Approche psychanalytique de Hugo Barine dans les mains sales de Jean Paul Sartre( Télécharger le fichier original )par Gonkapieu Joseph Gueu Institut National Supérieur des Arts et de l'Action culturelle ( INSAAC- Abidjan-COTE D'IVOIRE) - Maîtrise en Théâtre 2009 |
3.2.3. Le refus du réalismeSelon Sartre, le réalisme ne nous présente pas l'homme agissant, mais passif, mû par des forces qui le dépassent. Ce théâtre du déterminisme et de l'impuissance est le contraire du théâtre de la liberté et de l'action que revendique Sartre. Il précise tout de même que le théâtre doit refuser le quotidien et l'individuel. Les gestes et les objets, en effet, jouent un rôle important, bien qu'il soit souvent fait allusion au comportement quotidien des personnages (Hoederer fait son café et sa cuisine lui-même, il fume, il boit, etc.) À tel ou tel trait de leur physique (Hoederer a les yeux vifs, Hugo une mèche) personnages et objets demeurent cependant indéterminés. La présence de l'objet sur scène n'est pas, selon Sartre, nécessaire. Lorsqu'il est là son individualité ne compte (aucun renseignement sur la cafetière de Hoederer ou le revolver de Hugo). Nous ne connaissons des personnages qu'un très petit nombre de caractéristiques corporelles ou biographiques, le plus souvent disparates. Lorsque Hugo revient de sa première visite à Hoederer, Jessica lui demande un portrait de celui-ci. Nous sommes dans la plus pure tradition théâtrale qui retarde l'apparition du personnage principal et le présente au spectateur avant qu'il ne soit là. Seulement à l'inverse de ce qui se passe ordinairement, le portrait ici en forme de fiche d'identité est vide. Hoederer n'a pas de «signe distinctifs » (p. 61). Nous savons que Hoederer est un pseudonyme, qu'il a été député au Landtag et vivait chez un garagiste. Nous apprendrons qu'il a été marié et c'est tout. Biographiquement nous connaissons plus d'éléments concernant Hugo qui est à cet égard le personnage le plus `dessiné' : âge, origine, détails sur son enfance, date de son entrée au Parti et autres. Mais toutes ces caractéristiques restent dans une grande indétermination. Nous avons donc affaire à des personnages sans particularités. 3.2.4. La vertu de l'écritureSi le théâtre de Sartre est bien apprécié c'est à son style qu'il le doit, en particulier dans Les Mains Sales. On a apprécié la modernité de cette pièce, sa grande puissance d'impact qui tient avant tout à l'acuité et à l'intensité de la phrase sartrienne. Cette phrase est très éloignée, bien entendu, de la redondance15(*) oratoire de la tirade. En fait le style sartrien est à l'image de la situation de théâtre qu'il veut exprimer. Le théâtre de situation requiert un certain style qui n'est pas celui de la tragédie classique. Quels sont donc les caractères de ce style ? La phrase est simple, le champ lexical réduit, les mots sont bruts, sans la moindre valeur suggestive, mais fortement incisive. Ils expriment des réalités très nettes, et d'abord les termes précis, soit d'une conduite politique, soient d'une alternative ou d'un dilemme. Chaque mot de ce fait a une valeur décisive et exprime de lui-même la totalité de son sens. La phrase exprime des données d'un problème, le plus souvent sous une forme disjonctive, c'est-à-dire, en reliant les idées aux termes ou aux propositions de la phrase. * 15 Redondance : Caractère superflu de certains développements |
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