4-Approfondissement financier et croissance
économique au Togo : validation empirique
C'est pour mener donc une analyse sur le lien entre la finance et
la croissance au Togo en séries temporelles en considérant le
dualisme financier que cette étude trouve son intérêt.
4-1 Cadre théorique
Dans cette section sera présenté
premièrement la théorie, le modèle et les
hypothèses ; ensuite seront présentées les variables
retenues pour notre étude ; en troisième lieu sera exposée
la méthodologie d'estimation et enfin se fera l'estimation et
l'interprétation des résultats de la présente analyse.
4-1-1 Théorie
Les théories explicatives de la croissance sont
relativement récentes dans l'histoire de la pensée
économique. Ces théories ont conduit à mettre en avant le
rôle primordial du progrès technique dans la croissance. Sur le
long terme, seul le progrès technique est capable de rendre plus
productive une économie (et donc de lui permettre de produire plus
c'est-à-dire d'avoir de la croissance). Toutefois, ces théories
expliquent mal d'où provient ce progrès, en particulier en quoi
il est lié au fonctionnement de l'économie. Les nouvelles
théories basées sur la croissance endogène sont celles qui
sont utilisées pour formaliser la croissance. La théorie de base
de cette analyse est donc celle de la croissance endogène.
4-1-2 Modèle
On a deux types de modèles sur la croissance
endogène : dans les premiers, les politiques ont un effet permanent et
dans les seconds, cet effet est seulement transitoire. Quel est le cadre le
plus pertinent pour modéliser la croissance ? Les politiques ont-elles
un effet permanent sur les taux de croissance des économies ? A un
niveau très global, la réponse doit être positive : les
économies industrialisées ont bien vécu des taux de
croissance significativement
supérieurs dans les deux derniers siècles. Cette
explication ne contredit pas le modèle de Romer (1986): si les
chercheurs ne peuvent pas récupérer le fruit de leurs efforts, la
recherche s'arrête, ainsi que la croissance.
Parmi les modèles de croissance endogène
permettant de formuler les interactions entre facteurs financiers et
croissance, on trouve celui de Pagano (1993). Ce modèle de Pagano (1993)
présenté ci-dessous explique les mécanismes par lesquels
l'approfondissement financier accélère la croissance. D'autres
travaux sur ce thème ont été réalisés et
montrent qu'une intermédiation financière concurrentielle
augmente le taux de croissance de long terme (Greenwood et Jovanovic, 1990 ;
Bencivenga et Smith, 1991 ; Levine, 1991).
a- Le modèle théorique (modèle de
Pagano, 1993)
Partant du modèle développé par Rebelo
(1991) dans lequel la production est une fonction du stock de capital
formulé comme suit ;
Y = AKt [E1]
Pagano y introduit une équation relative à
l'investissement brut It pour avoir l'équation suivante :
It = Kt+1 - (1-5)Kt [E2] où le
coefficient S représente le taux de dépréciation du
capital sur une période.
Il suppose qu'une fraction (1-0) de l'épargne totale
est perdue dans le processus d'intermédiation financière (il
s'agit du coût d'intermédiation et des règles prudentielles
telles que les réserves obligatoires). Le volume d'épargne
disponible devient alors :
It = OSt [E3]
Le taux de croissance de l'année t+1 s'écrit en
tenant compte de l'équation [E1] tel que :
Y
t+
t Yt+1
g t+1=
Yt Y Kt
1=Kt+
-Y
1
1
1 [E4a]
Les équations [E2] et [E3] permettent de déduire le
taux de croissance stationnaire g selon l'équation suivante :
I + (1 - ä)K
1 = èS + (1 -
ä)Y / A S
g = 1= Aè ä)-1= Aès
-ä [E4b] où
KY / A Y
s est le taux d'épargne brut.
L'équation [E4b] indique les trois canaux par lesquels le
système financier peut affecter la croissance :
i) D'abord en augmentant la proportion de l'épargne 0
nationale allouée à des investissements productifs.
Selon Pagano, l'augmentation de 0 peut être due à
la baisse de l'inefficacité de la sphère financière. Lors
de la libéralisation du secteur bancaire, l'on peut aussi penser
à une baisse des réserves obligatoires ou des taxes
associées aux transactions.
ii) Ensuite en augmentant la productivité marginale A,
grâce à la collecte d'informations et à l'incitation des
investisseurs à replacer leurs avoirs dans des projets plus
risqués à cause d'un partage du risque plus significatif de la
part des intermédiaires financiers.
iii) Enfin, le secteur financier influence la croissance par
l'intermédiaire du taux d'épargne s de l'économie.
b- Spécification
économétrique
Empiriquement, pour mesurer la contribution du
développement financier sur la croissance, on peut retenir un
modèle linéaire comme la théorie le formalise mais qu'on
adapte par l'introduction des variables de contrôle et des variables
financières.
Pour cette analyse, la structure du modèle de Levine
utilisée par Boujelbène et Slim (2006) sur la Tunisie est
retenue.
Ce modèle se présente comme suit :
Le modèle qu'on veut estimer pour évaluer l'impact
du secteur financier sur la croissance économique au Togo à long
terme de 1965 à 2002 se présente comme suit :
Log(Yt) = aLog(Xt) + PLog(Zt) + Et [E5]
où
Yt : PIB réel par habitant
Xt : matrice des variables de contrôle dans une
étude des déterminants de la croissance, il s'agit surtout du :
taux d'investissement national, des dépenses publiques, de l'ouverture
commerciale.
Zt : matrice des variables financières
Et : variable aléatoire, suivant une loi
normale N(0 ;a2).
c- Hypothèses
Les hypothèses de cette analyse peuvent être
formulées comme suit :
ü Il existe une relation bidirectionnelle entre le secteur
financier et le secteur réel.
ü Le développement financier a un impact positif sur
la croissance économique.
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