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Le chehabisme ou les limites d'une expérience de modernisation politique au Liban

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par Harb MARWAN
Université Saint-Joseph de Beyrouth - DEA en sciences politiques 2007
  

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Université Saint-Joseph

Institut des sciences politiques

LE CHEHABISME OU LES LIMITES D'UNE EXPERIENCE DE MODERNISATION POLITIQUE AU LIBAN

Mémoire préparé par M. Marwan HARB

Sous la direction de Monsieur le professeur Georges Corm

en vue de l'obtention du Master 2 en science politique

Beyrouth - Liban

Novembre 2007

LE CHEHABISME OU LES LIMITES D'UNE EXPERIENCE DE MODERNISATION POLITIQUE AU LIBAN

Université Saint-Joseph

Institut des sciences politiques

LE CHEHABISME OU LES LIMITES D'UNE EXPERIENCE DE MODERNISATION POLITIQUE AU LIBAN

Mémoire préparé par M. Marwan HARB

Sous la direction de Monsieur le professeur Georges Corm

en vue de l'obtention du Master 2 en science politique

Beyrouth - Liban

Novembre 2007

L'Institut des sciences politiques de l'Université Saint-Joseph n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans le mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur.

REMERCIEMENTS

 

C'est avec un grand plaisir que je réserve ces lignes en signe de gratitude et de reconnaissance à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à l'élaboration de ce travail.

Tout d'abord, je tiens à témoigner toute ma gratitude au Professeur Georges Corm, directeur de ce mémoire, pour l'aide et le temps qu'il a bien voulu me consacrer et pour l'honneur qu'il m'a accordé en acceptant de juger mon travail.

Je tiens aussi à remercier vivement le Docteur Nawaf Kabbara, pour les conseils qu'il m'a prodigué et pour m'avoir accordé la permission d'accéder à sa thèse avant sa publication.

Je remercie également le journaliste Nicolas Nassif pour ses remarques et son aide.

Par ailleurs, je voudrais exprimer ma reconnaissance au Professeur Amine Aït-Chaalal pour ses encouragements et pour l'intérêt qu'il a porté à mon travail.

Un énorme remerciement à ma famille pour son soutien moral, et tout particulièrement à mes parents qui m'ont apporté une aide prodigieuse dans bien des domaines.

Enfin, j'adresse mes plus sincères remerciements à tous mes proches et amis qui m'ont toujours soutenu et encouragé au cours de la réalisation de ce mémoire

A mes parents

«Le Liban n'est pas une exception,

il est le miroir du monde,

un raccourci de l'aventure

humaine et une préfiguration

de l'avenir commun.»

Amine Maalouf

Laissez-moi vous dire à présent

qui sont les enfants de mon Liban.

Ce sont ceux qui naissent dans

des chaumières mais qui meurent

dans les palais du savoir..."

Gibran Khalil Gibran

La Table des matières :

Introduction.....................................................................................14

Délimitation du champ de la réflexion - De la modernisation et de la modernité - Le chéhabisme et la modernisation - Le champ d'étude : l'histoire et la philosophie politique - Une hypothèse de travail -les travaux concernant le sujet - les sources et les méthodes d'analyse.

PREMIERE PARTIE

Le chéhabisme : une expérience de modernisation 

.............................................................................

Chapitre É :

Les tares historiques du régime politique libanais

Section É - Historique

1,1-L'effondrement et l'héritage de l'Empire Ottoman...............................................30

1,2-La création du « Grand Liban » ou la viabilité au dépend de l'équilibre......................33

Section ÉÉ - Le régime politique libanais

2,1- La Constitution écrite du 23 mai 1926 et le Pacte national de 1943 : pivots de l'équilibre politique et confessionnel statique.......................................................................37

2,2- Le régime politique libanais: une monarchie oligarchique à prédominance féodalo-politique......................................................................................................45

Chapitre ÉÉ

Le chéhabisme ou la construction de l'Etat de l'indépendance.

Section É 

- La naissance, la philosophie et la stratégie nationale du chéhabisme.

1,1 - La naissance du chéhabisme

a- La crise de 1958.......................................................................................53

b- La neutralité de l'Armée..............................................................................59

1,2- La philosophie du chéhabisme..................................................................63

a- Les convictions du président Chéhab...............................................................64

b- Le président Chéhab et le Père Lebret.............................................................66

c- La vision chéhabiste du développement..........................................................70

d- La compréhension chéhabiste du système politique libanais...................................73

1,3- Les principes du chéhabisme...................................................................75

a- L'indépendance et la souveraineté..................................................................76

b- L'union nationale.....................................................................................78

c- La légitimité constitutionnelle.......................................................................79

d- L'équilibre politique et socio-économique.........................................................80

e- Le rôle arabe du Liban et sa politique étrangère....................................................82

Section ÉÉ

-La stabilisation intérieure et le non-alignement.

2,1 -L'élargissement de la représentation est un facteur de stabilisation................86

a- L'élargissement du gouvernement et l'augmentation du nombre des députés............88

b- Une loi électorale plus représentative..........................................................90

2,2- Ni l'Un ni l'Autre : la neutralité positive...............................................92

a- La politique Libano-arabe.......................................................................95

b- La politique envers les pays étrangers........................................................97

Section ÉÉÉ

- Les réformes économiques et administratives

3,1- Le développement économique harmonisé facteur de renforcement de la cohésion nationale

a- Le rétablissement de l'équilibre social et régional.........................................102

b- Le Libanais ne naît pas citoyen...............................................................105

3,2 - La réforme administrative, nerf de l'Etat moderne................................109

a- L'administration : garant de la continuité de l'Etat........................................111

b- La planification..................................................................................112

DEUXIEME PARTIE

Les difficultés de la modernisation politique ou l'Etat inachevé

...................................................................................................

Chapitre É :

Une expérience de modernisation : les causes d'un échec

Section É

-Les obstacles devant le passage d'une politique d'équilibre à une politique de décision.

1,1- La relation dialectique entre la modernisation et le développement politique..........118

1,2- Incompatibilité entre la modernisation et les garanties communautaires................125

1,3- L'enracinement des forces traditionnelles, ou« les impuretés de l'Histoire »...........131

1,4- La crise de l'autorité et le rôle du « Deuxième Bureau »...................................134

Section ÉÉ

- L'essoufflement du projet moderniste-chéhabiste :

2,1- La solitude présidentielle face à la classe des leaders.................................................148

2,2- L'inefficacité de l'administration du développement ......................................151

2,3- « La Révolution démocratique » et la tyrannie du temps....................................157

2,4- La résistance des monopoles économiques et financiers et refus de coopération du secteur privé...........................................................................................162

2,5 - Un projet incapable de s'imposer à long terme : la chute de Nasser et l'irruption de la résistance palestinienne..............................................................................171

Chapitre ÉÉ :

Une seconde tentative de modernisation avortée.

Section É

- l'Accord de Taëf et le chéhabisme :

1,1- La croissance équilibrée et la reconstruction des institutions étatiques................173

1,2- La mise en pratique de Taëf et sa retombée sur la modernisation de l'Etat...........177

Section ÉÉ :

-La persistance de la disparité socio-économique

2,1- Un contexte social difficile...................................................................181

2,2- La concentration des activités économiques au centre de la fracture centre- périphérie...............................................................................................183

Conclusion.....................................................................................186

Annexe 1...............................................................................................193

La Bibliographie....................................................................................195

INTRODUCTION

- Délimitation du champ de la réflexion

Les périodes de crise ont ceci de particulier qu'en exacerbant les tensions, elles mettent à nu les dysfonctionnements d'une société et permettent de mieux interroger ses fondements structurels. « Crise » dérive en fait du grec « krisis », qui signifie « décision », plus précisément, l'impuissance dans laquelle les ruptures et les troubles plongent une société au point de ne plus être à même de prendre une décision ; et la gravité d'une crise ne se mesure pas tant aux troubles qu'elle engendre et qui l'engendrent, mais à l'impouvoir où l'on est réduit de prendre une décision cependant que la conjoncture l'exige.

Des sept crises politiques qu'a connues le Liban, seule celle du renouvellement du mandat de Béchara el-Khoury n'a pas débouché sur une crise identitaire. Les cinq autres : celle de l'Indépendance ; celle de 58; celle de 70/75, au moment de l'irruption de la Résistance palestinienne sur la scène libanaise ; celle de 1982 ponctuée par l'invasion israélienne ; celle enfin de 75/2005 marquée par la tentative de la ghalaba syrienne sur le Liban - ont toutes débouché sur une crise identitaire.

C'est que, à l'occasion de chacune de ces crises, les Libanais se sont retrouvés dans deux camps antagonistes pour ne pas dire ennemis, chaque camp s'alliant avec l'ennemi1(*) de l'autre camp.

Du fond de l'impuissance, qui caractérise chaque crise, celle de 1958 va engendrer un « nouveau style de gouvernement » une stratégie, une démarche et une praxis politique inédite dans l'histoire du Liban contemporain. Ce nouveau style de gouvernement se manifeste dans ce qu'on a appelé le « chéhabisme » : école politique initiée par le général Fouad Chéhab, président de la République de 1958 à 1964. Pour la première fois, la présidence de la République est devenue la source d'une philosophie politique nationale et le terme de chéhabisme fit son entrée dans le lexique politique libanais.

Le mandat du président Fouad Chéhab est étudié avec un grand intérêt par les historiens, les chercheurs en sciences sociales et les hommes politiques. Le motif de notre recherche réside dans cette incitation de Georges Corm : « Il faut que les jeunes faisant des études supérieures, chez eux ou à l'étranger, parviennent à briser le carcan des problématiques stériles autour du communautarisme, plus que jamais hégémoniques, voire dictatorial, dans les études et recherches de ce type académique, comme dans les médias2(*). »

Georges Naccache a écrit que « les règles du chéhabisme pourraient servir d'appendice à la Constitution libanaise sous le titre : « Ecole des chefs d'Etats ». La pensée, la méthode, le style sont pragmatiques : « un réalisme implacable », et « un pessimisme constructeur. »

En effet, nous considérons que le chéhabisme avec des améliorations et des réadaptions nécessaires après toute mise en pratique d'une stratégie ou d'une doctrine politique constitue aujourd'hui un projet adéquat et nécessaire au rétablissement et à la reconstruction d'un Etat fort et moderne au Liban.

L'intérêt scientifique de notre recherche réside dans le prélèvement et l'analyse des limites du chéhabisme qui sont nécessaires pour servir de phare à tout projet de modernisation politique future tout en évitant de renouveler les mêmes erreurs. Antoine Messara pense en effet que « les interrogations du chéhabisme sont celles mêmes du système politique consociatif libanais3(*). » 

De plus, dans la littérature politique qui traite du chéhabisme, il n'existe pas d'analyses et d'études qui exposent profondément et particulièrement les causes de l'échec du chéhabisme en tant que tentative de modernisation et de construction d'un Etat capable de produire de la modernité.

L'Etat libanais actuel prit forme avec le chéhabisme et accéda à la maturité institutionnelle et étatique. Le chéhabisme tenta de construire un Etat moderne doté d'institutions politiques et administratives efficaces et démocratiques. L'essence du chéhabisme est la volonté d'organiser et de mobiliser l'appareil d'Etat autour d'un développement économique conçu comme le premier corollaire de la justice sociale et d'une conscience nationale.

Une tentative unique et particulière de modernisation du système politique libanais ; l'expérience chéhabiste demeure, la tentative de modernisation la plus réaliste et la plus engagée. En effet, la construction d'un Etat central fort qui exerce un pouvoir hiérarchique régulateur se présente comme une étape nécessaire dans la construction d'un Etat capable de produire de la modernité.

De la modernisation et de la modernité.

Dans le célèbre avant-propos du recueil de ses essais de sociologie de la religion, Max Weber expose ce « problème qui relève de l'histoire universelle » et auquel il a consacré l'oeuvre scientifique de toute sa vie : pourquoi « le développement scientifique, artistique, politique, économique » ne s'est-il dirigé, ailleurs qu'en Europe, « sur la voie de la rationalisation qui est le propre de l'Occident4(*). » Pour Max Weber, l'existence d'un lien interne - qui ne saurait donc seulement être contingent - entre la modernité et ce qu'il appelait le rationalisme occidental allait encore de soi. Selon sa description, le processus de désenchantement par suite duquel les conceptions religieuses du monde, en se désintégrant, engendrent une culture profane, est un processus « rationnel ».

Mais ce que Max Weber a décrit du point de vue de la rationalisation, ce n'est pas seulement la laïcisation de la culture occidentale, c'est avant tout le développement des sociétés modernes. Les nouvelles structures sociales sont caractérisées par la différenciation des deux systèmes qui se sont cristallisés autour des centres organisateurs que sont l'entreprise capitaliste et l'appareil bureaucratique de l'Etat, et qui, du point de vue fonctionnel, s'interpénètrent.

En effet, en Occident, le thème central de la philosophie des Lumières fut le triomphe progressif de la raison au détriment des croyances et des formes d'organisation sociale traditionnelles. Ce mouvement s'est traduit par la laïcisation des institutions, mais aussi par le rejet progressif de tout principe transcendant d'intégration et de contrôle de la vie sociale5(*). Il faut donc tenir pour hypothèse l'inévitable caractère historique de la modernité.

On peut définir avec Alain Touraine la modernité en elle-même comme un ensemble d'attributs de l'organisation sociale, sans la confondre avec la modernisation qui est un mouvement, une volonté, une mobilisation à la tête de laquelle se trouve de toute façon placé l'Etat, quels que soient ses soutiens sociaux.

C'est à ce niveau que la distinction entre modernisation et modernité est utile : la modernisation est un processus multiforme tandis que la modernité est le règne des valeurs nouvelles. On peut ainsi distinguer modernité et modernisation, c'est-à-dire la modernité comme un état et la modernisation comme le passage à un niveau supérieur de modernité. La modernité est là où elle est la plus moderne.

Le terme de modernisation qui a été crée dans les années cinquante, désigne depuis une approche théorique qui reprend la question de Max Weber, mais y répond avec les moyens du fonctionnalisme sociologique. « Le concept de modernisation désigne selon Habermas, un ensemble de processus cumulatifs qui se renforcent les uns les autres ; il désigne la capitalisation et la mobilisation des ressources, le développement des forces productives et l'augmentation de la productivité du travail ; il désigne également la mise en place de pouvoirs politiques centralisés et la formation d'identités nationales ; il désigne encore la propagation des droits à la participations politique, des formes de vie urbaine et de l'instruction publique ; il désigne enfin la laïcisation des valeurs et des normes, etc.6(*)»

La modernisation est un processus multiforme. Les voies de la modernisation sont nombreuses, sauf qu'à terme toutes débouchent sur une société moderne et éventuellement démocratique. « Autrement dit, partant d'un modèle, supposé être « aculturel », on rejoint finalement le modèle « culturel » de la modernité occidentale7(*) » Toutefois, il est naïf d'imaginer que le monde et principalement le Liban aura à marcher dans les pas de l'Occident, passer par les mêmes séquences et aller au même rythme. Une telle approche se heurte au fait, largement admis, que la voie occidentale, si tant est que l'Occident ait emprunté une seule voie, fut unique, singulière et impossible à répéter.

Le principe central de ce modèle occidental est donc que la modernisation est endogène, que la société est capable de produire de l'intérieur sa propre transformation, sans que celle-ci soit le résultat d'une pression ou d'une intervention d'origine étrangère8(*). « La théorie de la modernisation détache la modernité de ses origines - l'Europe des temps modernes - et la présente comme un modèle général des processus d'évolution sociale, indifférent au cadre spatio-temporel auquel il s'applique9(*). »

Cette voie de modernisation, qui est aussi appelée individualiste, a connu une vaste diffusion et plusieurs variantes. Le Japon, la Turquie kémaliste, l'Iran des Pahlévi, et le Liban sous le chéhabisme, ont connu sous des formes très diverses, des interventions étatiques se substituant à une modernisation endogène trop faible, l'Etat devenant lui-même le vecteur principal de modernisation et de destruction des anciennes structures sociales et culturelles, ou l'utilisation de certaines d'entre elles dans un but de transformation accélérée de la société. Les modèles non occidentaux se sont souvent soldés par des échecs parce qu'ils ont cru que par le seul volontarisme ils pouvaient créer de la modernité.

Le chéhabisme et la modernisation

Ce travail a choisi un prisme, pour fouiller dans le champ défini ci-dessus. Il s'est donné pour sujet de recherche les limites de l'expérience de modernisation entamée par le chéhabisme. Le chéhabisme a tenté de moderniser le système politique selon une stratégie basée sur trois piliers principaux :

1- Contourner les forces politiques traditionnelles sans pour autant déranger ou troubler le cours normal de la vie politique, en faisant appel à de nouvelles « figures » dans le domaine de l'administration et de l'armée.

2- Entamer une large réforme de l'administration publique jamais entretenue avec un tel succès.

3- Elaborer une doctrine politique dominante qui combattait pour la justice sociale sans pour autant sacrifier le dogme du libéralisme économique et du confessionnalisme politique.  

Lorsque s'achève le mandat de Fouad Chéhab, la République de l'Indépendance née en 1943 a atteint sa majorité. Au moment de l'entrée en fonctions du chef de l'Etat en 1958, elle vivait une très grave crise qui ébranla le Pacte National et faillit remettre en question la coexistence inter-communautaire. Six ans plus tard, l'unité nationale semble rétablie et le pays, placé sur les rails de la modernisation.

Le chéhabisme fut une tentative pour rétablir les bases d'un pouvoir collectif, pour réanimer la démocratie. Ce pouvoir n'est concevable, en raison de son exorbitance même, que s'il est un pouvoir véritablement unanime c'est-à-dire, au Liban, un pouvoir issu du plus large consensus interconfessionnel, fondé sur le plus large respect populaire. Après la « révolution blanche » de 1952 et, encore plus, la double crise de 1958 qui avait ébranlé les assises du Liban, l'idée toute simple d'un partenariat islamo-chrétien fondement du Pacte National était dépassée. Chéhab l'avait compris. Il fallait un nouveau pacte, qui ne soit ni un pacte de personnes ni un pacte d'intérêts ; il devait asseoir leur pouvoir et assurer le développement dans une période historique au cours de laquelle tout le Moyen-Orient passait par un moment de changements dramatiques, de la montée de l'opposition anti-nassériste, à l'invasion israélienne de l'Egypte, de la Syrie et la Jordanie en 1967. II fallait, tout en protégeant le pays des turbulences régionales et internationales, en mettant la cohésion interne à l'abri des convulsions qui agitaient le Moyen-Orient et le monde, définir un programme politique, fixer des objectifs nationaux à atteindre, dont le plus important consisterait à édifier un Etat digne de ce nom. Georges Corm observe dans « Géopolitique du conflit libanais » que « (...) le Général aura effectivement mis en place tout l'appareil d'un Etat moderne, centralisé et fort.10(*)» 

L'expérience chéhabiste, elle-même issue de la tradition du Pacte National de 1943 et du Dastour qu'elle continue avec le souci d'une plus grande efficience et stabilisation, traduit les possibilités, les limites et les contraintes de la société plurale libanaise, avec la déclaration du 4 août 1970 : « Que faire de plus ? » et la réponse : « le pays n'est pas encore prêt ».

La pensée ultime de Chéhab était la suivante : la réforme institutionnelle est impossible si elle ne s'accompagne d'une réforme des esprits et des moeurs. Bâtir un Etat moderne sur les vieilles structures confessionnelles est une entreprise de longue haleine.

En effet, la question capitale est de comprendre si l'échec du chéhabisme fut le produit de ses propres sous-estimations, de ses erreurs, ou bien, le produit de forces objectives qui dépassent le chéhabisme et même le Liban. Et partant, les accords de Taêf ne seront-ils pas neutralisés par les mêmes causes, reflétant par le fait une carence inhérente à l'évolution du système politique libanais ?

A la convergence de ces lignes de réflexion se dégage l'hypothèse de travail. Elle postule que : « les limites de la modernisation politique au Liban pourraient se manifester dans la relation antagoniste entre la création d'une politique publique et son application d'un côté, et la compétition pour les dépouilles du pouvoir d'un autre. » 

Cette recherche s'applique d'abord au domaine politique, mais aussi économique (en analysant l'économique comme étroitement lié au politique) et philosophique (en tant que le chéhabisme constitue une ligne de conduite et une certaine approbation de l'Homme et de la vie). Elle est par conséquent pluridisciplinaire même si la philosophie politique en ait le thème et le guide central.

Ce mémoire n'a pas la prétention de faire une mise au point exhaustive sur le sujet retenu. En préalable on peut énoncer trois points qui conditionnent la réalisation de l'étude proprement dite, à savoir le repérage des travaux et réflexions concernant le sujet, la mise en évidence des sources les plus intéressantes et, attachés à celles-ci, des choix méthodologiques.

Il n'existe pas de mises au point centrées sur le sujet en tant que tel : les écrits qui l'abordent se consacrent parfois entièrement au chéhabisme en tant que tel et non pas aux causes de son échec. Nous pouvons citer des articles et des ouvrages tels :

Roger Owen11(*) note que l'action de Chéhab est très mal ressentie par les politiciens parce qu'elle implique une forte limitation de leur accès aux ressources publiques de patronage politique et qu'elle l'est également par les milieux bancaires et commerciaux qui s'opposent à des politiques qui semblent réclamer des augmentations d'impôts pour les financer, qui donnent l'occasion à un contrôle plus étendu de la part des pouvoirs publics sur leurs affaires et qui risquent de favoriser l'émergence d'un groupe de pression industriel lequel pourrait constituer un défi à l'orientation de base de l'économie. Cette opposition manifestée à Chéhab par l'establishment politique et économique explique son refus de briguer un deuxième mandat.

Kamal Salibi trouve qu'au terme du mandat Chéhab, l'inefficacité administrative, principal problème auquel le Liban fait face depuis son indépendance, est toujours la même. « La situation sociale et économique exigeait une planification et un nouvel ordre ce qui exigeait une administration compétente, malgré tous les efforts, elle est restée inefficace et corrompue. Cependant le régime a réussi à réduire l'abus des postes, mais la pratique de corruption est restée sur plusieurs niveaux, sur des considérations confessionnelles et sectaires12(*). » Par conséquent, cette expérience de modernisation fut inconsistante, fortuite, et largement inefficace.

Michael Johnson13(*) considère que le chéhabisme s'est contenté de manipuler le clientélisme à son avantage et s'est refusé d'aller au-delà de cette politique vers une réforme du système et que c'est en fin de compte cela qui explique les limites du chéhabisme; sa défaite aussi.

Youssef Sayigh évoque entre autres causes de cet échec, le manque de temps : un seul mandat présidentiel.14(*) Le sexennat de Charles Hélou (1965-1970) considéré souvent comme une continuation du chéhabisme est jugé comme étant stérile en développements majeurs dans les domaines économiques, administratifs et sociaux. Ayant débuté son mandat par une grande purge des éléments corrompus de l'Administration, le président Hélou n'aura pas de cesse, par la suite, de regretter son acte. Comparant le président Hélou à son prédécesseur, Sayigh note le tempérament plus contemplatif et moins volontaire du premier15(*).

Bassem Al-Jisr16(*) qui a le plus écrit sur le chéhabisme, rappelle que Chéhab était conscient qu'il devait pousser l'affrontement avec la classe politique traditionnelle au-delà de ce qu'il avait fait pendant son premier mandat, s'il voulait poursuivre ses réformes économiques et sociales et que son refus - sa crainte aussi - de le faire, l'amènent à se désister à deux reprises, en 1964 et en 1970.

Par conséquent, Charles Rizk17(*) voit que le président Chéhab n'a pas été chéhabiste jusqu'au bout.

Georges Corm18(*) considère que les résultats de la politique du Général furent remarquables sur le plan économique, mais, malheureusement beaucoup plus fragile sur le plan politique et considère que les deux limites principales de l'expérience réformiste que le Général ne franchit pas sont : l'absence d'une politique de séparation des communautés d'avec l'ordre public et le maintien de la répartition communautaire des fonctions publiques ; et aucune réforme électorale en profondeur, marginalisant les notabilités communautaires traditionnelles, ne fut introduite. Le système électoral continua d'être régi après une répartition communautaire rigide des sièges parlementaires et des découpages électoraux renforçant l'hégémonie des notabilités traditionalistes.

La thèse de Nawaf Kabbara « Shehabism in Lebanon 1958-1970 : The Failure of an Hegemonic Project » publiée en 1988 est le travail académique qui a le mieux analysé l'échec du chéhabisme en tant que « projet hégémonique ». Par hégémonique, Kabbara comprend l'émergence d'une identité nationale libanaise qui englobe les appartenances communautaires et régionales. Après avoir critiqué l'argumentation de la démocratie consociative avancée par Antoine Messara, Kabbara considère que « l'existence de différents groupes sociaux dans un pays quelconque n'implique pas nécessairement l'existence de conflits et d'antagonismes entre eux, ainsi, toutes les identités sociales sont sujettes à des changements, à des reformulations ; aucune identité n'est fixe, et finalement c'est à travers l'hégémonie que les identités deviennent politisées, que les individus deviennent des sujets politiques et que de nouvelles structures sociales sont construites19(*). » Kabbara considère que le chéhabisme échoua pour trois raisons essentielles : l'incapacité de construire un système politique basé sur la pluralité des partis politiques ; le refus de reconduction du président Chéhab en 1964, et l'abus et le rôle de la bureaucratie et de l'armée dans l'application du projet hégémonique.

La méthodologie de recherche

Je compte m'en tenir à une ligne médiane qui évite les deux écueils guettant toute recherche de ce type : la sublimation du « miracle » chéhabiste ou bien la banalisation de son « génie propre.» Puisque « le chéhabisme, tout comme le Dastour, n'est pas une idéologie, ni une doctrine, mais une praxis. Pour la critiquer ou prouver le contraire, il ne s'agit pas de dire, de proposer ou de souhaiter mieux, mais de faire mieux ou de se référer à une autre praxis20(*). » Cette étude considère le chéhabisme comme un projet visant à créer une identité nationale libanaise en se basant sur certains programmes et stratégies.

Pour préciser notre fil conducteur analytique, il nous est apparu pertinent de recourir aux vertus du systémisme et de son approche globale qui est d'un grand intérêt pour appréhender les phénomènes politiques complexes.

Ainsi le fondement de notre cheminement est-il de considérer l'objet étudié - en l'occurrence le système politique libanais - comme une totalité dont les éléments constitutifs sont liés et interdépendants. Nous entendons par système politique « le mode d'allocation autoritaire des ressources dans la société » ou, pour parler comme David Easton « l'ensemble d'interactions par lesquelles les objets de valeur sont repartis par voie d'autorité dans la société21(*) ». Le système politique est donc constitué non seulement par la structure constitutionnelle des pouvoirs publics mais, plus largement, par l'ensemble des processus qui encadrent la participation politique, conduisant à la conversion d'attentes en exigences, à la transformation de projets ou de programmes d'action en décisions.

Dans cette perspective, il nous est autorisé de représenter schématiquement le système politique libanais comme étant enfermé dans une boîte noire, recevant des « inputs », donnant naissance à des « outputs », l'ensemble étant immergé dans un « environnement » conflictuel, et suscitant des « rétroactions ».

Identifions, plus précisément, chacune des composantes systémiques de notre réflexion :

- « Les inputs modernisateurs » : au titre des variables susceptibles de favoriser la construction d'un Etat moderne nous pouvons ranger : les réformes entreprises par le chéhabisme.

- « Les outputs » : partant, « ces inputs » ont nourri un processus de modernisation dans le domaine administratif et social, sans pour autant amorcer une modernisation politique.

- « L'environnement conflictuel » : ici nous distinguons entre l'environnement interne et l'environnement externe. L'environnement conflictuel interne est favorisé par les structures irrésolues qui intensifient les luttes inter-communautaires et les ingérences étrangères dans les affaires internes du pays d'un côté, et l'environnement externe (l'implantation du foyer juif en Palestine- le conflit israélo-palestinien - les conflits interarabes - les convoitises étrangères dans la région du Moyen-Orient) qui se répercute de façon incontournable sur la scène libanaise interne.

- « La rétroaction » : à notre sens, c'est à ce stade que se manifeste la grande utilité de l'analyse systémique, de ce qu'elle permet de dégager les variables qui auraient freiné une « rétroaction politique modernisatrice ». Les rétroactions des « outputs » auraient dû favoriser des « inputs » agissant sur le système politique le plaçant sur la voie de la modernisation (Blocages). Car la mutation que le développement est susceptible d'opérer dans les structures économiques et sociales implique, sinon une mutation concomitante, du moins une réadaptation des structures et des institutions politiques.

Outputs

Croissance économique; sécurité; développement.

Rétroactions

Environnement conflictuel interne

Environnement conflictuel externe

Le système politique libanais

Expérience de modernisation

Blocages

Inputs modernisateurs

Les réformes introduites par le chéhabisme

- Les vertus de l'analyse systémique

Pour analyser l'échec et les limites politiques de l'expérience chéhabiste au Liban, nous analyserons d'abord les obstacles relatifs au système consociatif libanais, ensuite l'essoufflement du chéhabisme en tant que projet de modernisation.

Cette étude comprend deux grandes parties divisées respectivement en deux sections. La première partie intitulée « le chéhabisme, une expérience de modernisation », retrace dans la première section les étapes essentielles dans l'histoire du Liban qui ont déterminé la nature de son système politique : de l'héritage ottoman, à la proclamation du Grand-Liban, passant par la Constitution de 1926, aboutissant à l'Indépendance et au Pacte national de 1943. La deuxième section expose sous le titre de « le chéhabisme ou la construction de l'Etat de l'indépendance » la naissance, les principes, et la philosophie du chéhabisme qui se manifestent dans le non-alignement et la neutralité positive sur le plan externe, la stabilisation et les réformes économiques et administratives sur le plan interne.

La deuxième partie intitulée « une expérience de modernisation : les causes d'un échec » analyse à la lumière de la première partie les limites de l'expérience modernisatrice du chéhabisme. Nous étudierons dans un premier temps les obstacles qui entravent le passage d'une politique d'équilibre à une politique de décision à travers les limites relatives à la modernisation même et au système politique libanais : nous montrerons que la modernisation et le développement politique entretiennent une relation dialectique et délicate ; qu'il y a incompatibilité entre la modernisation et les garanties communautaires, un enracinement des forces traditionnelles, et une crise de l'autorité dans le système politique consociatif libanais.

Dans un deuxième temps, nous relèverons les limites relatives au chéhabisme en tant que tentative de modernisation en insistant sur la solitude présidentielle face à la classe des leaders ; sur les limites d'une révolution démocratique et la tyrannie du temps; sur l'inefficacité de l'administration du développement ; sur la résistance des monopoles économiques et financiers sur le refus de coopération du secteur privé et enfin sur la disparition de Nasser et l'émergence de la résistance palestinienne.

Quant à la deuxième section nous essayerons de relever l'esprit du chéhabisme dans l'Accord de Taëf en montrant que cet esprit a été trahi dans l'application quoique boiteuse et incomplète de ces accords.

La recherche sur le chéhabisme rencontre quelques difficultés. La plus importante est la proximité temporelle et historique qui le situe comme protagoniste dans la vie politique libanaise d'aujourd'hui. Plusieurs hommes politiques contemporains se définissent comme étant chéhabistes. D'un autre côté, nous n'avons pas trouvé dans la littérature politique des oeuvres générales et complètes sur le chéhabisme politique. La majorité des ouvrages appréhendent le chéhabisme à travers de perspectives précises et séparées.

Et malgré leur importance capitale, elles ne forment pas un ensemble ou une base pour une évaluation objective et générale du chéhabisme ou du « Nahg22(*) » ; encore moins de ses limites.

* 1- Sur le concept de l'« ennemi » et son importance capitale en politique, Cf.Carl SCHMITT, La notion de Politique Trad. M.-L.Sreihauser. Préface de J. Freund, Clamann-Lévy, Paris, 1972) ; Théologie et Politique, Gallimard, 1988. Cf. aussi, Julien FREUND, L'Essence du politique, Sirey, 1965 ; Qu'est-ce que la politique ? Seuil, 1978. Pour ces auteurs, il ressort que la politique a pour caractère spécifique d'opposer ami et ennemi. C'est en cela, et en cela seulement qu'elle est politique, et se distingue de toute autre forme d'activité humaine. Toutes les notions, vocables, concepts vraiment politiques convergent vers un antagonisme concret, ils sont liés à une situation concrète dont la logique ultime est une configuration ami / ennemi. SCHMITT écrit : « La distinction spécifique du politique, à laquelle peuvent se ramener les actes et les mobiles politiques, c'est la discrimination de l'ami et de l'ennemi. Elle fournit un principe d'identification qui a valeur de critère, et non une définition exhaustive ou compréhensive. » La notion de Politique, p. 66

* 2 - Georges CORM, Le Liban contemporain, Histoire et Société, La Découverte, Paris, p. 297 ( 312 pages)

* 3 - Antoine MESSARA, Le modèle politique libanais et sa survie, essai sur la classification et l'aménagement d'un système consociatif, Publications de l'Université Libanaise, Beyrouth 1983, p. 223

* 4 - Max WEBER, L'Ethique protestante et l'Esprit du capitalisme, trad. J.Chavy, Paris, 1964, p.23

* 5 -« En dépit du fait, écrit Hamadi Redissi que la modernité a revêtu plusieurs sens, elle a été assimilée à un rite de passage: sur le plan religieux, du catholicisme au protestantisme (Weber), ou de la religion historique à la « religion civile » (Rousseau) ou à la « foi réfléchissante » (Kant) ; philosophiquement, de la tutelle de la Tradition aux Lumières de la raison naturelle; socialement, de la communauté hiérarchique à la société d'individus libres et égaux ; politiquement, de l'Etat autoritaire à l'Etat de droit et, plus tard, à la démocratie; esthétiquement, de l'art compromis avec les idées de bien et de vérité à l'autonomie du beau; matériellement, de l'économie domestique et agricole au capitalisme industriel; culturellement, de la paroisse à la civilisation scientifique et technique planétaire. (...) En effet, que l'on définisse la modernité fondatrice par l'époque ou être de son temps est la valeur des valeurs, ou par la période qui « puise sa normativité en elle-même », on situe la modernité dans cet esprit du temps porté par un sujet en mesure de faire la triple distinction kantienne des sphères (la nature, l'éthique et l'esthétique), ou à même de reconstituer, comme le pensait Hegel, la totalité désunie. Mais, dés lors que le culte de l'époque est transitoire, la modernité se trouve constamment en décalage par rapport à elle-même. ( ...) Soumise à examen, la modernité fondatrice, celle de la supériorité des Modernes sur les Anciens, telle qu'elle nous a été léguée, de la Renaissance au XVÉÉÉe siècle, est aujourd'hui, en crise. Des auteurs aussi différents que Jürgen Habermas, Manfred Frank, Alain Touraine, Michel Foucault et les post-structuralistes l'ont soumise à une critique qui s'est attaquée au principe de la conscience de soi, ce sujet qui construit son rapport à lui-même, à l'autre et au monde dans la transparence de la subjectivité »

Hamadi REDISSI, L'exception islamique, édition Seuil, Paris, 2004. pp.12-13 (236 pages)

* 6 - Jürgen HABERMAS, Le discours philosophique de la modernité, trad. Christian Bouchinhomme et Rainer Rochlitz, Gallimard, Paris, 1988, pp.2-3 (484 pages)

* 7 - Hamadi REDISSI, L'exception islamique, op.cit. p. 13

* 8- Cf. Alain TOURAINE, «Modernité et spécificités culturelles», Revue Internationale des sciences sociales, n0 118, nov. 1988, pp. 497-511.

* 9 - Hamadi REDISSI, L'exception islamique, op.cit.p. 13

* 10 - Georges CORM, « Géopolitique du conflit libanais », Editions la Découverte, Paris, 1987.

* 11 - Roger OWEN, « The Political Economy of Grand Liban 1920-1970», In Essays on the crisis in lebanon, Ithaca Press, London, 1976, p. 30

* 12- Kamal SALIBI, «Lebanon under Fouad Chéhab. 1958-1964», In Middle Eastern Studies 2, n°3, 1966, p. 213

* 13 - Michael JOHNSON, Class and client in Beirut : the Sunni-Muslim Community and The lebanese State, 1940-1985 , Ithaca Press, London, 1986, Chap, 6

* 14 - Youssef SAYIGH, « lebanon » In The Economics of the arab World : Developpement since 1945, Croom Helm, London, 1978, p. 288.

* 15 - Youssef SAYIGH, « lebanon » In The Economics of the arab World : Developpement since 1945, Croom Helm, London, 1978 p. 258

* 16 - Bassem EL JISR, Fouad Chéhab, cet inconnu ... op.cit. p. 143

* 17 - Charles RIZK, Le régime politique libanais, LGDJ, Paris 1966.

* 18- Georges CORM, La Méditerranée, espace de conflit, espace de rêve, L'Harmattan, Paris 2001, pp. 227-228

* 19 - Nawaf KABBARA, Shehabism in Lebanon 1958-1970 : The Failure of an Hegemonic Project, Thèse de doctorat en sciences politiques, University of Essex, England, 1988, pp 34-35 ( 331 pages)

* 20 - Antoine MESSARA, Le modèle politique Libanais et sa survie, essai sur la classification et l'aménagement d'un système consociatif, Publications de l'Université Libanaise, Beyrouth 1983, p. 200

* 21 - David EASTON, Analyse du système politique, trad., Albert Colin, Paris, 1974, p.23

* 22 - Nahg en arabe signifie « style», «méthode», «voie», par allusion au style, à la méthode et à la ligne politique poursuivie par le Président Chéhab.

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