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Optimisation multicritère pour la gestion d'un réseau d'AEP

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par Gueddouj et Ouaret
Université béjaia - ingénieur 2002
  

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CHAPITRE II

Défaillances et Réhabilitation

II.1 Introduction

L'eau potable est transportée dans des canalisations fermées et généralement enterrées. Avec le vieillissement - lié aux caractéristiques des canalisations et de leur environnement -, les performances hydrauliques et la qualité d'eau diminuent, les pertes d'eau et les casses augmentent et peuvent provoquer des dégâts importants.

Ce chapitre comporte trois parties principales. Nous allons d'abord décrire les différentes défaillances susceptibles de se manifester dans un réseau d'A.E.P, leurs causes et leurs effets. La seconde partie portera sur le diagnostic et l'entretien des réseaux d'A.E.P. Enfin, la dernière partie aura pour objet l'illustration des différentes techniques de réhabilitation des conduites d'eau potable.

II.2 Défaillances

II.2.1 Définition [08]

On appelle défaillance toute détérioration pouvant provoquer ou accentuer le risque de dysfonctionnement du réseau (ou de l'un de ses éléments), ou la diminution de son rendement.

II.2.2 Les différents types de défaillances :

II.2.2.1 Les fuites

Ce sont des pertes physiques de quelques quantités d'eau, mais qui n'empêchent pas le fonctionnement normal du réseau.

Les fuites sont généralement localisées dans les joints, les vannes, les raccordements, les points de jonction entre deux éléments ou dans le corps même de la conduite.

Causes des fuites :

- Rupture ou mauvaise étanchéité des conduites.

- Joints détériorés ou mal exécutés.

- Corrosion.

- Glissements de terrains.

- Excès de pression.

Effets des fuites :

- Risque de dégradation de la qualité de l'eau suite à l'introduction d'eau polluée. - Perturbation de la circulation suite aux inondations.

- Risque de retour d'eau.

II.2.2.2 Les pertes

Dans un réseau, on distingue deux types de pertes et leurs causes sont diverses :

· Les pertes techniques : elles sont dues :

- au débordement des réservoirs dues soit mauvais fonctionnement du flotteur ou de la vanne de vidange.

- Aux fuites sur conduites et branchements particuliers engendrées par les casses et leurs différentes causes.

- Aux fuites sur robinets, vannes et colliers dues à un mauvais serrage des joints, des presses étoupes des vannes et des colliers de prise.

· Les pertes administratives : ce sont les eaux consommées mais non comptabilisées. On citera :

- La consommation des organismes publics,

- La défectuosité ou l'insensibilité des compteurs

- Absence de compteurs chez les abonnés,

- Pertes par branchements illicites.

II.2.2.3 Les casses (ruptures) :

Une rupture ou une casse est définie comme étant une détérioration induisant un arrêt momentané de la l'alimentation en eau et qui nécessite une intervention sur le réseau. [04]

Les causes des ruptures : - Mouvement du sol, - Coup de bélier,

- Travaux de chantier

- Trafic routier intense, - Conditions de pose,

- Etc.

Les effets des ruptures :

- Fuites et leurs conséquences,

- Risque d'introduction d'eau polluée,

- Interruption de l'alimentation en eau des abonnés.

- Etc.

II.2.2.4 Dégradation de la qualité de l'eau [07, 12]

De la source jusqu'à son arrivée aux usagers, l'eau peut subir de très nombreuses modifications de sa qualité intrinsèque.

Une bonne connaissance des facteurs qui peuvent influencer la qualité de l'eau dans le réseau est indispensable pour les services d'exploitation afin d'anticiper et d'éviter des problèmes potentiels tels que les risques sanitaires. Les facteurs susceptibles de provoquer la dégradation de la qualité de l'eau sont :

II.2.2.4.1 Les facteurs biologiques :

L'eau produite dans les stations de traitement passe par le réseau et arrive aux usagers sans jamais être stérile. Plusieurs micro-organismes sont susceptibles d'être présents dans le réseau de distribution : bactéries, virus, champignons et organismes pluricellulaires. La plus grande partie des germes présents dans l'eau et notamment tous ceux qui sont pathogènes doivent être éliminés.

II.2.2.4.2 Les facteurs physico-chimiques :

· Le PH : peut varier le long de la distribution du fait de l'évolution de la concentration de CO2 dissous. Ainsi, une aération dans un réservoir peut rendre une eau dure et incrustante par une perte de CO2, ce qui risque d'obturer les conduites par dépôt de tartre. Inversement, une eau chargée de CO2 agressif (avec un PH bas) a tendance à attaquer les matériaux avec des conséquences importantes : dissolution des ciments, attaque des métaux ferreux (corrosion), etc.

· Les chlorures : le chlore a souvent été le choix évident pour la désinfection résiduelle, la réglementation internationale fixe la norme de 25 mg/l comme valeur idéale, et 200mg/l comme concentration à risque. La présence des chlorures dans les eaux est due le plus souvent à la nature des terrains traversés, aux rejets industriels ou aux rejets des eaux usées. Il faut savoir aussi qu'un résidu de 3 à 6 mg/l est nécessaire pour contrôler des fortes reviviscences bactériennes. La réglementation algérienne pour les chlorures a fixé la norme de 200 à 500 mg/l.

· Les nitrates : la présence des nitrates dans les eaux de consommation est indésirable et considérée comme un élément polluant. L'existence de cet élément est favorisée par la mise en place des méthodes de production agricole intensives, qui se traduit par une utilisation intense des engrais chimiques avec une concentration plus grande. La norme algérienne pour la potabilité de l'eau concernant les nitrites est donnée au maximum à 50 mg/l.

· Le plomb : contrairement à d'autres métaux tels le fer, le cuivre et le zinc qui sont indispensables pour le corps humain, le plomb n'intervient dans aucun processus physiologique de notre organisme, sa présence dans le corps est inutile et, à certaines doses indésirables il peut provoquer des troubles de santé, à cet égard, le plomb est classé parmi les substances toxiques dans la norme de l'eau destinée à la consommation humaine. La norme européenne est de 0.05 mg/l au maximum, mais la nouvelle réglementation prévoit que la teneur maximale en plomb est passée à 0.025 mg/l depuis 2004, puis àà0.01 avant 2014. La norme algérienne est fixée à 0.05 mg/l au maximum depuis l'année 2000. L'origine de cet élément, qu'il y a des canalisations en plomb et la stagnation des eaux dans

ces canalisations dissout les fines particules du métal. Le plomb existe aussi dans l'air rejeté par le carburant des voitures et transporté par le vent aux réservoirs et aux canaux à l'air libre.

· La température : une température élevée peut favoriser des goûts désagréables. De plus, elle accélère la corrosion, influence la croissance bactérienne, dissipe l'effet du désinfectant résiduel et modifie la valeur du PH.

· L'oxygène dissous : toute baisse de la teneur en oxygène dissous peut être interprétée comme un signe de croissance biologique.

· La turbidité : une turbidité élevée induit un ralentissement des bactéricides et une corrosion importante.

II.2.2.4.3 Facteurs liés à la conception et à la gestion du réseau

· Le temps de séjours et la vitesse d'écoulement : La conservation de la qualité de l'eau est facilitée par la réduction du temps de séjour dans le réseau. Les stagnations d'eau favorisant corrosion et dépôts apparaissent dès que la vitesse de l'eau est inférieure à 0,5 m/s.

· Le choix des matériaux : Les interactions entre l'eau et les matériaux du réseau peuvent être à l'origine de la dégradation de la qualité de l'eau distribuée.

Le tableau suivant donne les normes de potabilité d'une eau de consommation telles que précisées par le journal officiel de la république algérienne N°51 du 20 août 2000.

Caractéristiques

Unité

Concentration

Caractéristiques organoleptiques.

Couleur

Mg/l de platine

Au maximum 25

Odeur (seuil de perception à 25°C)

 

Au maximum 4

Saveur (seuil de perception à 25°C)

 

Au maximum 4

Turbidité

Unité Jackson

Au maximum 2

Caractéristiques physico-chimiques.

PH

Unité PH

6.5 à 8.5

Conductivité (à 20°C)

Us/cm

Au maximum 2.800

Dureté

Mg/l de CaCO3

100 à 500

Chlorures

Mg/l

200 à 500

Sulfates

Mg/l

200 à 400

Calcium

Mg/l

75 à 200

Magnésium

Mg/l

150

Sodium

Mg/l

200

Potassium

Mg/l

20

Aluminium

Mg/l

0.2

Oxydabilité au permanganates de potassium

Mg/l en oxygène

Au maximum 3

Résidus secs après dessiccation à 180°C

Mg/l

1.5 à 2

Caractéristiques concernant les substances indésirables.

Nitrates

Mg/l

Au maximum 50

Nitrites

Mg/l

Au maximum 0.1

Ammonium

Mg/l

Au maximum 0.5

Azote

Mg/l

Au maximum 1

Fluor

Mg/l

0.2 à 2

Hydrogène sulfuré

 

Peut être décelable orgaleptiquement

Fer

Mg/l

Au maximum 0.3

Manganèse

Mg/l

Au maximum 0.5

Cuivre

Mg/l

Au maximum 1.5

Zinc

Mg/l

Au maximum 5

Argent

Mg/l

Au maximum 0.05

Caractéristiques concernant les substances toxiques

Arsenic

Mg/l

Au maximum 0.05

Cadmium

Mg/l

Au maximum 0.01

Cyanure

Mg/l

Au maximum 0.05

Chrome

Mg/l

Au maximum 0.05

Mercure

Mg/l

Au maximum 0.01

Plomb

Mg/l

Au maximum 0.05

sélénium

Mg/l

Au maximum 0.01

 

Tableau (II.1) : Normes algériennes d'une eau potable [12]

II.2.2.5 Les interruptions :

Une interruption est un arrêt momentané de l'alimentation en eau dans la durée réservée à la distribution. Cet arrêt dû soit au dysfonctionnement de quelques ouvrages hydrauliques ( pompe, réservoir ... etc. ), soit à une réparation d'une fuite, soit à une action ayant pour but d'éviter un danger qui menace la population (inondation, dégradation de la qualité de l'eau ), soit à un sabotage sur le réseau.

II.2.2.6 Les plaintes des consommateurs

Les plaintes des usagers ne sont en réalité que les conséquences des différentes défaillances qui surviennent sur le réseau. Elles sont dues à la non satisfaction vis-à-vis de la qualité de service. Le plus souvent, on enregistre des plaintes sur le manque de pression, sur la qualité de l'eau et les interruptions fréquentes d'alimentation en eau.

II.2.3 Durée de vie et défaillance : [11]

La durée de vie d'une entité correspond au temps écoulé pendant lequel cette entité assure le service sans aucune anomalie. Au bout de ce temps, le système cesse de satisfaire aux conditions d'utilisation, cette transition correspond à la défaillance.

II.2.4 Fonctions utilisées en analyse de survie et prévision des défaillances

II.2.4.1 Fiabilité

La fiabilité est la probabilité pour qu'une entité continue d'accomplir sa fonction requise, dans des conditions déterminées après un temps d'utilisation t. la fonction fiabilité est donnée par la formule suivante : S (t) = P (T = t). [11]

On définit également la fonction de défaillance qui donne la probabilité pour que l'entité ou le système soit en panne avant l'instant t. la fonction de défaillance est donnée par la formule suivante : F(t) = P(T < t) = 1 - S(t). [11]

II.2.4.2 Taux de défaillance :

Les conduites d'eau potable connaissent plusieurs défaillances avant leur renouvellement.

La norme AFNOR définit le taux de défaillance de la manière suivante : « limite, si elle existe, du quotient de la probabilité conditionnelle pour que l'instant t d'une défaillance d'une entité soit compris dans un intervalle de temps donné [t, t + dt] par la durée dt de l'intervalle de temps, lorsque dt tend vers zéro, sachant que l'entité n 'a pas été défaillante entre 0 et t ». [11]

h t

( ) lim

=

dt?0

p t T t dt

( )

= < +

 
 

L'allure de h(t) peut être une courbe en baignoire, où l'on distingue trois périodes :

h(t) décroissante (1) : période de jeunesse.

h(t) constante (2) : période de vie utile.

h(t) croissante (3) : période de vieillesse.

Taux de défaillance

(3)

(1)

(2)

t

Fig.II.1 : Evolution du taux de défaillance [20]

La fonction h(t) rend compte de l'évolution du risque de défaillance au cours du temps et reflète donc le vieillissement des entités. En d'autres termes si les entités sont sujettes à un vieillissement h(t) sera croissante. Si la défaillance est accidentelle h(t) sera constante.

II.3 Diagnostic [20]

Le diagnostic permet d'apprécier l'état qualitatif des ouvrages et d'en déduire les opérations d'entretien ou de maintenance à effectuer.

II.3.1 Méthodologie de diagnostic

La méthodologie de diagnostique s'établit en quatre phases :

II.3.2 Phase enquête et recueil de données :

Elle consiste à :

- réaliser une analyse fonctionnelle des composants du réseau ;

- réaliser une analyse systématique des défaillances pour chaque élément maintenu ;

- Etablir des fiches d'interventions ;

- Constituer une base de données historique des évènements ;

- Projections futures.

II.3.3 Phase analyse de données :

Dans cette phase, on procède au traitement des données brutes à l'aide de la mise en oeuvre d'une politique de maintenance optimisée.

· le traitement des données : il a pour objectif de déterminer le taux de défaillance et la fiabilité par application de modèles mathématiques. Il permet aussi de déterminer les coûts pour les différents types de maintenance.

· L'aide à la mise en oeuvre d'une politique de maintenance optimisée : elle permet de mesurer l'efficacité des actions décidées, les écarts entre la prévision et les résultats, d'aider et de guider l'exploitant vers la maintenance la mieux adaptée.

II.3.4 Analyse et détermination des paramètres du diagnostic :

Cette phase permet de choisir le personnel et le matériel nécessaire pour les différents types de maintenance. Pour cela, on utilise les résultats obtenus par la phase précédente.

II.3.5 Estimation des coûts

Cette phase consiste à faire l'estimation des dépenses nécessaire pour l'application d'un type de contrôle. La recherche d'une optimisation du coût global et la meilleure valorisation du patrimoine conduisent à trouver un équilibre entre les ouvrages neufs et les travaux de conservation. [19]

II.4 Entretien des réseaux d'A.E.P

L'entretien du système de distribution d'eau vise plusieurs objectifs comme le maintien d'un service fiable, d'une eau de bonne qualité et de coûts d'opération minimum.

II.4.1 Entretien des réservoirs

Cela consiste à faire :

- Une analyse de la qualité de l'eau ;

- Vidange et nettoyage de l'ouvrage au moins une fois par an. Ces opérations doivent être suivies de désinfection de l'ouvrage et d'un contrôle de la qualité de l'eau après remise en eau de l'ouvrage ;

- Des travaux de génie civil : ces travaux concernent la dégradation du béton et les défauts d'étanchéité.

- Réparation des équipements détériorés (vannes, clapets de vidange, flotteurs, etc.).

II.4.2 Entretien des adductions et du réseau de distribution

Les travaux d'entretien du réseau de distribution et de l'adduction concernent les conduites et tous les accessoires qui les accompagnent. Ces travaux sont :

- Surveillance et entretien

- Actions de réductions des pertes.

II.4.2.1 Surveillance et entretien :

La surveillance et l'analyse des états physiques, hydrauliques et d'encrassement du réseau permettent de mieux appréhender les problèmes qui surviennent dans le réseau. Cela consiste à :

- Faire un entretien périodique (visite, graissage, révision) des organes mécaniques des appareils de fontainerie ;

- Vidanger et purger les régulateurs de pression ;

- Vérifier le bon fonctionnement des ventouses ;

- Resserrer les presse-étoupe des vannes.

II.4.2.2 Actions de réduction des pertes en eau :

Pour réduire les pertes en eau dans l'adduction et dans le réseau de distribution, deux actions sont nécessaires pour l'exploitant ; la première, la plus importante est la recherche et la réparation des fuites. La seconde plus ou moins importante est le comptage.

II.4.2.2.1 Recherche et réparation des fuites :

II.4.2.2.1.1 Détecte et gestion des fuites [14]

Trouver, quantifier et gérer les fuites est un défi pour la plupart des systèmes d'approvisionnement en eau existants. Elles représentent souvent la plus importante cause des pertes dans le système et peuvent atteindre jusqu'à 30 % de l'eau captée, même dans les systèmes bien gérés. Des taux de fuites de 80 à 90 % ne sont pas rares. Parmi les difficultés à gérer les fuites, on peut noter que :

· les fuites ne sont pas constantes. Elles augmentent avec la pression dan les conduites ;

· les divers éléments des systèmes d'alimentation ne sont pas sensibles aux déperditions de la même manière. Il et possible d'identifier, et même, ce qui est préférable, de quantifier les points de vulnérabilité ;

· l'évaluation sur le plan économique de l'importance des déperdition ne peut se faire que si elles ont pu être quantifiées (si possible avec un coefficient d'incertitude connu). Cela ne peut se faire qu'en présence de mesures fiables effectuées sur le système;

· les opérations de réparation et de gestion des déperditions sont des investissements rentables. Il s'avère en général moins coûteux de maîtriser les fuites que de prélever dans une nouvelle source d'approvisionnement le volume d'eau équivalent à l'eau économisée.

Plusieurs méthodes ont été développées afin de permettre la détection des fuites et même leur localisation avec une prévision plus ou moins grande. Ces méthodes sont classées en trois catégories :

- Méthodes de recherche à grande échelle

- Méthodes acoustiques - Méthodes modernes

a-/ Méthode de recherche à grande échelle [22]

Elle consiste à calculer la différence entre le volume introduit dans le réseau et le volume consommé et comptabilisé. Une différence de volume permet de soupçonner des fuites d'eau dans l'un des secteurs du réseau.

La méthode fréquemment utilisée pour la délimitation de la zone de la fuite est l'isolement des tronçons soupçonnés de fuite et la pose de compteurs en amont et en aval de ceux-ci. Il reste ensuite à détecter la localisation exacte de la fuite par l'utilisation de méthodes plus fines.

b-/ Méthodes acoustiques [22]

Les méthodes de détection utilisées sont toutes basées sur le bruit émis par les fuites. L'écoute du bruit causé par la fuite peut se faire soit par contact direct avec la conduite et tout ce qui y est raccordé (entrée de service, vanne, borne d'incendie), soit par écoute sur 1e sol.

Le bruit de la fuite résulte du choc des molécules d'eau entre elles, de leur frottement contre les parois de l'orifice de la fuite ou finalement du choc de 1'eau sur le terrain. L'écoute et l'analyse de ce bruit permettent de déterminer une zone plus ou moins importante de détection de la fuite. Cette zone est embrouillée par le bruit de fond (vent, trafic routier etc.). L'utilisation d'amplificateurs mécaniques ou électroniques ou encore de corrélateurs acoustiques permet l'élimination des bruits parasites.

c-/ Méthodes modernes [02]

Plusieurs méthodes modernes sont actuellement employées dans la recherche des fuites. On citera :

- Technique de photographie aérienne, notamment dans le domaine de l'infrarouge, la prise de photographies permet de déceler des zones de températures différentes résultant de la fuite.

- Utilisation des traceurs radioactifs : détection de radioactivité intense aux zone des fuites.

- Utilisation de caméras qui permettent de déceler les différentes anomalies (glissement de joints, infiltrations d'eaux polluées, branchements clandestins, etc.

II.4.2.2.1.2 Réparation des fuites :

Après la détection de la fuites, on procèdera à sa réparation. Plusieurs dispositions sont à prendre lors de la réparation :

- faire un terrassement profond pour éviter le retour d'eau polluée dans la canalisation après la coupe de la conduite ;

- ne pas procéder à la vidange de la conduite avant la fin du terrassement et le dégagement total du tronçon au droit de la fuite ;

- bien nettoyer à l'eau javellisée toutes les pièces de réparation ainsi que les parties du tuyau dégagé.

Avant la remise en service de la conduite, il est nécessaire de la rincer et de procéder au contrôle de la qualité de l'eau.

II.4.2.2.2 Le comptage :

Une partie considérable des pertes d'eau est due au sous comptage. Pour améliorer le comptage de l'eau du réseau, une bonne gestion des compteurs à la production et au niveau des abonnés s'impose. Cela consiste à :

- Vérifier la sensibilité des compteurs individuels,

- Etendre le comptage dans les bâtiments publics sans compteurs,

- Installation de compteurs pour les nouveaux abonnés.

II.4.3 Dispositions et moyens d'intervention [19]

Pour assurer une organisation convenable d'un service d'entretien et de maintenance, il est utile de :

· Faire des prévisions pluriannuelles des moyens en personnels, en matériels et en budget mis à la disposition des services d'études, d'exploitation et des groupes d'entretien ;

· Disposer d'un personnel compétent ;

· Posséder des plans de gestion donnant les caractéristiques des conduites et des autres organes du réseau, la localisation exacte des noeuds, plans qui sont à tenir à jour en permanence ;

· Connaître toutes les informations utiles relatives aux fonctionnalités et tous les renseignements statistiques annuels intéressant les interventions d'entretien et les réparations effectuées sur le réseau et les ouvrages ;

· Connaître les valeurs d'exploitation, des coûts et de la gestion proprement dite des personnels et matériels.

II.4.3.1 Moyens humains :

Le personnel doit avoir des compétences techniques dans différents domaines : l'hydraulique, l'électricité, l'électromécanique et l'électronique.

Le nombre d'agents composant l'équipe d'intervention dépend de l'importance du réseau, de la complexité de ses équipements et du budget annuel accordé au service.

II.4.3.2 Moyens matériels :

Le choix du type et du nombre des moyens matériels à utiliser dépend du type d'intervention qui lui-même dépend du type de la défaillance. Les moyens matériels utilisés pour les interventions sont classés en deux catégories : Moyens simples (clefs, tournevis, poste à souder, etc.) et des moyens lourds (bulldozers, pelle hydraulique, matériels de détection des fuites, etc.).

II.5 Réhabilitation

II.5.1 Définition

Le dictionnaire Larousse définit la réhabilitation comme étant l'ensemble des opérations qui permettent de maintenir en état de fonctionnement un matériel susceptible de se dégrader, soit par réparation de l'ouvrage faillé, soit par un renouvellement total du matériel.

II.5.2 Les différentes techniques de réhabilitation [02]

On distingue trois méthodes principales de réhabilitation dans le réseau de distribution.

· Les revêtements internes au mortier ciment.

· Les traitements par injection.

· Les gainages plastiques.

II.5.2.1 Les revêtements internes au mortier-ciment :

a-/Procédé par compression :

Utilisé pour le traitement des canalisations en fonte et en acier dont le diamètre est compris entre 100 et 400 mm.

Le mortier ciment est introduit à l'extrémité du tronçon. Un outil enducteur, tracté à faible vitesse, pousse devant lui la masse semi-liquide du mortier. Une partie de cette masse, fortement comprimée dans les parois du tronçon, obstrue les trous et les fissures.

b-/Procédé par centrifugation :

Une pompe à mortier est reliée à un malaxeur. Celle-ci, par l'intermédiaire d'un tuyau d'alimentation en mortier refoule le mortier dans un appareil muni d'une tête de projection rotative. Le mortier est alors projeté avec force sur les parois de la canalisation par l'appareil tracté par le tuyau d'alimentation.

L'utilisation de cet appareil est limitée pour des canalisations de diamètre inférieur à 600 mm. Pour des diamètres supérieurs, on utilise une machine auto-tractrice.

L'inconvénient de la méthode de revêtement au mortier ciment est qu'elle est limitée pour des tronçons sans ramifications ni branchements.

Fig.(II.2) : Procédé de réhabilitation par centrifugation

II.5.2.2 Le traitement par injection :

Contrairement à la méthode précédente, celle-ci ne traite pas toute la canalisation mais seulement le problème rencontré (l'endroit précis). Elle est utilisée surtout pour le contrôle des joints et les fissures. Le processus se fait de la manière suivante :

Après nettoyage soigné de la canalisation, on y introduit un appareil muni d'une caméra et d'un manchon gonflable. La caméra permet de visionner l'endroit du joint ou de la fissure. On y placera le manchon. L'étanchéité du joint est contrôlée après gonflement du manchon. Si le joint est détérioré, on injecte deux solutions chimiques qui, en se polymérisant, sortent par la fuite et se solidifient provoquant l'obstruction de la fuite. Sinon on passera au contrôle du joint suivant.

Fig. (II.3) : Procédé de traitement des conduites par injection

II.5.2.3 Le gainage plastique :

Cette méthode est très intéressante dans la cas où la canalisation est très endommagée, et son remplacement pose trop de difficultés ou de perturbations d'exploitation. Cette méthode utilise deux procédés :

· Utilisation des tuyaux en chlorure polyvinyle PVC,

· Utilisation d'une gaine de polyéthylène haute densité.

a-/Utilisation des tuyaux PVC :

Des tuyaux en PVC semi-rigides, de diamètre inférieur à celui des canalisations sont insérés à l'intérieur de celles-ci et sont soudés les uns aux autres par un thermosoudeur. Malgré la diminution de la section de la canalisation, le débit initial est rétabli par augmentation de la pression.

Cette méthode présente l'avantage de permettre de très bons résultats pour des petits tronçons à un faible coût. Toutefois, elle présente aussi deux principaux inconvénients ; la difficulté de raccorder les tuyaux et risque problèmes engendrés la dilation de matériaux différents.

b-/Utilisation de la gaine en polyéthylène HD :

La gaine est introduite dans la canalisation et on utilise le poids d'une colonne d'eau pour la retourner avec le coté résine en contact avec la canalisation et le coté feuille vers la lumière de la conduite. Une fois la gaine complètement insérée, on utilise un circuit d'eau chaude (60°C) afin de déclencher la polymérisation de la résine. Une

fois l'opération terminée (en quelques heures) on a une vieille canalisation avec une face interne lisse et neuve et sans raccord.

Cette méthode présente de nombreux avantages :

- Elle convient à tous les types de tuyaux : acier, fonte, amiante-ciment, ... etc. même en très mauvais état ;

- Elle convient à toutes les sections à partir de 100 mm ;

- Utilisation sans ouverture de fouilles ;

- Très faible réduction de la section.

Fig. (II.4) : Procédé de réhabilitation des conduites par utilisation d'une gaine en Polyéthylène HD

I.6 Conclusion :

Dans ce chapitre, nous avons vu que les défaillances, qui ont lieu dans le réseau, engendrent parfois des dégâts considérables qui nécessitent des investissement importants.

Une étude de diagnostic approfondie aide le gestionnaire à régler ces défaillances et à mieux gérer les investissements. Cela consiste à :

- Optimiser les coûts de l'entretien,

- Evaluer les coûts de réparation et ceux d'une réhabilitation des conduites et de prendre la meilleure décision,

- Choisir la meilleure technique de réhabilitation pour les conduites détériorées. L'application des méthodes d'optimisation multicritère sur le cas des réseaux d'A.E.P aidera les gestionnaires à prendre la meilleure décision. Parmi ces méthodes, on retrouve les méthodes ELECTRE, notamment la méthode ELECTRE TRI sur la quelle va porter notre étude. L'illustration de ces différentes méthodes sera l'objet du chapitre suivant.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984