI avait
été accusée de violation des directives de l'OCDE sur les
compagnies multinationales. La Société Financière
Internationale est devenue pourtant actionnaire dans son projet de Kingamyambo
Musonoi. A cet égard, elle a d'abord investi 5,9 millions de dollars
américains en vue d'obtenir 7,5% des parts.
Selon un rapport confidentiel de son Conseil d'Administration
daté du 28 avril 2005, la SFI espérait que ce projet sera une
référence pour les autres projets et qu'il pourra être
reproduit pour les investissements en RDC, et dans le secteur minier en
particulier133(*).
Une autre Institution de la Banque Mondiale s'est
engagée même à garantir les investissements d'Anvil
Mining contre les risques socio-politiques en RDC sans tenir compte de
certains aspects léonins de son contrat. Il s'agit de l'Agence
Multilatérale de Garantie des Investissements (AMGI ou MIGA selon
l'acronyme anglais), une institution récente du Groupe dit de la Banque
Mondiale134(*).
Le 8 Septembre 2004, le Conseil d'Administration de MIGA a
approuvé une assurance d'un montant encore plus important soit 10
millions de dollars américains pour couvrir les risques politiques
liés à l'expansion de l'exploitation du minerai de cuivre et
d'argent d'Anvil Mining (Australie) dans lequel First Quantum
Minerals (Canada) détient 17,5% des parts. Or en octobre 2002, le
rapport du Panel d'experts des Nations Unies avait accusé First
Quantum Minerals de violations des directives de l'OCDE sur les
Multinationales. MIGA a signé le contrat final avec Anvil Mining
Inc., le 04 mai 2005 et avait prévu toujours en augmentation 13,3
millions de dollars au titre de garanties pour les risques politiques en
RDC135(*).
MIGA s'est vu reprocher différents dysfonctionnements
qui montrent que son action est une menace aux droits humains. Ces reproches
ont été notamment formulés par l'ONG britannique
Rights and Accountability In Developmen136(*)(RAID) dans une lettre
adressée au président de la Banque Mondiale en date du 8 juillet
2005.
La compagnie zimbabwéenne Ridgepoint Overseas
Development, dont le directeur Rottenbach, le numéro un, dirigera
le comité de redressement de la Gécamines , reçoit
également des financements internationaux pour ses actions137(*). Ceci est le cas dans son
différend avec la RDC138(*).
Après l'échec de toute tentative de conciliation
avec l'Etat congolais, la société Ridgepointe
déposera une demande d'arbitrage international à l'encontre de la
RDC auprès du Centre International pour le Règlement des
Différends relatifs aux Investissements, en abrégé
« CIRDI », institution qui relève du groupe de la
Banque Mondiale, qui avait enregistré la demande en juillet 2000.
Compte tenu de l'enjeu du procès (perdu d'avance pour
la RDC), de l'image du pays à l'étranger et surtout de ses
dirigeants ainsi que du coût financier de la procédure judicaire,
les parties avaient décidé finalement de régler le
différend à l'amiable. Suivant cet accord de règlement
à l'amiable (conclu en date du 24 février 2004 entre
Ridgpointe Overseas Development, la Gécamines et la
Société Kababankola Mining Company) les concessions litigieuses
de la Gécamines ont été réparties entre KMC
(né du partenariat entre Gécamines et Tramalt), Boss Mining
(né du partenariat entre Gécamines et Shaford Capital) et Mukondo
Mining (né du partenariat entre KMC et Boss Mining). Shaford
représente les intérêts de Ridgeponte Overseas.
A la lumière de ce qui précède, il appert
que la Communauté Financière Internationale a mis en place
d'abord un cadre juridique favorable au libéralisme en faveur des
multinationales : le code minier et le cadastre minier conçus et
financés par elle. Ensuite, elle a favorisé le financement du
secteur privé du Nord (multinationales) et la garantie de leurs
investissements en RDC.
Ceci témoigne, de notre point de vue, d'une
conspiration du capitalisme international dont la Banque Mondiale sert de
« cheval de Troie » pour préparer les
économies périphériques, spécialement celles de la
RDC, à la réception des multinationales aux pratiques
économiques sauvages. Au lieu d'encourager massivement les investisseurs
locaux de la RDC ou ceux de l'Afrique, la Banque Mondiale se tourne vers des
multinationales du centre et favorise le prélèvement du
surprofit du secteur minier de la RDC.
A partir du 30 juin 2003 la formation d'un gouvernement
d'union nationale avait alourdi le budget de l'Etat arrêté
à 905.342.871 dollars américains. La Banque Mondiale s'est donc
avérée un partenaire incontournable dans ce contexte de
« sous-alimentation budgétaire »139(*). Elle s'est engagée
à financer plusieurs programmes du gouvernement dont celui de la
restructuration de la Gécamines. Des perspectives immédiates de
financement d'un montant de 121 millions de dollars furent
arrêtées entre le gouvernement congolais et la Banque Mondiale par
un accord signé respectivement le 11 août et le 22 septembre 2003
portant sur un crédit sur 6 ans.
Le financement fut assuré par l'Association
Internationale de Développement (IDA). Le projet
compétitivité et Développement du Secteur Privé
(PCDSP) fut ainsi mis en marche et s'est donné comme objectif de mener
un ensemble d'action dans les secteurs prioritaires suivants : mines,
transport, énergie, télécommunications et finances. Le
Bureau de Coordination Economique (BCECO) a appuyé la mise en place des
structures spécifiques chargées de ces activités.
PROGRAMMES FINANCES PAR LA BANQUE MONDIALE DANS LE
CADRE DU PROJET COMPETITIVITE ET DEVELOPPEMEMENT DU SECTEUR PRIVE(en
millier de $ US)
Amélioration du climat des
investissements :
1) Agence Nationale pour la promotion des Investissements
(ANAPI) ;
2) Consolidation du système judiciaire, des cadres
juridiques et budget ;
3) Facilitation de l'intermédiation
financière ;
4) Renforcement des capacités du Ministère de
Mines ;
5) Facilitation du dialogue entre le gouvernement et le
secteur privé ;
Réforme des entreprises
publiques
1) Création du cadre de réglementation
2) Facilitation de la dénationalisation des entreprises
publiques
3) Appui au coût social de la réforme
Unité de Réinsertion du Katanga (URK/GCM) :
Initiative pour le développement
économique du Katanga
|
36.100.000
5.530.000
13.290.000
14.200.000
3.080.000
7.610.000
13.050.000
41.760.000
9.270.000
|
Sources : Données
compilées à partir de : MINISTERE DE FINANCES,
Programmes financés par la Banque Mondiale,
octobre 2003 et Rapport Annuel 2003 du BCECO.
Le but de ce tableau est de montrer que la minorisation de la
Gécamines, par suite de l'impossibilité de sa liquidation, a
toujours été le plan de la Banque Mondiale. Les expressions
« facilitation de la dénationalisation des entreprises
publiques » ou « appui au coût social de la
réforme » sont évocatrices de la manière dont le
néolibéralisme économique facilité par la Banque
Mondiale s'habille des slogans humanitaires (expressions humanitaires) pour
couvrir des pratiques antisociales en RDC.
Une seconde observation que nous avons pu faire ressortir de
ce tableau est que le secteur minier était fondamentalement visé,
car le 41.760.000 de dollars du projet d'appui au coût social de la
réforme se sont concentrés sur la Gécamines et ont
nécessité un supplément de l'enveloppe qui s'est
élevé à 43.540.000.
Les quatre projets de lois soumis au parlement par la Ministre
du portefeuille portent les séquelles de cette dépendance
vis-à-vis de la Banque Mondiale: Jeannine Mabunda, Ministre du
Portefeuille usera d'une expression plus adoucit à savoir « le
désengagement de l'Etat dans les entreprises
publiques »140(*).
II.3. Situation économique de la
Gécamines
Entre 1970 et 1980, la Gécamines avait initié
deux plans de développement pour accroître sa production :
Le premier plan quinquennal 1970-1974 (PI) avec le concours
financier de la Banque Européenne d'Investissement (BEI) et de la Banque
Arabe Libyenne avait atteint ses objectifs : la production du cuivre
était portée de 360.000à 470.000 tonnes et celle du Cobalt
de 10.500 à 16.000 tonnes par an à partir de 1974. Si ce premier
plan fut un succès, le second plan allant de 1975-1980 visant
l'augmentation de la production du Cuivre de 470.000 à 600.000 tonnes en
1980 fut un échec. Ce plan ne sera pas finalisé.
Un nouveau plan de réhabilitation sera lancé
entre 1984 et 1990. Ce plan avait pour objectif la réhabilitation des
installations existantes en vue de mieux garantir la capacité nominale
de 470 tonnes/an du cuivre. Son coût global s'éleva à plus
ou moins 820 millions de dollars USD dont 480 millions sur financement
extérieur avec la participation de 110 millions de la Banque
Internationale de Reconstruction et de Développement, la Banque
Africaine de Développement, 82 millions et la CEE, 36 millions141(*).
Certains projets vitaux inscrits dans ce plan, ne furent pas
achevés notamment à cause du blocage des financements
complémentaires par les bailleurs des fonds précités. Ce
refus était lié à l'instabilité politique
résultant d'une longue période de patrimonialisation à
outrance de l'Etat par le régime Mobutu142(*).
De 1991 à 1998, le contexte des conflits armés a
dégradé davantage la situation financière et
économique de la Gécamines :
L'évolution des quatre indicateurs financiers est assez
éloquente :
EVOLUTION DES QUATRE INDICATEURS FINANCIERS DE LA
GECAMINES
(1991-1998 en millions $
US)
|
1991
|
1993
|
1995
|
1998
|
Chiffre d'affaires
|
934
|
315
|
379
|
285
|
Résultat net
|
-159
|
-276
|
-584
|
-297
|
Dettes
|
851
|
840
|
1.038
|
1.401
|
Fonds propres
|
904
|
507
|
128
|
-471
|
Sources : Tableaux de Formation du
résultat des exercices 1991, 1993, 1995, 1998.
Si nous considérons aussi le graphique de
l'évolution de la production nous pouvons percevoir les
difficultés qu'a connues la Gécamines :
TABLEAU DE L'EVOLUTION DE LA PRODUCTION DE CUIVRE ET
COBALT DE LA GECAMINES
En milliers de tonnes/an (1954, 1986-1993,
2000-2005)
Sources : données
compilées de La Gécamines : quel avenir ?
Réflexions sur la privatisation, Kolwezi, Groupe
d'intellectuels de Kolwezi, 1996, p. 43 et rapport de la BCC :
Bulletin mensuel d'information et de statistiques et Evolution
économique et perspectives au 31 décembre 2005.
Nous comparons la période la plus florissante de
l'entreprise (période coloniale 1959) aux périodes successives de
production maximales (1986-1989) puis la chute vertigineuse de la production
entre (1991-2005).
Une observation attentive de ce graphique montre que la chute
de la production était liée fondamentalement à la
déliquescence progressive du régime Mobutu, lequel a poursuivi
des ponctions de plus en plus importantes sans renouveler l'outil de production
d'une part, et les bailleurs de fonds qui ont suspendu les financements entre
1990-1995 de suite des conflits sociopolitiques successifs, d'autre part.
A partir de 1998, la politique de joint-venture ou
d'association est venue accroître non pas la production de la
Gécamines mais celle nationale. La Gécamines devient ainsi une
entreprise minière qui se financiarise en prenant des actions dans les
différentes entreprises de Joint-venture. L'appréciation de
revenus de joint-venture est donc à considérer comme
élément qui différencie la structure de la
Gécamines avant 1997 et celle actuelle.
Les encours de la dette financière de la
Gécamines vis-à-vis des institutions financières au 31
décembre 2004 se présentent comme suit :
Encours de la dette financière de la
Gécamines au 31/12/2004
BAILLEURS DES FONDS
|
MONTANTS (millions de dollars)
|
Banque Mondiale /BIRD
|
323,2
|
Banque Européenne D'investissement
(BEI)
|
22,20
|
Banque Africaine de Développement
|
135,36
|
Union Européenne
|
85,18
|
Caisse Française de
Développement
|
108,80
|
Prêt italien
|
11,62
|
Association Internationale pour le
développement (IDA)
|
1,92
|
Prêts Belge
|
6,42
|
TOTAL
|
694,7
|
Source : GECAMINES, Direction
financière (DFI) : Division de financement, assurances et
fiscalité.
Evolution du budget
d'investissement 2000-2007(en milliers $ US)
ANNEE
|
PREVU
|
ACCORDE
|
REALISE
|
%
|
2000
|
59207
|
13900
|
7576
|
54,50359712
|
2001
|
59099
|
-
|
3690
|
-
|
2002
|
53896
|
790
|
44
|
5,569620253
|
2003
|
18283
|
8800
|
11
|
0,125
|
2004
|
10104
|
6700
|
3199
|
47,74626866
|
2005
|
25895
|
13100
|
3280
|
25,03816794
|
2006
|
20770
|
26731
|
7451
|
27,87400397
|
2007
|
58670
|
48318
|
31286
|
64,75019661
|
|
|
|
56537
|
100
|
Source : GECAMINES, Direction
Financière (DFI) : Division du budget. 16 avril
2008.
L'année 2000 affiche 54% d'exécution du budget
d'investissement. Il s'agit des fonds apportés par Congo Mineral
Fields pour le site de Ruashi-Etoile et Cobalt Metals Company
Ltd. Nous pouvons conjecturer que l'exécution de ce budget
s'orientera vers l'objectif de la défense du territoire143(*). 2002 - 2004 marque la
période de la conjoncture difficile pendant la transition,
l'investissement n'est pas la préoccupation prioritaire des pouvoirs
publics et des gestionnaires de la Gécamines. 2005-2007 marque la
période de gestion confiée au Cabinet français SOFRECO.
L'année 2007 est particulièrement remarquable car on y observe
une réalisation de 64,5% d'exécution du budget d'investissement.
Les partenariats ont été spécialement suivis par une
division de participation chargée de veiller aux intérêts
de la Gécamines dans les différents partenariats. Le mandat du
SOFRECO (2 ans renouvelables) tendait vers sa fin, d'où urgence de poser
des actions palpables.
Arriérés des cotisations
vis-à-vis des syndicats
L'Etablissement de la situation provisoire des
arriérés des cotisations syndicales des années 1998, 1999,
2002, 2003 et 2006 s'élevaient à 82.155.865 FC soit 154.428 USD
en 2007144(*).
Si nous analysons la rentabilité de la Gécamines
de 2000 à 2004, il appert qu'aucune institution financière
sérieuse n'aurait été prête au regard de son
insolvabilité de financer directement son investissement145(*). Nous présentons donc
les bilans condensés de la Gécamines prenant en compte 7
rubriques dont 4 à l'actif et 3 au passif.
Evolutions des quelques postes du
bilan de la Gécamines (2000-2004)
ACTIF
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Valeur immobilisée
|
11.259.056.618
|
56.154.350.468
|
58.004.325.700
|
47.987.253.017
|
54.770.896.313
|
Valeurs d'exploitation
|
2.166.127.484
|
9.695.269.247
|
1.981.912.764
|
11.341.794.612
|
18.603.678.302
|
Valeurs réalisables
|
16.090.020.976
|
105.577.336.624
|
138.883.882.839
|
152.910.878.623
|
190.946.720.195
|
Valeurs disponibles
|
70.475.359
|
562.629.553
|
3.136.986.971
|
4.084.575.618
|
6.246.869.887
|
TOTAL ACTIF
|
29.585.680.437
|
1.719.895.985.892
|
219.877.107.774
|
216.324.501.870
|
270.568.164.697
|
PASSIF
|
|
|
|
|
|
Fonds propres
|
-61.492.241.473
|
-419.645.288.430
|
-608.882.097.983
|
-717.245.482.084
|
-767.009.610.366
|
DLMT146(*)
|
10.036.182 .551
|
49.613.497.871
|
141.892.747.609
|
136.615.691.416
|
114.541.397.851
|
DCT147(*)
|
81.041.739.359
|
542.021.376.451
|
686.866.458.148
|
796.954.292.538
|
923.036.377.212
|
Total passif
|
29.585.680.437
|
171.989.585.892
|
21.987.710.774
|
216.324.501.870
|
270.568.164.697
|
Ratio de solvabilité de la Gécamines
de 2000 à 2004
Le ratio148(*) de solvabilité d'une entreprise est
donné par l'expression :
Dettes totale (DLMT + DCT) x 100
Fonds propres
Les ratios de la Gécamines eu égard aux
éléments du bilan précédents se présentent
comme suit :
2000 : - 148 % ; 2001 : - 141% ;
2002 : - 136% ; 2003 : - 130% ; 2004 : -135%
Ces différents ratios montrent que l'entreprise
Gécamines n'était plus solvable, c'est-à-dire qu'elle
n'était plus à mesure de payer ses dettes à
échéance. Lorsqu'on observe les fonds propres de 2000 à
2004, ils sont négatifs. Ceci veut dire que l'entreprise
réalisait des pertes qui se sont répercuté sur les fonds
propres.
En même temps que la GCM cumulait les dettes, son
résultat demeurait négatif et signifie que l'Entreprise ne
pouvait pas assurer le service de remboursement de la dette en comptant sur sa
production.
Pourtant entre 2001 et 2006, il y avait embellie des prix du
cuivre et du Cobalt sur le marché mondial. Le prix du cuivre a
quadruplé depuis 2001, atteignant 7.603 dollars US par tonne en mai
2006149(*). La demande
de cuivre est demeurée élevée, surtout dans les pays en
voie d'industrialisation tels que la Chine et l'Inde, qui ne comptent pas
beaucoup de ces ressources sur leurs territoires. Le prix du cobalt a connu
également une hausse rapide en 2003 et 2004 en raison de l'augmentation
de la demande chinoise et japonaise. En avril 2006, le cobalt coûtait 35
053,46 dollars US par tonne150(*).
La Gécamines qui n'avait plus accès au
marché financier a donc amorcé des nouvelles
stratégies : l'exploitation en joint-venture. Les premières
opérations de ce genre avaient débuté déjà
en 1995-1996 avec la création de GTL/STL, mais seront
intensifiées entre 1998-2007.
La méthode de financement par Joint-venture constitue
des contrats d'associations entre le GCM et les partenaires extérieurs
pour la création d'une entreprise commune basée sur
l'exploitation du cuivre et surtout du cobalt. Les projets de relance du
secteur minier au Katanga ont été repris depuis 2001 dans un
document appelé Buseness Plan couvrant la période de
2001-2005151(*).
Etude de cas de quelques projets de joint
venture152(*)
Les raisons qui ont poussé à la signature de la
plupart des contrats miniers durant la période de 2000-2006 entre d'un
côté, l'Etat congolais et ses entreprises minières et de
l'autre coté les partenaires privés sont :
Pour l'Etat congolais
Il s'agissait de relancer le secteur minier, catalyseur de
l'économie du pays depuis l'époque coloniale en vue d'en tirer le
maximum des revenus (impôts, dividendes et autres redevances).
Pour les entreprises minières congolaises
Confrontées depuis près de deux décennies
à d'énormes difficultés financières et techniques,
les partenariats devraient permettre leurs stabilisation afin d'éviter
une cessation de leurs activités. Etant donné la situation
d'incurie (liée à l'insolvabilité des créances
vis-à-vis des institutions financières) le détour par la
participation dans les joint-ventures devrait permettre l'apport des capitaux
frais.
Pour les partenaires privés
Il s'agissait par la création de joint-venture de
saisir les nouvelles opportunités de l'investissement offertes par la
RDC au secteur privé et une conjoncture mondiale favorable vu la hausse
des courts du cuivre pour la rentabilisation de leurs investissements.
Dans le cas de la Gécamines 40 contrats ont
été signés entre 1996 et 2006, nous n'allons pas les
analyser toutes ici, mais nous allons nous atteler à quelques contrats
à titre illustratif pour en montrer le déséquilibre et la
responsabilité des pouvoirs publics.
CONTRAT 1. Gécamines et Cobalt Metals
Company Ltd (Ruashi Mining) 09/06/2000153(*)
L'opération contractuelle a consisté
essentiellement en la création d'une entreprise en joint-venture (JV)
dénommée Ruashi Mining; la cession par la GCM des droits miniers
à Ruashi Mining154(*).
Des aspects financiers, le montant du capital social
était fixé à un million de dollars (1.000.000 $ USD). La
répartition de ce capital est déterminée dans l'accord
comme suit :
Au départ :
GECAMINES : 45%
CMC : 55%
Evolution :
GECAMINES : 20%
RUASHI MINING : 80%
De l'apport des parties, la GCM apporte à la
société le Permis d'Exploitation sur les Rejets et Remblais
(PER), le Permis d'Exploitation n° 578 de la mine de Ruashi et
études géologiques et métallurgiques
réalisées sur le bassin minier.
L'apport du partenaire CMC a consisté en la recherche
des financements nécessaires au développement de la
société mais le remboursement de ces fonds est assuré par
le projet en phase de production commerciale par prélèvement sur
les dividendes (75%) jusqu'à l'apurement de la dette.
Les retombées financières pour la GECAMINES sont
que celle-ci touchera des dividendes de 20% et 2,5% de royalties155(*) sur les recettes brutes
issues des remblais.
Il est à noter que la GCM ne touchera la
totalité de ses dividendes qu'après apurement de la dette par la
société Ruashi Mining, dette contractée par le partenaire
CMC.
Des droits superficiaires, impôts et taxes, la
société Ruashi Mining n'a pas versé à la Commission
gouvernementale de révisitation, les preuves de paiement des droits
superficiaires annuels par carré. Il en est de même des
impôts et taxes dus à l'Etat156(*).
La GCM est présente dans les organes de la
société : Hormis l'Assemblée Générale,
la société est administrée quotidiennement par un Conseil
de Gérance composé de sept (7) membres dont trois
désignés par la GCM.
Le Président du Conseil est choisi par les membres
présentés par la GCM et le Vice Président est choisi parmi
les membres présentés par CMC.
La commission de revisitation des contrats miniers mise en
place par le gouvernement congolais en 2007 est arrivée à des
conclusions globales ci-après: la fixation arbitraire des parts
sociales, sans étude de faisabilité ; la violation de l'art.9
paragraphe 5 du contrat de création de la JV du fait du rabattement des
parts de la GCM de 45% à 20% ; la mise à charge de la
Joint-venture de toute la dette contractée par CMC ; le manque de
transparence dans les négociations ayant conduit à la dette
contractée au nom de la joint-venture.
Elle a en outre recommandé que soit identifiés
et évalués les apports réels des parties dans la JV en vue
de repartir équitablement les parts sociales ; impliquer effectivement
la GCM dans la gestion de Ruashi Mining. Ce contrat est à
renégocier (classé dans la catégorie B).
En effet, les gisements de l'étoile confiés
à la société de joint venture présentent toutes les
caractéristiques des gisements pour l'attribution desquels le code
minier (Art.33) exige une procédure d'appel d'offres. A l'époque,
aucun appel d'offre ne fut lancé157(*). Il s'agit d'un gisement étudié,
documenté et travaillé par GCM et qui constituait pour cette
entreprise publique un actif d'une valeur importante connue. Il présente
un intérêt public évident.
La Gécamines aurait dû procéder à
un appel d'offre pour s'attirer un partenaire qui respecterait davantage la
procédure. Le gisement concerné par le contrat fait partie de la
richesse nationale de la RDC. Cette richesse a été
cédée à une entreprise joint-venture dont la
majorité est détenue par les privés et en l'absence de
valorisation exacte du patrimoine colossal que cède la Gécamines.
Par ailleurs, étant donné que la Gécamines est minoritaire
dans la société de Joint-venture, les détails de
l'exploitation lui échappent.
Enfin, le site de la Ruashi est souvent pris d'assaut par les
exploitants artisanaux qui estiment qu'ils ont aussi le droit de
l'exploiter.
CONTRAT 2: Gécamines et
Kinross-Forrest Ltd : Dima-Kamoto-T17-Luilu (2003)
Le 24 juin 2003, GCM et Kinross-Forrest Ltd. ont signé
un accord préliminaire pour l'exploitation et la transformation des
minerais localisés dans le groupe ouest de la GECAMINES et une
convention de confidentialité y relative. L'accord préliminaire a
fait l'objet d'un avenant n° 1 du 04 Juillet 2003. Aux termes de cet
accord préliminaire, les parties ont convenu de la création, par
elles, d'une SARL dénommée « Kamoto Copper Company » en
abrégé « KCC », en vue de la réalisation du
projet158(*).
Le contexte de la signature de ce contrat témoigne
d'une responsabilité indéniable des pouvoirs publics dans le
bradage du patrimoine de la GCM :
Octobre 2001 : Simon Tuma-Waku, Ministre des Mines
envoie, un rapport au Président Joseph Kabila concernant le plan de
Kinross-Forrest (K-F) visant à créer une société en
JV avec la Gécamines, afin d'exploiter la mine de Kamoto et les actifs
connexes. Le rapport conclut que, en comparaison avec la contribution
estimée à 200 millions USD que le partenaire privé
envisage, l'intérêt de 30% proposé à la
Gécamines dans la JV est inacceptable159(*).
Novembre 2001 : Jean-louis Tasinda, chef syndical, rend
visite au président Joseph Kabila pour plaider contre la JV
envisagée.
3 juin 2003 : KINROSS-FORREST tient une réunion
avec Jean-Louis Nkulu, Ministre des Mines qui a remplacé Tuma-Waku en
novembre 2002. Il envoie un protocole d'accord de sept pages relatif à
la JV à Twite Kabamba et Nzenga Kongolo, respectivement Président
et ADG de la Gécamines. Le protocole concerne les mêmes actifs que
ceux mentionnés dans le rapport Tuma-Waku. La contribution
évaluée de Kinross-Forrest est toujours de 200 millions de
dollars USD, mais l'intérêt en capitaux de la GCM est dilué
à 25%.
23 juin 2003 : M. Kitoko Bwanga, le Directeur de la
division de Gestion des Contrats de la GCM, envoie une lettre à Kongolo
avec le rapport d'octobre 2001 de Tuma-Waku en appendice. M. Kitoko Bwanga
propose de préparer un premier draft qui contiendrait une description
étoffée de la contribution de la GCM au projet. Il remarque
également que la mine de Kamoto est déjà assujettie
à un accord avec la société minière sud-africaine
ISCOR160(*).
24 juin 2003 : MM. Kongolo, Kabamba, Malta David Forrest
(fils de Georges Forrest) et Arthur Ditto (président de K-F) signent un
Accord préliminaire de neuf pages ne contenant pas les modifications
importantes au Protocole d'accord du 3 juin.
25 juin 2003 : Nkulu approuve l'Accord
préliminaire dans une lettre écrite à kabamba.
30 juin 2003 : début de la transition. Nkulu est
remplacé par Diomi Ndongala, comme nouveau Ministre des Mines, lequel
vient de l'opposition.
En septembre 2003, International Mining Consult
(IMC), une société basée au Royaume uni, présente
un plan d'action pour réformer la Gécamines. IMC émet un
avis fortement défavorable sur la transaction Kinross-Forrest relative
à Kamoto.
Le 13 novembre 2003 : Samba Kaputo envoie une lettre
à Kongolo, en lui donnant comme instruction de suspendre toutes les
négociations en cours entre les partenaires privés et la GCM. Une
copie de la lettre est transmise au président de la République et
aux principaux membres de l'ECOFIN.
Finalement en février 2004 : MM. Nzenga Kongolo,
Twite Kabamba, Malta Forrest et Arthur Ditto signent un accord de Joint-venture
intitulé « Convention de joint venture entre la
Générale des Carrières et des Mines et Kinross-Forrest
Ltd., relative à l'exploitation de la filière Kamoto (mine) -
Dima Kamoto concetrateur - usine hydrométallurgique de
Luilu ».
Ce contexte montre les péripéties politiques qui
ont entouré un contrat qui reste jusqu'aujourd'hui sujet à
beaucoup des controverses. M. Forrest a toujours su conserver ses
intérêts en pactisant avec les différents régimes
politiques de la RDC. L.D.Kabila lui avait confié, de 1999 à
2001, la direction de la Gécamines. Ce dernier non seulement n'a pas pu
relancer cette entreprise, mais a pu mettre en place une stratégie de
récupération des actifs de la Gécamines en
préparant les futurs partenariats entre le Groupe Forrest et la
Gécamines. Le terril de Lubumbashi fut un avant goût de
l'opération. L'exploitation du terril étant productif pour la
Gécamines, a alléché celle-ci pour qu'elle cède des
actifs encore plus importants dont la Mine de Kamoto161(*).
On estime même que pour l'accord avec la Chine, le
gouvernement compterait sur la même mine et se retrouve dans l'obligation
de renégocier avec Kinross-Forrest pour qu'il cède la mine.
Des aspects juridiques, cette convention de joint-venture est
un contrat de société. Il renferme les dispositions se rapportant
à l'amodiation162(*).
Pour la convention de JV, la GCM a été
représentée par son Président du Conseil d'Administration,
Monsieur Twite Kabamba et par son Administrateur Délégué
Général Nzenga Kongolo conformément aux prescrits de
l'article 20 de l'Ordonnance-loi n° 78-002 du 06 janvier 1978163(*) et Kinross Forrest Ltd a
été représentée par son Président Monsieur
Arthur Ditto et son Administrateur Monsieur Malta David Forrest.
Quant aux statuts de KCC, la Commission a noté que
Monsieur Malta Forrest a signé les statuts pour le compte de trois
autres associés sans justifier d'un mandat spécial et Monsieur
Ditto n'a pas signé pour le compte de Kinross Forrest comme l'exige
l'article 1er de l'Arrêté Royal du 22 juin 1926 sur l'autorisation
et les conditions de création des SARL.
Du mode de sélection du partenariat, il s'agit d'un
marché de gré à gré.
De l'autorisation de la tutelle, par sa lettre n°
CAB.MIN/MINES/01/0591/05 du 23 juillet 2005, le Ministre des Mines a
informé Monsieur l'Administrateur Délégué
Général de la GCM l'approbation par le Conseil des Ministre du
projet de partenariat entre la GCM et la société Kinross Forrest
Ltd.
Par la suite, le Président de la République
avait signé en date du 04 Août 2005 le Décret n°
O5/070 approuvant la convention de JV conclue le 07 novembre 2004 entre la GCM
et Kinross Forrest Ltd et le Décret 05/067 autorisant la fondation de la
société Kamoto Copper Company (KCC). Il y a lieu de noter que le
Ministre du Portefeuille n'avait pas autorisé la signature de la
convention telle que prévue à l'article 22 de cette convention.
Celle-ci n'est donc jamais entrée formellement en vigueur.
La durée du contrat, la convention de joint-venture a
été conclue pour une durée de vingt (20) ans renouvelable
par deux périodes chacune de dix (10) ans164(*).
Des aspects financiers, le montant du capital social de KCC
SARL a été fixé à 1.000.000 USD. La participation
des actionnaires au capital se présente comme suit : 25% pour la GCM et
75% pour Kinross Forrest Ltd. Des retombées financières pour la
GECAMINES, il va de soi qu'en sa qualité d'actionnaire dans KCC SARL, la
GECAMINES se trouve en droit de toucher les dividendes de 25% sur les
bénéfices nets à distribuer. A côté des
dividendes, le contrat prévoit que la GCM perçoive les royalties
au taux de 1,5% sur les recettes nettes de vente.
Il est prévu également conformément aux
dispositions de l'article 6.10 du contrat, que KCC versera trimestriellement
à GCM une somme égale à 2% des recettes nettes de ventes
réalisées durant les trois premières années et 1,5%
des recettes nettes de ventes réalisées pendant chaque
période annuelle ultérieure.
Ce montant représente le loyer pour la location de
l'équipement et des installations par GCM à KCC. Il convient de
relever que pour la conclusion de ce partenariat, la GCM n'a pas touché
le pas de porte.
Des droits superficiaires, impôts et taxes, la
société KCC a versé à la commission gouvernementale
de revisitation, les preuves de paiement des droits superficiaires annuels. Les
preuves de paiement des impôts et taxes n'ont pas été
produites.
Dans les organes de gestion de la société, il
est prévu un Conseil d'Administration pour KCC composé de six
(06) membres et six (06) suppléants dont deux (02) pour la GCM. Dans
l'exécution des travaux, selon la commission gouvernementale de
revisitation, KCC n'existe pas sur terrain, la gestion du projet est
assurée par KOL (Kamoto Operating Limited.
La Gécamines a affecté à la
société de Joint-venture tous les droits miniers et mis à
la disposition ses actifs industriels, pendant que Kinross-Forrest Ltd donne
comme contre partie une promesse de réalisation des programmes de
production et d'investissement ainsi que des emprunts destinés au
financement du projet à rembourser intégralement et en
priorité par la société de Joint-venture. Les revenus
évoluent selon les cours des métaux desquels Kinross-Forrest
retirera 75% des dividendes. Il sied de faire remarquer que la mine de Kamoto,
le gisement de Dikuluwe, les gisements T17 présentent toutes les
caractéristiques des gisements pour l'attribution desquels le Code
minier (art.33) exige un appel d'offres165(*). De tout ce qui précède, la Commission
de revisitation a estimé que ce partenariat devrait faire l'objet de la
renégociation. Il est a classé dans la catégorie B.
CONTRAT 3: Etat congolais, Gécamines et
Ridgepointe
Le 4 septembre 1998, Ridgepointe Overseas Developments Ltd, la
GCM et la RDC ont conclu une convention minière en vue d'établir
une entreprise commune ayant pour objet l'exploitation de certaines ressources
minières congolaises, notamment le cuivre et le cobalt. Cette convention
sera approuvée le 19 septembre 1998 par le Décret
présidentiel n° 121. Cependant, aux termes d'une autre convention
minière conclue le 7 mars 2001, entre la RDC et la GCM d'une part et les
sociétés Kababankola Mining Company Sprl et Tremalt Limited
d'autre part, certaines concessions reconnues à Ridgepointe en vertu de
la convention du 4 septembre 1998 furent cédées à ces
dernières sociétés. Cette convention fut elle aussi
approuvée par décret présidentiel, en date du 18 juin
2001, sous le numéro 034/2001.
S'estimant lésée, Ridgepointe saisit en date du
27 juillet 2000 le Centre International pour le Règlement des
Différends relatifs aux Investissements (en abrégé CIRDI),
aux fins d'obtenir de la RDC l'application de la convention du 4 septembre
1998.
Cependant les parties, considérant les frais
élevés déjà engagés par elles ainsi que
d'autres frais qu'allait occasionner cette procédure,
décidèrent de résoudre le différend à
l'amiable. C'est ainsi qu'elles conclurent, le 25 février 2004, un
« Accord de règlement à l'amiable ».
Selon l'article 3 de cet Accord, la Gécamines s'est
engagée à céder à Boss Mining166(*) les concessions C-19 et
C-21. A cet effet, la Gécamines a accompli les formalités y
relatives au Cadastre minier le 3 mars 2004, à l'issue desquelles furent
délivrées à Boss Mining Sprl les PE 467 et 469. Pour sa
part, Ridgepointe s'est engagée aux termes de l'article 5 de cet Accord,
à céder à la Gecamines 20% des parts sociales de sa
filiale Boss Mining Sprl. Cet engagement a été
concrétisé au cours de l'Assemblée Générale
Extraordinaire des associés de Boss Mining tenue à Lubumbashi le
27 février 2004.
La société CAMEC, nouveau partenaire de la
Gécamines, est entrée dans Boss Mining Sprl le 1er mars 2007,
après rachat des parts de Shaford.
Des aspects juridiques, ce partenariat n'a pas
été précédé d'un contrat de création
de JV, de sorte que l'Accord de règlement à l'amiable
susmentionné demeure le document principal de référence.
De la nature du contrat, Il s'agit d'un contrat de
société liant la Gécamines à la
société CAMEC. La Gécamines a cédé des
droits miniers au titre d'apport à la constitution de la
société Boss Mining Sprl.
De la Validité du contrat, les Statuts de Boss Mining
du 27 janvier 2005 ont été signés pour le compte de la
Gécamines par le Président de son Conseil d'Administration,
Monsieur Twite Kabamba et son Administrateur Délégué
Général, Monsieur Nzenga Kongolo ; tandis que Monsieur James
Tidmarsh, dont la qualité n'a pas été indiquée, a
signé pour le compte de la société SHAFORD.
Du mode de sélection du partenaire, ce partenariat est
né sur fond d'un litige opposant Ridgepointe à la
Gécamines.
De l'autorisation de la tutelle, par sa lettre n°
738/MINPF/CV/2004 du 24 juillet 2004, le Ministre du Portefeuille a
autorisé la conclusion de ce partenariat.
Pour sa part, le Ministre des Mines a approuvé les
termes de l'arrangement à l'amiable par sa lettre n°
CAB.MIN/MINES/01/967/04 du 05 avril 2004. Boss Mining est une entreprise ayant
pour objet la prospection, l'exploitation minière et le traitement
métallurgique des minerais. Lors de l'analyse des statuts de cette
entreprise, la Commission gouvernementale a eu à relever que les statuts
de Boss Mining Sprl ont été signés le 30 décembre
2003 mais qu'ils ont été notariés le 29 décembre de
la même année (comment les juristes congolais ont-ils pu notarier
des statuts non signés ? Quelles furent les motivations ?).
En référence à l'article 43 du
décret du 23 juin 1960 et aux articles 199 et 200 du Code civil
congolais livre III ainsi qu'à la loi n° 66-344 du 9 juin 1966 sur
les actes notariés, la Commission gouvernementale de revisitation a
relevé que lors de l'acquisition des concessions C-19 et C-21 en 2004,
l'existence juridique de la société Boss Mining n'était
pas valide. Il en résulte que cette société n'était
pas éligible aux droits miniers, conformément à l'article
23 du Code minier.
Les statuts ont été modifiés à la
suite de l'Assemblée Générale Extraordinaire du 27 janvier
2005 avec comme conséquence l'entrée de la GCM dans Boss Mining
Sprl. Ainsi, de nouveaux statuts ont été signés à
la même date et notariés le 15 février 2005.
La Commission gouvernementale a relevé qu'aux termes
de l'article 4 des statuts amendés de Boss Mining du 27 janvier 2005, la
société est constituée pour une durée
indéterminée et peut être dissoute anticipativement ou
prorogée successivement par décision de l'Assemblée
Générale. Bien que la dissolution anticipative soit
prévue, les statuts ne prévoient pas les conditions dans
lesquelles cette dissolution peut avoir lieu. De l'obligation des parties,
Comme évoqué ci-dessus, les dispositions des articles 3 et 5 de
l'Accord de règlement à l'amiable ont prévu les
obligations essentielles des parties. En effet, la GECAMINES s'est
engagé à céder des droits miniers à Boss Mining.
A cet effet, elle devait remplir les formulaires de transfert
des titres ou tout autre document exigé par le Cadastre Minier pour
effectuer ladite cession. Ridgepointe s'est engagée pour sa part
à retirer sa plainte auprès du CIRDI et à lever toutes les
objections formulées auparavant au Cadastre Minier en vue
d'empêcher l'exécution de la convention RDC/GCM et KMC
précitée et à céder 20% de ses parts sociales de sa
filiale Boss Mining à la GCM.
Des aspects techniques, le projet Boss Mining Sprl est en
phase de production. La Commission gouvernementale de revisitation a
noté, à ce propos, qu'au moment où cette production a
démarré à l'usine de Luita, il n'existait aucune
étude de faisabilité sur le projet.
A ce jour, la production de cuivre oscille entre 10.000 et
12.000 tonnes par an et pourra atteindre 100.000 tonnes en 2009.
La GCM renseigne que le projet Boss Mining contient un
potentiel réserve métal de 1.426.810 tonnes de cuivre et de
70.152 tonnes de cobalt. L'usine de Luita comprend un concentrateur à
trois sections dont la section broyage, la section flottation et la section
filtration. A Kakanda, un concentrateur mobile est installé pour le
traitement des minerais de cobalt provenant de la mine de Kababankola. Les
réserves de cette mine sont estimées à 30.000 tonnes de
cobalt.
Des aspects financiers, selon l'article 5 des statuts de Boss
Mining, le capital social est fixé à un million de $ US
représenté par 100 parts sociales entièrement souscrit et
libéré.
Le contrat a prévu les participations de 80% et 20%
respectivement pour Shaford/Camec et pour Gecamines. Cette répartition
des parts sociales a été faite dans le cadre du règlement
à l'amiable du litige précité.
Interrogée par la commission gouvernementale de
revisitation au sujet du déséquilibre dans la répartition
du capital social (80% et 20%), la GCM a répondu que pour tous les
contrats de partenariat conclus par elle, le calcul y afférent
découle d'un modèle économique dans lequel le taux de
rentabilité interne était fixé par le partenaire à
25%, lequel TRI était lui-même influencé par les
paramètres spéculatifs notamment le fait que la RDC était
considérée comme un pays à très haut risque du fait
de la guerre.
La Commission gouvernementale de revisitation a estimé
que ce taux est trop élevé au regard des standards internationaux
qui, selon plusieurs experts consultés à ce propos, ne
dépassent pas 10%.
Selon les déclarations recueillies auprès des
responsables de Boss Mining Sprl par la commission gouvernementale de
revisitation, les investissements effectués à ce jour par cette
société sont estimés à environ 200.000.000 USD pour
la construction de deux usines (Luita et Kankonde) ainsi que pour d'autres
actions sociales.
En outre, le remboursement des fonds empruntés est
assuré par le projet arrivé en phase de production commerciale
par prélèvement d'un pourcentage contractuel (80%) sur les
dividendes, jusqu'à l'apurement total du financement apporté par
le partenaire.
S'agissant des apports, la Commission gouvernementale de
revisitation s'est étonnée du fait que le financement
apporté par le partenaire qui est censé constituer son apport
dans la JV est en même temps accepté comme une créance
remboursable par celle-ci. La question qui se pose est celle de savoir pourquoi
CAMEC, après avoir obtenu le remboursement total et prioritaire du
montant du financement qui constituait son apport, continuerait à se
prévaloir de sa qualité d'associé avec la même
répartition du capital.
Des retombées financières pour la
Gécamines est que celle-ci, perçoit à la fin de chaque
mois de Boss Mining une somme de trois cent milles $ (300.000 USD) à
titre d'avances sur dividendes. Cependant, la Commission gouvernementale qui a
analysé cet aspect n'a pas reçu les états financiers pour
faire une bonne appréciation de la situation financière.
En revanche, elle a relevé que la Gécamines n'a
pas perçu un pas de porte dans ce partenariat et qu'il n'est pas
prévu des royalties en sa faveur167(*).
CONTRAT 4 : Gécamines et Lundin
Holdings Ltd : Tenke - Fungurume (28/09/2005)
La GCM, connaissant des difficultés de
trésorerie sans précédent, cherchait un partenaire ayant
la capacité financière et technique nécessaire pour
l'exploitation et le développement des concessions n° 198 dite
Tenke et n°199 dite Fungurume, renfermant d'importantes réserves
des minerais de cuivre et de cobalt. Elle lancera, à cet effet, en 1996
un appel d'offres international. Plusieurs sociétés de droit
étranger ont répondu à cet appel, notamment Iscor,
Southern Copper Corporation, Lundin Holdings Ltd, Angloamerican Corporation,
Angloval Ltd, Glencor, Bhp Minerals, etc.
Après ouverture des offres, Lundin Holdings
Ltd a été sélectionnée sur base de
propositions suivantes:
- Parts : 45% pour la GCM et 55% pour Lundin Holdings Ltd ;
- Pas de porte : deux cent cinquante (250) millions dollars
américains ;
Programme de production:
- 100.000 tonnes de cuivre et 8.600 tonnes de cobalt à
partir de la 4ème année ;
- 400.000 tonnes de cuivre par an à la dixième
année ;
- Investissement global un milliard huit cent millions dollars
américains (1.800.000.000 USD)
- Réserves présentées à l'appel
d'offres : 9 millions tonnes de cuivre et 680.000 tonnes de cobalt.
C'est ainsi qu'une convention « minière » a
été signée en date du 30 novembre 1996 entre la
République du Zaïre (actuellement République
Démocratique du Congo), la Générale des Carrières
et des Mines et la société Lundin Holdings Ltd en vue de
créer une société de JV dénommée «
Tenke Fungurume Mining Sarl », TFM Sarl en sigle.
En vertu de cette convention, la GCM devait céder ses
droits miniers sur les concessions ci-dessus citées, tandis que Lundin
Holdings Ltd se chargeait du financement de toutes les opérations de
recherche et d'exploitation.
Selon ces accords, après une étude de
faisabilité, la société devrait démarrer la
production en 2002.
En 1997, Lundin Holdings Ltd payera cinquante millions dollars
américains (50.000.000 $US) de pas de porte.
Lundin Holdings Ltd n'ayant pas la capacité de lever
des fonds promis, a fait appel à une autre société Broken
Hill Proprietary Ltd (BHP) qui à son tour contactera Phelps Dodge
Corporation et les deux présenteront à la GCM une révision
des propositions qui ont été à la base de la
sélection de Lundin Holdings Ltd. Il s'agissait là d'une
modification substantielle des éléments de base de la convention
minière de 1996 qui accordait à TFM Sarl des avantages fiscaux
très étendus au regard des investissements proposés en
RDC.
Il y a lieu de noter qu'à ce jour, Freeport s'est
substituée à Phelps Dodge Corporation dans le partenariat TFM.
Or, en 2002, le Président de la République
promulgue la Loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 portant Code Minier.
Conformément aux dispositions de l'article 340 de cette loi, elle
laissait un choix aux partenaires de l'Etat congolais entre le régime
conventionnel et le régime du nouveau Code minier, TFM SARL opta de
demeurer dans sa convention. Ce choix doit-on le préciser, était
et est exclusif de tout autre régime.
Cependant, en septembre 2005, Lundin Holdings Ltd, majoritaire
dans TFM présentera à la Gécamines une autre convention
dite « Convention Amendée et Reformulée » dans laquelle
les parts de la GCM sont diminuées de 45% à 12,5%
conformément à l'instruction du Vice-Président de la
République en charge de la Commission Economique et Financière du
Gouvernement de Transition (instruction contenue dans sa lettre du 20 janvier
2005) et celles de l'Etat, auparavant inexistantes, sont fixées à
5%. Le vice président Jean-pierre Bemba, en charge de l'ECOFIN, a ainsi
occasionné, pendant la transition, la minorisation des parts de la
Gécamines dans TFM.
En 1999, l'entreprise déclara la force majeure en se
fondant sur l'article 35 de la convention minière et l'article 19 de la
convention de création de TFM Sarl. La force majeure sera levée
en avril 2004. Mais pendant le temps où est déclaré le cas
de force majeur, rendant toute activité de l'entreprise difficilement
réalisable, les spéculations boursières allaient bon
train.
Des aspects juridiques, Il s'agit d'une Convention
minière ayant donné lieu à la création d'une
société par actions à responsabilité
limitée. La Commission gouvernementale de revisitation a exprimé
beaucoup de réserves sur l'expression « Convention minière
» utilisée par les parties et ce, au regard des dispositions des
articles 38 et 40 de l'ancienne loi minière dite de 1981, sous l'empire
de laquelle ce texte a été signé.
En effet, selon les prescrits de ces articles, la convention
minière porte sur des Zones Exclusives de Recherches en vue d'obtenir
des Permis d'Exploitation.
Or, dans l'espèce, la « convention minière
amendée et reformulée » a pour objet, de manière
générale, de fixer les conditions juridiques, économiques,
financières, fiscales et sociales pour la réalisation du projet
et, particulièrement, de faire bénéficier à TFM de
certains avantages du Code minier, de revoir les objectifs de production et
d'intégrer les modifications des droits et obligations des actionnaires
et de TFM.
Par ailleurs, les périmètres miniers
concernés sont les concessions minières n° 198 dite Tenke et
199 dite Fungurume, renumérotations respectivement 123 et 159 par le
Cadastre Minier après mise en conformité. Ces
périmètres miniers n'étaient pas des Zones Exclusives de
Recherches, mais propriétés de la GCM168(*).
Des pouvoirs des signataires, la convention minière a
été signée le 30 novembre 1996 pour la République
Démocratique du Congo (ex République du Zaïre) par les
Ministres des Mines, du Portefeuille, des Finances et du Plan tandis que la
GECAMINES a été représentée par son
Délégué Général et son
Délégué Général Adjoint.
La société Lundin Holdings Ltd, quant à
elle, a été représentée par son Président.
En ce qui concerne la convention minière amendée
et reformulée, il y a lieu de relever que les noms des personnes qui ont
représenté la GCM et ses partenaires n'ont pas été
révélés.
Par ailleurs, il y a lieu de noter que la Convention
minière amendée et reformulée de 2005 a ajouté de
nouveaux littera dans son exposé des motifs (cfr littera A
à E).
Du mode de sélection du partenaire, le partenaire a
été sélectionné sur base d'un appel d'offres
international lancé par la GCM en 1996. La Commission gouvernementale de
revisitation a estimé que ce mode de sélection excluait, à
lui tout seul, toute possibilité pour Lundin Holdings et Gecamines de
modifier les termes du partenariat.
En effet, quelles que fussent les raisons avancées par
les parties pour justifier la signature d'une nouvelle convention, «
amendée et reformulée », elles ne pouvaient en aucun cas
modifier les conditions essentielles de la soumission après la
proclamation des résultats (répartition du capital dans la
proportion 45% -55% par exemple).
La convention minière amendée et
reformulée est entrée en vigueur le 28 septembre 2005, pour une
durée indéterminée.
Les obligations des parties se résument comme suit :
GECAMINES :
- Céder à TFM ses droits et titres miniers (PE)
;
- Donner à Lundin Holdings toutes informations, plans,
études sur le gisement de Tenke et Fungurume.
LUNDIN HOLDINGS LTD : Financer toutes les opérations de
recherche et d'exploitation (étude de faisabilité dont le
coût a été estimé à quarante huit millions
dollars américains (48.000.000 $ US).
L'exposé de motifs du Code minier énonce ce qui
suit, à la page 32, au regard des dispositions abrogatoires et finales:
« Le présent Code Minier énumère les textes
législatifs et réglementaires qu'il abroge. En ce qui concerne
l'Ordonnance-Loi n° 81-013 du 02 avril 1981 portant législation
générale sur les Mines et les Hydrocarbures, elle coexistera avec
le présent Code pour les conventions minières uniquement en vue
de rencontrer l'esprit et la lettre des clauses de stabilité
prévues dans ces nombreuses conventions. »
Les auteurs de la nouvelle convention minière
amendée et reformulée ont dénaturé l'esprit et la
lettre de la convention de 1996.
Les clauses de la convention de 2005 sont allées
au-delà de la raison d'être du maintien du régime
conventionnel pour les parties qui en ont fait l'option.
A ce propos, la Commission a apprécié la
pertinence des avis du Cabinet Kalamba et Associés émis le 06 mai
2004 sur l'interprétation de l'article 343 du Code Minier.
Selon ces experts : « La loi n° 81-013 du 02 avril
1981 portant législation générale sur les Mines et les
Hydrocarbures n'a plus force obligatoire que dans les hypothèses
limitées où, pour des considérations de
sécurité juridique, le législateur a estimé devoir
confirmer son engagement à respecter les stipulations des conventions
minières. Elle ne peut, par conséquent, donner lieu à une
possibilité de renégocier la convention minière, ce qui
serait incompatible avec les exigences de l'unité indispensable de
l'esprit général de la Loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002
portant Code Minier ».
C'est dans cette perspective que les experts juristes du
Gouvernement, dans une note adressée à la Commission Economique
et Financière pendant la Transition en 2004, estiment qu'il
apparaît à l'article 9 de la convention (de 1996) que l'Etat a
accordé à TFM SARL un régime fiscal, douanier et
parafiscal stabilisé. A l'article 42, la stabilité de la
législation à appliquer à TFM SARL lui a été
garantie par l'Etat. Il s'ensuit que les clauses de stabilité dont il
est question à l'exposé des motifs du Code Minier
renvoient aux articles 9 et 42 de celui-ci, en ce qui concerne la convention
minière citée au paragraphe précédent.
En d'autres termes, si l'Ordonnance-loi n° 81-013 du 02
avril 1981 demeure en vigueur, c'est pour éviter que le régime
fiscal, douanier et parafiscal stabilisé ne soit remis en cause par
l'Etat. C'est donc pour protéger les droits acquis par TFM Sarl, comme
pour toutes les sociétés ayant opté de demeurer dans leurs
conventions respectives, que l'Ordonnance-loi n° 81-013 du 02 avril 1981
continue à s'appliquer pour leurs conventions minières.
Les experts du Gouvernement sont arrivés à la
conclusion ci-après : L'Ordonnance-loi n° 81-013 du 02 avril 1981
est en vigueur mais uniquement pour protéger les droits acquis par les
sociétés signataires des conventions minières à la
condition d'y demeurer ; l'intégration du régime fiscal, douanier
et parafiscal du Code Minier dans la Convention minière n'est pas
possible eu égard au fait qu'il n'est pas plus favorable que celui de la
convention et que dans tous les cas, le Code Minier, en son article 340, exclut
son application.
Il y a eu pour TFM une application sélective des
dispositions du Code Minier. En effet, l'article 2 de ce texte dispose que la
convention a comme objet de « faire bénéficier TFM Sarl de
certains avantages du nouveau Code Minier, sans préjudice aux avantages
dont TFM Sarl a et aura joui aux termes de la convention originaire
jusqu'à l'entrée en vigueur de convention conformément
à son article 40.
Il en est de même de l'article 51 de la même
convention qui fait allusion à l'incorporation de certaines dispositions
du nouveau Code Minier. Il s'agit là d'une violation manifeste de
l'article 340 qui exige l'application intégrale du Code Minier en cas
d'option faite en faveur de celui-ci.
Par rapport à la forme de la convention de 2005, la Loi
minière de 1981 dispose en son article 42 que la convention règle
notamment les clauses de renégociation éventuelle. Ainsi, pour
être conforme à la loi minière de 1981, les parties
à la convention de 2005 ne devraient pas signer une nouvelle convention
dénommée Convention Minière amendée et
reformulée. Elles pouvaient à la limite opérer des
modifications qui n'altèrent pas l'essence du contrat.
Or, il se dégage de l'analyse des dispositions
substantielles nouvelles prévues par la Convention de 2005 qu'il s'agit
d'une nouvelle convention. Ces modifications substantielles portent notamment
sur : les parties ; l'objet ; le régime fiscal, douanier et parafiscal ;
les parts sociales ; les sûretés ; la durée, etc.
Eu égard à tout ce qui précède, la
Commission est convaincue de l'illégalité de la Convention
minière amandée et reformulée et a recommandé, par
conséquent, le retrait du Décret Présidentiel approuvant
la convention minière amendée et reformulée et
l'application de la convention minière originaire (du 30 novembre
1996)169(*).
Eu égard à ce qui précède, la
Commission gouvernementale de revisitation a formulé les observations et
recommandations suivantes : ce partenariat a été conclu à
la suite d'un appel d'offres international lancé par la
Gécamines ; les modifications des conditions de cet appel d'offres,
après publication des résultats y relatifs, ne sont pas
justifiables ; le projet est en phase de construction et développement;
l'augmentation des réserves de 9 à 18 millions Tm/cu
estimée en moyenne à 70 milliards.
En raison du non respect des termes de la soumission à
l'appel d'offres et de la violation de l'art 340 du Code Minier, le
Gouvernement devrait mettre fin à toutes ces conventions et inviter les
parties à signer un nouveau partenariat conformément au Code
Minier avec droit de préemption en faveur de l'actuel partenaire.
Dans tous les cas, la convention minière amendée
et reformulée doit être annulée. Tous les experts qui se
sont penchés sur les contrats miniers dits léonins de la GCM,
dont celui de Tenke Fungurume qu'ils soient du gouvernement ou de la
société civile, sont unanimes : Ces contrats ont
été caractérisés par une opacité totale.
Les consultants d'IMC Groupe Consulting Limited,
chargés par la Banque Mondiale pour le compte du gouvernement congolais
de réaliser un audit et de définir une stratégie de
relance de la Gécamines, avaient recommandé de
« stopper immédiatement les négociations en
l'état et d' « accélérer la
préparation pour la renégociation des
partenariats »170(*).
En juin 2005, le rapport de la Commission Lutundula
recommandait « d'arrêter toutes négociations en
cours » portant sur les unités de production et les gisements
visés par les partenariats portant sur les gisements importants. Il
s'agissait, selon ce rapport, d'éviter de dépouiller la
Gécamines des équipements et gisements qui constituent
l'épine dorsale de sa relance et de prendre d'abord une série des
mesures pour mettre en place les conditions nécessaires à
garantir la transperce.
En septembre 2006, le chef de cabinet du Ministre de Mines,
ingénieur Kalala Budimbwa, ancien haut cadre de la Gécamines,
avait soumis un rapport dans lequel il procède à la valorisation
des concessions majeures, dont celles engagées par la Gécamines
dans les partenariats avec Global Entreprise Corporate, Kinross-Forrest, Tenke
Fungurume. Sa conclusion est catégorique : ces contrats sont
tellement inéquitables qu'ils revêtent à juste titre le nom
de contrats léonins171(*).
Il découle, après notre analyse de quelques
contrats précités, que l'Etat congolais est dans une impasse.
Quand bien même il aurait l'intention de voir un peu plus clair, il
demeure coincé par les clauses mêmes des contrats en cause. Le
problème fondamental de la structure de la plupart des partenariats de
la GCM est que celle-ci ne peut récupérer son patrimoine en cas
de défaillance du partenaire. Il n'a droit qu'à un recours en
dommage et intérêt en face d'un partenaire faiblement
capitalisé et ayant son siège dans un paradis fiscal (Cas des
îles Vierges).
Afin de négocier un accord de partenariat, La GCM a
besoin de motiver la renégociation soit par une justification juridique,
soit en offrant une incitation au partenaire. Ce qui reste possible, ce sont
juste les corrections de certaines distorsions juridiques. Dans le cas du
procès avec Ridgepointe Overseas devant une médiation
internationale, nous avons montré comment le gouvernement congolais a
capitulé. Si la GCM avait pu négocier les conventions
d'amodiation au lieu des cessions, celles-ci lui auraient permis de rester
titulaire de ses droits miniers et de suivre les obligations légales du
maintien en validité desdits droits.
Par arrêté ministériel n°
2745/CAB.MIN/MINES/01/2007 du 20 avril 2007, tel que modifié et
complété à ce jour (annexe 1), le Ministre des Mines,
Monsieur Martin KABWELULU, a non seulement reconnu les vices contenus dans la
plupart des contrats (signés pourtant par des institutions
habilitées avec des vices de toutes sortes), mais a également mis
sur pied la Commission gouvernementale chargée de la revisitation des
contrats miniers172(*)
.
Schéma systémique explicatif des
incidences économiques
GECAMINES
-Difficultés financières et économiques.
Incurie auprès des institutions financières. Procède par
le détour en cédant ses actifs aux multinationales sous la
pression du Gouvernement et selon les objectifs du régime en place
(guerre, transition, démocratie)
ETAT CONGOLAIS
Caractéristiques macro -économiques :
extraversion de l'économie. Exportation basée sur les
matières premières (minerais). Incurie auprès des
institutions financières privées, d'où recourt à la
Banque Mondiale en acceptant les conditions.
BANQUE MONDIALE
Pour financer : exige la libéralisation de
l'économie. Procède par le financement d'un code minier et
forestier libéral et favorable aux multinationales du Nord.
Déréglementation de l'économie congolaise par des projets
divers dont l'Opération Départ volontaire à la
Gécamines. Appui financier aux Multinationales (SFI) et Garantie des
investissements des celles-ci contre les risques politiques en RDC (MIGA),
protège ceux-ci par une institution judiciaire (CIRDI)
MULTINATIONALES ET FILIALES
Promettent d'apporter des capitaux qu'elles n'ont pas.
Lèvent les fonds sur les différentes places boursières.
Spéculent plus sur les actifs miniers (réserves en Cuivre et
Cobalt) de la GCM que de passer directement à la production. Exportent
les surprofits. S'investissent trop peu dans le social.
Alliance Banque Mondiale -
multinationales.
Prend des actions dans les multinationales
à travers ses filiales (SFI, MIGA...)
Alliance entre Elites Politiques et la
BM
Dépendance structurelle de GCM
vis-à-vis des Pouvoirs publics.
Alliance entre L'élite politique du
régime en place avec les mandataires de la GCM.
Alliance entre les mandataires de GCM et les
Hommes politiques qui prennent des actions dans les filiales des
multinationales. Offrent des avantages contre la RDC à celles-ci.
Défavorisent les entrepreneurs congolais et l'artisanat
minier.
Source : Schéma
systémique proposé par nous
Il découle de ce schéma que les actions
constituent l'enjeu majeur de l'alliance entre les différents
acteurs du système. Il est normal dans un tel contexte que le Premier
Ministre congolais, Antoine Gizenga, vu les enjeux y relatifs ait omis dans les
prévisions budgétaires, les revenus tant du secteur minier que
pétrolier.
Le nouveau code minier n'interdit pas aux hommes politiques
congolais en fonction de prendre part dans les entreprises minières
comme actionnaires (titre 2 : Des dispositions communes, Chapitre 1 :
De l'éligibilité). Ce code a donc préparé le cadre
systémique de dépendance des hommes politiques vis-à-vis
des multinationales et de leurs filiales. Les intérêts des hommes
politiques congolais et ceux des filiales des multinationales étant
identiques, les réformes souhaitées par la société
civile continueront à piétiner.
Ce n'est pas non plus du coté de la Banque Mondiale
qu'il faut attendre des actions contraignantes. Elle a, à travers ses
filiales (SFI, MIGA...), des actions dans les mêmes filiales
contestées. La question sur l'identité des actionnaires congolais
dans les filiales des multinationales en RDC reste un tabou (secret
professionnel oblige).
SECTION III. LES INCIDENCES SOCIALES
Nous allons aborder les incidences sociales selon une
subdivision en espace interne et externe à la Gécamines. Il
s'agit d'une subdivision résultant de la nécessité
méthodologique. En réalité, les deux espaces sont en
interaction.
III.1. Les incidences internes
Dans son projet de relance des activités
minières au Katanga, le gouvernement congolais en collaboration avec la
Banque mondiale, avait mis en place une Unité de Réinsertion du
Katanga-Gécamines (URK-GECAMINES) dont le rôle était
de : organiser et animer la procédure d'indemnisation des partants
volontaires ; mettre en oeuvre des programmes d'appui visant à
favoriser la réinsertion rapide des partant volontaires dans une
nouvelle activité économique susceptible de générer
des revenus leur permettant d'assurer leur subsistance ainsi que celle de leurs
familles173(*).
Pour son fonctionnement, l'URK-GCM fut structurée en
trois antennes : Lubumbashi, Likasi et Kolwezi. Une antenne volante fut
constituée et animée par un consultant pour le paiement des
partants volontaires vivant hors du Katanga (Kinshasa, Tshikapa, Matadi,
Ilebo).
En dehors du personnel de BCECO intervenant dans
l'opération, l'URK-GCM comptait un effectif de 17 personnes,
composé d'un coordinateur, trois chargés d'opération
jouant le rôle de responsable d'antenne, trois gestionnaires de base de
données, trois agents comptables et administratifs, trois
secrétaires, une caissière et trois chauffeurs.
Pour la réalisation de sa mission, l'URK a
bénéficié de la collaboration du gouvernorat de la
province du Katanga, des syndicats de la GCM, de l'employeur GCM, des mairies,
de la Police Nationale, des banques qui ont assuré le payement aux
guichets, de l'Université de Lubumbashi et de divers consultants.
Basée sur le volontariat, l'opération concernait 10655 personnes
ayant rempli le critère d'admissibilité c'est-à-dire,
avoir accumulé 25 années d'ancienneté. L'enveloppe
financière débloquée se chiffrait à 44 millions de
dollars.
Le programme de départ volontaire était en
réalité un assainissement nécessaire pour la relance des
activités de la Gécamines : en 1986 la Gécamines
avait produit jusqu'à 476.000 tonnes de cuivre et 14.000 tonnes de
Cobalt. L'effectif de l'entreprise s'élevait à 33.000
travailleurs. En 2002, la production du Cuivre était à 19.000
tonnes et le Cobalt à 1800 tonnes avec un effectif de 23.700
travailleurs. Le niveau de l'emploi étant facteur de la production dans
une entreprise, il était évident que si la Gécamines
espérait stabiliser sa situation économique, il fallait assainir
son personnel pléthorique.
De manière prioritaire, l'entreprise se devait de
licencier les agents qui étaient en Dispense d'Obligation de Prester
(DOP) et tous les agents en activité qui en 2002, totalisaient plus ou
moins 25 ans révolus d'ancienneté. Ces personnes devaient se
porter volontaires.
Etre volontaire avait des conséquences
irréversibles pour les partants volontaires de l'entreprise : ceci
signifiait qu'ils allaient perdre tous les avantages sociaux dont ils
bénéficiaient de l'entreprise et renoncer aux
arriérés des salaires qui s'élevaient à plus de 20
mois. Les termes étaient clairs, les montants perçus
(indemnité de sortie) constitueraient le solde de tous comptes dans
l'entreprise.
La date d'ouverture était le 24 mai 2003
La date de clôture : 04 avril 2003.
Les agents au départ volontaire étaient
reçus par leurs directeurs de siège respectifs qui leurs
fournissaient l'information sur : le montant de l'indemnité de
sortie ; l'existence d'un bureau de coordination autonome responsable des
actions relatives à l'Opération Départ Volontaire ;
le programme d'aide-conseil à la réinsertion.
Les effets positifs pour la Gécamines dans l'ODV
sont : la réduction des charges salariales ; la
réduction des charges résultant des avantages sociaux dont ces
travailleurs et leurs familles bénéficiaient. Avant le
départ volontaire, l'enveloppe salariale mensuelle comprenait plus de 4
millions de dollars174(*). La Gécamines espérait ainsi pouvoir
récupérer au moins plus de 1 millions de dollars sur l'enveloppe
salariale versée chaque mois à son personnel. Il sied de faire
remarquer que la diminution de l'enveloppe salariale et des avantages sociaux
pour les familles nombreuses (cas des agents de la Gécamines) constitue
l'effet financier important dans une entreprise en difficulté.
Le deuxième effet bénéfique était
le fait que le montant pour l'ODV ne provenait pas de la trésorerie de
l'entreprise, mais de la Banque Mondiale qui avait mis en place avec le
gouvernement congolais une unité autonome (URK) devant superviser
l'opération et ne dépendant pas de l'entreprise Gécamines.
Cela signifiait clairement que les contentieux relatifs à l'ODV ne
seront pas de la compétence de la Gécamines et celle-ci ne serra
jamais assignée en justice par les anciens agents partis dans
l'Opération Départ Volontaire pour réclamation des
arriérés de salaires ou autres indemnités.
Du coté des travailleurs partants, la première
impression fut le soulagement moral. Depuis plus de 20 mois, ils n'avaient
touché leurs salaires. Ils avaient perdu tout espoir et surtout la
confiance dans une entreprise qu'ils avaient vue pendant les périodes de
gloire et de paternalisme175(*). Pour beaucoup de travailleurs candidats au
départ volontaire, l'opération départ volontaire fut tout
d'abord perçue comme une porte de sortie honorable d'une entreprise qui
agonisait déjà. Le montant d'indemnisation, quoique minime,
valait mieux que l'espoir d'une Gécamines qui risquait de ressusciter
après leurs propres morts176(*). Pour les travailleurs qui restaient dans
l'entreprise, l'espoir de payement régulier est revenu dans la mesure
où les recettes allaient être ajustées aux charges sans
entraîner forcément des déficits.
Mais la nouvelle politique de l'entreprise a affecté
les travailleurs restés en fonction dans la mesure où le secteur
social a également été visé, c'est-à-dire
que dans la politique de restructuration de la GCM selon les prescrits de la
Banque Mondiale que suit Sofreco, il fallait se désengager de certaines
charges sociales.
Ainsi, le 19 Août 2004, un appel d'offre International
pour le recrutement d'un consultant en charge de la restructuration des
services et du réseau Education de la Gécamines fut lancé
par les soins du COPIREP, dans le cadre du Projet de
Compétitivité et de Développement du secteur Privé,
financé par la Banque Mondiale et dont nous avons parlé
précédemment177(*).
La mission du consultant telle qu'elle ressort de l'appel
d'offre était d'évaluer la viabilité
financière du réseau d'éducation GCM. Comme implication,
la Gécamines allait se désengager de certaines écoles ou
institutions sociales tels les hôpitaux dont la viabilité ne sera
pas prouvée.
Nous avons enquêté sur quelques institutions
sociales de la GCM qui existent actuellement dans ce réseau. Le
résultat est le suivant:
GROUPES
|
CRECHE
|
MATERN.
|
RATTRAP.
|
COUPE-C.
|
SOURDS-M.
|
FEMMES ADULTES
|
S U D
|
0/3
|
3/3
|
3/3
|
3/3
|
1/3
|
1/3
|
CENTRE
|
5/7
|
8/8
|
3/7
|
2/7
|
0/8
|
1/7
|
OUEST
|
0/8
|
9/9
|
3/8
|
3/8
|
0/9
|
0/9
|
COMMENTAIRE : comme on peut le
constater, les institutions sociales sont réduits au maximum. Le
numérateur représente les institutions qui fonctionnent et le
dénominateur celles prévues selon les groupes
opérationnels de production.
Après l'Opération Départ Volontaire,
l'entreprise a profité de l'opportunité pour réduire
certaines institutions éducatives dans le but de réduction des
charges sociales.
Les incidences sociales négatives de la restructuration
de la Gécamines ont été adoucit par la gestion de Paul
Fortin qui insiste sur l'amélioration des conditions des ressources
humaines en allant parfois à l'encontre des prescrits de SOFRECO
qui souhaiterait que les charges liées au personnel soient
minimisées au plus vite et au maximum178(*).
Cette approche de gestion avait entraîné le
limogeage de Paul Fortin par SOFRECO. Le 01 mars 2007 fut
décrété, de manière unilatérale par les
travailleurs, l'arrêt du travail dans tous les Sièges et Groupes
de la Gécamines pour réclamer le maintien à la tête
de la Gécamines de Monsieur Paul FORTIN. L'arrêt de travail fut
scrupuleusement observé par les travailleurs179(*). Les agents estimaient
qu'avec Fortin, ils recevaient régulièrement leurs salaires et
les avantages sociaux y afférents rompant ainsi avec la période
de la vache maigre, ils voyaient en réalité les effets
bénéfiques de la restructuration qui avait commencé avec
l'Opération Départ Volontaire (ODV).
En effet, le rapport 2007 de la Gécamines certifie ces
aspects liés à l'aspect de la paie régulière des
salaires180(*).
MOE (main d'oeuvre
d'exécution)
MOC (cadres)
- Janvier : 884.685.600,00 FC (1.701.318 $) - Janvier
: 488.596.500,00 FC (939 .609 $)
- Février : 756.711.300,00 FC (1.455.214 $) -
Février : 493.061.200,00 FC (948.195 $)
- Mars : 781.429.700,00 FC (1.502.749 $) - Mars :
520.834.300,00 FC (1.001.604 $)
- Avril : 747.985.700,00 FC (1.438.434 $) - Avril :
553.335.300,00 FC (1.064.106$)
- Mai : 853.404.000,00 FC (1.641.161 $) - Mai :
644.222.200,00 FC (1.238.889$)
- Juin : 800.997.700,00 FC (1.540.380$) - Juin :
624.107.200,00 FC (1.200.206 $)
- Juillet : 844.308.800,00 FC (1.623.671$) - Juillet
: 608.981.400,00 FC (1.171.118$)
- Août : 814.823.200,00 FC (1.566.968 $) -
Août : 609.081.500,00 FC (1.171.311 $)
- Septembre : 879.621.800,00 FC (1.691.580$) -
Septembre. : 644.158.500,00 F (1.238.766$)
- Octobre : 888.720.100,00 FC (1.709.077$) - Octobre
: 627.402.500,00 FC (1.206.543$)
- Novembre : 836.398.000,00 FC (1.608.458 $) -
Novembre : 577.541.100,00 FC (1.110 .656 $)
- Décembre : 870.323.500,00 FC (1.673.699$) -
Décembre : 580.158.700,00 FC (1.115.690 $)
L'enveloppe salariale mensuelle moyenne de la Gécamines
dépasse 1,5 millions de $ pour un effectif global de 8887 travailleurs.
Le payement mensuel régulier des salaires par l'épargne et la
consommation que le salaire entraîne au Katanga joue un rôle qui
n'est pas à négliger. En outre, la majorité des
salariés étant des Congolais, il y a un effet
bénéfique dans la consommation et la formation de
l'épargne des ménages congolais.
LES EVACUATIONS SANITAIRES A L'ETRANGER ONT COUTE A
L'ENTREPRISE181(*)
|
TOTAL
1er SEMESTRE
2007
|
TOTAL
2eme SEMESTRE
2007
|
TOTAL ANNUEL
2007
|
Montant prévu
|
600 000 $
|
600 000 $
|
1 200 000 $
|
Montant réalisé
en Afrique du sud et en Europe
|
301.975 $
|
345.132 $
|
647.107 $
|
Au regard de quelques indicateurs précités, nous
pouvons affirmer qu'il y a eu des retombées positives de la
restructuration. Mais ces retombées sur le plan social sont le fruit de
la conception de la gestion propre à Paul Fortin, lequel met l'homme au
centre.
III.2. Les incidences externes
Parmi les incidences externes positives, il d'abord le
déversement d'une partie des compétences des certains agents
partis en ODV dans les entreprises privées en recherche des
compétences dans le domaine minier (cas de DCP et STL...). L'on peut
aussi signaler, les créations des industries minières artisanales
par d'autres.
Ensuite, le déversement de milliers de dollars sur le
marché Katangais, et pour ceux qui sont parvenu à se
réinsérer, la création des PME. Ils ont contribué
à la dynamique économique endogène du Katanga. Ces aspects
positifs sont toutefois à relativiser.
Partis de l'entreprise, les travailleurs se sont vite rendu
compte de « l'escroquerie » dont ils furent l'objet de
la part et de la Banque Mondiale et de l'Etat congolais. En échange de
leur départ de l'entreprise, ils avaient touché « des
paiements pour suppression d'emploi allant de 1900 à 30.000 $
USD ». Dans le contexte qui était le leur, ces sommes ont paru
considérables. Mais en réalité, les contrats et les
conventions sociales existants donnaient droit aux employés à un
montant total de 125 millions de $ US182(*).
Nous avons recherché les prescrits du droit du travail
et de la sécurité sociale qui auraient été
violés par l'Etat congolais dans l'Opération Départ
Volontaire. Il s'agit principalement de l'article 77 de la Loi N°
015-2002 portant Code du travail, 16 octobre 2002. « La quittance
pour solde de tout compte, délivrée au travailleur au moment
où le contrat prend fin, n'implique aucune renonciation à ses
droits ». Or les travailleurs de la Gécamines ont justement
renoncé à plusieurs droits dont les arriérés de
salaires qui ont été calculés forfaitairement et
sous-évalués dans l'indemnité de sortie. L'Etat congolais,
poussé par le souci de renouer avec la Banque Mondiale a sacrifié
l'intérêt de sa population et bravé ses propres lois en
matière de travail.
Le Collectif des Ex-Agents Gécamines animé par
Messieurs Mbuya, Bulambo, Dr Baluti, Umba, a vu le jour au mois de mars 2004 en
vue de recouvrer les droits spoliés des agents Gécamines
concernés par l'Opération Départ Volontaire. Ceux-ci
étaient aidés par Association Africaine de Droit de l'Homme
(ASADHO-Katanga)183(*).
Néanmoins, cette association n'a jamais fait
l'unanimité entre les ex-agents, certains estimant que c'est une
association des ex-agents qui ne sont pas parvenus à se
réinsérer socialement et qui continuent à rêver de
la Gécamines. Les clauses de l'ODV excluaient en effet des poursuites
judiciaires ultérieures d'une part, mais d'autre part la
Gécamines ne peut plus répondre des arriérés
concernés, les agents ne pourront poursuivre judiciairement que l'Etat
congolais184(*).
S'agissant de la réinsertion, l'Etat congolais n'a pas pu mettre en
place des réseaux de réinsertions structurés à part
l'appui-conseil de l'URK. Le cas isolé que nous avons pu identifier
vient d'un missionnaire catholique à Kambove185(*).
S'agissant des Joint-ventures (entreprise commune entre GCM,
Gouvernement et secteur privé), ils ont apporté des capitaux
frais, mais sont dans la logique économique des investissements
exportateurs. Les surprofits ne sont pas investis en RDC.
Quelques actions sociales posées sont
notamment :
Pour RUASHI MINING :
- L'approvisionnement de la Commune de Ruashi en eau
potable ;
- La fourniture de la Commune de Ruashi de deux (02)
transformateurs pour résoudre le problème de l'énergie
électrique ;
-? L'encadrement des creuseurs artisanaux sur le site de
Ruashi vers d'autres activités économiques productrices de
revenus.
Quant à l'entreprise KCC, celle-ci a permis la
création de plus ou moins 3.057 emplois. Aucune action sociale à
impact visible n'a été réalisée dans le cadre de
son projet.
S'agissant de Boss Mining, on peut relever quelques actions
sociales réalisées. Il s'agit notamment de :
- la réhabilitation du tronçon
Kakanda-Mulunguishi-Likasi sur la route nationale n° 1 en vue de
désenclaver complètement la contrée de Kakanda,
siège d'exploitation de Boss Mining Sprl;
-la réhabilitation et l'entretien du tronçon
Kakanda-Kambove-Likasi ;
- la participation hebdomadaire aux frais de fonctionnement de
l'hôpital de Kakanda à hauteur de cinq cents dollars
américains;
-la réfection du foyer social de Kakanda ;
- la poursuite de la réfection de l'hôpital de
Kakanda ;
- la remise en état de l'éclairage public ;
-la réfection des avenues du camp des travailleurs de
Kakanda;
- la construction des appartements pour les cadres;
- la construction d'un centre de santé et
l'équipement.
Quant à Tenke Fungurume Mining. L'entreprise a
créé 1080 emplois dont 20 pour les expatriés et 998
nationaux; la société a pris en charge trois (03) écoles
par la fourniture des matériels didactiques et le paiement des
enseignants.
Avec la politique des partenariats, nous assistons donc
à une recomposition de la société katangaise. Le
modèle de salariat calqué sur une seule entreprise minière
qui servait de poumon économique du Katanga et de la RDC est aujourd'hui
supplanté par un modèle multipolaire et ne garantissant pas les
avantages sociaux d'antan (concurrence de la main d'oeuvre locale avec celle
étrangère, salaires dérisoires, violations des normes en
matière de sécurité sociale, fraudes douanières et
fiscales, investissement insignifiant dans le social, surprofits
exportés vers les pays d'origine des multinationales).
Les entreprises telles Anvil Mining, Boss Mining, Ruashi
Mining, STL...sont les nouveaux employeurs qui consacrent l'éviction des
investissements d'une entreprise publique sans pour autant en remplacer les
structures sociales. Certes, la Gécamines reste présente dans le
secteur minier au Katanga, mais elle s'oriente de plus en plus vers une
dynamique privée. Réduction des charges sociales,
productivité, tendance à s'investir plus dans les actions de
partenariat que dans la production.
La nouvelle logique du travail au Katanga est, à notre
avis, de plus en plus marquée par l'instabilité de l'emploi due
à la concurrence d'une main d'oeuvre étrangère. On
assiste, en effet, à l'émergence des nouveaux acteurs
étrangers sur le marché de l'emploi dans le secteur minier
(chinois, Indiens...). Les dividendes ainsi que les salaires seront davantage
exportés vers les Etats d'origine des Multinationales ainsi que des
salariés étrangers.
La restructuration de la Gécamines s'est
répercutée sur l'environnement social du Katanga. Le
réseau de solidarité qui s'était constitué par le
passé autour des sacs de farine (ravitaillement, dit Mposho) seront de
plus en plus minimes et ne suffiront plus pour la famille restreinte du
travailleur et celle élargie.
SCHEMA SYSTEMIQUE EXPLICATIF DES INCIDENCES
SOCIALES
Investissement Banque Mondiale dans la
déréglementation de l'Economie congolaise
dans ODV
Financement des Multinationales à travers ses
filiales
ETAT CONGOLAIS
Autorités politiques ventripotents et kleptocrates,
situation économiques de crise chronique
ODV(GCM)
Indemnités insuffisantes, précarité de
l'emploi, chômage, difficulté de reconversion (extraction
artisanales)
ENTREPRISE (GCM)
-effectif minimum. Technologie d'extraction
intermédiaire,
Revenu qui provoque l'épargne local mais insuffisant
à cause de la réduction de l'effectif global de
l'entreprise
Revenus filiales des multinationales et les JV
Employés exploités (emploi Revenu du
travail : salaires minimum (pour effectif minimum)
Épargnes des salariés expatriés dans
leur pays d'origine.
Pas de marché solvable
Pas de classe moyenne
FILIALES ET MULTINATIONALES (JV)
Technologie de pointe supplantant la main d'oeuvre abondante,
extraction maximale des minerais
Spéculation boursière
Revenu servant au remboursement des emprunts de la GCM et de
l'Etat Congolais
PAYS D'ORIGINE DES MULTINATIONALES ET DES TRAVAILLEURS
EXPATRIES
Investissement du surprofit dans les pays d'origine des
multinationales,
Pas de création d'une dynamique de
développement endogène
Source : Schéma proposé par
nous
CONCLUSION
Le présent travail s'est proposé
d'étudier les incidences des pouvoirs publics sur la crise des
entreprises publiques : cas de la Générale des
Carrières et des Mines.
Nous avons montré dans l'introduction qu'il serait
prétentieux de notre part d'affirmer que nous sommes le premier
chercheur à aborder la crise de la Gécamines.
Notre mémoire s'est donc inscrit dans un continuum
et s'est situé par rapport à d'autres recherches. Nous avons
eu, par conséquent, à prendre connaissance, dans notre
état de la question, des travaux antérieurs qui portent sur la
Gécamines, à savoir le mémoire de DEA en science de
développement du chercheur Kilondo Nguya portant sur
Ménage Gécamines, précarité et
économie populaire. Ce mémoire portait sur les rapports
entre les pouvoirs publics et la Gécamines à partir de la
théorie de l'industrialisation et l'économie populaire au
Katanga, de la période coloniale à 1989. Nous avons
également répertorié un rapport, L'Etat contre le
peuple : la gouvernance, l'exploitation minière et le régime
transitoire en RDC. Ce rapport de l'Institut Néerlandais pour
l'Afrique Australe, a consacré son chapitre le plus important à
la « gouvernance et l'exploitation minière au
Katanga » (pp. 32-69). Le rôle des pouvoirs publics qui en
ressort est la complicité des pouvoirs publics dans le bradage du
patrimoine minier de la Gécamines. Mais comme rapport, ce document
demeure un outil de lobbying plutôt qu'une recherche scientifique de type
académique. Nous avons également consulté l'ouvrage d'Ikos
Rukal Diyal, La Générale de Carrières et des Mines
(GCM) : une culture et une civilisation. Cet ouvrage écrit
par un ex-agent Gécamines, a comme apport la description de certains
faits historiques dans lesquels l'auteur est participant - observateur.
Malgré l'apport en informations sur la Gécamines, ce livre
demeurait une autobiographie. L'auteur se racontant dans l'Entreprise.
Notre travail s'est démarquée des ces recherches
par le fait que nous avons voulu donner tout son sens au rapport entre les
pouvoirs publics et la crise de la Gécamines.
La tentation, comme le montre notre bibliographie,
était de nous lancer dans une gloutonnerie livresque et
informationnelle. Mais nous avons vite compris qu'il était plutôt
réfléchi de lire en profondeur quelques livres et
systématiser certaines informations soigneusement
sélectionnées pour produire une recherche synthétique
pouvant apporter un plus dans la connaissance du rapport entre les pouvoirs
publics et la crise de la Gécamines.
Notre question de départ s'est articulée autour
d'une préoccupation majeure, à savoir, le fait que la plupart des
programmes économiques et financiers entrepris par le gouvernement
congolais avec l'appui de la Banque Mondiale et le FMI n'ont pas pu mettre la
RDC sur la voie du développement. Or la Gécamines a toujours
joué le rôle de poumon économique de la RDC. De là
nous avons posé la problématique de notre travail en ces
termes : Quelles seraient les incidences des pouvoirs publics congolais
sur la crise de la Gécamines?
De cette problématique, découle comme
hypothèses que les incidences seraient négatives et de trois
ordres ou niveaux : le niveau politique, économique et social.
Les incidences politiques seraient liées au
système politique et administratif sous développé lequel
se caractérise par la constitution des classes sociales qui collaborent
à l'extraversion des ressources. Au niveau de la Gécamines, des
strates se seraient formées dans la néo-patrimonialisation de
l'entreprise.
Comme incidences économiques, nous avons
évoqué l'adoption du modèle extraverti de
l'économie congolaise qui rendrait celle-ci tributaire des capitaux
étrangers et des Institutions financières internationales.
Comme incidences sociales nous avons évoqué les
conséquences de la dépendance financière et
économique qui seraient des goulots d'étranglement. La politique
de la restructuration avec l'Opération Départ Volontaire a
contribué à la décomposition-recomposition de la
société katangaise.
Bref, les Pouvoirs Publics auraient une responsabilité
parentale dans la crise de la Gécamines.
Usant de la méthode systémique et d'une approche
multidisciplinaires, nous avons confronté nos hypothèses aux
faits. Ce qui nous a conduit à construire trois schémas
systémiques interdépendants explicatifs du rapport entre les
pouvoirs publics et la crise de la Gécamines.
Vérifiant nos hypothèses dans le
troisième chapitre, nous avons découvert qu'il sied de les
nuancer. S'agissant des incidences politiques, nous avons montré que le
régime L.D.Kabila (1998-2001), confronté à la guerre et
à l'embargo sur les armes s'est vu, dans l'obligation de recourir aux
ressources disponibles pour faire face au besoin de sa survie. D'où les
alliances entre la RDC et les Etats tels le Zimbabwe, l'Angola et la Namibie.
La Gécamines dans un tel contexte a servi de ressource (input) pour
alimenter l'effort de guerre.
Le besoin désespéré d'argent liquide et
la nécessité de produire rapidement certaines armes lourdes au
niveau local ont eu un impact négatif sur l'économie congolaise
et la Gécamines. L'examen du bilan de 1998 de la Gécamines nous a
montré que la Gécamines avait comme Fonds propres, un chiffre
négatif (soit - 471 millions de dollars US), alors que le bilan de 1995,
période de guerre sous Mobutu était encore positif soit 125
millions de dollars US. Quant aux dettes, la Gécamines avait une dette
qui s'élevait, en 1998, à plus de 1 milliards de dollars US.
L'un des moyens sûrs d'obtenir l'engagement de certains
alliés dans la guerre que menait L.D.Kabila a été de leur
donner des incitations financières en leur ménageant des
possibilités de faire des affaires dans le secteur minier. Les capitaux
des alliés de L.D. Kabila, principalement le Zimbabwe, ont donc
profité d'un traitement préférentiel.
Pendant la transition, dans un contexte d'un Etat en faillite,
criblé de dettes tant intérieures qu'extérieures, les
bailleurs de fonds, en particulier les institutions de Bretton Woods,
sont venus à la rescousse de la RDC pour lui imposer un cadre
juridique en leur faveur : le code minier et forestier. Ne pouvant plus
répondre à ses obligations financières et privé
d'un président populiste comme L.D. Kabila qui s'opposait à la
politique de la dépendance vis-à-vis du camp capitaliste, le
gouvernement de la RDC s'est aligné « comme un enfant
sous-alimenté » devant la soupe de la Banque Mondiale.
Des incidences économiques, nous avons soutenu que les
Institutions de la Banque Mondiale telle l'Agence Multilatérale de
Garantie des Investissements (AMGI) se sont engagées à garantir
les investissements des multinationales du Nord contre les risques
socio-politiques en RDC dans le secteur minier en particulier.
De notre point de vue, il s'agit là d'une conspiration
du capitalisme international dont la Banque Mondiale sert de « cheval
de Troie » pour préparer les économies
périphériques, spécialement celles de la RDC, à la
réception des multinationales aux pratiques économiques
inégales et injustes. Au lieu d'encourager massivement les investisseurs
locaux de la RDC ou ceux de l'Afrique, la Banque Mondiale se tourne vers des
multinationales du centre, lesquelles favorisent le prélèvement
du surprofit du secteur minier de la RDC.
Différents indicateurs de l'entreprise nous ont
montré que la Gécamines n'était plus solvable,
c'est-à-dire qu'elle n'était plus à mesure de payer ses
dettes à échéance et n'avait plus accès au
marché financier international, elle a donc amorcé une nouvelle
stratégie : l'exploitation de ses actifs miniers en joint-venture.
Or la plupart des contrats de Joint-ventures conclus se sont
avérés léonins.
La Gécamines aurait dû procéder à
un appel d'offre pour s'attirer des partenaires qui respecterait davantage la
répartition des parts dans les entreprises communes, les gisements
concernés par la plupart des contrats faisant partie de la richesse
nationale de la RDC confiée à la GCM, cette richesse n'aurait pas
dû faire l'objet de cession à des entreprises de joint-ventures en
l'absence de valorisation exacte du patrimoine cédé. Étant
minoritaire dans les sociétés de joint-venture, les
détails de l'exploitation échappent à la GCM.
Nous avons montré à la lumière de
l'analyse de quatre projets de joint-venture que le contexte de la signature de
la plupart des contrats de la GCM témoigne d'une responsabilité
indéniable des pouvoirs publics dans la crise et le bradage de son
patrimoine: les péripéties politiques qui ont entouré le
contrat Forrest pour Kamoto, par exemple, ont été décrites
largement ainsi que la responsabilité de certains représentants
des pouvoirs publics. Le cas Forrest est symptomatique de l'alliance
pernicieuse entre les politiciens commerçants et un entrepreneur
privé pour le bradage du patrimoine de la GCM. Ce dernier, nommé
à la tête de GCM par L.D. Kabila, non seulement il n'a pas pu
relancer cette entreprise, mais il a pu mettre en place une stratégie de
récupération des actifs de la Gécamines en
préparant les futurs partenariats entre son Groupe et la
Gécamines. Dans l'exécution des travaux, selon la commission
gouvernementale de revisitation, la joint-venture créée entre
Forrest et la Gécamines n'existe pas sur terrain, la gestion du projet
est assurée par KOL (Kamoto Operating Limited. Une filiale du Groupe
Forrest).
Dans les incidences sociales, nous avons montré que le
programme de départ volontaire était en réalité un
assainissement nécessaire pour la relance des activités de la
Gécamines : en 1986 la Gécamines avait produit
jusqu'à 476.000 tonnes de cuivre et 14.000 tonnes de Cobalt. L'effectif
de l'entreprise s'élevait à 33.000 travailleurs. En 2002, la
production du Cuivre était à 19.000 tonnes et le Cobalt à
1800 tonnes avec un effectif de 23.700 travailleurs. Le niveau de l'emploi
étant facteur de la production dans une entreprise, il était
évident que si la Gécamines espérait stabiliser sa
situation économique, il fallait assainir son personnel
pléthorique. Etre volontaire avait des conséquences
irréversibles pour les partants volontaires de l'entreprise : ceci
signifiait qu'ils allaient perdre tous les avantages sociaux dont ils
bénéficiaient de l'entreprise et renoncer aux
arriérés des salaires qui s'élevaient à plus de 20
mois. Les termes étaient clairs, les montants perçus
(indemnité de sortie) constituaient le solde de tous comptes dans
l'entreprise.
Pour beaucoup de ces travailleurs candidats au départ
volontaire, l'opération départ volontaire fut tout d'abord
perçu comme une porte de sortie honorable d'une entreprise qui agonisait
déjà. Le montant d'indemnisation, quoi que minime valait mieux
que l'espoir d'une Gécamines qui risquait de ressusciter après
leurs propres morts.
Partis de l'entreprise, les travailleurs se sont vite rendu
compte de « l'escroquerie » dont ils furent l'objet de
la part et de la Banque Mondiale et de l'Etat congolais. En effet, en
échange de leur départ de l'entreprise, ils avaient touché
des paiements pour suppression d'emploi allant de 1900 à 30.000 $ USD.
Dans le contexte qui était le leur, ces sommes ont paru
considérables. Mais en réalité, les contrats et les
conventions sociales existants donnaient droit aux employés à un
montant total de 125 millions de $ US, au lieu de l'enveloppe de 44 millions de
dollars.
Pour les travailleurs qui restaient dans l'entreprise,
l'espoir de payement régulier s'est renforcé, dans la mesure
où les recettes allaient être ajustées aux charges sans
entraîner forcément des déficits. Après
l'opération départ volontaire, l'entreprise a profité de
l'opportunité pour supprimer certaines institutions éducatives
dans le but de réduction des charges sociales.
Nous avons nuancé notre hypothèse en
précisant que les incidences sociales négatives de la
restructuration de la Gécamines ont été adoucies par la
gestion de Paul Fortin qui insiste sur l'amélioration des conditions des
ressources humaines en allant parfois à l'encontre des prescrits de
SOFRECO.
Nous avons soutenu que la nouvelle logique du travail au
Katanga est, à notre avis, de plus en plus marquée par
l'instabilité de l'emploi due à la concurrence d'une main
d'oeuvre étrangère. On assiste, en effet, à
l'émergence des nouveaux acteurs étrangers sur le marché
de l'emploi dans le secteur minier (chinois, Indiens...). Les dividendes ainsi
que les salaires seront davantage exportés vers les Etats d'origine des
Multinationales ainsi que des salariés étrangers.
La restructuration de la Gécamines s'est
répercutée sur l'environnement social du Katanga. Le
réseau de solidarité qui s'était constitué par le
passé autour des sacs de farine (ravitaillement, dit Mposho) seront de
plus en plus minimes et ne suffiront plus pour la famille restreinte du
travailleur et celle élargie.
Comme suggestions, Nous estimons que la restructuration de la
Gécamines ne doit pas servir d'alibi pour sa privatisation. La chute de
la Gécamines est tributaire des différents régimes
politiques qui se sont succédé à la tête de la
République Démocratique du Congo.
La Gécamines nécessite aujourd'hui, tel que
Fortin l'a montré, une plus grande autonomie vis-à-vis des
dirigeants politiques et surtout la réhabilitation de l'homme qui
travaille et de son environnement. Les mandataires congolais ayant
été choisis par concours pour renforcer l'équipe de
SOFRECO, il sied désormais de les évaluer et les sanctionner non
en fonction de la fidélité au régime en place mais en
fonction des résultats obtenus.
Nous estimons que la Gécamines nécessite pour le
renforcement de cette indépendance vis-à-vis des
interférences des pouvoirs publics, une équipe d'experts
internationaux en management (sélectionnés sur initiative et
fonds de l'Etat Congolais) pour assurer une gestion managériale plus
responsable. Recourir aux compétences internationales pour se rendre
compétitif n'est plus, dans un contexte de mondialisation, un signe
d'aliénation, mais un atout pour échapper aux pesanteurs
néfastes qu'entretiennent les animateurs politiques.
S'autodéterminer sur le plan économique, pensons-nous, consiste
à reconnaître les pesanteurs de son propre système
politique, à savoir la dépendance indéniable des
mandataires au régime politique en place d'une part, le poids de
l'économie mondialisée sur les pays à faible
compétitivité commerciale et la nécessité de se
repositionner en intégrant le marché mondiale d'autre part. La
recherche de la bonne gouvernance dans la chose publique doit passer par un
concours qui puisse favoriser les meilleurs, l'équipe de management
international, en dehors de la Banque Mondiale, aura pour fonction, d'abord, de
tempérer les appétits et les interférences propres aux
hommes politiques congolais, ensuite d'impulser la vision managériale
internationale aux gestionnaires congolais collaborateurs et, enfin, de
permettre aux élus du peuple d'avoir une vision sur la gestion des
entreprises publiques congolaises dénouée des pesanteurs
partisanes.
La société civile, le parlement congolais et
tant d'autres groupes de pression se doivent de rester en éveil pour
dénoncer les différents contrats qui aliènent le
patrimoine congolais, autrefois géré par la GCM. La
démocratie ne peut être séparée de
l'intérêt que le peuple doit porter sur son patrimoine et sa
gestion par les autorités politiques sensées la
représenter dans une démocratie.
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8. MOUREAU, A., « Introduction à la
géologie du Katanga » in Industrie katangaise,
Elisabethville, Université d'Elisabethville, 1961, pp.229-233.
9. TSHINGOMBE MULUBAY, F., « les dimensions
économico-financières du contrat de Gouvernance
(Mars-Décembre 2007) : défis et perspectives », in
Congo-Afrique, N°417, septembre 2007. pp. 519-532.
III . NOTES DE COURS
1. MBAYA KABAMBA, Cours de systèmes
administratifs comparés, L1 SPA, FSSPA UNILU 2006-2007,
Inédit.
2. MPIA, D., Cours d'analyse des
systèmes, L2 SPA, FSSPA, UNILU, 2007-2008.
3. NADIA PATANELLA, Notes sur la Méthodologie de
la science politique, Liège, Université de Liège,
Cours DEA, 2002-2003, Inédit.
4. NTAMBWE LUMANISHA, Epistémologie et
Méthodologie de la science administrative, L1.SPA, FSSPA,
UNILU, 2006-2007, Inédit.
IV. PAGES WEB
1. BRAECKMAN, C., « Guerre sans vainqueur en
République Démocratique du Congo » in Monde
diplomatique, avril 2001,
http://www.monde-diplomatique.fr/2001/04/BRAECKMAN/15007.
2. GILFENBAUM, A., et Shannon LAWRENCE, La Banque
Mondiale en RDC, juillet 2005.
http://www.ifc.org
3. LANDRY, M., et BANVILLE, C., « Les
caractéristiques et balises d'évaluation de la recherche
systémique », version web.
4. ROBERT, B., « La crise, quelle
définition ? » http :
//communication.fhf.fr/pdf/La crise quelle définition.
Argillos.pdf.
5. SARGET, M-N. « Problèmes et limites de
l'approche systémique de la décision » version
web :
http://www.afscet.asso.fr/MNSando1.pdf.
6.
http:/users.skynet.be/fa418506/mineralogie/Katanga/cartes.htlm)
7.
http://www.freewebs.com/congo-kinshasa
8.
http://ipsnews.net/fr/inerma.asp?idnews=2425.
9.
http://www.mémoireonline.com/
V. MEMOIRES, RAPPORTS ET AUTRES DOCUMENTS
1. ASSEMBLEE NATIONALE DE LA RDC, Commission
spéciale chargée de l'examen de la validité des
conventions à caractère économique et financier conclues
pendant les guerres de 1996-1997 et de 1998. Rapport des travaux.
Ière Partie, Kinshasa, le 26 juin 2005.
2. ASADHO-KATANGA, Insécurité des
certains acteurs de la société civile oeuvrant dans le secteur
minier, communique de presse N°15/2005.
3. FORUM DE LA SOCIETE CIVILE DE LA RDC,
Révision des contrats miniers en RDC : Rapport
consolidé des 12 contrats, , Kinshasa, CEPAS, 2007.
4. GECAMINES, Etats financier 2001, Direction
Financière.
5. ----------------, Rapports annuels, 1974,
1975, 1981, 1990.
6. ----------------, Rapport
d'activités, Direction des Ressources Humaines, 2007.
7. GLOBAL WITNESS, Une corruption profonde :
fraude, abus et exploitation dans les mines de cuivre et de Cobalt du
Katanga, Rapport de Global Witness, juillet 2006.
8. KALENDA NDAY, La politique de recouvrement d'une
entreprise publique et son incidence sur la gestion financière :
cas de la SNCC de 1997-2000, TFC, ISC - Lubumbashi, 2001-2002,
inédit.
9. KILONDO NGUYA, D., Ménage Gécamines,
précarité et économie populaire, Mémoire
de DEA en développement, Université de Louvain, 2003-2004,
inédit.
10. MINISTERE DE MINES DE LA RDC, Rapport des travaux
II : partenariats conclus par la Gécamines, Commission de
revisitation des contrats miniers, Kinshasa, Novembre 2007.
11. NGOIE SANKIA, Analyse de l'opération
départ volontaire comme facteur de relance des activités
économiques d'une entreprise publique (cas de la
Gécamines), Mémoire SPA, UNILU, 2003-2004,
inédit.
12. NGOY ILUNGA, Financement externe et
rentabilité de l'entreprise : cas de la Gécamines,
Mémoire de Licence en gestion financière, UNILU, 2005-2006.,
inédit.
13. NIZA, L'Etat contre le peuple : la
gouvernance, l'exploitation minière et le régime transitoire en
RDC, Institut néerlandais pour l'Afrique australe (NiZA) et le
service d'information d'International Peace (IPIS), Amsterdam, 2006.
14. ONU, Rapport du Groupe d'experts de sur
l'exploitation des richesses naturelles de la République
Démocratique du Congo, New-York, 12 avril 2001
VI. DICTIONNAIRES
1. C-D., ECHAUDEMAISON, (sld.), Dictionnaire
d'économie et de sciences sociales, Paris, Nathan, 2001
(5è édition)
2. LE ROBERT, Dictionnaire pratique de la langue
française, Paris, Ed. Le Robert, 1996.
* 1 KILONDO NGUYA,
Ménage Gécamines, précarité et économie
populaire, Mémoire de DEA en développement,
Université de Louvain, 2003-2004, inédit.
http://www.mémoireonline.com/
consulté le 26 décembre 2007. La même année
académique 2003-2004 était défendu un mémoire de
licence en Sciences Politiques et Administratives de NGOIE SANKIA, Analyse
de l'opération départ volontaire comme facteur de relance des
activités économiques d'une entreprise publique (cas de la
Gécamines), Mémoire , SPA, Université de
Lubumbashi, 2003-2004, inédit. Ce mémoire a pour
problématique l'analyse de l' « Opération
Départ Volontaire » à la Gécamines. Comme
hypothèse, l' Opération Départ Volontaire (ODV) n'aurait
pas déclanché la relance économique de la
Gécamines, ce que confirmerait la situation de crise persistante de
celle-ci à l'époque.
* 2 NIZA, L'Etat contre
le peuple : la gouvernance, l'exploitation minière et le
régime transitoire en RDC, Institut néerlandais pour
l'Afrique australe (NIZA) et le service d'information d'International Peace
(IPIS), Amsterdam, 2006, 84 pages.
* 3 En Novembre 2007, le
Forum de la Société civile de la RDC avait publié un
rapport sur la revisitation des contrats en RDC, douze (12) contrats miniers
ont été abordés. Nous parlerons largement du contenu de ce
rapport dans le corps de notre travail.
* 4 IKOS RUKAL DIYAL, La
Générale des Carrières et des Mines (GCM): une culture et
une civilisation, Lubumbashi, Editions BAOBAB, 2007.
* 5 KALENDA NDAY, La
politique de recouvrement d'une entreprise publique et son incidence sur la
gestion financière : cas de la SNCC de 1997-2000, TFC,
Lubumbashi, Institut Supérieur de Commerce (ISC - Lubumbashi),
2001-2002, p. 48.
* 6 NIZA, Op. Cit., pp.
36-37.
* 7 NADIA PATANELLA,
Notes sur la Méthodologie de la science politique,
Liège, Université de Liège, Cours DEA, 2002-2003, p.
10.
* 8 R. QUIVY, et L. VAN
CAMPENHOUDT, Manuel de Recherche en Sciences Sociales, Paris, Ed.
Dunod, 1988, p. 129-130.
* 9 Nous entendons par
hypothèse, une proposition, un énoncé de fait qui anticipe
une relation entre deux variables. En d'autres termes, il s'agit d'une
réponse provisoire à une question. C'est une présomption
qui est sujette à vérification.
* 10 A. KAPLAN, cité par
M. GRAWITZ , Méthodes des sciences sociales,
(11ème Edition), Paris, Dalloz, 2001, p. 15.
* 11 On distingue plusieurs
tendances dans l'analyse systémique en général et dans la
méthode qui en découle en particulier. Dans la première
tendance, la conception du système est issue d'une orientation
structuro-fonctionnaliste inspirée par les écrits de Talcott
Parsons et de ses élèves dont G. Almond et D. Apter. Quatre
groupes d'éléments relativement stables composant la structure
sont analysés : les rôles liés aux activités
des individus dans la société, les collectivités
(familles, partis politiques...) les normes et les valeurs. Ces deux
dernières relèvent à la fois du système culturel et
du système social et sont riches en information tandis que les
rôles et les collectivités sont plus riches en énergie. La
fonction apporte un élément dynamique : tout système
social réagit devant les facteurs de déséquilibre qui le
menacent. Quatre fonctions sont chargées de faire face aux
problèmes les plus habituels. Une fonction de stabilité
normative, par définition la moins dynamique, la fonction
d'intégration qui coordonne les éléments du
système, la fonction de poursuite des buts, enfin la fonction
d'adaptation qui porte sur l'ensemble des moyens dont dispose le système
pour atteindre ses objectifs. Ces quatre fonctions sont
hiérarchisées parallèlement aux structures. Les deux
premières correspondent aux valeurs et aux normes, les deux
dernières plus liées à la réalité,
correspondent aux collectivités et aux rôles. Le plus grand
reproche formulé au systématisme de Parsons est surtout son
insistance sur la notion d'équilibre. Il a donc tenté dans son
oeuvre postérieure d'intégrer le changement à sa
théorie. M., GRAWITZ, op.cit, p. 436-437.
* 12 M., GRAWITZ,
Ibid, p. 12.
* 13M. BUCKEY, cité par
M., GRAWITZ, Ibid., p. 440.
* 14 C'est le cas de
Marie-Nöel SARGET pour qui la méthode systémique reste
enfermée dans des limites conceptuelles qui lui interdisent de rendre
compte par exemple des décisions politiques les plus lourdes et les plus
irrationnelles de ce siècle. M-N., SARGET, « problèmes
et limites de l'approche systémique de la décision
politique » Version Web :
http://www.afscet.asso.fr/MNSand01.pdf,
consulté le 06 janvier 2008. Sur la critique de la méthode
systémique voire aussi GRAWITZ, op. cit., p. 440.
* 15 L'approche juridique
use de plusieurs méthodes dont celle sémiotique (se fonde sur le
langage), génétique (recherche de la connaissance de la
volonté du législateur d'une loi), systémique (vise
à éclairer un fragment du texte par un autre, voire par d'autres
textes), fonctionnelle (donne au texte la signification lui permettant de
remplir la fonction qu'on lui a attribuée). J-L. MALANGO KITUNGANO,
L'interprétation de la loi par le juge et l'historien du
droit : le problème de l'application dans vérité et
méthode, Mémoire, Faculté de philosophie saint Pierre
Canisius, Kimwenza/ Kinshasa, 2005-2006, inédit, p. 20.
* 16 Sur les limites de la
recherche en science administrative, Cfr., NTAMBWE LUMANISHA,
Epistémologie et Méthodologie de la science administrative,
L1 SPA, FSSPA, Université de Lubumbashi, 2006-2007, Cours,
inédit.
* 17 T., TREFON, et P.
PETIT, (Dir.), Expériences de recherche en République
Démocratique du Congo : Méthodes et contexte,
Bruxelles, Université Libre de Bruxelles, 2006. p. 18.
* 18 M. Lumuna, de la
Direction de la gestion des contrats nous a fait savoir que son service ne
pouvait donner, même pour consultation sur place, les contrats conclus
par la Gécamines avec certaines grandes entreprises telles le Groupe
Malta -Forrest, Ridgepointe, Anvil Mining ...étant donné qu'il y
a la clause de confidentialité qui lie la Gécamines à
toutes ces entreprises. Son directeur de passage dans le bureau a
confirmé cela. En outre, il était convaincu que j'étais un
journaliste ou encore un membre espion de la société civile ou
d'une ONG internationale qui dénonce les contrats léonins. Nous
étant rendu à la Bibliothèque de la Gécamines, nous
avons été reçu froidement par un agent qui a refusé
de nous donner les rapports annuels de la Gécamines, même le plus
anciens arguant qu'il s'agit des données confidentielles.
* 19 R. QUIVY et al.,
Manuel de recherche en sciences sociales, Paris Dunod, 2006
(1ère éd. 1988), p. 116.
* 20 La conceptualisation ne
retient pas tous les aspects de la réalité mais opère une
construction-sélection. Il y a deux façons de construire un
concept : l'une est inductive et produit des « concepts
opératoires isolés », l'autre est déductive et
produit des « concepts systémiques ». R. QUIVY et
al., Ibidem.
* 21 C-D., ECHAUDEMAISON,
(sld.), Dictionnaire d'économie et de sciences sociales, Paris,
Nathan, 2001 (5è édition), pp. 392-393.
* 22 Idem. p.
393.
* 23 Dictionnaire
pratique de la langue française, Paris, Ed. Le Robert, 1996, pp.
1545-1546.
* 24 Idem, p.
1490.
* 25 LUKOMBE NGHENDA,
Droit congolais des sociétés : Tome1 :
sociétés commerciales, sociétés civiles,
société mixtes et sociétés d'Etat ou entreprises
publiques, Kinshasa, P.U.C., 1999, p. 50.
* 26 Op. cit., p.
450.
* 27 C-D, ECHAUDEMAISON,
(sld.), op. cit , pp. 121-122.
* 28 B. ROBERT, La
crise, quelle définition ? pp. 1-2. Version web :
http : //communication.fhf.fr/pdf/La crise quelle définition.
Argillos.pdf., site consulté le 22 janvier 2007.
* 29 B. ROBERT,
Idem., p. 3.
* 30 B. ROBERT,
Ibid., p. 5.
* 31 Dans La crise de
l'Etat providence, Pierre Ronsavallon identifie trois
éléments d'analyse mis en avant pour formuler un diagnostic de la
crise. Ces éléments nous semblent pertinents aussi pour le
diagnostic d'une entreprise publique : l'impasse financière, la
décroissance de l'efficacité économique et sociale. P.
RONSAVALLON, La crise de l'Etat providence, Paris, Seuil, 1981, p.
13.
* 32 P.CONSO et F. HEMICI,
La gestion financière des entreprises, Paris, Dunod, 1999, p.29
et ss.
* 33 C-D. ECHAUDEMAISON,
op. cit, pp. 186-187.
* 34 Idem, p.
187.
* 35 C-D. ECHAUDEMAISON,
op. cit, p. 186-187.
* 36 G. VEDEL, Droit
administratif, Paris, PUF, 1980 (7è édition), p. 943.
* 37 Idem, p.
946.
* 38 Ibid., p.
946.
* 39 G., VEDEL, op.
cit, p. 948.
* 40 En vertu de l'O-L
n°66-343 du 07 juin 1966 assurant à l'Etat la plénitude de
ses droits fonciers, forestiers et miniers sur toute l'étendue de son
territoire, il s'octroya des Entreprises en vertu du « droit de
reprise des sociétés » et principalement de celles de
droit colonial.
* 41 KIKASSA MWANALESSA,
« La stabilisation des Entreprises zaïrianisées et
radicalisées » in Zaïre-Afrique n°102,
février 1976, pp. 92-93.
* 42 Le service public se
définit de deux façons : d'une façon organique ou
formelle, ou d'une façon matérielle. Dans son sens organique, le
service se caractérise par une certaine organisation, elle est une
entreprise (ensemble des moyens : matériel, financier, humain)
gérée par l'Administration. La définition
matérielle s'attache à la nature de l'activité,
c'est-à-dire une activité qui tend à la satisfaction de
l'intérêt général.
* 43 LUKOMBE NGHENDA,
op. cit, p. 48.
* 44 Idem, p.
48.
* 45 « Loi
n°78-002 du 06 janvier 1978 portant dispositions générales
applicables aux entreprises publiques » dans Journal
officiel, n° 1 du 15 février 1978, p.9.) Repris dans Droit
commercial. Codes Larciers, tome III, Bruxelles, Larciers, 2003, p. 71.
* 46 Ministère du
Portefeuille, « une nouvelle vision du portefeuille de
l'Etat » in La lettre du portefeuille, n°00, 2007,
p.1.
* 47 Projets de loi
approuvés déjà par l'Assemblée nationale et le
Sénat, mais non encore promulgués.
* 48 F.DEPELTEAU, La
démarche d'une recherche scientifique en sciences humaines : de la
question de départ à la communication des résultats,
Bruxelles-Laval, Presses de l'Université Laval/ De Boeck, 2000, p.
145.
* 49 MBAYA KABAMBA,
Cours des systèmes administratifs comparés, L1 S.P.A.,
UNILU, année 2006-2007.
* 50 R-G. SCHWARTENBERG,
Sociologie politique, Paris, Ed. Montchrétien, 1998 (5è
édition), p. 81.
* 51 La théorie de
Bertlanffy a été résumée dans son ouvrage
General System theory, New York, Georges Braziller, 1968.
* 52 Bertalanffy observe que
les systèmes vivants sont capables de contrer l'effet entropique
grâce à des échanges avec l'environnement, ce qui leur
permet de maintenir un certain équilibre interne face aux perturbations
dont ils sont l'objet.
* 53 Il faut recourir
à un concept plus général d'homéostasie, selon lui,
dans le mode d'organisation particulier aux organismes vivants. Ce concept est
à entendre comme la disposition commune aux organismes vivants à
maintenir un état d'équilibre face à des conditions
changeantes qu'elles soient physiques, chimiques ou psychologiques.
* 54 Nous nous inspirons de
l'analyse de M. LANDRY et C. BANVILLE, « Caractéristiques et
balises d'évaluation de la recherche systémique » dans
Document de l'Atelier-Forum sur l'évaluation des recherches en
ingénierie des organisations, version web, p.4.
* 55 M. LANDRY et C.
BANVILLE, op.cit, p. 17.
* 56 Trois
caractéristiques essentielles sont données pour les objets
durs : ils sont « donnés » c'est-à-dire
d'origine empirique, ont une stabilité suffisante (on peut aller d'une
observation à l'autre de manière répétitive), le
sujet doit se trouver en position d'extériorité suffisante pour
les études. Beaucoup d'objets des sciences du social ne remplissent pas
suffisamment ces conditions.
* 57 M-N. SARGET,
Problèmes et limites de l'approche systémique de la
décision, version web :
http://www.afscet.asso.fr/MNSando1.pdf. Consulté le 22 janvier 2008.
Nous nous en inspirons énormément dans cette section sur le
systèmisme de J.W.LAPIERRE.
* 58 Cas de la colonisation,
de la crise économique internationale ou des retombées du
système économique mondialisé.
* 59 Le modèle
d'Easton entend être un cadre général d'analyse. Mais un
tel degré de généralité et d'abstraction permet-il
de saisir les problèmes essentiels de la politique ? D'une part
Easton néglige ce qui se passe à l'intérieur de la
« boîte noire », c'est-à-dire la vie interne
du système politique. D'autre part, l'environnement dont il
privilégie l'analyse, reste étrangement désincarné,
amorphe. C'est le reproche que peuvent, à juste titre, lui faire les
marxistes : l'environnement d'Easton ignore les rapports de production,
les classes sociales.
Deuxièmement, en insistant sur les problèmes de
« survie » et de « persistance » du
système, Easton rappelle la tradition organiciste de la sociologie du
XIXè siècle. Il semble privilégier le statu quo et
sous-estimer, par conservatisme, les phénomènes de conflit. R-G.
SCHWARTZENBERG, op. cit, p. 101.
* 60 KALUNGA MAWAZO, La
pratique du management des entreprises, Lubumbashi, Ed. du CRESA, 2007,
pp. 203-215.
* 61 Le sociologue du
développement Kalunga Mawazo ne fait que corroborer des thèses
suffisamment détaillées dans la « théorie de la
dépendance » développée par Samir Amin et ses
épigones. C'est le cas de FWELEY DIANGITUKA, Géopolitique,
intégration régionale et mondialisation, Paris, Harmattan,
2006, qui soutient que les institutions internationales accompagnent l'octroi
des crédits des conditions draconiennes ou rigides limitant la marge de
manoeuvre des pays du sud, dont la R.D.C. Cette affirmation est claire chez
Pierre de Senarclens qui affirmait dans son ouvrage La politique
internationale, Paris, Armand Colin, 2000, p.153, que les
stratégies de développement des institutions internationales sont
dans l'intérêt des pays industrialisés, d'une part, et
visent le profit des classes dirigeantes du tiers-monde, d'autre part.
* 62 Ibid., p.
212.
* 63 Celle-ci consiste pour
le grand capital, à ne soutenir un dirigeant politique
périphérique que lorsque sa fidélité aux
idéaux néo-libéraux et à l'exploitation de son pays
ne laisse aucun doute. Tout glissement d'opinion, tout changement
entraînent son limogeage.
* 64 Celle-ci est la
conséquence logique de la loi précédente. Elle consiste
à maximiser anticipativement les utilités économiques
conférées par le pouvoir à son propre compte et sans
égard aux dégâts sociaux. Cette loi se matérialise
par des détournements, absence des salaires décents pour la
majorité des citoyens et la privation massive des secteurs clefs de la
société.
* 65 Nous nous
référons à la synthèse faite par M. MOUTOUSSE et G.
RENOUARD, 100 fiches pour comprendre la sociologie, Rosnay, BREAL,
1997.
* 66 La pensée de
Talcott Parsons est résumée dans un livre collectif Towards a
general theory of action, Havard University Press, 1991.
* 67 M. MOUTOUSSE et M.
RENOUARD, op. cit, p. 49.
* 68 La fonction manifeste
d'une action est à la fois visible et souhaitée par les individus
alors que la fonction latente échappe à leur perception
immédiate du social.
* 69 Les individus
interprètent des rôles théâtraux. Tout comme l'acteur
de théâtre qui interprète un texte qu'il est obligé
de respecter, l'acteur social répond aux attentes d'autrui d'une
manière qui lui est propre. Les rôles s'imposent aux individus
sous peine de sanctions sociales. Du statut, il s'agit des droits et
obligations. A chaque statut peut correspondre plusieurs rôles qui
répondent aux attentes de différents partenaires d'un
individu.
* 70 Appelé aussi
substitut fonctionnel, c'est-à-dire qu'une fonction peut être
remplie par des éléments interchangeables.
* 71 En posant comme
postulat l'universalisme des fonctions politiques, la démarche devient
ethnocentrique. Les catégories « fonctions »
dérivent, en effet, des systèmes politiques occidentaux.
R-G. SCHWARTZENBERG, op. cit., p. 122.
* 72 Pour lui, dans toute
société une minorité gouverne, au sens propre, grâce
aux aptitudes diverses, et une majorité lui est soumise. On constate que
la minorité gouvernante subit divers changements : ses membres sont
remplacés régulièrement par d'autres individus,
globalement ou en partie. Pour empêcher la violence ou pour y
résister, la classe gouvernante recourt à la ruse, à la
fraude, à la corruption et, pour dire en un mot, le gouvernement, de
loin, se fait renard. La classe gouvernante s'incline devant la menace de
violence, mais ne cède qu'en apparence, et s'efforce de tourner
l'obstacle qu'elle ne peut surmonter ouvertement. Cette théorie est
développée à suffisance par Nicole LAURIN-FRENETTE,
Classe et pouvoir : les théories fonctionnalistes,
Montréal, Presses Universitaires de Montréal, 1978, p. 126 et
ss.
* 73 Cette théorie
est abondamment développée dans son ouvrage, Traité de
sociologie générale. OEuvres complètes, Tome XII,
Genève, Droz, 1968, pp. 1386-1388.
* 74Le professeur Mpia
prévient le chercheur contre le placage systématique. Il faut
toujours adapter son modèle au contexte particulier. C'est la
contextualisation d'un modèle, mieux une prise en compte de
l'historicité (tenir compte du temps et du lieu, des
réalités particulières) D. MPIA, Cours d'analyse des
systèmes, L2 SPA, FSSPA, Unilu, 2007-2008, Cours,
inédit.
* 75 L'article 12 de la loi
007/2002 du 11 juillet portant code minier, stipule que le cadastre minier
certifie la capacité financière minimum des requérants des
droits miniers et de carrières. De manière implicite, la
Gécamines, n'ayant pas cette capacité financière
d'exploiter les 32.000 km2, se voit progressivement privée d'une partie
importante de cette étendue au profit des entrepreneurs
privés.
* 76(Cartes des zones
minières de la Gécamines :
http:/users.skynet.be/fa418506/mineralogie/Katanga/cartes.htlm)
* 77 - Le premier type, le
Lualaba-Lubilashi, qui s'étend principalement sur tout l'Ouest de la
province est constitué de formations sableuses et argileuses, de
grès sableux, de grès argilites, de schistes et de roches
conglomératiques.
- Le deuxième type, le Kundelungu, occupe la partie
Sud-Est du Katanga généralement, appelée région
cuprifère et dont l'étage supérieur est formé de
grès rouge feldspathiques, avec par endroits des interactions de
schistes rouges et de bancs de grès.
- Enfin, le troisième type, le Kibara, s'étend
dans la partie centrale et orientale de la province. Il renferme des dolomies,
des calcaires dolomitiques, des marbres et des schistes noirs, avec quartzites
feldspathiques conglomératiques.
A., MOUREAU, « Introduction à la
géologie du Katanga » in Industrie katangaise,
Elisabethville, Université d'Elisabethville, 1961, pp.229-233.
* 78 Avant 1906, le groupe
anglais T.C.L (Tanganyika Concessions Limited) créé en 1899,
avait étendu ses prospections minières de la Rhodésie au
Katanga. Ces prospections avaient débouché sur la
découverte des gisements importants de cuivre au Katanga. Pour
éviter que les anglais ne s'approprient progressivement ces gisements,
le Comité Spécial du Katanga convint avec T.C.L. la
création d'une entreprise commune chargée de l'exploitation du
cuivre. Le premier administrateur-directeur de T.C.L, Robert Williams, joua un
rôle important dans cette négociation.
L. CUPERS (Sld.), Union Minière du Haut-Katanga
(UMHK) : 1906-1956, Bruxelles, 1956, p. 44.
* 79 L. CUPERS,
idem, p.67.
* 80 Ibidem, p.
68.
* 81 P., DAYE (Ed.,),
L'empire colonial belge, Bruxelles, 1923, p. 586 et ss.
* 82 Idem, p.
589.
* 83 Ibidem, p.
595.
* 84 L., CUPERS,
Op.cit., p.163.
* 85 D., BIBWE-DIA-MWEMBU,
« Le travail en milieu ouvrier congolais : cas de
l'UMHK/Gécamines (1910-2002) » in Cahiers de philosophie
et des sciences du travail, Publication de l'Institut Facultaire
Théophile Reyn-Lubumbashi, N°1, 2004, p. 102.
* 86 NYEMBO SHABANI,
L'industrie du Cuivre dans le progrès économique du
Copperbelt africain, Bruxelles, Edition la Renaissance du Livre, 1975, p.
130.
* 87 BULUNDWE MUKUMBI et
alii, La Gécamines : quel avenir ? Réflexions sur
la privatisation, Kolwezi, Groupe d'intellectuels de Kolwezi, 1996,
pp.21-22.
* 88 Gécamines,
Rapport annuel 1975, Division des relations publiques, décembre
1975, p.7.
* 89 Qui n'a
été finalement mis partiellement en service qu'en juillet 1995.
GECAMINES, Gécamines perspectives, Division de relations
publiques, 1996, p.12.
* 90 Décret 0049 du
07 novembre 1995 portant Création et statuts d'une entreprise publique
dénommée la Générale des Carrières et des
Mines, en abrégé « Gécamines ».
* 91 Il est actuellement
appelé Administrateur délégué général
(ADG)
* 92 Il est actuellement
appelé Administrateur délégué général
adjoint (ADGA), Cfr. Decret présidentiel du 30 décembre 2005
portant nomination des membres du Conseil d'Administration de la
Gécamines.
* 93Parmi ces
administrateurs, le décret 0049 du 07 novembre 1995 portant
création et statuts d'une entreprise publique dénommée la
Générale des Carrières et des Mines, en
abrégé « Gécamines », prévoyait
également un administrateur représentant la Banque Centrale du
Congo, un administrateur représentant la Société Nationale
d'Electricité (SNEL), un représentant de la Société
Nationale des Chemins des fer du Congo (SNCC), un administrateur
représentant l'Office National des Transports (ONATRA).
* 94 GECAMINES (Ed.), Mwana
Shaba, Journal d'entreprise Gécamines, Mai 2006, p. 1-3.
* 95 Nous reprenons
l'organigramme de la Direction des Ressources Humaines en détail pour
voir comment la gestion de l'homme comme ressource est organisée.
* 96 Face aux multiples
problèmes entravant la stabilité et la croissance des
activités de la Gécamines, le gouvernement avait initié en
2002 une étude sur la restructuration dont nous allons parler dans le
dernier chapitre. Cette étude avait préconisé que
l'amélioration de la productivité et l'efficacité des
opérations nécessite une participation accrue des investissements
privés. Ainsi dans l'exploitation de certains groupes, les mines et
terrils seront confiés à des entreprises privées
partenaires ou à celles créées entre la Gécamines
et les investisseurs privés.
* 97
Source : Direction des Ressources humaines de la
Gécamines, ordres de service du 20 février 2007.
* 98 CODES LARCIERS (tome
3), Droit commercial et économique, Bruxelles, Larcier-Afrique
Editions, pp. 656 et ss.
* 99 Subdivision pour des
raisons d'analyse.
* 100 Ancien rebelle qui
avait combattu le régime de Mobutu de 1967 à 1986 à partir
du territoire de Fizi, au Sud-Kivu. Lire WILUNGULA COSMAS, Fizi
1967-1986 : le maquis de Kabila, Paris, L'Harmattan, 1997, 136 p.
* 101 A la base de cet
écroulement : la fin de la guerre froide, la crise
économique interne, le mécontentement de la population
désaffectée par un système étatique de
prédation. Avec l'aggravation de la récession économique,
l'économie formelle s'était effondrée, et avec elle, le
ciment qui maintenait le système de Mobutu, à savoir
l'accaparement de la richesse nationale par quelques personnes. Le budget
étatique n'avait plus permis aux institutions nationales de remplir
leurs fonctions principales, et bien que le gouvernement et ses services
publics soient formellement restés en place, la crise économique
et les tensions socio-politiques internes avaient fini par ronger les bases du
pouvoir. C'est dans ce contexte que la rébellion advient et quelques
mois (octobre 1996-17 mai 1997) ont suffit, pour que, le 17 mai 1997, L.D.
Kabila s'autoproclame président à partir de Lubumbashi. Il
instaura un système dictatorial, gouverna par un Acte constitutionnel
unilatéral, nomma un parlement et musela l'opposition.
* 102 Martin EKWA BIS ISAL,
« La République Démocratique du Congo : de la
2ème République à la 3ème
République, rupture ou continuité ? » in
Congo-Afrique, N°422, février 2008, pp. 101-127.
* 103 Au nord, une
rébellion soutenue par l'Ouganda, le Mouvement de Libération du
Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba. A l'Est (principalement une grande partie du
Nord-Kivu et du Sud-Kivu, le Maniema et une partie des deux Kassaï, de la
province orientale et du Katanga), le Rassemblement Congolais pour la
Démocratie aile Goma soutenu par le Rwanda et le Burundi (RCD-G) avec
Azarias Ruberwa comme leader exploitait le coltan, l'or, la cassitérite.
Sous la pression de la Communauté Internationale, les
belligérants avaient finis par signer un accord de paix à Lusaka,
en Zambie, entre le 10 juillet 1999 et le 31 août 1999. L'accord de
Lusaka prescrivait une cessation des hostilités, le déploiement
d'une force de maintien de la paix de l'ONU (Mission des Nations Unies en RDC,
MONUC), le désarmement des milices. Les termes des accords de Lusaka ne
furent pas respectés et la guerre se poursuivra. Le 16 janvier 2001,
Laurent Désiré KABILA fut assassiné et Joseph Kabila
prenait la présidence.
* 104 Collette BRAECKMAN,
« Guerre sans vainqueur en République Démocratique du
Congo » in Monde diplomatique, avril 2001,
http://www.monde-diplomatique.fr/2001/04/BRAECKMAN/15007.
* 105 Sous la pression de
l'ONU, Joseph Kabila, a mis fin à ce troc et pris un décret en
janvier 2004, interdisant toute exploitation de la mine. Source :
http://www.liberation.com/actualité/monde/2021160.fr.php
* 106 Entretien libre avec
M. Ponga, chimiste, ancien cadre du CRPD. 15 mars 2008.
* 107 GECAMINES, Etats
financier 1998, Direction Financière.
* 108 ONU, Rapport du
Groupe d'experts de sur l'exploitation des richesses naturelles de la
République Démocratique du Congo, New-York, 12 avril 2001,
p. 37.
* 109 Idem, p.
35.
* 110 ONU,
op.cit., p. 35.
* 111 Entretien libre avec
un directeur de la direction financière de la GCM qui requiert
l'anonymat, 25 mars 2008.
* 112 Augustin Katumba
Mwanke est originaire du katanga. Co-fondateur du PPRD, il est apparu comme un
médiateur clé dans le secteur minier congolais. Ancien
employé de la société sud-africaine d'ingénierie
Bateman, appartenant au Global Ressources Group qui s'est
associé à Dan Gertler pour former une
société GEC Ltd, il a joué un rôle
clé pour les négociations d'acquisition de la mine de Kov de la
Gécamines par GEC. En 1998, il a apposé sa signature à un
contrat de Joint-venture qui transmettait les actifs du Groupe central de la
Gécamines à Ridgepoint Overseas, une
société de l'homme d'affaire zimbabwéen, proche de Mugabe,
Billy Rautenbach. Maîtrisant les arcanes du Katanga où il fut
gouverneur, il a eu à détenir le portefeuille d'Etat dans le
gouvernement autoproclamé de L.D. KABILA. Le panel d'experts de l'ONU
l'a désigné comme un acteur clé dans le pillage des
ressources de la RDC. Il est toujours dans le sillage du pouvoir central,
nommé secrétaire général du gouvernement
transitoire puis, en Janvier 2004, Joseph Kabila l'a nommé ambassadeur
itinérant. Il serait toujours, l'un des plus proches conseillers dans
l'ombre de Joseph Kabila en matière minière.
* 113 Parmi ces rapports,
il y a : 1) ONU, Rapport du Groupe d'experts sur l'exploitation des
richesses naturelles de la République Démocratique du Congo,
New-York, 12 avril 2001. 2) GLOBAL WITNESS, Une corruption
profonde : fraude, abus et exploitation dans les mines de cuivre et de
Cobalt du Katanga, Rapport de Global Witness, juillet 2006. 3) ASSEMBLEE
NATIONALE DE LA RDC. Commission spéciale chargée de l'examen
de la validité des conventions à caractère
économique et financier conclues pendant les guerres de 1996-1997 et de
1998. Rapport des travaux. Ière Partie. Fait à Kinshasa, le
26 juin 2005. Il peut être consulté à :
http://www.freewebs.com/congo-kinshasa
* 114 Nous nous inspirons
énormément de l'article de R.MINANI BIHUZI, « La
problématique des ressources minières en RDC : état
de lieux et perspectives » in Congo-Afrique, N°417,
septembre 2007, pp.508-518.
* 115 En 2004, la
Présidence aurait dépassé son budget d'environ 100% ;
la vice-présidence responsable de la sécurité,
dirigé par Azarias Ruberwa (RCD-G), avait dépassé son
budget d'un pourcentage analogue, la vice-présidence de Jean-Pierre
Bemba (MLC) responsable de la Commission Economique et Financière
(ECOFIN), un dépassement de 600% ; la Commission Sociale et
Culturelle du vice président Zahidi N'goma (opposition politique non
armée) de 100% ; enfin le vice président Abdoulaye Yerodia
(PPRD), responsable de la Commission pour la Reconstruction et le
Développement, de 70%.
* 116 GLOBAL WITNESS,
Une corruption profonde : fraude, abus et exploitation dans les mines
de cuivre et de Cobalt du Katanga, Rapport de Global Witness, juillet
2006, p.42.
* 117 Entretien Paul Fortin
avec le Journal Mwana Shaba, n°471, mai 2006, p. 5.
* 118 GLOBAL WITNESS,
Une corruption profonde : fraude, abus et exploitation dans les mines
de cuivre et de Cobalt du Katanga, Rapport de Global Witness, juillet
2006, p.43.
* 119 Le Bureau Central de
Coordination (BCECO), service public congolais qui gère des projets
financés par des bailleurs de fonds internationaux, avait
attribué à la Société britannique International
Mining Consultants (IMC) le contrat en 2002, consistant en deux
études. La première portait sur un audit de l'état des
affaires de la Gécamines. L'étude fut conclue en mars 2003 et
approuvée par le gouvernement congolais en juin 2003. Une
deuxième étude devait présenter une proposition
stratégique pour la relance rapide de la production de la
société. Elle fut finalisée en janvier 2004.
* 120 NIZA, L'Etat
contre le peuple : la gouvernance et l'exploitation minière en
RDC, p.48 et ss.
* 121
http://www.lepotentiel.com
* 122 En novembre 2005, les
autorités avaient saisi à Kolwezi un important lot des
câbles électriques appartenant aux installations de la
Gécamines.
* 123 Jonathan MASAKU,
« vol de concentrés de Cuivre : M. Paul Fortin face
à la conspiration du vol des concentrés de Cuivre à
Kolwezi » in Mwana Shaba, n°473,
Octobre-Novembre-décembre 2006, p. 2.
* 124 Telle est notre
appréciation de ce projet, dans la mesure où il n'est pas
différent dans ses grandes lignes de la politique d'Ajustement
Structurel.
* 125Dieudonné
MWENZE et Richard MUYEJ, Lettre au camarade Vital Kamerhe,
secrétaire général du PPRD, Lubumbashi, le
20/09/2005, 2 pages.
* 126 FORUM DE LA SOCIETE
CIVILE, op.cit., p. 3.
* 127 Comme on peut le
remarquer, la période de la transition affiche une faible croissance du
PIB, le taux de croissance de 7,2 était prévisionnel. Mais avec
un PIB de 153$, la RDC était loin de rattraper une moyenne acceptable si
l'on se rappelle que ce pays recèle des potentialités
énormes en matières premières. Source BELTRADE :
Bulletin d'Actualité économique de la République
Démocratique du Congo, N°9, Avril-Mai, 2007. p. 6.
* 128 Jean-Claude MASANGU
MULONGO, Contribution à l'assainissement du système financier
congolais, BCC, Kinshasa, 2004, p.8 et ss.
* 129 Ce nouveau code
minier régit la prospection, la recherche, l'exploitation, la
transformation, le transport et la commercialisation des substances
minérales classées en mines ou en produits de carrières
ainsi que l'exploitation artisanale des substances minérales et la
commercialisation de celles-ci.
* 130 Quand le code parle
d'investissement, il sied d'entendre d'abord les investissements privés
étrangers. Journal Officiel, n°spécial du 15
juillet 2002, exposé de motif.
* 131 Dans le passé,
tous les programmes initiés par la Banque Mondiale et le FMI ont
débouché sur une rupture de partenariat et pratiquement toujours
pour des même raisons : le non respect de la conditionnalité
par le gouvernement de la RDC. C'est le cas de quatre programmes
économiques conduits en partenariat avec les bailleurs de fonds pour les
périodes respectives de 1983-1986, 1987-1991 et 2002-2005, et qui se
sont tous terminés par la rupture à cause principalement des
dépassements budgétaires. Fidèle TSHINGOMBE MULUBAY,
« les dimensions économico-financières du contrat de
Gouvernance (Mars -Décembre 2007) : défis et
perspectives », in Congo-Afrique, N°417, septembre
2007. pp. 519-532.
* 132 J-C., WILLAME,
L'odyssée Kabila: Trajectoire pour un Congo Nouveau? Karthala,
Paris, 1999, p. 80.
* 133 Rapport du Conseil
d'Administration sur le projet d'Investissement à Kingamyambo Musonoi
Taillings SARL, 28 avril 2005, cité par les activistes de l'ONG
Environmental Defense, Aliah GILFENBAUM et Shannon LAWRENCE, La Banque
Mondiale en RDC, juillet 2005, version web : http://www.ifc.org
* 134 La Banque Mondiale
comprend la Banque Internationale pour la Reconstruction et le
Développement (BIRD, créée en 1947), l'Association
Internationale pour le Développement (1960), la Société
Financière Internationale (SFI), le Centre International relatif au
règlement des différends relatifs aux investissements, et enfin
la plus récente est l'Agence Multilatérale de garantie des
Investissements AMGI (1988) qui a pour but de favoriser les investissements
étrangers dans les pays en voie de développement en offrant aux
investisseurs des garanties contre les risques politiques. La MIGA a pour but
principal de fournir une assurance pour les risques politiques,
c'est-à-dire des risques qui ne sont pas commerciaux, pour une
durée maximum de 15 à 20 ans. Elle octroie également une
assistance technique pour favoriser ces investissements. MIGA, est
présent dans Anvil mining Congo SARL. Anvil mining
s'est spécialisée dans l'exploitation des ressources
minières, cuivre, cobalt et argent, de la RDC. C'est ainsi que sur son
site Internet (Voir le site officiel de la compagnie : www.anvilmining.com), la
société se vante d'une augmentation de sa production tant
d'argent que de cuivre, cette dernière passant de plus de 19 milles
tonnes en 2005 à 50 000 tonnes en 2007.
* 135 Eliah GILFENBAUM et
alli, op.cit., p. 3.
* 136 RAID, une ONG
britannique qui étudie les violations des principes directeurs de l'OCDE
à l'intention des entreprises multinationales, (principes définis
en 2000 mais sans sanction légale car ils ne sont qu'un code de conduite
reposant sur le volontariat).
* 137 R. MINANI BIHUZO,
« La problématique des ressources minières en
RDC : état de lieux et perspectives » in
Congo-Afrique, N°417, septembre 2007, p.508.
* 138 La
Socitété Ridgepointe Overseas Developement Ltd.,
société constituée en vertu de la législation des
îles vierges britanniques (un paradis fiscal), avait conclu en date de 04
avril 1998 avec la Gécamines une convention minière en vue de
créer une entreprise commune devant exploiter certaines ressources
minières. Cette convention minière approuvée par
Décret Présidentiel n°121 du 19 septembre 1998, mettait
à la disposition de la société commune 7 concessions
minières. Et par arrêtés ministériels N°211 du
15 octobre 1998 et N°217 du 27 octobre 1998, le Ministre des Mines avait
ordonné la mise en exécution de cette convention minière
par la mutation des concessions précitées. Cependant, par un
autre arrêté du 14 mars 2000, le Ministre des Mines
empêchera la société Rigdepointe de continuer ses
activités commencées depuis 3 ans et restituera les concessions
à la Gécamines.
* 139 Nous utilisons cette
expression pour montrer l'insuffisance des ressources prévues pour
répondre à des défis sociaux multiformes de la
société congolaise.
* 140 Les 4 projets de lois
sont : la transformation des entreprises publiques; le
désengagement de l'Etat ; l'organisation et la gestion du
portefeuille de l'Etat et les dispositions générales applicables
aux établissements publics. Ces projets de lois sont déjà
adoptés par le parlement et attendent la promulgation par le
président de la République.
* 141 GECAMINES,
Rapports annuels, 1974, 1975, 1981, 1990.
* 142 Fin 1989, l'encours
total de la dette extérieure de la RDC s'élevait à 7,771
milliards de dollars américains. La dette extérieure sera de
l'ordre de 9,781 milliards de dollars en 1990 par le jeu de
rééchelonnement du principal. La part de la dette allouée
à l'industrie extractive était de 2,76 milliards de dollars.
Gaston MUTAMBA LUKUSA, Congo-Zaïre : la faillite d'un pays,
Harmattan, Paris, 1999.pp. 34-35.
* 143 Nous avons
parlé du rôle des Ateliers Centraux de Panda - (GCM / LIKASI) dans
la fabrication des armes pendant les années de la seconde
rébellion (1998-2001). Ces ateliers ont été
réhabilités pour permettre une production maximale des armes.
L'investissement aurait alors été réalisé dans ce
sens.
* 144 GECAMINES,
rapport d'activités 2007, Direction des Ressources Humaines, p.
15.
* 145 Les banquiers sont
sensibles à la solvabilité, la liquidité et évite
le risque trop élevé vis-à-vis d'une entreprise qui
sollicite un crédit. Pierre CABANE, L'essentiel de la finance
à l'usage des managers, Editions de l'Organisation, Paris, 2004, p.
287. Dans la présentation du bilan, précisons que tous les
montants des postes de l'actif sont diminués des amortissements et
provisions pour dépréciation. Nous présentons les bilans
aux 31 décembre 2000, 2001, 2002, 2003 et 2004 (en franc congolais). Il
sied de préciser qu'étant donné que nous avons opté
pour la méthode des ratios dans notre analyse, nul n'était besoin
d'avoir des états financiers en dollars US car les rapports seront les
mêmes quelle que soit l'unité monétaire choisie.
* 146 Dettes à Long
et Moyen terme.
* 147 Dettes à Court
Termes.
* 148 Un ratio est un
rapport significatif entre deux grandeurs cohérentes ou
corrélées. Mettant toujours en jeu deux éléments
(il est composé d'un numérateur et d'un dénominateur
pouvant évoluer différemment). Il s'exprime en pourcentage
(résultat/ventes par exemple), ou par un nombre (capitaux
propres/dettes) ou en jours (stocks/chiffre d'affaires). Les ratios constituent
un outil puissant d'analyse. S'ils sont contestés, ils n'en demeurent
pas moins la base de tout tableau de bord, d'une part, et de toute analyse
financière, d'autre part. Pierre CABANE, L'essentiel de la finance
à l'usage des managers, Edition de l'organisation, Paris, 2004,
p.292.
* 149 Copper Forecast,
www.dailyfutures.com/metals/, consulté le 8 mars 2006.
* 150 Cobalt Development
Institute, Cobalt News, janvier 2006.
* 151 Le Buseness plan
est un programme de relance qui s'était fixé 3 objectifs
majeurs : - Le renforcement de la capacité productive de la GCM par
la remise en activité intense des grandes mines et carrières de
Kolwezi (Cuivre essentiellement) ;- La réalisation des petits
projets cobaltifères à haute rentabilité immédiate
avec une durée d'exploitation moyenne de 2 ans ; - L'exploitation
en joint-ventures des grands gisements et des anciens rejets des usines de
concentration et métallurgique.
Ces différents projets étaient censés
fournir à la Gécamines pour les cinq années à venir
des revenus estimés à 191 millions de dollars Augustin NGOY
ILUNGA, Financement externe et rentabilité de l'entreprise :
cas de la Gécamines, Mémoire de Licence en gestion
financière, Unilu, 2005-2006, p.17.
* 152 Pour les contrats
analysés ici, nous nous inspirons largement du document officiel
MINISTERE DE MINES DE LA RDC, Rapport des travaux II : partenariats
conclus par la Gécamines, Commission de revisitation des contrats
miniers, Kinshasa, Novembre 2007, 246 pages et FORUM DE LA SOCIETE CIVILE DE LA
RDC, Révision des contrats miniers en RDC : Rapport
consolidé des 12 contrats, CEPAS, Kinshasa, 2007, pp. 41-52.
* 153 Pour ce contrat, nous
nous inspirons largement du document officiel du MINISTERE DE MINES DE LA RDC,
Rapport des travaux II : partenariats conclus par la
Gécamines, Commission de la revisitation des contrats miniers,
Kinshasa, Novembre 2007, pp. 149-155.
* 154 Le contrat de
création de la société Ruashi Mining a été
signé en date du 09 juin 2000 entre la GCM et Cobalt Metals
Company Ltd « CMC » pour l'exploitation de la mine de Ruashi, le
transport des minerais et le traitement de ceux-ci conformément à
l'étude de faisabilité fixant les conditions de son
exploitabilité.Comme aspects juridiques, les parties ont signé un
contrat de société pour la création d'une
société de joint-venture dénommée Ruashi Mining
Sprl. La GCM avait été représentée par Monsieur
Kitangu Mazemba et Jean Louis Nkulu Kitshunku, respectivement Administrateur
Directeur Général et Administrateur Directeur
Général Adjoint. La Commission de révisitation
créée par le gouvernement a relevé qu'au moment de la
signature de ce contrat, la GECAMINES n'avait pas de Conseil d'Administration
pour se conformer aux exigences de l'O-L n° 78-002 du 06 janvier 1978 sur
les Entreprises publiques. La société CMC a, quant à elle,
été représentée par Monsieur Andrew Macanlay,
Administrateur et Madame Rebecca Gaskin, Administrateur. Les statuts de CMC
n'ayant pas été disponibilisés, la Commission du
gouvernement n'a pas pu apprécier les pouvoirs des personnes ayant
engagé cette entreprise dans ce partenariat. Mode de sélection du
partenaire avait été le marché de gré à
gré (Ce marché implique du coté de l'Administration, la
liberté dans le choix de son cocontractant. Mais cette liberté
peut provenir, soit de l'urgence, du monopole de fait d'un fournisseur ou d'un
entrepreneur, soit de l'échec d'une opération d'adjudication
publique (celle-ci nécessite la concurrence et le marché est
offert au cocontractant qui propose le prix le plus bas par rapport aux autres
concurrents). MBAYA KABAMBA, Cours de Question spéciale de Droit
Administratif, L2 SPA, FSSPA, Unilu, 2006-2007, inédit.
L'autorisation de la tutelle dans ce contrat ressort de la lettre n°
0726.Cab.Mines/01/2000 du 15 août 2000 du Ministre des Mines qui a
autorisé la GECAMINES à signer ce partenariat. Ruashi Mining
étant une société de droit congolais ayant pour objet les
activités minières et son siège social étant
situé en République Démocratique du Congo, elle
était, par conséquent, éligible aux droits miniers,
article 23 du Code Minier. Le nouveau Code minier maintient les mêmes
conditions d'éligibilité qui étaient prévues dans
la loi minière de 1981. Néanmoins, il innove en ce que les
personnes physiques majeures de nationalité étrangère et
les personnes morales de droit étranger peuvent être
éligibles au droit minier ou des carrières à condition de
faire élection de domicile auprès d'un mandataire en mines et
carrières et d'agir par son intermédiaire. Il en est de
même des organismes à vocation scientifique qui, à l'instar
des personnes physiques de nationalité étrangère, sont
éligibles aux droits miniers et de carrières de recherche. De ce
fait, le nouveau Code organise la profession de mandataire en mines et
carrières. Ceux-ci ont pour mission, outre la représentation, de
conseiller et d'assister toute personne intéressée dans l'octroi
et l'exercice des droits miniers et des carrières ainsi que dans les
contentieux y afférents. Les conditions d'entrée en vigueur ayant
été formellement remplies, à savoir : La signature du
contrat par les deux parties et l'obtention de l'accord du Ministre des Mines.
Le contrat est entré en vigueur le 15 août 2005. La Commission de
revisitation avait relevé néanmoins un vice portant sur
l'autorisation du Ministre des Mines qui était intervenue après
la signature du contrat par la GECAMINES alors que cette autorisation devait
précéder la signature du contrat. De la durée du contrat,
sauf s'il y a résiliation anticipative par l'une des parties dans les
conditions définies au contrat, celui-ci demeurera en vigueur
jusqu'à ce que le gisement de RUASHI ne soit plus exploitable ou si les
parties décident de commun accord d'y mettre fin.
Les principales obligations des parties sont :
Pour GECAMINES : Céder à CMC toutes les
données, informations, registres et rapports ayant trait à la
concession dénommée Ruashi y compris les remblais et des rejets
de Ruashi et de l'étoile se trouvant sous le contrôle de la
GECAMINES ; céder à Ruashi Mining Sprl, dès sa
création, tous les droits et titres miniers sur
l'intégralité de la concession Ruashi ; Obtenir, auprès du
Ministre des Mines, l'approbation de la cession de ces droits et titres
miniers.
Pour CMC :
Financer et effectuer une étude de faisabilité
en collaboration avec la GECAMINES et de communiquer les résultats de
cette étude à GECAMINES ; financer, construire et équiper
les usines de traitement conformément aux recommandations de
l'étude de faisabilité acceptée par les deux parties ; Se
conformer aux normes techniques d'exploitation minière ; revaloriser et
poursuivre la prospection du gisement de Ruashi.
Des aspects techniques, après une première phase
d'exploitation des terrils et remblais, résidus des opérations
antérieures de l'UMHK/GECAMINES sur le périmètre de la
mine de l'étoile et de leur concentration (cuivre à 15%), Ruashi
Mining a entrepris de démarrer une seconde phase où l'entreprise
entend évoluer vers l'extraction hydrométallurgique de cuivre
(45.000 tonnes) et du cobalt (5.000 tonnes).
* 155 Nom féminin
pluriel d'origine anglaise. Droits d'auteur, redevances dues au
propriétaire d'un brevet, au propriétaire du sol sur lequel sont
exploités des mines ou des puits de pétrole, ou sur lequel passe
un pipe-line ou un feeder. LAROUSSE, Grand Larousse Encyclopédique
en dix tomes, Paris, Ed. Larousse, 1964.
* 156 La commission de
revisitation aurait été renvoyée aux services
compétents de l'Etat pour vérifier le payement des taxes et
impôts. Or, la plupart des fonctionnaires des services de l'Etat
affecté à Ruashi Mining favorisent celle-ci étant
donné qu'ils perçoivent des perdiem aux allures de
corruption car dépassant leurs salaires de loin.
* 157 Entretien libre avec
un agent du service de gestion des contrats de la Gécamines, 01 avril
2008.
* 158 Ce projet consiste en
la réhabilitation de la mine souterraine de Kamoto, la
réhabilitation et le développement d'une mine à ciel
ouvert comme source des minerais oxydes (Dikulwe, Mashamba et T17), la
réhabilitation des concentrateurs de Kamoto et de Dima, ainsi que des
usines de Luilu. Par la suite, une convention de Joint-venture fut
signée entre les mêmes parties le 07 février 2004.
La convention de joint-venture susvisée a repris les
dispositions de l'accord préliminaire. C'est ainsi que les parties ont
signé, au mois de novembre 2005, les statuts de KCC SARL.
* 159 NIZA,
op.cit,, p. 47.
* 160 NIZA,
op.cit,, p. 47.
* 161 STL payerait, selon
le Groupe Forrest, 4,5 millions de dollars par mois à la GCM. Nous
n'avons pas eu la confirmation de cette somme des sources autorisées au
sein de la GCM. Les renseignements pris à la Direction
financière nous ont certifié que les fonds que STL verse
à GCM permettent néanmoins le payement régulier des
salariés de la GCM depuis 2006.
* 162 Un louage pour une
durée déterminée ou indéterminée, sans
faculté de sous-louage, de tout ou partie des droits attachés
à un droit minier ou une autorisation de carrières moyennant une
rémunération fixée par accord entre l'amodiant et
l'amodiataire (Code Minier, section 1 portant sur la définition
des termes et du champs d'application, article 1, par.1)
* 163 A moins d'un mandat
spécial donné par le Conseil d'Administration, tous les actes
engageant l'entreprise autres que ceux relavant de la gestion des affaires
courantes, sont signés par deux Administrateurs dont le Président
du Conseil ou son remplaçant et le Délégué
Général.
* 164 Les principales
obligations des parties étant :
Pour KINROSS FORREST : présenter l'étude de
faisabilité endéans quatre (04) mois suivant la signature et les
approbations nécessaires de la convention ; fournir l'expertise
technique et le capital, afin de réaliser la revitalisation, la
modernisation et l'expansion des installations de Kamoto et des usines hydro
métallurgiques de Luilu. Pour GECAMINES : Céder à KCC, le
droit exclusif de prendre possession et d'utiliser tous les biens personnels et
réels constituant les installations de Kamoto, ainsi que toutes les
installations y relatives situées dans la zone de Kolwezi,
République Démocratique du Congo (ce qui inclut la mine de
Kamoto, le gisement de Dikuluwe, les gisements de Mashamba Est et Ouest, le
gisement T17, ou tout autre gisement à convenir entre parties pouvant
garantir une quantité suffisante de minerais oxydés pour assurer
la profitabilité du projet, les concentrateurs de Kamoto et de Dima et
les installations de l'usine de Luilu). Mettre à la disposition de KCC
SARL toute concession supplémentaire dans l'éventualité
où les concessions cédées par GECAMINES seraient
épuisées avant d'atteindre la production totale du métal
prévue dans l'étude de faisabilité ou avant l'expiration
de la convention de joint-venture. Il ressort des documents versés
à la Commission gouvernementale de revisitation par KCC SARL que cette
société a transmis à la GECAMINES une étude de
faisabilité et que cette dernière a émis ses observations
qui ont été transmises à KCC SARL par lettre
n°2199/ADT/2006 du 24 juillet 2006. Cependant, selon la commission
gouvernementale, il n'existe à ce jour aucun document attestant que
l'étude de faisabilité a été agréée
par la GECAMINES. La mine de Kamoto n'a pas été noyée bien
qu'une partie se soit effondrée (Éboulement partiel). La
réhabilitation de cette mine n'a consisté qu'en la fiabilisation
des pompes d'exhaures. Le concentrateur de Kamoto et l'usine de Luilu sont en
pleine réhabilitation. Cette mine est partiellement
éclairée par l'opérateur minier KAMOTO Operating Limited
« KOL ». Les travaux d'éclairage se poursuivent en fonction du
programme de production. Les activités d'exploitation minière ont
repris dans la mine de Kamoto, avec l'extraction des minerais qui sont
transportés par des nouvelles bennes acquises par l'Opérateur
minier « KOL » jusqu'au concassage primaire. Les minerais
concassés sont ensuite acheminés par camion benne jusqu'au
concentrateur de Kamoto. En ce qui concerne la mine T17, qui est une mine
à ciel ouvert, il y a lieu de relever que depuis mi-avril 2007, les
opérations de découverture sont effectuées par le
sous-traitant EGMF (Entreprise Générale Malta-Forrest). Les
équipements et autres engins miniers utilisés à cet effet
par EGMF ont été préfinancés par KOL. Quant au
concentrateur de Kamoto, celui-ci comprend deux (02) parties, à savoir :
l'unité de traitement des minerais oxydés de DIMA en phase de
réhabilitation lors de l'élaboration de ce travail;
l'unité de traitement des minerais sulfurés, partiellement
réhabilitée, est opérationnelle. Les statistiques fournies
par KOL renseignent que la production des concentrés depuis le mois de
septembre 2006 jusqu'au mois de juillet 2007 s'élève à
28.464 tonnes de concentrés à 13,53% de cuivre, 5,85% de cobalt
et 3,44% de manganèse. Cette production est stockée à
l'usine de Luilu.
* 165 FORUM DE LA SOCIETE
CIVILE, ibidem, p. 64.
* 166 La
société Boss Mining SPRL a été créée
le 30 décembre 2003 entre Shaford Capital Ltd, immatriculée aux
Iles Vierges Britaniques et Monsieur James Tidmarsh de nationalité
suisse. Le capital de la société fut réparti entre les
parties à raison de 90% pour Shaford Capital et 10% pour Monsieur
Tidmarsh. Selon des informations parvenues à la Commission, Boss Mining
est une des nombreuses filiales de Mr Billy Rautenbach, homme d'affaires
zimbabwéen et ancien Président Directeur Général de
la Gecamines, au même titre que Ridgepointe Overseas.
* 167 Au terme de l'analyse
de ce partenariat, la Commission gouvernementale a pu relever les
éléments ci-après : JV née de la volonté de
mettre fin au litige opposant Ridgepointe à la Gécamines; le
projet est en phase de production ; date d'authentification des statuts est
antérieure à celle de la création de la
société ; déséquilibre dans la répartition
des parts sociales ; absence de contrat de cession signé en bonne et due
forme ; absence d'étude de faisabilité au démarrage de
l'exploitation (Luita); absence d'un plan de financement explicite du projet ;
absence de royalties pour la Gécamines et de pas de porte. Aussi, la
Commission gouvernementale de revisitation formulera les recommandations
suivantes : maintenir les termes de l'arrangement à l'amiable du 25
février 2004 entre GCM, Ridgepointe et Tremalt (aujourd'hui Savanah
Mining); identifier et évaluer les apports réels des parties dans
la joint-venture existante en vue de répartir équitablement les
parts sociales car la valeur moyenne du gisement (1.426.810 tonnes de cuivre et
70.152 tonnes de cobalt) est estimée entre 2,5 et 4 Milliards USD ;
Exiger le paiement de royalties avec effet rétroactif.
Considérant ce qui précède, la Commission estime que le
partenariat Gecamines et Boss Mining est à renégocier
(catégorie B).
* 168 En 2007, les maisons
du camp GCM était occupées en grande partie par les agents TFM,
puis par les démobilisés de la FARDC et ensuite par quelques
individus tiers. Ils y vivaient gratis. Autrefois, différentes troupes
militaires se sont succédé dans ce camp de 71 maisons type Main
d'oeuvre d'exécution notamment :
- La 42ème Division du Général
Kisempya, d'octobre 1999 à février 2002;
- La 11ème Brigade des Requins, de 2002
à 2004 ;
- La 60ème Brigade, de 2004 à 2006.
GECAMINES, Rapport de mission sur la LVM effectué au groupe Ouest,
Service des Procédure Administratives, 24 septembre au 04 octobre
2007.
* 169 Lundin Holdings Ltd
avait gagné le marché parce qu'il avait proposé la
production de 100.000 tonnes de cuivre et 8.600 tonnes de cobalt par an. Cette
production devait augmenter en passant successivement à : - 200.000
tonnes de cuivre en 2006 ; - 300.000 tonnes de cuivre en 2009 ; - 400.000
tonnes de cuivre en 2012 - et la production de cobalt au stade final à
16.000 tonnes. Comme évoqué plus haut, ces prévisions ont
été réduites à la baisse alors que les
réserves ont été estimées à la hausse.
S'agissant de l'étude de faisabilité, la commission a
relevé que Lundin Holdings Ltd avait l'obligation de financer toutes les
opérations de recherche et d'exploitation (étude de
faisabilité) dont le coût est estimé à quarante huit
millions de dollars américains au lieu de dollars américains
quinze millions (15.000.000 USD) initialement prévu dans la convention.
A ce jour, l'étude de faisabilité est terminée pour le
projet de Tenke. En ce qui concerne le gisement de Fungurume, l'étude
n'a pas encore commencé. Les réserves estimées de
l'ensemble des gisements sont de 220.000 tonnes de cuivre à une teneur
de 2,8% de cuivre et 0,3 pour le cobalt. Seul le Gisement de Kwatebala a une
réserve estimée à 80.000 de tonnes des minerais.
Actuellement, le projet TFM est en phase de construction
depuis avril 2007. La fin des travaux est prévue pour fin octobre 2008.
Mais entre temps la spéculation boursière bat son plein sur les
places boursières et les actions changent de mains en dégageant
des bénéfices énormes. Des aspects financiers, Lundin
Holdings Ltd avait gagné le marché au motif qu'elle a
été le soumissionnaire le moins-disant, en termes de capital de
la JV, de répartition des parts, etc. Du montant du capital, dans la
convention minière de 1996, le capital social est de cinquante mille
dollars américains (50.000 $). Dans la convention minière
amendée et reformulée, ce capital a connu une augmentation de
quinze millions cinquante mille dollars américains (15.050.000 USD). De
la répartition des parts, dans la convention minière de 1996, la
GCM avait 45% et Lundin Holdings Ltd 55%. Dans la convention minière
amendée et reformulée, la part de la Gecamines a diminué
de 45 à 17,5% dont 5% pour l'Etat. Ici, nous relevons l'entrée
dans TFM Sarl de Phelps Dodge qui est devenu actionnaire majoritaire et a
demandé de revoir toutes les conditions que Lundin avait réunies
pour gagner le marché de TFM.
Ainsi : - de 45%, les parts de la GCM ont diminué pour
atteindre 17,5% ; - un pas de porte de 250.000.000 USD à cent millions
dont 50.000.000USD déjà versés ; - La diminution de
tonnage initial en cuivre et en cobalt par an ; -? L'augmentation de la valeur
des gisements estimés à 18.000.000 tonnes de cuivre au lieu de
9.000.000 tonnes de cuivre. - Durée d'exploitation, 25 ans minimum
(jusqu'à d'épuisement du bien). Des organes de gestion, les
statuts de TFM prévoient les organes de gestion ci-après : Un
Conseil d'Administration : deux (02) Administrateurs pour GCM sur sept (07)
dont un Vice-Président ; Un Comité de Direction : Deux (02)
Directeurs à désigner par GCM. Au terme de l'analyse du
partenariat TFM SARL, la Commission a retenu essentiellement les
éléments suivants : Le non respect des termes de la soumission de
LUNDIN lors de l'appel d'offres : parts sociales (GCM 45% et LUNDIN 55%); la
violation de l'article 38 de la loi minière de 1981 limitant le champ
d'application des conventions minières aux seules Zones Exclusives de
Recherches (ZER); le rabattement injustifié des droits de la
Gécamines notamment la quote-part dans le capital social de 45% à
17,5% et la prime de cession de 250.000.000 USD à 100.000.000 USD dont
65 millions payés ; pas de dépôt de l'étude de
faisabilité dans les délais convenu (Cfr art.5 de la convention
initiale) ; la violation de l'art 6 de la convention en rapport avec la
stabilité de la structure du capital GCM 45% & Lundin 55%) ; le cas
de Force Majeure non fondé parce que la spéculation
boursière sur les actifs miniers de Tenke et Fungurume s'est poursuivie;
de Janvier 1997 à 2005, gel de gisement et vente des actions sociales
par Lundin à PHELPHS DODGE sans aucune contrepartie ;
l'illicéité de la Convention Minière amendée et
reformulée : bénéfices simultanés des avantages du
Code minier et de la Convention minière de 1996 en violation de l'art.
340 du Code Minier (Cfr ; art. 2 et 51 de la convention minière
amendée et reformulée) ; le non dépôt de
l'étude de faisabilité prévue dans la convention
minière amendée et reformulée, soit 13 mois après
l'achèvement de la première phase.
* 170 Restructuration
de la Gécamines, Draft phase 2, IMC Group Consulting, Novembre
2003, cité par MINANI BIHUZO, op.cit, p. 515.
* 171 KALALA MUDIMBWA,
Valorisation des concessions de la Gécamines engagés dans les
contrats CHEMAF, KMT, TENKE FUNGURUME, KCC, GEC, et nécessité de
révision de ces contrats pour protéger les intérêts
de la République, Kinshasa, septembre 2006. Inédit.
* 172 Avec pour missions :-
d'examiner les contrats de partenariat conclus par l'Etat et/ou les entreprises
publiques ou d'économie mixte avec les investisseurs privés dans
le secteur minier et leur impact sur le redressement des entreprises publiques
et le développement national ; - de proposer, le cas
échéant, des modalités de leur révision en vue de
corriger les déséquilibres ainsi constatés et les vices y
rattachés. Le Ministre des Mines avait procédé, en date du
11 juin 2007, à l'ouverture officielle des travaux de ladite Commission
dans la Salle de Conférences Internationales du Ministère des
Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale.
Constituée de quarante (40) membres et placée sous la
supervision de Monsieur le Directeur de Cabinet du Ministre des Mines,
Maître Alexis MIKANDJI PENGE, la Commission avait tenu, en dates du 11,
13, 15 et 18 juin 2007, des séances de travail consacrées
notamment à l'examen et à l'adoption de son Règlement
Intérieur, de ses Termes de Référence, et à la
constitution ainsi qu'à la composition de ses sous-commissions. Quatre
organisations de la Société Civile avaient assisté aux
travaux en qualité d'observateurs, à savoir l'ONG Avocats Verts,
la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), l'Association
Nationale des Entreprises du Portefeuille (ANEP) et le Centre jésuite
d'Etudes pour l'Action Sociale (CEPAS).
* 173 Eléments
tirés du Rapport Annuel du Bureau central de coordination
(BCECO), 2003, p.38.
* 174 GECAMINES, Direction
financière.
* 175 Entretien libre avec
quelques ex-agents et agents de la Gécamines, mois de mars 2008. Ceux-ci
nous ont donné le désespoir qui les a marqués pendant la
période de non payement. L'un d'eux, M. BESA a même donné
une expression qui avait cours pendant cette période pour signifier la
situation qui caractérisait les travailleurs de la Gécamines en
face de la Société lushoise : « Ukimuona muntu wa
Gécamines, kimbia, atakulomba Makuta » (si tu vois un agent
Gécamines, fuis ; il va te demander l'argent). Cette anecdote
témoigne à suffisance le contexte dans lequel se trouvaient les
travailleurs de la GCM quand l'opération départ volontaire fut
lancée. Beaucoup y accoururent, non parce qu'ils étaient
convaincus de son bien fondé, mais plutôt parce qu'ils avaient
besoin d'argent après une longue période de non payement qui a
entraîné la perte de confiance dans l'entreprise.
* 176 Cette image est
nôtre.
* 177 Supra.
Rôle de la Banque Mondiale. p. 63.
* 178 Ceci ressort des
entretiens que nous avons eus avec les travailleurs de l'entreprise pendant
notre stage à la Direction des Procédures Administratives et des
relations industrielles. Nous avons voulu conforter cette appréciation
par les données internes à l'entreprise relatives à la
gestion des ressources humaines.
* 179 Un mois après
la reconduction du contrat de Sofreco, le malentendu persistait entre le
cabinet français mandaté pour relancer l'activité de
l'entreprise Gécamines, le Gouvernement et le personnel. Sofreco,
après la reconduction de son mandat pour 2 ans en conseil de ministre,
avait fait savoir à COPIREP qu'il n'était pas prêt à
poursuivre sa mission si Paul Fortin, avocat canadien nommé par le
cabinet en tant qu'Administrateur Délégué
Général (ADG) de la GCM, restait en place. Le cabinet SOFRECO lui
reprochait d'avoir pris des décisions allant à l'encontre des
directives, en particulier la signature de plusieurs accords de partenariats
dont la sous-traitance de la GCM avec Somika et les partenariats avec la
société United Ressources AG pour le projet Kipushi. Mais la
véritable paume de discorde, est l'émancipation que s'est acquise
Fortin vis-à-vis de SOFRECO. Etant nommé par un décret
présidentiel, seul le décret du président pouvait
légalement le démettre. Mais face au soulèvement des
travailleurs, le gouvernement congolais n'a pas voulu se mettre à dos un
nouveau conflit social. Il l'a donc reconduit après négociation
avec SOFRECO. Nous nous inspirons de l'article « contrat
Sofreco : Fortin est toujours à bord » in Africa
Intelligence : version web : http :
www.africaintelligence.fr/AMF/detail-articles/
* 180 GECAMINES,
Rapport annuel d'activités pour l'exercice 2007, Direction des
ressources Humaines, 2007. p. 15.
* 181 Idem, p.
30.
* 182 NIZA,
op.cit., p.33.
* 183 ASADHO-KATANGA,
Insécurité des certains acteurs de la société
civile oeuvrant dans le secteur minier, communique de presse
N°15/2005, p.1.
* 184 Entretien avec M.
Mwamba, service de contentieux, Direction des procédures administratives
et des relations industrielles. Mars 2008.
* 185 Le père Tony
de la paroisse saint Pie X, à Kambove, inquiet de voir ses paroissiens
quitter la ville après l'ODV, a mis sur pied un plan de reconversion
sous forme de coopérative en 5 secteurs : Agriculture, commerce,
soins médicaux et transport. En fonction du secteur choisi, la mise de
fonds s'échelonne de 250 à 1000 dollars US. Forte de plus de 1500
« ex-Gécaminards », l'association du père
Tony a investi dans les équipements tels les tracteurs, les camions, les
bus...et promettait ainsi aux adhérents une rentabilité
significative. Mais vite les dissensions sont apparues et certains l'ont
quittée, estimant que l'association les ferait retomber dans une
structure trop paternaliste. Sur l'association du père Tony, Copirep
News, N°00, Janvier 2004, p. 3.
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