TABLE DES MATIERES
CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
Chapitre I
La problématique de la langue
en Haïti
1.1- Définitions du concept de langue
1.2- Le cas du créole
1.2.1- Genèse du créole haïtien
1.2.2- Evolution et utilisation du créole en
Haïti
1.3- Le cas du français
1.3.1- Le français à Saint-Domingue
1.3.2 Le français en Haïti
1.4- Les nouvelles langues en Haïti
1.4.1- L'anglais en Haïti
1.4.2- L'espagnol en Haïti
Chapitre II
La théorie des représentations
sociales
2.1- Histoire et évolution du concept de
représentation sociale
2.1.1- Définition du concept de
représentation sociale
2.1.2- Représentation sociale et le concept de
représentations collectives
2.2- Formation des représentations sociales
2.2.1- l'objectivation
2.2.2- l'ancrage
2.3- Structure des représentations sociales
2.31- Le noyau central
2.3.2- Le système périphérique
2.4- Fonctions des représentations sociales
2.4.1- La fonction de savoir
2.4.2- La fonction d'identité
2.4.3- La fonction d'orientation
2.4.4- La fonction de justification
Chapitre III
Le cinéma
3.1- Définitions du cinéma
3.2- Le cinéma dans le monde et en Haïti
3.2.1- L'invention du cinéma
3.2.2- Arrivée du cinéma en Haïti
3.2.3- Evolution du cinéma en Haïti
3.3- Les approches du cinéma
3.3.1- Le cinéma comme réalité
3.3.2- Le cinéma comme construction
DEUXIEME PARTIE
CADRE METHODOLOGIQUE
Chapitre IV
Méthode de recherche
4.1- Type de recherche
4.2- Etudes exploratoires
4.3- Technique de collecte des données
4.4- Le corpus
4.5- Opérationnalisation des variables
4.6 Technique de recherche
4.6.1- L'analyse de contenu
4.6.2- Technique d'analyse
Chapitre V
Présentation des résultats
5.1- Retranscription-découpage du film
5.2- Les tableaux
5.3- Les graphes
Chapitre VI
ANALYSE DES RESULTATS
CONCLUSION
Bibliographie
PROBLEMATIQUE
S'il est vrai qu'en Haïti les films étrangers
dominent les salles de cinéma et les téléviseurs ; il
sort depuis un certain nombre d'années, précisément depuis
19621(*), des films produits
et réalisés par des Haïtiens, avec des acteurs
haïtiens, des histoires haïtiennes. Bref, il sort des films
haïtiens.
Etant des productions haïtiennes et étant
destinés d'abord à un public haïtien, la première
exigence à laquelle ces films sont supposés répondre,
c'est d'être en des langues comprises par tous les Haïtiens ou par
une fraction significative des Haïtiens, c'est-à-dire d'être
en créole et/ou en français.
En effet, comme attendu, les films haïtiens adoptent le
créole et le français comme langues principales de communication.
Certains sont presque totalement en français, d'autres presque
totalement en créole. D'autres encore essayent de faire
l'équilibre entre les deux langues. Le cinéma haïtien
semble donc vouloir être, entre autres fonctions, un espace de
cohabitation entre le créole et le français.
Cependant, cette cohabitation semble n'être pas aussi
harmonieuse et innocente qu'elle en a l'air. En effet, les
répétitions patentes de formes d'utilisation des langues semblent
dégager une logique propre, préalablement programmée.
Dans presque tous les films, certaines remarques importantes sur l'utilisation
de chacune des langues sont presque immédiatement perceptibles à
tout observateur averti. Parmi ces remarques, il n'est pas inutile de
citer :
a) Les langues sont distribuées à certains
personnages bien particuliers. Certains parlent presque exclusivement
français, alors que d'autres presque seulement le créole.
b) Ceux qui s'expriment le plus souvent en français
parlent un créole « francisé » quand
ils choisissent cette langue tandis que ceux qui parlent habituellement le
créole ont un « français syntaxiquement et/ou
phonologiquement mauvais » si les conditions leur imposent le
français.
c) Certaines scènes telles : mariage,
cérémonie officielle, administration publique et privée
etc. sont généralement présentées en
français. D'autres scènes telles : marché,
scène de rue, arrestation, etc. sont généralement en
créole.
d) Les films dont les acteurs principaux ont un statut social
élevé sont plus en français qu'en créole alors que
l'inverse se fait pour les films dont les principaux acteurs sont de bas statut
social.
e) Certaines émotions telles : déclaration
d'amour, expression de satisfaction etc. se font en français contre des
émotions comme colère, punition ... qui sont exprimées en
créole.
A bien regarder donc, il semble être possible
d'apercevoir une espèce de « division du travail »
(diglossie) entre les langues de sorte que chacune indique la valeur sociale ou
symbolique de tel personnage, de tel évènement, de tel
lieu ; accentue l'intensité de tel type d'émotion etc.
Bref, la pratique linguistique dans le cinéma semble véhiculer
une idée sur les langues: le créole et le français ne
sont pas faits pour remplir les mêmes fonctions. Dans les sciences
cependant, les observations sensibles sont inadmissibles. Elles peuvent bien
mettre en lumière certaines connaissances, mais il faut des recherches
rigoureuses et approfondies pour les asseoir et pour qu'elles puissent
mériter le qualificatif `scientifique'.
Autant dire que ces observations sur l'usage des langues dans
le cinéma haïtien ne doivent pas être prises comme un compte
rendu de la réalité linguistique dans le cinéma si elles
ne sont pas étayées par une étude sérieuse. Au
mieux de notre connaissance cependant, il n'existe pas de travaux de recherches
scientifiques sur le cinéma en Haïti. Les quelques rares textes
retrouvés s'appliquent plutôt à retracer l'histoire du
cinéma.
Etant donné cette quasi absence de travail
scientifique dans ce domaine, la présente étude circonscrit ses
ambitions à la réponse de la question bien particulière
que voici : Quelle représentation du créole
et du français est véhiculée dans le cinéma
haïtien, notamment dans le film "Barikad" ?
A cause de la même absence dont il est question plus
haut, ce travail n'avance pas de réponses préalables à la
question formulée. Il n'émet donc pas d'hypothèses. Il se
veut plutôt une étude exploratoire avec des objectifs clairs et
précis.
En effet, l'objectif général que
poursuit le présent travail est de déterminer la
représentation des deux langues (le créole et le français)
véhiculée dans le cinéma haïtien en particulier dans
le film choisi à savoir "Barikad".
Plus spécifiquement, le travail tâchera
de :
1- Déterminer la représentation du créole
véhiculée dans le film;
2- Déterminer la représentation du
français véhiculée dans le film;
3- Comparer la représentation du créole à
celle du français.
Le travail est divisé en deux grandes parties. D'abord,
dans la première partie l'ensemble des théories et concepts sur
lesquels repose le travail, le cadre théorico conceptuel donc, est
précisé. Ensuite, la seconde partie se consacre à
présenter le cadre méthodologique de l'étude suivi de la
présentation et de l'analyse des résultats de la recherche.
Chapitre I
La problématique de la langue en Haïti
L'Année 1492 n'a pas seulement marqué la
pénétration des Européens dans l'île d'Haïti.
Elle marque aussi un tournant dans la pratique linguistique dans l'île.
En effet, aujourd'hui, près de six siècles après la
pénétration européenne, les langues parlées dans
l'île sont ou bien fortement marquées par les langues
européennes ou bien viennent de l'Europe tout court. En Haïti,
deux langues sont pratiquées : une fortement marquée par des
langues européennes (notamment par le français et l'espagnol
à savoir le créole haïtien) et une européenne, le
français. De houleux débats se sont engagés par des
intellectuels de diverses époques autour du statut de ces langues, de
leur importance, de leur `haïtianité'. Aujourd'hui, ces
débats semblent être abordés avec moins d'acuité
mais restent tout de même toujours ouverts.
Cette partie du travail présente la trajectoire du
créole et du français en Haïti et la montée en
puissance de deux autres langues que sont l'anglais et l'espagnol. Mais avant
tout, une clarification conceptuelle s'impose. Qu'est ce que c'est qu'une
langue ?
1.1- Définitions du concept de langue
Selon le Dictionnaire des sciences humaines,
« une langue serait [...] un dialecte qui a pris le pouvoir dans un
pays.»2(*) Cette
définition s'inscrit dans la droite ligne de la vision de Pierre
BOURDIEU de la langue. En effet, pour BOURDIEU, « Nul n'est
censé ignorer la loi linguistique qui a son corps de juristes, les
grammairiens, et ses agents d'imposition et de contrôle, les
maîtres de l'enseignement.... »3(*)
Il Ajoute : Produite par des auteurs ayant
autorité pour écrire, fixée et codifiée par les
grammairiens et les professeurs, charger aussi d'en inculquer la
maîtrise, la langue est un code, au sens de chiffre permettant
d'établir des équivalences entre des sons et des sens, mais
aussi au sens de système de normes réglant les pratiques
linguistiques.4(*)
Ces définitions mettent en relief le fait qu'il
n'existe pas de différence intrinsèque entre un dialecte et une
langue. La différence est souvent politiquement décidée
et maintenue grâce à l'institutionnalisation. Elevé au
rang de langue politiquement, un dialecte bénéficie de toute
forme de privilèges et devient imposable à une population.
Franck NEVEU pour sa part, présente une
définition plus élaborée et plus objective de la langue.
Pour Franck NEUVEU en effet, la langue est définie
comme un système complexe de communication propre aux communautés
humaines [...]. Un système de signes vocaux, articulés selon
deux plans distincts et complémentaires correspondant à deux
ordres d'unités, celui des unités significatives (première
articulation) et celui des unités non significatives (deuxième
articulation).5(*)
Considéré comme le fondateur de la linguistique
moderne, Ferdinand DE SAUSSURE définit la langue comme étant
à la fois « un produit social de la faculté de langage
et un ensemble de conventions nécessaires, adoptées par le corps
social pour permettre l'exercice de cette faculté chez les
individus.»
Pour DE SAUSSURE, la langue est un trésor
déposé par la pratique de la parole dans les sujets appartenant
à une même communauté, un système grammatical
existant virtuellement dans chaque cerveau, ou plus exactement dans les
cerveaux d'un ensemble d'individus ; car la langue n'est complète
dans aucun, elle n'existe parfaitement que dans la masse.6(*)
La définition du linguiste André MARTINET,
très connue et largement acceptée dans les milieux linguistiques,
est celle retenue dans ce travail.
Pour MARTINET en effet, une langue est un instrument de
communication selon lequel l'expérience humaine s'analyse,
différemment dans chaque communauté, en unités
douées d'un contenu sémantique et d'une expression phonique, les
monèmes ; cette expression phonique s'articule à son tour en
unités distinctives et successives, les phonèmes, dont la nature
et les rapports diffèrent, eux aussi, d'une langue à une
autre.7(*)
Puisque le créole répond parfaitement à
cette définition de la langue et puisque les chercheurs du domaine,
à savoir les linguistes, le reconnaissent comme telle, ce travail ne
revient pas sur les critiques selon lesquelles le créole ne serait pas
une langue. Il considère le créole, au même titre que le
français, comme étant une langue à part entière. Il
considère aussi que rien dans l'une ou dans l'autre langue n'est en soi
facteur de supériorité ou d'infériorité.
1.2- Le cas du créole
Le terme "créole" tout court ne renvoie pas
exclusivement à une langue. Il est
utilisé pour nommer des réalités autres qu'une langue.
Etymologiquement « le terme créole provient du portugais
"crioullou" ou criollo, passé au français par
l'intermédiaire de l'espagnol, dérivé vraisemblablement du
participe passé du verbe criar (latin creare) signifiant
élevé dans le foyer du maître, domestique.»8(*)
Marie Thérèse ARCHER pour sa part, cherche
à savoir l'époque de la première utilisation du terme
créole et le sens qui lui était attribué à cette
époque.
Elle affirme que: le mot: créole fut employé
originellement depuis le 15eme siècle, pour dénommer
dans les Amériques, les personnes de parents espagnols, portugais,
français et de natifs indiens ou amérindiens et aussi de Noirs
africains dans les Antilles.9(*)
Pour ce qui est de la langue créole, Marie-Christine
HAZAEL-MASSIEUX affirme que « La première attestation du mot
`créole' pour designer une langue semble [...] dater de l'extrême
fin du XVIIe siècle [...] »10(*)
Aussi, selon Marie Thérèse ARCHER,
« Les scientistes emploient le mot créole, pour
désigner animaux et plantes hybrides nés d'une espèce
indigène et d'une espèce importée. »11(*)
D'après ce qu'affirment plusieurs autres auteurs y
compris Marie Thérèse ARCHER, le terme créole renvoie
à d'autres réalités encore. Cependant, quelque soit la
réalité à laquelle il renvoie, le terme est
traversé par le sens de mélange. Mélange de cultures,
d'ethnies, d'espèces, de langues etc. Dans ce travail toutefois, le
terme est limité à sa signification linguistique; plus
précisément à la langue créole parlée en
Haïti, le créole haïtien.
1.2.1- Genèse du créole haïtien
Les auteurs sont divisés sur la genèse du
créole. Un auteur comme Jules FAINE, par exemple, croit que le
créole est dérivé du Normand12(*) et aurait peu à voir
avec les langues africaines.
Selon Jules FAINE en effet, le créole haïtien
possède plus que des affinités avec le `Normand' (celui du
XVIème et XVIIème siècle). Il faut chercher sa
conformation la plus profonde au niveau de ce dialecte d'où il
dérive de façon évidente, dont il porte la marque
indélébile et qui y entre dans l'énorme proportion de
75%.13(*)
Depuis l'étude de Suzanne COMHAIRE-SYLVAIN en 1936
cependant, l'importance des langues africaines dans la formation du
créole est largement prise en compte par les chercheurs
intéressés à cette langue.
De fait, à l'instar de l'ethnicité, du vaudou,
d'une partie de la gastronomie, le créole d'Haïti est intimement
lié à l'histoire coloniale du pays. C'est une langue née
du brassage linguistique opéré durant plus de trois (3)
siècles de colonisation (1492-1803). Les différentes langues en
présence dans l'espace colonial sont mises à contribution pour la
former. A cet effet, trois (3) périodes - chacune correspondant
à l'arrivée de nouveaux peuples, de nouvelles langues - sont
à considérer :
1) La période allant de 1492 à 1503. Cette
période est marquée par la rencontre des Aborigènes de
l'île d'Haïti et des Espagnols.
2) Celle allant de 1503 à 1625, marquée par
l'introduction dans l'île, de Noirs venus d'Afrique pour remplacer les
Aborigènes décimés.
3) Celle allant de 1625 à 1803, marquée par
la colonisation française de la partie ouest de l'île (aujourd'hui
Haïti) et par l'intensification de l'immigration (forcée) des
Africains.
Qu'il s'agisse des Aborigènes, des Espagnols, des
Africains ou des Français, chaque groupe parlait sa langue. Cependant,
parce qu'ils sont dans l'espace non de passage mais pour habiter, il leur
était nécessaire d'avoir un code commun pour communiquer. Ils
ont alors forgé un outil de communication orale : le créole.
Marie Thérèse ARCHER (1987) est un des tenants de cette vision
de la genèse du créole. Elle nomme créole
amérindo-hispanique, le créole de la première
période ; créole amérindo-hispano-africain,
celui de la deuxième période et créole
amérindo-hispano-afro-français, celui de la troisième
période. Ces appellations, comme c'est clairement exprimé,
indiquent quelles langues ou familles de langues entrent à chaque fois
dans la formation du créole. Si ce modèle est suivi, il serait
possible de parler de créole
amérindo-hispano-afro-franco-anglais pour le créole
d'aujourd'hui étant donné l'importance de vocable
anglo-américain qui s'y trouve.
D'autres auteurs, tels Pradel POMPILUS ou André Vilaire
CHERY, conçoivent la genèse du créole, à des
différences près, de la même manière.
En effet, selon Pradel POMPILUS la multiplicité de
leurs parlers (du parler des Africains) d'une part, la grande différence
entre ces parlers et ceux des Français, la nécessité pour
tous, maîtres et esclaves, de communiquer entre eux, firent naître
rapidement une langue commune, le créole.14(*)
Pour CHERY, « le créole haïtien est
né des nécessités de communication entre les colons
français et leurs esclaves africains sur les plantations de
Saint-Domingue. »15(*)
Cependant, Jean-François DORTIER souligne le fait
que les langues créoles ne constituent pas des ramassis de langues
permettant simplement la communication entre deux communautés
linguistiques différentes.
DORTIER explique que les linguistes notent que les langues
créoles ne sont pas de simples mélanges composites de mots ou de
règles venus de langues diverses. Elles se sont rapidement
constituées en un système avec leur cohérence interne,
leur vocabulaire propre marqué par les régularités de
prononciation, de règles régulières d'organisations de
phrases.16(*)
En ce sens, il est possible de dire qu'en dépit du fait
que le créole doive beaucoup à d'autres langues, notamment au
français, il est régi par sa "cohérence interne" et par
ses "règles régulières d'organisation de phrases".
1.2.2- Evolution et utilisation du créole en
Haïti
Il est difficile de préciser à quelle date le
créole a entièrement remplacé les langues
aborigènes. Peut-être est-ce à la disparition totale de
ces derniers. Ce qui est certain c'est que le créole était
à la fois sous la forme orale et sous la forme écrite17(*) du temps de la colonisation
française.
Pour ce qui est de la forme écrite, Jeannot HILAIRE
signale que : « Le premier document créole écrit
de l'époque coloniale française en Haïti est un poème
en vers, de 1757, Lisette. On le doit à Duvivier de la
Mahotière».18(*) Cependant, pour Sauveur Pierre ETIENNE, le premier
texte écrit en créole remonte à bien plus longtemps.
Selon ETIENNE, le PETIT CATHECHISME du père Raymond BRETON19(*), rédigé en 1664,
serait le premier document écrit du créole.
Quoi qu'il en soit, l'histoire écrite du créole
a précédé l'indépendance d'Haïti. D'ailleurs,
Jeannot HILAIRE fait remarquer qu'il existe d'autres textes écrits en
créole durant la période coloniale. De ceux-ci, il souligne,
« [...] le poème Evahim ak Aza rapporté par
Descoutilz, 1709 [...]»20(*) Celui-ci était en fait un dialogue entre deux
esclaves de l'habitation Pèlerin, du coté des Cayes, qui
était popularisé en chanson à Saint-Domingue
durant la deuxième moitié du XVIIIème
siècle.
Au niveau politique, en dépit du fait que le
français était la langue de l'administration à
Saint-Domingue, les auteurs retrouvent des textes officiels
écrits en créole. Selon Sauveur Pierre ETIENNE21(*), le 5 mai et le 2 juillet
1793, les commissaires français de Saint-Domingue SONTHONAX et POLVEREL
ont émis des proclamations en langue créole. Pauris JEAN-BAPTISTE
pour sa part, affirme que le 26 mai 1793, SONTHONAX et POLVEREL ont
publié dans le Moniteur de la partie française de
Saint-Domingue22(*)
une proclamation en langue créole23(*). Aussi, la proclamation de la liberté
générale des esclaves du 29 août 1793 était, elle
aussi, rédigée en créole.24(*) Toujours selon Pauris JEAN-BAPTISTE, en 1802,
Napoléon Bonaparte a signé un communiqué
écrit en français et en créole qu'il a
envoyé au peuple Saint-Dominguois par l'entremise du
général LECLERC.
Il ne fait donc aucun doute qu'en 1804 le créole a
déjà connu une histoire orale et écrite. Cependant,
à l'indépendance, les nouveaux gouvernants l'ont pratiquement
écarté de la sphère officielle25(*). Depuis, les élites
politiques, économiques et intellectuelles du pays l'ont jeté aux
oubliettes. Toutefois, « Le créole était à
l'ordre du jour dans les préoccupations, de certains politiciens
pragmatiques dans les années qui suivirent la proclamation de
l'indépendance », affirme Jeannot HILAIRE26(*). Selon cet auteur, des
initiatives de codifications auraient même été prises.
Gérin, dans la République de l'ouest, aurait
réalisé une grammaire créole dont on ne trouve aucune
trace. Cette idée aurait également fait du chemin dans le
Royaume du Nord, mais là encore il ne reste aucun élément
de preuve, écrit Jeannot HILAIRE27(*).
Au niveau juridique, jusqu'à une date récente,
le créole n'a jamais été pris en considération non
plus. En effet, de 1805 à 1957, toutes les constitutions haïtiennes
faisaient silence sur le statut du créole. La constitution de 1957 est
la première à accorder une place au créole dans
l'administration publique. En effet, dans son article 35 elle
proclame :
Le français est la langue officielle de la
République. Son emploi est obligatoire dans les services publics.
Néanmoins, la loi détermine les cas et les conditions dans
lesquels l'usage du créole est permis et même recommandé
pour la sauvegarde des intérêts matériels et moraux des
citoyens qui ne connaissent pas suffisamment la langue
française.28(*)
La constitution de 1964 a repris ce même article.
C'était une forme de progrès pour le créole car, en vertu
de cet article « certains parlementaires ont requis le droit de
s'exprimer en langue vernaculaire au sein de la chambre des
députés.»29(*)
La constitution du 27 août 1983 a, quant à elle,
reconnu le statut de langue nationale au créole. Dans son article 62,
elle proclame: «Les langues nationales sont le français et le
créole. Le français tient lieu de langue officielle de la
République d'Haïti.»30(*) Enfin, la constitution du 29 mars 1987, celle
actuellement en vigueur, reconnaît au créole le statut de langue
officielle. Son article 5 proclame: « Tous les Haïtiens sont
unis par une langue commune, le créole. Le créole et le
français sont les langues officielles de la
République.»31(*)
Ce nouveau statut du créole n'est pas sans
conséquence dans le paysage linguistique haïtien. Selon
André Vilaire CHERY, il se traduit par une nette présence du
créole dans les medias, en particulier à la radio et à la
télévision ; et aussi par le fait que le créole
« occupe une place privilégiée au Parlement et sert
d'outil de communication au même titre que le français dans les
circonstances les plus protocolaires de la vie politique. »32(*)
Toujours au sujet de l'avancée que connaît le
créole dans la société après son officialisation,
Collette LESPINASSE explique que fort des événements ayant
conduit à la chute des Duvalier du pouvoir, le créole s'est
imposé dans les médias, dans milieux officiels et poursuit
sa progression « pour briser les derniers carcans qui entravent
encore son épanouissement.»33(*) Jean-Pierre ARSAYE est allé encore plus loin
en déclarant : « lorsque l'on considère la place
occupée par le créole dans ce pays, par rapport au
français, on peut affirmer qu'Haïti n'est plus en situation
diglossique »34(*)
En effet, aujourd'hui, le créole est bien
présent dans les administrations (sous forme orale en tout cas car,
à l'écrit presque tout se fait en français), dans les
milieux officiels. A titre d'exemple, le discours d'investiture du
Président René Préval le 14 mai 2006, a été
prononcé totalement en créole. Il reste toutefois au
créole du chemin à parcourir car « les codes
juridiques, les lois publiées par le Moniteur et les tribunaux
continuent à n'utiliser que le français. »35(*)
1.3- Le cas du français
La langue française en Haïti est
tout aussi un héritage de l'histoire coloniale du pays. Elle y a
été introduite par la pénétration des flibustiers
et des boucaniers français dans l'île pour, ensuite,
connaître une longue histoire qui aujourd'hui encore continue
d'être écrite.
Si la présence du français en Haïti est,
comme le créole, le résultat de la colonisation ; son
histoire dans le pays est bien différente de celle du créole. Le
sort qui lui a été réservé sur l'ensemble de la
période de la colonisation française et sur la période
d'après, c'est-à-dire la période haïtienne, est bien
différent de ce qui a été le sort du créole. Un
survol historique du devenir de la langue française dans cette partie de
l'île nommée Saint-Domingue, puis (depuis 1804) Haïti, est
donc nécessaire à ce moment précis du travail.
1.3.1- Le français à Saint-Domingue36(*)
La langue française est arrivée en Haïti
(alors appelé Hispaniola37(*)) avec la pénétration des
Français dans l'île de la Tortue38(*) au début du XVIIème
siècle. Plusieurs dialectes de la France d'alors y étaient
arrivés. Avec le Traité de Ryswick en 1697 par lequel l'Espagne
céda à la France la partie occidentale de l'île, elle (la
France) établit son autorité sur cette partie de l'île
qu'elle dénomme Saint-Domingue39(*). L'année 1697 marque donc la présence
officielle de la langue française à
Saint-Domingue (Haïti). La colonisation française va
désormais transformer Saint-Domingue en une "terre de langue
française" officiellement. Ainsi, Pauris JEAN-BAPTISTE rapporte que
« Le français était [...] la langue des grands
planteurs, de l'Administration, de la justice, des cercles mondains.»
Toutefois, comme c'est déjà dit plus haut, à plusieurs
reprises des officiels de Saint-Domingue ont dû recourir au créole
pour émettre certains communiqués.
1.3.2- Le français en Haïti
En 1804, les Héros de l'indépendance ont
expulsé les Français du pays redevenu désormais
Haïti, mais non pas leur langue. Au contraire, ils l'ont jalousement
gardé ; d'ailleurs l'acte de l'indépendance lui-même
est rédigé en français40(*). Et la langue française est gardée
comme la langue administrative du pays, la langue
« officielle » donc. Cette officialisation du
français n'était qu'une officialisation de fait car aucun texte
de loi ne l'avait consacré. Il a fallu attendre 1918 pour que ce soit
fait. En effet, Pradel POMPILUS rapporte que « c'est la constitution de
1918 élaborée, votée et plébiscitée au fort
de l'occupation américaine qui a, la première, proclamée
le français langue officielle d'Haïti. »41(*) Depuis, toutes les
constitutions qui suivent (1932, 1946, 1950, 1958, 1983, 1987) ont repris
l'officialisation du français. En effet, pendant longtemps, le
français avait été la seule utilisée dans les
sphères officielles.
C'était la langue des proclamations, discours et actes
publics [...] la langue des services administratifs, celle dans laquelle sont
écrits les récépissés du bureau des contributions,
les actes de l'état civil, les contrats et obligatoirement les
inscriptions sur les pièces de monnaies et billets de banque.42(*)
S'agissant de savoir combien d'Haïtiens parlent le
français, qui sont-ils, et dans quelles circonstances ils le
parlent ; les auteurs s'accordent à dire qu'il s'agit d'une
minorité, d'une élite, et qu'elle le parle en grande partie dans
des circonstances particulière. LOFFICIAL l'explique en ces
termes : « vraiment maîtrisé par une petite
minorité, qui d'ailleurs la réserve pour les circonstances
sortant du commun, le français est loin d'être la langue de grande
communication et de culture qu'elle pourrait être.»43(*) L'auteur va jusqu'à
parler du sous-développement du français en Haïti.
Pour sa part, Pradel POMPILUS, même à
l'époque coloniale, il (le français) n'a jamais été
une langue de masse, mais la langue d'une minorité composée de
colons, d'administrateurs et de fonctionnaires coloniaux, d'affranchis,
d'esclaves domestiques peut-être dans leur rapport avec leurs
maîtres. Aujourd'hui encore c'est la langue d'une fraction
réduite de la population.44(*)
De son côté, Albert VALDMAN45(*) avance un pourcentage de 10
à 15% d'Haïtiens pouvant s'exprimer en français.
Cependant, comme le montre Pradel POMPILUS ou André
Vilaire CHERY, il existe un "français haïtien". Pradel POMPILUS
parle du français en Haïti en ces termes:
Transplantée dans un milieu différent de son
milieu d'origine, appelée à exprimer de nouvelles formes de vies
et de nouveaux rapports sociaux, parlée par une élite bilingue
[...], la langue française a acquis en Haïti certaines
particularités bien saillantes.46(*)
André Vilaire CHERY, quant à lui, illustre
certaines de ces particularités dont parle Pradel POMPILUS dans les deux
tomes de son Dictionnaire de l'évolution du vocabulaire
français en Haïti. Les deux tomes de ce dictionnaire
présentent des mots et expressions françaises propres à
Haïti et aussi des mots et expressions qui, bien qu'ils aient cours dans
d'autres pays francophones, ont un sens particulier en Haïti. A eux
seuls, ces textes prouvent l'existence d'une forme de français qui
pourrait être qualifié d'"haïtien".
1.4- Les nouvelles langues en Haïti
S'il est vrai qu'historiquement et juridiquement le
français et le créole demeurent les langues d'Haïti, deux
autres langues se font petit à petit une place dans le paysage
linguistique haïtien. Ce sont l'anglais et l'espagnol. Si à
l'inverse du français et du créole ils ne
bénéficient d'aucun statut, leur usage n'est pas moins
perceptible. La présentation de leur situation dans l'univers
linguistique haïtien s'avère nécessaire à ce stade du
travail.
1.4.1- L'anglais en Haïti
L'usage accru de l'anglais en Haïti semble ne pas
remonter à très longtemps. Selon Pradel POMPILUS, «
(C'est) Après 1934 [...] (que) l'anglais s'est répandu
principalement dans les couches cultivées de la nation.»47(*) Il l'explique par le fait
qu'à ce moment, « beaucoup d'Haïtiens sont partis se
former ou se perfectionner dans les universités américaines et
sont revenus prêter leurs services [...]»48(*) au pays. Aussi, à
l'époque, l'essor qu'avait connu le tourisme dans le pays «
amène [...] beaucoup de petits employés, de chauffeurs, de
chauffeurs guides et même de colporteurs à se munir d'un peu
d'anglais. »49(*) Finalement, les plus pauvres essayent de se procurer
d'un peu d'anglais «dans l'espoir de devenir un jour ouvriers ou
manoeuvres aux Etats-Unis [...]»50(*)
Pour illustrer combien l'anglais est en train de gagner du
terrain, Frantz LOFFICIAL a proposé d'aller « se planter aux
heures de cours devant l'Institut Haïtiano-Américain de
Port-au-Prince et de dénombrer les étudiants ; [...] de
compter les écoles et instituts de langue anglaise de plus en plus
nombreux même dans les quartiers populaires. »51(*)
Même si la proportion de l'anglais dans la pratique
langagière en Haïti n'est pas connu, il est tout de même
possible de se faire une idée à partir des chiffres d'une
étude52(*) de
l'"Observatoire de politique linguistique" de la faculté de linguistique
appliquée de l'Université d'Etat d'Haïti sur l'utilisation
des langues (créole, français, anglais et espagnol) dans les
médias à Port-au-Prince.
Selon cette étude en effet, sur un total de 445 186
heures d'antennes comptabilisées, pour la période allant de mars
1998 à mars 2001, les radios de Port-au-Prince ont diffusé 8 405
heures et 37 minutes d'émissions en anglais ; soit un pourcentage
de 1.88%. S'agissant de la télévision, la tendance s'inverse
totalement. En effet, selon la même étude, pour la période
allant de janvier 1999 à mars 2001, sur les 507 166 heures d'antennes
comptabilisées, les télévisions ont diffusé et/ou
retransmettent 238 138 heures d'émissions en anglais ; soit un
pourcentage de 46.95%, loin devant le français (36.66%) et le
créole (2.62%).
Pierre VERNET fait toutefois remarquer que ce fort pourcentage
de l'anglais dans la télévision « n'est pas dû au
pourcentage d'anglais des stations de télévisions d'Haïti
mais uniquement aux émissions de chaînes étrangères
captées et diffusées par les stations
locales »53(*)
Pour les journaux54(*) la
fréquence de l'utilisation de l'anglais est nettement redescendue, mais
garde tout de même une certaine supériorité par rapport
à celle du créole. Pour une période de trois mois (les
mois et l'année concernés ne sont pas précisés),
l'étude révèle que 3.33% des articles, 6.08% des
annonces/avis et 11.55% des publicités sont anglais.
A partir de ces chiffres donc, il est possible de conclure
qu'une partie des consommateurs (réguliers ou non) des produits
médiatiques est à même de comprendre l'anglais ; car
si la presse utilise cette langue pour faire passer des messages ; et si
elle le fait dans ces proportions, c'est donc bien parce qu'elle en trouve des
consommateurs. Ces chiffres de l'étude corroborent bien l'assertion de
Pradel POMPILUS qui stipule que l'anglais est le « deuxième
concurrent du français en Haïti »55(*) après le créole.
Frantz LOFFICIAL a, dans la même veine, affirmé que dans la
question de la langue en Haïti « il faut tenir compte de cette
évolution du statut de l'anglais qui représente désormais
pour beaucoup une alternative valable au français
[...] »56(*)
Compte tenu de toutes ces remarques et étude, il n'est
donc pas exagéré de dire que l'anglais prend des proportions non
négligeables en Haïti. Il reste à savoir maintenant, combien
sont ces proportions, comment est la tendance par rapport aux autres langues en
présence - le français en particulier, quelles pourraient
être les conséquences politiques, sociales, économiques de
la montée de l'anglais, etc. Il est donc clair qu'à ce propos les
chercheurs en sciences sociales, particulièrement en sciences politiques
et en sociologie, ont devant eux un champ de recherche assez vierge.
1.4.2- L'espagnol en Haïti
S'il est un autre "concurrent" du français en
Haïti après l'anglais, c'est bien l'espagnol. En effet,
« l'espagnol est peut-être moins répandu chez nous que
le français, le créole et l'anglais, mais son extension est loin
d'être négligeable [...]»57(*) On le retrouve principalement « dans
les couches populaires, parmi les habitants des régions
frontalières, les ouvriers agricoles qui se font embaucher en
République Dominicaine pour la coupe de canne.» 58(*) Et s'ajoutent aussi les
milliers de jeunes Haïtiens qui étudient en République
Dominicaine, à Cuba, au Mexique et dans d'autres pays de
l'Amérique latine.
Certaines remarques faites pour l'anglais sont tout aussi
valables pour l'espagnol ; par exemple, les écoles et instituts de
langue espagnole, quoique moins nombreux que ceux qui s'adonnent à la
diffusion de l'anglais, se retrouvent partout, surtout dans les villes.
De plus, à l'école les élèves
haïtiens ont des cours d'espagnol (d'anglais aussi) au moins dans les
trois premières années du secondaire. Certains
élèves (ceux de la section C) ont ces cours durant toutes les
sept années du secondaire.
La même étude de l'"Observatoire de politique
linguistique" de la faculté de linguistique appliquée de l'UEH
fournit des chiffres sur l'utilisation de l'espagnol dans les medias. En
effet, sur les 445 186 heures comptabilisées, pour la période
mars 1998 - mars 2001, les radios de Port-au-Prince ont diffusé 5 837
heures et 20 minutes d'émissions en espagnol ; soit un pourcentage
de 1.31%. Quant aux télévisions, elles ont diffusé ou
retransmis 18 816 heures d'émissions en espagnol, soit un pourcentage de
3.71%, sur les 507 166 heures comptabilisées pour la période
janvier 1999 - mars 2001. Il faut faire remarquer que l'espagnol a tout de
même supplanté le créole (2.62%) à la
télévision. Pour ce qui est de sa présence dans les
journaux, c'est là que l'espagnol récolte le moins de d'espace.
En effet, pour les cinq périodiques et pour les trois mois, aucun
article ou publicité n'est paru en espagnol. 0.035% d'annonces et
d'avis sont tout de même parus en espagnol. Il est donc clair que
l'espagnol n'est pas au même niveau que l'anglais dans le pays.
Néanmoins, sa présence est certaine et prend des proportions
significatives. A titre d'exemple, il n'est pas rare de lire dans une offre
d'emploi, publiée dans les journaux en Haïti, la mention
« une bonne connaissance de l'espagnol oral et écrit est
souhaitée »59(*)
Comme pour l`anglais, la nécessité de
déterminer la place qu'occupe l'espagnol dans la pratique de la langue
en Haïti, ainsi que ses conséquences politiques, économiques
et sociales s'avèrent importantes.
En somme, poser la problématique de la langue en
Haïti aujourd'hui ne se résume pas à une simple
confrontation créole/français. S'il est vrai que la
polémique créole/français - français/créole
tend à se refermer du fait de l'officialisation et de la présence
de plus en plus marquante du créole dans la société ;
la progression de l'anglais et de l'espagnol ouvre de nouvelles voies
potentiellement polémiste. Il est donc nécessaire que des
recherches sérieuses soient menées afin d'anticiper toutes
conséquences qui pourraient être néfastes pour la
société et en même temps de disposer de connaissances
permettant de tirer profit de la nouvelle donne linguistique. Chapitre II
La théorie des représentations
sociales
Il est à rappeler qu'il s'agit dans cette étude
de déterminer la représentation du créole et du
français dans la mise en scène du film haïtien "Barikad".
Un tel travail exige la disposition d'une grille, d'un filtre ; en termes
plus savants, d'une théorie. La théorie des
représentations sociales sur laquelle porte ce chapitre servira de cadre
d'analyse car elle se donne pour objectif d'étudier les
représentations que les individus se font des personnes, des groupes,
des objets, etc.
2.1- Histoire et évolution du concept de
représentation sociale
Le concept de représentation sociale a
été introduit en psychologie sociale par Serge MOSCOVICI en 1961
dans son ouvrage intitulé La psychanalyse, son image et son
public. Contrairement à ce que le titre pourrait laisser entendre,
cet ouvrage de 650 pages ne concerne guère la Psychanalyse en tant que
telle. Il se consacre plutôt à l'étude de
l' « image de la psychanalyse dans le grand public
(français) »60(*). De cette recherche fondatrice est ouvert tout un
champ d'étude autour du concept de représentation sociale. En
témoigne les recherches sur les domaines comme « [...] le
langage des femmes (Aebischer, 1985), le savoir économique
(Vergès), l'intelligence (Mugny et Carugati, 1985), [...]»61(*)
Plus illustrative encore est la bibliographie de près
de 600 ouvrages et articles scientifiques autour du concept,
présentée par Denise JODELET sous le titre de
« Bibliographie générale sur les représentations
sociales »62(*)
dans son ouvrage intitulé Les représentations sociales.
Aussi, Serge MOSCOVICI déclare que « s'opère autour des
représentations sociales une convergence remarquable entre les diverses
sciences psychologiques et sociales. »63(*)
En réalité, MOSCOVICI s'est beaucoup
inspiré du concept de «Représentations
collectives » d'Emile DURKHEIM pour élaborer le concept de
représentation sociale. C'est pourquoi Denise JODELET eut à
déclarer que « le concept de représentation sociale -
ou plutôt collective - apparaît en sociologie où il
connaît une longue éclipse. Mais sa théorie va s'esquisser
en psychologie sociale [...] »64(*)
Serge Moscovici lui-même se prononce sur le rapport
existant entre le concept durkheimien et celui qu'il a forgé.
Il précise que, la notion de représentation
collective a subi une éclipse qui a duré près d'un
demi-siècle [...] C'est vers le début des années 60 de ce
siècle qu'il m'a semblé possible de renouer avec l'étude
des représentations (MOSCOVICI, 1961) et de susciter
l'intérêt d'un petit groupe de psychologues sociaux, faisant ainsi
revivre la notion.65(*)
Ce pour dire que le concept n'est pas nouveau et que certains
changements ont été opérés au cours de son
évolution. Cette évolution dans le sens du concept est
présentée plus loin dans le travail.
2.1.1- Définition du concept de
représentation sociale
Déjà dans l'introduction de son ouvrage
fondateur, Serge MOSCOVICI donne un aperçu de ce que c'est pour lui la
représentation sociale. Il affirme que son travail cherche à
étudier les « processus afférents à son
enracinement dans la conscience des individus et des
groupes. »66(*).
Pour MOSCOVICI donc, la représentation sociale est (un)
système de valeurs, de notions et de pratiques relatives
à des objets, des aspects ou des dimensions du milieu social, qui permet
non seulement la stabilisation du cadre de vie des individus
et des groupes, mais qui constitue également un instrument
d'orientation de la perception des situations et d'élaboration
des réponses.67(*).
Cette définition de MOSCOVICI met l'accent sur le
contenu (valeurs, notions, pratiques) et les fonctions (stabilisation du cadre
de vie, instrument d'orientation, élaboration de réponses) d'une
représentation sociale.
Denise JODELET, s'inscrivant dans la même veine
définit la représentation sociale comme
Une forme de connaissance spécifique de savoir de sens
commun, dont les contenus manifestent l'opération de processus
génératifs et fonctionnels socialement marqués. Plus
largement, il (le concept) désigne une forme de pensée sociale.
Les représentations sociales sont des modalités de pensée
pratique orientées vers la communication, la compréhension et la
maîtrise de l'environnement social, matériel et
idéel.68(*)
Plus simplement, Jean-Claude ABRIC indique que « les
représentations sociales sont des ensembles sociocognitifs,
organisés de manière spécifique, et régis par des
règles de fonctionnement qui leur sont propres. »69(*)
De ces différentes définitions, il en ressort
trois éléments fondamentaux à propos de la
représentation sociale. Ce sont bien le sujet, l'objet
et la connaissance. « Toute représentation sociale
est représentation (connaissance)70(*) de quelque chose (objet) et de
quelqu'un (sujet) »71(*) ce quelque chose (l'objet) peut être `un
travail à faire, un événement économique, un
personnage social etc.' et le quelqu'un (sujet) peut être `un individu,
une famille, un groupe, une classe...' Dans le cadre de ce travail, le sujet
et l'objet sont respectivement le film "Barikad" (par extension ses
producteurs) et les langues créole et français.
Ce qu'il faut connaître au sujet de cette connaissance
qu'est la représentation sociale c'est qu'elle n'est ni
réalité pure ni fiction pure.
La représentation n'est pas un simple reflet de la
réalité, elle est une organisation signifiante. Et cette
signification dépend à la fois de facteurs contingents [...] -
nature et contraintes de la situation, contexte immédiat,
finalité de la situation - et de facteurs plus généraux
qui dépassent la situation elle-même : contexte social et
idéologique, place de l'individu dans l'organisation sociale, histoire
de l'individu et du groupe, enjeu sociaux.72(*)
D'où la base sociale de toutes
représentations ; elles sont enracinées dans un contexte
social, dans une structure sociale. Par conséquent, la
représentation sociale est ni tout à objective ni tout à
fait subjective.
ABRIC explique qu'il n'existe pas a priori de
réalité objective, mais que toute réalité est
représentée, c'est-à-dire appropriée par l'individu
ou le groupe, reconstruite dans son système cognitif,
intégrée dans son système de valeurs dépendant de
son histoire et du contexte social et idéologique qui l'environne. Et
c'est cette réalité appropriée et restructurée qui
constitue pour l'individu la réalité même.73(*)
Denise JODELET fait la même remarque. Pour elle, la
représentation sociale n'est « ni le double du réel, ni
le double de l'idéel, ni la partie subjective de l'objet, ni la partie
objective du sujet. »74(*)
2.1.2- Représentation sociale et le concept de
représentations collectives
Comme souligné antérieurement, Serge MOSCOVICI
s'est inspiré du concept de représentations collectives de
DURKHEIM pour élaborer le concept de représentation sociale.
Cependant, dès le départ, MOSCOVICI a marqué les nuances
sinon les différences qui justifient le nouveau concept et le
sépare de son aïeul. En effet, pour DURKHEIM, « les
représentations collectives sont partagées par l'ensemble d'une
société et sont stables à travers le temps contrairement
aux représentations individuelles qui sont variables,
éphémères, propres aux individus. »75(*)
MOSCOVICI établit la différence entre les
concepts au sens où ces représentations collectives sont le
propre des sociétés traditionnelles alors que les
représentations sociales vont avec les sociétés modernes.
En effet, le rôle sans cesse croissant que jouent les médias dans
la diffusion de l'information, des opinions, des connaissances dans les
sociétés actuelles, rend difficile l'institution d'une
représentation qui soit commune à tous les membres de la
société. Les représentations sociales sont plutôt
partagées par des groupes, en fonction des valeurs et des normes
communes aux membres.
2.2- Formation des représentations sociales
MOSCOVICI a, dans son étude inaugurale,
identifié deux étapes dans la constitution d'une
représentation sociale. Ces deux étapes de la formation des
représentations sociales sont reprises par la plupart des chercheurs
travaillant dans le champ des représentations sociales. Ces
étapes sont: a) l'objectivation et b) l'ancrage.
2.2.1- L'objectivation
Selon AEBISCHER et OBERLE, le processus d'objectivation
consiste en l'omission de certains éléments de l'objet de la
représentation de leur univers propre pour être
intégrés dans un univers plus familier à l'individu ou au
groupe qui représente. Par le fait même, une certaine distorsion
est faite au caractère objectif de l'objet représenté.
Le fait de dissocier ces éléments de leur
contexte d'origine et des règles qui les gouvernent, pour les associer
à quelque chose de nouveau, s'accompagne d'une recomposition de ce qui a
été dissocié, avec de nouvelles règles, qui va leur
donner un sens différent.76(*)
C'est pourquoi, ABRIC croit qu'en matière de
représentation sociale, « il n'existe pas a priori de
réalité objective, mais que toute réalité est
représentée, c'est-à-dire appropriée par l'individu
ou le groupe, reconstruite dans son système cognitif,
intégrée dans son système de valeurs
[...] »77(*)
2.2.2- L'ancrage
Après avoir été
`decontextualisés', c'est-à-dire enlevés de leur
environnement d'origine, les quelques éléments (informations,
explications, usages, vertus etc.) de l'objet représenté doivent
être intégrés dans un environnement familier,
cohérent avec lui-même et facilement repérable pour
l'individu ou le groupe. A ce moment, les analogies, les dissemblances, les
souvenirs etc. vont s'activer pour ordonner les éléments et les
faire trouver un univers. Ce processus d'intégration des
éléments s'appelle ancrage. Pour AEBISCHER et
OBERLE « le processus d'ancrage consiste en l'incorporation de ces
informations dans un réseau de catégories plus
familier. »78(*)
Une fois ancrée, la représentation « constitue pour
l'individu ou le groupe la réalité même. Il est donc clair
que la représentation contient à la fois des
caractéristiques objectives de l'objet et des expériences du
sujet, son système d'attitudes et de normes.»79(*)
2.3- Structure des représentations sociales
Dans les définitions données
précédemment, il est question qu'une représentation
sociale est un `système', un `ensemble organisé.
C'est dire donc qu'une représentation sociale revêt d'une
structure, d'un mode d'agencement qui régit son ordre interne et qui la
rend significative et cohérente à elle-même. En effet, une
représentation sociale est « composée de deux
sous-systèmes en interaction : un système central (ou noyau
central) et un système périphérique.»80(*)
2.3.1- Le noyau central
Plusieurs termes sont utilisés pour désigner le
noyau central ; des auteurs comme « Mugny et Carugati (1985)
parlent de noyau dur, et Doise (1985) de principe
organisateur »81(*) pour le désigner ; d'autres auteurs
encore parlent de « schémas cognitifs de base ou de
système central »82(*). Le noyau central joue un rôle capital dans
toute représentation.
Il est constitué d'un ou de quelques
éléments toujours en nombre limité. Il assure trois
fonctions essentielles, c'est-à-dire que c'est lui qui
détermine :
- La signification de la représentation (fonction
génératrice)
- Son organisation interne (fonction organisatrice)
- Sa stabilité (fonction stabilisatrice).83(*)
En tant qu'il assure ces fonctions, le noyau central
« constitue la part non négociable de la
représentation. »84(*) Ainsi, toute remise en question de l'un d'entre eux
(des éléments du noyau central), entraîne automatiquement
la transformation ou l'abandon de la
représentation. »85(*)
2.3.2- Le système périphérique
Le second élément de toute représentation
sociale c'est le système périphérique. Si l'on peut
considérer le noyau central comme la tête ou le cerveau de la
représentation½, « le système
périphérique en constitue le corps et la chair. Son rôle
est essentiel et peut être résumé en cinq fonctions :
concrétisation, régulation, prescription des comportements,
protection du noyau central et personnalisation. »86(*)
Dans Pratiques sociales et représentations
Jean-Claude ABRIC explique que le système
périphérique comprend :
Des informations retenues, sélectionnées et
interprétées, des jugements formulés à propos de
l'objet et de son environnement, des stéréotypes et des croyances
[...] Ils constituent en effet, l'interface entre le noyau central et la
situation concrète dans laquelle s'élabore ou fonctionne la
représentation [...].87(*)
Ces deux éléments à savoir le noyau
central et le système périphérique constituent la
structure de la représentation et s'organisent de façon à
donner sens à une réalité pour un individu ou un
groupe.
2.4- Les fonctions des représentations
sociales
Si les représentations sociales existent c'est pour
remplir un rôle dans la vie des groupes et des individus. En effet,
selon Jean-Claude ABRIC, les représentations sociales remplissent quatre
fonctions qui sont la fonction de savoir, la fonction d'identité, la
fonction d'orientation et la fonction de justification.
2.4.1- La fonction de savoir
Les représentations sociales fonctionnent comme des
connaissances de sens commun qui permettent à leurs détenteurs
d'appréhender l'objet de la représentation et de communiquer
à propos de cet objet. « Elles définissent le cadre de
référence commun qui permet l'échange social, la
transmission et la diffusion de ce savoir 'naïf'. »88(*) Elles servent donc comme le
stock de connaissance disposé par le sujet par lequel il comprend et
agit ou interagit avec l'objet. A ce moment, il clair que la
représentation qui est faite d'un objet détermine pour le sujet
ce qu'est cet objet. En d'autres termes, la représentation
définit, à tort ou à raison, l'objet.
2.4.2- La fonction d'identité
Les représentations sociales sont
partagées par des groupes et en fonction des valeurs et de normes de
ceux-ci. En tant que telles, les représentations permettent de
« situer les individus et les groupes dans le champ social... (Elles
permettent) l'élaboration d'une identité sociale et personnelle
gratifiante, c'est-à-dire compatible avec des systèmes de normes
et de valeurs socialement et historiquement
déterminés. »89(*)
En ce sens, quelqu'un qui prend telle position en face de
telle situation sera catégorisé dans un groupe donné.
Cette catégorisation permettra l'attirance ou la répulsion entre
les individus; d'où la différenciation sociale.
2.4.3- La fonction d'orientation
L'une des raisons pour lesquelles existent les
représentations, c'est de rendre disponibles des programmes tout faits,
des "guides pour l'action" à leurs détenteurs.
Selon Jean-Claude ABRIC, la représentation produit
[...] un système d'anticipations et d'attentes, elle est donc
une action sur la réalité: sélection et filtrage des
informations, interprétation visant à rendre cette
réalité conforme à la représentation. [...]
L'existence d'une représentation de la situation préalable
à l'interaction elle-même fait que dans la plupart des cas ' les
jeux sont faits d'avance', les conclusions sont posées avant même
que l'action ne débute.90(*)
En ce sens, l'individu détenteur de type de
représentation n'aura pas à faire d'effort quand une situation
ayant trait à la représentation se présente. Il saura
automatiquement quoi faire et comment le faire.
2.4.4- La fonction de justification
Les représentations sont cognitives, identitaires,
programmatrices mais aussi elles sont justificatrices. En effet, les
représentations servent à justifier les actions posées qui
sont conformes à elles. Elles permettent aux « acteurs
d'expliquer et de justifier leurs conduites dans une situation ou à
l'égard de leurs partenaires »91(*) Elles permettent donc à leurs
détenteurs de garder leur équilibre psychologique,
c'est-à-dire qu'elles permettent d'éviter la dissonance
cognitive. De plus, comme les représentations participent à
l'élaboration de l'identité sociale tout en permettant la
différenciation sociale, la fonction de justification permet de
pérenniser la différenciation sociale.
La théorie des représentations sociales
permet donc de comprendre la représentation qui est faite des deux
langues, à travers les régularités des formes de leur
utilisation dans le cinéma. Il convient toutefois de rappeler que
l'objectif de cette étude est la détermination de la
représentation du créole et du français dans le film
Barikad. En ce sens donc, elle n'a pas la prétention de déceler
le noyau central et le système périphérique, encore moins
d'étudier les fonctions dans le film, de la représentation
qu'elle aura trouvée. Ce travail de description et d'étude des
fonctions de la représention peut à lui seul faire l'objet d'une
recherche bien plus volumineuse que celui-ci.Chapitre III
Le cinéma
Le domaine auquel s'intéresse ce travail est le
cinéma. Par conséquent, il est indiqué de préciser
ce qu'est le cinéma, sa situation dans le monde et en
Haïti ; et aussi, de jeter un regard sur certaines
considérations faites à son égard. Loin de vouloir
présenter la situation du cinéma de manière exhaustive, ce
chapitre constitue plutôt une mise en contexte du domaine auquel le
travail s'adonne.
3.1- Définitions du cinéma
Comme presque toutes les notions auxquelles les sciences
humaines sont intéressées, le cinéma n'a pas une
définition mais plutôt des définitions. Ce qui
fait dire donc que le terme cinéma est polysémique.
Dans son acception étymologique, le terme
cinéma, apocope de cinématographe qui du grec,
Kinçma (mouvement) et gráphein (écrire), signifie
écriture du mouvement92(*). Cette définition renvoie à
l'histoire et à l'aspect purement technique du cinéma. Etant
donné que le cinéma n'est pas seulement une histoire et ne
concerne pas seulement une technique, d'autres définitions sont alors
possibles.
Ainsi, le cinéma est considéré comme un
art. La Bibliothèque Laffont des grands thèmes
pressente le cinéma comme « un art, un art moderne, neuf,
dynamique. »93(*) Elle ajoute que « le cinéma
appartient au domaine des arts dès qu'il s'attaque à une oeuvre
d'imagination. »94(*)
D'autres le considèrent comme une
industrie, étant donné que le processus de
réalisation des films nécessite des compétences
différentes qui interviennent chacune à un moment donné du
processus. Aussi le cinéma est considéré comme industrie
à cause des ressources financières, parfois très
élevées, mobilisées pour la réalisation et la
promotion des films.
Enfin, le cinéma est considéré comme un
media. Warren K. AGEE et alliés, par exemple, voient
le cinéma comme «le moyen de propagande le plus puissant invente
jusqu'à ce jour. [..] »95(*) Ils argumentent leur assertion par le fait
qu' « outre le message verbal qu'il fournit par le biais des
dialogues, du commentaire ou des sous-titres, le film fait passer
simultanément un message visuel instantané, offrant au spectateur
une image qui vient étayer ce qu'il a tout juste appris à travers
le langage.»96(*)
3.2- Le cinéma dans le monde et en
Haïti
En Haïti comme dans le reste du monde, le cinéma a
une histoire. Il est né, ou est arrivé, dans le cas
d'Haïti, et se développe dans le temps. Les points qui suivent
donnent un bref coup d'oeil de l'histoire et du développement du
cinéma dans le monde et en Haïti.
3.2.1- L'invention du cinéma
S'il est vrai que l'invention du cinéma est
passée par un long processus où divers savants ont
participé, deux noms et une date restent comme les points de
repères de sa naissance. En effet, les frères Louis et Auguste
Lumière et la date du 28 décembre 1895 sont
considérés comme les incontournables de l'histoire du
cinéma. Les historiens du cinéma s'accordent à
considérer cette date qu'est le 28 décembre 1895 comme
l'année zéro du cinéma tout en reconnaissant que les
frères Lumière n'ont inventé le cinéma
qu'« avec une cinquantaine d'autres [...] »97(*)
La Grande Encyclopédie Larousse a, elle, fait remonter
jusqu'en 1816 le début du processus de l'invention du cinéma avec
les premières expériences de Nicéphore Niepce98(*). Elle illustre les
étapes de l'invention avec les apports, années après
années, de divers savants, pour enfin arriver à la date fatidique
du 28 décembre 189599(*). A cette date, en effet, les frères
Lumière ont donné les premières projections publiques de
leur appareil : le cinématographe, au sous-sol du Grand
Café, Boulevard des Capucines à Paris. Déjà
à cette date « le billet coûtait un franc et donnait
droit à une dizaine de films d'une minute chacun environ
[...] »100(*)
Il faut toutefois faire remarquer qu'à l'époque
le cinéma était muet et seulement en noir et blanc. Il a fallu
attendre 1927101(*),
avec le film les chanteurs de jazz pour que le cinéma devienne
parlant et 1934 avec la mise au point du technicolor trichome pour que
« commence l'essor du cinéma en couleurs.»102(*)
3.2.2- Arrivée du cinéma en Haïti
Seulement quatre ans après la projection des
Lumière au Grand Café de Paris, le cinéma fait son
entrée en Haïti. Le 7 décembre 1899 en effet, M. Joseph
FILIPPI, représentant du cinématographe-Lumière, est
arrivé à Port-au-Prince. Il était venu faire de la
promotion pour le nouvel appareil en proposant des projections publiques.
A ce propos, Michaëlle LAFONFANT-MEDARD explique
que la primeur des vues cinématographiques a été
accordée aux invités de la soirée de fête
organisée à la Légation de France le mercredi 13
décembre 1899... (Et) la première représentation publique
[...] le lendemain jeudi 14 décembre 1899 au théâtre du
Petit-Séminaire-Collège de Port-au-Prince.103(*)
Au cours de ce même mois de décembre, il devait
y avoir le premier film tourné sur Haïti et en Haïti. Le
titre du film c'est : « Dernier incendie du 15
décembre 1899 à Port-au-Prince ». En effet, le 15
décembre 1899, le feu éclata près de la Place
Pétion à Port-au-Prince, Joseph FILIPPI filma ces images
« que le public port-au-princien eut l'occasion de revivre le samedi
30 décembre 1899 quand Filippi (les) projeta »104(*) Ainsi, le mois de
décembre 1899 marque plusieurs événements dans l'histoire
du cinéma en Haïti : son entrée, la première
réalisation d'un film sur Haïti et la projection du premier film
réalisé en Haïti sur Haïti.
3.2.3- Evolution du cinéma en Haïti
Après le passage de Joseph FILIPPI en Haïti, le
cinéma a continué. D'après Arnold ANTONIN
« Les premières projections continues [...] ont lieu à
partir de 1907 au Grand Hôtel de Pétion-Ville, puis au Parisiana,
situé au Champ de Mars, à partir de 1914.»105(*)
Les salles de cinéma commencent aussi à se
multiplier à partir de ces dates : Ciné
Variétés (Port-au-Prince, 1916), Ciné Eden
(Cap-Haïtien, 1933), Paramount (Port-au-Prince, 1934), Rex
théâtre (Port-au-Prince, 1935), Cabane Choucoune
(Pétion-Ville, 1940), Choucoune (Pétion-Ville, 1942) etc.
Au cours de l'occupation américaine (1915-1934) on
continuait à tourner des films en Haïti puisque Arnold ANTONIN
explique qu'on dispose encore « d'images en mouvement »
datant de l'époque de l'occupation dans les archives de la Library
of Congress des Etats-Unis d'Amérique.
De nombreuses images en mouvement de la période de
l'occupation (1915-1934), représentant les actions des marines et les
cérémonies officielles. On peut retrouver encore des images en
mouvement tournées en Haïti sur les soins de santé,
l'agriculture ou des moments de la vie sociales, dont le carnaval est le moment
privilégié, dans les archives de la Library of Congress
également à Pathé-ciné.106(*)
Le cinéma continuait mais, à part des
½actualités haïtiennes½ le public n'avait droit
qu'aux films étrangers. Il a fallu attendre 1962 pour voir le
« premier long-métrage documentaire (1h 30 mn) du
cinéma haïtien »107(*) Il s'agit du film ½Mais moi je suis
belle½, réalisé par Jean DOMINIQUE, Edouard GUILBAUD et
Emmanuel LAFONTANT. Ensuite suivent un moyen-métrage ½M ap
palé net½ en 1976, de Raphaël STINES ; un
long-métrage ½Olivia½ en 1977, de Bob LEMOINE et le
long-métrage ½Anita½ en 1980, de Rassoul Labuchin.
Ce dernier « a connu, un grand succès à
l'époque »108(*)
Parallèlement se développe à
l'étranger un cinéma militant emmené par Arnold ANTONIN.
On connaît, à cet effet, les documentaires ½Les Duvalier sur
le banc des accusés½ (1973, A. ANTONIN)109(*) ; ½Haïti le
chemin de la liberté½ (1974, A. ANTONIN) ; ½Les
Duvalier condamnés½ (1975, A. ANTONIN) ;
½ Canne amère½ (1983, Paul ARCELIN), etc.
Au cours des années 80, plusieurs films tels
½Ayisyen leve kanpe ½ (1982) ; ½ Nou tout se
refijye ½ (1983) ; ½Haitian Corner ½ (1989, Raoul
PECK) sortaient dans les salles de cinéma; mais les années
90 semblent avoir donné un nouvel essor au cinéma si l'on
considère le nombre de films sortis (on peut citer : ½Se met
kò ½ (1990), ½ Le Cap à la une ½
(1993), ½ Cicatrices ½ (1997), ½Chéri je
t'aime ½ (1998), ½ Les gens de bien ½ (1995),
½La troisième guerre mondiale a déjà eu lieu½
(1997)), et cet essor continue encore dans les années 2000.
Cependant, malgré tout le progrès que
connaît le cinéma haïtien tant au niveau du nombre de films
sortis ou du nombre d'entrée en salle, la qualité laisse tout de
même à désirer.
Pauvre du point de vue technique et artistique, (le
cinéma haïtien) est très peu compétitive face aux
productions étrangères... Il y a une faible préparation
technique et artistique dans les milieux de la production et de la
réalisation. La plupart des techniciens et des artistes, y compris des
acteurs, se forment sur le tas [...] le professionnalisme est donc quasiment
absent.110(*)
Il est donc clair que dans ces conditions la qualité
technique, artistique et esthétique du cinéma laisse à
désirer. Il reste donc au cinéma haïtien d'énormes
pas à franchir avant de pouvoir s'imposer dans les festivals
internationaux de films.
3.3- Approches du cinéma
Plusieurs approches théoriques tentent
d'appréhender et d'expliquer le cinéma, son rapport avec la
société et ses conséquences sur celle-ci. Chaque approche
propose des explications sur le cinéma et, du même coup, fournit
des éléments méthodologiques pour l'analyser. Deux de ces
approches sont présentées ici en raison de leur lien
étroit avec l'objet de la présente étude.
3.3.1- Le cinéma comme
réalité
Certains auteurs voient dans le cinéma la restitution
de la réalité sociale. Pour ces auteurs
en effet, le cinéma représente le miroir grâce auquel il
est possible d'accéder à la réalité. KRAKAUER par
exemple, soutient que « le cinéma reconstitue un univers
dédoublé, reflet de l'univers réel, se supprimant à
lui, doté de la qualité magique [...] Le cinéma
offre et offrira à l'homme un reflet de lui-même et du monde, en
même temps qu'il puisera sans cesse une conscience
nouvelle.»111(*)
S'inscrivant dans la même veine André
BRAUN-LARRIEU parle du cinéma comme révélant
« l'originalité des civilisations disparues, les grands drames
de l'histoire, les splendeurs d'outre-mer, la diversité des cadres
humains...»112(*)
Ce courant théorique qui voit au cinéma le
"reflet de la réalité" a connu un très grand essor avec la
théorie du "cinéma-oeil" du documentaliste soviétique
Dziga VERTOV et avec le courant "cinéma-vérité" ou
"cinéma-direct" fondé par l'ethnologue Jean ROUCH et le
sociologue Edgar MORIN113(*).
3.3.2- Le cinéma comme construction
A l'opposé de l'approche
cinéma-vérité se trouve l'approche qui considère le
cinéma comme une construction. Selon ce courant « aucun film
ne peut se soustraire au travail créateur, c'est-à-dire à
une interprétation donnée par ses
réalisateurs.»114(*) La succession de tranches de la vie sociale ne
suffit donc pas pour faire du film un "reflet du réel" selon le courant
"constructiviste" du cinéma.
Jacques DURAND, par exemple, prévient qu'il ne faut pas
se hâter de rechercher dans le film une image fidèle des relations
sociales réelles. Les aspects fondamentaux de la
réalité n'étant [...] pas saisis directement par la
caméra, les traits sociaux présentés (qui n'ont, elles non
plus, aucune garantie d'exactitude), soit le résultat spontané du
processus de création.115(*)
DURAND souligne un ensemble de distorsions qui
éloignent le cinéma de la réalité. Ces
distorsions, selon lui, sont exprimées dans le choix le traitement des
sujets qui sont limités et partiels ; dans le choix des personnages
où certaines catégories de personnages (hommes, riches, adultes,
célibataires...) sont privilégiées par rapport à
d'autres ; dans les falsifications dues au "trucage à la
prise de vue, adjonctions de sons, de musique, de commentaires tendancieux,
omissions volontaires ou forcées etc."116(*) Il en résume donc que pour ce courant, le
cinéma est un construit qui peut partir de la réalité
certes, mais l'éloigner à la fin.
Quoi qu'il en soit, le cinéma ne peut pas être
considéré ni comme pure réalité puisque, comme les
tenants de l'approche constructiviste le montrent, les films portent
l'empreinte de leurs auteurs (acteurs, producteurs, réalisateurs etc.).
De même, il ne peut être considéré non plus comme
étant pure construction ; les auteurs des films puisant leur
histoire, dans la plupart des cas, dans la réalité. Aussi, pour
répéter DOFNY, l'organisation économique même du
cinéma fait qu'il ne peut se dissocier du reste de la
société.
Dans cette étude par conséquent, le
cinéma est considéré comme étant à la fois
produit social et construction. En conséquence, il est
considéré comme combiné d'éléments de la
société productrice et de l'empreinte de ses producteurs directs.
Et par le fait même, les résultats qui découlent de
l'étude ne doivent pas être considérés comme
étant les résultats de l'utilisation réelle des langues de
la société mais comme comportant certains éléments
de cette utilisation. Cette position est appuyée par Jacques DOFNY. En
effet, DOFNY déclare que le cinéma n'est pas seulement un miroir
qui reflète la société. « (Il) fait partie de
la réalité sociale par son organisation économique et par
la médiation de l'auteur, avec les chocs en retour qui s'y produisent,
avec les décalages temporels entre le cinéma et la
réalité. »117(*)
Chapitre IV
Méthode de recherche
Les documents écrits, sonores, graphiques,
cinématographiques etc. ont pour le moins, un point commun avec
l'architecture, les meubles, les vêtements, les ustensiles de cuisine,
les déchets... Ils sont tous des traces des
différentes activités de l'homme, son empreinte laissée
dans la nature. En les analysants, les chercheurs en sciences humaines et
sociales peuvent mettre en lumière un grand nombre d'informations allant
des habitudes jusqu'à l'organisation sociale de ceux qui, par leurs
activités de toutes sortes, ont laissés derrière eux ces
traces.
La méthode qui permet de faire ces genres
d'études est la méthode d'analyse des traces. Cette
méthode est, selon GIROUX (1998), une méthode qui consiste
à retrouver ces traces pour « les analyser afin de
reconstituer le portrait de l'humanité [...] (Elle permet d')
interpréter des traces de l'activité humaine...»118(*) En ce sens, son analyse
peut dévoiler des informations énormes sur la
société qui l'a produit. KRAKAUER (1941) a d'ailleurs
expliqué ce fait pour les films en déclarant : «
[...] à qui voudrait les examiner de près, les contenus latents
des films révéleraient les valeurs implicites, tabous,
fétiches d'une civilisation, sa mythologie de la vie quotidienne, les
complexes élémentaires qui en régissent les rapports
`microsociologiques'.»119(*)
A ce sujet, Edgar MORIN abonde dans le même sens.
Il déclare que les films sont devenus
dépositaires non seulement d'un inconscient collectif à la Jung,
où se retrouveraient des `archétypes' transhistoriques (notamment
dans la mythologie qui entoure les stars), mais aussi des inconscients
collectifs, où se fixent la sensibilité, les aspirations et les
rêves des sociétés en situation historique et sociologique
déterminée.120(*)
Il est donc très clair que la méthode qui est
plus appropriée à trouver la représentation des langues
créole et française dans les films haïtiens est la
méthode d'analyse des traces. C'est elle donc qui est retenue pour ce
travail.
4.1- Type de recherche
Selon DE KETELE et ROGIERS (1996), il existe sept types de
recherche qui sont :
1- La recherche scientifique basée sur une
démarche inductivo-hypothético-déductive ;
2- La recherche technologique construisant des outils pour le
praticien et orientée vers la prise de décision ;
3- La recherche évaluative avec prétention
prévisionnelle et prospective ;
4- La recherche-action examinant une situation du point de vue
des participants ;
5- La recherche exploratoire, phase heuristique permettant de
générer des hypothèses ;
6- La recherche descriptive, lorsque la description et la
classification sont un préalable ;
7- La recherche spéculative, axée sur la
fonction prospective.121(*)
Parmi ces sept types de recherche, ce travail s'inscrit, comme
c'est dit dans l'introduction, au type exploratoire. Il donc judicieux que de
préciser ce que c'est qu'une étude de ce type en vue
d'évacuer tout malentendu ou toute mésinterprétation.
4.2- Etudes exploratoires
Les études exploratoires sont des études
réalisées dans les situations où le domaine qui
intéresse le chercheur n'a pas été `explorer' par des
recherches antérieures. Andrée LAMOUREUX explique que dans ces
cas « le chercheur ne peut avoir d'hypothèse de
départ ; il a alors comme objectif de `déblayer le terrain'
pour y voir plus clair. »122(*) Plus loin, ce même auteur affirme que
« les méthodes exploratoires sont essentiellement des
méthodes de recherche qualitatives et elles regroupent la recherche
théorique, l'observation naturelle, l'entrevue informelle,
l'étude de cas et la recherche historique, ces deux dernières
pouvant parfois contenir des éléments de la méthode
quantitative.»123(*)
La présente étude s'inscrit donc immanquablement
dans cette perspective car, elle suit un à un la position de LAMOUREUX
sur le choix entre l'hypothèse et l'objectif, et aussi sur le fait
d'utiliser des "éléments de la méthode quantitative."
4.3-Technique de collectes des données
Les données qui servent à étudier la
représentation des langues se retrouvent dans le film lui-même.
Par conséquent, pour les collecter le DVD du film Barikad et un lecteur
DVD ont été utilisés comme instruments. A mesure que le
lecteur DVD donne lecture du film, les conversations sont retranscrites, du
début à la fin, sur du papier.
4.4- Le corpus
Le corpus est "l'ensemble des données sur lequel va ou
doit s'effectuer l'analyse de contenu."124(*) Ainsi le corpus de ce travail est constitué
de toutes les conversations verbales, les discours, les monologues... qui sont
en créole et/ou français recueillis dans le film. Cela
étant dit, toute parole qui n'est pas en ces deux langues (qui est en
anglais par exemple) n'est pas considérée125(*). Aussi, aucun
élément non verbal n'est considéré.
4.5- Technique de codage
Pour la présentation des données nous avons
utilisé un système de codage par lequel les conversations sont
divisées en unités et en sous-unités. Les unités
sont ordonnées par des chiffres alors que les sous unités sont
ordonnées par des lettres. Les unités correspondent chacune
à une séquence du film. Les sous-unités, elles,
correspondent à chaque prise de parole des interlocuteurs en
présence.
4.6- Opérationnalisation des
variables
Pour opérationnaliser les variables il faut d'abord les
identifier là où elles se trouvent. Elles se trouvent toujours
dans l'hypothèse ou l'objectif de l'étude concernée. Dans
le cas de la présente étude, qui n'a que des objectifs, les
variables sont dans l'objectif principal. De ce fait, il n'est pas inutile de
rappeler l'objectif principal du travail qui est de déterminer
la représentation des deux langues (le créole et le
français) véhiculée dans le cinéma haïtien en
particulier dans le film choisi. Il est donc clair qu'ici deux
variables sont en présence : 1) représentation, et 2)
langue.
Tableau opérationnalisation des
variables
VARIABLES
|
DIMENSIONS
|
INDICATEURS
|
Représentation
|
1- langue de gens à statut social
élevé et d'expression de sentiments positifs
|
- Utilisée par des personnages
généralement bien vus dans la société.
Exemple : intellectuel - père de famille -
mère de famille
- Utilisée dans des scènes
d'activités sociales généralement bien vues dans la
société.
Exemple : Mariage - Fête - Défilée
- voyage - administration publique/privée
- Utilisée pour exprimer les sentiments et
émotions honorables aux yeux de la société
Exemple : Déclaration d'amour -Félicitations -
Satisfaction - Moment émotions positives - être content - etc.
|
2- Langue de petites gens et d'expression de sentiments
négatifs
|
- Utilisée par des personnages
généralement mal vus dans la société.
Exemple : Femme de ménages - Restavèk -
Délinquant - Enfants des rues - Prostituée - Malade mental
etc.
- Utilisée par n'importe quel personnage pour
exprimer des émotions ou des sentiments négatifs.
Exemple : Injures - Colère- Punition - Moment
d'émotions négatives - Se fâcher - etc.
|
Langue
|
1- Français
|
- Utilisation de mots de la langue française.
- Utilisation de la syntaxe de la langue française avec
prononciation correcte ou pas.
|
2- Créole
|
- Utilisation de mots de la langue créole.
- Utilisation de la syntaxe de la langue créole.
|
4.7- Technique de recherche
La méthode d'analyse des traces comprend trois
techniques: a) l'analyse historique qui, comme son nom l'indique, est une
technique permettant d'établir la vérité historique - elle
s'applique donc en Histoire; b) l'analyse statistique qui s'applique à
faire connaître une réalité jusque-là
méconnue, par la manipulation des données statistiques; et c)
l'analyse de contenu qui par une analyse des données, des communications
en particulier, permet de faire ressortir leur contenu. Cette dernière
est la technique retenue dans ce travail.
4.7.1- L'analyse de contenu
Diverses conceptions sont faites de l'analyse de contenu. Il
en résulte donc diverses définitions. Pour Bernard BERELSON, un
des pionniers en analyse de contenu, « C'est une technique de
recherche pour la description objective, systématique et quantitative du
contenu manifeste des communications ayant pour but de les
interpréter.»126(*)
Si la plupart des chercheurs s'accordent sur les deux
premières caractéristiques de l'analyse de contenu telles que
définies par BERELSON; le caractère quantitatif se trouve
relativiser ou parfois même rejeter. Pour Madeleine GRAWITZ par exemple,
"cette condition n'est pas indispensable et certaine analyses de type
qualitatif recherche des thèmes plus qu'elles ne les
mesurent".127(*)
Pour QUIVY et CAMPENHOUDT, l'analyse de contenu peut
être quantitative ou qualitative. Selon ces auteurs, la première
forme, c'est-à-dire quantitative, serait extensive et aurait pour
information de base « la fréquence d'apparition de certaine
caractéristique de contenu ou les corrélations entre
elles »128(*).
La seconde forme, c'est-à-dire qualitative, elle, serait intensive et
aurait pour information de base « la présence ou l'absence
d'une caractéristique ou la manière dont les
éléments du 'discours' sont articulés les uns aux
autres ».129(*) Ils ajoutent toutefois que « les
caractéristiques propres des deux types de démarche ne sont pas
aussi nettes et plusieurs méthodes font aussi bien appel à l'un
qu'à l'autre »130(*).
C'est justement ce que ce travail sur le film Barikad se
propose de faire; coupler l'analyse de contenu quantitative - en comptant les
fréquences d'utilisation de chacune des langues dans des circonstances
particulières (ces circonstances seront élucidées plus
loin) et faire des corrélations entre ces fréquences - avec
l'analyse de contenu qualitative - en déterminant la valeur
accordée à certaines scènes, certains personnages et la
langue utilisée.
Aussi, les avancées de l'analyse de contenu ont permis
d'aller plus loin que le "contenu manifeste". Les auteurs du General
Inquier131(*), par
exemple parlent de l'analyse de contenu comme une « technique
permettant de faire des inférences »132(*) et selon Madeleine GRAWITZ
« le terme 'inférence' marque l'élargissement de la
procédure qui permet dorénavant la mise en rapport des traits
littéraux et des traits sociologiques.»133(*)
QUIVY et CAMPENHOUDT présentent l'inventaire des
matériels sur lesquels peut s'appliquer l'analyse de contenu. Selon eux,
elle peut s'appliquer « sur des
communications de formes très diverses (textes littéraires,
émissions télévisées, radiophoniques, films,
rapports d'entretiens, messages non verbaux, ensemble décoratifs
etc.) »134(*)
Toujours selon ces auteurs, l'analyse de contenu peut servir
à:
L'analyse des idéologies, des systèmes de
valeurs, des représentations et des aspirations ainsi que leur
transformation;
L'examen des logiques de fonctionnement d'organisation
grâce aux documents qu'elles produisent;
L'analyse des processus de diffusion et de socialisation
(manuels scolaires, journaux, publicités...);
L'analyse de stratégies, des enjeux d'un conflit, des
composantes d'une situation problématique, des interprétations
d'un événement, des réactions latentes à une
décision, de l'impact d'une mesure [...];
La construction de réalités passées non
matérielles: mentalités, sensibilités ...135(*)
4.7.2- Technique d'analyse
Pour arriver à trouver ce que
contiennent les films en matière de représentation des
langues, ce travail s'applique à croiser les formes dans lesquelles les
langues sont utilisées. D'abord, est (sont) déterminée
(s) quelle (s) langue (s) parle un personnage ; et, pour comprendre la
représentation, la langue que parle le personnage est ensuite mise en
rapport avec « le rôle social » tenu par le
personnage. Ensuite, la langue utilisée pour exprimer les
émotions/sentiments est considérée pour les personnages
utilisant les deux langues. Ici, la représentation tient du fait
d'utiliser une langue pour exprimer un sentiment/émotion
considérée comme honorable ou non honorable, comme positifs ou
négatifs aux yeux de la société.
Chapitre V
Présentation des résultats
Les résultats sont de deux ordres. Premièrement,
il y a la retranscription du film qui est en même temps un
découpage. Le découpage se fait de manière à
diviser le film en unités d'analyse codées par des chiffres et en
sous unités codées par des lettres. Deuxièmement, il y a
les tableaux et graphes qui sont la présentation de données
tirées de la retranscription-découpage.
5.1-Retranscription-découpage du film
UNITES/
Sous-unités
|
DIALOGUES
|
1
a)
|
Marianne: Doudoun, ou pa ta kapab fè
lòt jan. Si w vle rann manman w yon ti sèvis, se travay di,
sanble on ti kòb, w al lekòl epi fè yon ti
komès.
|
2
a)
b)
c)
d)
e)
|
Odette: Sonia ? Sonia ?
Sonia: Wi madanm.
- Kòman Sonia ! depi maten vèsèl yo
poko fèt! Kisa w t ap fè avèk yo depi maten?
- Menaj la wi m t ap fè.
- Son gran netwayaj ou t ap fè
kòmè ? Si se te manje w t ap manje ou ta gen tan fini
wi !
|
3
a)
b)
c)
d)
e)
f)
g)
h)
i)
j)
k)
l)
m)
n)
o)
p)
q)
r)
s)
t)
u)
v)
w)
x)
y)
z)
aa)
bb)
cc)
|
Odette: Kote moun k ap mande pou mwen an?
Odénie: Men mwen wi madam.
- Se kote m ou vini?
- Wi madanm, se... se pou travay la wi.
- Apwoche non, ......ouh ! Vye kò a wi...
pwoche ! anh ! pwoche non !
- Kòman w rele ?
- Odénie wi madam
- Odénie an se tout non w ?
- M pa gen lòt non madanm.
- Ki kote w moun ?
- Moun Answouj.
- O! Answouj! Se pa atè la a non! Ou gen fanmi
isi ?
- Wi. Matant mwen, Marianne, se li menm ki voye m pou travay
la wi.
- An ! Marianne. Li te esplike ou son travay dòmi
leve ?
- Wi madanm.
- Li te esplike ou tout travay la ?
- M kwè sa wi.
- Bon ban m reprann pou ou. W ap lave chak jou, w ap pase
chak jou ; nou pa kite rad akimile isit la. W ap lave rad
matmwazèl la ak pa m apa. Pou menaj la, w ap bale tout pyès yo, w
ap ranje kabann yo, w ap siye tout mèb yo. Epi, avan m bliye, fè
atansyon ak ti biblo m yo paske m ap oblije tire tout kòb ou pou sa w
ap kraze ; e kòb ou pa menm kont pou tire sa w ap kraze. Ou
konprann sa m di w la ?
- Wi madanm.
- Marianne te ba w kondisyon yo ?
- Wi madanm
- Ou dakò ?
- Wi madanm.
- Kilè w ap kòmanse ?
- M te tou pot afè m yo wi.
- Rantre.
- W ap mete sa yo nan ti pyès la la a. M pral rele
Sonia l ap vin esplike ou kay la
- Wi madanm
- M t ap bliye, m pa vle tande vwa pyès moun fò
nan kay mwen, ni tripotay... E m tyen aske yo respekte ak mari m ak 2 pitit
mwen yo, mesye Thierry ak matmwazèl Sagine. Oke ! ou mèt
ale.
|
4
a)
b)
c)
d)
e)
|
Sonia: Ou mèt met bagay ou yo la a.
Ou wè jan madanm nan tchak ?
Odénie : Figi l pa sanble sa
non !
- E ! si w gad sou figi l w a bal lakominyon san
konfesyon. Jan w wè bouch li pwenti a, konsa tou lè sa pran
joure se detrese l detrese bò tèt ou anba jouman. Pitit fi l la
menmjan avè l.
- E mesye a ?
- A ! se pa moun ki pale, sof lè l ap regle
zafè politik li. Li gen tan wè l prezidan kounye a. Apa de sa, ba
l ti jounal li, ti manje l, ti liv li... dayè ke l la ke l pa la se menm
bagay. Bon ann ale, w a fin ranje bagay sa yo pita, madanm nan pa renmen moun
trenen kò nou la a lajounen.
M pral moutre w. On vye djòb wi ou pran la a.
|
5
a)
b)
c)
d)
e)
f)
g)
h)
i)
j)
k)
l)
m)
n)
o)
p)
q)
r)
s)
t)
u)
v)
|
Sagine: Thierry, sonje bay netwaye soulye w
pou aswè a, oke.
Thierry: Aswè a? Sak gen aswè
a?
- Ou bliye bal lan?
- Mh! M pat sonje bagay konsa non mwen menm. Dayè m pa
kwè m prale.
- Ouh mon Dieu ! Thierry ou pa ka fè m on bagay
konsa. Tout ekip solid la ap la. Lèfini m achte kat mwen deja wi, ou
imajine w?
- Sagine w a depouye w oke ! Mwen m pa sou sa.
Thierry: Bonjou manmi.
Odette: Bonjour Riri.
Sagine: Ecoutes, chak fwa m ap fè on
bagay m oblije met ajenou nan pye ou. M oblije supliye ou pou rann mwen on
sèvis. Ou pa ka fè sa pou mwen !
Odette: Qu'est ce qu'il y a encore les
enfants ?
Thierry: Rien de sérieux maman.
Sagine: Ouh ! rien de
sérieux ? Bon se ou k pwoblèm nan !
Maman, tu as entendu parler du bal de ce
soir ?
Odette: Oui bien sûr.
Sagine: Eh bien ! nous avons payé
pour y ...
Thierry: Nous avons payé?
Sagine: Nous avons payé pour y
aller, Thierry ne veut plus maintenant.
Thierry: Manmie, je ne veux pas y aller,
ok.
Odette: Si c'est une question d'argent...
Thierry: Non, ce n'est pas une question
d'argent, ok. C'est seulement que j'ai pas envie de faire le dindon au milieu
d'une bande d'imbéciles qui sont là uniquement pour qu'on puisse
dire le lendemain qu'ils étaient au bal de l'année.
Odette: Thierry tu ne crois pas que tu
exagères un peu. Franchement je ne te comprends pas. Mais on ne va pas
te forcer.
Sagine: Mon Dieu ! Thierry gen tout dwa
isi an manman?
Odette: Wouch! timoun sa yo soti pou yo vire
tèt mwen.
|
6
a)
b)
c)
d)
e)
f)
g)
h)
i)
j)
k)
l)
|
Odette: Chéri tu aurais pu m'attendre
pour le café.
Eddy: Mais chérie tu as toujours une
chose à faire avant de descendre dans l'office. Et tu sais, je ne lis
jamais mon journal sans...
Odette: Sans ta tasse de café, je
sais. Passe-moi le sucre.
Thierry: Je sors, je vais faire un tour.
Odette: Mais tu n'as presque rien
mangé.
Thierry: Ça va. J'ai pas faim.
Odette: Je le comprends de moins en moins.
Eddy: Comment ça
chérie ?
- Ce n'est plus mon petit garçon docile d'autrefois.
- C' normal ma chérie, les enfants grandissent et nous
nous vieillissons. Faut bien qu'on s'y fasse.
- Tu as sans doute raison, bientôt, il ne restera plus
que nous deux.
- C'est ainsi que tout a commencé
|
7
a)
b)
c)
|
Sonia: On ti gason chèlbè
enh!
Odénie: M pa menm sou bò l
menm, travay mwen m ap okipe.
- A! ou pa bezwen bay tèt ou manti, mwen menm tou m
renmen wè l. men se tankou lè w ap gade bèl kado nan
vitrin ou pa gen kòb nan pòch ou pou achte. Vin ban m on kout men
nan kizin nan.
|
8
a)
b)
c)
d)
e)
|
Thierry: W ap reve tit sè? W ap
reve!
Sagine: Eskize m ban m pase ! Ou
nève m menn !
- Ou nève men... Ou pap soti ce n'est pas la peine.
- Je t'ai demandé quelque chose!
- Si ou pa al nan bal ou pap mouri pou sa non.
|
9
a)
b)
c)
d)
e)
f)
g)
h)
i)
j)
k)
l)
m)
n)
o)
|
Odénie : Eskize m wi!
Thierry: Wi
- : Se e e yon kòb...
- Sa w di? Vanse non... vanse, m pa tande.
- Yon kòb wi mwen te jwenn nan pòch pantalon ou
te bay nan lesiv la wi.
- O ! mèsi, ou mèt mete l sou ti tab la nan
chanm mwen an. Se kijan w rele ankò a?
- Odénie.
- An! se vre. Ou fèk vin Pòtoprens ?
- M pa gen twò lontan non.
- Ou te di m se Marianne ki te voye ou, sa l ye pou
ou ?
- Matant mwen.
- On bon moun wi. Se li k te okipe m lè m te piti. M ta
swete w pran kote l.
Odette: Odénie ou gentan fin fè
travay m te ba w fè anba a ?
Odénie : Non matant.
Odette: Ebyen sa w ap fè la
a ?
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a)
b)
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Thierry: Elle était venue m'apporter
de l'argent qu'elle avait trouvé dans mon pantalon aux lessives,
maman.
Odette: Combien de fois dois-je te dire de
fouiller tes poches avant de donner tes habits à laver ? Et puis,
tu sais, évites de trop bavarder avec ces gens là. Kote ou
wè l ye a ou pa ka fè l konfyans ; li plen travay pou l
fè anba a wi.
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Florence: Eh ! o ! c' moi.
Sagine: Florence ! viens !
viens ! viens ! Comment vas-tu ?
- Ça va.
- Assieds-toi, assieds-toi. Tu deviens belle.
- Ban m on ti niouz non.
- Ou konnen tout lasent jounen m chita nan kay la m pap regle
anyen serye, m pa ka gen anyen pou m di w. E ou menm ?
- Ah ! rien de spécial. Ane sa a vakans yo pi raz
pase tout ane, m pa ka konprann sa !
- Ebyen ou pap bay manti non, paske mwen menm kote w wè
m chita la a m regrèt enfiniman m te fèt Ayiti. Tout tan m ap di
poukisa o ! papa m pat... ameriken, oubyen manman m pat... poukisa yo pat
gen yon lòt nasyonalite, pa ayisyen kan menm...
- Mwen menm papa m mande rezidans lan pou mwen, m ap tann.
- Ou wè kòman w gen chans. Son bagay ki evidan
ou gen bon paran pitit. Mwen menm pa m nan chita nan on zafè...
kòman ? M pa konnen bagay li a... politik nasyonalis, se sa ?
Tout lasent jounen politik sèlman l ap pale. M pa menm kwè l gen
on bout viza nan men l akoz bagay sa a.
- Tu es la fille d'un leader tu devrais en être
fière.
- Kounye a men l ap pase m nan betiz. Kounye a pale m de bal
la pito.
- A ! pitit ou pèdi ! bal la te
anfòm, m pa konn kijan ou fè rate pwogram sa a !
- Kounye a ou panse mwen menm ka deside pa al nan on
bal ! Ou pa wè se salopri mennaj ou a k pou fè on bagay
konsa !
- Se pa frè w li ye. Bon l pat deside ale li ret
chita. Nan lavi sa a fò toujou gen kawoutchou derechanj.
- Ma chère m pral di w on lòt bagay tou,
premyèman moun lakay ou pi cool pase moun lakay mwen. Ou konn manman m
pap kite m soti san ti gason sa a. Lèfini, li fè m kou a nan ta.
Jis byen ta wi Thierry vin di m li pap ka ale ankò ! M t ap chache
on lòt mwayen m ale, si l te di m sa pi bonè. Waw ! M kole
avè l ?
- Li la a ?
- M te kite l nan twalèt lan talè a, kounye a l
ka nan chanm li.
- M genn yon kont pou m regle avè l. na wè
talè.
- Eh bien ok ! je t'attends.
- D'accorrd.
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Thierry: Tu cherches quelque chose ?
Florence: Non, je...
- Tu t'intéresses à mes affaires ?
- Tes affaires ? kòmsi ou te gen
zafè !
- M pa gen zafè epi w t ap fouye.
- M pa wè ki bigdil ki genyen si m gade kèlke
papye, se mennaj ou m ye.
- Tu vois, tu ne respectes pas la vie privée des gens,
je me demande si tu respectes quelque chose.
- M pa konprann ou ! m pa wè kisa k pou fè
tout pawòl sa yo non. Ou antò epi w ap chache m kont.
- Antò! Mwen antò ! Je te signale que tu es
dans ma chambre et tu fouilles dans mes affaires epi se mwen k ap chache w
kont.
- Wi se ou k ap chache m kont. Tu crois me respecter quand tu
décides d'annuler un rendez-vous que nous avions et auquel je tenais?
- Un rendez-vous, quel rendez-vous ?
- Oui...
- Oh ! le bal, je savais pas que le bal
t'intéressait à ce point. D'ailleurs je m'en allais pas
pourquoi ? Tu aurais passe toute la nuit à roucouler avec tes
amis ; apre sa ou ta vin fè m fè de ti danse ploge pou m pa
fache ; mwen menm t ap fèmen je m tankou on gwo enbesil,
pandansetan ou t ap fè chantè djaz la jedou, ki, ant
parantèz pa menm bo gason. Dayè on aura trop de parler c'
vraiment pas la fin du monde. La prochaine fois je ferai un effort.
- Thierry ou vin frekan ! La prochaine fois tu feras un
effort ! tu crois que tu m'es absolument indispensable ? Tu crois que
j'ai besoin de toi pour sortir. Eh bien mon cher, pour ton information, hier
soir j'ai sorti. J'ai été roucoulé comme tu dis, je me
suis bien amusé. Erezman kounye a fanm pa ret ak gason ankò.
- O ! m byen kontan konn sa, alèkile w a va al nwi
fanm parèy ou yo olye ou vin anmède m la a.
- Non cheri m pa bezwen fanm pou fè m soti. Grasadye
gen pakèt nèg serye k ka rann mwen sèvis la.
- Florence sa fè kèk tan m santi m pa ase pou
ou. Sa fè kèk tan m wè w ap chèche on
pretèks pou ouvri zèl ou.
- Qu'est ce que tu veux insinuer ?
- Florence j'en ai marre de plein de choses, mais de toi
particulièrement.
- Donc ça s'arrête là?
- Je sais pas Florence, c' pas ce que je voulais dire.
- Thierry je t'embête, pas vrai ?
- Mais non...
- Thierry ou konn yon bagay, m toujou repwoche tèt mwen
ke m ap tcheke ak yon timoun. Men abitid se vis, e m te toujou renmen w. Se
paske m te renmen w ki fè jodi a m ap pran tout imilyasyon sa yo. Ofon,
se ou k gen rezon. Renmen pa bay. Je vais me chercher un homme, un vrai. E
lè m jwenn li m ap ba w nouvèl.
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Thierry : Ou konn sak pi mal la ?
kòmsi... ondirè m santi m soulaje menn avèk bagay sa a k
fini an. Dèfwa... m twouve sa raz kòmsi se konsa sa fini. Men
menn franchman m pa regrèt anyen menn.
Roody : Bon de tout lèfason pa
gen lapriyè k pa gen amèn.
Epi, depi ou santi w anfòm nan po w.
- A ! sa a, si se pou sa a...
- Bon ou konn sak pase ? sak rive anvan...
- Roody, ou konnen m kontan, m kontan ou vini patnè,
paske aktyèlman menn m ap pase on move moman nan kay la.
- Kòman sa ?
- Manman m ak papa m chak jou se on pwoblèm pou mwen,
pale anpil nan tèt mwen. Sagine menm de jou an jou l ap vin pi
pès. Kounye a men Florence menm vin ap banm pwoblèm menn...
Roody, sa w panse si ou vin lakay la?
- Vin lakay ou?
- Wè... a! oke. M konnen, m konnen, m konnen w
pè manman m, men kòmsi li pral pati. Li gen pou l al rankontre
medsen l Ozetazini.
- Li malad?
- Ou konnen, gen de zan de sa li te fè on operasyon, so
depi lè sa a detanzantan l pati l al nan randevou.... Wè, ou pa
reponn mwen non ?
- Kèt menn ! ou konnen m fèk antre menn,
mother a ka pale anpil. Fò m fè on ti tan avè l
kanmenm.
- So, pa gen mwayen menm menn?
- Bon! Se vre lakay la raz... e... gen de twa kondisyon.
Dabò, si pou m vin lakay ou, I want your bed, epi tout chanm ou an
nèt. W a dòmi kote w vle, m pa konnen. Epi fò moun lakay
ou trete m byen.
- Ou konnen y ap trete w byen.
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Odette: Kote m met mont sa a mezanmi?
Kote m met mont sa a ? Kote m met mont sa a ? Sonia ?
Odénie ? Kote m met mont sa a ? Ouy Jezu ! m prèt
pou m pran lari.
Eddy: Allons, allons chérie,
dépêche-toi, tu vas rater l'avion.
Odette: Sa w wè m m ap fè
Eddy ? Sa w wè m ap fè? Se pa depeche m ap depeche
m ?
Timoun, kay la sou kont nou. Pas de désordre. Pa
fè papa nou fè kolè non. Epi ou menm Sagine kontwole medam
yo pou yo pa pran dèz yo nan kay la.
Sagine : Oke.
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Thierry: Ou konnen kounye a se mwen k pi
gran ? Ou konnen kounye a se mwen k chèf ? Ou konn
sa ?
Sagine: E wè m pral
wè !
- Ebyen oke! Ebyen oke!
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Odénie : Kòman ou santi w?
Sonia: M pa bon, m pa bon menm. M santi m
frèt.
- Ou frèt ? Talè, tann mwen. Mete men ou
la. Enben, m pa konprann ou menm ak lafyèv sa a non.
- M pa moun ki konn malad non, m pa ka konprann bagay sa a.
- Al mande yon grenn pou ou ?
- Lè sa a ?
- Non, moun yo poko dòmi, m ta mande yo.
- Ki mele moun sa yo ak maladi m, yo ta pito m mouri.
- A ! fò w pa kouri di sa non. Madanm nan k pi
enbesil, li pa isi. Epi, si n pa eseye ou pa ka pale. Antouka m pa renmen
maladi sa a sou ou
menm. M pa ta renmen ou dòmi avè l.
M ap vini.
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Odénie: Mesye Thierry?
Thierry: M h!
- Eskize m wi, men, Sonia gen yon gwo lafyèv sou li, e
m te panse m te ka jwenn kèk aspirin nan men ou. Silvouplè.
- Sonia gen lafyèv! Bon, poukisa ou pa al mande
matmwazèl Sagine?
- Bon sèke, matmwazèl Sagine pa sitèlman
fasil, m te panse m ta ka jwenn on pi bon repons nan men w.
- Bon, se vre matmwazèl Sagine pa twò fasil...
Ou mèt ale m ap pote l pou ou.
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Sonia: M te di w ou t ap pèdi tan w. M
poko janm wè joumou donnen kalbas.
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Odénie : Wi
Thierry: Se mwen... Kòman malad la
ye?
- Pa twò byen non.
- Ba l de konprime aswè a epi ba l de lòt demen
maten. Bon, m ale wi. Si sa ta pi grav oua fè m konnen. Bonne nuit
Odénie.
- Bonne nuit.
- Bonne nuit Sonia
Sonia: Bonne nuit wi mesye Thierry.
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Odénie : Pitit tig se tig, pa
vre ?
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Eddy: Mon cher Roody, je suis heureux de
t'accueillir sur ma table pour ce déjeuner. Depuis quelques
jours Odette n'est pas là, elle est partie. C'aurait été
un plaisir pour elle également de t'avoir avec nous. J'aurais pu te
recevoir mieux, en fait, Sonia est partie.
Thierry: Partie ?
Eddy: Ah ! toujours cette histoire de
fièvre. Depuis quelques jours elle ne se portait pas trop bien. L al
chache on ti remèd nan peyi l.
Sagine: A bon ! poukisa l pat al kay
doktè pito ?
Thierry: Ou t ap ba l kòb la ?
Eddy: Mais les enfants comprenez bien, quand
un Haïtien vous dit qu'il est allé chercher un remède nan
peyi l, savledi anpil bagay. Vous connaissez les croyances. Se Ayisyen n ye. En
attendant, nous avons un problème. Premièrement nous n'avons plus
de cuisinière et votre mère n'est pas là.
Sagine : Waw ! m kwè n ap
byen oblije al manje nan restoran. Sa w wè papi ?
Roody : Pourquoi ne pas demander
à Odénie si elle ne connaît personne ?
Eddy: Ah ! ça c'est une
idée. Appelez-la donc.
Sagine: Odénie ? Odénie
?
Eddy: Odénie ma chère, est-ce
que par hasard ou pa ta konnen yon moun ki te ka fè manje pou nou nan
plas Sonia ?
Odénie : Non mesye Palmier. Si se te
nan peyi m, m te ka jwenn on moun pou ou wi ; men bò isi a m pa
konn pèsòn.
Eddy: Wow ! c'est très
très ennuyeux. Ouh ! Dommage !
Sagine: M kwè n ap byen oblije al
manje nan restoran.
Odénie : Si se pou de twa jou m te ka
toujou fè manje a.
Eddy: Ou ta va sove lavi nou.
Sagine: Epi pou n pa fatige l twòp nou
pra l manje nan restoran detanzantan, enh papi ?
Eddy: Ça va, ça va
Odénie, vous pouvez disposer. N a rele ou pou vin desèvi.
Thierry: Vous pensez qu'elle doit faire seule
tout ce travail. Elle avait déjà pas mal de choses enh !
Sagine: O !o ! Sak pran w la
a ? Toi ! depuis quand t'occupes tu des histoires de bonnes ?
Epi dayè pwogram kuizin nan twò bon pou yo pitit. Ou konnen yo
manje kont mayimoulen yo andeyò. Lèfini l ap pi byen kontan,
paske se ladan l ki gen koutay.
Eddy: Ah ! Sagine ! un peu
d'humanité chérie. C' vrai que je n'avais pas pensé
à l'aspect mercantile de la question, de toutes les façons si les
choses ne passent pas bien, il y aura toujours une solution.
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Thierry: chut! Mesye, bagay sa a an
pàn ankò.
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Thierry: Yow, sa w panse de dlo a menn?
Roody: Pa mal. Ou konnen m pa regrèt
menn, ni ke m te vin lakay ou, ni ke m te antre nan peyi a. Anfèt, sa
manyè fè m bliye lavi m ap mennen sou kanpous la ; etidye
tout tan, pa vrèman gen tan pou pran plezi w. De tout lèfason an
septanm se su ke m ap genyen de bon souvni. Men bagay yo te ka mye.
- Gade, monchè se vre peyi a te ka pa twò
mal ; sèl bagay ki manke fò chak moun ta ka fè on ti
efò.
- On ti efò ! si se pou sa nou pa bezwen tann
twòp. M pa tande papa ou gen anbisyon politik. W a mete m nan limouzin
nan !
- Bon... gade... papa m... msye pa menm ka jere kay la m
pa bezwen pale w pou l ta jere on peyi menn. Lè pou l ta fè on
bagay, li pral tonbe pale de bon, vous connaissez les défauts du
système !
- E yow ! Ou konn ti sè w la pa mal menn !
- Pa mal ditou non...Ou gen lè pran filig ?
- Bon dènye fwa m te antre manmzèl pat won
konsa. Men wè !
- M wè filig ou... Monchè Roody, non m pa gen
pwoblèm avè w non, franchman pito se ou pase son lòt.
- Mwen menm ! M pap ka kondui kamyon sa a. Chadegè
sa a ! m pa ladann.
- Son kamyon tout bon wi patnè. Ah ! de tout
lèfason... m kite w papa. Ondirè ou jwenn on filing, mwen m pral
tchouip nan pisin nan papa.
- Ou pral tchouip nan pisin nan. Oke.
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Thierry: Alors papi ça va ?
Eddy: Ah mon fils, j'en apprends beaucoup sur
la médiocrité de notre canaille politicienne.
- Papi, on était censé prendre une
journée de repos, de repos papi !
- Oui, mais comment veux-tu que je me repose quand le pouvoir
est aux mains d'incapables et que le peuple se meurt, ah!
- Ou wè ou pat menm vle benyen men kounye a men l ap
fè lapli.
- Bon de toute façon, il ne pleut jamais trop longtemps
à cette heure de la journée. E avèk gwo solèy sa a
ou daja konprann ke se zonbi k ap bat madanm li. A toute à l'heure
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Thierry: Odénie, sa w ap fè la
a ?
Odénie : Mesye Palmier k te voye m
achte on ti fritay epi lapli tou bare m.
- Epi ou wè sa en, talè a te gen gwo
solèy wi. Tann, men m pa konprann, li pat ka achte nan restoran
an ? Poukisa se fritay li voye ou achte?
- Li te al mande pri nan restoran an, lefini li te rele m epi
l ban m kòb fritay, paske li di se pou konbat enflamasyon ; on
bagay konsa m pa fin twò konprann.
- Enflamasyon ? suman l dwe di w enflasyon, en ?
- On bagay konsa wi.
- Odénie, ou gen lè frèt ?
- O ! non, m pa frèt non.
- Ou frèt Odénie, ou frèt.
- M fin mouye, ban m ale.
- Odénie ? Odénie ? Ou ta ban m nan
griyo a.
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Roody: Yow menn ? Ti joune a pa tap fin
twò mal si se pat vye lapli sa a k te vin blo filing nèg menn...
But, si te gen de twa bèl fanm menn, bagay la tap pi anfòm
patnè.
Thierry: Roody ? Si w sonje lè m
te al nan pisin menn...
Roody: wè !
- M kwaze ak Odénie k sot achte on fritay.
- E alò? Wè fritay sa a te byen bon wi menn.
- Ou ka twouve sa biza menn. Kòmsi...pou ou ta
wè efè sa fè sou mwen, kòmsi lè m te ansanm
avè l nan lapli a.
- M pa konprann ou ?
- Ou pap konprann, de tout fason ou pa menmjan ak tout moun.
Imajine, imajine... kòmsi...mayo a kole sou kò l... epi de ti
pwent tete l parèt nan mayo a...
- O!o! o!o!, on fi, on gason, lapli ap tonbe, li mouye, pwent
tete l parèt, wow! Nou tout se gason menn, m ka konprann sa.
Odénie pa lèd tifi.
- A ! antouka m pa konn sa k fè sa menn, m pa ka
trete l tankou Sonia, m pa ka trete l tankou Sonia, m pa konn sa k fè
sa. Kòmsi.. ou pa ka konprann, kòmsi, chak lè m wè
l m anvi fonn wi menn.
- Tu as envie d'elle ?
- Wi men. kòmsi... ah ! anfen... Se pa
vrèman sa, kòmsi m plis anvi pwoteje l, m plis anvi pwoteje l
menn.
- M pa konprann.
- Anfèt Roody, premye fwa m santi m alèz ak yon
bòn konsa wi.
- Si ou anvi kouche l, kouche l. M su renmen moun sa a pap al
rive. Dayè mwen menm, m pap al dèyè l, si l ban m menn...
Bon m pa psikològ men se petèt le gout de l'interdit,
kòmsi...tenter par le risque. Men wow ! sa pap mache menn.
- Anfèt... de tout fason eskize m si m te deranje w ak
tout bagay sa yo pepe. Bonne nuit.
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Marianne: Doudoun pitit fi mwen, konsa ou
fè sa ? Depi w pran travay la m pa wè w menm.
Odénie : Enben, epa sa non matant, dam
ki te avè m nan Sonia, l al nan peyi l. Depi l fin ale a, tout travay yo
lage sou kont mwen nèt. Se mwen sèl ki gen anwo a. Kounye a son
ti mache m pral fè la a, m di ban m tou fè on ti pase la a.
- Enben y ap pete fyèl ou ! Fon ti chita.
- O ! matant li fè cho, pa ti chalè
non ! Mòn nan di.
- Kòman w ap boule ak moun yo ?
- Enben, moun yo pa boule mal avè m non. Mesye a li la
se kòmsi l pat la. Madanm nan menm li pa isit. Men se sèl tifi a,
ou ! Sa a vre pwazonrat ! Pwazonrat ! Li pa bon menm
non !
- Sagine ?
- M' h `
- Depi l piti l pran kot manman l. E Thierry ? Ban m
nouvèl Thierry non.
- Sa w vle m di ou de Thierry ?
- M pa konprann ?
- Matant m pa ka ba w manti. Thierry son ti siwo.
- Sa k ap pase ou la a Odénie ?
- Pa gen anyen k ap pase m non matant. Men, Thierry
tèlman janti avè m, li tèlman byen aji avè m...
- Doudoun, Thierry son bèl ti gason, li leve nan menm.
Ou menm ou se yon bèl tifi, e m renmen w. M gen venntwa lane nan
Pòtoprens, fò pa bay tèt ou manti. Se lè la antre
nan ti chanm nan w a konprann sa m vle di w.
- Matant m pa timoun ankò ! Thierry pap janm antre
nan ti chanm nan si se pa mwen k ouvri pou li. Men, Thierry tèlman gen
on jan l pale avè m, li tèlman gen on jan l di m bonjou...
Matant, pa gen pèsòn lòt moun non k janm pale avè m
konsa... ki janm di m bonjou konsa !
- Doudoun ! Doudoun !
- Bon, e, matant fò m ale wi. M gen on pwa sou dife a,
na wè on lòt lè.
- Fè atansyon wi cheri. Piga !
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Florence: Sagine ? Quelle
surprise !
Sagine: Bonne fête. un petit
souvenir.
- Merci. C' gentil. Entre.
- ..........
- Comment il va ?
- Il ne t'a pas appelé ?
- Même pas.
- L ap jwe... Qu'est ce que c'est ?
- Quoi ?
- Ok. Je vais voir.
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Florence: Viens, je vais te présenter
à mes copains...
C' Josiane j'espère vous vous
connaissez.
Sagine/Josiane: on se connaît.
Florence: C' Junior son grand
frère.
Junior: Bonjour ça va ?
Florence: Et il y a Gisèle.
Junior: C' toujours un plaisir pour moi de
rencontrer une si jolie belle fille comme toi.
Josiane: A! Junior, pa kòmanse la
a.
Florence: Lui c' Dario
Sagine: Dario, ça va?
Dario: Oui ça va.
Florence: Bon je retourne ou...ok. Viens avec
moi.
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Sagine: Florence ? Florence ? Ou
pat pale m de kouzen sa a non.
Florence: M pat wè rezon Sagine. Ne me
dis pas que...
- Wi m enterese, m enterese... Mais il est tellement
beau...
- Oh !
- Écoute...
- Pa vin mande m anyen la a.
- Quoi ? ou pap ka fè anyen pou mwen ? C'
sérieux ?
- Ou gen lè tonbe pou Junior la a ?
- Enh henh ! enh henh !
- Dans ce cas, je peux peut-être faire quelque chose
pour toi, mais à une condition.
- ...Tout ce que tu voudras.
- A une condition
- M'h
- Voilà, laisse-moi t'expliquer. J'organise une petite,
et voilà que depuis des temps ça n'est pas arrivé, ok. Je
me demandais si tu pouvais amener Thierry...
- Ecoutes, je n'ai aucune emprise sur Thierry ces derniers
temps. En fait, je crois pas qu'il... il ne sera pas d'accord. ça c'
sur....
- Dans ce cas...
- Ok, ok, ok. Attends ma chère, ou twò prese la.
On peut, on peut s'arranger, tu comprends ?
- Pas de problème.
- Tu en es sûre ?
- Oui
- Ok.
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rr)
ss)
tt)
uu)
vv)
ww)
xx)
yy)
zz)
aaa)
bbb)
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Thierry: Odénie, manje a poko pare? M
gen on grangou k ap kraze m la a.
Odénie : Non mesye Thierry pa nan
inèdtan.
- M pa su m ap ka tann li, m pral fè on sandwich....
Odénie ou wè ak Marianne.
- Pas très souvent.
- Ban m nouvèl li non.
- Pa plimal non.
- E ou menm ou gen nouvèl lakay ou ?
- M gen yon kouzen m ki antre ye, l ap repati demen.
- Enben fò ou ta tou pwofite fè fanmi ou konnen
kijan w ap degaje w bò isi a.
- Mesye Thierry ?
- Wi. M ap koute w.
- Eskize m wi, m gen on sèvis m anvi mande w.
- Sa l ye Odénie ?
- On lèt m te anvi voye lakay mwen, m pa konn si l te
ka deranje w pou ekri l pou mwen ? M ta di w sa pou mete.
Silvouplè.
- Bon, m pa gen pwoblèm non. M kwè m tou gen
papye la a...
M ta ka fè l kounye a men sèl bagay m
pa gen anvlòp.
- M a achete youn, sa pa fè anyen.
- Se kisa ou ta renmen di yo.
- E ! e ! e !..
- Odénie, ondirè ou pè m ?
- Non !
- Bon ban m ede w. Pou kiyès ouap voye lèt
la ?
- Pou manman m
- Manman ou konn li ?
- Non, li pa konn li non, men li gen yon frè l, on
monnonk mwen ki konn li...
- Donk sa w ta vle di l ?
- E... m ta renmen di manman m mwen trè byen kote m ye
a. epi m ta renmen di l ke jiskaprezan moun yo pa mal boule avè m ditou,
epi m ta renmen di l tou ke...
- Tann mwen, tann mwen Odénie, m poko fini... Men
kòman Odénie, si nou pat boule byen avè w isi a ou t ap di
l sa kanmenm ?
- Wi. Sèl bagay lè sa a, se pa ou m t ap bay
ekri lèt la.
- Ok.... Bon, m ap pwofite di l jan ou fè travay ou
byen, jan w okipe kay la byen, jan manje w yo toujou bon.
- Mèsi wi mesye Thierry.
- Oke, kisa pou m mete ankò?
- E ! m ta renmen konnen si manman m toujou gen
doulè a toujou.
- Li malad ?
- Non se pa sa non. Sèke, lè gen on ti fredi,
dèfwa pye l konn fè l mal, li konn gen ti doulè nan pye,
lè konsa m oblije fè on ti friksyon pou li.
- Kidonk, se ou k doktè kay la ?
- Non se pa sa non, men manman m pa renmen lè lot moun
manyen pye l. Gen on lè, gen yon madanm ki rele madan Emanyèl, li
te vin mase pye manman m avèk gwo savon, Epi...
- Gwo savon ?
- Wi, savon lave
- An ! savon lave.
- ...Annik li fin manyen pye manman m, li tonbe rele
tèlman pye a fè l mal. Ositou, li joure madanm nan... Apa ou pa
ekri ankò ?
- An! Ok, ok, ok. Sa pou m mete ankò?
- Di manman m ke m pa bliye l, ke... se pou li m ap travay. Ou
mèt di l ke tout sa yo ban mwen se pou li.
- Odénie, ou gen lè renmen manman w anpil?
- O! Manman m ?... Manman m ?... Manman m se tout sa m posede
sou latè... Eskize m wi.
- Non1 ou mèt kontinye, ou mèt kontinye.
- Enben m panse se tout wi. Di l la salye tout moun.
- Se kisa pou m siyen ? M mèt met Odénie,
ou pa gen lòt ti non yo pi abitye avè l ? Non... pa egzanp
mwen menm lè m te piti yo te rele m Riri.
- Riri !... ou mèt met Doudoun.
- Doudoun ! bon ok. M ap reli l pou ou.
- Non, ou pa bezwen reli non m panse l bon konsa...
mèsi wi mesye Thierry, mèsi anpil mesye Thierry. Ou pa konn sa w
fè pou mwen la a. mèsi anpil mesye Thierry.
- Oke ! oke ! epitou, Odénie ?
- Wi mesye Thierry.
- Ou mèt rele m Thierry. Di l non Odénie :
mèsi Thierry.
- Mèsi wi...Thierry.
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32
a)
b)
c)
d)
e)
f)
g)
h)
i)
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Eddy: Entrez
Thierry: Papi, il faut pensez à
arranger la serrure enh. Dis, tu as fini avec le livre ?
- Oui, oui, ça fait déjà un bon bout de
temps.
- Tu as aimé ?
- Oh ! j'ai trouvé l'histoire de ce blanc qui a
fini par épouser sa femme de ménage noire assez édifiante.
C' très spirituel, très profond, ce bouquin.
- Profond ?
- Ah oui, profond, même très profond. Et c'est
là tout l'intérêt du livre que de donner la priorité
au côté humain des personnages.
- Donc, tu approuves cette approche ?
- Mais complètement. Si seulement tous les hommes ne
pouvaient laisser ainsi parler leur coeur, le monde ne serait que meilleur.
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33
a)
b)
c)
d)
e)
f)
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Roody: Sak pase la a?
Thierry: Epòl mwen menn !
- Li pa dejwente menn?
- M pa konnen. M pa kwè. Talè !
Talè ! Roody menn. Nou mèt kontinye jwe wi.
- M ap gade si ma tounen.
- Pa manyen, pa manyen fò menn. Talè !
talè ! atansyon.... E ou konn sak pi mal la menn ? m pa menn
kwè m gen dekontraktil non menn.
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b)
c)
d)
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g)
h)
i)
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Odénie : Sak pase la a ?
Thierry: Epòl mwen m tonbe sou li.
Roody: Oke. M ap antre anndan gad si m
wè medikaman an menn.
Odénie : m gen on remèd ki ka
pase doulè a plop plop wi.
Thierry: Sa l ye la a?
Odénie : M ka rale l pou ou
avèk on pomad ki fèt espesyalman pou sa.
Roody: Ou kwè l ap bon ?
Odénie : Ou mèt fè m
konfyans. Tann mwen on ti moman.
Thierry: Oke.
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35
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b)
c)
d)
e)
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g)
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l)
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Roody: Ou kwè l ap mache menn?
Thierry: M pa konnen. Antouka...
- Paske gen famasi m ka toujou al eseye achte medikaman.
- Non, non, m vle eseye Roody.
- Men machin nan la a, m tap nèk ale m tounen rapid
wi.
- Kite l eseye Roody. De tout lèfason m vle eseye
Roody. Kite l eseye.
- Ou fè l konfyans?
- Oke.
- Bon... Ebyen de tout lèfason m ap retounen al jwe
match la.
- Oke menn. Sèl bagay pa pèdi.
- M ap tire revanj pou ou, ou pa bezwen pè.
- A ! O ! a monchè Roody ou anraje
menn !
- Sorry menn.
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36
a)
b)
c)
d)
e)
f)
g)
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Thierry: Poko! Poko! Poko!
Odénie : Ou gen lè kapon !
...M pap rale l pou l fè ou mal. Men on sèl bagay sa a cho.... Li
fè w mal? Enh?
Thierry: Ça va.
Odénie : Kòman ou santi bra
a?
- Li pa fè m mal menmjan...oke !
- Ou wè sa? Talè konsa ou pap santi doulè
a menm.
- Men Odénie ? Odénie ? ...
Gade ! m pa kwè se remèd la Sèlman non kifè l
pa fè m mal ankò. Ou gen maji nan men w... Odénie ou gen
maji nan men w wi. Odénie? Odénie?...
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37
a)
b)
c)
|
Thierry: Odénie ou pa bezwen pè
m non. Si w wè m di w sa jodi a se paske m jis vle fè w konnen
jan m santi m. lè m avè w menn ou fè m santi m byen. Chak
fwa m tande w, chak fwa m gade w...Doudoun franchman, si sèlman m te ka
fè w santi... m te ka fè w santi sak nan fon kè m pou
ou...si sèlman...
Odénie : Thierry m fini tande !,
m fini !
Thierry: Ay ! Odénie !
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38
a)
b)
c)
d)
e)
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Marianne: Son bagay m pa renmen di moun, m te
pale w. Tout gason se menm, tout se salopri yo ye. Depi yo fin jwenn sa yo te
bezwen an, w ap chèche yo ou pap jwenn yo. An! Thierry fè w
deklarasyon? Eben m mèt tou rele w madan Thierry!
Odénie : Matant m konprann sa w di a
wi, e m panse w gen rezon. Men e si nou twonpe nou ? E si l pap bay
manti ? E si sa l santi nan kè l pou mwen an se tout bon vre ?
Se pa fòt mwen non matant... mwen menm... m renmen wè l, m renmen
tande l, m sansib pou li.
- E apre ? L ap toujou rele mesye Thierry, ou menm ti
Doudoun. Menmsi l ta renmen w vre tout moun ap konnen dèyè
kòb li w ye, dèyè non l. E li menm l ap rete yon ti
kòk kalite k ap chèche ti poulèt.
- Alòs matant sa moun ka panse pi enpòtan ke sa
Thierry gen nan kè l pou mwen, ke sa mwen menm mwen santi pou li,
m' ?
- Sa w santi a Doudoun, li nan fon kè w, sa moun yo
panse, li nan lari. E nan peyi isi, se lari k danse madigra.
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39
a)
b)
c)
|
Eddy: Wi, antre.
Odénie : Eskize m wi mesye Palmier. On
bagay m te bezwen esplike w, m pat vle deranje w.
- Antre, antre. Fèmen pòt la.
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40
a)
b)
|
Thierry: Yow Roody ! Ou kwè son
bon lide menn, afè al nan fèt Florence la ?
Roody: Ou pa kwè se on bon lide !
kite m di w menn, sanble se premye fwa nan vi m m resi dakò ak Sagine. M
pap ka rate ti fèt sa a patnè. M ap monte anwo a byen fre, byen
poze... Epi m avè w, map montre w kijan pou take care bagay yo. Se
mennaj ou, jodi a se fèt li, m pa wè rezon pou pa ta ale.
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a)
b)
c)
d)
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g)
h)
i)
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Eddy: Thierry?
Thierry: Oui papi.
- A quelle heure comptez-vous renter?
- Je sais pas. Peut être aux environs d'une heure.
- Soyez tout de même très très prudents
car les rues sont pas très sûres ces jours-ci. Ok. Quant à
toi, n'oublies pas que tu le fils d'Eddy Palmier, ok. Mes ennemis politiques
pourraient bien vouloir te causer du tort. Beaucoup d'attention !
- Ah papi ! tes ennemis politiques ont sûrement
d'autres chats à fouetter. Epi sûrement ou plen ti boubout nan
lari a.
- Ah ! quant à ça... Jou va jou vyen,
fòk sa chanje... On dirait que ta chemise est un peu
chiffonnée ? Oui, mais pourquoi ne pas demander à
Odénie de passer un fer là-dessus ?
- Ah ! papi, à cette heure ? je vais le
faire moi-même.
- Oui, mais, on a payé pour ça. Elle est
là pour ça. D'ailleurs, elle va nous laisser. Elle m'a dit tout
à l'heure que ses parents la réclament ; elle n'attend que
le retour de Sonia pour partir. Bon, quant à moi, il faut que j'aille
dormir. En sortant, n'oubliez pas de fermer la porte. Amusez-vous bien les
gars !
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42
a)
b)
c)
d)
e)
f)
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Roody: You are beautiful !
Florence: Thank you amour
Thierry: ...
Sagine: J'ai les hommes galants.
Florence: Je vous arrive.
Roody: D'accord.
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g)
h)
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m)
n)
o)
|
Roody: Yow Thierry, èske w wè
bèl grenn fanm sa a lòt bò a la a?
Thierry: Ki lide w?
- Kòman sa ki lide m nan menn? Chasè m ye m
wè jibye menn.
- Wè, wè, wè! M wè sa menn.
- Ou pa sou sa ou menm? Enh ?
- Bay vag.
- Enben oke. Mwen menm m al lachas. Na wè
talè.
- Oke, oke. Babay
- Yow menn, leydi a menn, m gen tan pran on bèk wi... w
ap gad flannè k voye flè bay madanm ou?
- Roody li sa a menn.
- «En espérant qu'avec ces quelques fleurs, notre
amour retrouvera toute sa fraicheur. Joyeux anniversaire amour !
signé Thierry. »... Kiyès ki fè w travay sa
a ?
- Piga se Florence nan foli chowòf li ki fè sa,
paske sa pa twò piti pou l fè.
- Ou kwè ?
- Non, men sérieusement sa pa twò piti pou l
fè, li pa twò piti pou l fè.
- M pa kwè l t ap pran chans sa a, li pa t ap pran
chans nan bagay sa a, Florence !
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a)
b)
c)
d)
e)
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h)
i)
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Sagine: Alors grand frère, ou poko di
m mèsi non. J'ai été bien obligée de sauver la face
pour toi, tu sais que je suis tellement prévenante... Antouka ou dwe m
sanven dola.
Thierry: Tann mwen Sagine...tann mwen...
franchman, pa di m se ou menm ki... tann mwen, vin bò isi, vin pale w.
Gade... gade... ou konnen se kenbe m m kenbe m pou m pa... anfen !
- Pou w pa kisa ? ou gen lè malad ! papa m ki
papa m li pa janm fè m bagay konsa non mwen menm.
- Ou konnen, se pi gwo erè misye te ka fè, pi
gwo erè l te ka fè franchman !
- Et puis mon cher, tu es un ingrat. M rann ou sèvis
epi w ap fè enteresant !
- Tann mwen, èske m te mande w sèvis ? si m
te bezwen voye flè se pa ou m t'ap mande sa.
- Se sa, sa pa t ap janm pase nan tèt ou, ou se on
gwayil, on endiferan !
- Tann mwen, depi kilè bagay moun te enterese w konsa a
ou menm ? antouka ouap pale m de sanven dola, m tou di w m pap
remèt ou l. Epi kòm se ou menm ki te voye flè ba li, men l
la a w a al danse avè l, w a pase men nan tèt li pou mwen.
- Egare !
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d)
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g)
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Roody: So, Thierry, on va dire à
Florence que c' pas toi qui a envoyé les fleurs.
Thierry: Roody epa w ap pale fransè
kounye a? Ou sou?... Tann mwen kijan m pral fè di l sa? A ki
kouraj ? Epi sa sa ap itil mwen tou mwen menm ?
- You're right, ou gen rezon. Ret pran plezi ou menn.
Dayè anbyans la pa twò mal pase sa menn. Menmsi ou pran de twa
bèk, pran plezi w kanmen.
- Roody kijan m pral fè pran plezi m? M pat menm anvi
vini menm, dayè m pa menm kwè m ap rete.
- Men Thierry...?
- Anfèt Roody, gade, m kwè se premye fèt
ou depi w vin isit lan pa vre? So, m ka anpeche w pran plezi w menn. Mwen menm
m ap degaje m jwenn on woulib m ale. So, w a mennen Sagine vini menn.
- Thierry?
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o)
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Odénie : O ! Thierry sa w ap
fè la a ? lè sa a !
Thierry: M mèt antre ?
- O ! m pa kwè son bon lide non, sa w
bezwen ?
- Non se sèlman on bagay m gen pou di w, m pap rete.
- Non ! non ! tann on ti moman, tann on ti moman.
- Papa m di m ou pap rete nan kay la, poukisa ?
- M byen regrèt sa men se vre wi.
- Li di m se se fanmi w ki voye chache w, men ki lè
tout sa gen tan fèt la a ?
- M oblije ale Thierry, m oblije ale.
- Menmsi m mande w pou rete ? ...Odénie m vle w
rete, m mande w pou rete... Epa w pa di anyen ?
- Pa anvi m anvi ale non Thierry. M apresye tout sa nou
fè pou mwen, sitou ou menm ki rive konsidere m tankou on zanmi, m pat
menm panse sa te ka rive jiskela menm. Men, lavi sa a mande sakrifis.
Fò m ale !
- Odénie ou gen lè pa konprann ? Se pa fi k
ap travay lakay mwen an non m mande pou rete. Se sèl fi ki fè
solèy lanmou limen nan kè m wi Odénie.
- Lanmou Thierry ! Fè kwa twa fwa sou bouch tande
pitit !
- Ou su map bay manti Odénie ! Ou su map bay
manti !
- Bon e si se te vre ? Se pou m ta ale pi vit !
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47
a)
b)
c)
d)
e)
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Sagine: Odénie genlè kite
limyè nan chanm li an limen.
Roody: Et alors ?
- Kòman sa et alors ? Kounye an swa lap gaspiye
kouran manman m nan oubyen kèk gason l ap resevwa anndan an.
- Li resevwa moun li vle lè l vle ma chère.
- Sa pitit sa a ap di m la a ? Nan kay manman m
nan ? M pral pou li.
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48
a)
b)
c)
d)
e)
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g)
h)
i)
j)
k)
l)
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Thierry: Sagine ! s'il-te-plait...
Sagine: Esplike m sa w ap fè la
a ?
- Et toi, qu'est ce que tu viens foutre ici ?
- Kòman sa m'ap fè la a ? Isi an ou ka di m
kay kiyès li ye ? Ou ka di m kay kiyès li ye ?...
Esplike m sa w ap fè la a Thierry !... Kòman ou pap
pale ? Di m byen, kòmsi...
Roody: Ann ale Sagine.
Sagine: Se sa, ou pat ka ret nan fèt
la pa vre? Fèt la te twò bon pou ou, ou te gen yon randevou isi
an, pa vre ?
Roody: Sagine ?
Sagine: Ou pa abitye a piblik lòt
bò an, ou pa abitye a sant lòt bò an, se sant bòn
nan ou ka vin pran, se sa ?... Se sak fè ou pat ka rete a, pale
non ?
Roody: Sagine ann ale !
Sagine: Lage m, lage m ou menm !
lage m! kite m regle afè lakay mwen.
Thierry: Roody ?
Sagine: Gade lè w non ou menm
(Odénie) ou pa ka ouvè djòl ou... Fout lage
m !
Roody: A ! ann ale !
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49
a)
b)
c)
d)
e)
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Odénie : Ase pou aswè a
Thierry !
Thierry: Odénie, pa okipe l, ou pa
bezwen okipe l.
- Mesye Thierry avan matmwazèl Sagine kòmanse
panse plis bagay toujou ou mèt ale, pito w ale, ale non !
ale !
- Ke w vle tande l ke w pa vle tande, ke w vle kwè l ke
w pa vle l, m renmen w Odénie.
- Ou renmen m Thierry ? Ou renmen m Thierry? Ou renmen
m !
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50
a)
b)
c)
d)
e)
f)
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Roody: Thierry? Aswè a pat bon menm.
Sagine gate tout filing ou. Puiske lè w vin la a gen pawòl anpil
sa yo.
Thierry: Roody menn, ou pa bezwen enkyete w,
ou pa bezwen bay tèt ou pwoblèm, de tout fason se pa fòt
ou menn.
- M pat dwe kite l al nan chanm sa a menn. E menm lè l
ta fin antre, m te sipoze fè l soti pi vit menn.
- Roody, ou pat ka konnen menn.
- E Odénie menn ?
- Roody aswè a m gen enpresyon... aswè a m fware
tout bagay menn. M gate tout bagay Roody. Aswè a m santi m ta tuye
tèt mwen menn.
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51
a)
b)
c)
d)
e)
f)
g)
h)
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Thierry: Odénie? Eskize m wi pou
yèswa.
Odénie : Sak fin fèt la fin
fèt nèt sa pa gen enpòtans ankò.
- M reflechi nan nuit la, lè m te di w m renmen w lan
se te a tout kè m wi.
- M ap travay lakay ou ! m ap travay avè w !
ou se moun lavil, grannèg Pòtoprens. Mwen menm se andeyò
wi m soti, andeyò m soti, andeyò kote k pa gen non ! Epi w
ap di m ou renmen m ! ou gen lè pa wè chimen k separe
nou !
- Si m bay tèt mwen on chans ? M pare pou m eseye,
m pare pou m eseye Odénie !
- Ou pare pou w eseye, eseye kisa ? Sa w vle menm
Thierry ? E si sa pa mache, kiyès ki pral peye sa ? Ou
menm ? Non Thierry ! Eskize m eskize m... Fò n ta pase
anpil mizè sou chimen sa a avan n ta rive kontre. Lèfini gen
twòp moun bò lakay pa w, twòp moun bò lakay pa m ki
pare pou met barikad. Sa pa t ap janm mache !
- Odénie, m pare pou m sote tout barikad.
- Thierry, ou fou ! ou fou nèt ! barikad yo
anpil, e barikad yo plis bò kote pa w ke bò kote pa m. w ap bouke
avan m, w ap kòmanse, w ap tonbe e w ap blije rete. Lèfini mwen
menm, m ap tann ou, m ap espere, m ap soufri. Non mèsi, m pito ale. M ap
tann kou Sonia tounen m ap vire dom m ale, m ap pati !
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a)
b)
c)
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w)
x)
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z)
aa)
bb)
cc)
dd)
ee)
ff)
gg)
hh)
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Odette: Je suis ravie d'être
rentrée. M te kòmanse fatige a vi lòt bò a. bagay
de cette question de fè vèsèl, ede moun sa a, bagay sa a
te kòmanse fatige m. m te kòmanse tounen on ti bòn. Quant
à vous, je vous ai apporté quelques affaires, je vous les donnes
une fois pour toute. Ça c' pour toi chéri.
Eddy: Tu es un ange ma chère.
Odette: Quant à vous, je vous ai
apporté des habits... mais aussi des montres. Vous vous entendez pour
choisir celle qui vous convient, mais elles se valent vraiment toutes les
deux.
Thierry: Merci.
Sagine: N'est ce pas que c'est à
Thierry que tu les donnes ?
Odette: Qu'est ce que c'est encore ça
Sagine ?
Thierry: Tiens donc Sagine !
Sagine: Il faudrait donner à chacun la
sienne maman.
Eddy: Sagine, quand même !
Thierry: Tu peux choisir, ok. Je prendrai
celle que tu n'aimes pas. Tu peux choisir.
Odette: Fòk nou fini ak chirepit la.
D'ailleurs avant mon départ c'était ainsi...
Sagine: Ce n'est pas pour la même
raison.
Odette: Je me fiche des raisons !
D'ailleurs, il n'y a aucune raison valable pour mettre à froid des
frères et soeurs en conflit. Je vous l'ai déjà dit.
Sagine: Ouais, c'ça !
fòk mwen sipòte tout bagay.
Odette: je ne vois pas ce que tu dois
supporter de si lourd pour être toujours en train de te
plaindre !
Sagine: Thierry pa vle mennen m nan bal,
fò m sipòte. Kounye a mwen jwenn Thierry nan chanm bòn nan
an plèn nui, sa a fò m sipòte l tou manman !?
Thierry: Ecoutez! écoutez! oke ban m
esplike nou. C' pas ce que vous pensez ok. C' pas ce que vous pensez. Se vre ke
m te al nan chanm Odénie, men on sèl fwa d'ailleurs !
Sagine: Il faut bien un début à
tout Thierry !
Thierry: Mais, tu ne peux pas te taire
à la fin !
Eddy: Thierry tu t'énerves, mais ceci
ne plaide pas du tout en ta faveur.
Thierry: Waw ! Mais papa regarde, c'est
que Sagine est toujours là à forger des tonnes d'histoires sur
les actes les plus innocents. Mais waw ! c' pas possible !
Odette: Tu ne nous as toujours pas dit ce que
tu faisais dans la chambre
d'Odénie.
Thierry: Manmie, ok. Florence fêtait
son anniversaire tu savais, pas vrai ? Ok. J'étais dans la
fête mais je me suis senti pas bien, j'ai laissé Sagine avec Roody
et puis en rentrant je me suis souvenu que Roody et Sagine n'avaient pas la
clé, ok. Donc je suis allé la donner à Odénie pour
qu'elle la leur rende. C' simple, il n'y a rien d'autre.
Sagine: M', e se pou sa w te byen enstale w
sou kabann li an ! anfen, ki moun w ap bay pawòl sa a la
a ?
Thierry: Waw ! des fois je me demande
comment tu arrives à fermer la bouche avec une langue pareille !
Eddy: Thierry, tu aggraves ton cas.
Thierry: Men papi, Sagine merite l,
enh ! mais j'étais seulement assis sur le lit.
Odette: Et ceci juste pour remettre des
clés.
Thierry: Wow ! Mamie, je voulais aussi
la remercier ok, parce que, en jouant au foot ball...disons... regarde... en
jouant hier je me suis... je me suis fracassé... j'ai eu quelques chose
à l'épaule ok. Alors Odénie m'a fait un massage avec un
petit remède peyi qu'elle avait avec elle, c' ça, je voulais
simplement la remercier Manmie.
Odette : Ça aurait pu attendre le
matin.
Eddy: Bon, il devait remettre les
clés, et puis merci ; ça peut se comprendre Après
tout.
Sagine: Nou tout la a kwè ke Thierry
se on ti sen l ye !
Odette: Thierry gen dwa pa on ti sen, men l
pa fou nonplis. Tu as juste un peu trop de bon coeur, je te l'ai
déjà dit. Pas trop de familiarité avec ces gens là.
Ou ba yo sa, yo pran sa, tu comprends ?... Epi ou menm Sagine, je ne
comprends pas que tu aies pu imaginer une histoire pareille. Thierry est ton
frère, tu devrais le défendre au lieu de raconter n'importe
quoi.
Sagine: Tout sa Thierry fè nou panse
se on bagay ki nòmal, se pa sa ? Ebyen ret swiv la, se la ou ye
manmi, ou rantre ou pral wè sa k ap pase nan kay la.
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b)
c)
d)
e)
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i)
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x)
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z)
aa)
bb)
cc)
dd)
ee)
ff)
gg)
hh)
ii)
jj)
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Odénie : Manje a sèvi
wi.
Odette: Mèsi...Gade, m te mete tout
rad sal mwen yo devan pòt la ou te pran yo?
- Wi madam.
- Ou te gen tan lave lòt rad yo ?
- M te kòmanse lave rad mesye a avèk rad Thierry
yo wi.
Sagine: Sa m tap di a !
Odette: Kiyès? Sak Thierry a? Sak
Thierry a? Se zanmi w? Se frè w? Se mari w ? Li te sou menm ban
lekòl avè w? Wouch ! fi sa a pran kay la !
Thierry : Manmie ? Manmie ?
S'il-te-plait ok ! s'il-te plait !
- Sagine a parfaitement raison. Fi sa a fin pran kay mwen
an !
- Elle peut m'appeler Thierry Manmie, il y a aucun mal
à ça.
Sagine: Riri aussi pendant que nous y
sommes !
Thierry: Bon de toute façon nou preske
gen menm laj.
Odette: Ce n'est pas une affaire d'âge
Thierry, c'est une question de rang. Ou te mèt on ti bebe fò l
konnen le l ap rele w fò l met mesye devan non w.
Thierry: C' stupide !
Sagine: Si c'était si stupide que
ça, Bondye li menm pa tap bay chak moun on men avèk senk
dwèt on gwosè ak on longè diferan.
Odette: Sagine a parfaitement raison ;
elle comprend bien les choses. Il y a une différence à marquer.
Thierry c' pour les amis.
Thierry: Et alors Manmie, Odénie pa ta
ka zanmi m ?
Odette: Ebyen w fin rive ! Semèn
pwochèn w ap mande m pouki l pa ka mennaj ou ?
Thierry: Et pourquoi pas manmie ?
Eddy: Thierry, je veux croire que tout ceci
n'est qu'une mauvaise plaisanterie.
Thierry: Mais papi, ça ne devrait pas
te choquer.
- Qu'est ce qui ne devrait pas me choquer ?
- L'autre jour nous parlions de ce livre qui traitait d'union
de deux personnes... je sais pas... de rangs différents.
- Un livre c'est un livre.
- Mais pourtant tu disais que...
- Ce n'est pas la même chose, je te dis.
- Mais papi, et ton fameux plan social construit sur les
valeurs de la république, liberté, égalité
fraternité ?
- Ah ! ça c'est pour le peuple.
- Je ne suis pas le peuple alors ?
- Non, le peuple c'est eux
- Qui suis-je alors ?
- Nous sommes l'élite intellectuelle de ce pays.
Odette: Silvouplè mezanmi ! bagay
la senp, pa tounen l an politik. Thierry a fou, fi a frekan, Sagine gen rezon.
Men m pral met lòd !
Thierry: Et si j'aime Odénie?
- Tu aimes Odénie ? Men li fou ! Li
fou ! wouy ! M ap met on fren nan sa. M ap voye fi a ale.
- Manmie, voye l ale epi m kite kay la !
|
54
a)
b)
c)
d)
|
Odette : Non, se pa vre ! Ou tande
Eddy ? Ou tande ?
Eddy : Petite crise existentielle, crise
d'adolescence, ça va passer. D'ailleurs c'est un garçon
très intelligent, Thierry.
- Annatandan ke sa pase, m pap pran chans, m ap voye ti
pèlen sa a ale.
- Sak pral okipe kay la ? Sois réaliste enh
chérie! Ou pa jwenn moun sa yo fasil ankò. E li di kou Sonia
tounen li prale. L'important c'est d'avoir Thierry à l'oeil
jusque-là.
|
55
a)
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c)
d)
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n)
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q)
r)
s)
t)
u)
v)
|
Roody: Ou sezi? Ou konnen menmsi ou ka kouri
pou tout moun yo, ou pa fouti kouri pou mwen.
Thierry: M konn sa. De tout fason m pa soti a
machin nan, ou tap fini pa jwenn mwen kanmen.
- Epi m t'ap al fè rele w wi papa. Ou wè pou jan
w soti a, swa manman w swa Sagine tap vin banm on... kanmen patnè.
- Yow Roody, m vrèman dezole menn. M gen enpresyon m
gache vakans ou. Kòmsi... non... se pou jan bagay yo vire a menn.
- Ou konnen m monchè, m la se kòmsi m pat la. M
vag kou chamo menn. Sa pa nui m... yow ! sak ap pase la a menn ? Yow
sa ka p pase la a menn ?
- Ann al chita... Finalaman Roody, menm ou menm ou kwè
ou ka konprann mwen menn ?
- Si m pa ka konprann ou, ou men k ta lakoz. Ou prèske
pa pale avè m ankò.
- Yow Roody, m renmen Odénie wi menn.
- Wè, e la m pèdi a menn. Kòmsi... depi
kilè ou te konnen w konsa ? Kòman ou fè konnen w
renmen l ? Ou wè, franchman menn, sanble se pou takinen paran w yo
ou fè sa. Paske m te sonje ou t ap di m ou gen pwoblèm ak manman
w, papa w, Sagine, Florence.
- Ou wè moun sa yo menn ? M gen pwoblèm
avèk yo nan tout sa yo bay enpòtans menn.
- Men Thierry menn, ann dakò, se pa lè
bèl lòv ap tonbe ak ti bòn nan nan kay la ou panse ou ka
fè yo chanje davi.
- Kòmsi... ou wè sa m santi a brother, li
egziste vre wi menn. E plis y ap eseye kraze l se plis m anvi pwoteje l. Ou gen
lè pa janm pran san w pou pale ak Odénie menn ?
- Ou pa t ap banm chans la.
Oke I`m sorry man, I' m sorry, oke, ou met kontinye
- Ou wè pandan dènye semèn sa yo menn, m
te pran plis tan pou m pale avè l, aprann konnen l. Semèn pase a
menn m te fè on lèt pou li pou l te voye bay fanmi l, m
kwè ou te konn sa. Epi menn ase souvan, lè m sot fè
spò sitou, jou ou konn ap ret fè parese nan nan kabann ou yo, m
konn kwaze avè l ki sot nan mache, epi nou tou fè wout la ansanm
menn. Ou wè, gen yon bagay ki dwòl menn, m gen enpresyon... ou
wè lè map pale avè l, m gen enpresyon m konn tout fanmi l,
manman l, ti sè l Loramiz ; on seri de moun m pa janm wè
menn, m janm kontre yo menm. Pafwa m santi m konn tout zòn kote l soti a
menn. Ou wè Odénie menn, son tifi k chaje a bèl rèv
menn, li gen kouraj, li gen espwa patnè.
- Franchman Thiery menn, m avoue w bagay yo pi grav ke tout sa
m ka imajine, menn.
- Yow ! fon ti tande m. m pa chwazi renmen Odénie
menn. Oke. M just konstate l. Son santiman m just wè k
parèt konsa. E franchman m pa vle tuye l, m pa vle tuye l san rezon
patnè, oubyen pou on pakèt rezon stupid menn... pale m de bagay
diskriminasyon menn.
- Mwen menm tou m kont diskriminasyon. Imajine w laba a jan
moun yo aji avè w. Imajine w ou gen dwa wè on seri de krezi fanm
blanch menn, on seri de krezi spanich...kòmsi se jis gade, pa touche. M
avoue w menn se premye fwa, pandan m laba a, se premye fwa m santi m blak, e
anplis de sa menn, m ayisyen menn. M sibi sa anpil laba a. m ka di w sak
diskriminasyon an menn. Men si pandan tout pwoblèm sa yo menn, si m
aprann ke gen de bagay fò pa jije sou aparans, youn nan sa k pi
enpòtan ke m aprann yo sèke gen de bagay fò w pa jije sou
emosyon menn. Paske gen de erè w ka fè patnè ou ka
regrèt li pou tout vi w.
- Tankou renmen on bòn, pa vre ? Tankou renmen on
bòn, ou ka regrèt li pou tout lavi w.
- Se pa sa menn, men fò w konprann ke son desizyon ou
pa ka nèk rete konsa w pran l menn. kòmsi son bagay pou pran ak
tèt poze. Fòk ou pran desizyon an ak konsyans ke apre sa pa gen
anyen kap menmjan ankò non menn. Anyen, anyen, anyen, anyen.
Kòmsi jan moun yo gade w, jan yo pale avè w, jan w ye lakay ou
menn, anyen pap menmjan, anyen.
- Yow Roody, m pa bay pèsòn regle anyen pou mwen
menn, m pa bay pèsòn regle anyen pou mwen, oke.
- Bon oke! Kòmsi, ou sansib pou manman ou pa vre ?
Mwen menm map reflechi... m pa wè kòman, menmsi ou ta
dènye jeni k egziste a menn, m pa wè kòman ou pral
fè pou di madanm nan sa san l pa aji sou sante l, sensèman
menn.
|
56
a)
b)
c)
|
Zanmi : O sak ap fèt la
mesye ? Sa n genyen n poze konsa a ? E pa pa gen baskèt ?
A ! pa di m se lach n ap fè la a !
Thierry : Ale nou prale.
Zanmi : Nèg yo gen lè pa
konn jwe tou. Kite balon an nan men nou.
|
57
a)
b)
c)
d)
e)
f)
g)
h)
i)
j)
k)
l)
m)
n)
o)
p)
|
Odénie : Thierry, m gen on bagay pou m
di w.
Thierry: Wi Odénie.
- Non pa isi a non. M konn on ti kote. M ap soti deyò
a, w ap swiv mwen.
- Odénie, m pat panse ou te konn bò isi a.
- Leswa m konn vin la a wi. M konn vin pran ti frechè,
m konn vin panse a moun mwen renmen.
- Papa m te konn mennen m vin pwonmenmen bò isi a wi,
lè m te piti. Sa fè lontan.
- Sa pa fè si lontan ke sa.
- Se poukisa ou mennen m la a ?
- M te tande tout sa k di maten an. Menmsi gen anpil bagay ki
te fè m mal anpil, men gen omwen on bagay ki efase tout doulè a.
Thierry, lè w t ap di w te renmen m nan m pat vle kwè non apre
tout sak pase a. Men apre tout sa ou di maten an, m oblije kwè.
- Odénie, yo pat ban m dwa renmen w, men kè m
pat mande lapèmisyon.
- Wi, men Thierry kote sa ap mennen nou?
- Odénie, m pè anpil wi.
- M pè tou Thierry, m pè tout sa m santi pou ou,
tout sa ou santi pou mwen. M pè pou tout bon wi. Si sèlman
bagay sa a se te on rèv.
- E si n eseye ? E si n fè rèv la
reyalize Odénie ?
- E si n ta eseye vre ? E si n ta fè kòmsi
se ou menm ave m ki egziste pa gen lòt bagay ki pi enpòtan ke ou
menm avè m, syèl la ak tè a.
- E si n eseye Odénie ? E si n eseye ?
|
58
a)
b)
c)
d)
e)
f)
g)
h)
i)
|
Roody: Wè
Odénie: Eskize m wi mesye Roody,
Thierry pa la ?
- Li dwe soti al fè spò. M kwè
l pa vle kwaze ak moun nan kay isi an.
- M ka mande w on ti sèvis?
- Wè, kisa?
- Wòkmann ou an la?
- M h, ou bezwen l?
- M ka antre ?
- Mèwi.
|
59
a)
b)
c)
d)
e)
f)
g)
h)
|
Thierry: Sonia? Ki lè ou antre?
Sonia : Talè a wi mesye
Thierry.
- E sante a ?
- Bon, m te fè kèk jou malad kounye a m
fè mye.
- Trè byen
- Ou wè Odénie ?
- Bon, depi m vini an m pa wè l non.
- Odénie ? Odénie ?
|
60
a)
b)
c)
d)
e)
|
Roody: M kwè l gen tan ale wi menn.
Thierry: Ale! Sa fè lontan Roody?
- Bon a lè l ye la a li dwe gen tan nan stasyon
- Stasyon ?
- Thierry ?
|
61
a)
|
Odénie (vwa) : Thierry, tanpri
padone m. M pap gen tan wè w m prale jodi a. l ap pi bon pou ou, l ap pi
bon pou mwen, l ap pi bon pou tout moun. Pa chèche wè avè
m tanpri. Avan m pati, fò m redi w sa m te di w yèswa a ak tout
kè m ; sa m te di w ak tout nanm mwen, ak tout
trip mwen ; m renmen w Thierry. Wi m fou pou ou, depi premye fwa, premye
jou. Chak fwa m wè w, chak fwa ou pase kote m, m santi mwen fèt
pou ou ou fèt pou mwen. Wi Thierry m renmen w, e se poutèt sa m
prale. Se paske m renmen w nou pap janm gen nouvèl. Lanmou nou met dife
nan fanmi w e si nou pèsiste pap ret kote pou n viv ankò... men m
pito kenbe nan kè m yon bèl istwa ki pa fini pase m al detwi lavi
nou toulèdè nan yon kochma san fen. M swete sèlman jou a
va rive kote pitit nou pap jwenn barikad ankò ; kote ya ka kouri
men nan men jouk yo bouke, kote ya ka met tèt ansanm, kote ya ka
bwè dlo lanmou nan menm kalbas.
|
5.2- Les tableaux
Tableau 1
Tableau de distribution des langues aux personnages
au regard de leurs rôles
Personnages
|
Rôles
|
# Unités
|
Langues utilisées
|
Eddy
|
Ø Père
Ø Mari
Ø Homme politique
Ø Intellectuel
|
6 - 14 - 21 - 24 - 32- 39 - 41 - 52 - 53 - 54
|
fr - fr - fr/cr - fr/cr
fr - cr - fr/cr - fr
fr - fr/cr
|
Florence
|
Ø Ex petite amie de Thierry
Ø Amie de Sagine
|
11 - 12 - 28 - 29
30 - 42
|
fr/cr - fr/cr - fr - fr
cr/fr - fr
|
Marianne
|
Ø Tante d'Odénie
|
1 - 27 - 38
|
cr - cr - cr
|
Odénie
|
Ø Femme de ménage des Palmier
Ø Nièce de Marianne
Ø Amoureuse de Thierry
|
3 - 4 - 7 - 9
16 - 17 - 19 - 20
21 - 25 - 27 - 31
34 - 36 - 37 - 38
39 - 46 - 49 - 51
53 - 57- 58 - 61
|
cr - cr- cr - cr
cr - cr - cr/fr - cr
cr - cr- cr - cr/fr
cr - cr- cr - cr
cr - cr- cr - cr
cr - cr- cr - cr
|
Odette
|
Ø Mère
Ø épouse
Ø Maîtresse de maison
|
2 - 3 - 5 - 6
9 - 10 - 14 - 52
53 - 54
|
cr - cr - fr - fr
cr - fr/cr - cr/fr -fr/cr
cr/fr - cr
|
Roody
|
Ø Ami de Thierry
Ø Etudiant haïtien venant de l'étranger
Ø Amoureux d'Odénie
|
13 - 21 - 23 - 26
33 - 34 - 35 - 40
42 - 43 - 45 - 47
48 - 50 - 55 - 58 59 - 60
|
cr - fr - cr - cr
cr - cr - cr - cr
fr - cr/fr - fr - fr/cr
cr - cr - cr - cr
cr - cr
|
Sagine
|
Ø Fille cadette des Palmier
Ø Soeur de Thierry
Ø Amie de Florence
|
5 - 8 - 11
14 - 15 - 21 - 28 29 - 30 - 42 - 44 47- 48 - 52 - 53
|
cr/fr - cr/fr - fr/cr - cr/fr - cr - cr/fr - fr/cr fr- cr/fr -
fr - fr/cr - cr/fr - cr - fr/cr - cr/fr
|
Sonia
|
Ø Femme de ménage des Palmier
|
2 - 4 - 7 - 16
18 - 19 - 59
|
cr - cr- cr - cr
cr - fr/cr- cr
|
Thierry
|
Ø Fils aîné des Palmier
Ø Frère de Sagine
Ø Ex petit ami de Florence
Ø Ami de Roody
|
5 - 6 - 8 - 9
10 - 12 - 13 - 15
17 - 19 - 21 - 22
23 - 24 - 25 - 26
31 - 32 - 33 - 34
35 - 36 - 37 - 40
41 - 42 - 43 - 44
45 - 46 - 48 - 49
50 - 51 - 52 - 53
55 - 56 - 57 - 59
60
|
cr/fr - fr - cr - cr
fr - fr/cr - cr - cr
cr - cr/fr - fr/cr - cr
cr - fr/cr - cr - cr
cr - fr - cr - cr
cr - cr - cr - cr
fr/cr - -- cr - cr
cr - cr - fr/cr - cr
cr - cr - fr/cr - fr/cr
cr - cr - cr - cr
cr
|
Josiane,
Junior,
Dario,
Zanmi
|
Négligeable
|
29 - 56
|
fr - cr
|
fr : français cr : créole
fr/cr : conversation commencée en français et
tournée en créole.
cr/fr : conversation commencée en créole et
tournée en français.
N.B Les langues inscrites à la quatrième colonne
correspondent horizontalement aux unités inscrites à la
troisième colonne.
Ce tableau présente la distribution des deux langues
aux différents personnages du film. Il permet de voir de façon
globale, l'utilisation de chacune des langues par les personnages. Il a
l'avantage de permettre le constat rapide du fait que certains personnages
s'expriment presque exclusivement en français et d'autres presque
exclusivement en créole.
Tableau 2
Tableau de présentation des langues
utilisées entre amis de sexe masculin
|
Roody
|
Thierry
|
13 - 23 - 26 - 33 - 34 - 35
cr cr cr cr cr cr
40 - 43 - 45 - 50 - 55 - 60
cr cr fr/cr cr cr cr
|
Ce tableau qui présente les unités ou les deux
amis de sexe masculin (Roody et Thierry) s'adressent l'un à l'autre,
permet de voir les langues qu'ils utilisent. En effet, on constate que Roody et
Thierry s`expriment beaucoup plus en créole qu'en français bien
qu'ils soient tous deux à même de parler le français. Sur
les douze unités où ils se parlent, tous sont en créole
à l'exception de l'unité 45 ou la conversation débute en
français et se termine en créole. Et même dans cette
unité qui comporte 7 sous-unités, seule la
sous-unité « a » est en français, toutes les
autres sont en créole. Il est donc clair que la volonté de
s'exprimer en créole entre eux est manifeste.
Tableau 3
Tableau de présentation des langues
utilisées entre amis de sexe féminin
|
Florence
|
Sagine
|
11 - 28 - 29
fr/cr fr/cr fr
30 - 42
cr/fr fr
|
Quant à ce tableau, il s'intéresse à la
langue utilisée entre les amis de sexe féminin (Florence et
Sagine). Il permet de constater qu'à l'inverse des garçons que
c'est le français qui tient lieu de medium principal de communication
entre les deux filles. Toutefois, il existe une alternance de sorte que la
conversation démarre en français et tourne en créole. On
constate aussi qu'il n'y a même pas une unité où elles se
parlent exclusivement en créole. Ici encore, la volonté pour que
les filles s'expriment en français est patente.
Tableau 4
Analyse de la langue des sentiments/émotions
exprimés par les personnages136(*)
(Valeurs qualitatives)
Catégorie
|
Créole
|
Français
|
Français/créole
|
Créole/français
|
S'ennuyer/
Regretter
|
5v - 5t - 11h - 11j - 11n - 12q- 13g - 14a - 17d - 21e - 22a -
45d - 50a - 50c- 50f - 52a - 52n
53r - 54a - 55j - 55m - 55r - 59a - 59d - 53hh
|
5s - 12s - 21m 21s - 21u- 24c- 24d - 52f - 52h 52i - 52m - 52o
53h - 53j - 53m 53aa -
|
5l - 5e - 11g -30g - 47c- 53q
|
47d - 52k - 52gg
|
Se fâcher
|
8b - 12o - 12p - 35l 43l - 43n - 44g 47e- 48m- 52p 52dd- 52ff
- 53gg
|
8d - 12g - 12r- 52e - 52s - 52u 52z -53v
|
5u - 12m - 41t
44e
|
12i - 12j - 12n 12x - 52aa
|
Se mettre en colère
|
44b - 44c - 44d
44f - 44h - 48b
48d - 48f - 48h
48j - 48l - 53f
53jj
|
48c - 52y
|
|
|
Ironiser
|
8a - 8e- 23d - 23j 15b - 45b -55m
|
11k - 53k
|
41f
|
23e - 23e
|
Etre content
|
13d - 13o - 21g
21n
|
11b - 11c - 11d 11e - 21i - 28a 28b - 28c -29f 30s - 30t- 30u
42d - 42e -52b
|
|
|
Tableau 5
Analyse de la langue des sentiments/émotions
exprimés par les personnages
(Valeurs quantitatives)
Catégorie
|
cr
|
fr
|
fr/cr
|
cr/fr
|
Total
|
%cr
|
%fr
|
%fr/cr
|
%cr/fr
|
Total
|
S'ennuyer/
Regretter
|
25
|
16
|
6
|
3
|
50
|
50
|
32
|
12
|
6
|
100
|
Se fâcher
|
13
|
8
|
4
|
5
|
30
|
43.34
|
26.67
|
13.34
|
16.67
|
100
|
Se mettre en colère
|
13
|
2
|
-
|
-
|
15
|
86.67
|
13.33
|
-
|
-
|
100
|
Ironiser
|
7
|
2
|
1
|
2
|
12
|
58.34
|
16.67
|
8.34
|
16.67
|
100
|
Etre content
|
4
|
15
|
-
|
-
|
19
|
21.05
|
78.95
|
-
|
-
|
100
|
Les tableaux 4 et 5 présentent, pour le premier les
valeurs qualitatives, et pour le second, les valeurs quantitatives de la langue
des sentiments et émotions exprimées par les personnages qui font
l'emploi des deux langues dans le film. Il s'agit ici de vérifier dans
quelle langue les personnages `bilingues' choisissent, ou trouvent naturel
d'exprimer tel ou tel sentiment. Si les valeurs qualitatives permettent de
voir dans quelles unités et sous unités les sentiments sont
exprimés, les valeurs quantitatives ont l'avantage de quantifier, et du
coup, permettre la comparaison des langues utilisées pour l'expression
de chaque sentiment. Les graphes qui suivent permettent d'apprécier de
plus près les valeurs inscrites dans ces tableaux.
5.3- Les graphes
Graphe 1
Graphe présentant la langue utilisée
pour exprimer les sentiments/émotions
Graphe 2
Graphe de comparaison de l'utilisation des deux langues
en fonction des sentiments exprimés par les personnages
En effet, comme il est dit plus haut, ces graphes permettent de faire
la comparaison des langues utilisées pour exprimer les différents
types d'émotions et de sentiments repères dans le film. Ils
donnent la possibilité de voir que certains sentiments sont
exprimés en créole à un fort pourcentage alors que
d'autres le sont fortement en français.
Chapitre VI
Analyse des résultats
Pour analyser les résultats ci-dessus
présentés, il faut se rappeler de la théorie des
représentations sociales d'une part, et d'autre part des objectifs du
travail.
En effet, comme il est dit précédemment, les
représentations sociales sont des « systèmes de
valeurs, de notions et de pratiques relatives à des objets, des aspects
ou des dimensions du milieu social, »137(*) Et ce système de
valeurs, de notions et de pratiques permet «la stabilisation
du cadre de vie des individus et des groupes, [...] et constitue un
instrument d'orientation de la perception des situations et
d'élaboration des réponses.»138(*).
Par conséquent, l'analyse doit d'abord chercher à
retrouver ce système de valeurs, de notions et de pratiques relatives
à l'utilisation du créole et du français dans le
film ; et aussi de chercher à comprendre en quoi ce système
constitue-t-il un instrument d'orientation et d'élaboration de
réponses. Elle doit ensuite, par rapport à l'objectif du travail
et en faisant ressortir ce système de valeurs et de pratiques,
déterminer la représentation qui est faite des deux langues.
En effet, au tableau I qui présente la distribution des
langues aux personnages en regard à leurs rôles dans le film, l'on
remarque que le créole et le français sont chacun
concentré chez des personnages particuliers. Le français, il se
retrouve concentré chez Eddy, Odette, Sagine, et quelque peu chez
Thierry. Quant au créole, il abonde et est même exclusif chez
Marianne, Odénie, Sonia. Alors comprend expliquer cette
distribution ? L'explication semble apparemment simple, mais cache
certaines subtilités. D'abord, les personnages chez lesquels est
concentré le français sont tous des personnes se trouvant
à un niveau plus ou moins élevé de l'échelle
sociale. Ce sont essentiellement les membres de la famille de Eddy
(Intellectuel, prétendant président de la République) et
leurs amis. A l'opposé les personnages chez lesquels le créole
domine sont ceux se retrouvant à un bas niveau dans l'échelle
sociale. Ce sont les bonnes (Odénie, Sonia, Marianne), mais
paradoxalement le créole se trouve concentré chez Roody et
même, à un niveau moindre, chez Thierry. Le tableau II permet de
comprendre ce paradoxe.
Déjà, il est clair que c'est le
« rôle social » du personnage, indiquant sa place
dans l'échelle sociale, qui détermine dans quelle langue ce
personnage est susceptible de prendre la parole. Ainsi, les personnes de statut
social élevé s'expriment en français et les personnes de
bas statut social s'expriment en créole.
Sur l'ensemble des conversations qu'elles engagent dans le
film, c'est seulement en trois fois que Odénie (deux fois) et Sonia (une
fois) s'expriment en français. On les retrouve dans 19e, 19g et 31d.
Cependant, à chaque fois, c'est toujours par des phrases nominales
comme : Bonne nuit, Pas très souvent.
Ce fait, c'est-à-dire la prise de parole en
français pour les personnes de statut social élevé et en
créole pour les personnes de bas statut social, se confirme quand les
premiers (personnes de statut social élevé) s'adressent aux
seconds (personnes de bas statut social). En effet, à la seule
circonstance où Eddy s'exprime totalement en créole (dans
l'unité 39) c'est pour s'adresser à Odénie ; trois
des quatre unités (2, 3 et 9) où Odette s'expriment totalement en
créole c'est pour s'adresser à Odénie et à Sonia,
la quatrième (54) c'est pour exprimer des sentiments négatifs.
Quant à Sagine les deux unités où elle s'exprime
exclusivement en créole c'est pour exprimer des sentiments
négatifs (la considération pour l'expression des sentiments sera
faite plus loin).
Quant au fait que le créole domine chez Roody (ami d'un
membre de la famille de Eddy) et chez Thierry, le tableau II permet d'en
trouver une première explication. En effet, ce tableau corrobore
l'hypothèse (qui a cours en Haïti) selon laquelle entre amis de
sexe masculin c'est le créole qui soit la langue de conversation, peu
importe s'ils sont à même de s'exprimer en français. Et
pour les amies de sexe féminin c'est plutôt le français qui
soit la langue de conversation. De fait, toutes les conversations de Sagine et
de Florence sont faites alternativement en français et en créole
avec une nette domination du français.
L'autre explication à la prédominance du
créole chez Thierry c'est le fait qu'il s'adresse beaucoup à
Odénie qui lui-même ne peut s'exprimer, d'après la logique
dégagée dans le film, qu'en créole. Il s'adresse à
elle dans les unités 9, 17, 19, 21, 25, 31, 34, 36, 37, 46, 49, 53 et
57.
Quant à la langue utilisée pour l'expression des
sentiments et émotions des personnages, c'est au tableau 3 (valeurs
qualitatives et quantitatives), qu'on doit se référer. Les
données de ce tableau permettent aussi de constater que les langues
diffèrent suivant qu'il s'agit de sentiments positifs ou de sentiments
négatifs.
En effet, des sentiments et émotions comme
ennui/regret, se fâcher, se mettre en colère et ironiser qui sont
des expressions négatives sont nettement plus en créole qu'en
français. Les sentiments ennui/regret sont exprimés à 50%
en créole contre 32% en français ; les personnages se
fâchent à 43.34% en créole contre 26.67% en
français, la colère est exprimée à 86.67% en
créole contre 13.33% en français et l'ironie exprimée
à 58.34% en créole contre 16.67% en français.
En revanche, avec 78.95% en français contre 21.05% en
créole, « être content » est près de
quatre fois plus en français qu'en créole. Les deux graphes
présentés plus haut permettent d'apprécier l'écart
qui sépare l'expression linguistique des sentiments.
Il en ressort donc que le créole est la langue des
sentiments négatifs (ennui/regret), des émotions dures et
sévères (se fâcher, se mettre en colère), et le
français la langue des émotions suaves et tendres.
Il se dégage donc, à travers le film, un
ensemble de notions que l'on peut formuler comme suit : 1) le
créole et le français sont deux moyens de communication
différents, 2) le créole et le français sont chacun fait
pour être employé par une catégorie de personnes bien
déterminée, 3) le créole et le français sont chacun
mieux approprié pour exprimer des sentiments particuliers, 4) le
créole est mieux approprié pour les conversations entre
garçons et le français pour les conversations entre filles.
Dans la représentation ces notions jouent le rôle
de connaissances que le sujet dispose sur l'objet de la
représentation. Ces connaissances remplissent à la fois
la fonction de savoir et la fonction d'orientation. Elles
remplissent la fonction de savoir car elles permettent au sujet de disposer
d'une certaine perception de l'objet et elles remplissent la fonction
d'orientation au sens où ces connaissances servent de guides
d'action pour le sujet vis-à-vis de l'objet.
On doit comprendre que ces connaissances sont
antérieures à la réalisation du film. Le film n'est qu'une
expression de ce que ses réalisateurs disposent de connaissances sur des
réalités de toutes sortes (dans le cas présent sur les
langues) ; et c'est ici qu'intervient la dimension constructiviste du
cinéma.
Par ailleurs, les réalisateurs n'inventent pas tout.
Les connaissances dont ils disposent sur une réalité
déterminée leur proviennent en grande partie de ce qu'ils ont
vécu dans leur société. Et c'est ici qu'intervient la
dimension réaliste du cinéma.
En tant qu'elles sont antérieures à la
réalisation du film, ces notions (qui forment la connaissance
sur l'objet) agissent comme cadre d'orientation, comme guide d'action, comme
réponses toutes faites dans la mise en oeuvre du mode d'emploi des
langues dans le film. Elles remplissent donc la fonction d'orientation.
Ces notions peuvent aussi intervenir à un stade plus
avancé pour justifier le comportement du sujet par rapport à
l'objet. Par exemple pour justifier que Odénie ne pouvait pas s'exprimer
en français parce qu'elle est analphabète ou que le
français se prête mieux à l'expression de la satisfaction
qu'à l'expression de la colère. Elles rempliraient dans ce cas la
fonction de justification.
En somme, ces analyses permettent de conclure qu'à
travers le film la représentation qui est faite du créole
est qu'il est la langue de petites gens, de gens à statut social peu
élevé ; que le créole est la langue de conversations
entre garçons (tous statuts confondus) et qu'il est la langue de
l'expression des sentiments et émotions durs, négatifs et
sévères.
Quant au français, il est
représenté comme la langue des gens de statut social
élevé, la langue de conversation entre filles et femmes (qui ont
un statut social plus ou moins élevé) et la langue de
l'expression des sentiments et émotions suaves et tendres.
Cependant, il faut remarquer que pour l'expression des
sentiments et émotions, il faut tenir compte du statut de l'individu
à qui la personne s'adresse car, toutes les expressions tendres de
Thierry à Odénie (expression d'amour) se font en créole.
Ce qui fait dire donc que les expressions tendres sont exprimées en
français quand la personne à qui l'on s'adresse a un statut qui
lui permet d'accéder au français.
En termes de comparaison des deux représentations l'on
remarque qu'une certaine pondération de supériorité est
attribuée au français au détriment du créole. En
effet, s'il est vrai que le créole parle par les « petites
gens » n'est pas en soi très différent du créole
parle par les gens a statut social élevé, le fait qu'aux yeux de
la société ces « petites gens » ne
représentent pas des modèles en termes de conditions et de formes
de vie, bref le fait qu'ils ne représentent pas « l'homme
idéal » la langue qu'ils parlent apparaît comme n'ayant
pas d'importance ou ayant peu d'importance.
Par ailleurs, rien ne peut expliquer le fait que le
créole soit si faiblement utiliser pour exprimer le contentement si ce
n'est une pondération de négativité. De fait, les
sentiments négatifs sont largement exprimes en créole et ceci par
les gens même qui s'expriment, en général, en
français. Ils s'expriment en français quand ils sont contents
mais quand ils se fâchent ou quand ils se mettent en colère ils se
tournent vers le créole. Il donc clair qu'à travers le film, se
dégage une répartition bien marquée des deux langues de
sorte que le français se présente comme une langue attrayante et
le créole comme une langue de rejet.
CONCLUSION
Comme il est dit au départ, cette étude de type
exploratoire se penche sur les représentations sociales du créole
et du français dans le film Barikad. Les données qualitatives et
quantitatives tirées de l'utilisation des langues dans le film montrent
que les deux langues sont différemment représentées. Le
créole représenté comme une langue de « petites
gens » et le français comme une langue de gens de statut
social élevé ; le créole comme langue de
garçons et le français comme langue de femmes ; le
créole comme langue de sentiments négatifs et le français
comme langue de sentiments positifs.
Dans le cadre théorique et conceptuel il est dit que
les représentations sociales sont enracinées dans un contexte
social, dans une structure sociale. Alors, il faudrait que d'autres
études se penchent sur le sujet pour trouver et expliquer les liens qui
existeraient entre ces représentations et la pratique linguistique
réelle du contexte de production du film, le contexte social
haïtien.
Il faut cependant faire remarquer qu'entre ces
représentations et chacune des langues, il n'existe pas de rapport en
soi, car l'on s'en souvient que « la réalité (la
langue) est représentée, c'est-à-dire appropriée
par l'individu ou le groupe, reconstruite dans son système cognitif,
intégrée dans son système de valeurs
[...] »139(*)
L'on comprend donc que rien dans la langue ne fait qu'elle soit plus
attribuable à tel ou tel statut social plutôt qu'à un autre
ou qu'elle soit plus masculin que féminin et vice-versa ou encore
qu'elle soit plus propre à l'expression de telle ou telle autre
émotion. Il ne s'agit que d'une "forme de pensée
sociale".
Par ailleurs, il n'est pas indiqué de considérer
ces représentations comme étant celles que le cinéma
haïtien fait du créole et du français. Autrement dit, il ne
faut pas extrapoler ces résultats à l'ensemble du cinéma
haïtien. Le film Barikad ne saurait à lui seul exprimer les
représentations qui sont faites dans l'ensemble des films. Un tel
travail nécessiterait que l'on considère un échantillon
de films qui soient représentatifs de l'ensemble ; et donc beaucoup
plus de ressources financières et matérielles devraient
être mobilisées. Dans ce travail il s'agit plutôt, comme
dans toute étude exploratoire, de considérer un cas afin de
déblayer le terrain pour les éventuelles recherches à
venir. En plus d'alléger les prochaines études sur les
représentations dans d'autres films, ce travail offre un important
raccourci à d'autres chercheurs qui voudraient approfondir ce travail ou
qui voudraient faire n'importe quel autre type de recherche sur ce film.
Bien que modeste ce travail permet de montrer combien le
terrain de recherche en communication est vaste. Les films, les
vidéoclips, les musiques et autres productions culturelles sont des
objets de recherches immenses. Elles constituent une mine de données
qui dorment. Il faut des études pour les retrouver et les
interpréter. A défaut d'une communauté scientifique
structurée comme c'est le cas dans bien d'autres pays, les
étudiants pourraient bien investir ce vaste champ et effectuer les
travaux de base qui serviront sans doute à des recherches plus
élaborées, plus pointues.
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Liste des sites web consultés
http://fr.wikipedia. Org/wiki/Cin%C3%A9ma
http : //bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm
* 1
Michaëlle LAFONTANT-MEDARD dans
INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, Conjonction, nos
158-159, juin- sept. 1983, p. 39
* 2 Jean-François
DORTIER, Dictionnaire des Sciences Humaines, Paris, Ed.
Sciences humaines, 2004, p. 398
* 3 Pierre
BOURDIEU, Ce que parler veut dire. Economie des
échanges linguistiques, Paris, Fayard, 1998,
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* 4 P.
BOURDIEU, idem
* 5 Franck
NEVEU, Dictionnaire des sciences du langage, Paris, Armand
Colin, 2004, p. 174
* 6 Ferdinand
DE SAUSSURE, cité par Claude HAGEGE,
Halte à la mort des langues, Paris, Odile Jacob, 2002, p. 36
* 7 André
MARTINET, Eléments de linguistique
générale, Paris, Armand Colin, col. Cursus, 4e
édition, 2005, p. 20
* 8 Albert
VALDMAN, cité par Marie Léane
BOBRUN, Langue, communication et société :
obstacles à l'utilisation du créole comme langue officielle
d'Haïti après 1987, mémoire de sortie, FASCH-UEH,
P-au-P, 2002, p. 31
* 9 Marie
Thérèse ARCHER, La créologie haïtienne.
Latinité du créole d'Haïti, P-au-P, Le Natal, 1987, p.
7
* 10 Marie-Christine
HAZAEL-MASSIEUX, «Théories de la genèse des
créoles» dans La linguistique : Les créoles,
Paris, PUF, Vol. 41, fascicule 1, 2005, p. 25
* 11 M.T
ARCHER, op. Cit. p. 8
* 12 Dialecte du nord de la
France
* 13 Jules FAINE
cité par Sauveur Pierre ETIENNE, Le
créole dans la radiodiffusion à Port-au-Prince et son impact sur
la population de `Pont-Rouge', P-au-P, mémoire de sortie, FASCH-UEH,
1990, p. 37
* 14 Pradel
POMPILUS, La langue française en Haïti,
Thèse de doctorat, P-au-P, Fardin, 1981, p. 16
* 15 André
Vilaire CHERY, Dictionnaire de l'évolution du vocabulaire
français en Haïti dans le discours politique, économique et
social du 7 février 1986 à nos jours, P-au-P, Edutex, Tome I,
p. 96
* 16 J.-F.
DORTIER, Le langage. Nature. Histoire et usage, Paris, Ed.
Sciences humaines, 2001, p. 5
* 17 La forme écrite
était calquée sur la graphie de la langue française.
* 18 Jeannot
HILAIRE, L'édifice créole en Haïti, Fribourg
(Suisse), Edikreyòl Tome III, 2002, p. 404
* 19 S. P. ETIENNE,
op. cit. p. 39
* 20 J.
HILAIRE, op. cit. p. 405
* 21 S. P.
ETIENNE, op. cit. p. 40
* 22 Le titre du journal
officiel de Saint-Domingue
* 23 Pauris
JEAN-BAPTISTE, «spécial créole
haïtien », dans INSTITUT
FRANÇAIS D'HAITI, Conjonction, nos 161 - 162, mars- juin
1984, p. 18
* 24 P. JEAN-BAPTISTE,
idem
* 25 Certains auteurs
rapportent que le premier janvier 1804 Dessalines a fait une allocution au
peuple en créole. Voir S. P. ETIENNE, op. cit. p.
41
Le 20 mai 1805, lors de la proclamation de la Constitution
impérial, Dessalines aurait prononcé un discours en
créole. Aussi retrouve-t-on le texte d'un discours prononcé en
créole par le président Salomon le premier mai 1889.
Voir Christophe Philippe CHARLES, Pawòl
kreyòl. Literati kreyòl an Ayiti 1750-2000/La littérature
haïtienne d'expression créole 1750-2000. Histoire et
anthologie, P-au-P, Ed. Choucoune, 2000, p. 281
* 26J.
HILAIRE, op. cit. p. 415
* 27J.
HILAIRE, idem
* 28P. JEAN-BAPTISTE,
op.cit., p. 19
* 29 M. T.
ARCHER, op .cit. 1987, p. 80
* 30 P. JEAN-BAPTISTE
dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, op. cit. p.
21
* 31 CENTRE OECUMENIQUE
DES DROITS DE L'HOMME, Constitution de la République
d'Haïti 1987/ Konstitisyon Repiblik Ayiti 1987, article 5, P-au-P,
Deschamps, 1997, p. 4
* 32 A. V.
CHERY, op. cit., Tome I, p. 96
* 33 Collette
LESPINASSE, Communication en Haïti en 1994 :
Réalités, contraintes et perspectives, UNICEF, 1994, p.
33
* 34 Jean-Pierre
ARSAYE,
Français-Créole/Créole-Français. De la
traduction. Ethique. Problèmes. Enjeux, Paris, Presses
universitaires créole (GEREC-F), l'Harmattan, 2004, p. 161
* 35 Jean-Claude
BAJEUX, Mosochwazi pawòl ki ekri an kreyòl
Ayisyen/Anthologie de la littérature créole haïtienne,
P-au-P. Ed, Antilla, 1999, p. xii
* 36 Saint-Domingue est le
nom que les français ont donne la partie de l'ile que l'Espagne leur
céda en 1697. C'est cette partie qui deviendra plus tard Haïti.
* 37 A son
débarquement dans l'ile en 1492, Christophe Colomb la baptisa Espanola
(Hispaniola, en français) en souvenir de l'Espagne. Les habitants
d'alors de l'ile l'appelèrent : Ayiti, Kiskeya ou Bohio.
* 38 Ile située au
nord d'Haïti et faisant partie du territoire haïtien.
* 39 Le 1er
janvier 1804, avec la proclamation de l'indépendance vis-à-vis de
la France, Saint-Domingue allait redevenir Haïti, nom que les
habitants précolombiens de l'ile lui avaient donné.
* 40 Ce devrait être
un choix puisque la forme écrite du créole existait bien avant
1804 ; un texte officiel comme la proclamation de La liberté
générale des esclaves le 29 aout 1793 est rédigé en
créole. A leur place, les héros de l'indépendance ne
pouvaient ne pas être en connaissance de ce texte. Peut-être
voulaient-ils être compris par le monde entier en rédigeant l'acte
en français.
* 41 P.
POMPILUS, Le problème linguistique haïtien, P-au-P,
Fardin, 1985, p. 78
* 42 P.
POMPILUS, op. cit. p. 14
* 43 Frantz
LOFFICIAL, Créole-français : Une fausse
querelle ? Bilinguisme et reforme de l'enseignement en Haïti,
Lassalle (Québec), Imp. Payette & Simms, 1978, p. 39
* 44 P.
POMPILUS, op. cit. p. 52
* 45 A.
VALDMAN, « Vers un dictionnaire scolaire bilingue pour le
créole haïtien », dans La linguistique : Les
créoles, Paris, PUF, Vol 41, fascicule 1, 2005, p. 87
* 46 P.
POMPILUS, la langue française en Haïti, P-au-P,
Thèse de doctorat, Fardin, 1985, p. 20
* 47 P.
POMPILUS, Le problème linguistique haïtien,
p. 56
* 48 P.
POMPILUS, idem
* 49 P.
POMPILUS, idem
* 50 P.
POMPILUS, idem
* 51 F.
LOFFICIAL, op. cit. p. 47
* 52 Pierre
VERNET dans Raphaël CONFIANT et Robert
DAMOISEAU, A l'arpenteur inspiré, Mélanges offerts
à Jean Bernabé, Matoury (Guyane), Ibis Rouge Editions, 2006,
pp 51-76
* 53 P.
VERNET, op. cit. p. 59
* 54 L'étude a
été réalisée sur les quotidiens Le
Nouvelliste, Le Matin (édités en
Haïti) et les hebdomadaires haïtiens Haïti
observateur, Haïti en marche et
Haïti Progrès (édités aux
Etats-Unis mais distribués en Haïti).
* 55 P.
POMPILUS, op. cit. 1985, p. 56
* 56 F. LOFFICIAL
, op. cit. p. 47
* 57 P.
POMPILUS, Le problème linguistique haïtien, p.
16
* 58 P. POMPILUS,
idem
* 59 Cette assertion est bien
plus fréquente dans le cas de l'anglais.
* 60 J.-F.
DORTIER, Dictionnaire des Sciences Humaines, p. 731
* 61 Varena
AEBISCHER et Dominique OBERLE, Le groupe
en psychologie sociale, Paris, Dunod, 1998, p. 61
* 62 Il faut noter que cette
bibliographie date 1994. Dans l'intervalle, d'autres recherches encore sont
réalisées.
* 63 Serge MOSCOVICI
dans Denise JODELET, Les représentations
sociales, Paris, PUF, 5e édition, 1989, p. 80
* 64 D.
JODELET « Représentation sociale :
Phénomènes, concept et théorie » dans S.
MOSCOVICI, Psychologie sociale, Paris, PUF, 1984, p. 357
* 65 S.
MOSCOVICI, «Des représentations collectives aux
représentations sociales: éléments pour une
histoire » dans D. JODELET, op. cit., p. 79
* 66 S.
MOSCOVICI, La psychanalyse, son image et son public,
p. 1
* 67 S.
MOSCOVICI, cité par Gustave-Nicolas
FISCHER, Les concepts fondamentaux de la psychologie
sociale, Paris, Dunod, 1996, p. 125
* 68 D.
JODELET, « Représentation sociale:
Phénomènes, concept et théorie » dans S.
MOSCOVICI, Psychologie sociale, p. 361
* 69 Jean-Claude
ABRIC, Pratiques sociales et représentations, Paris,
PUF, 1994, p. 8
* 70 C'est nous qui nommons
et soulignons.
* 71 D.
JODELET, op. cit., p. 362
* 72 J.-C
ABRIC, op. cit., p. 13
* 73 J.-C
ABRIC, op. cit., pp. 12-13
* 74 D.
JODELET, op. cit. p. 362
* 75 Vladimir
JEAN-CHARLES, Représentation des pratiques sexuelles des
hommes hétérosexuels de 17 à 55 ans et les risques
d'infection au VIH/SIDA dans les milieux défavorisés,
mémoire, FASCH, p. 38
* 76 V.
AEBISCHER et D. OBERLE, op.
cit. p. 166
* 77 J.-C.
ABRIC, op. cit., 1994, p. 12
* 78 V.
AEBISCHER et D. OBERLE, op.
cit. p. 163
* 79 J.-C.
ABRIC, op. cit. p. 13
* 80 J.-C.
ABRIC, « L'approche structurale des représentations
sociales : développements récents » dans
Psychologie et société, no 4, p. 82
* 81 Claude
FLAMENT, « Structure et dynamique des représentations
sociales » dans D. JODELET, op.cit, p. 226
* 82 J.-F.
DORTIER, Dictionnaire des Sciences Humaines, p. 731
* 83 J.-C.
ABRIC, op. cit., p. 82
* 84 J.-C.
ABRIC, op. cit., p. 83
* 85 Hérold
TOUSSAINT (dir.), L'Armée et la presse écrite en
Haïti. Approche psychosociologique, P-au-P, Imprimeur II, p. 37
* 86 J.-C.
ABRIC, op. cit., p. 82
* 87 J.-C.
ABRIC, Pratiques sociales et représentations, p. 25
* 88 J.-C.
ABRIC, op. cit., p. 16
* 89 MUGNY et
CARUGATI, cités par J.-C ABRIC, op.
cit. p. 16
* 90 J.-C.
ABRIC, op. cit., p. 17
* 91 J.-C.
ABRIC, op. cit., pp. 17-18
* 92 wikipedia.
Org/wiki/Cin%C3%A9ma
* 93 Idem
* 94
Bibliothèque Laffont des grands thèmes, Le
cinéma, art et industrie, Paris, Robert Laffont-Gramont, 1975
* 95 Warren K.
AGEE et al, Introduction aux communications de masse,
Bruxelles, De Boeck Université, 1989, p. 311
* 96 W. K.
AGEE et al., idem
* 97 Georges
SADOUL dans wikipedia. Org/wiki/Cin%C3%A9ma
* 98 Grande
Encyclopédie Larousse, Paris, 1973, pp. 2877-2880
* 99 Grande
Encyclopédie Larousse, Paris, 1973, pp. 2877-2880
* 100 wikipedia.
Org/wiki/Cin%C3%A9ma
* 101
Famille, l'âge industriel de la culture, Italie,
Editions des connaissances S. A, 1971
* 102 Dictionnaire
encyclopédique Larousse, Paris, 1994, p. 227
* 103 M.
LAFONTANT-MEDARD, « spécial cinéma
haïtien », dans INSTITUT FRANÇAIS
D'HAITI, Conjonction, nos 158-159, p. 14
* 104 M.
LAFONTANT-MEDARD dans INSTITUT FRANÇAIS
D'HAITI, op cit., p. 19
* 105Arnold
ANTONIN, «Films et vidéos : Le cinéma en
Haïti », dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI,
Conjonction, no 206, 2001, p. 87
* 106 A.
ANTONIN, dans INSTITUT FRANÇAIS
D'HAITI, idem
* 107 M.
LAFONTANT-MEDARD dans INSTITUT FRANÇAIS
D'HAITI, op cit., p. 39
* 108 A.
ANTONIN, dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, op.
cit., p. 88
* 109 Pour les dates et
réalisateurs des films, voir A. ANTONIN, dans
INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, op. cit., pp. 92-93
* 110 A.
ANTONIN, dans INSTITUT FRANÇAIS D'HAITI, op.
cit., p. 90
* 111 S. KRAKAUER
dans Edgar MORIN, Sociologie,
Paris, fayard, 1984, pp. 387-406
* 112 André
BRAUN-LARRIEU cité par Jacques
DURAND, « La représentation de la
réalité économique et sociale au cinéma »
dans Revue internationale de filmologie, Tome XI, no 36-37, janvier-juin
1961, pp. 21-32
* 113
Bibliothèque Laffont des grands thèmes, Le
cinéma contemporain, Robert Laffont-Gramont, Paris, 1975, pp.
34-35
* 114
Bibliothèque Laffont des grands thèmes, idem.
* 115 Jacques
DURAND, « La représentation de la
réalité économique et sociale au cinéma »
dans Revue internationale de filmologie, Tome XI, no 36-37, janvier-juin
1961, pp. 21-32
* 116 J.
DURAND, idem
* 117 Jacques
DOFNY (dir.), Sociologie et société- Pour une
sociologie du cinéma, Presses universitaires de Montréal,
Vol. 8, no 1, avril 1976
* 118 Sylvain
GIROUX, Méthodologie des sciences humaines. La recherche en
action. Montréal, ERPI, 1998, p. 197
* 119 S.
KRAKAUER cité par Edgar MORIN,
Sociologie, Paris, Fayard, 1984, p. 387
* 120 E.
MORIN, op. cit., p. 387
* 121 DE
KETELE et ROGIERS (1996) cités par Luc
ALBARELLO et al., « Apprendre à chercher »
dans Pierre Maxime NICOLAS, Méthodologie II -
Méthodes qualitatives et quantitatives, Port-au-Prince,
département de communication sociale-FASCH-UEH, Session
été 2006
* 122
Andrée LAMOUREUX, Une
démarche scientifique en sciences humaines. Méthodologie,
Laval (Québec), Etudes vivantes, 1992, p. 162
* 123 A.
LAMOUREUX, op. cit., p. 164
* 124 Roger
MUCCHIELLI, L'analyse de contenu des documents et des
communications, Paris, ESF éditeur, Col. Formation permanente, 1998,
p. 45
* 125 Les discours en
anglais sont cependant apparus comme ils ont été prononcés
dans la retranscription-découpage en vue de permettre de comprendre le
fil de l'idée développée dans la conversation mais ne sont
pas pris en compte dans l'analyse.
* 126 Cité par
Madeleine GRAWITZ, Méthodes des sciences
sociales, Paris, Dalloz, 1996, p. 551
* 127 M.
GRAWITZ, ibid. p. 551
* 128 Raymond
QUIVY et Luc Van CAMPENHOUDT, Manuel de recherche
en sciences sociales, Paris, Dunod, 1997 p. 231
* 129 R.
QUIVY et L. V. CAMPENHOUDT, ibid., p. 231
* 130 R.
QUIVY et L. V. CAMPENHOUDT, idem
* 131 Le general
inquier est un système d'analyse de documentaire utilisé au
Massachusetts Institute of Technology (E.U.A). Il se caractérise (comme
le système Syntol développé en France) par la
possibilité d'une analyse automatique du discours 9sur machine
électronique0, en tenant compte d'un certain nombre de relations
syntaxiques entre éléments. Voir Marie-Christine
d'UNRUG, Analyse de contenu. De L'énoncé à
l'énonciation, Paris, Ed. Universitaires, 1974, p. 53
* 132 M.
GRAWITZ, op. cit., p. 552
* 133 M.
GRAWITZ, idem
* 134 R.
QUIVY et L. V. CAMPENHOUDT, op. cit., p.
233
* 135 R.
QUIVY et L. V. CAMPENHOUDT, ibid., pp.
233-234
* 136 Les personnages :
Odénie, Sonia et Marianne ne sont pas pris en compte à cause de
leur très faible utilisation du français.
- Les chiffres correspondent aux unités et les lettres aux
sous-unités correspondant aux chiffres placés à l'avant.
* 137 S.
MOSCOVICI, cité par Gustave-Nicolas
FISCHER, Les concepts fondamentaux de la psychologie
sociale, Paris, Dunod, 1996, p. 125
* 138 S.
MOSCOVICI, idem
* 139 J.-C.
ABRIC, Pratique et représentations sociales, p.
12
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