4-4 Estimation et interprétation des
résultats.
Les données de cette analyse proviennent
essentiellement de la base de données de la banque mondiale (World Bank
Africa Database 2004) et du ministère de l'économie et des
finances togolais sur la période 1965 - 2002.
Les données utilisées faisant l'objet de cette
analyse sont annuelles et couvrent la période 1965-2002. Cependant, les
données relatives à la variable financière
représentant la microfinance sont trimestrielles et couvrent la
période 1996-2002. L'analyse de ces données trimestrielles sera
menée dans une autre équation établie selon le même
raisonnement méthodologique.
Etant donné que les périodes d'analyse sont
différentes, l'analyse se fera par le biais de deux équations.
4-4-1 Pour la première équation
La première équation se présente comme suit
:
PIBRH =â0
+â1cbct
+â2cspt+â3m2t
+â4tint
+â5dpt +
â6ouvcomt + t
Pour les différentes étapes de l'estimation, les
résultats se présentent comme suit :
a-Test de stationnarité des
séries
Les tests de stationnarité de Dickey-Fuller
Augmentés (ADF) confirment la non stationnarité des séries
temporelles en niveau. Elles sont toutes stationnaires en différences
premières.
b- Test de cointégration des séries de
Johansen
Selon les résultats, l'équation de
cointégration vérifie l'existence de relation de long terme entre
les variables de développement financier (cbc, csp et m2) et la mesure
de la croissance économique (PIBRH) au Togo.
On a une corrélation positive entre les variables
financières mesurant la part du crédit octroyé au secteur
privé dans le PIB nominal (csp), celle de la profondeur
financière (m2) et la croissance du secteur réel. Mais
contrairement, on a une corrélation négative entre la variable
financière mesurant la part des crédits octroyés par les
banques commerciales dans le PIB nominal et la croissance économique.
c- Dynamique de court et de long terme entre les
variables financières et réelles et sens de
causalité
L'étude de la relation de causalité de long
terme passe par l'interprétation des modèles à correction
d'erreur (MCE) pour les différentes équations. Il faut souligner
que dans les équations de cointégration on ne peut pas tester la
significativité des variables qui sont intégrées d'ordre
1. L'estimation se fera par la méthode des moindres carrés
ordinaires en une seule étape de Hendry qui permettra
d'obtenir à la fois les effets de court et de long terme.
En effet, les MCE présentent un avantage
économique puisqu'il permet de donner la dynamique de court et long
terme pour une variable donnée. Le second avantage est de nature
statistique puisque dans un MCE toutes les variables sont stationnaires et donc
les tests classiques (Student, Fisher...) sont alors applicables et cela permet
d'éviter toutes régressions fallacieuses. L'estimation d'un
modèle à correction d'erreur ne pose donc pas de problème
particulier et nécessite simplement le recours à une technique de
moindres carrée ordinaire facile à manipuler.
Le premier modèle à correction d'erreur (MCE) dont
la variable dépendante est le DLPIBRH se présente comme suit :
Tableau 5 : Modèle à
correction d'erreur dont la variable dépendante est le DLPIBRH.
Variable
|
Coefficient
|
t-Statistic
|
Prob
|
Part des crédits accordés par les banques
commerciales dans le PIB (DLCBC)
|
1,502298**
|
0,966727
|
0,0347
|
Part des crédits bancaires octroyée au secteur
privé (DLCSP)
|
0,841821
|
0,378967
|
0,7082
|
Ratio M2/PIB (DLM2)
|
2,006360**
|
2,234198
|
0,0355
|
Taux d'investissement national (DLTIN)
|
-0,142689
|
-0,219288
|
0,8284
|
Part des dépenses publiques dans le PIB (DLDP)
|
-0,785789
|
-0,351475
|
0,7284
|
Ouverture commerciale (DLOUVCOM)
|
-0,461016
|
-1,250866
|
0,2236
|
Produit intérieur brut retardé
(LPIBRH_1)
|
-0,804345***
|
-4,306088
|
0,0003
|
Part des crédits bancaires octroyée au secteur
privé retardée (LCBC_1)
|
-0,895940
|
-0,950147
|
0,3519
|
Part des crédits bancaires octroyée au secteur
privé retardée (LCSP_1)
|
2,249245
|
1,142509
|
0,2650
|
Ratio M2/PIB retardé (LM2_1)
|
2,653151***
|
2,961166
|
0,0070
|
Taux d'investissement national retardé (LTIN_1)
|
0,279382
|
0,327357
|
0,7464
|
Part des dépenses publiques dans le PIB retardée
(LDP_1)
|
2,144574
|
0,881013
|
0,3874
|
Ouverture commerciale retardée (LOUVCOM_1)
|
-0,484293
|
-1,108191
|
0,2792
|
Constante
|
238,6136
|
3,926861
|
0,0007
|
Note : (***), (**) signifie respectivement significatif
à 1% et 5%.
Source : Auteur à partir des
estimations
Dans cette équation, selon la variable LPIBRH_1, on
constate que la force de rappel à l'équilibre est négative
et significative au seuil de 1%. Il existe donc un mécanisme à
correction d'erreur à long terme. Le modèle à correction
d'erreur est donc validé. On arrive alors à ajuster 80,43% du
déséquilibre entre le niveau désiré et effectif du
produit intérieur brut par habitant.
Dynamique de court terme
A court terme, l'augmentation d'un pour cent des indicateurs
de développement financier mesurant la part des crédits
octroyés par les banques commerciales dans le PIB nominal (cbc), le
ratio des crédits accordés au secteur privé dans le PIB
nominal (csp) et de la profondeur financière (m2) fait augmenter
respectivement la croissance économique de 1,5 ; 0,84 et 2,0 pour cent.
Cependant, seules la part des crédits octroyés par les banques
commerciales dans le PIB nominal (cbc) et la profondeur financière (m2)
ont une influence significative sur la croissance du secteur réel au
Togo à court terme. Ce résultat pourrait se justifier par la
performance du secteur bancaire dans l'allocation des crédits dans
l'économie togolaise. L'influence de la profondeur financière
n'est pas conforme aux conclusions de Berthélemy et Varoudakis (1998)
qui soutenaient dans leur analyse l'idée selon laquelle, l'impact de
l'approfondissement financier sur la croissance ne se manifeste
qu'à partir d'un certain seuil (M2/PIB) au moins égal à
36,5% alors qu'en moyenne ce ratio est de 27,84% au Togo.
En effet, toutes les variables de contrôle ont une
influence négative mais non significative sur la mesure de la croissance
à court terme au Togo.
Dynamique de long terme
Les élasticités de long terme se présentent
comme suit :
Tableau 6 : Elasticités de long
terme de la première équation
Variables
|
DLcbc
|
DLcsp
|
DLm2
|
DLtin
|
DLdp
|
DLouvcom
|
Elasticités de long terme
|
-138/ 137
|
- 139/137
|
- 1310/137
|
- 1311/137
|
- 1312/137
|
- 1313/137
|
Valeurs estimées
|
1,114
|
-2,796
|
-3,299*
|
-0,347
|
-2,666
|
0,602
|
Source : Auteur à partir des
résultats du MCE
A long terme, l'augmentation de la part des crédits
octroyés par les banques commerciales dans le PIB nominal (cbc),
augmente la croissance économique mais ce résultat n'est pas
statistiquement significatif.
Mais les indicateurs financiers mesurant le ratio des
crédits accordés au secteur dans le PIB nominal (csp) et de la
profondeur financière (m2) augmentés d'un pour cent font baisser
le niveau de croissance de l'économie togolaise respectivement de 2,796
et 3,299 pour cent à long terme.
Cependant seule la profondeur financière a une influence
significative à long terme sur la croissance économique
togolaise.
Pour l'étude du sens de causalité, les
modèles à correction d'erreur prouvent qu'au Togo, la croissance
économique cause le ratio de la profondeur financière (m2) et la
part des crédits octroyés au secteur privé dans le PIB
nominal (csp).
Le sens de causalité inverse montre que seules la part
des crédits octroyés par les banques commerciales dans le PIB
nominal (cbc) et la profondeur financière (m2) causent la croissance
économique.
4-4-2 Pour la seconde équation
Pour évaluer l'impact de la variable de la microfinance
sur la croissance du secteur réel, il serait intéressant de faire
une analyse d'abord graphique suivie d'une analyse
économétrique.
4-4-2-1 Analyse graphique.
A partir des données de l'annexe 2, on a le graphique
suivant :
Graphique 6 : Evolution des
séries PIBRH et RIMF
1000
400
900
800
700
600
500
300
200
100
0
RIMF PIBRH
Source : Auteur à partir des
données collectées.
Selon ce graphique, l'évolution de la part des
crédits octroyés par les institutions de microfinance (RIMF), est
presque régulière sur toute la période de l'analyse. Par
contre pour la croissance du secteur réel, on constate une baisse du
premier au second trimestre de l'année 1996 qui se stabilise sur le
reste de l'année. Le premier trimestre de l'année suivante est
marqué par une baisse de la croissance qui va chuter juste au
début du second trimestre jusqu'à la fin de l'année 1997.
Le niveau de croissance va connaître une légère baisse du
second trimestre de l'année 1998 jusqu'au dernier trimestre de
l'année 2000. La croissance économique a connu une reprise du
dernier trimestre 2000 jusqu'à la fin de l'année 2002.
En somme la variation de la croissance semble instable sur
toute la période alors que l'évolution de la variable
financière mesurant l'impact de la microfinance est
régulière sur la période de l'analyse. L'augmentation
permanente de la part des crédits octroyés par les institutions
de microfinance peut s'expliquer par la forte progression du nombre de
déposants et donc de bénéficiaires de ces crédits
plus facilement accessibles que dans les banques.
4-4-2-2 Analyse économétrique
Les données sur la microfinance étant
trimestrielles, l'impact de cette variable financière sera
évalué à travers une seconde équation qui se
présente comme suit :
Pour les différentes étapes de l'estimation, les
résultats se présentent comme suit :
a- Test de stationnarité des
séries
Selon les résultats toutes les séries sont
intégrées d'ordre 1 sauf celle relative à la microfinance
qui est intégrées d'ordre 0. Ce résultat prouve qu'il
n'existe pas de relation de long terme entre cette variable financière
et la croissance. Les résultats d'une simple régression feront
donc l'objet d'interprétation.
b- Résultats et interprétations
Les résultats se présentent comme suit : la variable
dépendante est le DLPIBRH.
Tableau 7 : Estimation de la
deuxième équation dont la variable dépendante est le
DLPIBRH.
Variable
|
Coefficient
|
t-Statistic
|
Prob.
|
Part des crédits octroyés par les IMFs
(LRIMF)
|
0,013973
|
1,465654
|
0,1569
|
Taux d'investissement national (DLTIN)
|
-1,787576**
|
-3,682433
|
0,0013
|
Ratio des dépenses publiques (DLDP)
|
1,555788***
|
3,812219
|
0,0010
|
Ouverture commerciale (DLOUVCOM)
|
1,174025
|
1,425770
|
0,1680
|
Constante
|
-0,002711
|
-0,248987
|
0,8057
|
Note : (***), (**) signifie respectivement significatif
à 1% et 5%.
Source : Auteur à partir des
estimations
Selon les résultats du tableau ci-dessus, la part des
crédits octroyés par les institutions de microfinance, influence
positivement la croissance économique togolaise à court terme,
mais ce résultat n'est pas statistiquement significatif.
Les résultas du test de causalité confirment la
non causalité entre la part des crédits octroyés par les
institutions de microfinance et la mesure de la croissance économique.
Cela veut dire qu'une augmentation de la part des crédits
octroyés par les IMFs dans le crédit à l'économie
n'affecte pas de manière statistiquement significative la mesure de la
croissance économique au Togo.
|