Approche psychanalytique de Hugo Barine dans les mains sales de Jean Paul Sartre( Télécharger le fichier original )par Gonkapieu Joseph Gueu Institut National Supérieur des Arts et de l'Action culturelle ( INSAAC- Abidjan-COTE D'IVOIRE) - Maîtrise en Théâtre 2009 |
3.3. IDEOLOGIE DE L'OEUVRE : « Les Mains Sales »Sidibé Valy définit l'idéologie comme étant : « L'ensemble des idées forces qui fondent et sous tendent l'oeuvre dramatique de l'écrivain (...) Tout acte et en particulier l'acte de création est bien élaboré par l'artiste. La modulation des thèmes au niveau sémantique et l'exploitation que l'écrivain en fait répondent à une attitude idéologique. Ainsi, l'idéologie de l'artiste se fera- t-elle sentir souvent en filigrane sous chaque phrase voire sous chaque mot que l'écrivain produit. L'idéologie imprègne donc consciemment toutes les activités humaines aussi bien dans la pratique économique que dans la pratique politique ».17(*) Le traitement particulier de l'oeuvre Les Mains Sales de Jean Paul Sartre traduit une idéologie qui apparaît de manière explicite et implicite. Nous abordons maintenant l'idéologie explicite. 3.3.1. L'idéologie expliciteA la lecture, on constate que l'oeuvre est une simple mise en page des circonstances politiques et sociales qui étaient celles de la guerre et de l'occupation. Cette mise en évidence des conceptions de l'auteur, n'est aucunement gratuite et prétend régir toute conduite humaine. Mais en fait comment se traduit cette idéologie à travers l'oeuvre ? A présent essayons de présenter l'idéologie de Les Mains Sales. 3.3.1.1. Un théâtre de situation Le principe du théâtre Sartrien se fonde sur le concept de situation et non pas de destin ou de sort. Le concept de situation s'oppose à celui de caractère chez les personnages qui sont impliqués dans une histoire, voire une sorte d'aventure psychologique, morale ou politique qui leur impose des épreuves que ces personnages n'avaient ni prévues ni choisies et qui sont le fruit du hasard ou le fait du destin. La situation elle-même est l'ensemble des conditions dans lesquelles se trouve quelqu'un à un moment donné. De là, une extension du concept sous la forme de l'expression « en situation » abondamment employée par Sartre. Etre en situation signifie se trouver dans des circonstances réelles et concrètes, et non dans l'abstrait avec de surcroît la nécessité le plus souvent de résoudre au plus vite cette situation. Etre en situation c'est abandonner toute contrainte, donc d'être libre, quelles qu'en doivent être les conséquences. Dans le cas d'espèce, Sartre pose à travers les personnages de Hugo Barine et de Hoederer un dilemme de liberté en état de situation. Pour Hugo Barine être en situation signifie se libérer de toute forme de contrainte, soit-elle intérieure ou extérieure. Il n'y a pas de contrainte, là il peut tout faire, il doit seulement s'en convaincre lui-même. Il est également libre de toute responsabilité, il ne pense au fond qu'à lui-même. Etre en situation c'est pour lui être en opposition avec la réalité. La réalité il faut la surmonter à tout prix sinon on n'est pas libre. La conception de Hoederer, par contre, est une conception qui peut fonctionner en collectivité, tandis que celle de Hugo ne fonctionne que pour l'individu. Pour Hoederer, être en situation signifie avoir des moyens, des ressources. Etre en situation pour lui c'est penser non seulement à soi-même mais aussi aux autres. Même en mourant, il protège Hugo en mentant et en se déclarant responsable pour un acte qu'il n'a pas commis. 3.3.1.2. Un théâtre marxiste Les Mains Sales réunit tous les traits caractéristiques d'une pièce marxiste. Nous avons à cet effet tous les fondamentaux du credo marxiste. L'exploitation, l'injustice, la lutte des classes, l'incarnation du prolétariat dans le Parti qui de ce fait est infaillible, la nécessaire excommunion des opposants, la damnation éternelle des dissidents. 3.3.1.3. Un théâtre tragique Dans Les Mains Sales, le héros n'est pas le jouet d'une fatalité aveugle ; il ne s'avance pas dans la voie qui lui serait assignée par un destin hostile ou par une imprévisible décision, serait-elle flatteuse. Mais il est vrai que le tragique c'est lui-même qui le crée par une volonté parfaitement délibérée et nourrie par la double ambition d'être et du même coup d'être libre, ce qui est parfaitement conforme au postulat Sartrien « être, c'est être libre ». Cette double ambition l'amène à prendre ses responsabilités donc à s'affirmer dans un exploit qu'il lui faut accomplir à tout prix, s'il ne veut pas perdre la face et la vie. Donc le tragique, ici, est la conséquence d'un choix assumé et non pas celle du destin. * 17 Sidibé Valy, La Critique du pouvoir politique dans le théâtre de Bernard B. Dadié (1966-1980), Thèse de Doctorat de troisième cycle, Université d'Abidjan, 1984 |
|