3.2. Nature et source des
données.
Pour atteindre les objectifs définis plus haut, les
données à utiliser sont des données primaires. Elles sont
collectées grâce à l'enquête à indicateurs
multiples (MICS 3) réalisée en 2006 avec l'appui financier de
l'UNICEF et de l'OMS d'une part et de l'appui technique de Macro International
Inc. L'enquête MICS fait partie du Programme Mondial d'Assistance de
l'UNICEF pour la collecte, le traitement et l'analyse des données
relatives à la survie, au développement et à la protection
de l'enfant. L'échantillon de l'enquête à indicateurs
multiples (MICS 3) a été conçu afin de fournir des
estimations sur de nombreux indicateurs de santé sur des enfants de
moins de 5 ans au niveau national, pour les zones urbaines et rurales et pour
les régions.
Trois types de questionnaires ont été
utilisés pour l'enquête MICS 3 à savoir : le
questionnaire du ménage, le questionnaire pour l'interview des femmes
âgées de 15 à 49 ans et le questionnaire destiné
à collecter les informations relatives aux enfants de moins de 5 ans.
3.3. Présentation et
analyse des résultats
Pour apprécier le niveau de bien-être infantile,
deux types d'analyses ont été effectuées : une
analyse descriptive des indicateurs primaires de la pauvreté infantile
et une analyse de l'incidence de la pauvreté infantile
3.3.1. Analyse descriptive des
indicateurs primaires de la pauvreté infantile
Plusieurs facteurs ont été retenus comme
indicateurs ou signes de pauvreté infantile au Togo. Ce sont : la
vitamine A , l'allaitement, les suppléments de vitamines, la
diarrhée, la toux, la fièvre, la vaccination ainsi que la
possession de carte de vaccination et de moustiquaire. Ainsi,une analyse a
été faite sur chaque indicateur sur le plan national, selon le
milieu de résidence, selon l'indice de richesse du
ménage et selon les régions économiques du
Togo.
3.3.1.1.Cas de la vitamine A
Sur le plan national, les données révelent que
82,3% des enfants ont reçu une capsule de vitamine A en 2006 contre
28,5% en 2003 en raison de 85,7% des enfants du milieu urbain contre 80,5% de
ceux du milieu rural. Selon l'indice de richesse du ménage , cette
proportion est de 78,4% pour les enfants des ménages très pauvres
contre 85,6% de ceux des ménages très riches alors qu'elle
était respectivement de 24,4% et 34,2% en 2003. Selon les régions
économiques, la région centrale présente la proportion la
plus forte (89%) suivie de Lomé (86,1%), elle est plus faible dans les
savanes (77,6%). Le niveau atteint par ces chiffres peut être dû
aux actions du gouvernement et les acteurs au développement
orientées vers les politiques de « santé de la
mère et de l'enfant ».
Tableau 5 : Répartition des enfants
selon la prise de vitamine A (en %) .
Indicateurs
|
Milieu de résidence
|
Régions économiques
|
Indice de richesse du ménage
|
Urbain
|
85,7
|
|
|
Rural
|
80,5
|
|
|
Lomé-commune
|
|
86,1
|
|
Maritime
|
|
81,2
|
|
Plateaux
|
|
77,7
|
|
Centrale
|
|
89,0
|
|
Kara
|
|
85,7
|
|
Savanes
|
|
77,6
|
|
Très pauvre
|
|
|
78,4
|
Pauvre
|
|
|
81,8
|
Moyen
|
|
|
80,3
|
Riche
|
|
|
85,9
|
Très riche
|
|
|
85,6
|
Source : Calcul à partir des
données du MICS3
3.3.1.2. Cas de la
diarrhée
Au Togo, en 2006 sur le plan national, en moyenne 15 enfants
sur 100 ont fait la diarrhée dans les deux dernières semaines
avant l'enquête contre 24,5% des enfants en 2003. Plusieurs études
en l'occurrence (OMS ,2004), (FAO,2005) ont montré que la
survenance des diarrhées est fortement liée au milieu ou au cadre
de vie. Ainsi, dans plusieurs pays, les ruraux sont plus enclins à faire
la diarrhée que les citadins et c'est ce schéma qui se
vérifie dans cette étude. En effet, selon le milieu de
résidence, 11,7% des enfants du milieu urbain contre 16,5% dans le
milieu rural ont fait la diarrhée les deux dernières semaines
avant l'enquête. Ceci peut s'expliquer par plusieurs facteurs en
l'occurrence, la qualité de l'eau de boisson, l'assainissement, la
défaillance dans l'hygiène alimentaire etc...
Quant à l'indice de richesse du ménage , 14,7%
des enfants des ménages très pauvres contre 10,3% de ceux des
ménages très riches ont fait la diarrhée. Selon les
régions économiques, Maritime (46,1%) présente la
plus forte proportion, suivie de Lomé (39,9%), alors que l'on rencontre
les plus faibles taux dans les plateaux (18,8%) et les savanes(13,6%).
Tableau 6 : Répartition des enfants
selon la survenance de la diarrhée (en %) .
Indicateurs
|
Milieu de résidence
|
Régions économiques
|
Indice de richesse du ménage
|
Urbain
|
11,7
|
|
|
Rural
|
16,5
|
|
|
Lomé-commune
|
|
60,1
|
|
Maritime
|
|
46,1
|
|
Plateaux
|
|
18,8
|
|
Centrale
|
|
19,9
|
|
Kara
|
|
16,1
|
|
Savanes
|
|
13,6
|
|
Très pauvre
|
|
|
14,7
|
Pauvre
|
|
|
17,4
|
Moyen
|
|
|
18,8
|
Riche
|
|
|
13,3
|
Très riche
|
|
|
10,3
|
Source : Calcul à partir des
données du MICS3
3.3.1.3. Cas de la fièvre
Sur le plan national, la proportion des enfants ayant fait la
fièvre dans les deux dernières semaines précédent
l'enquête est de 19,3% au Togo en 2006 contre 35,9% en 2003. Cette
proportion est plus forte dans le milieu rural (20,3%) que dans le milieu
urbain (17,2%). Considérant l'indice de richesse des
ménages, cette proportion est faible chez les enfants des ménages
très pauvres (15,7%) et plus élevée chez ceux des
ménages moyens (23,5%). Sur le plan régional, le taux le plus
élevé est enrégistré dans la région
centrale(54,1%) contre seulement 33,3% à Lomé. Les constats sur
tous les plans peuvent s'expliquer par les possibilités d'accès
des enfants aux moyens de prévention contre le paludisme dont la
fièvre est un indicateur.
Tableau 7: Répartition des enfants selon
la survenance de la fièvre (en %) .
Indicateurs
|
Milieu de résidence
|
Régions économiques
|
Indice de richesse du ménage
|
Urbain
|
17,2
|
|
|
Rural
|
20,3
|
|
|
Lomé-commune
|
|
33,3
|
|
Maritime
|
|
37,7
|
|
Plateaux
|
|
42,9
|
|
Centrale
|
|
54,1
|
|
Kara
|
|
50,3
|
|
Savanes
|
|
40,6
|
|
Très pauvre
|
|
|
15,7
|
Pauvre
|
|
|
23,3
|
Moyen
|
|
|
23,5
|
Riche
|
|
|
18,1
|
Très riche
|
|
|
16,3
|
Source : Calcul à partir des
données du MICS3
3.3.1.4. Cas de la
moustiquaire
Selon le sixième objectif des OMD, le pourcentage des
enfants de moins de cinq ans ne dormant pas sous une moustiquaire
imprégnée ne doit pas dépasser 5% ; en outre selon le
rapport de l'OMS(2005), le paludisme est la maladie qui frappe le plus le
continent africain et la moustiquaire reste le moyen de prévention le
plus efficace. C'est cet objectif qui a poussé les autorités
togolaises à faciliter l'accès de la moustiquaire dans les zones
les plus réculées surtout. Le résultat de cet effort en
est l'obtention d'une proportion de 41,5% d'enfants bénéficiant
de moustiquaire sur le plan national en 2006 dont 40,1% dans le milieu urbain
et 42,3% dans le milieu rural contre seulement 13% sur le plan national selon
les données de 2003. Sur le plan régional, Lomé-commune
(67,7%) et savanes (63,6%) ont enrégistré les plus forts
taux ; par contre les plus faibles taux ont été
enrégistrés dans les régions de la Kara (52,3%) et
Maritime (52,5%). Enfin, les enfants des ménages très pauvres ont
été les plus bénéficiaires (46,1%) contre 40,4% de
ceux des ménages riches.
Tableau 8 : Répartition des enfants
selon l'utilisation de moustiquaire (en %) .
Indicateurs
|
Milieu de résidence
|
Régions économiques
|
Indice de richesse du ménage
|
Urbain
|
40,1
|
|
|
Rural
|
42,3
|
|
|
Lomé-commune
|
|
67,7
|
|
Maritime
|
|
52,5
|
|
Plateaux
|
|
54,1
|
|
Centrale
|
|
63,5
|
|
Kara
|
|
52,3
|
|
Savanes
|
|
63,6
|
|
Très pauvre
|
|
|
46,1
|
Pauvre
|
|
|
43,2
|
Moyen
|
|
|
40,0
|
Riche
|
|
|
36,8
|
Très riche
|
|
|
40,4
|
Source : Calcul à partir des
données du MICS3
3.3.1.5. Cas de
l'allaitement
La proportion des enfants allaités est de 70,9% sur le
plan national dont 83,3% dans le milieu urbain et 69,6% dans le milieu rural.
Sur le plan régional, le nombre d'enfants non allaités est
très élevé. En effet, ce constat est fait dans la partie
septentrionale du pays où on note par exemple que 97,1% des enfants
n'ont pas été allaités dans la région de la kara,
95,6% dans les savanes et 92,2% dans la région centrale. Ce constat
pourrait s'expliquer principalement par un manque d'information de la part de
ces populations qui préfèreraient plus l'allaitement artificiel
à l'allaitement maternel.
Tableau 9: Répartition des enfants selon
l'allaitement (en %)
Indicateurs
|
Milieu de résidence
|
Régions économiques
|
Indice de richesse du ménage
|
Urbain
|
83,3
|
|
|
Rural
|
69,6
|
|
|
Lomé-commune
|
|
14,8
|
|
Maritime
|
|
13,8
|
|
Plateaux
|
|
5,8
|
|
Centrale
|
|
7,8
|
|
Kara
|
|
2,7
|
|
Savanes
|
|
4,4
|
|
Très pauvre
|
|
|
68,4
|
Pauvre
|
|
|
68,1
|
Moyen
|
|
|
73,7
|
Riche
|
|
|
70
|
Très riche
|
|
|
74,6
|
Source : Calcul à partir des
données du MICS3
3.3.1.6. Cas de la carte
de vaccination
En 2006, 84% des enfants enquetés possèdent une
carte de vaccination contre 81,5% en 2003 sur le plan national. On note alors
une légère amélioration qui se fait sentir dans les
milieux urbain (66,8%) et rural (55,2%) comparativement à 2003 où
ils étaient respectivement de66% et 54,9%. Dans l'ensemble, plus de la
moitié des enfants possède une carte de vaccination selon qu'on
fasse partie d'une part d'un ménage très pauvre (52,4%) ou
très riche (69,3%) et d'autre part selon qu'on soit d'une région
donnée où la plus faible valeur régionale est de 51,6% et
est enrégistrée dans la région centrale.
Tableau 10 : Répartition des
enfants selon la possession de carte de vaccination (en %) .
Indicateurs
|
Milieu de résidence
|
Régions économiques
|
Indice de richesse du ménage
|
Urbain
|
66,8
|
|
|
Rural
|
55,2
|
|
|
Lomé-commune
|
|
72
|
|
Maritime
|
|
69,5
|
|
Plateaux
|
|
75,7
|
|
Centrale
|
|
51,6
|
|
Kara
|
|
88,4
|
|
Savanes
|
|
63,8
|
|
Très pauvre
|
|
|
52,4
|
Pauvre
|
|
|
54,7
|
Moyen
|
|
|
56,1
|
Riche
|
|
|
63,9
|
Très riche
|
|
|
69,33
|
Source : Calcul à partir des
données du MICS3
3.3.1.7. Cas des
vaccinations
Si nous considérons l'ensemble des vaccinations,la
plupart des enfants ont bénéficié de la vaccination contre
la Polio (97,0%) alors que moins de la moitié (40,7%) ont
été vacciné contre la fièvre sur le plan national.
Ceci peut s'expliquer par l'accent mis par les autorités
médicales ces dernères anneés surtout sur les campagnes de
vaccination contre la Polio cherchant surtout à couvrir les zones
rurales. Ce qui laisse entrevoir une marge négligeable entre les enfants
du milieu urbain (98,3%) et ceux du milieu rural (96,5%) ayant
bénéficié de cette vaccination. Sur le plan
régional , 100% des enfants enquetés à Lomé
ont été vaccinés contre la Polio. Hormis la vaccination
contre la fièvre où moins de 50% des enfants ont
bénéficié dans toutes les régions, dans les autres
types de vaccinations les données ont révélé que
plus de la moitié des enfants en ont bénéficié.
D'autre part, ce même constat est également fait selon l'indice de
richesse du ménage.
Tableau 11 :
Répartition des enfants selon le type de vaccination (en %)
.
Vaccinations
|
National
|
Milieu de résidence
|
Régions économiques
|
Indice de richesse du ménage
|
|
|
Urbain
|
Rural
|
Lomé
|
Maritime
|
Plateaux
|
Centrale
|
Kara
|
Savanes
|
Très pauvre
|
Pauvre
|
Moyen
|
Riche
|
Très riche
|
BCG
|
83,5
|
90,0
|
80,6
|
89,1
|
79,8
|
87,9
|
85,0
|
75,9
|
83,9
|
78,9
|
76,7
|
83,2
|
87,1
|
94,4
|
POLIO
|
97,0
|
98,3
|
96,5
|
100,0
|
95,3
|
95,6
|
95,3
|
97,5
|
98,1
|
97,4
|
95,9
|
93,6
|
100,0
|
99,1
|
DT coq
|
71,6
|
73,6
|
70,8
|
69,5
|
65,9
|
82,7
|
70,7
|
67,2
|
77,4
|
70,3
|
65,2
|
70,1
|
75,3
|
79,4
|
Rougeole
|
53,5
|
60,4
|
50,4
|
57,5
|
42,8
|
61,3
|
62,6
|
42,7
|
62,66
|
54,1
|
45,4
|
48,6
|
56,9
|
65,2
|
Fièvre
|
40,7
|
44,8
|
38,8
|
45,1
|
33,7
|
40,6
|
49,7
|
37,7
|
43,9
|
38,9
|
32,9
|
40,2
|
44,1
|
50,0
|
Source : Calcul à partir des
données du MICS 3.
Dans l'ensemble, l'analyse de ces indicateurs primaires de la
pauvreté infantile révèle des disparités entre les
enfants tant selon leur milieu de résidence que selon leur
région d'appartenance et l'indice de richesse de leurs parents. Ceci
pourrait etre dû à plusieurs causes parmi lesquelles les
inégalités en terme de disponibilité des infrastructures
sanitaires, de manque d'informations, de différence de niveau
d'instruction surtout de leur mère, de comportements et modes de vie,
l'absence de décentralisation et de compétences dans les
différents domaines de la vie, l'urbanisation,le mode de consommation en
bref,le niveau de vie très faible caractérisant les pays
pauvres.
|
|