Approche psychanalytique de Hugo Barine dans les mains sales de Jean Paul Sartre( Télécharger le fichier original )par Gonkapieu Joseph Gueu Institut National Supérieur des Arts et de l'Action culturelle ( INSAAC- Abidjan-COTE D'IVOIRE) - Maîtrise en Théâtre 2009 |
Conclusion PartielleTout au long de cette première partie de notre travail, nous avons remarqué que la maîtrise d'un certain nombre d'éléments techniques ou méthodes d'analyse contribue à une meilleure compréhension de l'oeuvre dramatique. Ainsi, abordant l'oeuvre théâtrale Les Mains Sales, nous pouvons révéler dans un premier temps que Sartre a donné une dimension existentialiste, caractéristique de sa pensée fondamentale. Selon Sartre la liberté est une donnée existentielle. C'est en vivant que l'homme donne sens à sa vie. En dépit de cette considération d'ordre philosophique, nous avons jugé utile de mettre l'accent sur les éléments dramaturgiques de l'oeuvre en vue d'en faire une analyse. L'oeuvre présente une structure ambiguë. Cette ambiguïté témoigne d'une grande habileté de la part de l'auteur de se démarquer des règles classiques dans la perspective d'une nouvelle dramaturgie. De même le refus de la psychologie, de l'intrigue, du réalisme, la vertu de l'écriture par l'auteur de Les Mains Sales est une preuve l'inscrivant véritablement dans la nouvelle dramaturgie. Ce type de dramaturgie, loin de toute forme de règle en matière d'écriture, donne la latitude au créateur de ne pas se laisser guider par une force qui lui est extérieure. Enfin, quant à l'idéologie qui se dégage, il nous paraît important de souligner que l'oeuvre présente des traits de caractères propres au marxisme. A cela s'ajoute aussi les grandes stratégies communistes qui en résultent. Avant de développer notre thème, il nous semble important de donner un aperçu du concept de la psychanalyse. « J'ai éprouvé autant de fatigue, de souci, d'intérêt et de passion pour certains personnages de théâtre que pour les patients que je soignais comme psychiatre. » Yves THORET : La Théâtralité. Etude freudienne, Paris, Dunod, 1993. DEUXIEME PARTIE BREF APERÇU DU CONCEPT DE LA PSYCHANALYSE CHAPITRE I DEFINITIONS, HISTOIRE ET VOCABULAIRE DE LA PSYCHANALYSE Parler de la méthode d'approche psychanalytique revient à parler de la psychanalyse, Et ce dans le but de nous permettre de prendre connaissance avec elle pour mener à bien notre étude. Partant donc de ce fait, ce chapitre sera dominé par de différentes définitions et de l'histoire de la psychanalyse, d'un aperçu des caractéristiques du psychisme humain, de la signification psychanalytique des actes manqués, de la sexualité infantile et de la conception psychanalytique des maladies mentales pour aboutir enfin au choix de la méthode qui nous sera utile dans notre analyse. Certes, cette démarche paraît quelque peu fastidieuse mais nous la jugeons utile. Car elle va nous permettre de nous familiariser avec un certain nombre de concepts utilisés dans le domaine de la psychanalyse avant même l'analyse du personnage de Hugo Barine. 1. Définitions de la psychanalyseLa meilleure définition qu'on puisse donner de la psychanalyse est sans doute celle qu'avait énoncée Freud en 1922 : « La psychanalyse est le nom :1) d'un procédé d'investigation des processus psychiques qui autrement sont à peine accessibles ; 2) d'une méthode de traitement des troubles névrotiques qui se fonde sur cette investigation ;3) d'une série de conceptions psychologiques acquises par ce moyen et qui fusionnent progressivement en une discipline scientifique nouvelle.»18(*) A la lumière de ces définitions, le terme désigne tout à la fois une démarche de connaissance du fonctionnement psychique, une thérapeutique et une théorie. Chacun de ces concepts demande cependant à être précisé. § La psychanalyse est « Un procédé d'investigation des processus psychiques qui autrement sont à peine accessibles».19(*) Par «processus psychique », on entend à peu près tout ce qui se passe au niveau du psychisme. Mais qu'est ce que le psychisme ? La meilleure réponse est sans doute de considérer qu'en tout être humain fonctionne ce que Freud a à juste titre nommé un « appareil psychique », c'est-à-dire un système organisé, qui obéit à certaines lois de fonctionnement et sert un certain nombre de buts (ce sont ses «fonctions»). Les processus psychiques, désignent tout ce qui peut survenir au sein de l'appareil psychique : sensations, émotions, raisonnements logiques, etc. Aussi faudra-t-il savoir que la démarche que Freud désigne comme «psychanalyse » porte sur ces processus dit « autrement à peine accessibles » parce que, à la différence d'autres approches, il considère que pour une large part, ces processus sont inconscients, c'est-à-dire restent inconnus du sujet lui-même. § La psychanalyse est « une méthode de traitement de troubles névrotiques qui se fonde sur cette investigation ».20(*) Le terme « névrose » est hérité de la psychiatrie du XIXe siècle. A cette époque l'on croyait que ces troubles (de l'humeur, de la pensée, de la conduite) étaient dus à une « inflammation des nerfs », mais aujourd'hui cette conception naïve est abandonnée et le terme « névrosé » désigne des troubles de l'appareil psychique. S'agissant des névrosés Freud fait deux distinctions possibles à savoir, d'une part «les psychonévroses» (hystérie, phobies) et d'autre part les «névroses actuelles» développées sous l'impact d'un traumatisme violent, d'une privation sexuelle insupportable, etc. § la psychanalyse est aussi « une série de conceptions psychologiques acquises par ce moyen et qui fusionne progressivement en une discipline scientifique nouvelle ». 21(*)Autrement dit, un corps de connaissances, patiemment élaboré, qui s'efforce de rendre compréhensibles des phénomènes observables (les processus psychiques) tout en assurant au mieux sa cohérence interne ; et ceci par des démarches rationnelles. Maintenant essayons de donner un aperçu de l'histoire de la psychanalyse. 2. Histoire de la psychanalyse La psychanalyse a pour fondateur Sigmund Freud, un viennois né en 1856 et mort en 1939. Il est l'inquisiteur de l'inconscient. Il faut rappeler que pendant ses études, Freud a suivi le cursus suivant : neurologie, hypnose, étude clinique des troubles de langage. Il a travaillé avec le Docteur Joseph Breuer à qui il attribue personnellement la paternité de la psychanalyse. Ce ne fut pas facile pour Freud de faire accepter sa méthode thérapeutique à son entourage. Pour Freud la méthode cathartique utilisée par Joseph Breuer qui consiste à mettre le patient sous hypnose afin de découvrir l'origine des symptômes hystériques est un procédé incertain car elle ne permet de réduire que temporairement les contractures hystériques. Face à une telle position entre Joseph Breuer et Freud le divorce sera désormais consommé. A ce procédé Freud va désormais ajouter la méthode cathartique sans hypnose. Ce procédé consiste à favoriser la remémoration en invitant le patient à dire librement ce qui lui vient à l'esprit. Parallèlement Freud pense aussi qu'à travers cette démarche thérapeutique il faudra accepter l'importance de la dynamique sexuelle dans le développement de la psychopathologie. Chez Freud il faut faire la différence entre la sexualité comme processus dynamique qui part de la naissance à l'adolescence et la sexualité comme union des sexes. Cette approche permettait de comprendre également ce qu'est la phobie nommée hystérie d'angoisse. Pour faire émerger sa conception, Freud s'est mis à former des disciples, et les premières écoles de psychanalyse commençaient à se créer en Europe et en Amérique. Depuis lors, la psychanalyse a envahi d'autres disciplines de connaissances. Ainsi pouvons-nous énumérer entre autres : l'éducation, la littérature, les arts en général et le théâtre en particulier. Les travaux psychanalytiques continuent sans répit dans toutes les directions. 3. Bref aperçu du vocabulaire des termes psychanalytiques En dehors de certains termes que nous avons définis préalablement nous présentons ici d'autres termes que l'on rencontre en psychanalyse. C'est le fait de repousser ou de maintenir dans l'inconscient des représentations (pensées, images et souvenirs) liées à une pulsion. Il se produit quand la satisfaction d'un besoin risquerait de provoquer du déplaisir à l'égard d'autres exigences. Selon Freud « la théorie du refoulement est la pierre d'angle sur quoi repose tout l'édifice de la psychanalyse ».22(*) Ce sont un « Ensemble organisé de représentations et de souvenirs à forte valeur affective, partiellement ou totalement inconscient. Un complexe se constitue à partir de relations interpersonnelles de l'histoire infantile ; il peut structurer tous les niveaux psychologiques : émotions, attitudes, conduites, adaptées».23(*) Il y a des complexes très utiles pour la psychanalyse : le complexe d'Oedipe (ensemble organisé de désirs amoureux et hostiles que l'enfant nourrit à l'égard de ses parents). Le complexe d'infériorité (ensemble des attitudes, des représentations et des conduites qui sont des expressions plus ou moins déguisées d'un sentiment d'infériorité); le complexe d'Electre (terme employé par JUNG comme synonyme du complexe d'Oedipe féminin pour une symétrie chez les deux sexes de l'attitude à l'égard des parents). Le complexe de castration, celui venant apporter une réponse à l'énigme que pose à l'enfant la différence anatomique des sexes (présence ou absence du pénis). Le garçon subit la menace paternelle en réponse à des activités sexuelles : d'où une intense angoisse de castration. Chez la fille, l'absence du pénis est ressentie comme un préjudice qu'elle cherche à nier, compenser ou réparer. C'est la voie royale qui mène à l'inconscient. C'est l'accomplissement d'un désir. C'est un scénario imaginé à l'état de sommeil. L'analyse de son contenu nous fournit le contenu latent de ce scénario. C'est la représentation imaginaire de la réalisation d'un désir, qui ne tient pas compte de la réalité. C'est la fonction psychique inconsciente qui fait barrage à l'entrée dans le système conscient des formations du système inconscient. Freud rapportera ensuite cette formation de censure à l'activité d'une instance psychique particulier : le «surmoi». * 18 Freud cité par Roger Perron dans Une Psychanalyse Pourquoi ? Paris, Dunod, 2000, P 05. * 19 Idem * 20 Ibidem * 21 Ibidem * 22 Freud, S, L'interprétation des rêves, Paris, PUF, 1971, P. 64 * 23 Vocabulaire de la Psychanalyse, Paris, PUF, 1994, P. 197. |
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