Approche psychanalytique de Hugo Barine dans les mains sales de Jean Paul Sartre( Télécharger le fichier original )par Gonkapieu Joseph Gueu Institut National Supérieur des Arts et de l'Action culturelle ( INSAAC- Abidjan-COTE D'IVOIRE) - Maîtrise en Théâtre 2009 |
CHAPITRE IVCHAMP D'ORIENTATION ET PRESENTATIONDE LA METHODE D'APPROCHEPSYCHANALYTIQUEEn considérant les définitions que nous avons données au sujet de la psychanalyse, nous pouvons retenir que la psychanalyse est une discipline qui vise à expliquer tout ce qui est de l'ordre de l'inconscient dans les paroles, les actions, les productions imaginaires d'un individu donné. Dès lors « l'approche psychanalytique » serait l'étude explicative des phénomènes inconscients issus de la décomposition des éléments psychiques du sujet. Parallèlement à d'autres disciplines scientifiques, la psychanalyse a connu une évolution pour parvenir à ce qu'elle soit aujourd'hui. Ses procédés techniques ont eux aussi connu beaucoup de changement. 1. La méthode cathartique et la méthode de la simple suggestion Dans ses débuts, la psychanalyse était basée sur la méthode cathartique. Celle-ci fut trouvée à la suite de l'examen d'une malade nommée Anna O... Anna O... fut une hystérique tout à fait exemplaire. Elle était soignée par le Dr Breuer, ami de Freud. Jeune (elle avait vingt et un an), intelligente et belle, elle avait vu ses troubles apparaître après la mort de son père. Le symptôme le plus étonnant était sa capacité de passer d'un état conscient ou elle était normale et pleine de vivacité à un autre état de conscience, où elle avait le comportement d'une petite fille insupportable et mal élevée. Breuer, en examinant sa patiente, avait découvert que chaque fois que Anna O... évoquait un symptôme et qu'elle en trouvait la cause, le symptôme disparaissait. Ainsi naquit une technique que Breuer appela « catharsis » ce qui signifie « purge de l'âme » ; cette méthode est tirée de la catharsis d'Aristote au sujet de la tragédie. Ce fut la première méthode. Au fil du temps Freud va renoncer à la méthode hypnotique. Il lui substitue : « La simple suggestion (aidée par un artifice technique une pression sur la main du patient) destinée à convaincre le malade qu'il va retrouver le souvenir pathogène ».26(*) Finalement, l'inquisiteur de l'inconscient ne recourra plus à la suggestion ; il se fiera tout simplement à une autre méthode avec de nouveaux procédés techniques : plus d'hypnose, plus de main sur le front. Cette méthode s'appelle la méthode ou la règle de la libre association suivie de l'interprétation. 2. La méthode de la libre association S'agissant de la méthode de la libre association il convient de mentionner l'origine de ce concept. Les idées, disait Aristote, « sont associées par contiguïté, esimilarité et contraste ». Plusieurs d'autres philosophes ont, depuis, développé le concept d'association d'idées, mais c'est à Freud que revient le nouvel élan donné à l'usage de ce concept et son utilisation comme technique de base dans la psychanalyse. Freud « se rendit compte qu'il était possible de déduire des éléments d'information sur les déterminants inconscients du comportement, en encourageant l'association libre et sans restriction chez les patients... »27(*) La méthode de la libre association, enfin, est la règle fondamentale. Maurice Bouvet l'énonce ainsi : « Le sujet, mis dans les meilleures conditions pour que puisse se dérouler librement le jeu de sa pensée, doit verbaliser sans aucune idée préconçue et sans rien omettre, tout ce qui lui revient à l'esprit : non seulement les pensées, les images, mais aussi les affects, les envois, les sentiments, tout aussi bien d'ailleurs que les impressions sensorielles ou sensitives dont il est objet ».28(*) De façon plus claire, cette règle consiste à exprimer sans discrimination toutes les pensées qui viennent à l'esprit (mort, nombre, image, rêve, représentation quelconque) soit à partir d'un élément donné soit de façon spontanée. L'interprétation qui s'en suit désigne une mise en évidence du contenu latent du récit d'un patient. Elle vise le «désir et le fantasme » qui se formulent dans toute production inconsciente. S'agissant de la libre association, elle fut d'une grande utilité dans l'élaboration de la théorie freudienne. Freud en l'utilisant dans son auto analyse permet à l'humanité de ne jamais s'étonner devant un quelconque comportement mais à travers des procédés techniques résultant de cette méthode de savoir l'interpréter, et ce afin d'y remédier. Elle permet à Freud d'étudier Oedipe-Roi de Sophocle, trouvant là une explication à son comportement d'enfance : l'amour pour le parent de sexe opposé et les sentiments de haine envers le parent de même sexe. C'est en ces termes qu'il s'explique : « J'ai trouvé en moi comme partout ailleurs des sentiments d'amour pour ma mère et de jalousie envers mon père, sentiments qui sont, je pense, communs à tous les jeunes enfants. S'il en est bien ainsi, on comprend, en dépit de toutes les injonctions rationnelles qui s'opposent à l'hypothèse d'une inexorable fatalité, l'effet saisissant d'Oedipe-Roi .Chaque auditeur fut un jour en germe, en imagination un Oedipe et s'épouvante devant la réalisation de son rêve transposé dans la réalité, il frémit suivant toute la mesure du refoulement qui sépare son état infantile de son état actuel ».29(*) Il en est de même pour la dynamique des états psychologiques en clinique. C'est le fait de Le Roi Lear de Shakespeare. Cette pièce révèle « la mise en oeuvre des mécanismes psychologiques puissants, mobilisant les tréfonds de l'âme».30(*) Notons que la « folie » du Roi permet d'expliquer ce mécanisme clinique. Ces découvertes sont de l'histoire de Lear, dans l'analyse de son comportement. Voilà ce qui nous conduit vers la méthode d'approche psychanalytique pour analyser le personnage de théâtre. Ainsi, contrairement au malade en clinique qui raconte tout ce qui lui vient à l'esprit, c'est l'histoire du personnage, ses rapports avec les autres, son cadre de vie, ses actes posés, qui constitueront notre support analytique. Pour ce faire, une lecture seconde est nécessaire et obligatoire. Cette technique est analogue à celle de la libre association. Mieux c'est son adaptation à l'étude théâtrale. Ensuite un autre procédé obligatoire s'impose : l'interprétation. Pourquoi un tel comportement ? Qu'est ce qu'il signifie pour le psychanalyste ? Quel rapport peut-il y avoir entre l'inconscient et l'acte posé ? * 26 Vocabulaire de la Psychanalyse, Op. Cit, P. 61 * 27 Cité par le professeur Kazemi Zekrullah, L'Image de la Culture dans Fraternité Matin, Thèse de 3e cycle, Décembre 1989 * 28 Maurice Bouvet, OEuvre Psychanalytique, T. II « Résistances, transfert », Paris, Payot, 1968, P. 22 * 29 Freud cité in Hamlet et oedipe d'Ernest Jones, Paris, éd. Gallimard, 1982 * 30 La théâtralité. Etude Freudienne, op. Cit, P. 40 |
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