2-4 Microfinance et croissance économique
La microfinance désigne l'activité de collecte
d'épargne et de refinancement des petits producteurs ruraux et urbains.
Elle peut être aussi définie par deux critères : la
population bénéficiaire, relativement pauvre ou tout du moins
exclue du système bancaire classique et des opérations
d'épargne et de crédits de faibles montants.
Le secteur de la microfinance est actuellement régi par
la loi PARMEC (Projet d'Appui à la Réglementation sur les
Mutuelles d'Epargne et de Crédit) au niveau de l'UEMOA. Cette loi
constitue au niveau communautaire le cadre légal de reconnaissance, de
gestion et de viabilité des Systèmes Financiers
Décentralisés (SFD).
La microfinance a un double objectif : d'abord favoriser
l'accès des petits producteurs exclus du circuit bancaire à des
services financiers de proximité et adaptés à la taille de
leurs activités (microentreprises/microcrédits) et ensuite,
réaliser une meilleure collecte de l'épargne des ménages
et des petits entrepreneurs pour la réinjecter dans le circuit
économique. Cette activité de microfinance est exercée par
des sociétés de droit privé ayant titre d'Institutions
Financières Décentralisées (IFD) qui se divisent en trois
catégories : les Institutions Financières Mutualistes (IFM), les
Institutions Financières Non Mutualistes (IFNM) et les autres Structures
de la Microfinance.
Selon Kamalan (2006), les IMFs représentent
une quantité négligeable lorsqu'on compare les données de
crédits et d'épargne avec les banques commerciales. Les
données actuelles sur les institutions de microfinance dans les
différents pays de l'UEMOA ne poussent guère à l'optimisme
en ce qui concerne l'idée d'une relation et d'une incidence de ces
institutions sur le développement des institutions financières
dans l'union. L'auteur conclut également que les IMFs qui ont
émergé dans ces pays et se sont consolidées au milieu des
années 1995 ne contribuent pas au développement des institutions
financières en terme d'accroissement des capacités de
création monétaire et de mobilisation de l'épargne.
Selon cet auteur si l'on s'en tient à cette perception
du développement économique sacralisée autour de la
variable PIB, on peut alors valider l'idée que les IMFs sont proprement
inefficaces en tant que programmes de développement d'un pays vu leur
contribution négligeable dans la variable déclencheur de
croissance qu'est l'approfondissement financier. Pour apprécier la
contribution des IMFs en tant que programme de développement dans les
pays francophones d'Afrique de l'Ouest, on a besoin de développer une
microfinance pérenne.
Dossou (2003), dans son étude portant sur 5
pays (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Mali et
Sénégal) a utilisé le ratio encours des IMFs
rapportés au crédit accordé au secteur privé par
les banques. Il a abouti à un faible impact macroéconomique des
IMFs car tous les taux sont en dessous de 12% et surtout que dans certains pays
ce taux se situait à moins de 2%.
La figure ci-dessous montre les mécanismes relationnels
entre la microfinance et la croissance
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Flux financier
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Economie Réelle
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Economie Financière
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Epargne
Individus groupes d'individus pauvres
Ménages
Microentreprises
Intérêt
Remboursement
Microcrédit
Services d'épargne
Institution de Microfinance
Services de crédits
Graphique 4 : Lien entre microfinance
et économie réelle.
Kacou (2006) affirme qu'en dépit de ce
consensus sur le rôle de la microfinance, dans de nombreux pays en
développement et en Afrique plus particulièrement, une partie
importante de la population n'a pas accès aux services financiers de
base et s'enfonce dans la paupérisation. Cette exclusion
financière des populations constitue un frein important au
développement économique des pays dans la mesure où il est
désormais unanimement reconnu que l'accès au crédit,
à l'épargne, à un emploi décent, à des
moyens de paiement sécurisés, aux services d'assurance favorisent
le développement économique, social et humain des populations.
L'auteur pour évaluer l'impact de la part des crédits de la
microfinance dans le crédit à l'économie utilise le ratio
du crédit accordé par les institutions de microfinance
rapporté au crédit bancaire. La conclusion de cet
auteur soutient le fait que la microfinance est un facteur de
développement économique.
Pour Lustin (2005), la microfinance est un puissant
outil de développement avec le potentiel d'atteindre les populations
pauvres, d'élever leur niveau de vie, de créer des emplois, de
créer la demande pour de nouveaux biens et services, et de contribuer
à la croissance économique. La microfinance joue un rôle
d'instrument de réduction de la vulnérabilité des pauvres
aux chocs économiques.
Toutes ces analyses qui ont été menés sur la
relation entre la finance et la croissance ont bien des limites qu'il faut
soulever.
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