2 - 2 : LE SECTEUR INDUSTRIEL
Depuis la fin de la seconde Guerre Mondiale, le
développement a été exclusivement associé au
processus d'industrialisation. Les pays africains, après
l'indépendance ont mis en place des structures industrielles pour
promouvoir leur développement. Ces industries leur permettaient
d'exporter non seulement des matières transformées, mais aussi
des produits manufacturés.
Cependant, malgré que les résultats fussent au
début prometteurs, l'Afrique n'a toujours pas trouvé sa place
dans les échanges internationaux. Elle ne produit que des biens de
consommation et produit peu ou pas de biens d'équipements. Elle ne
produit encore qu'une faible part des articles industriels qu'elle consomme et
perd des parts du marché mondial.
La croissance industrielle est passée de 8 % dans les
années 60 à moins de 1 % dans les années 90.
Des enquêtes portant sur 345 entreprises montrent que le
continent devient un cimetière d'usines. Car en quelques années,
il ne restait plus que 195 qui fonctionnaient dans de mauvaises conditions, 79
étant totalement arrêtés. On assiste alors à un
processus de désindustrialisation.
La création de liens privilégiés entre la
CEE et les pays ACP, visant à ouvrir largement les frontières de
la CEE aux produits industriels des pays ACP sans limitation de
quantité, et sans droits de douane (alors que les non ACP paient des
droits de douane de l'ordre de 10 à 20 %) n'a pas eu les effets
escomptés.
En effet, on constate que de nombreux pays non ACP, notamment,
ceux d'Asie et d'Amérique Latine concurrencent avec succès les
productions africaines. En 1987, la CEE a importé des textiles pour 62
milliards d'écus, dont seulement 0,7 milliard en provenance des ACP.
Il y a un échec des entreprises publiques et
privées, ainsi que des gouvernements africains qui n'ont pas su
créer un environnement favorable pour le développement des
industries et à l'accroissement de leur productivité. L'Afrique
n'a pas su créer les conditions de la productivité de ses
entreprises.
Dans la plupart des pays africains, hormis quelques
entreprises qui bénéficient d'une protection naturelle,
l'industrie édifiée depuis 1960 et même parfois celle
édifiée avant 1960 se sont effondrées.
De toute façon, avant l'effondrement, l'industrie
africaine n'avait jamais joué qu'un rôle très marginal sur
les marchés mondiaux. Elle y est maintenant presque inexistante. Non
seulement trouver dans un pays occidental un produit manufacturé
africain est une gageure, mais trouver un produit manufacturé africain
en Afrique est entrain de le devenir, tant ce continent est désormais
envahi par des produits d'autres régions, notamment made in Asia.
Il n'y a pas de domaine où l'échec de l'Afrique
ait été plus visible que celui de l'industrie. Alors que les pays
du nord et quelques pays du sud sont engagés dans une compétition
industrielle et commerciale sans merci, l'Afrique au sud du Sahara paraît
observer, étrangère, sur le bord de la route de l'histoire, cette
course qui n'appartient pas à son monde.
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