3.2. Explicitation des variables
Les filles et les femmes qui participent au programme
d'éducation en matière de VIH/SIDA durant l'année
2002-2003 constituent la cible principale de notre recherche. C'est au cours de
cette année que beaucoup d'activités en matière
d'éducation en VIH/SIDA au Niger ont été menées.
3.2.1. Les variables d'entrée
Les variables d'entrée ou explicatives sont les
caractéristiques individuelles des filles et des femmes, leurs
caractéristiques sociales, culturelles, religieuses, économiques,
leurs antécédents scolaires, leur participation à des
actions d'alphabétisation dans un passé récent, etc.
Ces caractéristiques sont les variables
socioculturelles et socio-économiques relatives à l'âge, au
niveau d'instruction, à la position dans la famille et dans la fratrie,
à la situation matrimoniale, à la profession, au quartier de
résidence, à la répartition des tâches, à la
perception des rôles selon le sexe, au lien de parenté entre les
membres de la famille, à la perception de l'éducation, de ses
buts et de son utilité, à la religion pratiquée, aux
sources de revenu, à la participation à l'économie
familiale, au type d'habitation, etc.
3.2.2 Les variables processuelles
La variable processuelle est l'éducation,
particulièrement l'éducation en matière de santé et
de lutte contre le VIH/SIDA.
Le choix de l'éducation en matière de VIH/SIDA
varie selon que les bénéficiaires sont motivées,
engagées et qu'elles en espèrent tirer des
bénéfices en fonction de leurs attentes. Il serait
intéressant de savoir ce qui motive les femmes et les filles à
rester dans les programmes jusqu'à la fin ou qu'est ce qui les
empêche d'aller jusqu'au bout. Intéressant aussi de
déterminer quels programmes sont offerts et quels programmes sont
souhaités, quels programmes sont annoncés et quels programmes
sont réellement mis en oeuvre, et quelles sont les compétences
visées, etc.
3.2.3. La Variable effet ou
expliquée
Le niveau de participation à l'éducation en
matière de VIH/SIDA est la macro variable effet que nous tentons de
comprendre et d'expliquer dans le cadre de notre recherche.
Les variables de cette macro variable sont importantes pour
nous parce que les études de Perrenoud (1970) et Convers (1975) de
même que les écrits de Caglar (1983) soulignent l'influence
décisive des facteurs sociaux sur la réussite scolaire. Ainsi,
Caglar écrit : «à la fin de la première
année à l'école primaire, les résultats scolaires
de l'élève portent l'empreinte des caractéristiques
culturelles familiales. La durée, la qualité des études de
l'enfant vont dépendre en grande partie de son origine
sociale» Caglar (1983, p.22). Louis Legrand (1993) aussi, affirme que
ce serait «dans la famille que l'échec se prépare par
les habitudes contractées de «codes sociaux» handicapants par
rapport aux exigences de l'école» (Louis Legrand in
préface à Duru-Bellat et Mingat, 1993) cité par SALL
(1996).
Les conditions économiques des parents
déterminent en grande partie une bonne scolarité des enfants
selon la théorie de l'habitus développée par Bourdieu
(1970) pour expliquer la reproduction culturelle et l'inégalité
scolaire.
Les enfants dont les parents ne disposent pas de sources de
revenus substantiels ont d'énormes difficultés pour suivre leurs
apprentissages. Les caractéristiques socioculturelles et
économiques des parents seraient alors déterminantes pour d'une
part, l'accès ou non et d'autre part, pour le maintien ou non des filles
dans le système scolaire. Les conclusions de certaines études
semblent aller dans cette direction : Duru-Bellat (1992) ;
Mime/Martissano (1998) ; Diop/Kane (1998) ; et les résultats
de Sall (1996) qui rapporte que «la préoccupation des
recherches en éducation était de dégager les facteurs
liés aux échecs (ou à la réussite) scolaire compte
tenu des principaux groupes des sociétés étudiées.
Ces principaux groupes identifiés sont généralement les
classes sociales et les catégories socioprofessionnelles. La question
centrale étudiée dans cette perspective avait trait à
l'inégalité des chances. C'est en ce sens que les principales
conclusions des recherches de type classique en sociologie de
l'éducation mettent en exergue les poids des facteurs
socio-économiques et des facteurs socioculturels sur l'échec ou
la réussite scolaire»
Toutes les études fondées sur des données
empiriques et basées sur l'approche sociologique de la réussite
scolaire arrivent à une même conclusion. «Pour les
sociologues de l'éducation, les différences de réussite
scolaire seraient dues aux différences d'environnement social et
culturel et non à des inaptitudes naturelles. Les enfants d'origine
populaire, qui souffrent d'un environnement moins favorable, se retrouveraient
tout naturellement en situation d'échec scolaire» Mime/Martissano,
(1998, p.16)
Après avoir explicité les variables de notre
recherche à travers l'analyse de nos questions problèmes, nous
présenterons le dispositif méthodologique mis en place pour la
vérification de nos hypothèses. Mais avant, rappelons la
spécification du thème, de la problématique et des
hypothèses de la recherche.
Le thème est :Femmes et éducation en
matière de santé et de lutte contre le VIH/SIDA.
Le problème général est de savoir quelles
filles et femmes bénéficient des programmes d'éducation en
matière de santé et de lutte contre le sida au Niger ?.
En tenant compte de notre question générale
telle qu'elle a été formulée (voir chapitre 1, p. 33),
l'objectif général de notre étude est une contribution
à une explication scientifique de l'origine socio-économique et
culturelle des familles qui facilite ou entrave la participation des filles et
des femmes à l'éducation en matière de santé et de
lutte contre le sida. Particulièrement, nous allons tenter de
déterminer :
· dans quelle mesure les approches alternatives ou
projets alternatifs à l'éducation en matière de
santé et de lutte contre le VIH/SIDA peuvent contribuer d'une part
à l'amélioration de l'accès à l'éducation du
plus grand nombre de filles et de femmes, et d'autre part, dans quelles
mesures, ces projets éducatifs alternatifs peuvent améliorer la
qualité ou l'efficacité externe des systèmes
éducatifs traduisibles en compétences, savoirs, savoir-faire,
savoir-être, savoir-devenir socialement utile à chaque individu
tout au long de sa vie.
L'objectif spécifique de notre recherche est
l'identification des facteurs socio-économiques et culturels qui sont
liés à la participation, à la motivation et à
l'engagement des filles et des femmes à suivre ces programmes
d'éducation. Quelles catégories de filles ou de femmes
s'inscrivent à ces programmes ? Quels profits en tirent-elles
réellement ?
Nous mettons dans un tableau de synthèse les variables
retenues dans le cadre problématique restreint à la page 72,
tableau n°5 schéma 1. Il s'agit :
de la variable d'entrée : les
caractéristiques socio-économiques et culturelles des filles et
femmes ;
de la variable processus : l'éducation en
matière de VIH/SIDA, des programmes, des contenus, de la durée de
formation, des lieux où se déroule la formation ;
de la variable effet : la participation à
l'éducation en matière de VIH/SIDA.
3.3.Explicitation du cadre
problématique
Le cadre problématique choisi peut être
manipulé dans un sens quelconque. Ainsi, dans notre recherche, la
direction des relations postulées va de gauche vers la droite
c'est-à-dire des variables entrée vers les variables effets, et
des variables processuelles vers les variables effets. Aucun effet
réciproque ne sera testé. Cela ne veut pas dire qu'il n'existe
pas ce type d'effet. Bien au contraire, il peut y avoir une causalité
réciproque entre les variables caractéristiques sociale,
économique et culturelle et la participation des femmes à
l'éducation en matière de VIH/SIDA avec un signe positif ou
négatif à déterminer. De même entre la variable
processuelle et les deux autres groupes de variables.
Un programme donné d'éducation y compris
l'éducation en matière de santé et de lutte contre le
VIH/SIDA peut être «modifié» compte tenu des
«expériences acquises» lors des différentes phases
d'application ou lors d'une répétition avec d'autres cibles ou
les mêmes cibles quelques temps plus tard.
C'est en fonction des effets obtenus en cours et à la
fin de la formation que le programme peut-être revu : combien
d'inscrites parviennent en fin du programme de formation ? Quel est le
degré de réalisation des objectifs du programme ? Quel est
le degré d'atteinte des objectifs pédagogiques
visés ?
Tableau n°5 Schéma 1 du cadre
problématique
(3)
|