CHAPITRE I : GENERALITES SUR LES ENTREPRISES PUBLIQUES
Il importe dans ce chapitre de conceptualiser le thème
c'est-à-dire d'isoler certains mots des notions pour leur donner un
caractère de concept utilisé dans le cadre de notre étude.
Ce chapitre évoque aussi le rôle non négligeable que peut
jouer l'entreprise publique dans le circuit économique.
SECTION 1 : DEFINITION DES CONCEPTS DE BASE
a- Problématique
Le Dictionnaire Universel1 définit la
problématique comme un ensemble des problèmes concernant une
question2. La problématique, c'est aussi la
présentation d'un problème sous différents aspects,
écrit l'encyclopédie wikipédia.
b- Efficacité
D'après le lexique de gestion3,
l'efficacité désigne le rapprochement des résultats
obtenus et des objectifs fixés ou tout simplement l'atteinte de ces
objectifs. Ainsi, un système est efficace lorsqu'il permet d'atteindre
les résultats les plus proches des objectifs tracés. Mais
l`efficacité est un concept qui fait appel à d'autres concepts
suivants4 :
· La performance : concept difficile
à définir, néanmoins il est utilisé en
contrôle de gestion par transposition facile à son sens en anglais
où il signifie d'abord « résultat ». Ainsi, une
organisation serait déclarée performante, si elle réalise
de bons résultats.
Le lexique de gestion définit la performance comme un
indicateur mesurant le degré d'accomplissement des buts, des objectifs,
des plans, des programmes que l'entreprise s'est fixée.
Plusieurs spécialistes identifient quatre (4)
dimensions de la performance organisationnelle : la pérennité de
l'organisation, l'efficience économique, la valeur des ressources
humaines et la légitimité de l'organisation auprès des
groupes externes.
Pour une entreprise privée, il peut s'agir par exemple
de la réalisation d'un profit maximum
(rentabilité financière). Mais pour une entreprise publique,
la réponse paraît plus complexe et délicate. On ne peut
1 Editions Hachette-2002.
2 Par exemple la question de l'efficacité et de
la croissance dans les entreprises publiques. 3Editions
Dalloz-2003.
4Les trois définitions des concepts
tirées sur internet (cf. sites en bibliographie).
pas se baser uniquement sur la rentabilité
financière pour apprécier la performance des entreprises
publiques.
Pour mesurer la performance des entreprises publiques, il faut
se référer aux missions que l'Etat leur assigne. Trois (3)
missions principales sont identifiées à savoir : le
développement économique et industriel, l'intérêt
général1, au niveau macroéconomique puis au
niveau microéconomique, la rentabilité financière.
· L'efficience : désigne la
capacité à atteindre des objectifs au mieux : c'est-à-dire
le plus rapidement avec le moins de moyens. Ainsi, une entreprise est
efficiente lorsqu'elle maximise ses résultats en utilisant le minimum de
moyens. On peut donc dire que l'efficience économique se
réfère aux trois éléments suivants :
1 Les ressources : degré auquel l'organisation
réduit la quantité d'inputs tout en assurant un bon
fonctionnement du système ;
1 La productivité : quantité ou qualité de
biens et services produits par l'organisation par
rapport à la quantité de ressources
utilisées pour leur production durant une période ; 1 Le
délai : date ou période prévue à l'avance.
· Pertinence : elle met en rapport
objectifs et moyens. Pour qu'un système soit pertinent il faut qu'il
mette en oeuvre les moyens adaptés en quantité et en
qualité aux objectifs escomptés.
c- La croissance de l'entreprise
Selon plusieurs sources2, c'est un mouvement de
développement de l'activité de l'entreprise, lequel
développement peut se mesurer de manière quantitative
(augmentation du chiffre d'affaires, du profit, de la part de marché,
des effectifs employés et de ses ressources) et s'apprécier de
manière qualitative (accroissement de la capacité d'influence de
la firme sur son marché, élargissement de sa
notoriété, développement de son image etc....).
Est retenue dans notre cas d'étude : la croissance
interne de l'entreprise publique.
d- La croissance interne
Elle désigne le mode principal de croissance de
l'entreprise. C'est donc un processus (quantitatif et qualitatif) de
développement par lequel une entreprise se développe en
investissant dans les capacités
1 Bien être collectif.
2 Cours, Manuel de gestion, lexique de gestion et
sites internet cités en bibliographie.
nouvelles de production et de vente en utilisant des ressources
propres ou empruntées (lexique de gestion).
e- Entreprise publique
Ce que nous présentons ici n'est qu'une tentative de
définition car ce concept reste pour beaucoup de scientifiques
très complexe. Néanmoins tout le monde s'accorde que l'entreprise
publique constitue une des composantes du secteur public.
Le lexique de gestion déjà évoqué
plus haut donne une tentative de définition simplifiée : c'est
une organisation dotée de la personnalité juridique, de
l'autonomie financière et de gestion placée sous
l'autorité ou la tutelle de l'Etat ou d'une collectivité publique
et exerçant une activité industrielle et commerciale.
Cependant plusieurs définitions données par les
spécialistes1 de gestion permettent de mieux la distinguer de
l'entreprise privée :
V' L'entreprise publique est « toute entreprise sur
laquelle les Pouvoirs Publics peuvent exercer une influence dominante du fait
de la participation financière ou des règles qui la
régissent ». L'entreprise publique se distinguerait ainsi de
l'entreprise privée de par le contrôle de droit qu'exerce l'Etat
dans la définition de sa stratégie. L'ensemble des entreprises
publiques se trouve ainsi élargi aux entreprises faisant place à
d'autres actionnaires que l'Etat, à condition que ce dernier, même
actionnaire minoritaire, conserve un pouvoir déterminant sur la
composition du capital et la nomination des dirigeants.
V' Une entreprise publique est une entreprise sur laquelle
l'Etat peut exercer directement ou indirectement une influence dominante du
fait de la propriété ou de la participation financière, en
disposant soit de la majorité du capital, soit de la majorité des
voix attachées aux parts émises.
SECTION 2 : FONDEMENTS THEORIQUES a- Théorie
des entreprises publiques
Selon cette théorie2, l'intervention de
l'Etat se justifie pour corriger les défaillances du marché. Les
entreprises publiques sont des organisations qui cherchent donc à
concilier l'objectif public avec celui de profit. Cette forme organisationnelle
est critiquée pour son manque d'efficacité par la théorie
de la capture, théorie de la bureaucratie, théorie des droits de
propriété qui l'accusent d'absolument inefficace.
1 G. Charreaux, Le gouvernement
des entreprises, Editions Economica, 1997.
2 Théorie néo-keynésienne.
b- Justifications théoriques de l'existence de
l'entreprise publique et son importance dans le circuit
économique
L'accent est mis ici sur le débat relatif à
l'intervention de l'Etat dans l'activité économique. Pour les
uns, l'Etat est un simple arbitre et doit laisser le marché
s'autoréguler, c'est la main invisible d'Adam Smith1. Une
autre thèse2 veut que l'Etat assure la restauration de
l'équilibre du marché en cas d'altération de ce dernier.
Cependant, outre ce débat une autre justification de l'existence de
l'entreprise publique est dans sa mission de service public. En effet, la
justification de l'existence de ces organisations prend source à la
théorie keynésienne qui considère que l'Etat doit
chercher, par l'intermédiaire de ses entreprises, à limiter les
faiblesses conjoncturelles de l'investissement privé par des
augmentations de la formation brute du capital fixe des entreprises
publiques.
Malgré la perception populaire, encouragée par
les journaux, les théories économiques, les idées
traditionnelles dominantes et la rhétorique contemporaine, les
entreprises publiques peuvent être à la fois efficaces et bien
gérées. Cela peut paraître anodin. Déjà la
théorie des entreprises publiques justifie que celles-ci constituent un
secteur indispensable du circuit économique. Le problème
d'exclusion des consommateurs par exemple cité parmi les
défaillances du marché évoque le problème
d'équité, car pallier les défaillances du marché
c'est aussi résoudre les problèmes d'équité. Nous
insistons sur l'importance et le rôle fondamental que jouent les
entreprises publiques dans nos économies en développement
à travers ces trois (3) illustrations :
Illustration 1 : ceux qui vivent dans des
régions éloignées peuvent être privées de
services essentiels tels que les services postaux, les services informatiques,
l'eau, et les transports, si l'approvisionnement des dits services
dépend du bon vouloir d'entreprises ne visant que la rentabilité
(entreprise privée). Dans de telles situations, la création d'une
entreprise publique est un moyen facile d'assurer un accès universel aux
services essentiels pour tous les citoyens.
Illustration 2: il se peut que les
régimes de retraite ou d'assurance maladie refusent de prendre en charge
les cas à "haut risque", généralement les plus pauvres. La
gestion de tels systèmes en tant qu'entreprise publique dans les pays en
voie de développement ferait en sorte que les personnes les plus
vulnérables aient accès à la sécurité
sociale.
Illustration 3 : dans l'état actuel des
choses dans nos pays, la plupart des individus vivant
dans l'arrière-pays n'ont pas accès à certains biens et
services (la navigation sur internet par exemple). Pour
1 Courant néoclassique.
2 Courant keynésien.
assouvir ce besoin de façon permanente, ces individus
son obligés d'abandonner le monde rural, et migrer vers les grands
centres urbains : c'est l'exode rural. L'exode rural par conséquent va
entrainer non pas seulement une mauvaise répartition1 de la
densité mais aussi le surpeuplement des grands centres urbains. Par
manque de politique adéquat de logement, nous assistons de nos jours
à la flambée des loyers avec augmentation de la caution de
garantie de bail à loyer (de 2 on est passé à 4 mois ou
plus). Par ailleurs, par manque d'investissement (privé ou public), on
assiste passivement à la précarité et à la
paupérisation des grands centres urbains.
L'apparition de ces phénomènes sociaux serait
estompée pourquoi pas éradiquée par l'action efficace des
entreprises publiques. En effet, l'entreprise publique au nom de
l'équité, intervient en premier lieu là où
l'actionnariat privé ne peut oser en raison d'un risque très
élevé. Les charges liées à la mission publique
étant assurées par les accords préférentiels, les
subventions ... l'entreprise publique se présente comme celle qui vient
déblayer le chemin et favoriser les conditions propices à
l'investissement privé. Ainsi l'investissement public à travers
les entreprises publiques associé à l'investissement privé
permettra d'augmenter la formation brute du capital fixe : facteur important du
développement économique, car un pays sans investissement est
condamné au sous développement. Les ruraux pourront donc
accéder sur place à des biens et services au même titre que
les citadins ou presque ; et ceci va casser la chaîne d'apparition des
phénomènes sociaux cités plus haut que nous observons
malheureusement aujourd'hui dans nos pays en développement (cas du
Congo).
c- Raisons historiques et
économiques d'existence des entreprises publiques : expérience
congolaise
En 1988, 2959 entreprises publiques étaient
officiellement recensées à travers l'Afrique, assurant
très souvent plus de 50 % de la production totale2. Cette
importance est due à l'héritage colonial (grandes compagnies de
transport, d'exploitation minière, de banques...) repris, au moment des
indépendances, par le seul opérateur à peu près
organisé : l'Etat. Ces entreprises ont très souvent
été créées pour pallier l'absence d'entrepreneurs
privés aptes à gérer l'industrie locale. De plus les
gouvernements africains n'ont jamais fait que suivre une mode longtemps
répandue : l'étatisation des entreprises comme panacée
à toutes les difficultés économiques.
1 Forte densité dans les grands centres urbains
et très faible densité dans les régions rurales,
entrainant un déséquilibre économique et un retard du
développement économique.
2 Bernard C. et Toumi M. La
privatisation, une fausse solution pour l'Afrique. Sciences et Vie
Economie. Paris, 1988.
Le Congo n'a pas échappé à cette
réalité africaine. Au lendemain de son indépendance, la
nécessité de prendre en main son économie s'est
imposée. Il est trivial de dire que les années d'avant
indépendance sont caractérisées par une mise à
l'écart des nationaux de la vie politique et économique du
pays.
En raison de l'absence, mieux du manque de maturité de
l'initiative privée, ce rôle d'impulsion de l'économie va
être pris en charge par l'Etat au moyen de la création de
nombreuses entités économiques et juridiques que l'on regroupe
sous le vocable d'entreprises publiques. Ce vaste mouvement est animé
par ce qui était appelé à cette époque :
libéralisme planifié. Il faut dire aussi que cela aura valu
d'énormes sacrifices, notamment sur le plan financier. Cependant les
chocs pétroliers de 1974 et de 1980 ont aidé le
délabrement économique mondial et national entrainant dans une
situation calamiteuse les entreprises publiques congolaises qui souffraient
déjà d'une mauvaise gestion.
Les entreprises publiques devraient bénéficier
d'un certain nombre de largesses comme les statuts de monopoles, les
prêts concessionnels, les subventions, les exonérations
douanières et autres, de la part de l'Etat. Mais déçu des
coûts élevés et des maigres performances des entreprises
publiques, l'Etat congolais opte pour le libéralisme dès 1988
puis en 1994 une loi portant privatisation des entreprises publiques avait
été promulguée, ouvrant la voie à la
réforme.
d- Formes juridiques et classification des
entreprises publiques
Selon l'autonomie de gestion, l'entreprise publique peut donc
prendre plusieurs formes. Ainsi, on peut distinguer dans un cadre
général, plusieurs sortes d'entreprises publiques : les offices,
les sociétés d'Etat, les concessions, les entreprises nationales
ou nationalisées, les régies autonomes, les régies
directes, les sociétés d'économie mixte.
En référence à la loi N°21-94 du 10
Août 19941, on distingue au Congo les formes suivantes
d'entreprises publiques: les entreprises d'Etat, les entreprises pilotes
d'Etat, les sociétés d'économie mixte, les
établissements publics à caractères industriel et
commercial, les offices.
N.B : on distingue deux catégories
d'offices à savoir : les offices à caractère social,
scientifique ou culturel et les offices à caractère industriel
et/ou commercial. Les offices à caractère social, scientifique ou
culturel sont gérés comme des établissements publics
administratifs ; on ne peut exiger à ces offices de réaliser des
bénéfices. Quant aux offices à caractère industriel
et/ou commercial, ils sont tenus à être performants.
CHAPITRE II : PRESENTATION ET ORGANISATION
DES ENTREPRISES PUBLIQUES : CAS DE L'OCI
Ce chapitre nous présente une vue panoramique de l'OCI.
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