le souci comme être du Dasein chez Heidegger Martin( Télécharger le fichier original )par Serge MUTUMBO Institut saint Jean Bosco kansebula - Graduat en philosophie et sciences de l'éducation 2003 |
3 Témoignage préontologique du Dasein sur lui-même comme souci
Nous allons montrer dans ce point comment l'être-là (Dasein) qui est un être historique va rendre témoignage de lui-même. L'être-là raconte son histoire et cela n'est pas une invention mais une construction ontologique qui repose sur des bases solides, des traits fondamentaux. La compréhension du Dasein est possible puisqu'il s'est exprimé préontologiquement. Nous reprenons l'extrait du texte et ainsi nous serons éclairé pour la suite de notre investigation : « Un jour que le Souci vint à traverser un fleuve, son regard tomba sur un limon argileux. Pensif, il en prit une poignée et se mit à lui donner forme. Tandis qu'il réfléchissait à ce qu'il venait de créer, Jupiter intervint. Le Souci le pria d'insuffler vie au fragment de limon qu'il avait formé, Jupiter y consentit volontiers. Lorsque pourtant le Souci voulut imposer à sa créature son propre nom, Jupiter s'y opposa, souhaitant qu'elle fût appelée de son nom. Tandis que Jupiter et le Souci disputaient de ce nom, la Terre (Tellus) surgit à son tour, désirant que l'image fut nommée d'après elle-même puisqu'elle lui avait prêté une parcelle de son corps. Les querelleurs choisirent Saturne pour arbitre, qui leur signifie cette sentence apparemment équitable : « Toi, Jupiter, qui lui as donné son âme, et Toi, Terre, qui lui as donné son corps, recevez à sa mort qui l'âme et qui le corps. Mais puisque le Souci fut le premier à façonner cet être, il est juste que tant que celui-ci demeure en vie, le souci le tienne. Et puisque vous ne vous entendez pas sur le nom, qu'il soit appelé homo, car il est fait d'humus (la terre) »62(*). Nous voyons bien dans cet extrait comment l'être du Dasein est souci. Ce dernier est à l'origine de l'être du Dasein. Il est tenu tant qu'il vit par le souci car il est fait du souci. Comme être-au-monde, il est ipso facto lié à ce souci original qui est en lui tant qu'il demeure dans le monde où il est jeté facticiellement. Le bien de l'homme s'achève par le souci qui est un existential. « La perfection de l'homme, c'est-à-dire sa capacité de devenir ce qu'il peut être en raison de sa liberté pour ses possibilités inaliénables (de son pro-jet), est l'oeuvre du souci »63(*). Le souci est ce qui fait que l'homme soit ce qu'il doit devenir dans ses possibilités. Il détermine un mode fondamental du Dasein qui est un être-au-monde pro-jetté. C'est par le souci que nous nous sommes retrouvés dans l'Etre sans le vouloir et sans mérites ni droits de notre part. C'est un don, un don gratuit non mérité que nous recevons de l'Etre. Mais « le don que j'ai trouvé n'est donc pas inerte, mais il est appel et appelé »64(*). Ce don appelle l'homme à agir en faveur du monde dans lequel il habite et pour les autres qu'il rencontre dans celui-ci. Le Dasein est en tension toujours vers un plus de son être. Il est un être qui se réalise toujours. Et dans cette tension vers un plus, il reconnaît l'altérité qui l'a engendré et l'aide à être plus. D'où dans son projet, l'homme est ouvert à l'altérité65(*). Le souci n'est pas ontique mais ontologique. Il est l'être du Dasein. « La condition existentiale de la possibilité des ``soucis de la vie'' et du ``dévouement'' est à comprendre en un sens originel, c'est-à-dire ontologique, comme souci »66(*). La constitution du Dasein ne peut être comprise que dans son unité qui est complexe que par le concept existential du souci. Ce dernier est le fondement ontologique du Dasein. Le souci est de l'être qui nous a donné d'être dans son être sans le vouloir. La vérité de l'être comme souci aide à saisir la totalité des possibilités du genre humain. * 62 Ibid. , 241-242. * 63 Ibid, 243. * 64 J.V. WAELVELDE, Op. Cit., 32. * 65 Cf. Ibid, 32-33. * 66M. HEIDEGGER, Cf. Op. Cit., 243. |
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