Section II- Les modélisations théoriques
des intentions entrepreneuriales
II-1- Le modèle d'intentionnalité de B. Bird
(1988)
Bird (1988)137 conçoit
l'intentionnalité comme étant une volonté individuelle et
une liberté. Elle précise qu'elle est un état de l'esprit
qui oriente l'attention, et conséquemment, l'expérience et
l'action de l'individu vers un objectif spécifique dans le but
d'accomplir quelque chose.
Son modèle suggère que cette intention est
basée sur une pensée rationnelle et intuitive et que le contexte
social aussi bien que les caractéristiques personnelles de l'individu
réagissent réciproquement dans le processus de structuration de
l'intention.
136 .
Dawdsson P., Honig, B (2002): «The role of social and human
capital among nascent entrepreneurs»,
Journal of Business Venturing, in press.
137 Bird B.J. (1988): op. cit. p. 441
Elle définit l'intention entrepreneuriale comme
étant un état d'esprit qui dirige et guide les actions de
l'entrepreneur vers le développement des nouvelles organisations. Elle
ne considère que l'intention
Le profil personnel de l'individu tels que :
l'expérience, les caractéristiques personnelles et
l'habilité personnelle peuvent prédisposer en faveur de
l'intention entrepreneuriale. De la même manière, le contexte
politique, économique et social comme la réglementation
gouvernementale peut aussi contribuer à la formation de l'intention
entrepreneuriale.
Figure 10-Le contexte de l'intentionnalité (Bird,
1988:442)
Dans ce modèle, il y a une véritable interaction
entre d'une part les variables personnelles de l'individu et le cadre
contextuel dans lequel évolue l'individu et d'autres part les croyances
intuitives (une vision ou une intuition des ressources inexploitées, du
potentiel de la continuité de l'entreprise a créer et de
l'entrepreneur) et rationnelles (tel que la
formalisation d'un plan d'affaire, l'analyse d'une
opportunité, acquisition des ressources, fixation des objectives, ect
...) ( Bird, 1988 ; p :443)
II-2- Le modèle de la théorie du comportement
planifié (Ajzen, 1991)
La théorie du comportement planifié (Ajzen,
1991)138 constitue une extension de la théorie de l'action
raisonnée (Fishbein et Ajzen ,1975)
L'objectif principal de cette théorie est que les
intentions contribuent à la formation d'un comportement donné, a
condition que l'individu doive contrôler volontairement son
comportement.
Un important aspect de cette théorie est que le
comportement est dépendant à des facteurs non- motivationnels tel
que la disponibilité des ressources et des opportunités
souhaités.
Figure 11- La théorie de comportement
planifié (Ajzen, 1991:181) La théorie postule que
l'intention est déterminée par trois facteurs à savoir
:
(1) L'attitude personnelle envers le
comportement · attitude toward the behavior · (implique
le degré d'évaluation ou d'aspiration, favorable ou
défavorable, que fait l'individu du comportement en question)
138 j
Azen, I. (1991): «Theory of planned behavior»,
Organizational Behavior and Human Decision Processes,
50:179-211.
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(2) Les normes sociaux perçues
·Subjective norm· c'est-à-dire la perception du
comportement ciblée par le réseau social de l'individu (famille,
amis, employeur, ect ...) ou la perception de la pression sociale.
(3) Le contrôle perçu du comportement
ciblé ·Perceived behavioral control · implique la
perception de la disponibilité des ressources, des opportunités,
des obstacles anticipés et même des compétences
nécessaires.
La théorie du comportement planifié a
été appliquée avec succès dans la prédiction
du comportement par des sociologues et des chercheurs en marketing (Kreuger et
al, 2000)139, elle montre que l'intention est le meilleur
prédicateur du comportement.
Ce résultat a été validé
empiriquement par Kim et Hunter (1993)140 qui ont montrés
suite des analyses multiples de 600 attitudes - comportements que les
intentions prédisent le comportement et que les attitudes
prédisent les intentions.
Ils ont révélés que le degré de
corrélation moyen entre les attitudes et les intentions est de .65,
alors que celui entre les intentions et le comportement est de .46. Parmi les
comportements observés et recensés, mentionnons l'utilisation de
contraceptifs, l'exercice du droit de vote, le don de sang, l'allaitement de
son enfant, etc., soit des comportements bien différents de celui de
démarrer une entreprise.
Des résultats intéressants ont été
obtenus en rapport avec un comportement se rapprochant de celui de créer
une entreprise, soit celui de faire croître son entreprise (Orser,
Hogarth-Scott et Wright, 1998141). L'analyse des données
recueillies auprès de 139 propriétaires dirigeants de PME
suggère en effet que l'intention des répondants de faire
croître leur entreprise a été un facteur déterminant
de la croissance réelle de leur firme au terme d'une période de
quatre ans.
139 Krueger N.F., Reilly M.D. et Carsrud A.L. (2000);
op. cit. p.412
140Kim, M., and Hunter, J. (1993): «
Relationships among attitudes, intentions and behavior»,Communication
Research 20:331-364
141
Orser, B.J., Hogarth-Scott, S. & Wright, P (1998) :
«On the Growth of Small Enterprises: The Role of Intentions, Gender and
Experience», Frontiers of Entrepreneurship Research, Wellesley, MA: Babson
College,
Parmi les recherches s'intéressants au domaine de
l'entrepreneuriat, Kolvereid (1996)142 a étudié le
choix de statut d'emploi des étudiants norvégiens. Dans cette
étude, la théorie de comportement planifié a prédit
avec succès le statut d'emploi des étudiants.
En plus, Autio et al (2001)143 ont
étudiés les intentions entrepreneuriales des étudiants des
universités américaines et scandinaves et ont appliqués la
théorie de comportement planifié d'Ajzen (1991). Ils ont
trouvés une forte corrélation positive entre l'attitude, le
contrôle perçu de comportement et les intentions d'entreprendre ;
cela démontre la robustesse du modèle d'Ajzen (1991) de
comportement planifié appliqués dans des différents
environnements et cultures.
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