INTRODUCTION
Actuellement environ 40 % de la population mondiale soit deux
milliards de personnes habitants des pays les plus pauvres du monde pour la
plupart, sont exposées au paludisme. C'est une maladie des
régions tropicales et sub-tropicales. Elle est responsable chaque
année de 300 millions de cas de maladie aiguë et d'au moins un
million de décès dont 90 % surviennent en Afrique au sud du
Sahara principalement chez les jeunes enfants de moins de cinq ans et
les femmes enceintes. Il représente 10 % de la charge totale
de morbidité du continent.
Chaque année nous enregistrons au Sénégal
dans les structures sanitaires, environ 8000 décès qui sont
imputables au paludisme et toutes les statistiques de ces dernières
années s'accordent à placer le paludisme au premier rang des
motifs de consultation et des causes de mortalité.
Au Sénégal l'épidémiologie du
paludisme a fait l'objet de plusieurs travaux, l'endémie palustre a
été étudiée partiellement ou entièrement
dans différentes zones biogéo-graphiques, à travers ses
composantes majeures : niveau et modalités de la transmission,
niveau de l'endémicité, morbidité et stratégie de
lutte.
Le Sénégal est subdivisé en trois zones
biogéographiques: La zone sahélienne au Nord, la zone
sahélo soudanienne au centre et la zone soudano guinéenne au Sud.
La prise en compte des paramètres de la transmission et de la
morbidité permet de distinguer un faciès sahélien au nord
et au centre et un faciès tropical au sud (Faye et al 1993, Faye et al.
1995). L'épidémiologie du paludisme est fonction des conditions
écologiques et socio-économiques locales déterminantes
dans les relations étroites qui existent entre l'hôte le parasite
et le vecteur. Actuellement, on assiste à des modifications sensibles de
l'écosystème dans certaines zones biogéographiques du pays
avec notamment la mise en oeuvre de barrages dans la vallée du fleuve
Sénégal en zone sahélienne et au niveau du bassin de
l'Anambé en zone soudanienne. Ces aménagements entrent dans le
cadre d'une politique d'autosuffisance alimentaire, basée sur la
maîtrise de l'eau dans le but de promouvoir l'agriculture irriguée
notamment la riziculture. Un phénomène d'urbanisation croissante,
mais aussi la présence de modifications naturelles sont aussi
notés dans certaines parties du territoire national.
Ces nouvelles conditions écologiques peuvent
créer une instabilité du paludisme pouvant se traduire par une
augmentation de la morbidité, la survenue d'épidémies
(Gaye et al. 2000) et la diffusion de souches de parasites résistantes
aux antipaludiques. La répercussion de la riziculture irriguée
sur le paludisme a été étudiée au Burundi et au
Burkina Faso et les résultats obtenus sont contradictoires (Coosemans.
1985, Robert & al. 1985). Si dans le premier pays, le
paludisme a progressé de manière inquiétante avec
l'extension de la riziculture, dans le second, la transmission en zone rizicole
n'a pas augmenté.
Au vu de cette situation actuelle, une étude
épidémiologique du paludisme, tenant compte
des modifications environnementales permettra de mieux cerner ce
problème de santé publique au Sénégal.
Dans ce mémoire nos objectifs ont été de
préciser le profil épidémiologique du paludisme dans des
zones présentant des caractéristiques écologiques
très différentes, au niveau des trois strates
biogéographiques du Sénégal. Ainsi, les sites
d'études ont été sélectionnés en zone avec
aménagements hydro agricoles (riziculture): Kassack Sud (au Nord) et
Madina Dianguette (au Sud), en zone de polycultures vivrières sous
pluies : Boki Diawé (au Nord) et Némataba (au Sud),
en milieu urbain: Touba (au centre) et en zone de mangrove :
Tassinère (au Nord). L'étude a été
réalisée entre Juin 2003 et Mai 2005 durant les
différentes saisons de l'année et dans chaque site la
prévalence, la morbidité et la transmission du paludisme ont
été évaluées.
Après les généralités sur le
paludisme, les différents districts sanitaires étudiés ont
été présentés et la méthodologie
utilisée a été décrite. Dans la troisième
partie nous avons présenté les résultats obtenus, la
discussion et les conclusions de notre étude.
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