Fluctuation du Taux de change en Haiti, une analyse de ses principales causes, de 1996 à 2005( Télécharger le fichier original )par Antoine Dit Rigaud Fils Fragé Faculté de Droit et des Sciences Economiques - Licence 2009 |
2.A.- Courants de pensée sur la détermination du changePlusieurs théories ont vu le jour afin de prévoir le comportement du taux de change. Des théories telles que : (PPA) la théorie de la parité du pouvoir d'achat, la théorie des monétaristes à prix flexible et à prix rigide, l'approche macroéconomique, l'approche NATREX (Natural Real Exchange rate), la théorie du portefeuille, la théorie de la "bulle spéculative, etc. Nous allons présenter dans les lignes qui suivent, deux de ces théories, la théorie de la Parité du pouvoir d'achat, et l'approche monétaire du taux de change à prix flexible, car elles sont très pertinentes dans le cadre de notre travail de recherche. 2.a.1.- Théorie de la parité du Pouvoir d'achat des monnaies (PPA)La théorie des pouvoirs d'achat16(*) est considérée comme étant la théorie la plus utilisée pour déterminer les taux de change d'équilibre. Cette théorie développée par G. Cassel dans son livre « La monnaie et le change après 1914 » a été le premier à axer la réflexion sur la relation entre le pouvoir d'achat et le taux de change. Dans un contexte de première guerre mondiale, les niveaux de change étaient irréalistes. C'est pourquoi, Cassel a insisté sur la nécessité de retrouver un taux de change d'équilibre après 1914-1918. Le succès de ses idées reposant sur une généralisation de la loi du prix unique17(*) à l'ensemble des biens d'une économie. Cette théorie existe en deux formes : Une forme absolue et une forme relative. 2.a.1.1.- La PPA absolue La forme absolue de cette théorie s'applique en l'absence de toute entrave au commerce international, c'est-à-dire des barrières tarifaires, barrières non tarifaires, contingents, restrictions volontaires à l'exportation etc. en supposant négligeables les coûts de transaction et d'information. Elle postule que sous l'effet des forces du marché, le taux de change s'ajuste jusqu'à égaliser les prix des paniers nationaux de biens et de services de deux pays. Dans ce contexte le taux de change équivaut simplement au rapport entre le prix intérieur et le prix extérieur d'un ensemble donné de produits, donc une unité de monnaie nationale devrait avoir le même pouvoir d'achat dans le pays domestique et dans le pays étranger compte tenu du cours de change qui prévaut entre les deux pays, d'où l'équation suivante : ai Pi t bi Pi* t et PPA = =
et est le taux de change nominal, avec I = ai Pi t et I* = bi Pi* t i = 1,2........n et ai = bi = 1 S = I / I*, I étant l'indice des prix en Haïti et I* l'indice des prix à l'étranger. Donc si les prix externes augmentent plus vite que les prix internes, le taux de change diminue, donc la monnaie locale s'apprécie par rapport à la devise considérée et vice versa. Par conséquent, le cours de change de la parité des pouvoirs d'achat absolue correspond, à tout moment au rapport de niveaux de prix : ainsi si le niveau des prix à la consommation est en Haïti de 200 et aux Etats-Unis 100 le taux absolu devrait être égale à deux (2). Pour différentes raisons, cependant, la PPA absolue ne peut pas être vérifiée dans la pratique, ce qui réduit son utilité en tant que théorie de détermination du change. Ces raisons sont dues aux hypothèses induites par la loi du prix unique. Trop strictes pour être réalisables, elles réduisent l'utilité de la PPA absolue en tant que théorie de détermination du taux de change, d'où le passage à la forme relative. 2.a.1.2- La PPA relative En présence d'entraves au commerce international, la loi du prix unique ne s'applique plus. Le principe de la PPA peut alors s'exprimer sous une version dite relative. Elle suppose que le taux de change entre deux pays finira par contrebalancer l'écart entre leurs taux d'inflation au fil du temps. Ainsi, des pays dont les politiques monétaires poursuivent des objectifs d'inflation différents doivent s'attendre à ce que cette différence se répercute sur leurs taux de change. Le cours de la période observée (et PPAR) est égale au cours de la période de base (e0) multiplié par le rapport des indices des prix à la période 1 (qui reflète l'inflation), d'où l'équation : et PPAR = e0 . Indice des prix domestiques à la période (1) Indice des prix étrangers à la période (1) Par conséquent, la variation des taux de change de la PPA relative met en évidence la variation des indices de prix. Les limites de la théorie du pouvoir d'achat sont très évidentes, car cette théorie souffre de plusieurs inconvénients majeurs, tant au niveau théorique qu'au niveau empirique, bien qu'elle puisse être utile pour évaluer les parités de long terme entre pays à niveau de développement similaire. Au niveau théorique, le taux de change réel auquel fait référence la PPA fait abstraction de toute considération d'équilibre macroéconomique. En d'autres termes, elle ne permet pas de relier le taux de change réel à la situation économique d'un pays, et principalement à sa position extérieure. Au niveau empirique, les difficultés sont nombreuses. En particulier, nous avons vu que la PPA suppose la constance du taux de change réel, ce qui semble difficilement compatible avec les importantes fluctuations observées des parités réelles. Les partisans de la PPA ont dès lors mis en avant la validité de cette théorie, mais uniquement sur le long terme, en raison notamment de l'existence de diverses rigidités rendant le processus d'ajustement très lent. Empiriquement, les études ont alors eu pour objet de tester la stationnarité du taux de change réel. A nouveau, les résultats sont apparus décevants, même à long terme. Ainsi, Roll [1979], Adler et Lehmann [1983], Darby [1983] ou encore Huizinga [1987] mettent en avant le fait que le taux de change réel suit une marche aléatoire. D'autres auteurs, comme par exemple Corbae et Ouliaris [1988], Enders [1988], Taylor [1988] et Mark [1990], acceptent quant à eux l'hypothèse d'absence de relation de cointégration18(*) entre le taux de change nominal et les prix relatifs. Il en découle donc l'existence d'écarts permanents à la PPA. Signalons néanmoins, à la suite de Coudert [1999], que certains travaux ont cherché à réhabiliter la version relative de la PPA à long terme en concluant à la stationnarité des taux de change réels d'un grand nombre de pays contre le dollar ou contre le mark. Ces insuffisances tant aux niveaux théoriques qu'aux niveaux empiriques liés à la PPA ont conduit à d'autres approches. * 16 On rappelle que cette théorie a été introduit par Cassel en 1916 qui a suggéré de définir le niveau du taux de change nominal d'équilibre comme le taux assurant la parité de pouvoir d'achat entre deux monnaies : une unité monétaire quelconque peut être échangée contre la même quantité de biens dans son pays d'origine ou dans tout autre pays après conversion en monnaie locale. * 17 Voir Cadre conceptuel * 18 On rappelle que deux variables sont dites cointégrées si elles sont toutes deux non stationnaires et s'il est possible de trouver une combinaison linéaire de ces deux variables qui soit stationnaires. |
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